Analyses Monde

Zbroutch un bataillon de pieds nickelés, de territoriaux et de gamellards

Zbroutch un bataillon de pieds nickelés, de territoriaux et de gamellards
Photo capturée de membres du bataillon, presse locale ukrainienne

Voici un nouvel historique de bataillons ukrainiens, qui une fois de plus a apporté son lot de surprises et d’informations cocasses. Ce bataillon a été formé dans la ville et région de Ternopol, zone avant le Maïdan plutôt mitigée entre les deux communautés de langues maternelles ukrainienne ou russe. Le moins que l’on puisse dire c’est que la motivation n’était pas grande pour aller se battre dans le Donbass. Bataillon formé de territoriaux, volontaires et mobilisés, c’est pour l’instant la seule unité que j’ai trouvé qui refusa pour une grande partie des hommes de combattre dans l’Est. Le résultat fut une série de procès devant un procureur militaire, une épuration et également l’incompétence des officiers, la corruption, les explosions meurtrières de dépôts de munitions à cause de négligence, les mutineries, et les manifestations et protestations des familles… La vie du bataillon ne fut pas un long fleuve tranquille. Trouve-t-on des bandéristes et des nazis dans l’unité ? Oui comme partout dans l’armée ukrainienne, mais ici en minorité, l’historique montrant plutôt un volontariat déclenché par la crainte d’une invasion russe (2014), avec le seul désir de défendre leur région, puis par la force, la transformation de l’unité en une formation de l’armée régulière ukrainienne. Le bataillon d’une valeur militaire quasi nulle, fut employé partiellement à la garde des points de contrôle à la frontière entre la Crimée et l’Ukraine, avant d’être bourré de mobilisés et enfin versé dans la 128e brigade de montagne, qui se trouve actuellement au combat et a subit de lourdes pertes.

De l’origine et de la formation du bataillon. Le bataillon fut formé en mai 2014, à l’initiative de la ville et des administrations de la région de Ternopol. Le Zbroutch est tout simplement un cours d’eau, une rivière et affluent du fleuve Dniestr qui traverse justement la région de Ternopol. La Zbroutch était également la frontière historique qui exista entre l’Empire des Habsbourg et l’Empire de Russie, puis entre la Pologne et l’URSS. Le bataillon fut en grande partie financé par le Conseil régional de Ternopol, ainsi que par des particuliers et des mécènes. L’argent alloué par l’administration, environ 1 million de Hrynias, était très loin d’être suffisant, ce furent surtout les donateurs qui permirent l’achat d’une partie des casques, gilets pare-balles, mais aussi des fournitures, du matériel et des médicaments. Un second budget de 4,7 millions lui fut encore alloué plus tard (3 juillet), qui permit l’achat de 450 paires de chaussures militaires, 4 groupes électrogènes, 200 gilets pare-balles et d’autres matériels. Le bataillon ne fut équipé que d’armes légères et en fouillant dans les vieux stocks militaires présents dans la région, 6 véhicules blindés BRDM furent remis en état et lui furent livrés (août). Entre temps les hommes avaient été envoyés sur un terrain d’entraînement, où ils reçurent une vague formation militaire. A la date du 19 juin, environ 350 hommes avaient été rassemblés, encore assez loin de son effectif complet.

