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Bataillon Patriot, ou comment l’Ukraine des classes modestes se meurt au front

Bataillon Patriot, ou comment l’Ukraine des classes modestes se meurt au front

Dans toute la série d’historiques de bataillons que j’effectue dans une grande recherche, voici désormais le bataillon Patriot. Il est intéressant de remarquer qu’il ne s’agit pas d’un bataillon d’ultranationalistes et de néonazis, son étude le démontre. Son cas relève toutefois de plusieurs exceptions, car si les bataillons de représailles furent formés sous l’égide du Ministère de l’Intérieur, dans les armées privées de l’oligarque mafieux Igor Kolomoïsky ou du Pravy Sektor et du DUK, ce bataillon fut lui formé par le Ministère de la Défense. C’est ici une différence colossale car il fut pourvu d’officiers, ou d’anciens officiers ayant servi dans l’armée, qui n’avaient pas spécialement d’idéologie politique. Si l’on pourrait trouver dans ses rangs quelques néonazis et bandéristes, le plus grand nombre des recrues vinrent de la masse des mobilisations décrétées par le Président Porochenko. Ces vagues de mobilisations eurent de grandes difficultés, surtout entre 2014 et 2016, où entre 50 et 70 % des mobilisables devinrent des réfractaires et prirent la tangente. Il fut formé dans un contexte aussi très particulier, celui de l’enlisement de l’offensive ukrainienne qui conduisit à la déroute de la bataille des frontières, dont le chaudron d’Ilovaïsk, où les forces ukrainiennes furent taillées en pièces (août-septembre 2014). Il y avait urgence à renforcer les bataillons de représailles, et surtout à tenter de former des unités plus solides et cohérentes que la masse de bandits et de massacreurs qui furent jetés sur le Donbass.

De la formation difficile du bataillon à la défaite de Debaltsevo. Il fut formé officiellement le 22 août 2014, avec un premier groupe de 103 hommes, devant recevoir surtout des mobilisés, des cadres des dépôts de l’armée et les volontaires qu’il serait encore possible de trouver. Il n’y avait cependant aucun moyen matériel, pas d’argent, pas d’équipement, les recrues furent donc maintenus dans une caserne à Dniepropetrovsk. Un début d’entraînement fut commencé, mais les hommes déclenchèrent bientôt une mutinerie (18 septembre). La grogne des recrues fut déclenchée par le fait qu’ils n’avaient pas reçu d’uniformes, d’équipements militaires et peu d’armes. Le bataillon réclamait également le retour de l’ancien commandant Alexander Vodolazsky, remplacé par Vladimir Berbouchenko dont les hommes ne voulaient pas. Cet officier venait de la réserve de l’armée et paraissait suspect, son parachutage inquiétant beaucoup les hommes. Le Ministère de la Défense tînt bon, maintînt le nouveau commandant malgré son peu d’expérience militaire. Le bataillon fut maintenu aux arrêts en caserne, n’étant d’ailleurs pas complété ses effectifs, devant la difficulté d’incorporer les mobilisés, dont la plupart étaient devenus réfractaires et refusaient de servir dans l’armée et dans le Donbass. Il fut cependant bientôt équipé, de bric et de broc et devant la situation critique rapidement envoyé sur le front (4 octobre). Cette nouvelle en termina avec la révolte et il fut dirigé sur le Donbass. Il resta plus de 14 mois en position sans aucune rotation, subissant une lente attrition et érosion. Il prit position dans la région de Svetlodarsk, non loin de Debaltsevo, à la frontière entre les Républiques de Donetsk et Lougansk. Il se déplaça ensuite sur d’autres positions, à Pervomaysk, près de Gorlovka, à Avdeevka ou encore à Novogorodske. C’est dans cette localité qu’il fut le plus touché par les pertes, résistant tant bien que mal alors que le front avait craqué au niveau de Debaltsevo (janvier-février 2015). Il forma un moment une brigade aux côtés du 13e bataillon de défense territoriale Tchernigov, dont le commandant, le lieutenant-colonel Rodionov avait d’ailleurs été chef de liaison du 43e peu avant.

