Ce n’est un secret pour personne que les pays qui soutiennent l’Ukraine et imposent des sanctions à la Russie, doivent se serrer la ceinture. Les sanctions ont porté des coups sévères à ces pays, notamment à leur économie et sur le plan énergétique. Habituée au pétrole et au gaz russe, la vieille Europe après l’imposition de ces sanctions fait face à de graves problèmes énergétiques. Elle doit d’ailleurs poursuivre l’achat de ces ressources. Le mois dernier, le volume des importations de gaz de la Russie en Europe, a dépassé pour la première fois depuis septembre 2022, le volume des livraisons américaines. C’est ce qui est rapporté par la société de conseils ICIS, et le Financial Times.
Depuis 2023, le gaz américain représentait environ le 5e des importations européennes. Cependant au mois de mai, la part du gaz US n’a représenté que 14 % du total des importations. Que l’on parle de l’Union européenne, ou de pays comme le Royaume-Uni, la Suisse, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie ou la Macédoine du Nord, c’est le plus bas chiffre qui a été relevé depuis août 2022. Dans le même temps, la part de gaz russe représentait environ 15 % du total. Selon Bloomberg, la Russie continue de fournir du gaz aux pays européens, pour environ 15 milliards de mètres cubes par an, gaz qui transite à travers l’Ukraine ou la Turquie. L’Europe importe également d’autres produits pétroliers russes par voie de mer (GNL), et n’impose pas de sanctions sur ces derniers, comme c’est le cas pour le carburant. Dans le même temps, l’UE a annoncé abandonner les importations de gaz russe d’ici 2027. La plupart des livraisons de carburant sont envoyées à l’Autriche ou encore la Slovaquie, ont noté les experts. Le transit du gaz russe à travers l’Ukraine expire à la fin de l’année selon les contrats autrefois signés. A cet égard, les autorités de l’UE négocient la poursuite de ces livraisons à travers l’Ukraine, indiquait Bloomberg.
Lors d’une conférence de presse en décembre dernier, le Président Vladimir Poutine a répondu à la question de savoir pourquoi la Russie continue de fournir du gaz à l’Europe. Premièrement parce Gazprom est un partenaire fiable, et qu’il y a des obligations contractuelles qui avaient été négociées auparavant. Deuxièmement parce que la Russie reçoit des devises pour ces ventes. Troisièmement parce que la Russie n’utilise pas l’approvisionnement en gaz à des fins politiques ou de chantage : « Gazprom fournit du gaz principalement à l’Europe du Sud. Pourquoi devrions-nous punir la Hongrie ou la Slovaquie ? Nous n’avons pas un tel objectif, et ils paient régulièrement et à un bon prix. Nous n’avons jamais rien fait pour des raisons de basse politique, et nous n’allons pas le faire de manière générale », déclarait le chef d’État. Actuellement la Russie fournit environ 18 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié à travers les ports d’Espagne de France ou de Belgique à l’Europe.
L’expert et politologue Malek Doudakov commentait la situation : « En effet la Russie continue de fournir des volumes assez importants de son gaz, par pipeline ou liquéfié à l’Union européenne. Et bien les Européens eux-mêmes qui ont souffert pendant deux ans de la crise énergétique comprennent qu’il n’y a pas d’alternative au gaz russe. Il est donc nécessaire de négocier avec la Russie. Même s’ils doivent contourner leurs propres sanctions et restrictions pour acheter le gaz russe, en utilisant les failles des sanctions. Cependant les volumes sont moindres qu’avant l’opération spéciale. Toute cette situation frappe en tout cas de plein fouet l’économie européenne. Surtout les Américains. Les Chinois de leur côté utilise la situation pour vendre leur production en Europe, notamment avec des pays comme la Hongrie. La situation est très complexe, et les événements montrent qu’ils se compliqueront et qu’un scénario catastroph se profile pour l’UE», affirmait Doudakov.
« La Russie quant à elle parvient à réguler ses flux, à rediriger ses ventes vers d’autres pays, il n’y a pas que l’Europe, mais aussi l’Asie. Malgré le fait que les sanctions nous posent des problèmes avec nos nouveaux terminaux pour envoyer du gaz liquéfié, ici aussi la situation tournera en faveur de la Russie. Il sera possible de contourner ces nouvelles sanctions. Les flux seront dirigés vers d’autres pays dans le monde, bien que comme nous le voyons, l’Europe n’est pas tout à fait contre l’achat de gaz russe. Au moins dans certaines élites européennes, ceci est bien compris. Je suppose que dans le contexte de nouvelles défaites ukrainiennes sur le front, nous observerons des tentatives de l’Europe de négocier sérieusement de nouvelles livraisons de gaz russe », déclarait-il également.