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Compagnie UVO : l’héritage purulent de l’extrémisme ukrainien

Compagnie UVO : l’héritage purulent de l’extrémisme ukrainien
Photo capturée de membres de l'unité Syndicat, dont la compagnie UVO est l'héritière

La compagnie UVO est une énième unité de bandéristes fanatiques qui fut fondée par l’actuel président de l’OUN, et l’un des ressorts de la propagande extrémiste en Ukraine : Bogdan Tcherbak. Elle plonge ses racines et son nom dans l’UVO, une armée insurrectionnelle ukrainienne fondée par des anciens des armées de l’OUNR et la ZOUNR dans les années 20. Fondée dès avant l’opération spéciale, elle a été peuplée de personnalités et d’anciens du bataillon OUN, l’un des bataillons de représailles formé en 2014, pour participer aux répressions dans le Donbass. Cette unité a servi à la propagande ukrainienne pour donner l’exemple de l’enrôlement dans les unités de défense territoriale, et les célèbres bandéristes qui l’a forment, ont été abondamment mis en scène en Ukraine. L’unité fut cependant réellement envoyée au front, où elle fut décimée et quasiment anéantie durant la bataille d’Artiomovsk (hiver 2022-2023). Certains de ses membres ont aussi servi dans différentes unités de criminels de guerre parmi les plus terribles, dont Aïdar et Tornado. Voici l’histoire de cette unité, dont personne ne vous parlera en Occident… et pour cause !

L’héritage de l’UVO. L’UVO qui a été le nom choisi pour cette compagnie a été repris d’une célèbre organisation clandestine ukrainienne : L’organisation militaire ukrainienne (UVO). Elle fut fondée par d’anciens officiers des deux armées nationalistes ukrainiennes de l’OUNR et de la ZNOUR (les deux républiques autoproclamées par les nationalistes ukrainiens en 1917-1919). Cette fondation eut lieue en Tchécoslovaquie (3 août 1920), dans le contexte particulier où les extrémistes ukrainiens avaient été vaincus. Leurs armées en déroute et malgré leurs tentatives de persuader les alliés de les aider à fonder un pays, les territoires de l’Ouest de l’Ukraine restèrent à la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la Tchécoslovaquie et l’URSS (conférence des Ambassadeurs, 1923). Le but de l’organisation était d’organiser une armée insurrectionnelle nationaliste ukrainienne, dans l’espoir un jour de conquérir par la force un espace « ukrainien ». Elle organisa très vite des cellules dans les divers territoires de l’Ouest de l’Ukraine. Cependant, son activité se limita essentiellement à la Galicie, la Volhynie et la Bucovine (Pologne et Roumanie). Plusieurs milliers de militants clandestins s’organisèrent et s’armèrent, puis ils passèrent à la lutte terroriste. La Pologne en fut la principale victime, avec des sabotages, des incendies criminels, la destruction des lignes téléphoniques et télégraphiques, des attentats à la bombe, l’assassinat de personnalités, de professeurs, de policiers, etc., mais aussi le banditisme, l’expropriation de biens devant servir à la cause des extrémistes ukrainiens. Les agents de l’UVO s’attaquèrent aussi aux populations locales, notamment aux Polonais installés dans l’Ouest de l’Ukraine, aux militants politiques des formations de gauche (dans la population ukrainienne), en particulier les socialistes, les démocrates ou les communistes. Très vite, les chefs de l’UVO furent recrutés par les services secrets allemands (Abwehr), et furent entraînés en Allemagne (dès les années 1922-1924). Par la suite ils passèrent au service de l’Allemagne nazie, et à la fondation de l’OUN (1929-1930, l’organisation clandestine et politique des nationalistes ukrainiens), l’UVO passa sous son contrôle. La suite nous la connaissons, les nationalistes ukrainiens s’engagèrent dans la collaboration avec Hitler et eurent, plus que d’autres, le sang des victimes de la Shoah par balles sur les mains.

