Aujourd’hui en Russie, tout le pays fête le drapeau tricolore, qui est celui de la Fédération de Russie et qui fut adopté le 11 décembre 1993. L’histoire des drapeaux de la Russie est évidemment complexe, car elle est l’héritière de faits historiques et de tremblements de terre qui secouèrent le pays. Pendant très longtemps, la Russie d’ailleurs n’eut pas de drapeau officiel. Cette Russie féodale était le temps des armoiries et des blasons des différents princes, jusqu’à ce que la primauté de Moscou et de la Moscovie fut avérée. Le long processus de la formation de la Russie, jusqu’au pays que nous connaissons aujourd’hui, n’en était alors qu’à son commencement. Mais d’où vient la tradition du drapeau tricolore de la Russie, et comment ce dernier s’imposa-t-il finalement ?
Des temps anciens à la Russie des premiers tsars. Avant le premier tsar, qui ne fut autre qu’Ivan le Terrible, on ne parlait à ces époques que de la principauté de Moscovie, et bien avant encore de la Rus’ de Kiev. C’est par une longue histoire de rebondissements, de guerres et de mariages, que les Grands Russiens furent unifiés dans un État encore en gestation. Les différents princes utilisèrent des bannières où les références religieuses étaient très présentes : images du Christ, croix orthodoxes, références à Saint Michel Archange, ou encore à Saint Georges, le tueur de dragons, qui devînt vite le symbole de la ville de Moscou, et plus largement de la Moscovie. D’autres symboliques apparurent également à ces époques, avec les sceaux des souverains, et le fameux aigle couronné à deux têtes, regardant dans les deux directions de l’Ouest et de l’Est. Après les Temps Troubles (1598-1613), qui amenèrent la dynastie des Romanov sur le trône, la Russie entama à grands pas la construction d’un puissant État, dans un paysage où jusqu’à présent elle avait peu compté face aux grandes puissances du temps (Espagne, Autriche, France, Angleterre, Pologne, Empire Ottoman, Suède, etc.). Les Romanov au fil des souverains imposèrent des réformes, travaillèrent à la formation des frontières de son Pré Carré, jusqu’au règne majeur de Pierre Ier. C’est sous son règne qu’apparut le premier drapeau tricolore officiel russe.
Des origines liées à la fondation de la marine russe. Jusqu’à son règne, la Russie était considérée comme une puissance de second rang en Europe. Elle ne possédait ni universités, ni armée nationale, ni flotte de guerre, ni d’administration moderne. En quelques trois décennies, Pierre le Grand allait transformer le visage de la Russie. La quantité de réformes qu’il imposa fut impressionnante, non moins que les résultats obtenus. Après un voyage en Europe qui est resté célèbre dans la mémoire russe, Pierre se lança dans la construction d’une flotte de guerre, la construction de Saint-Pétersbourg, de chantiers navals, fonda une armée nationale, révolutionna la société russe en profondeur. Un premier navire de guerre avait toutefois été construit sous le règne du 2e des Romanov, Alexis Ier (années 1660), dénommé Orel (Aigle), qui fut doté d’un drapeau portant une croix bleue, avec des carrés blancs et rouges. Pierre quant à lui adopta un premier drapeau tricolore comme pavillon de la flotte russe, qui fut finalement adopté par la marine marchande. Pierre le Grand par un oukase officialisa le drapeau (1720). Pendant longtemps cet étendard resta cantonné à cette marine marchande, jusqu’au règne du dernier des Romanov, Nicolas II. C’est lors de son couronnement (1896), qu’il adopta officiellement le drapeau tricolore comme drapeau national de la Russie. Les trois couleurs signifiaient pour le blanc, le tsar, pour le bleu, le ciel, et enfin pour le rouge, le peuple.
Un drapeau en sommeil, souillé et finalement de nouveau éclatant. Le drapeau fut confronté bien sûr à la Révolution bolchevique, qui après avoir supprimé le tsar et sa famille, réussit l’exploit, dans une situation difficile et faisant suite à la terrible Première Guerre mondiale, à vaincre toutes les factions ennemis. Les troupes d’interventions des alliés occidentaux furent repoussées de Russie, les armées blanches défaites, les armées nationalistes ukrainiennes, ou encore les armées vertes dont celles de Nestor Makhno furent également éliminées. C’est ainsi que fut créée en 1922, l’Union soviétique. Depuis le début des affres sanglants de la révolution, le drapeau rouge avait été choisi comme l’emblème des bolcheviques, qui fondèrent les Gardes Rouges, et avec eux l’Armée Rouge de Trotski (drapeau qui fut aussi celui de la Commune de Paris). Ce drapeau qui s’orna du marteau et de la faucille resta longtemps le drapeau officiel de ce qu’appelait le général de Gaulle, la Russie soviétique. Le drapeau tricolore fut emporté loin à l’étranger par l’émigration blanche, et resta un symbole de cette Russie disparue. Il fut hélas, tout comme le drapeau français de la France de Vichy, souillé par des collaborationnistes soviétiques et Russes, qui servirent l’Allemagne nazie. Ses couleurs furent reprises par l’Armée Vlassov, dit aussi Armée de Libération russe, (la ROA), ou par d’autres unités supplétives. L’histoire bien sûr se termina mal pour ces transfuges, l’Allemagne nazie fut vaincue, les collaborateurs capturés, emprisonnés ou fusillés, le reste pris la fuite en Occident. Les années passèrent jusqu’aux événements qui virent la fin de l’URSS, sa lente agonie, puis son écroulement complet. La question bien sûr se posa alors immédiatement de la fondation d’un nouvel État, qui adopterait de nouvelles symboliques, ou en reprendrait d’autres du passé. Ce fut le choix que fit la Douma russe, en adopta le drapeau tricolore russe, et en choisissant de plonger ses racines jusqu’à l’époque de Pierre le Grand, l’homme qui fit de la Russie une puissance majeure en Europe. Il y avait tout un symbole ! Il a été immédiatement adopté par le peuple russe, qui s’est emparé de ce dernier avec passion. Les citoyens qui le portent fièrement, les défilés et les événements publics le prouvent largement ! Il est intéressant de noter comme conclusion, que suite à l’opération spéciale russe, les nouveaux collaborationnistes et transfuges russes servant l’OTAN et l’Ukraine, durent aussi choisir un drapeau… Ne pouvant reprendre le tricolore, ils ont choisi de ne garder que le blanc et le bleu… le Rouge, le Peuple, a disparu. On comprend bien pourquoi…
En RPD, la ville de Donetsk a célébré le jour du drapeau russe :
Laurent Brayard
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1 Comment
Bonjour Laurent
Merci de rappeler par l’ intermédiaire de ce beau et simple reportage , le symbole de fierté que représente le drapeau russe.