Le folklore nauséeux du bandérisme et serment hitlérien. Zbroutch faisait partie des bataillons territoriaux, à l’image des deux bataillons de Tchernigov, qui furent mis sur pied au niveau local. Ces bataillons furent très difficilement organisés, d’une faible valeur militaire et posèrent d’importants problèmes sur le front. Les enrôlés volontaires furent loin d’être suffisants, mais constituèrent comme pour Zbroutch la charpente de l’unité. Ils venaient de toutes les franges politiques : ultranationalistes, patriotiques, néonazies, et aussi quelques activistes locaux ayant participé à la révolution du Maïdan. Une seconde catégorie était celle des « gamellards », des hommes attirés surtout par l’argent, les salaires plus élevés que dans le civil, la possibilité également de se livrer au pillage dans le Donbass, d’acquérir des médailles, des honneurs ou d’autres raisons vénales. Enfin, la plus grande masse fut fournie par les vagues de mobilisation, de gens plus ou moins motivés, soit des très jeunes n’ayant pas encore fait leur service militaire, soit des « vieux », mariés avec enfants qui se trouvaient sur les listes de réservistes. Devant les difficultés, l’effectif fut décidé à 426 hommes, pour trois compagnies. Les hommes incorporés qui n’avaient pas encore servis dans l’armée ukrainienne, durent prêter le serment à l’Ukraine. Un premier groupe le fit devant le front des troupes (31 mai). Cette tradition du serment dans l’armée ukrainienne est populaire et vient de la tradition hitlérienne, où les collaborateurs nationalistes ukrainiens devaient eux-aussi prêter le serment à Adolf Hitler et selon la volonté des chefs de l’UPA, également à l’Ukraine. C’est tout ce folklore bandériste qui a été ainsi instauré dans l’armée ukrainienne, avec les cris des collaborateurs nazis de cette époque, comme « Gloire à l’Ukraine », auquel répondent les hommes par celui de « Gloire aux Héros ». Ces deux cris de guerre sont désormais répétés tous les jours, par tous les Ukrainiens, y compris par des enfants embrigadés, des étudiants goguenards ou des mères de famille. C’est une façon de contrôler les esprits et de maintenir les populations et les soldats dans une ambiance hystérique qui est montée en puissance durant ces 8 années. Un autre cri populaire est celui de « Les Héros ne meurent jamais », pour renforcer le culte de ces derniers, insuffler un fanatisme où la mort, à la façon du SS ou du kamikaze japonais, ne compte plus pour rien. Comme les djihadistes, ces hommes entreront dans une sorte de panthéon ukrainien des héros, qui n’est pas sans rappeler également les origines varègues et le Valhalla, références païennes chères aux ultranationalistes et néonazis.

Prêts à se battre mais en restant à la maison. Les autorités locales n’avaient jamais imaginé envoyer ce bataillon territorial sur le front, l’idée principale était surtout de protéger la région d’une éventuelle et hypothétique invasion de la Fédération de Russie. Pour rassurer les familles, les autorités du Conseil régional indiquèrent que le bataillon ne serait jamais envoyé dans le Donbass (26 juin 2014). Mais un ordre fut donné à Kiev pour envoyer l’une des compagnies dans la région de Kherson, à la frontière avec la Crimée. Cet ordre provoqua la division et la colère, à la fois des autorités locales, mais aussi des soldats du bataillon. Un officier et 38 soldats refusèrent d’être transférés dans la région de Kherson, dans une mutinerie qui empêcha le départ d’une partie de l’unité comme il était prévu (17 juillet). En Ukraine, une partie des politiques et des experts étaient persuadés qu’une invasion russe viendrait bientôt de la Crimée. D’importantes forces de police, des activistes et volontaires du parti néonazi Pravy Sektor se trouvaient déjà sur place depuis le mois de mars. Cette peur motivait donc l’envoi de bataillons de territoriaux soit aux frontières de l’Ukraine avec la Russie, soit carrément dans la région ATO. Or l’enrôlement de ces hommes, pour l’immense majorité hormis les fanatiques bandéristes, n’avait été motivé que par l’idée d’une défense locale de leur ville et de leur région natale. On peut expliquer ce refus et mutinerie par une suspicion d’être utilisés dans des tâches et répressions politiques contre les populations civiles dans l’Est de l’Ukraine et dans le Donbass, ainsi que la peur de servir comme chair à canon. Ces hommes qui étaient prêts à défendre leur région contre une invasion étrangère, et russe en l’occurrence, ne l’étaient pas pour participer à des sanglantes exactions et se retrouver en plus dans une guerre civile sanglante et un conflit qui s’annonçait très chaud.