Sur le front du Donbass et dans la fournaise du chaudron de Severodonetsk et Lissichansk. Il ne fut ramené à l’arrière qu’en novembre 2015, puis ayant été renfloué avec des recrues de la mobilisation, renvoyé sur le front (2016). Un film documentaire fut tourné dans le bataillon, à des fins de propagande, par un réalisateur ukrainien du nom d’Edouard Yarov (2018), sous le titre de Patriot. A cette époque le bataillon vit la désertion de plus de 40 soldats, qui firent défection et passèrent dans le camp du Donbass, ce qui déclencha une réaction de l’ex-colonel Berbouchchenko (26 septembre 2018). Ces défections ne furent pas rares, surtout au début de la guerre (2014-2016), dans les rangs des forces ukrainiennes. La raison était d’abord le peu de motivation des mobilisés de l’Est de l’Ukraine, se sentant plus Russes qu’Ukrainiens et pour d’autres simplement le refus de combattre entre frères, beaucoup ayant de la famille dans les deux camps, parfois leurs parents. D’autres encore refusèrent de continuer à servir pour vivre tranquillement leur vie, sans avoir à être sacrifiés, ou gravement blessés dans une guerre qu’ils jugeaient absurde. Ceux-là souvent purent refaire leur vie en Russie. Les mois s’écoulèrent avec des pertes, le roulement de l’arrivée de nouvelles vagues de recrues et quelques volontaires ou gamellards. Bien plus tard, un véhicule du bataillon s’égara sur le front et s’engagea sur le territoire des Républicains. Le camion fut capturé ainsi que 8 soldats (22 mai 2019). Le bataillon fait aujourd’hui partie de la 53e brigade mécanisée qui se trouvait officiellement dans la région de Severodonetsk (2022). Les photos de son Facebook officiel montre des hommes âgés et assez pauvrement équipés, ainsi que de jeunes hommes. La localisation de Severodonetsk, malgré que la ville a été prise par les Russes et les Républicains, il y a plus de deux semaines, est toujours affichée sur la page. Notons aussi un optimisme « à toute épreuve » et de façade, les soldats qui sont montrés sont en général souriants, en train de s’amuser et la dernière communication en date du 13 juillet indique en conclusion : « Croyez aux guerriers, croyez aux forces armées de l’Ukraine, ensemble nous allons gagner ! ». Gagner quoi c’est ici la question, les services de presse de l’armée ukrainienne ne peuvent évidemment pas affoler les populations sur les défaites subies. La dernière publication montrant des soldats date déjà du 25 juin dernier. C’est relativement intéressant car elles étaient jusque là relativement nombreuses sur le fil de la 53e mécanisée. Les portraits souriants de soldats ont disparu. Il est fort probable que le moral de l’unité soit au plus bas, et qu’il soit très difficile de montrer les visages des survivants du chaudron de Lissichansk et Severodonetsk.

La chair à canon et la mort pour l’Ukraine du Maïdan. Comme d’habitude voici une liste qui par la prosopographie permet de voir un ensemble de soldats, essentiellement ici tués au combat, qui peuvent nous éclairer sur la nature du bataillon. L’analyse indique que cette unité est essentiellement constitué de jeunes recrues de la mobilisation, mais aussi de quelques volontaires assez âgés, qui par patriotisme surtout sont venus combattre dans le Donbass. Il y a très peu de néonazis et bandéristes dans ses rangs, mais ce qui est triste ici c’est la grande proportion de pères de famille qui ont été tués au feu. Le recrutement de ces hommes pose ici la question des motivations de l’Armée ukrainienne à les intégrer. Ceci montre deux choses importantes : 1) de 2014 à nos jours l’Ukraine a été en peine pour trouver des hommes motivés à se battre, il aura fallu piocher dans les pères de famille pour combler les rangs, 2) ces pères de famille ont probablement pris le risque de s’engager par l’attrait d’une paye plus intéressante que ce qu’ils pouvaient espérer toucher dans le civil. Ceux qui tombent ici sont pour la plus grande masse des gens très modestes, peu d’études, ou seulement professionnelles, des hommes issus des couches inférieures de la pyramide sociétale. C’est une véritable chair à canon, des destins brisés, veuves et orphelins pour l’incompréhensible Révolution du Maïdan. Ils ont cru vraiment aux sirènes américaines, à l’intégration dans l’Union européenne, au fait qu’ils seraient forcément plus heureux. Pire encore, ils ont cru que pour cela, il faudrait écraser ceux du Donbass qui eux voulaient se séparer d’un pays dans lequel ils ne se retrouvaient plus. Tuer des gens qui voulaient être libres, pour soi-même espérer recevoir un jour quelques os et débris de l’Occident, quelle tristesse de voir les tombes s’aligner pour rien et pour un projet si catastrophique dans son essence et son résultat. Le mot absurde me vient ici à l’esprit. Voici donc quelques profils :

