L’histoire des tentatives de détruire la Russie est ancienne et de l’époque tsariste, en passant par l’Union soviétique et la Fédération de Russie, les objectifs ont souvent été les mêmes. Les tentatives furent parfois couronnées de succès, et ont parfois changé le cours de l’histoire, la grande. Aujourd’hui plus que jamais, Occidentaux, Anglo-saxons et quelques autres pays assujettis rêvent d’en finir avec l’une des dernières barrières qui conduiraient les USA à pouvoir prolonger leur hégémonie. Car d’énormes enjeux existent actuellement, qui sont en premier lieu de faire sauter la 2e voie, celle de la Russie, après avoir détruit la 3e, qui fut celle de la France. Puis bien sûr de disposer des immenses ressources du plus grand pays du monde, l’un des derniers à pouvoir opposer une farouche résistance et faire barrage au projet mondialiste.
L’assassinat de Paul Ier. L’un des premiers coups, et non des moindres, qui furent portés à la Russie, fut l’assassinat de Paul Ier (1801). A cette date, la Russie avait envoyé une armée pour chasser les Français d’Italie et de Suisse, et permettre l’invasion de la France révolutionnaire (1799-1800). Bonaparte en Égypte, les forces coalisées purent en effet s’emparer de l’Italie après une série de batailles, et entrer en Suisse. Ils y furent vaincus à Zurich et dans d’autres batailles qui conduisirent au quasi anéantissement des forces russes (1798-1799). Le général Souvorov effectua une retraite à travers les Alpes, qui est restée mémorable, mais son armée avait été détruite. Entre temps, Bonaparte avait pris le pouvoir lors du coup d’État du 18 brumaire, et l’une de ses premières initiatives fut de renvoyer les prisonniers russes rééquipés, et d’écrire une lettre au tsar Paul Ier. Il proposait la paix et même une alliance, qui pour les deux pays pouvait être promesse d’immenses avantages. Paul retira la Russie de la coalition (fin 1800), et était sur le point d’accepter la main tendue. Les Anglais qui comprenaient la catastrophe à venir, ourdirent un complot, et en usant de la puissante attraction de l’or provoquèrent son assassinat par une coterie de généraux, dont Zoubov et Bennigsen (24 mars 1801). Alexandre Ier son fils fut mis sur le trône, et la Russie resta dans la sphère d’influence de l’Angleterre. La perfide Albion avait réussi un coup magistral. Toute la suite de l’histoire en fut changée. La Russie entra ensuite dans la plupart des grandes coalitions contre la France. Les Russes fait incroyable, entrèrent même dans Paris, l’empire napoléonien fut détruit, et un coup presque fatal fut porté à la France (1814-1815). L’histoire prouva ensuite que les Russes avaient finalement combattu pour deux grands vainqueurs : la Prusse et l’Angleterre. Qui sait le scénario qui se serait déroulé si Paul Ier avait vécu.
Lénine et Trotski, l’arme décisive de l’Allemagne contre la Russie. Tout cela est connu de longue date, et se déroula un siècle plus tard. La Russie engagée dans l’Entente avec la France et l’Angleterre posait un grave problème à l’Allemagne et l’empire Austro-Hongrois (1914-1916). Elle permettait aux alliés de forcer les Allemands à combattre sur deux fronts. La guerre s’étant enlisée dans l’atroce combat des tranchées à l’Ouest, le dernier espoir des Allemands était d’en finir avec la Russie, pour reporter toutes ses forces contre la France, et cela avant l’arrivée des troupes américaines et le déploiement de la puissance de son industrie (déjà !). Les services secrets allemands n’hésitèrent pas à envoyer dans un wagon plombé Lénine en Russie, pour y organiser une révolution qui détruirait le colosse aux pieds d’argile. La Révolution de 1905, avait prouvé que le régime tsariste était fragile, et des germes révolutionnaires existaient déjà en Russie depuis les Décabristes, et l’influence du siècle des révolutions en Europe. Avec une promesse de financement des Allemands, Lénine débarqua donc en Russie, et chacun connaît ensuite ce qui se déroula : la chute de Nicolas II, la fin de la monarchie impériale des Romanov, puis le coup d’État bolchevique d’octobre 1917. La victoire fut totale et les résultats bien au-delà des espoirs allemands. La Russie céda d’immenses territoires, pays baltes, Finlande, Pologne, Ukraine (traité de Brest-Litovsk, mars 1918). L’Allemagne retourna alors ses forces contre la France, mais échoua dans la Seconde bataille de la Marne. Les empires centraux s’effondrèrent à leur tour. Les Allemands qui avaient risqué beaucoup dans cette opération, durent même affronter un commencement de révolution bolchevique, qui fut écrasé dans le sang. Mais toute l’Europe centrale, les Balkans, et l’Europe de l’Est se trouvèrent déstabilisés pour longtemps. La Russie devenue en 1922, l’URSS, réussit toutefois à survivre après une terrible guerre civile, suivie de famines et de révoltes, elles aussi réprimées férocement et dans le sang. Cette manipulation des Allemands bouleversa complètement la suite de l’histoire de l’Humanité et conduisit tout droit au drame également sanglant de la Seconde Guerre mondiale (et probablement des drames actuels).