De sa fondation étrangement précoce, à l’enfer d’Artiomovsk.L’unité fut fondée quelques semaines avant le déclenchement de l’opération spéciale russe, dans le cadre de la mise sur pied de nouvelles brigades de défenses territoriales à Kiev. Depuis quelques mois l’Occident, notamment les USA, annonçait une possible offensive russe en Ukraine, et Tcherbak ayant des connexions au plus haut niveau de l’État, se décida à former cette unité de volontaires (21-23 janvier 2022). Dès le 24 janvier, les premiers hommes, tous membres de l’OUN, donc des fanatiques bandéristes éprouvés, furent rassemblés pour un premier entraînement dans des forêts proche de la capitale ukrainienne. Elle fut immédiatement affiliée à la 112e brigade de défense territoriale de l’Ukraine, et participa aux combats pour la défense de Kiev (février-avril 2022). L’unité, à la valeur militaire contestable, fut employée à la garde de postes de contrôles, et « à la recherche des saboteurs et des agents russes de l’intérieur ». Même si depuis 2014 la propagande avait fait son office, Kiev était et restait une ville russe, où la langue maternelle était massivement russe. Malgré les pressions très fortes du régime, les attaches au monde russe restaient présentes dans la capitale. Les répressions politiques féroces et violentes du SBU, ne purent jamais et jusqu’à ce jour extirper dans les populations de russes ethniques leurs origines. La peur des autorités ukrainiennes en 2022 se focalisait sur ces populations qui potentiellement pouvaient tendre la main à la Russie. Les exemples les plus concrets furent l’accueil réservé aux troupes russes dans de nombreuses villes dans l’Est du pays. La compagnie UVO fut officiellement intégrée dans la 112e brigade territoriale (18 mars 2022), puis fut versée dans le 1er régiment présidentiel Khmelnitsky (avril). C’est à cette date qu’elle fut mise en scène par la télévision suédoise dans un petit reportage de la chaîne TV4 (18 avril 2022). Elle participa au combats pour la défense de Kiev. Cette unité fut entraînée et envoyée sur le front du Donbass (novembre). Elle avait été dotée de matériels américains notamment des lance-grenades automatiques MK19. La situation militaire était redevenue mauvaise pour l’Ukraine, alors que les armées républicaine et russe s’attaquaient à la conquête de la ville d’Artiomovsk. Comme toutes les unités qui participèrent à la bataille, elle fut décimée dans l’hiver 2022-2023, jusqu’à la défaite finale et le retrait ukrainien de la ville. Elle resta toutefois en ligne, tenant encore des positions aux alentours de la ville (été 2023). Les communications médiatiques sur l’unité se sont toutefois raréfiées, notamment par le fait de la mise hors combat de la plupart des combattants de la compagnie. Seuls quelques survivants purent s’enfuir de la fournaise d’Artiomovsk.

Des artistes et hommes de cultures… mais surtout des bandéristes. Voici comme d’habitude le petit dictionnaire, pour une mini étude de prosopographie. Elle reprend ce que j’ai trouvé des profils de la compagnie UVO. Son effectif total n’a pas dépassé la soixantaine d’hommes, peut-être une centaine avec l’arrivée de nouveaux arrivants. Les profils en disent long sur la nature de cette unité, qui de toute façon fut formée à partir d’anciens de l’opération ATO, dont certains étaient des criminels de guerre avérés. Étrangement, l’unité a toujours tenté de racoler et de quémander de l’argent (ici en mai 2022), bien qu’elle soit entièrement prise en charge, et fasse partie officiellement de la défense territoriale. L’assistanat que j’observe moi-même au moins depuis 2015 en Ukraine, semble être devenu une norme, même pour des soldats recevant soldes et équipements de l’armée. Il est à parier qu’après la guerre, ils poursuivront les « actions caritatives » afin de ramasser de l’argent. Quant à celui déjà donné, personne ne peut savoir à quoi il fut employé, ni dans quelles poches il tomba.

Sergeï Batiachov (23 juin 1983-18 décembre 2022), fanatique bandériste, il s’enrôla dans le bataillon Shakhartsk (2014), unité qui fut dissoute pour des crimes de guerre, des kidnappings, et surtout des rackets et pillages. Il passa dans le bataillon Tornado (2015), autre unité de criminels de guerre qui fut également dissoute après un énorme scandale (viols, tortures sur des civils, des prisonniers, etc.). Il s’enrôla dans la compagnie UVO, et fut envoyé sur les positions d’Artiomovsk. Il y fut tué le 18 décembre 2022. Il reçut à titre posthume du Président Zelensky, la distinction de « Héros » de l’Ukraine.

