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Hunter Biden, escroqueries, fraudes et pots-de-vin déguisés

Hunter Biden, escroqueries, fraudes et pots-de-vin déguisés
Photo : Bureau du Premier ministre de l'Inde

Hunter Biden est le fils de l’actuel président des États-Unis, définit comme un investisseur de fonds spéculatifs, également lobbyiste, banquier, fonctionnaire de l’administration publique et avocat pour des lobbyings. Cet homme d’affaires véreux et corrompu fut même dans le Conseil d’administration d’une holding, Burisma Holdings, l’un des plus grands producteurs de gaz naturel en Ukraine, où il siégea entre 2014 et 2019. Ce fut l’origine de l’affaire Burisma et des aventures ukrainiennes de la famille Biden. Si son père Joe Biden est connu, son fils l’est moins et à tort car sa biographie comporte une foule de scandales, d’escroqueries et de manipulations diverses qui pourraient faire un bon film à Hollywood… Voici l’histoire et quelques faits sur la vie trépidante d’Hunter Biden. La presse occidentale s’est bien gardée, surtout en France de relater le quart de la moitié des faits présentés dans cet article.

Un col blanc sur la route du crime. Né en 1970, Hunter est l’archétype du fils « de ». C’est dans un univers cossu et luxueux qu’il fut élevé et envoyé dans les meilleurs écoles et universités américaines. Il étudia ainsi à l’Université de Georgetown, puis dans la prestigieuse Université de Yale. Ces études ne furent pas dues à ses talents, mais à l’argent paternel qui le poussa à étudier le droit. Par piston et recommandations pressantes, il entama immédiatement une carrière d’avocat des affaires, dans le cabinet Rosemont Seneca Partners LLC (Washington), un cabinet de conseils en investissements. C’est via ce cabinet qu’Hunter Biden fut propulsé vers l’Ukraine. Son fondateur Devon Archer était aussi un pur produit de Yale, et fut compromis dans des escroqueries et fraudes. Il fut condamné entre autre, à un an de prison après avoir tenté de manipuler et d’escroquer une communauté amérindienne (Wakpamni Lake Community Corporation, WLCC). C’est à son contact qu’il a appris les ficelles du métier, et pour se donner l’apparence d’un homme respectable s’infiltra dans le milieu humanitaire. Il réussit à se faire nommer président du World Food Program USA, une des multiples ONG américaines corrompues et d’infiltration. Tapageur, volage, drogué, aimant le pouvoir, ses frasques ne tardèrent pas à défrayer la chronique. Il fut d’abord mis dehors de l’US Navy, où là encore il s’était engagé pour la forme comme réserviste et responsable bénévole dans les relations publiques de l’institution militaire. Engagement purement formel et tactique pour tenter de soigner son image. Cela ne dura pas longtemps puisqu’il fut convaincu d’être un consommateur régulier de cocaïne (2013). Il fut viré de l’US Navy, mais il affirma « avoir ingéré de la drogue involontairement »… Il avait bel et bien sombré dans la drogue et l’alcool, et le reconnu ensuite dans des mémoires à succès, qu’il écrivit pour rafler quelques dollars supplémentaires (Beautiful Things). Son passé le rattrapa une nouvelle fois, lorsqu’il fut attaqué en justice par une stripteaseuse et prostituée, Lunden Roberts, avec qui il avait eu une petite fille (une des multiples relations adultères qui égrainèrent sa vie, 2018-2019). Après avoir nié farouchement, il fut contraint de reconnaître l’enfant, démasqué par un test ADN (2019). L’affaire ne l’arrêta nullement, puisque des vidéos furent publiées de lui, consommant de la drogue et en compagnie de prostituées très peu vêtues (juillet 2022).