A la garde de la frontière avec la Crimée. Après un imbroglio médiatique, les récalcitrants furent laissés dans la région de Ternopol, mais le reste du bataillon rejoignit la région de Kherson (automne 2014). Ils occupèrent des postes de contrôle sur la frontière avec la Crimée, mais se plaignirent bientôt des conditions extrêmes de leur service. Ils affirmèrent être en fait nourrit par la population locale, de quelques victuailles et de pain, et s’adressèrent à la presse pour dénoncer ce nouveau scandale (septembre). Ils n’avaient pas de cuisine roulante, pas d’eau, pas de nourriture chaude et aucun casernement digne de ce nom. Les bénévoles et familles de la région de Ternopol se mobilisèrent pour rassembler de l’aide et de la nourriture qui furent transportés sur place. Les hommes se plaignirent aussi de la rareté des munitions, de la qualité de leurs armes et du manque de gilets pare-balles. Dans cette tension montant en puissance, un soldat du bataillon perdit son sang froid (nuit du 13 au 14 septembre), et tira sur un civil du village de Novofedorovka qui fut mortellement blessé. Conduit à l’hôpital il ne survécut pas à ses blessures. La tension devînt extrême entre les soldats de Zbroutch et les civils résidant dans la région, aussi l’un d’eux fut agressé au poste de contrôle du village de Kairka, dans la région de Kalanchak (26 septembre). Faute de décisions des autorités militaires, les activistes de l’arrière continuèrent d’être le seul recours de l’approvisionnement des volontaires. Des collectes furent organisées partout, la diaspora ukrainienne dispersée dans le monde et venant de Ternopol fut mise à contribution, un concert fut organisé pour les soldats à Kherson. Après les défaites cuisantes dans le Donbass durant la bataille des frontières (été 2014), l’armée ukrainienne décida de réformer tous ces bataillons territoriaux. A l’automne le bataillon fut renommé 6e bataillon motorisé, et versé dans la 128e brigade d’infanterie de montagne (novembre). Une seconde mutinerie éclata dans ses rangs, car 50 soldats parmi les volontaires refusèrent de partir sur le front du Donbass. Comme pour le premier incident, ces hommes furent poursuivis en justice par le Procureur militaire d’Ukraine.

Quand le manque de motivation rejoint l’incompétence. Le bataillon resta scindé en deux parties, une restant dans la région de Kherson, l’autre envoyée dans la région de Marioupol, sur des positions autour de Granitnoe et Shirokino (février 2015). Suite à une erreur humaine, dans un dépôt bourré de munitions, six soldats du bataillon furent tués dans l’explosion et 11 autres grièvement blessés (1er février). Le dépôt se trouvait dans une ferme abandonnée, et les soldats dans un froid intense avaient décidé d’installer un poêle alimenté par de l’essence. L’explosion provoqua un tel choc psychologique sur la compagnie, que dans les jours qui suivirent 10 soldats désertèrent l’unité. L’affaire provoqua aussi l’apparition d’accusations d’anciens soldats ou de soldats du bataillon Zbroutch, mettant en cause les officiers du bataillon dont le lieutenant-colonel Larin (3 février). Une enquête fut diligentée qui sombra toutefois plus tard dans les oubliettes de la justice militaire ukrainienne. Les officiers étaient mis en cause pour des faits de corruption, des saouleries et la création dans l’unité d’une prison servant à humilier les hommes, victimes de sévices physiques et psychologiques. L’idée fit son chemin que les tués avaient été enfermés pour la nuit dans ce local et qu’ils ne purent évacuer lors de l’incendie. Les troubles commencèrent au même moment à l’arrière, dans la ville de Ternopol (17 mars). Des familles et proches manifestèrent dans la rue et bloquèrent la circulation réclamant la démobilisation immédiate des volontaires, qui n’avaient pas signé pour se retrouver en zone de guerre. Des volontaires du dépôt participèrent également à ces actions, en particulier lors d’un autre blocage de la circulation (14 mars). Devant l’obstination des autorités militaires, un piquet de grève permanent fut installé devant l’administration du Conseil régional de Ternopol (18 mars). Le président du Conseil Général fit la promesse que les volontaires du printemps dernier seraient démobilisés avant qu’il ne se soit écoulé deux ou trois semaines. Il tînt parole puisque que 55 soldats furent démobilisés et renvoyés à l’arrière (20 mars), suivis de 40 autres (27 mars), puis de 8 officiers (24 avril). Le souvenir de l’explosion du dépôt de munitions resta présent longtemps, une croix fut installée sur le lieu du drame (2017), puis ils furent inhumés ensemble dans un cimetière de Kherson (22 juin 2018), et enfin une cérémonie commémorative fut organisée à Ternopol, avec l’inauguration d’une croix rappelant le drame (16 octobre 2020). L’unité suivie ensuite la destinée de la 128e brigade, qui resta par rotation en position sur le front du Donbass jusqu’au déclenchement de l’opération spéciale russe (24 février 2022).