Sergeï Djerdj (1963-), originaire de Ternopol, il fit des études de médecine (diplômé, 1986). Il s’engagea en politique précocement, et fut membre du Parti démocrate d’Ukraine (1990-2001). Il fut élu sous cette couleur politique dans le conseil municipal (1990). Il devînt président du mouvement Action démocratique (1998), et se rendit pour un séjour linguistique à l’Académie nationale militaire de Budapest (2001). De cette formation, il obtînt de venir dans une école similaire aux Pays-Bas (2003). Il fut rapidement approché par des agents de l’OTAN, et fut élu président de l’association Ligue publique Ukraine-OTAN (2006). Il avait été remercié par le général Robertson pour son action en faveur de l’Ukraine dans l’OTAN (2002). Il fut médaillé pour sa participation comme médecin au premier Maïdan (2005). Il passa ensuite au Parti républicain ukrainien (2008), dont il devînt rapidement le vice-président, puis président du parti (2013). Il avait soutenu un doctorat en sciences politiques sur la coopération entre l’Ukraine et l’OTAN (2011). Il fut de nouveau élu président du parti (2014-2019) et avait été couvert de nombreuses médailles et titres (entre 2008 et 2019). Il fut l’un des parrains et soutiens lors de la création de la compagnie UVO (2022). Les Ukrainiens affirment qu’il fut un « combattant » de l’unité. Il est plus probable qu’il ne fut qu’un combattant de façade.

Igor Dvigalo (?-), ultranationaliste ukrainien, musicien, auteur-compositeur, chanteur, poète, il fut l’un des agitateurs de la révolution du Maïdan (hiver 2013-2014), et s’enrôla dans un bataillon de représailles (2014-?). Il avait été l’organisateur de festivals de musique, en réalité réunions de bandéristes fanatiques. Il participa à de nombreux événements de propagande, festivals, concours, fêtes patriotiques, ou comme ici dans une bibliothèque (2018). Il s’enrôla de nouveau, intégrant la compagnie UVO comme simple soldat (janvier-février 2022), et donnait des concerts à l’arrière pour récolter des fonds. Il participa à l’organisation du festival et « action caritative  « Oh la Parole ! Sois mon épée ! » (14 août 2022, Kiev). Il réclamait des matériels, des optiques, des voitures, et de l’argent pour des armes. Le Musée National de la littérature d’Ukraine qui accueillit l’événement, mis à contribution le personnel du musée pour financer des optiques de marque allemande. La propagande ukrainienne le qualifia comme « le meilleur tireur d’élite de l’unité UVO », mais l’expérience aura démontré que les meilleurs soldats sont en fait ceux… dont on ne parle jamais. Il fut envoyé à Artiomovsk, où il fut blessé dans les combats assez sérieusement (décembre 2022). Il raconta : « Dans le village de Kletchievka j’ai été traqué par un drone […]Il est reparti mais il est probable que les mortiers russes ont reçu mes coordonnées. La première roquette est tombée à moins d’un mètre de moi. Après la première roquette j’ai senti un coup dans la jambe, les côtes me faisaient mal. J’ai rampé, je me suis caché. Apparemment le drone n’a cessé de me suivre, car d’autres roquettes sont tombées. Les drones nous chassaient en permanence, jour et nuit, et à en juger par le type de drones qui volaient au dessus de nous, ils étaient encore connectés à Internet, c’est à dire qu’ils recevaient des données en temps réel ». Il fut évacué en urgence vers l’arrière, où il fut opéré, un éclat de mortier lui fut retiré de l’estomac. Il fut ensuite envoyé à Dniepropetrovsk, puis à Lvov où il fut opéré d’une jambe. De là, il fut envoyé en convalescence à Moukatchevo, puis Trouskavets, et enfin Kiev. Il a été interviewé par l’un des plus célèbres organes de propagande en Ukraine, Ukrinform (15 mai 2023). Il raconta qu’il fut soigné « sans faire la queue », grâce à ses soutiens politiques et des ordres pour qu’il passe avant les autres blessés (notamment pour la radiographie, pour identifier la place des nombreux éclats qu’il avait dans le corps). Impropre pour retourner au front, il fut nommé instructeur pour former les mobilisés et les nouvelles recrues. Il déclara au sujet de la culture et langue ukrainienne : « c’est au front où nous sommes encore perdants, bien que nous commencions à abandonner la musique russe et à parler en ukrainien. Ce qui est important c’est que nous avons cessé de diffuser des œuvres russes sur les ondes, et tout le monde peu entendre des chansons ukrainiennes. C’est un front tout aussi important, parce que pour l’ennemi cette arme est la langue et la culture. Malheureusement, jusqu’à présent, notre société n’en a pas conscience dans sa majorité et nous ne gagnerons que lorsque cette compréhension viendra ».

