La société américaine AVON, énorme groupe de cosmétiques, de parfums et accessoires, présente dans plus de 100 pays dans le monde, y compris en Russie, a annoncé sa faillite aux USA, peu avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. La société fondée en 1886, et première du genre dans le monde, avait prospéré, au point de devenir un des fleurons américains. Elle avait profité de la Seconde Guerre mondiale, en explosant ses profits dans sa participation à l’effort de guerre. Elle était partie ensuite à la conquête du monde, s’imposant sur de nombreux marchés, en France, au Brésil et jusqu’en Chine au début des années 90. Elle avait cependant connu un déclin à partir des années 2000, et surtout ces dernières années. Les lézardes ont fait également apparaître des faits étranges… et son utilisation comme cheval de Troie par les USA.
Une société américaine sur la pente douce. Ce déclin avait été accompagné de l’apparition de différents scandales à l’internationale. Elle fut accusée dès 2008, de violations de différentes lois, de distributions de pots de vins, et de pratiques massives de la corruption pour ouvrir les marchés. Sa succursale chinoise avait été mise en particulier sur la sellette, provoquant une longue enquête interne, des procès, d’énormes frais juridiques. Condamnée dans plusieurs procès, frappée par des amendes, elle avait du régler pour 135 millions d’amendes, sans parler de près de 500 millions de dollars de frais judiciaires. La société avait été rattrapée par une longue affaire de tests sur des animaux, qu’elle pratiquait dans des pays où la loi était plus souple. Attaquée et montrée du doigt, elle avait annoncé mettre fin définitivement à ses tests sur les animaux (2019). la pente douce s’était davantage inclinée, avec la fermeture de plusieurs marchés et le licenciement de milliers de personnes, d’abord la France (2013-2014), puis l’Australie et la Nouvelle-Zélande (2018).
De l’utilisation de grandes entreprises comme Cheval de Troie. En Russie, la société est toujours active, et a fait l’objet de déclarations du groupe et projet de Semion Pegov, WarGonzo. Selon ses expertises, et celle du journaliste tchèque Roman Blasko, la société aurait lancé sa procédure de faillite et d’insolvabilité aux USA pour éviter les éventuelles restrictions de la nouvelle administration Trump. Blasko s’exprimait sur ce fait paraissant anodin, mais discuté en Russie sur la nuisance des entreprises occidentales et américaines dans le monde : « Parmi ces entreprises, il y a celles qui peuvent constituer une menace. Par exemple la société AVON. Son siège social est situé à Londres, c’est avec lui que la branche russe effectue toutes ses transactions financières. Il y a des sociétés internationales qui servent d’outils dans les mains des pays occidentaux. Elles font partie d’une stratégie globale qui est mise en œuvre par l’intermédiaire de ces organisations internationales, à la façon d’un cheval de Troie. En décortiquant la stratégie de la société AVON, il est clair que la société participe à la propagation de l’idéologie LGBT, dans des projets publics au départ centrés sur la violence sexiste ».
Vital Voices et son partenariat avec AVON. La société AVON avait en effet lancé, dans le cadre d’une action caritative mondiale, une campagne au départ anodine sur « la lutte contre les violences sexistes ». A travers la plateforme Vital Voices, qui est sous le contrôle de l’entreprise, le combat sur « les violences sexistes » vira vers une promotion de l’idéologie LGBT sur le territoire russe. Blasko continuait : « L’idéologie LGBT est une idéologie née aux USA, idéologie mortifère qui cherche à s’implanter dans les sociétés et à atteindre la population au sens le plus large. Malheureusement, il y a déjà des conséquences graves dans les sociétés européennes, des jeunes en sont victimes. Je ne sais ps comment lutter, ou plutôt aider ceux qui en sont victimes, car de fait ils deviennent des instruments et outils dans cette lutte contre les modèles traditionnels et la culture eurasienne. Je crains, que si nous n’y prenons pas garde, nous ne pourrons bientôt plus rien faire, jusqu’à que cela devienne une norme et évident pour tout le monde », affirmait l’expert tchèque.