Le bataillon Zbroutch fait mentir le dicton. Voici comme d’habitude quelques biographies des hommes du bataillon, il n’a pas été facile de découvrir des informations, les Ukrainiens surtout ont été très silencieux, il faut dire que l’histoire de l’unité pourrait faire un film du type La 7eme compagnie. Cependant au-delà de l’ironie, les quelques profils sont intéressants, quelques braves types perdus dans l’océan de la propagande ukrainienne, quelques néonazis et bandéristes, des officiers corrompus et proches du zéro absolu, c’est à peu près ce qui peut-être retenu de ce bataillon, dont le nom ajoute également pour les francophones au côté ridicule. La seule différence avec le dicton c’est qu’ici le ridicule tue réellement…

Mikhaïl Balog (1973-2015), originaire d’un village de la région des Transcarpates, il fit des études secondaires, puis son service militaire dans l’armée ukrainienne. Il fut atteint par la mobilisation et versé dans le 6e bataillon motorisé, anciennement bataillon Zbroutch (automne 2014). Nommé sergent, il fut tué lors d’un combat dans la région de Popasnaya, dans la région de Lougansk, le 30 septembre 2015. Il fut enterré dans son village natal (3 octobre).

Taras Bilensky (1989-2015), originaire d’une localité de la région de Ternopol, il fit des études secondaires et travailla comme simple employé. Il fut atteint par un ordre de mobilisation (début juin 2014), et répondit à l’appel. Il fut incorporé dans le bataillon Zbroutch, nommé sergent, et fut envoyé dans la région de Kherson à la frontière avec la Crimée (automne). Son unité fut ensuite envoyé dans le Donbass, dans la région de Severodonetsk, où il fut tué par les Républicains, le 21 août 2015. Il fut enterré dans son village natal (25 août), et une plaque commémorative installée dans son école (8 septembre).

Igor Dlougoch (?-), originaire de la région de Ternopol, il fit une carrière dans la Police Nationale ukrainienne, atteignant le grade de lieutenant-colonel. Il s’enrôla volontairement dans le bataillon Zbroutch, mais émis des protestations lorsque l’ordre arriva d’envoyer la formation dans la région de Kherson (juillet 2014). Dans un duel médiatique avec l’administration militaire régionale de Ternopol, il affirma que le responsable local avait déclaré que ceux qui refuseraient parmi les réservistes de servir dans le bataillon seraient immédiatement envoyés dans d’autres unités de l’armée ukrainienne et loin de leur région. Ce conflit évoquait le fait que le recrutement étant très difficile, le bureau militaire de recrutement de Ternopol tenta de faire pression pour rassembler l’effectif qui avait été prévu. L’argument massue était que s’ils ne s’enrôlaient pas dans l’unité, ils seraient de toute façon mobilisés et dispersés dans d’autres parties de l’Ukraine, y compris dans des unités de l’opération ATO. Plus tard, il refusa lui aussi de partir pour la région de Kherson, et fut laissé avec les récalcitrants à Ternopol.

