Le député LREM Jacques Maire, piégé par les spécialistes du canular téléphonique, Vovan et Lexus, a admis que non seulement Paris cherche à démolir la délégation russe au sein de l’APCE (Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe) sans l’en éjecter totalement, mais en prime, il a admis que la France possède du Novitchok ! La publication de ces informations a de quoi déclencher un énorme scandale, sans parler du risque d’incident diplomatique avec la Russie.
Vovan et Lexus se sont fait passer cette fois pour le vice-Président de l’APCE, Alexandre Merejko, qui est aussi un député ukrainien, du parti de Volodymyr Zelensky. Le faux Merejko a appelé Jacques Maire pour discuter de l’affaire Navalny et surtout de la réunion du lendemain à l’APCE, afin de s’assurer de la « position ferme » de la France à l’encontre de la Russie sur ce dossier.
Le faux Merejko explique à Jacques Maire, qu’il espère que lors de la réunion du lendemain ils pourront « démolir la délégation russe », et que le « président français a une position ferme sur ce dossier » en accord avec celle de l’Ukraine. Il dit aussi espérer que Jacques Maire lui-même comprend cette position.
Le député LREM demande alors qu’elle est la position en question, ce à quoi le faux Merejko lui répond que le but est de « démolir et de critiquer la Russie ».
Jacques maire répond alors que lors du débat prévu sur le dossier Navalny, il sera « fort et précis », mais que cela ne sera qu’un débat, et que la véritable confrontation ne viendra qu’après, lors de la publication d’un rapport à ce sujet.
Le député français explique alors que lors de la réunion prévue le lendemain ils vont justement demander la publication de deux rapports, un sur « l’empoisonnement », et le deuxième sur l’arrestation et la détention de Navalny. Deux rapports pour lesquels Jacques Maire escompte bien être le rapporteur !
Jacques Maire explique d’ailleurs que le rapport sur « l’empoisonnement » de Navalny est déjà en cours de préparation, et qu’il a rencontré ce dernier dans ce but. Le deuxième rapport sur l’arrestation et la détention de Navalny devrait, quant à lui, être préparé justement lors de la réunion du lendemain à l’APCE, et envoyé au bureau de l’assemblée le mardi suivant.
« Si nous voulons être fermes à l’égard des Russes dans cette affaire, nous ne pouvons le faire que par des mots dans le débat de mercredi. Parce que c’est seulement un débat. Mais si nous voulons des résolutions plus fortes, quelque chose qui a plus d’impact, dans ce cas ce sera préparé, et ce sera le rapport, qui sera discuté au comité permanent en mars, et ensuite adopté à la session d’avril. Mais nous ne pouvons pas aller plus vite que cela. C’est la voie la plus rapide », explique le député français à celui qu’il pense être son homologue ukrainien.
Ce dernier insiste d’ailleurs sur le fait que les Français doivent comprendre la position ukrainienne dans le contexte de « l’agression russe », et exprime son espoir que Jacques Maire a discuté de cela avec Emmanuel Macron, et que ce dernier est « certain que seule la Russie est à blâmer » dans l’affaire de « l’empoisonnement » de Navalny.
Le député LEM se veut rassurant, et dit que tout cela doit s’inscrire dans un processus de préparation, pour lequel il doit de nouveau se rendre en Russie. Mais il n’est pas sûr d’être autorisé à s’y rendre, et ajoute que si Moscou lui refuse l’entrée sur son territoire, alors la Russie ne pourra pas présenter son point de vue dans ce dossier. Cette phrase a de quoi faire rire jaune quand on voit déjà le biais anti-russe de ce député, visible depuis le tout début de la discussion.
« Mais je pense qu’il est important que la Russie donne son point de vue, parce qu’en fin de compte, si nous obtenons tout ce qu’il faut, alors nous pourrons appliquer des sanctions et nous pourrons mettre en place un mécanisme commun », explique Jacques Maire.
Le député français veut même forcer le comité de l’APCE à faire appel à la CEDH dans ce dossier et pousser la Russie vers un refus qui sera instrumentalisé pour sanctionner sa délégation.
« Et bien sûr, pour finir, je pense que les Russes ne se conformeront pas à la demande du conseil des ministres, et alors vous avez le motif pour lancer le mécanisme conjoint. C’est le plan », admet le député LREM.
Mais si Jacques Maire veut sanctionner la Russie, il ne veut pas aller jusqu’à priver la délégation russe de tous ses droits. Pourquoi ? Parce qu’alors la Russie claquerait la porte de tous les « machins » européens, privant ainsi l’UE de tout levier de pression sur Moscou (mais aussi d’un beau paquet d’argent, via la cotisation de la Russie), un scénario que la France veut éviter.