Triturations financières et pots de vin d’Hunter Biden en Chine. Il fut mêlé au scandale de BHR Partners, rouage essentiel de négociations que menèrent le fonds après un voyage de Biden père en Chine. Elles portèrent sur l’obtention d’une licence d’exploitation du fonds d’investissement en Chine. Plus tard, il prit lui-même une participation dans le fonds américain à hauteur de 420 000 dollars, et avec le cabinet Rosemont Seneca Partners, il participa à une opération d’investissement avec une filiale de la banque de Chine (20123, 1,5 milliards de dollars). Ces triturations sino-américaines furent finalement dénoncées, et un journal américain révéla qu’il avait touché un diamant du magnat de l’énergie en Chine, Ye Jianming (2019, cela rappelle une affaire franco-centre-africaine !). Les magouilles étant devenues visibles, il annonça se retirer de BHR Partners pour ne pas peser sur la future campagne présidentielle de son père (octobre 2019). Un journal le dénonça comme n’ayant pas tenu sa promesse et poursuivre ses opérations frauduleuses entre la Chine et les USA (2020). Après l’éclatement de l’affaire ukrainienne (à suivre dans le projet chapitre), Hunter Biden fut mis en difficulté par un contrôle fiscal et une vaste enquête pour découvrir ses fraudes, évasions fiscales et blanchiments d’argent (fin 2020). Il s’empressa de payer des sommes pour des impôts impayés, mais ceci n’empêcha pas le lancement d’une nouvelle et plus minutieuse enquête (mars 2022). Des témoins proches d’Hunter Biden finirent par avouer qu’ils avaient eu connaissance de sommes d’argent reçues « par une société énergétique ukrainienne ». Pris au piège, Hunter Biden plaida ensuite coupable pour les faits de « fraudes fiscales et détention illégale d’arme à feu ». En effet, des photos révélées de lui, le mettait en scène avec une arme tandis qu’il n’avait pas de permis pour la détention de cette dernière (juin 2023). Il se rétracta finalement quelques temps plus tard, niant toutes les accusations portées contre lui (juillet) et changea sa position plaidant non coupable. Une cour américaine l’inculpa bientôt pour fraude fiscale (décembre), l’accusant de montages financiers illégaux et d’avoir fait en sorte de ne pas payer à l’administration des impôts pour au moins 1,4 million de dollars (entre 2016 et 2019). Le procès d’Hunter Biden se déroulera en 2024… dans un contexte explosif et devrait révéler des pans entiers des coulisses ukrainiennes de la famille Biden.

Les magouilles d’Hunter Biden en Ukraine. Son père ayant été de toute façon l’un des gros poissons de l’administration Obama, vice-président des États-Unis (2009-2017), puis président (2021 à nos jours), il bénéficia d’une protection sans faille et de possibilités de développer ses talents d’escroc. Après une visite de son père (juin 2014), après le Maïdan en Ukraine, il obtînt une place juteuse dans la compagnie gazière et pétrolière Burisma (2014-2019). L’ancien dirigeant, un homme de Ianoukovtich avait été inquiété et poursuivi par l’Ukraine… et le Royaume-Uni pour blanchiment d’argent (affaire Mykola Zlochevsky). Hunter Biden fut nommé dans le Conseil d’administration de la soviété, prouvant les graves compromissions américaines dans l’organisation de la Révolution du Maïdan. L’Ukraine fut invitée à rétribuer ses financiers et leurs progénitures d’une manière ou d’une autre. Hunter Biden toucha durant la période, la coquette somme de 600 000 dollars pour « ses services » dans l’entreprise ukrainienne. Le procureur général d’Ukraine, Viktor Shokin ayant eu des velléités d’enquêter pour des affaires de corruptions sur Hunter Biden (2016), son père monta au créneau et menaça le Président Petro Porochenko. Il fut sommé de limoger le procureur comme étant un fonctionnaire ne faisant pas assez contre la corruption… et menaça aussi d’annuler le versement d’une aide d’1 milliard de dollars à l’Ukraine. Le procureur fut éconduit, mais l’affaire rebondit plus tard. Le Président Donald Trump fut lui même dénoncé pour avoir fait pression sur le Président Zelensky, pour relancer l’enquête sur les agissements d’Hunter Biden, dans un contexte d’élection américaine (2019-2020). Cette enquête fut finalement lancée aux USA, par l’administration fédérale, en particulier sur la possibilité de fraudes fiscales d’Hunter Biden, ou encore de blanchiments d’argent et pots de vin (2020-2021). L’affaire pris une tournure encore plus cocasse, lorsqu’il jeta un ordinateur portable suite à un dégât des eaux (2019). L’appareil fut finalement saisi par le FBI et l’année suivante des documents furent publiés tirés des entrailles du portable d’Hunter Biden (2020-2021). Des courriers compromettants furent diffusés et échangés avec des grosses huiles ukrainiennes, ainsi que les fameuses photos de consommation de drogues en compagnie de femmes dénudées et tarifiées. Pour contre-attaquer, les services américains affirmèrent que l’opération avait été pilotée par… la Russie et dénonça tout un complot imaginaire, qui pourtant défraya la chronique. Les sources et publications furent même décrites comme des faux, mais malgré la censure de Facebook et Twitter, il fut finalement révélé que les documents étaient authentiques (et qu’ils n’avaient rien à voir avec une hypothétique opération russe, 2022). Plusieurs journaux américains vinrent dénoncer leurs confrères d’avoir publié des informations dans un but politique et concernant l’intimité des personnes…. Enfin, ce fut Elon Musk, nouveau propriétaire de Twitter qui révéla les censures ordonnées et opérées sur cette affaire par le réseau social (décembre 2022), mettant à terre définitivement les maigres défenses d’Hunter Biden.

