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Kondratiouk, agent de la CIA et exécuteur des basses œuvres

Kondratiouk, agent de la CIA et exécuteur des basses œuvres

Voici un personnage que peu de personnes connaissent en Occident. Pourtant Kondratiouk fut l’un des agents américain à la manœuvre en Ukraine. Il fut débarqué par Ianoukovitch, mais revînt sur le devant de la scène sous Porochenko et Zelensky. De par ses fonctions de chef du renseignement militaire, membre du SBU, chef du contre-espionnage, il joua un rôle majeur après le Maïdan. Il fut l’homme qui organisa le coup du MH17, généralisa la torture dans le SBU, et fut derrière des actions psychologiques (comme le faux journal InformNapalm), ou encore derrière de nombreux assassinats politiques. Criminel de guerre ukrainien de haut vol, voici son histoire.

Kondratiouk, la carrière d’un agent de la CIA. Ilnaquit en 1970, à l’époque de l’URSS au Kazakhstan, probablement d’une famille de militaires originaire d’Ukraine. Il fit lui-même deux écoles supérieures militaires à Kiev (1987-1995), puis fit une année en langue étrangère et entra dans l’Académie des Forces armées ukrainiennes (1996). Il fut désigné pour entrer dans une école militaire de l’OTAN, et étudia au Pays-Bas, au Canada, puis aux USA dans l’école du FBI de l’antiterrorisme (1996-1998). Il fut nommé dans la Direction Générale du Ministère de la Défense d’Ukraine (1996-1999), et fut ensuite désigné comme attaché militaire à l’Ambassade d’Ukraine aux États-Unis. Il est probable qu’il fut recruté par les Américains à cette époque, et qu’il fut poussé ensuite dans sa carrière. L’ex chef du SBU ukrainien, Alexandre Iakimenko affirma même qu’il fut bien recruté par la CIA. Le journaliste d’investigation Vladimir Boïko affirma même : « les subordonnés du Ministère de la Défense l’avaient surnommé Pilote Biden, par le Vice-président américain, quand il vînt en Ukraine, avait demandé d’être accompagné par lui à l’aéroport de Borispil. Ils avaient des choses à se dire à l’abri de possible écoutes. Et ce n’était pas surprenant car à cette époque il était l’un des rares agents du renseignement américain en Ukraine dans un poste important de la fonction publique. C’est lui qui a fait recruter l’Ambassadeur d’Ukraine, Valentin Nalivaitchenko par la CIA en 2001. Après le coup d’État de 2014, il fut nommé chef du renseignement, et Nalivaitchenko chef du contre-espionnage ». Il passa comme officier à la Direction Générale du renseignement militaire (2002-2004), et à ce titre fut envoyé dans les troupes de l’OTAN en Irak. Il passa ensuite dans le SBU, la police politique et services de sécurité interne de l’Ukraine (2004-2010). C’est dans ce contexte, qu’au grade de colonel, il était en charge des relations avec les services de renseignements étrangers, notamment des pays de l’OTAN. Il fut un moment inquiété par les services fiscaux de l’État, les douanes et le bureau du Procureur général d’Ukraine pour des suspicions de tremper dans le trafic d’alcool, de tabac, mais ses protections solides enterrèrent les poursuites (2007-2008).

