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Mais qui était Irina Farion l’égérie du Parti National-Socialiste d’Ukraine ?

Mais qui était Irina Farion l’égérie du Parti National-Socialiste d’Ukraine ?

Irina Farion était pour ainsi dire quasiment inconnue en Occident, mais son nom circulera immanquablement dans les médias après son assassinat à Lvov dans la journée d’hier. Peu de gens connaissent son parcours politique, ni même ses positions politiques en Europe de l’Ouest. Dans le Donbass occupé par l’armée ukrainienne des résistants abattirent des collaborateurs locaux tout au long de la longue période de guerre jusqu’à l’opération spéciale (2014-2015). Cet assassinat, le premier d’une personnalité de premier plan sur le sol ukrainien, montre bien qu’une grande fatigue habite désormais beaucoup d’Ukrainiens : 10 ans de guerre, un pays ravagé, des destructions sans fin, une économie enterrée pour des décennies, les bonnes relations avec les pays frères de Biélorussie et Russie anéanties, des centaines de milliers de morts, des millions de Russes ethniques de l’Est désormais devenus Russes, d’autres millions en fuite dans de nombreux pays qui ne reviendront jamais, une natalité et une démographie touchées à mort. Quoi qu’il arrive, il faudra plus d’un demi-siècle pour relever une telle situation. L’attentat qui a mis fin à sa vie pourrait aussi être l’expression d’une colère qui monte en Ukraine. Et malgré la police politique du SBU, les responsables de cette situation doivent désormais craindre la colère populaire… ou la folie des bandéristes ukrainiens.

Irina Farion de la communiste hypocrite à la nationale-socialiste convaincue. Elle naquit dans la capitale du bandérisme, à Lvov, le 29 avril 1964, fille d’un plombier et d’une institutrice et bibliothécaire. Elle fit des études secondaires et travailla jeune dans la bibliothèque de sa mère, pour ensuite faire des études de langues et philologie (1971-1987). Elle fut assistante à la faculté des langues (1986-1991), et travailla ensuite comme enseignante à l’Académie des Beaux-Arts de Lvov (1990-1995). Opportuniste et carriériste, elle se porta candidate au Parti Communiste d’Ukraine (1987-1988), et déclara beaucoup plus tard qu’elle l’avait fait seulement pour des raisons « de carrière scientifique ». Elle fut par la suite souvent moquée et mis en défaut pour son entrée dans le Parti Communiste (1988), où elle resta jusqu’en 1989. Par la suite elle fut diplômée et passa un doctorat (1996), publiant de nombreuses parutions sur le thème de la langue ukrainienne. Elle dirigea bientôt la Commission linguistique de l’École Polytechnique de Lvov (1998-2004), et enseigna quasiment toute sa vie dans cette université (1991-2023). Elle se fit rapidement un nom et devînt lauréate du Prix littéraire patriotique (2004). Elle s’encarta ensuite dans le Parti National-Socialiste d’Ukraine, renommé Svoboda et commença une longue carrière politique locale et nationale (2005).