La tentative d’éviction d’un oligarque ukrainien gênant et de prise de contrôle d’une grande compagnie pétrolière. En infiltrant Hunter Biden dans la compagnie Burisma, les USA faisaient d’une pierre deux coups, en éliminant un personnage gênant du paysage ukrainien. Mykola Zlochevsky (1966-), était en effet à la tête du groupe gazier et financier Burisma, et fut classé par le magazine Reporter, à la 42e place des hommes les plus puissants d’Ukraine, et à la 32e place des Ukrainiens les plus riches du pays (2011). Il s’était engagé en politique sous la présidence de Koutchma, et fut élu député de la Rada (avril 2002) nommé membre de la délégation permanente à l’OSCE. Personnage opposé au premier Maïdan (hiver 2004-2005), il avait anticipé en démissionnant de ses fonctions de députés (avait-il été prévenu de ce qui arriverait bientôt ? Si oui par qui ?). Il entra alors dans l’opposition et se présenta de nouveau à la Rada d’Ukraine et fut élu (2006-2011), l’une des figures du Parti des Régions de Ianoukovitch. Après son élection, Ianoukovitch le nomma Président du Comité d’État des réserves matérielles de l’Ukraine. Il lança alors une série importante de contrôles de d’audits (2010). Il fut ensuite nommé Ministre de l’Environnement de l’Ukraine (2010-2012), et entama des enquêtes et l’élimination de sites de produits dangereux à grande échelle. Ce grand ménage lui créa certainement beaucoup d’ennemis politiques, et parmi des firmes étrangères se débarrassant en Ukraine de produits et déchets industriels. Il démissionna sans doute suite à des pressions internes (avril 2012), mais fut nommé au Conseil de Sécurité Nationale, département économique (2012-2014). La Révolution du Maïdan en termina avec sa carrière politique, et provoqua l’arrivée d’Hunter Biden dans le groupe Burisma (dont Zlochevsky était le propriétaire et le resta jusqu’à nos jours). Il fut alors attaqué en justice par l’État ukrainien et le Royaume-Uni (ayant des intérêts dans la compagnie, le montage n’est pas connu clairement, 17 novembre 2014). Débarqué, il n’en resta pas moins le propriétaire légal de l’entreprise. Il prit la fuite du pays, 23 millions de dollars étant bloqués au Royaume-Uni, et 24 autres millions déplacés d’Allemagne vers une banque chypriote (détenue par l’oligarque mafieux et ami de Zelensky à cette époque, Igor Kolomoïsky). Sous Porochenko l’affaire traîna dans les méandres incertains de la justice ukrainienne (2014-2019). L’Ukraine lança finalement un mandat d’arrêt (janvier 2015), le Royaume-Uni se voyant contraint de débloquer les millions (faute de preuves, il s’agissait sans doute d’une manipulation politique pure et simple). Les poursuites pénales autour de l’affaire Burisma furent finalement abandonnées par l’Ukraine (décembre 2017), ce qui provoqua son retour (février 2018). Mais sous les pressions américaines les poursuites pénales furent reprises. Zelensky relança l’enquête (novembre 2019), peu de temps après son arrivée au pouvoir. L’affaire Burisma ne pouvant qu’éclabousser Hunter Biden, l’administration fiscale ukrainienne attaqua alors Zlochevsky par un autre angle. Il fut accusé d’avoir tenté de corrompre des fonctionnaires (avec 6 millions de dollars), pour faire fermer une autre affaire concernant la Real Bank (3 juin 2020). L’affaire concernait une manipulation financière entre cette banque sous son contrôle et la Banque nationale ukrainienne. Il réfuta les accusations mais fut convoqué à se présenter en Ukraine pour un interrogatoire (1er juillet). Dans le même temps, l’affaire toujours en cours contre lui dans le cadre de Burisma était classée sans suite par la Cour de justice de Kiev (1er octobre). Le gouvernement ukrainien fit aussitôt appel de cette décision. Il fut condamné par la Haute Cour anticorruption à 2 ans et demi de prison et à une amende (1er août 2023). Zlochevsky avait négocié avec l’État ukrainien auparavant, selon des termes qui sont inconnus, acceptant de plaider coupable lors de ce procès. Il avait obtenu la nationalité chypriote (entre 2017 et 2019), et vivait tranquillement dans la bourgade… de Monaco (il est connu pour ses liens serrés avec la famille princière, ayant fait des dons conséquents pour diverses actions caritatives). Il était encore classé dans le top 100 des plus grandes fortunes ukrainiennes en 2017 (535 millions de dollars). La Russie le plaça par la suite sous sanctions (1er novembre 2018), suite à son retour en Ukraine et selon des informations encore secrètes. Zlochevsky n’aurait pas fait que négocier avec le gouvernement ukrainien… pour sauver sa fortune ! Depuis l’opération spéciale, il est réfugié à Monaco.