Zinovy Flekeï (1970-2014), originaire de la ville de Ternopol, d’une famille orthodoxe, il émigra pour le travail en Italie (vers 2000), et obtînt la nationalité italienne au bout de quelques années. Lors du Maïdan à Kiev, il décida de quitter son pays pour s’enrôler dans les compagnies d’autodéfense qui participèrent grandement aux émeutes, violences et à la réussite de cette révolution américaine. Il fut blessé dans les combats de rue, notamment à la jambe et victime d’une commotion cérébrale. Il revînt alors un court moment en Italie pour se faire soigner. Mais il retourna bien vite en Ukraine, dont il avait par ailleurs gardé la nationalité et s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (août). Il fut envoyé dans la région de Kherson, la frontière avec la Crimée, et fut tué alors qu’il jouait avec une grenade, peut-être sous l’emprise de l’alcool, le 3 octobre 2014. Il fut nommé citoyen d’honneur de la ville de Ternopol à titre posthume (18 août 2015). Ses parents apprirent la nouvelle de sa mort par la presse, il n’avait prévenu personne dans son entourage qu’il s’était enrôlé dans ce bataillon de territoriaux.

Youri Gorovi (1969-2015), originaire de la région de Tchernigov, il s’enrôla volontairement dans le bataillon Zbroutch (2014), qui devînt par la suite le 6e bataillon motorisé. Il fut envoyé avec lui dans le Donbass, et fut tué dans la région de Lougansk par les Républicains, le 2 octobre 2015.

Vitaly Goumenny (?-), originaire de la région de Ternopol, il s’enrôla volontairement dans le bataillon Zbroutch (mai 2014). Nommé officier, adjoint-chef du bataillon cadre à l’entraînement, il refusa avec 38 soldats, tous pères de famille d’être envoyé dans la région de Kherson (17 juillet). Une procédure pénale fut ouverte contre lui et ses hommes, pour mutinerie et refus d’obtempérer aux ordres. Il fut bien forcé d’obéir aux ordres et à la transformation du bataillon en 6e motorisé (novembre 2014), il fut envoyé dans le Donbass avec une partie de l’unité. Lors de la mutinerie de février 2015, il prit encore position pour défendre la position des volontaires, indiquant que l’alcoolisme ravageait l’unité (28 mars), et que faute d’équipement d’hiver, plusieurs soldats avaient contracté la tuberculose.

Nazary Koulinets (1989-2015), originaire de la région de Ternopol. Il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), puis fut envoyé avec l’unité dans la région de Kherson et à la frontière avec la Crimée. Il fut tué dans l’explosion d’un dépôt de munitions qui avait été installé dans une ancienne ferme, dans le district de Kalanchak, le 1er février 2015. Le dépôt avait été mal sécurisé et des imprudences furent commises qui conduisirent à cet accident. Une plaque commémorative fut installée dans son école primaire.

Vladimir Kouziak (?-), originaire de la région de Ternopol, ultranationaliste fanatique qui vînt à Kiev s’enrôler dans les compagnies d’autodéfense du Maïdan (hiver 2013-2014). A la formation du bataillon Zbroutch, il s’enrôla dans l’unité (mai 2014), et devînt l’un des cadres et officiers supérieurs.

Taras Kovasky (1992-2015), originaire d’une localité dans la région de Kiev, il fit des études professionnelles dans un lycée agricole. A sa sortie il effectua son service militaire dans l’armée ukrainiennee, puis fut bientôt mobilisé pour rejoindre et renforcer les bataillons de représailles dans le Donbass (23 avril 2015). Il fut versé dans le 6e bataillon motorisé, anciennement bataillon Zbroutch. Alors qu’il se trouvait dans le village de Statovo, un incendie se déclara dans un dépôt de munition mal sécurisé. L’explosion le tua ainsi que les soldats Anatoly Artemenko, et Stanislas Mayorenko du 12e régiment d’appui opérationnel (29 octobre). Un civil fut également tué et un autre blessé. Son corps fut retrouvé le jour même déchiqueté, mais il fallut 5 jours pour retrouver les restes dispersés de ses deux camarades (2 novembre). Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (16 janvier 2016), et une plaque commémorative installée dans son village natal (1er septembre).