Vitaly Antoniouk (1973-2015), originaire de Dnipropetrovsk, il s’enrôla dans le bataillon Patriot (août 2014), soldat et infirmier, il fut tué le 3 mars 2015, dans un village de la région d’Artemovsk. Il laissait une veuve et une fille.

Alexandre Azarov (1988-2015), né à Bakou en Azerbaïdjan, dans les derniers temps d’existence de l’URSS, sa famille préféra déménagé en Ukraine dont elle était originaire, et s’installa à Kirovograd. Il fit des études professionnelles et devînt mécanicien, puis effectua son service militaire au sein de l’armée ukrainienne. Il fut mobilisé suite à l’opération ATO dans le Donbass, et répondit à l’appel. Envoyé à Dniepropetrovsk, il fut versé dans le bataillon Patriot (août 2014), soldat et chauffeur. Il fut tué le 29 mars 2015, dans un village de la région d’Artemovsk. Une plaque commémorative fut installé dans son école, et une rue renommée en son honneur (octobre). Son père s’était enrôlé comme volontaire dans les bataillons de représailles œuvrant dans le Donbass.

Vladimir Berbouchenko (1965-), officier supérieur probablement militaire de carrière, professeur à l’Université des Transports de Dniepropetrovsk, il fut nommé à la tête du bataillon de représailles Dniepr-2, et combattit ensuite dans différents endroits du Donbass, dans la région de Zolote, Avdeevka et Svetlodarsk. Il fut nommé commandant du bataillon Patriot (16 septembre 2014), ou 43e bataillon motorisé (au moins jusqu’en 2017). Il fut gravement blessé d’un coup de couteau, par un délinquant à Dniepropetrosk qui le poignarda (1er avril 2018). Transporté en urgence à l’hôpital militaire, il dut subir une intervention chirurgicale qui lui sauva la vie. Son agresseur, Roman un jeune de 19 ans, d’une famille aisée, enfant gâtée, était connu pour son comportement violent et provocateur, et voici habitant dans son immeuble. Malgré la plainte déposée, la corruption empêcha le départ d’une enquête, ce qui déclencha bientôt le récit de l’officier dans un média ukrainien (5 mai).

Roman Bespaly (1981-2019), originaire d’un village de la région de Dniepropetrovsk. Il fut mobilisé ou s’enrôla à une date inconnue dans le bataillon Patriot, grade de sergent-chef. Il se trouvait dans un camion avec sept autres soldats, qui s’égara en route pour le front et s’enfonça dans la zone du front tenue par les insurgés. Ils furent faits prisonniers près d’un village non loin de Volnovakha (22 mai 2019), et emprisonné. Il mourut dans des circonstances qui restent à déterminer, selon les Ukrainiens, information sujette à caution, assassiné le 15 octobre 2019. Selon les Russes il se suicida en captivité. Son corps fut rendu à la partie ukrainienne après avoir été autopsié (12 novembre). Les Ukrainiens supposèrent qu’il ne s’agissait pas de lui… et se lancèrent dans toute une procédure qui termina par l’ADN qu’il s’agissait bien de lui. Il fut enterré dans son village (11 décembre), laissant une veuve. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (7 avril 2020).