Vladimir Ejov (1er août 1984-22 décembre 2022), originaire de la région de Poltava, il fit des études supérieures et devînt programmateur, puis développeur de jeux vidéo (Kiev). Il travailla pour la compagnie GSC Game World (entreprise ukrainienne fondée en 1995), notamment sur les jeux STALKER, Clear Sky, Cosaques, World of Battles, Morningstar, Call of Cthulhu, Sherlock Holmes ou encore Devil’s Daughter. Il n’y a pas de traces de son implication politique dans les milieux ultranationalistes, mais il était fasciné par « le folklore ukrainien », et les Cosaques. Il s’affichait dans la vie courante avec des chemises traditionnelles ukrainiennes, et portait la coupe des Cosaques en vogue au XVIIe et XVIIIe siècle, notamment dans les rangs des troupes de Mazepa. Ce chef cosaque trahit la cause de son peuple en s’alliant avec 2 000 transfuges au roi de Suède Charles XII (bataille de Poltava, 1709). De ce fait, il est très probable qu’il participa au moins aux émeutes et violences durant le Maïdan (hiver 2013-2014). Il s’enrôla dans la compagnie UVO (24 février 2022), probablement à l’invitation d’amis, notamment du bataillon de représailles OUN (formé en 2014). Il fut envoyé avec son unité à la défense d’Artiomovsk, et fut tué pendant la bataille le 22 décembre 2022. Son corps fut rapatrié et une cérémonie eut lieu dans la cathédrale Vladimir, avec les honneurs militaires et une certaine médiatisation. Son entreprise, GSC Game World finance l’armée ukrainienne, et a investi dans des véhicules ensuite envoyé aux soldats.

Boris Goumeniouk (1965-), originaire de Ternopol, il tomba jeune dans l’idéologie de l’OUN et du bandérisme. A la fin des années 80, il intégra les premières organisations bandéristes qui se formaient un peu partout dans l’Ouest du pays. Il entra dans le NRU, et l’OUGS, des associations politiques extrémistes dont il devînt vite l’un des cadres. Il déménagea ensuite à Kiev (1990), et se fit connaître par des romans et parutions nationalistes (1993, 2005, 2007, 2009). Il fut l’un des émeutiers durant le premier Maïdan (hiver 2004-2005), et durant le second Maïdan (hiver 2013-2014). Il s’enrôla dans une compagnie d’autodéfense du Maïdan, et fut l’un des émeutiers qui participèrent aux violences et assassinats dans la capitale. Il signa une déclaration appelant le monde « créatif des artistes » pour dénoncer « l’agression russe en Ukraine » (13 mars 2014). L’événement se situait au moment du retour dans le giron russe de la Crimée. Il s’enrôla dans le bataillon de représailles Azov (22 juin), et fut envoyé à Marioupol. Il participa probablement à la suite des répressions meurtrières effectuées dans le grand port du Donbass. Très vite cependant, il passa commandant adjoint dans le bataillon OUN (fin juillet), et se trouvait en position à Peski, région de Donetsk. Il participa ensuite à la bataille de l’aéroport (hiver 2014-2015), qui se termina par une défaite ukrainienne. Il rentra ensuite à Kiev, et retourna à ses travaux de propagandiste et écrivain. Il écrivit notamment deux livres sur son expérience militaire (2016 et 2018). Il s’enrôla dans la compagnie UVO, et fut blessé dans la bataille d’Artiomovsk. Pendant un temps, il fut également question de sa capture (hiver 2022-2023). Il fut toutefois évacué sous le feu de l’artillerie russe, et l’un des membres de la compagnie raconta : « Il ne restait plus qu’un seul survivant de tout le groupe, aucun de nos camarades ne se relevèrent après le bombardement ». Il fut primé de nombreuses médailles et prix littéraires, notamment le Prix littéraire de la Ligue des mécènes ukrainiens (2014), et le prix Chevchenko (2023). Il est peu probable qu’il retourne un jour au front.