Des liens de la famille Biden avec Israël et des pots de vin déguisés. La crise palestinienne qui a éclaté cette année (octobre 2023), a démontré les liens ténus entre la famille Biden et l’État d’Israël. Ces liens sont établis à travers des personnalités américaines et israéliennes méconnues. C’est le cas d’Elisabeth Hirsh Naftali, native de Los Angeles, qui a déménagé en Israël il y a bien longtemps (1993). Cette femme d’affaire est la directrice d’une société immobilière dans sa ville natale, mais aussi l’une des actionnaires de la Big Shopping Centers Ltd (société basée à Tel Aviv et cotée en bourse). La société construit des centres commerciaux géants et même des casinos, et fut fondé par Yehuda Naftali. Elle se concentre sur les USA, Israël… et la Serbie. Elle s’est infiltrée dans les milieux caritatifs et soutient des projets divers en direction de l’enfance ou de la culture (comme le Musée juif babylonien). Elle a été appelée par Joe Biden à des responsabilités politiques et administratives, membre du Comité des Finances nationales des États-Unis, membre du Comité des Finances nationales de la présidence américaine, et est aussi la vice-présidente des finances du Comité national du Parti démocrate (2018 à nos jours). Elle a été extrêmement active lors de la campagne présidentielle qui mis au pouvoir Joe Biden (2019-201), et a joué un rôle très important en coulisse dans les prises de positions américaines à propos de la Palestine. Son époux est un « paisible » artiste peintre et sculpteur, exposant dans les plus prestigieuses galeries d’arts du monde. Il existe d’ailleurs des liens troubles avec Hunter Biden, à propos de ventes (trafics) d’œuvres d’arts. Elle fut attaquée dans la presse américaine (été 2023), pour avoir acheté des peintures au fils du président américain. Le scandale a porté sur l’achat d’un tableau signé d’Hunter Biden. La transaction s’est déroulée via la galerie d’art de Georges Bergès à Manhattan. Immédiatement derrière cet achat Elisabeth Hirsh Naftalli fut nommée à la tête de la Commission pour la préservation du patrimoine américain (juillet 2023). La galerie avait organisé une exposition Hunter Biden, où l’apprenti peintre avait vendu au moins une œuvre à Naftali et 11 autres pour un prix de 875 000 dollars à un acheteur anonyme. L’opération avait été montée au moment où Hunter Biden devait payer d’énormes arriérés aux services des impôts US. Au moins un autre tableau de l’exposition avait été acquis par l’avocat Kevin Morris, suspecté d’avoir prêté à son ami 2 millions de dollars pour faire face à la procédure judiciaire et aux paiements des arriérés. L’achat de Naftali ressemblant à un pot de vin déguisé, la presse américaine s’était emparée de l’affaire mais fut jugulée (New York Post), dénonçant aussi la vente de 5 autres œuvres pour un prix total de 375 000 dollars. Le Comité de surveillance de la Chambre des acheteurs/vendeurs d’arts fut alors saisi et demanda des comptes à Georges Bergès. Il refusa de manière hautaine de coopérer, lui-même ayant raflé de coquettes commissions via les ventes. La Présidence américaine interrogée a botté en touche en niant que la nomination de Naftali puisse avoir un lien avec l’achat d’un tableau de son fils Hunter… Circulez, il n’y avait rien à voir, la presse fut invitée à se taire.

Gageons que le feuilleton Hunter Biden est très loin d’être terminé…

Laurent Brayard

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