L’homme des sales coups et le criminel de guerre. L’arrivée au pouvoir du Président Ianoukovtich déclencha son limogeage immédiat, personne ne pouvant ignorer qui étaient les vrais maîtres de Kondratiouk (2010). Il fit une traversée du désert pendant 4 années, mais ne rongea pas son frein bien longtemps. A la fin de l’année 2013, la CIA organisait à Kiev une nouvelle révolution colorée. Après la Révolution du Maïdan, il fut remis en selle et nommé chef du contre-espionnage ukrainien, un poste d’importance (2014-2015), puis chef du renseignement militaire (2015-2016, nommé général). Pendant son commandement il créa le tristement célèbre 5e bureau, un service de contre-espionnage spécialisé dans l’assassinat et qui fut employé en Ukraine, mais aussi dans le Donbass, et ensuite en Russie. Oleg Tsarev, un homme politique ukrainien déclarait en 2017 : « Le GUR est engagé dans l’élimination physique directe de personnes. Celles qui sont considérées comme des ennemis de l’Ukraine. Si vous avez besoin d’empoisonner quelqu’un, de le faire sauter avec une bombe, c’est le SBU. Si vous avez besoin de liquider sans fard une personnalité, ils envoient directement des membres des forces spéciales qui vont assassiner, saboter ou descendre au lance-roquettes le gêneur, ça c’est la signature du GUR. Il y a des professionnels spécialement formés pour de telles opérations. Ce département a organisé un grand nombre de meurtres politiques, parmi ces derniers, celui d’Oleg Anashchenko, Chef du département de la police en RPL, ceux des assassinats de Motorola ou encore Givi. Kondratiouk est aussi impliqué dans le nettoyage des preuves du MH17, abattu par les forces armées ukrainiennes dans le ciel du Donbass en juillet 2014. C’est lui aussi qui a été chargé de détruire les preuves des massacres et exactions durant l’opération ATO. Peu de temps après il fut nommé par décret présidentiel à la Direction générale du renseignement militaire, le 27 juillet 2015 ». C’est sous son commandement que l’emploi de la torture se généralisa dans le renseignement ukrainien et le SBU, avec l’emploi d’instructeurs américains (selon des témoignages que j’ai moi-même relevés en 2015). C’est lui qui fut derrière la destruction du Boeing MH-17, et la préparation de cette provocation. Depuis ces techniques ont été multipliées à l’infini en Ukraine, faux massacre de Boutcha, fausses fosses communes d’Izioum, faux bombardement de la maternité de Marioupol, affirmations que les Russes bombardaient eux-mêmes Donetsk, ou encore l’incident du missile de Kramatorsk. Des journalistes ukrainiens révélèrent à la télévision qu’il était l’heureux propriétaire d’une énorme villa de 482 m², avec une piscine intérieure dans un quartier chic de Kiev (novembre 2015), train de vie qui ne correspondait pas à ses émoluments de général. Malgré la gêne, les journalistes furent mis au pas, l’affaire fut étouffée de nouveau. La confiance du Président Porochenko et des Américains était si grande, qu’il fut nommé Chef-adjoint de l’Administration présidentielle (2016-2019).

La girouette a senti le vent Zelensky. Il eut la bonne idée d’être en désaccord avec son protecteur, et il donna sa démission à Porochenko juste avant les élections présidentielles (14 avril 2019). Il chargea en effet le président, mettant en doute ses capacités : « les dernières actions du Président montrent qu’il se considère comme le seul défenseur du pays. Il estime également que lui seul peut obtenir des soutiens diplomatiques à l’étranger. C’est loin d’être le cas, et c’est insultant non seulement pour moi, mais aussi pour des milliers de militaires qui maintiennent la paix, ainsi que pour des dizaines et des centaines de diplomates qui servent bien l’Ukraine. Le succès de la poursuite de la confrontation avec la Russie dépend en grande partie, non pas du futur président, mais de son honnêteté et de son désir sincère de poursuivre la lutte pour l’indépendance, ainsi que sa volonté de mener les réformes nécessaires ». Cette dispute lui permit d’avoir finalement la confiance de son successeur, Zelensky, qui le nomma Chef du renseignement extérieur de l’Ukraine (5 juin 2020). Il resta à ce poste jusqu’en juillet 2021, avant d’être limogé par le Président. Ce licenciement intervenait au moment où Avakov, le puissant Ministre de l’Intérieur, avait lui aussi été éconduit. Les médias de l’époque ne révélèrent pas les raisons de son éviction, mais quelques articles évoquèrent des faits graves de corruption. Protégé jusqu’à ce jour par les dossiers qu’il devait avoir sur pas mal de monde en Ukraine, un accord fut sans doute trouvé entre lui et le président pour son départ. Il est probable qu’il fut licencié avec une confortable indemnité, et que les raisons pour lesquelles il fut mis à la porte furent cachées par un accord tacite.