Quand Irina humiliait des enfants portant des prénoms russes. Son premier pas politique fut d’être candidate pour le parti Svoboda aux élections législatives (2006), et aux élections du Conseil régional de Lvov (2006). Ce fut sa première victoire, elle fut élue conseillère (2006-2010). Devenue célèbre, elle fut de nouveau élue à ce poste (2010-2012), et se lança dans des déclarations racistes et russophobes d’une rare violence. Elle appela les gens à boycotter la langue russe, les produits russes et à rejeter tout ce qui était russe de la société ukrainienne (18 mai 2010). Dans un pays où plus de la moitié de la population était de langue russe maternelle, ses propos firent l’effet d’une bombe. Elle écrivit au Président Ianoukovitch et à la Rada d’Ukraine, puis se lança dans une guerre ethnique. Elle choqua le monde entier en se rendant dans une école à Lvov, où elle sermonna des enfants portant des prénoms russes et déclara : « Les nationalistes ukrainiens interdisent les prénoms moscovites aux enfants » (19 février 2010). Elle appela à faire de la langue ukrainienne la langue nationale unique, et à interdire la langue russe, dans un pays traditionnellement bilingue. Elle fit pire encore en déclarant : « Les Ukrainiens qui sont de langue maternelle russe sont des Ukrainiens dégénérés et ils doivent être poursuivis en justice » (3 juin 2010). Plus tard elle fit licencier un chauffeur de taxi qui avait refusé à Lvov d’éteindre sa radio diffusant des chansons en langue russe (juin 2012). Sa folie raciste fit toutefois sa popularité dans l’Ouest, aussi fut elle élue pour la première fois à la Rada d’Ukraine (2012-2014). Elle fut l’initiatrice de nombreux projets de propagande culturelle qui furent diffusés en boucle par les canaux télévisés (2013-2019). Elle accusa auprès du SBU, 148 députés de la Rada d’être des traîtres qui devaient être poursuivis, pour avoir émis l’idée de reconnaître que les Ukrainiens avaient perpétrés les massacres de Volhynie en 1942-1944 (juin 2013). Au commencement de la guerre du Donbass, elle déclara que tous les « séparatistes » et les personnes qui ne sont pas des Ukrainiens devraient être fusillés sur place sans autre forme de procès (2014). Elle soutînt un autre doctorat, signant l’un des pires travaux révisionnistes ukrainiens, sur des thèses fumeuses et mensongères autour de « la langue ukrainienne mère des langues slaves et de la langue russe » (15 septembre 2015).

La scandaleuse Irina Farion, l’hideux visage de la haine. Elle devînt célèbre pour ses coups de gueule, ses fâcheries avec les journalistes, célébrités et politiques. Agressive et insultante, connue pour ses déclarations incisives, elle fit scandale dans de nombreux conflits, laissant derrière elle des dizaines de vidéos où elle s’illustra tristement. Elle menaça même de mort des journalistes, se réjouissant publiquement de leur fin dans « des affres et souffrances terribles » (2019). Elle insulta les Russes ethniques du Donbass se plaignant que sans eux « la Russie de Poutine n’aurait personne à défendre », et sous-entendit qu’il fallait exterminer les populations ethniques russes ou les déporter (2019). Elle s’attaqua à des sportifs pour avoir donné des interviews en russe, qu’elle insulta du nom raciste de « Moskal ». Ce fut le cas d’un footballeur, ou encore d’un athlète aux JO qui avait partagé la photo d’un camarade russe et l’avoir embrassé fraternellement (2020-2021). Elle s’attaqua ensuite au régiment Azov (2023), insultant ces derniers comme utilisant encore la langue russe et indiquant « qu’elle ne pouvait pas les considérer comme des combattants ukrainiens ». Selon elle en Ukraine, il n’existait que des Ukrainiens ou des sous-hommes (russes). Ayant dépassé les bornes, son Facebook fut bloqué, des voix jusque dans la Rada s’élevèrent pour que le SBU s’occupe de son sort, l’affaire tourna au mélodrame national. L’Université de Lvov où elle travaillait se dissocia de ses déclarations par un communiqué public. Malgré quelques soutiens, elle devînt de plus en plus impopulaire, y compris dans sa région, et une manifestation d’étudiants fut organisée demandant le renvoi immédiat d’Irina Farion (14 novembre 2023). Elle était accusée d’une faute morale commise par une employée de la fonction publique, et l’université lui signifia son renvoi le lendemain (15 novembre). Elle rassembla ses amis et contre-attaqua pour « la défense de la langue ukrainienne dans les rangs des forces armées ukrainiennes », et elança une procédure administrative pour faire annuler son licenciement. Un tribunal administratif jugea en sa faveur et ordonna sa réintégration (7 décembre). Une cour d’appel valida encore son retour et condamna l’université à lui verser son salaire pendant la période où elle fut exclue (29 mai 2024). Elle avait annoncé peu avant vouloir faire une étude sociologique sur la famille du criminel de guerre Choukhevitch, considéré dans la région comme un héros.