Anatoly Bijko (1995-2017), originaire d’un village de la région de Kherson, sa famille s’installa plus tard à Nikopol, dans l’oblast de Dniepropetrovsk. Il fit des études professionnelles, diplômé (2013), puis répondit à l’appel du service militaire (octobre 2013). Il fut versé dans le 74e bataillon de reconnaissance de Tcherkassy. Son unité fut envoyée dans le Donbass, pour participer aux représailles, il servit lors de la bataille des frontières, notamment à la déroute d’Ilovaïsk (août-septembre 2014), puis à l’assaut mené contre l’aéroport de Donetsk (hiver 2014-2015). Il fut médaillé par le Président Porochenko, de la médaille des défenseurs de la Patrie (8 mai 2015). Il fut démobilisé et finalement contracta un contrat dans l’armée ukrainienne (1er décembre 2016), versé dans le bataillon Patriot. Il fut tué le 1er mai 2017, dans une embuscade tendue par les Républicains, son corps ainsi que celui de deux autres camarades étant abandonnés sur place. Les corps furent rendus à l’Ukraine, via l’OSCE (6 mai), et il fut enterré à Nikopol (8 mai). Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (11 octobre 2017).

Ivan Dikhiar (1963-2015), originaire d’Ukraine, de Vockresenka dans l’ancien Oblast de Donetsk, à l’extrémité de la frontière Ouest, transfuge du Donbass. Il effectua une école militaire de l’Armée Rouge (1983), puis étudia le droit à Donetsk, entra ensuite dans le Ministère de l’Intérieur comme enquêteur, conseiller juridique (2008), élu local dans son village, il rejoignit également une association de Cosaques zaporogues, au grade de colonel (2011). Il s’enrôla volontairement dans le bataillon Patriot (août 2014), enseigne et chef de compagnie, il fut tué à Popasnaya, le 13 février 2015, laissant une veuve et deux enfants adultes. Il fut médaillé à titre posthume (septembre).

Sergeï Feoktistov (1984-2015), originaire d’une petite ville de Volhynie, il fit des études secondaires puis son service militaire dans l’armée de l’air ukrainienne, personnel au sol de l’aérodrome militaire de Melitopol. Il reprit des études et fut diplômé (2008), et tomba sous le coup de la mobilisation pour aller rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (16 juillet 2015). Il fut intégré dans un peloton du génie, du bataillon Patriot et fut tué par une mine dans la région de Gorlovka, le 26 septembre 2015. Il fut décoré par le Président Porochenko, à titre posthume (2016).

Nicolaï Gaïdiouk (1974-2017), originaire de Nikopol, il fit des études professionnelles et pratiquait à haut niveau le kickboxing. Il était un militant ultranationaliste et bandériste et se porta comme volontaire pour les bataillons de représailles dans le Donbass (2014), et fut versé dans le bataillon Patriot. Il participa à plusieurs combats, essentiellement dans la région de Gorlovka. Il fut démobilisé (fin 2015), et devînt le président de l’association des anciens combattants de l’opération ATO dans sa ville. Il manifesta dans la rue avec d’autres militants pour l’organisation d’un blocus total du Donbass (hiver 2016-2017). Il se porta de nouveau volontaire, signant un contrat dans l’armée ukrainienne (2017), et fut renvoyé dans le bataillon Patriot. Il fut tué dans un bombardement d’artillerie sur une position près d’Armetovsk, le 13 juin 2017. Il fut enterré dans sa ville natale (16 juin), laissant une veuve et deux enfants. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (11 octobre).

Youri Gorochko (1961-2014), originaire d’Ukraine, de Krivoï Rog. Il s’enrôla dans le bataillon Patriot convaincu par la propagande ukrainienne. Simple soldat et chauffeur, il fut tué dans la ville de Zolotoe, dans la région de Lissichansk, République de Lougansk, le 20 octobre 2014. Il laissait une veuve et deux enfants déjà adultes.