Dmitri Linartovich (1978-), originaire de Kiev, d’une famille d’acteurs. Il fit des études supérieures dans le cinéma (2003), et devînt professeur dans une université de Kiev. Il était devenu acteur et commença une carrière dans le cinéma (2002-à nos jours). Il s’enrôla dans la compagnie UVO, et participa à la défense de Kiev (février/avril 2022). Il passa dans une unité d’infanterie de marine, probablement la 37e brigade de nouvelle formation. Il participa aux combats dans la région de Kherson (automne 2022), puis fut envoyé dans la bataille d’Artiomovsk et Soledar (hiver 2022-2023). Il fut blessé et contusionné dans les combats de Soledar (9 janvier 2023). Il fut évacué vers l’arrière et retourna semble-t-il à ses activités « artistiques ». Il avait enregistré un disque pour soutenir l’agression contre le Donbass, dénommé « Mobilisation » (2016).

Jivossil Lioutich (1973-), originaire de la région de Tcherkassy, il fit des études supérieures de musique à Kiev. Il commença à composer de la musique très jeune, gagnant un premier concours dans sa ville (1987). Il fonda un groupe de rock (1994), et remporta bientôt un nouveau concours. Il fonda un autre groupe de folk-rock (1997), avec qui il enregistra ses premiers albums. Il fut contaminé très jeune par l’idéologie bandériste, et se lia aux milieux extrémistes. Il fut l’un des membres du mouvement « L’Ukraine sans Koutchma » (2000). Il était membre de l’organisation bandériste UNA-OUNSO. Il devînt un compositeur en vue, et monta en puissance, participa à divers projets, festivals, écrivant des chansons pour des groupes ou le théâtre. Il écrivit des chansons nationalistes teintées de racisme, de paganisme et incitant à l’insurrection, telles « Lèves-toi mon Dieu ! », le Bouclier de Peroun, Pour l’Ukraine pour la Volonté, ou encore Perounitsa. Lors de troubles et émeutes à Soumy, dans le milieu étudiant, il fut arrêté et condamné pour troubles à l’ordre public (2004). Il fut l’un des agitateurs de la Révolution Orange (hiver 2004-2005) et reprit des études à Soumy (2005). Il entra dans le groupe rock nationaliste Vognesmikh (2006), et trouva du travail comme professeur dans une école à Kiev. Il s’installa ensuite dans la région de Lougansk (2008), et fit un mémoire sur les moyens d’éducation à travers la musique et la culture (comprendre à orientation ultranationaliste). Il donna plus de 150 concerts (2004-2014), et fut l’un des émeutiers du Maïdan (hiver 2013-2014), incitant à la révolte en chanson. Il retourna dans la région de Lougansk, et organisa un rassemblement nationaliste « Pour l’Ukraine Unie » (21 avril 2014). La population totalement opposée à l’idéologie bandériste se fit menaçante. Lui et ses camarades bandéristes furent passés à tabac et livrés à la police locale. Il fut libéré par la protection de l’OSCE, et se rendit avec sa famille à Kiev. Il se rendit pendant des années sur le front pour donner des concerts aux soldats des bataillons de représailles (2014-2021). Il participa à de nombreux projets de propagande, notamment en dirigeant des émissions à la radio, ou en étant invité sur les plateaux TV. Ce fanatique haineux s’enrôla dans l’armée des volontaires ukrainiens (OUDA, février 2022), une armée privée néonazie et bandériste fondée par Iaroch en 2015. Il passa ensuite dans la compagnie UVO (janvier 2022). Il fut envoyé au front dans la région d’Artiomovsk, où il fut blessé par contusion, suite à un bombardement (novembre 2022). Il a été couvert de prix et de médailles diverses et reste l’un des rouages de la réimplantation du bandérisme en Ukraine.