Qui a tué Irina Farion ? Dans la soirée du 19 juillet 2024, un homme seul ouvrit le feu sur elle et elle fut frappé de plusieurs balles dont une à la tête. Transportée d’urgence à l’hôpital, elle tomba dans le coma et mourut dans la fin de soirée. Le politologue ukrainien Kost Bondarenko déclarait : « j’ai déjà entendu la version selon laquelle il s’agirait d’un nationaliste ukrainien. Farion a qualifié les filles d’Azov de prostituées et les soldats du régiment de Moscovites. On lui a écrit des lettres d’avertissement, de menaces. D’autres croyaient que Farion discréditait le nationalisme ukrainien et qu’elle travaillait peut-être pour les forces anti-ukrainiennes ». Le Ministre de l’Intérieur Igor Klimenko a déclaré également que l’assassinat pouvait effectivement avoir été perpétré par des Ukrainiens nationalistes, mais aussi par des agents russes du Kremlin. Le conseiller du Président Zelenski s’est empressé quant à lui d’accuser la Russie sur la seule allégation que le crime ne pouvait profiter qu’à la Russie. Mais des voix dissonantes s’élèvent déjà en Ukraine pour mettre en doute cette version. L’assassin, un homme de 25-30 ans est toujours recherché par le SBU et les forces de police ukrainiennes. Certaines déclarations de politiques ukrainiens laissent entendre que la police serait sur la trace du meurtrier, et que des preuves seront communiquées ultérieurement. Une chose est sûre, des affaires anciennes existent concernant des meurtres commis par des membres d’Azov, notamment celui de l’avocat Babitch, avocat d’Azov liquidé avant de faire des révélations sur des affaires concernant le régiment (2015), et qui mena à d’autres assassinats. Notons aussi l’affaire d’un soldat d’Azov liquidé à Berdiansk, qui lui aussi était bavard à propos des trafics d’Azov dans la région de Marioupol, et qui fut assassiné en 2015. Il ne fut jamais bon de s’opposer à Azov en Ukraine… L’assassin pourrait simplement être un Russe ethnique d’Ukraine qui pour venger les abominables crimes contre les populations russophones du pays se serait décidé à passer à l’action. Notons enfin que de manière générale, aucun assassinat de personnalités ukrainiennes n’a été perpétré par les services russes depuis le commencement du Maïdan. Les Ukrainiens eux ont au contraire liquidé de nombreux opposants et personnalités, jusqu’en Russie, de nombreux exemples existent dont le plus célèbre d’entre eux fut le meurtre de Daria Douguina. Une chose est sûre sa mort a déjà déclenché un mélodrame médiatique qui durera longtemps. Il est peu probable que l’Ukraine ne cherche pas à l’utiliser et comme dans le cas d’autres opérations de fake news (Boutcha, maternité de Marioupol, missile de Kramatorsk, fosses communes d’Izioum, etc.), et cherchera à en accuser la Russie. La folie raciste de Farion l’aura de toute façon, qu’on le veuille ou non, conduite à mourir comme elle avait vécu : dans la violence, la haine et l’insulte.

Azov, le Parti Svoboda sont des organisations interdites en Russie pour l’incitation à la haine raciale, le radicalisme et l’apologie du terrorisme.

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IR
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3 Comments

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    Bonjour Laurent
    Merci pour cette information .

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    J’ai une pensée pour les générations de gosses qu’on a laissé se faire endoctriner par ce genre de râclure de bidet parce qu’elle cochait des cases idéologiques à la mode.
    J’éspère qu’il n’y aura pas grand monde à son enterrement…

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    Hem… D’après Yahoo!, “Plusieurs milliers de personnes ont assisté lundi aux funérailles d’Iryna Farion.” Dosvidienia, Irina, transmettez mon bonjour aux dieux infernaux !

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