Alexandre Goulkevitch (1974-2016), né dans une ville de la région de Jytomyr, il fit des études secondaires puis travailla dans une entreprise de monuments funéraires. Il fut mobilisé pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (août 2015), versé au grade de sergent dans la compagnie de soutien, servant d’une pièce antiaérienne. Il fut tué à un barrage routier, à Zaïtsevo, près de la ville d’Armetovsk, par un obus de 152 mm, le 13 septembre 2016. Il fut enterré dans son village natal (17 septembre), puis décoré à titre posthume par le Président Porochenko (25 novembre). Son fils et son frère servaient dans l’armée régulière ukrainienne, dans la 95e brigade aéromobile.

Vladimir Gritsenko (1989-2015), originaire d’un village de la région de Ternopol, il fut mobilisé pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (avril 2015). Il répondit à l’appel et fut versé dans le bataillon Patriot. Il fut blessé mortellement dans la région de Donetsk, par une balle qui lui sectionna une artère et mourut rapidement en se vidant de son sang. Il fut décoré à titre posthume par le président Porochenko (2016).

Leonid Kozirev (1989-2016), originaire de la région de Dnipropetrovsk, d’une famille nombreuse, il fit des études secondaires et travailla ensuite comme vigile. Il fut mobilisé pour les bataillons de représailles dans le Donbass (août 2014), et versé dans le bataillon Patriot. Après une année de service, il décida de signer un contrat dans le bataillon et continua son service. Il fut tué par un obus de 122 mm, dans la région du village Zaïtsevo, non loin d’Artemovsk, le 19 avril 2016. Il fut enterré dans son village (22 avril), et décoré par le Président Porochenko, à titre posthume (juillet). Une plaque commémorative fut installée dans son école (mai 2017).

Evgen Koul (1989-2014), originaire de Nikopol, Ukraine, il fut mobilisé et rejoignit Dniepropetrovsk, où il intégra le bataillon Patriot. Simple soldat, il fut grièvement blessé dans la région de Lougansk, et évacué à l’hôpital militaire de Kharkov, il mourut de ses blessures le 31 décembre 2014.

Andreï Lischina (1985-2016), originaire d’un village de Volhynie, il fit des études secondaires et resta toute sa vie dans son village natal. Il fut mobilisé pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (printemps 2015), incorporé au bataillon Patriot, grade de sergent. Il fut envoyé avec un camion pour approvisionner en eau les positions de première ligne (19 juin 2016), mais le véhicule sauta sur une mine. Très gravement brûlé, il mourut de ses blessures dans un hôpital militaire, le lendemain, 20 juin. Il fut enterré dans son village natal, laissant une femme et deux filles nées en 2004 et 2007. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (septembre 2016). Une plaque commémorative fut installée dans son village (15 décembre).

Andreï Litkin (1976-2015), il s’enrôla volontairement dans le bataillon Patriot (août 2014), et fut tué, le 10 mars 2015, lors d’une mission de reconnaissance, dans la région d’Artemovsk.

Oleg Logvinenko (1972-2016), originaire d’un village de la région de Kiev, d’une famille nombreuse, il fit des études secondaires. Il fut mobilisé pour être envoyé dans les bataillons de représailles dans le Donbass (printemps 2015), alors que deux de ses frères s’étaient déjà portés volontaire pour le front. Il fut versé dans le bataillon Patriot et fut mortellement blessé par un obus de 122 mm, près du village de Zaïtsevo, non loin de Gorlovka. Il mourut après s’être vidé de son sang. Il fut enterré dans son village natal (23 avril), laissant une femme et deux enfants. Une plaque commémorative fut installé dans le village où il résidait (26 mai), et fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (23 juillet).

Youri Malkov (1986-2017), originaire de Krivoï Rog, sportif accompli notamment dans les sports de combat, il fit des études professionnelles. Il devînt machiniste et conducteur de locomotive dans la compagnie des chemins de fer (2006-2014). Il devança la mobilisation et se rendit dans un bureau de recrutement pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (printemps 2014). Il fut versé dans le bataillon Patriot, mitrailleur sur un BMP, il combattit dans la région de Gorlovka, nommé sergent. Après avoir accompli sa période de service, il rentra chez lui et fut démobilisé (automne 2015), mais contracta un nouvel engagement dans le bataillon (15 février 2017). Il fut mortellement blessé dans une embuscade tendue par les Républicains, blessé d’une balle qui le toucha à une artère, le 1er mai 2017. Ses hommes prirent la fuite et abandonnèrent son corps ainsi que ceux de deux autres soldats, leurs corps furent rendus avec l’aide le OSCE (6 mai). Il fut enterré à Krivoï Rog (8 mai). Il laissait une veuve et deux enfants en bas âge de 7 et 2 ans. Il fut décoré par sa ville à titre posthume (3 mai 2017), et de nouveau par le Président Porochenko (11 octobre).