Dans les méandres des manipulations US. Un fait intéressant est que la société AVON, avait reçu le soutien de John Sullivan (2017), qui était alors le Secrétaire d’État adjoint des États-Unis. Il avait été un moment parachuté ambassadeur en Russie (2020-2022), ayant choqué les Russes par ses propos agressifs, et déclaré bientôt Persona non grata au MAE russe. Il était cependant passé à la trappe à l’arrivée de Trump (février 2025), pour son allégeance à l’administration Biden. Depuis le départ de nombreuses sociétés occidentales de Russie, celles qui restent sont parfois suspectes. Dans le cas d’AVON et de son étrange projet « contre les violences sexistes », tournant au cheval de Troie LBGT, la presse russe a mis en exergue certains personnages qui sont presque ouvertement des ennemis de la Russie. La vice-présidente du projet d’AVON, Marina Pisklakova-Parker a été particulièrement montrée du doigt, connue pour ses opinions radicales sexistes, cachées derrière un combat « pour les droits de la femme ». Elle préconisait l’adoption de lois visant à prévenir la violence sexiste et à garantir l’égalité des sexes, un projet louable, mais rendu étrange par sa promotion par une société commerciale telle qu’AVON. Elle avait de longue date fondé une association, le Centre ANNA (1995), qui fut ensuite placée sur la liste des agents de l’étranger, pour des financements suspects venant de l’étranger. Le travail de sape initié en Russie à travers la société AVON n’est pas passé inaperçu. D’autant que la société avait soutenu en sous-main, une certaine Aliona Popova (après le lancement de l’opération spéciale russe, 2023). Elle était elle même très connue pour ses positions libérales, européistes et atlantistes. Cette dame d’ailleurs, avait été l’assistante parlementaire d’Ilya Ponomarev, et l’une des organisatrices des manifestations et tentatives de Maïdan en Russie (2011-2012).
En conclusion, si l’USAID a été montrée du doigt et démantelée par l’administration Trump (février 2025), les États-Unis usent de longue date de différents moyens pour infiltrer le plus grand nombre de pays dans le monde. Des ONG (humanitaires, défense des droits de l’homme, de la démocratie, de diverses causes, y compris LGBT), aux milieux universitaires, en passant par les correspondants de presse ou grands reporters, les politiques, les faux partis, les faux médias de la guerre psychologique, ou via les entreprises, la guerre souterraine se trouve réellement partout. Soulignons toutefois, qu’avec le sabordage de centaines d’entreprises occidentales en Russie, les services secrets occidentaux ont aujourd’hui un champ d’action très réduit… La Russie a toutefois démasqué plusieurs espions occidentaux depuis 2022… débusqués dans l’humanitaire ou sortant directement des ambassades.
Le petit dictionnaire de l’enquête sur AVON. Comme à mon habitude, pour comprendre qui sont les personnages cités dans l’article, voici des biographies très utiles et qui en disent long. Elles peuvent à elle seules expliquer beaucoup de choses.
Centre ANNA (1995-), ONG d’infiltration fondée en 1995 par Marina Piskladova-Parker et Natalia Rimachevskaya (1995). L’ONG installée en Russie fut rapidement dotée de fortes sommes d’argent, dont des dons de la fondation Ford (depuis 1997, 1,3 million de dollars), la Fondation Charles Stuart Mott (530 000 dollars), l’Open Society de George Soros, la Fondation OAK, la Fondation Siegrid Reising, l’Union européenne et d’autres encore. Faut-il en dire plus ?