Détruire l’URSS en usant des forces anticommunistes, et des nationalismes. Dès les années 20, Américains et Britanniques tentèrent d’utiliser ce qui restaient des forces blanches, dans l’espoir d’en finir avec la Russie soviétique. Ils tentèrent vainement d’utiliser la ROVS (Union Générale des Combattants Russes, 1924), en espérant un rassemblement des forces contre-révolutionnaires dispersées et divisées. Cette stratégie échoua justement à cause de ces divisions et de conflits d’intérêts très importants dans la mouvance des Russes blancs. L’Allemagne nazie ne se priva pas non plus de tenter de les utiliser. Elle forma notamment l’Armée de libération russe (ROA, 1942-1945), et tenta d’utiliser les nationalistes de diverses origines (Légion du Turkestan, nationalistes ukrainiens, biélorusses, etc.), en formant de nombreuses troupes supplétives, y compris dans la SS, ou au service du SD ou de l’Abwehr. La ROA et les supplétifs HIWIS (auxiliaires recrutés dans les camps de prisonniers de Soviétiques) aligna toute de même plus de 120 000 hommes, tandis que la Légion du Turkestan en rassembla plus de 30 000. Une véritable armée. Les Allemands, dès la République de Weimar soutinrent aussi le nationalisme ukrainien, suivie par l’Allemagne d’Hitler (1924-1945). Ils recrutèrent en masse des Ukrainiens, pour les armer contre la Pologne et l’URSS. Ils furent également employés dans la lutte contre les partisans soviétiques, dans la Shoah par balles et la liquidation de divers groupes ethniques (Tziganes, Polonais, Grecs de la Mer Noire, Slaves, opposants politiques). Ceci conduisit après l’OUN et l’UVO dans les années 20 et 30, à la fondation de l’UPA (1942). Cette armée nationaliste compta selon les sources entre 250 000 et 350 000 combattants. Ils réussirent à mener une guerre de guérilla en URSS jusqu’aux portes des années 60 (maquis de Choukhevytch détruit en 1950, dernier maquis d’importance liquidé en 1954, dernière cellule de quelques hommes de l’UPA détruite en 1960). Les Allemands firent de même avec d’autres nationalismes, en Lituanie et Lettonie, en fondant diverses unités, la Lettonie restant, au vu de sa population, le pays qui a fournit le plus de SS et de volontaires à Hitler.