Anatoly Matveev (1975-2016), originaire d’un village près de la ville de Vinnytsia, il fit des études secondaires, puis son service militaire dans l’armée ukrainienne. Il fut mobilisé pour être envoyé dans les forces armées ukrainiennes du Donbass (juillet 2015). Il répondit à l’appel et fut versé dans le bataillon Patriot, soldat dans une section de lance-grenades. Il fut tué par un obus de 122 mm qui lui arracha les jambes, sur une position près du village de Zaïtsevo, non loin de Gorlovak, le 19 avril 2016. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (septembre), puis un mémorial fut installé dans son village natal (19 octobre), et une plaque sur son école (avril 2017).

Anatoly Melnikov (1960-2017), originaire de Krivoï Rog, il fit des études secondaires et travailla notamment dans les cirques, en particulier pour le Cirque de Moscou, Youri Nikouline, comme gymnaste, pendant plusieurs années (jusqu’en janvier 2014). A l’annonce du déclenchement de la guerre dans le Donbass, il rentra en Ukraine et se présenta plusieurs fois à un bureau de recrutement pour rejoindre les bataillons de représailles (2014). Il fut systématiquement refoulé en raison de son âge, mais il persista et finit par réussir à s’enrôler dans le bataillon Patriot (27 octobre 2016). Il fut tué par un obus de mortier de 82, sur une position avancée en face de la ville de Lougansk, le 30 juin 2017. Il fut enterré dans sa ville natale (4 juillet), laissant une veuve et une fille mineure. Il fut médaillé à titre posthume par le président Porochenko (11 octobre).

Alexandre Mirgorod (1968-2015), originaire d’une petite ville de l’oblast de Dniepropetrovsk, il s’enrôla volontairement dans le bataillon Patriot (août 2014), soldat, il fut tué le 26 mars 2015, dans la région de Gorlovka.