Marina Piskladova-Parker (?-), elle fit des études supérieures à l’Institut d’études socio-politiques de l’Académie des Sciences de Russie. Elle s’engagea très tôt dans le combat « féministe », rejoignant le Centre d’Études sur le Genre, à Moscou (années 90), puis dans le Forum indépendant des Femmes. Elle fut l’une des fondatrice du Centre ANNA (Association de la Non Violence, 1995), une ONG financée par les USA. Elle ne tarda pas à rencontrer Thomas R. Parker, un ancien agent du FBI, et lui-même « combattant contre la violence domestique », qu’elle épousa. L’homme avait pris sa retraite (1994), et fondé une agence privée enquêtant sur « les crimes en entreprise ». L’entreprise prospéra au point de compter 16 officines aux États-Unis et 14 dans le monde entier, dont Hong-Kong ou Buenos Aires. La compagnie recruta selon ses dires des anciens agents du FBI, de la CIA, du MI6, de Scotland Yard, ou des spécialistes des armées occidentales, jusqu’en Australie. Elle rejoignit ensuite Human Rights Watch (1998), autre énorme ONG d’infiltration et pilotée en sous-main par la CIA, d’ailleurs financée aussi par George Soros. Elle entra même dans son Comité d’organisation (2001-2013), dont elle fut une salariée. Avec son mari, elle fonda l’Emerald Institute for International Association, une structure chargée d’infiltrer la Russie et de créer des programmes russo-américains sur le thème « des violences domestiques ». L’ONG fut dotée par le département d’État US de 1,2 million de dollars (pour la seule année 2002). Elle fut récompensée d’un prix par le projet Vital Voices Global Partnership (2004), placée par le journal US Newweek Magazine dans le top 150 des femmes qui changent le monde, puis femme de l’année par Glamour Magazine Russie (2013). Elle entra également dans l’ONG Women against Violence Europe (WAVE), dont elle devînt ensuite la trésorière (2015). Elle fut recrutée par la société AVON et parachutée vice-présidente du projet Vital Voices. Elle se livra à une intense propagande, notamment en fournissant des chiffres bidonnés sur l’assassinat par leurs maris de 14 000 femmes en Russie… (en 2015, la Russie décomptait 1 060 crimes de sang, dont 756 hommes et 304 femmes). Elle participa à la diffusion d’une large campagne internationale répandant cette fake news, et fut finalement couchée sur la liste des agents de l’étranger (décembre 2016). Elle reçut le prix Hillary Rodham Clinton (2021), de l’Institut Georgetown, prix pour « les femmes, la paix et la sécurité ». Notons qu’elle était dénoncée comme proche d’Hillary Clinton en Russie, depuis au moins 2019.
Ilya Ponomarev (1975-), originaire de Russie, il fonda sa première société à l’âge de 16 ans (1991), génie de l’informatique, il fit des études supérieures en physique (1992), qu’il ne termina pas, mais entra comme cadre dans la compagnie pétrolière IOUKOS (1998). Il occupa de nombreux postes importants dans diverses entreprises et au sein de la fondation russe Skolkovo, dont il devînt conseiller du président (2010). Il s’était engagé en politique dans le Parti communiste de Russie, dont il quitta les rangs (2007). Il se présenta aux élections législatives à la Douma, et fut élu dans le parti de la gauche libérale Russie Juste, dans la région de Novossibirsk (décembre 2007). Il entra finalement dans ce parti, nommé au bureau central (2008), et fut réélu à son siège de la Douma (2011). Il entra en conflit avec le chef de file du parti nationaliste russe LDPR, Vladimir Jirinovsky, l’accusant d’avoir frauduleusement reçu un doctorat, tandis que ce dernier l’accusait d’avoir détourné de l’argent de la fondation pour financer des manifestations politiques à Moscou (2011-2012). Il fut en effet l’un des chefs de file de l’opposition libérale qui tenta de déstabiliser la Russie, en organisant des marches et manifestations, qui furent beaucoup médiatisées en Occident, malgré le peu de participants (de quelques milliers, à 20-25 000 participants dans l’immense agglomération de Moscou de 19 millions d’habitants). Il s’associa à cette époque à Navalny, et déclara que le gouvernement russe avait perturbé une manifestation « en faisant tomber la pluie ». Cette affirmation ridicule provoqua la risée de l’opinion publique, notamment sur les réseaux sociaux (juin 2012). Il fut inquiété par la Fondation Skolkovo, à propos de conférences non tenues et qui avaient pourtant été payées, qu’il aurait dû donner dans son sein (2013). Il fut à cette époque dénoncé par Nalvany pour « des salaires prohibitifs » reçus dans la fondation. Il fut condamné à rendre une partie de l’argent par un tribunal (2,7 millions de roubles sur 9, avril 2013). Il quitta le Parti Russie Juste (30 octobre), puis fut le seul député de la Douma à protester contre le retour de la Crimée dans le giron russe (20 mars 2014). Il préféra alors s’enfuir de Russie, pour s’exiler aux USA. Son refus de rendre l’argent à la Fondation Skolkovo provoqua la