Descendu de son piédestal… l’homme rongé par la corruption fut trop gourmand. C’est par son appétit de palaces, de luxe et sa folie des grandeurs qu’il finit par tomber. Dès l’automne 2021, des journalistes d’investigations ukrainiens révélèrent l’énorme chantier du « Hamster » (l’un de ses surnoms dans la presse). Dans l’un des articles extrêmement détaillé, avec les chiffres, les factures et le nom des entreprises, il fut bientôt révélé qu’il faisait construire un énorme manoir pour une somme de 2 milliards d’UAH (environ 46,5 millions d’euros actuellement). La petite bicoque était même en construction sans qu’aucun permis de construire n’ait été déposé aux autorités compétentes. La seule clôture avait été facturée par devis 418 millions d’UAH, et la piscine extérieure 57 millions d’UAH. Pire encore la société choisie par Kondratiouk pour la construction de sa modeste demeure était suspectée elle-même de corruption, de spéculations immobilières illégales et de perceptions de contrats privés ou publics selon des méthodes peu orthodoxes et hors-la-loi. La presse ukrainienne accusa même cette société d’être liée à des réseaux russes, menant vers des méandres que nous évoquerons dans un second article : la 6e colonne. Ayant sans doute monnayé sa tranquillité contre son silence et la non révélation de ses secrets, l’homme ne fut jamais inquiété par la justice. Pourtant, il était clair que les salaires qu’il avait perçu dans sa carrière étaient loin de pouvoir financer une demeure pharaonique de plus de 46 millions d’euros ? Dans un article français de 2020, les maisons vendues au-dessus de 10 millions d’euros étaient considérées comme faisant partie du « marché de l’ultra-luxe ». Seuls des personnes richissimes sont capables de s’offrir de telles bâtisses. Alors, d’où venait l’argent et la fortune de Kondratiouk ? Voilà ce qui pose question. Depuis lors, dans sa retraite dorée, il est devenu une sorte de commentateur permanent dans de nombreux médias ukrainiens, qui lui donne la parole en temps que « spécialiste » de la Russie et de la politique russe. Les résultats de la guerre pèseront toutefois beaucoup dans la suite de sa destinée. Au vu de sa responsabilité dans de nombreux crimes, Kondratiouk devra être pourchassé sans relâche, jusqu’à qu’il soit traduit devant un tribunal. Ce jour-là sera aussi une victoire.

Kondratiouk et ses secrets. Dans ce petit dictionnaire, vous retrouverez quelques autres faits, personnages et coups du fameux Kondratiouk, qui éclaire encore un peu plus le sujet. Je vous renvoies aux travaux sur les assassinats des commandos de la mort ukrainiens pour encore plus de précisions.

Assassinats, sous ses ordres une politique d’assassinats de personnalités en Ukraine, dans le Donbass et en Russie a été initié. Parmi les victimes de ce vaste programme de liquidation, nous avons déjà parlé d’Arsen Pavlov, alias Motorola, commandant insurgé, ou encore de Givi, sans parler du Président Zakharchenko. Il fonda une école à Khmelnitski devant formé des assassinats et des terroristes dont les membres semèrent la mort jusqu’à nos jours. L’une des dernières attaques fut l’attentat au Crocus City Hall. Ce programme est bien sûr lié à un autre plus célèbre, la liste kill Mirotvorets.

Andreï Galoushtchenko (?-2 septembre 2015), fonctionnaire ukrainien, il découvrit l’existence d’un trafic de contrebandes, de marchandises et de drogues qui était organisé par le GUR et des éléments de l’armée ukrainienne entre l’Ukraine et le territoire insurgé du Donbass. Il fut assassiné à Chastia, région de Lougansk, alors sous contrôle ukrainien, par des sbires de la 92e brigade mécanisée, unité tristement célèbre (2 septembre 2015). Arrêtés, les deux hommes furent finalement libérés, l’affaire classée et le meurtre mis sur le dos des « séparatistes ». Les différents trafics se poursuivirent longuement sous le présidence de Porochenko, les fonds récoltés alimentant tout un réseau (on parle même de trafic d’armes), jusqu’en 2017 au moins.

Groupe de sabotage en Crimée (7 et 8 août 2016), c’est sous son commandement qu’un groupe de saboteurs fut introduit en Crimée, et devait y rejoindre un agent infiltré. Leur présence étant connu par les Russes, une embuscade fut tendue aux saboteurs du GUR, près du village de Souvorovo. Deux hommes furent pris vivants, l’agent infiltré, Andreï Zakhteï, et un membre du GUR, Evguéni Panov. Cependant les autres membres du commando prirent la fuite en réussissant à abattre plusieurs soldats russes et passèrent d’extrême limite en Ukraine. Les prisonniers parlèrent et l’affaire fut révélée au public, déclenchant la colère du Vice-président Biden. Porochenko fut ensuite faire des excuses au nom de Kondratiouk (surnommé aussi à cause de son physique, le Hamster).