Anatoli Rodionov (?-), d’une famille originaire de la région de Tambov, fils d’un vétéran de la Grande Guerre patriotique, qui s’installa ensuite à Kiev. Il fit une école militaire soviétique à Riazan (1982-1986), il servit dans les troupes parachutistes au sein du 345e régiment et atteignit le grade de lieutenant-colonel à seulement 27 ans. Il servit en Afghanistan jusqu’au retrait soviétique (1989), puis fut envoyé en garnison en Azerbaïdjan puis en Arménie. A la chute de l’URSS, son unité fut ramenée en Ukraine, à Jytomyr où il intégra la 95e brigade aéromobile dans l’armée ukrainienne, rétrogradé au grade de capitaine, jusqu’à la dissolution de l’unité. Après 13 années de service et âgé de 31 ans, il préféra démissionner. Il monta une affaire de menuiserie dans la deuxième moitié des années 90. Il déclara avoir été favorable à la Révolution Orange et s’être enthousiasmé pour ce qu’il pensait être un vrai changement (2004). Beaucoup plus tard il reprit des études à Lvov, étudiant le droit pour devenir avocat et fut diplômé (2010). Il déménagea de Jytomyr à Krasnoarmeysk, dans la région de Donetsk (2008), puis après l’obtention de son diplôme travaille comme avocat à Donetsk. Il abandonna sa famille pour rejoindre une compagnie d’autodéfense du Maïdan constituée de vétérans de l’Afghanistan, compagnie liée au Parti National-Socialiste d’Ukraine Svoboba (hiver 2013-2014). Il rentra chez lui à Kranoarmeysk et rassembla des ultranationalistes de ses amis et quelques jeunes pour tenter de résister au mouvement général de l’insurrection pro-russe (avril 2014). Lié avec le chef local de la police politique du SBU, il organisa le début des répressions. Pendant ce temps le poste de police et du SBU fut enlevé par les insurgés, une partie des forces de police et des officiels étaient également passés à la révolte dans cette ville du Donbass. Il rassembla un quarantaine ultranationalistes locaux et tentèrent d’empêcher le référendum organisé dans la ville où se présentèrent des centaines de personnes enthousiastes. L’arrivée d’hommes du bataillon de représailles Dniepr-1 changea bientôt la situation. Un premier bureau fut pris et la foule dispersée. Une série de barrages routiers furent organisés pour encercler la ville, et il fut nommé au commandement des forces présentes pour écraser les rebelles. La population ne manqua pas d’être bientôt terrorisée par des violences et des répressions sanglantes, aussi la ville fut prise par les ultranationaliste. Son commandement provisoire avec Dniepr-1 s’étant terminé là, par ailleurs dirigé de loin par Korban le bras droit de l’oligarque mafieux Kolomoïsky, il se rendit à Dniepropetrovsk pour obtenir un grade dans un autre bataillon (juillet 2014). Il fut nommé au grade de chef de liaison dans un autre bataillon de représailles, le 43e bataillon motorisé Patriot. Les opérations suivantes furent en partie financées par des entrepreneurs du Donbass, défavorables à l’insurrection et qui étaient en train de perdre leurs entreprises par le fait de leur soutien au Maïdan. Ce soutien n’était pas « patriotique » ou « ultranationaliste » mais juste pour des raisons des importantes pertes financières qu’ils étaient en train de subir. Il fut ensuite nommé au commandant du 13e bataillon de défense territoriale Tchernigov (mars/avril 2015). Il y trouva une grande désorganisation, de incompétence, de l’alcoolisme. Il réussit pourtant à tenir son bataillon réduit à 300 hommes, suite à la défaite cinglante et aux pertes nombreuses qu’il avait essuyé à la bataille de Debaltsevo (janvier-février). Il imposa de creuser des tranchées, le bataillon servant aux côtés du 43e bataillon Patriot. Dans ce dernier, d’après ces dires, il se trouvait un groupe de Français (néonazis) arrivés sur place par le biais des réseaux internationaux de l’extrême-droite dure. Les fonds pour payer les dépenses du bataillon n’arrivèrent selon ses dires que tardivement, plusieurs mois après son arrivée (août). Il se trouvait toujours à son commandement lorsqu’il donna cette très longue interview où il raconta son histoire (5 juillet 2017). Il déclarait pour conclure à la question du rôle du soldat à son retour du front : « Je suis avocat, il s’agit d’une lutte contre les autorités locales de Krasnoarmyesk, le bureau du procureur, la police, l’administration de l’hôpital. Je ne me bats pas pour la vie, mais pour la mort pour eux ». L’un des projets futurs de cet homme était de monter des camps pour les jeunes afin de les militariser, de les entraîner à la survie en temps de guerre et de les endoctriner politiquement. Il fut relevé de son commandement ou démissionna peut-être pour une question d’âge autour de l’année 2017-2018.

Vadim Savtchak (1984-2015), originaire d’un village de la région d’Ivano-Frankovsk, il était passionné d’arts martiaux et membre d’un club sportif. Il s’enrôla volontairement dans les bataillons de représailles de l’opération ATO (décembre 2014), et fut versé dans une compagnie de reconnaissance et de sabotage (8 janvier 2015), puis dans le bataillon Patriot. Il partit en reconnaissance, près du village d’Ekaterinovka et tomba avec son groupe dans une embuscade tendue par les Républicains. Son groupe perdit 3 tués et deux blessés graves, il faisait partie des tués, ayant reçu six balles dans le ventre. Il laissait une veuve avec deux enfants en bas âge, de 3 ans et 3 mois. Il fut enterré dans son village natal (23 mai). Sa mort déclencha la rage de jeunes hommes de son village, qui formèrent un camp de recrue dénommé en son nom, avant de partir s’enrôler pour combattre dans le Donbass (26 juin-1er juillet), puis une plaque commémorative fut installée dans son école (novembre). Enfin, il fut décoré à titre posthume (2020).