Igor Larin (?-), il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), nommé au grade de chef de bataillon (lieutenant-colonel) et commandant de l’unité. Après l’incident tragique de l’explosion du dépôt de munitions dans la région de Kherson, où 6 de ses soldats furent tués, 11 blessés et 10 désertèrent, il fut mis en cause par plusieurs hommes de son unité, Ramouziak notamment témoigne lors d’une interview donnée le 3 février 2015 : « Le lieutenant-colonel Larin s’était créé une prison privée qu’il avait appelé California, dans laquelle étaient gardés les soldats récalcitrants. Le casernement n’était pas aux normes, et je ne comprends pas non plus pourquoi il fut avalisé comme tels pour l’hébergement des hommes. C’est une négligence criminelle d’autant que la communauté des habitants de Ternopol avait fourni au bataillon des véhicules. Ils ne furent pas tous versés en réalité au bataillon pour effectuer les tâches prévues, mais à des fins privés par le lieutenant-colonel Larin, le major Kouziak, le lieutenant-colonel Drozd et le capitaine Prokoptchouk. Ils se rendaient ensembles dans un bar appelé Ougra, où ils se saoulaient et pouvaient jouer aux cartes. L’argent de la communauté doit-il aller à des goules pareilles ? ».

Oleg Matiach (?-), originaire de la région de Ternopol, ultranationaliste fanatique qui vînt à Kiev s’enrôler dans les compagnies d’autodéfense du Maïdan (hiver 2013-2014). A la formation du bataillon Zbroutch, il s’enrôla dans l’unité (mai 2014), et devînt l’un des cadres et officiers supérieurs.

Vladimir Mikitchak (?-), originaire de la région de Ternopol, il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), et fut envoyé avec une compagnie dans la région de Kherson. Il porta une plainte contre les officiers du bataillon, auprès du bureau du Procureur militaire d’Ukraine, affirma que l’unité s’était apprêtée à commettre un massacre de civils dans les alentours de Kherson et de la frontière de Crimée, région peuplée de populations massivement favorables à la Russie. Devant l’horreur de ce qui lui était demandé, lui et ses camarades refusèrent de commettre l’irréparable, même sous la menace des armes de leurs officiers. L’affaire fut rapidement étouffée.

Youri Nalivaïtchouk (1977-2015), originaire de la ville de Ternopol, il fit des études secondaires et travailla comme employé jusqu’aux événements du Maïdan. Il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), nommé au grade de sergent, puis fut envoyé avec l’unité dans la région de Kherson et à la frontière avec la Crimée. Il fut tué dans l’explosion d’un dépôt de munitions qui avait été installé dans une ancienne ferme, dans le district de Kalanchak, le 1er février 2015. Le dépôt avait été mal sécurisé et des imprudences furent commises qui conduisirent à cet accident. Il fut enterré par sa ville dans son village d’origine (6 février), laissant une veuve et une fille de deux ans. Il fut fait citoyen d’honneur de la ville de Ternopol (18 août 2015), et une plaque fut installée dans son lycée (novembre 2017).

Vladimir Razoumiak (?-), originaire de la région de Ternopol, il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), dans lequel il servit jusqu’en novembre, avant de passer dans le 3e régiment spécial, de la direction générale du renseignement, où il se trouvait encore à la fin de l’hiver 2015. Lors de l’explosion du dépôt de munitions dans la région de Kherson, il déclara lors d’une interview : « la version officielle de l’enquête, selon le procureur militaire avec qui j’ai parlé, est qu’un sergent de la 30e brigade a versé de l’essence dans un poêle et que les tentes ont pris feu, qui s’est communiqué au dépôt de munitions. Mais il y a beaucoup de questions, personnellement je me demande pourquoi les tentes qui sont inflammables étaient en hiver dans les locaux d’une ancienne ferme avec des barreaux de fer aux fenêtres. C’est l’une des raisons pour lesquelles lors de l’incendie qui a suivit l’explosion, les gars ne pouvaient pas sortir, par exemple Pavel Rimar n’était pas brûlé, mais simplement étouffé par la fumée ».