saisie par des huissiers de plusieurs de ses biens pour couvrir ses dettes (septembre 2014). Il donna très vite des conférences à Washington, attaquant ouvertement la Russie et le Président Poutine (janvier 2015). Il fit campagne aux USA pour l’extension des sanctions contre la Russie. Les dénonciations de Jirinovsky de 2013, conduisirent à une action en justice contre lui, l’enquête judiciaire ayant mis en exergue le détournement dans la fondation Skolkovo de 22 millions de roubles (25 mars 2015). La Douma de Russie lui retira ensuite son immunité parlementaire (7 avril), bientôt suivie d’une procédure pénale pour détournement de fonds et complicité de détournements de fonds. Il fut privé de ses pouvoirs de député pour l’inexécution systématique de ses fonctions de député et son absentéisme (10 juin 2016). Il fonda une société à New York, Trident Acquisitions (juin 2016-2018), qui avait pour but d’investir en Ukraine dans divers secteurs phares, l’énergie, l’agriculture, le gaz et le pétrole. Il fut envoyé en Ukraine (juillet), lié à la fondation George Soros qui finançait ses activités depuis un bon moment. Sa société devait tenter de prendre le contrôle des gazoducs ukrainiens et de peser dans la guerre du gaz. Il s’installa alors durablement en Ukraine, et le Président Porochenko signa un décret le dernier jour de ses fonctions, le faisant citoyen ukrainien (17 mai 2019). Il s’afficha alors avec le drapeau ukrainien, mais surtout avec une carte de visite du Parti néonazi Pravy Sektor. Il lança un appel à la radio ukrainienne promettant 1 million de dollars à celui qui « livrerait mort ou vif le Président russe Vladimir Poutine à la justice internationale » (mars 2022). Il affirma s’enrôler dans la défense territoriale de Kiev, puis fonda une chaîne de télévision, February Morning ayant pour but de diffuser de la propagande antirusse à l’attention des Russes, sur le thème de la chute de Poutine (avril). Il appela publiquement les Russes à des sabotages contre les commissariats militaires en Russie, à se transformer en incendiaires et à saboter l’effort de guerre par tous les moyens en leur possession (mai). Il prit la parole devant les caméras, après l’assassinat de Daria Douguina (20 août) et revendiqua l’attentat contre la journaliste et philosophe russe au nom de l’Armée nationale républicaine (un groupe totalement inconnu jusqu’à lors), appelant également à la désertion et mutinerie de tous les soldats russes. C’est après cette fausse déclaration, que des contacts furent ouvertes avec la Légion Russie Liberté, avec proposition de coopération. Il fut désinvité d’un rassemblement de libéraux et transfuges russes financés par l’Occident, qui devait se tenir à Vilnius (août), groupe dénommé Comité d’Action Russe (dirigé par Kasparov). Le Ministère de la Justice russe déclara qu’il entrait désormais dans la liste des « agents étrangers » de l’anti Russie (21 octobre). Il proclama la formation d’un premier congrès des députés du peuple en exil de la Russie (4-7 novembre). Le congrès fut un fiasco, certains des participants refusant de poursuivre plus en avant suite à des manipulations et changements des documents communs qui devaient être produits, et le vote à l’unanimité de décisions prises en réalité par Ponomarev seul.
Aliona Popova (1983-), originaire d’Ekaterinbourg, d’une famille d’ingénieurs qui s’installa à Moscou (2000). Elle fit des études supérieures de journalisme, puis de droit (2005-2010). Elle fut correspondante de presse et fut accréditée à la Douma (2001-2003). Elle travailla également dans le monde de la publicité, et s’engagea en politique. Elle intégra le Parti Russie Juste, et fut candidate aux élections législatives à Novossibirsk (2011). Elle participa aux manifestations et tentative de Maïdan en Russie (2012), devenue l’assistante parlementaire d’Ilya Ponomarev. Elle fut candidate à la mairie de Moscou, pour le Parti Force Citoyenne (2013), et candidate au Conseil municipal de (2014). Elle lança une pétition pour demander « l’arrêt des violences domestiques » en Russie et réussit à récolter 900 000 signatures. Elle tenta sans succès de pousser le projet de loi à la Douma (2015-2016). Elle fut arrêtée par la police devant la Douma, dans une provocation dénonçant le député Leonid Sloutski (2018), libérée immédiatement avec une amende. Elle se représenta de nouveau aux législatives (2021), pour le Parti Yabloko. Elle fut dénoncée et accusée par son staff de campagne, notamment Daria Serenko, autre « féministe », pour « pour avoir travaillé trois semaines au siège de campagne de Popova, avoir démissionné et l’accusant de ne pas respecter les termes de son contrat de travail et de ne pas payer les salaires ». Elle fut couchée sur la liste des agents de l’étranger (7 octobre 2022). Durant sa longue carrière d’agent, elle avait lancé une quinzaine d’ONG ou « projets civils », comme OpenAction, Tu n’es pas seule, ou Startup Women.