Evgen Shapka (1977-2015), originaire de Dniepropetrovsk, il s’enrôla volontairement dans le bataillon Patriot (août 2014), et fut tué sur le front du Donbass, le 20 août 2015. Il laissait une fille derrière lui.

Nicolaï Shourenko (1977-2015), originaire d’un village dans la région de Kiev, il fit des études professionnelles de menuisier. Il effectua son service militaire au sein des gardes-frontières, puis travailla dans une usine d’engrenages.Il fut ensuite un collaborateur de la police politique ukrainienne, le SBU, et en joua dans un film, puis une série télévisée, dans des petits rôles. Il fut l’un des chauds partisans du Maïdan, participant aux émeutes (hiver 2013-2014), et fut l’un des premiers enrôlés dans les bataillons de représailles, il partit dans le Donbass (printemps 2014). Il devînt instructeur spécialisée dans la reconnaissance, et participa à la bataille des frontières. Il fut encerclé dans la chaudron d’Ilovaïsk (août-septembre), mais réussit à s’enfuir et à rejoindre les lignes ukrainiennes. Il s’enrôla alors dans le bataillon Patriot, et fut tué dans une embuscade près du village d’Ekaterinovak, le 19 mai 2015. Il fut enterré dans son village natal (23 mai), puis une plaque commémorative fut installée dans son école (25 septembre), et beaucoup plus tard décoré à titre posthume (2020).

Andreï Smetanin (1981-2017), originaire de la ville d’Avdeevka, près de Donetsk, il fit des études professionnelles, déménageant dans le région de Zaporojie. Il effectua son service militaire dans un régiment de défense antiaérienne (1999-2000). Il fut l’un des rares natifs du Donbass à choisir le camp de l’Ukraine, s’enrôlant cependant tardivement dans l’armée ukrainienne (août 2016), versé dans le bataillon Patriot. Il fut blessé mortellement par une balle, sur une position en face de la ville de Lougansk, le 3 juillet 2017. Il fut enterré dans un village près de Zaporojie (5 juillet), laissant une veuve et une fille. Il fut décoré à titre posthume par le Conseil régional de Zaporojie (21 septembre) et par le Président Porochenko (11 octobre).

Sergeï Smirnov (1980-2017), originaire d’Odessa, il fit des études professionnelles dans le bâtiment, sportif il pratiquait la lutte et la natation, s’installant dans la région de Kherson. Il fut mobilisé pour les bataillons de représailles partant pour le Donbass (6 septembre 2014), et fut versé dans le bataillon Patriot. Il participa à de nombreux combats, à Zaïtsevo, Popasnaya, Zolotoe, Avdeevka, etc (2014-2015). Il accepta de prolonger son contrat dans l’armée ukrainienne et se maria lors d’une permission (octobre 2015), et eut un fils (2016). Il signa de nouveau une prolongation de son contrat et fut blessé au front (été 2016), servant alors comme sergent et chef d’un peloton de reconnaissance. Il fut médaillé par le Président Porochenko, par la médaille des Défenseurs de la Patrie (27 octobre). Il fut tué le 1er mai 2017, dans une embuscade tendue par les Républicains, combat où il y eut deux autres tués et un blessé, les corps furent abandonnés sur place. Sous l’égide de l’OSCE, les corps furent rendus aux Ukrainiens (6 mai), et il fut enterré deux jours plus tard. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (11 octobre). Il laissait une veuve et un jeune enfant de 11 mois, ainsi qu’un fils de 19 ans d’un premier mariage.

Nicolaï Starikovsky (1976-2017), originaire de la ville de Kharkov, il se porta volontaire pour les bataillons de représailles et s’enrôla à une date inconnue dans le bataillon Patriot. Il fut mortellement blessé par un engin explosif dans un village de la région d’Armetovsk, le 22 juin 2017, transporté à l’hôpital militaire, il mourut de ses blessures. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (11 octobre). Il est apparu dans une liste de 161 citoyens de la ville de Kharkov (14 octobre 2021), qui a cette date avait été tués dans le Donbass.

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