Pavel Rimar (1980-2015), originaire de la ville de Ternopol, fils d’un major de la Police Nationale d’Ukraine. Il fit des études supérieures en psychologie (1997-2001), puis effectua son service militaire dans l’armée ukrainienne (2001-2002). Il s’enrôla volontairement dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), puis fut envoyé avec l’unité dans la région de Kherson et à la frontière avec la Crimée. Il désapprouvait les actes des officiers de son unité, pour des faits de corruption, des sévices et humiliations imposés par le lieutenant-colonel Larin. Il tenta d’alerter la presse, puis demanda un congé de trois mois qui ne lui fut pas accordé. Il fut tué quelques jours après dans l’explosion d’un dépôt de munitions qui avait été installé dans une ancienne ferme, dans le district de Kalanchak, le 1er février 2015. Le dépôt avait été mal sécurisé et des imprudences furent commises qui conduisirent à cet accident. Il fut enterré dans sa ville natale (6 février), et fait citoyen d’honneur de la ville de Ternopol (18 août 2015).

Nazary Siklitsky (1984-2015), originaire de la ville de Ternopol, il fit des études secondaires et professionnelles pour devenir soudeur (2000-2003), métier qu’il exerça à sa sortie de l’école. Il s’enrôla volontairement dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), puis fut envoyé avec l’unité dans la région de Kherson et à la frontière avec la Crimée. Il fut tué dans l’explosion d’un dépôt de munitions qui avait été installé dans une ancienne ferme, dans le district de Kalanchak, le 1er février 2015. Le dépôt avait été mal sécurisé et des imprudences furent commises qui conduisirent à cet accident. Il fut enterré dans sa ville natale (6 février), puis fait citoyen d’honneur de la ville (18 août), tandis qu’une plaque commémorative était apposée dans son lycée (20 mai 2016).

Rouslan Tchoukhas (1971-2015), originaire d’un village de la région de Ternopol, il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), nommé au grade de sergent, puis fut envoyé avec l’unité dans la région de Kherson et à la frontière avec la Crimée. Il fut tué dans l’explosion d’un dépôt de munitions qui avait été installé dans une ancienne ferme, dans le district de Kalanchak, le 1er février 2015. Le dépôt avait été mal sécurisé et des imprudences furent commises qui conduisirent à cet accident. Il fut enterré dans son village natal (5 février), laissant une veuve et trois enfants. Une plaque commémorative fut installée dans son école primaire (1er février 2016).

Vadim Vernigora (1987-2015), originaire de la région de Ternopol, il fit des études secondaires puis travailla dans une grande usine de la région. Il chercha à rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass et s’inscrivit sur une liste de volontaires (printemps 2014), avant d’être envoyé avec des volontaires du parti néoanazi Pravy Sektor aux postes frontières et de contrôle entre l’Ukraine et la Crimée (juillet). Il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (automne), qui venait d’arriver dans la région de Kherson et fut tué dans l’explosion d’un dépôt de munitions qui avait été installé dans une ancienne ferme, dans le district de Kalanchak, le 1er février 2015. Le dépôt avait été mal sécurisé et des imprudences furent commises qui conduisirent à cet accident. Il laissait une veuve et une petite fille de deux mois. Il fut fait citoyen d’honneur de son village natal (14 juillet 2016).

Vladimir Vivtchar (?-), originaire de la région de Ternopol, il s’enrôla dans le bataillon Zbroutch (mai 2014), et fut envoyé avec son unité dans la région de Kherson au contrôle des frontières avec la Crimée (automne). Il apparut dans une vidéo lors de l’enterrement de son camarade Flekeï (6 octobre).

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