Sergeï Pantiouk (1966-), originaire de la région de Khmelnitski, il fit des études de lettres, puis effectua en Azerbaïdjan son service militaire dans l’armée soviétique. Il travailla comme ouvrier dans une usine, puis comme professeur de langue et de diverses matières dans la région de Kamenets-Podolsky. Il fut très tôt contaminé par l’idéologie bandériste et fasciste. Il s’afficha dans des organisations ultranationalistes (dès 1989), et participa à des manifestions violentes durant les années 90 et 2000. Il fut membre du mouvement « L’Ukraine sans Koutchma », et du mouvement « Vérité ». Il commença à devenir correcteur pour des journaux, puis fut auteur et enfin rédacteur en chef dans la presse locale. Il intégra l’Union nationale des journalistes ukrainiens (1993), puis l’Union nationale des écrivains ukrainiens (1997). Il se rendit en Russie pour le travail, où il passa trois années dans le Nord du pays. Il retourna en Ukraine et s’installa à Kiev (2004). Il participa à la Révolution Orange (hiver 2004-2005), et milita dans un groupe extrémiste dénommé « PORA ». Il fit ensuite une carrière comme journaliste et écrivain et devint secrétaire de l’Union des écrivains ukrainiens (2011-2014). Il participa à des forums, des conférences sur le nationalisme ukrainien, lié à des organisations extrémistes comme la NSPOU. Il supporta le Maïdan (hiver 2013-2014), et fut l’un des rouages de la propagande en Ukraine. Il participa aux violences durant cette révolution américaine, membre d’une compagnie d’autodéfense (dès le 26 novembre 2013). Il s’enrôla ensuite dans le bataillon de représailles OUN (printemps 2014), et fut envoyé avec lui dans le Donbass. Il participa à la contamination de la jeunesse ukrainienne, dans des actions visant ce public et avait fondé une communauté « de réflexion » dénommée TIK (2010 à nos jours). Il s’enrôla dans un bataillon de la défense territoriale (24 février 2022), intégrant la compagnie nationaliste UVO. Il y servit jusqu’à intégrer une batterie de missiles antichars (13 mai 2022), grade de sergent. Il semble qu’il serve toujours dans l’armée ukrainienne. C’était toujours le cas en août 2022, où un concert fut organisé… afin de demander de l’argent (une tradition solidement ancrée en Ukraine de quémander sans cesse), en son nom et celui d’autres bandéristes célèbres de la compagnie. Il a écrit une importante littérature nationaliste, sous forme de romans, de poésies ou d’essais. Maintes fois primé, il a été également membre de jury dans des concours littéraires dont nous imaginons l’objectif. Il fut à l’origine de la fondation d’une maison de production de cinéma. Il a produit certains des films les plus racistes contre la Russie, comme Crimean Gambit, Donetsk Mafia, Vladimir baptême du mensonge, Héros en Carton, ou L’Histoire secrète de la Moscovie ». Ses films sont d’une violence rare, prônant la haine raciale, et surfant sur le révisionnisme ukrainien. Ils ont contribué à répandre dans la société ukrainienne une propagande bandériste, antisémite et atlantiste.

Oleg Ribaltchenko (19 mai 1994-21 décembre 2022). originaire de la ville de Tcherkassay, il fit des études en histoire, notamment spécialiste de l’histoire contemporaine de la Grèce. Il fut contaminé par le bandérisme et fut l’un des membres du Club ultra des fans du Dynamo de Kiev. Il fut l’un des émeutiers lors de la révolution du Maïdan (hiver 2013-2014), et s’enrôla ensuite dans le peloton Syndicat, qui servit dans le bataillon de massacreurs Aïdar, puis dans le bataillon OUN. Il participa aux batailles dans la région de Shastie (Lougansk), et à la prise de Peski (2014). Après avoir servi quelques mois dans ces unités, il passa dans le bataillon de criminels de guerre Tornado, que même l’Ukraine dut dissoudre devant l’horreur des exactions commises par cette unité (2015). Il s’installa à Kiev et devînt journaliste (vers 2016-2017). Il s’enrôla dans la compagnie UVO dès sa formation (2022). Il servit comme chef de peloton d’une unité de reconnaissance, et fut envoyé à la défense d’Artiomovsk. Il fut tué le 21 décembre 2022, près de Kletchievka. Son corps fut finalement rapatrié vers l’arrière et il fut inhumé le 30 décembre 2022, lors d’une cérémonie publique.