« Ma position au nom du groupe – il y aura des discussions dans le groupe demain matin – n’est pas de refuser totalement ses droits [à la Russie], mais c’est d’avoir les premières sanctions… Peut-être avez-vous vu l’amendement que nous avons proposé aujourd’hui ? Cet amendement n’a pas été voté mais il a été le plus réussi parmi les amendements accusant la Russie. Nous avons le meilleur score. Et l’amendement consiste à dire que nous privons de droits les membres de la délégation russe qui sont sur la liste des sanctions. Donc, c’est ce que nous proposons. Nous ne voulons pas aller jusqu’à la privation totale des droits de la Russie, parce que dans ce cas, ils ne seront pas là, et il n’y aura plus la moindre opportunité d’aller en Russie. Et il n’y aura pas d’observateurs en Russie pour les élections, il n’y aura rien. Et il n’y aura pas de mécanisme conjoint », a expliqué le député français, avant de demander à ses homologues ukrainiens de voter pour le fameux amendement proposé.
Le faux Merejko repart alors sur « l’empoisonnement » de Navalny et dit espérer que son homologue français comprend la position de l’Ukraine qui est de considérer la Russie coupable, et qu’il faut la sanctionner pour cela, ce à quoi Jacques Maire acquiesce.
Et c’est là qu’on arrive à la partie la plus scandaleuse, car après avoir déclaré qu’il n’a vu « aucun élément convaincant de la part de la Russie que ce n’est pas la Russie » qui est coupable de « l’empoisonnement » de Navalny, Jacques Maire admet, en réponse au faux Merejko, que la France elle-même possède du Novitchok.
« C’est ma forte conviction maintenant, mais ce dont je veux être sûr… Parce que je sais qu’il y a aussi une enquête en Russie, qui n’a pas été partagée. Mais je ne veux pas trop m’étendre par téléphone, parce que ce n’est pas sûr », déclare le député français.
« Bien sûr. Le problème est que vous avez déjà parlé avec les laboratoires militaires, je sais qu’il y en a un en France, qui a reconnu que c’était du Novitchok. Mais le problème est que je sais que le Novitchok ne figurait pas sur la liste des armes interdites. Le problème de la Russie est que le laboratoire militaire de la France a un échantillon de cette substance. Donc ça veut dire que la France a aussi ce poison. C’est ça le problème », lui répond le faux Merejko.
« C’est vrai. C’est vrai », lui répond de suite Jacques Maire !!!
Donc on a un député français, qui sait que la France possède des échantillons de Novitchok, mais qui explique que seule la Russie aurait pu « empoisonner » Navalny avec ce poison ! Sauf que si la France (comme d’autres pays d’ailleurs) possède des échantillons de Novitchok, cela veut dire qu’elle avait elle aussi la possibilité d’empoisonner Navalny avec, ce qui démolit totalement l’argument du « seule la Russie aurait pu faire cela » !
La déclaration de Jacques Maire confirme ce que je dis depuis le début de l’affaire Navalny, à savoir que la Russie n’est pas le seul pays au monde qui a possédé, ou possède du Novitchok. Donc un empoisonnement avec cette substance ne prouve en aucun cas que c’est la Russie qui est derrière.
Une fois qu’ils ont obtenu l’information la plus importante de leur interlocuteur, Vovan et Lexus ont terminé comme toujours en amenant la discussion jusqu’au point de l’absurdité la plus totale, en parlant de remettre à Jacques Maire le fameux caleçon bleu empoisonné de Navalny pour analyse.
Le député français a accepté cette proposition sans réfléchir deux minutes : 1) au côté délirant du fait que l’Ukraine aurait en sa possession les caleçons de Navalny, et 2) le fait qu’il serait extrêmement dangereux pour lui de se voir remettre des vêtements couverts de Novitchok si c’était réellement avec ça que les dits sous-vêtements avaient été badigeonnés ! Voilà pour qui les Français ont voté, un homme incapable de deux sous de jugeote !
Quoi qu’il en soit ce canular téléphonique éclaire à bien des égards la position de la France envers la Russie (surtout quand on compare avec les discours de Macron disant que « l’Europe doit dialoguer avec la Russie », on a alors une bonne idée du niveau d’hypocrisie du Président français), mais surtout du rôle que les instances européennes veulent jouer vis-à-vis de Moscou.
En gros l’UE veut pouvoir dicter sa conduite à la Russie, via les organes politisés que sont l’APCE, la CEDH et les mission d’observateurs internationaux lors des élections, entre autre, et pour cela elle doit la garder à l’intérieur de ces « machins », tout en la sanctionnant, mais pas trop fort pour ne pas la pousser à en claquer la porte une bonne fois pour toute.
Au vu de la nocivité évidente de ces instances pour la Russie et sa souveraineté, et au vu du manque flagrant de bénéfice pour elle au fait de participer à ces « machins » je pense que Moscou devrait utiliser cet incident comme justificatif pour son retrait de toutes ces institutions de l’UE, histoire d’apprendre une bonne fois pour toute à Mr Maire et ses collègues, que la Russie n’est pas une colonie et que sa patience a des limites.
Après tout « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse », dit le proverbe.
Christelle Néant
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