La Guerre Froide, une guerre qui n’a jamais eu de fin. La suite également est connue. MI-6 et CIA recrutèrent après-guerre, tous ces anciens collaborateurs de l’Allemagne nazie. Selon des documents déclassifiées justement par la CIA (début années 2000), les USA à eux seuls recrutèrent et aidèrent à exfiltrer plus de 20 000 criminels nazis (de différents pays, Allemagne, Ukraine, Croatie, Lituanie, Lettonie, etc.). Ils soutinrent de puissantes diasporas sur leur sol, essentiellement aux USA, mais aussi au Canada, en Australie, en Allemagne et jusqu’en France. Elles furent utilisées pour recruter des agents, poursuivre des guérillas dans certains pays (nous l’avons vu en Ukraine, mais aussi en Lituanie, jusqu’en 1954 pour ce petit pays). Ces diasporas réimplantèrent facilement via des ONG, des fondations ou organisations parfois culturelles, les idées nationalistes et avec elles russophobes et extrémistes, dans beaucoup de ces pays. Les pays baltes furent parmi les premiers à tomber dans l’escarcelle de l’OTAN et de l’UE (dès 2004). En Géorgie, le pays fut touché par le coup de force de Saakachvili (Révolution des Roses, 2003-2013), et d’autres pays manquèrent de peu d’être contrôlés comme le Kirghizistan (révolution des Tulipes, 2005). Durant la Guerre Froide, que j’estime ne s’être jamais terminée (1945-2022), les manœuvres occidentales et américaines réussirent même à en finir avec l’URSS (1989-1992), affaiblie par les drames de la guerre d’Afghanistan (1979-1989), ou la catastrophe de Tchernobyl (1986). Les Américains n’hésitèrent pas d’ailleurs à soutenir le fondamentalisme islamiste (Ben Laden), et à armer ces derniers pour combattre l’URSS (Talibans, Ben Laden), avec les mêmes conséquences dramatiques qui furent observées en Russie avec l’aventure bolchevique et communiste. Là encore, les manipulations occidentales ont coûté des millions de vies, et les conséquences ont touché le monde entier. Personne actuellement ne peut dire le bilan exacte de cette Guerre Froide sans fin, et les historiens auront du mal à en écrire l’histoire.
C’est dans les vieux pots que l’on fait la bonne soupe. Aujourd’hui, les choses n’ont pas changé. La CIA et les Occidentaux ont refondé diverses unités qui ne font pas illusion. Parmi elles, la Légion Russie Liberté, qui a sur son drapeau les mêmes couleurs que celle de la ROA des collaborateurs de l’Allemagne hitlérienne. La Légion du Turkestan s’est transformée en bataillon Touran, dans l’espoir de soulever les nationalistes de l’Asie centrale, ou de l’Extrême-Orient russe. Plus triste encore est la création en Ukraine, et avec une intense propagande occidentale, de la RDK, qui rappelle quant à elle, la RONA (29e division SS), formée d’authentiques fascistes venus essentiellement de Russie, de Biélorussie et d’Ukraine. De la même façon, l’Occident cherche aussi à renouveler le coup de 1917, en usant d’opposants politiques véritables ou créés de toutes pièces, tels que Navalny, Khodorkovski, Volkov et quelques autres personnages. Les tentatives avaient été aussi plus sournoises, comme dans le financement du groupe VOINA, dont faisaient parties les Pussy Riot (2012), ou encore des FEMEN (en Ukraine, 2008-2014), ou le financement de projets d’infiltrations dans le but d’une éventuelle révolution colorée (USAID, fondation de Soros, etc.). De manière générale, rien de ce côté n’a vraiment changé, avec toujours les mêmes tentatives, avec cependant une différence essentielle : y ajouter les standards occidentaux (idéologiques et sociaux, système politique, mondialisme, contrôle des populations par la société de consommation et ses rêves, etc.). En Ukraine, force est de constater que les Occidentaux ont fait aussi appel à d’autres nationalismes apparus plus récemment, notamment en formant des bataillons de Tchétchènes (Djokhar Doudaïev, Cheikh Mansour, Meute enragée, Obon Tchri etc.), ou même une Légion nationale géorgienne et encore des unités de Tatars (Bataillon Crimée et Noman Celebecihan).
Hier les Anglo-saxons combattaient la France révolutionnaire et impériale avec de l’or et le sang de coalisés, dont les intérêts étaient souvent contraires. Ils combattent de nos jours pour détruire la Russie de la même façon. Pire encore, le coup de force est aussi, hélas, de faire combattre des gens qui se connaissent bien et qui étaient des peuples frères, au profit, toujours, des mêmes bénéficiaires : qu’ils soient de Washington, Londres ou Berlin.