Evgen Tchelelianski (fin années 80-début années 90-), alias Croix, chef du groupe Syndicat, une organisation ultranationaliste qui participa au Maïdan (hiver 2013-2014), puis forma une compagnie supplétive qui fut intégrée dans diverses unités de représailles dans le Donbass (bataillons Aïdar, puis OUN). L’organisation se définissait comiquement comme « défendant les droits de l’Homme ». C’est lui qui monta cette unité et dans une interview donnée en 2019, il déclara : « l’activité du groupe de combat s’est déroulée durant la période « sauvage » de la guerre, lorsque les volontaires inexpérimentés sont devenus le pilier principal de l’Ukraine dans le Donbass. […] Nous avons décidé à Kiev de commencer de nous entraîner. Nous avons mis en place une unité de défense publique dans la région. Cependant, dans les faits, il n’y avait pas de véritable assistance du bureau d’enrôlement militaire, plutôt une légalisation formelle. L’aide de l’administration fut de nous fournir des fausses armes stockées dans les écoles de la région pour un entraînement éducatif, le problème était le manque d’instructeurs. Par exemple j’ai effectué un service militaire dans la marine, et je ne connaissais pas les tactiques d’infanterie. Plus tard, il y a des amis qui se sont battus en Géorgie qui nous ont aidé à organiser des formations militaires ». Le groupe après des négociations intégra alors le bataillon Aïdar (mai 2014). Il fut envoyé avec Syndicat sur le front du Donbass (été 2014). Il ne suivit pas longtemps le trajet sanglant de l’unité, célèbre pour ses crimes de guerre, et avec son groupe rejoignit le bataillon OUN (position de Peski, juillet-août). Il raconta que l’armement était pauvre, deux fusils d’assaut et un vieux fusil Mauser de l’armée allemande (décidément !), pour une quinzaine d’hommes. L’unité fut finalement doté d’armes par l’armée ukrainienne, et renforcée de mobilisés. Le groupe fut envoyé au repos (mi-octobre), et se rendit à Kiev où il participa à des soûleries et des violences dans la capitale. Plusieurs des membres furent arrêtés et jetés en prison, et le groupe ne put retourner au front comme prévu. Il avait tenté d’organiser des troubles devant le Palais de Justice de Kiev, ainsi que la Rada et son piquet de grève fut dispersé (14 octobre 2014). Emprisonné, il passa en première audience pour un jugement rapide (27 octobre), pour « hooliganisme avec usage d’armes ». Cette protestation se déroulait dans le cadre d’une « marche nationaliste pour l’anniversaire de l’UPA » (l’armée collaborationniste ukrainienne fondée en 1942, et rallié à l’Allemagne nazie). Condamné à de la prison et à une amende, il fut ensuite libéré et chercha à retourner dans le bataillon OUN avec ses fidèles. Refusés par le bataillon OUN, ils tentèrent d’intégrer la 128e brigade de montagne qui se trouvait en position à Debaltsevo (février 2015). Ils furent envoyés sur place, mais arrivèrent en pleine déroute ukrainienne. Ils tombèrent immédiatement sous le feu de l’artillerie des républicains, et durent prendre la fuite (carrefour de Mironovskoe, quelques kilomètres de Debaltsevo). Ils se replièrent sur Artiomovsk, où selon ses dires, ils aidèrent le personnel de l’hôpital avec les nombreux blessés qui affluaient (selon lui, le double du chiffre annoncé par l’armée ukrainienne). Il raconta ensuite que le bataillon OUN fut désarmé et versé par amalgame dans l’armée régulière (printemps 2015). Furieux et accusant le commandement et le gouvernement de trahison, il se plaignit que toutes leurs tentatives pour entrer dans une unité de la Garde Nationale ou du Ministère de l’Intérieur se soldèrent par un échec. Le groupe se dispersa refusant de signer des contrats officiels dans l’armée. Il rentra à Kiev et continua ses activités politiques subversives du temps passé (notamment sur les réseaux sociaux, comme ici sur Facebook, dans Syndicat Info). Il tenta ensuite de dénoncer la torture… dans les prisons ukrainiennes, notamment à Kharkov et se montra dans le média Radio Svoboda (une antenne américaine financée par l’USAID, 2016). Il fut plusieurs fois arrêté pour sa participation à des manifestations extrémistes violentes, des affrontements avec la police, et fut même condamné à plusieurs reprises, comme ici où sa liberté conditionnelle lui fut refusée (21 décembre 2017, après une première audience le 26 octobre). Il s’enrôla dans la compagnie UVO, dont il devînt l’un des propagandistes et racoleur de fonds (janvier-février 2022). Il s’était essayé à la fondation d’une chaîne YouTube, avec peu de succès (758 abonnés), où l’on peut voir des apologies d’Adolf Hitler ou encore de Roman Choukhevytch (ses premières vidéos datent de l’année 2012). Il réussit à plusieurs occasions à se glisser dans quelques médias de propagande, comme ici sur Maïdan TV (2014), ou RadioTV (2018). Leader raté et sans charisme, il ne réussit jamais à décoller du plancher bandériste. Sa chaîne Telegram actuelle compte 100 abonnés… Envoyé au front, les dernières nouvelles de lui datent du 6 décembre 2022, alors qu’il se trouvait en position avec la compagnie UVO à Artiomovsk (dont il était supposé être « le commandant »). L’un des derniers messages indiquait : « le président du conseil d’administration des droits de l’Homme, Syndicat, a été blessé près d’Artiomovsk […] un éclat lui a sectionné un nerf sur un bras, son membre étant hors d’état de fonctionner. Malgré cela, avec une seule main, il pu évacuer en voiture sous le feu intense de l’ennemi et même à tirer sur un drone russe, il est en traitement à l’hôpital, la blessure s’est avérée insidieuse et les médecins ne peuvent pas encore dire s’il sera possible pour lui d’utiliser son bras ». Ce fut sa dernière communication demandant au passage de l’argent pour des « besoins urgents de voitures, drones, vêtements d’hiver, coussins chauffants, etc. ». Suivait ensuite des coordonnées bancaires d’une certaine Natalia Boukhovytch. Il n’a plus jamais posté également de vidéos sur YouTube, la dernière datant du 13 novembre 2022.