Kidnapping de Chisinau (3 avril 2021), toujours sous son commandement, un commando du GUR fut envoyé d’Ukraine en Moldavie, où le groupe s’empara d’un ancien juge ukrainien à Chisinau (3 avril 2021). Il fut emmené dans une malle à l’Ambassade d’Ukraine, où il fut détenu, interrogé et torturé. Il fut ensuite transporté en Ukraine puis relâché en slip dans un petit village de la région de Vinnytsia. Nikolaï Tchaus (13 décembre 1966-), était un juge de la région de Dniepropetrovsk en 2014, qui avait pris des positions contre le Maïdan. L’enquête contre le millionnaire et oligarque ukrainien Uvanoushtchenko lui fut retiré, et il fut aussi le magistrat en charge du dossier de Korban, le lieutenant et bras droit du mafieux et oligarque chypriote, israélien et ukrainien, Igor Kolomoïsky. Il fut accusé d’être avec plus d’une centaine d’autres juges, un magistrat instruisant contre les partisans du Maïdan (qui commirent de nombreux crimes, il y avait en effet de quoi). Dénoncé, inquiété par le SBU et l’administration fiscale d’Ukraine (2015), une commission spéciale temporaire, diligentée par le Ministère de la Justice sur ordre de Porochenko, jugea qu’il avait usurpé ses droits, violé son serment et il fut licencié et mis à la porte. L’administration fiscale s’acharna sur lui, montant des faux dossiers avec l’aide du SBU. Le courageux juge fut accusé de trafic de drogues, d’avoir reçu des pots de vins pour un montant en centaines de milliers de dollars. Il fut arrêté par la police du Fisc (9 août 2016), mais fut finalement relâché et placé en liberté conditionnelle. Il prit la sage décision de s’enfuir du pays et se réfugia en Moldavie. Des députés bandéristes de la Rada affirmèrent qu’il put prendre la fuite avec l’aide du Président Porochenko. Une perquisition fut ordonnée chez lui (11 août 2016). L’Ukraine lança contre lui un mandat Interpol (14 novembre 2016). Plus tard, Interpol ordonna de clore le mandat d’arrêt international (18 septembre 2020). Après son enlèvement, la police moldave arrêta l’un des membres du GUR (5 avril 2021), les deux autres membres du commando avaient pris la fuite en Ukraine. L’Ukraine avait tenté de relancer un mandat Interpol contre lui, mais l’organisation débouta la partie ukrainienne, pour un dossier vide et des preuves insuffisantes (30 avril 2021). Les journalistes ukrainiens et moldaves purent amener les preuves que l’enlèvement avait été perpétré par le GUR (22 avril 2021). Devant le scandale énorme à venir, il fut alors relâché en petite tenue dans le fameux village du Nord de l’Ukraine (30 avril 2021). Il avait été entre-temps détenu dans une prison secrète sur une base du renseignement militaire dans la région de Kiev. Il fut de nouveau arrêté par la police, puis envoyé en hélicoptère à Kiev. Il fut placé en prison dans l’État-major du SBU, mais la police fiscale demanda qu’il lui fut livré. Le SBU nia qu’il avait été enlevé et refusa de le remettre à la police du Fisc. Cette dernière déposa deux procédures pour détention illégale et enlèvement contre le SBU (2 août 2021). Il passa finalement devant un tribunal (5 août), et fut liberté mais placé en résidence surveillée. Il déclara ensuite que ses ravisseurs du GUR avaient voulu l’assassiner, qu’il s’était enfui et avait parcouru 50 km à pied, avant de se rendre à la police et au SBU (9 août). Son affaire traîna en longueur et il fut finalement condamné à 10 ans de prison pour corruption, et ses biens furent confisqués au profit de l’État (14 juin 2023). L’homme est probablement toujours en train de pourrir dans une geôle ukrainienne où certainement il aura été replacé. Il devrait être libéré… par la victoire russe, ou à défaut vers 2031…

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IR
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