Bogdan Tcherbak (1964-), originaire de la région de Lvov, il fit des études supérieures en langue et littérature ukrainiennes, puis fut professeur. Ultranationaliste convaincu, membre de l’OUN, il fonda une association de défense de la langue ukrainienne à Trouskavets (1988), et une revue clandestine autour « de l’art » (1989-1990). Chef local de l’OUN dans cette région (1993), il multiplia les initiatives (journaux, clubs, groupes paramilitaires, etc.). Il fut nommé chef du secrétariat de l’OUN à Kiev (1995). Il dirigea pendant longtemps l’organisation dans la capitale. De là, il réussit à s’infiltrer dans le cabinet des Ministres (2001), cadre et chef de divers services. Il fut nommé au Comité d’État de la télévision et radiodiffusion (2002). Après le Maïdan, il fut même nommé vice-président de cette institution (2015), un poste d’importance permettant d’orienter la propagande. Lors du Congrès des nationalistes ukrainiens à Kiev (2012), il fut élu président de l’OUN et du POUN (réélu en 2013, 2016 et 2020). Il fut l’organisateur d’une cérémonie fantoche de mémoire sur « la tragédie de Babi Yar » (2016). Non pas pour honorer la mémoire des victimes juives, mais des « nationalistes » fusillés dans la célèbre carrière. Il s’agit de révisionnisme historique, la Gestapo fusilla bien des nationalistes de l’OUN-M, mais dans ses locaux de Kiev. Il fonda ensuite une unité de représailles et de volontaires, baptisée UVO, où bien sûr il ne servit jamais l’arme au poing (janvier 2022).

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