Dans cette nouvelle grande enquête (la 104e sur les unités de l’armée ukrainienne), voici donc un bataillon quasiment inconnu, qui eut pourtant son petit rôle au début de la guerre du Donbass (2014). L’unité fut formée dans la grande ville de Kharkov, dont elle porte le nom, et fut l’un des bataillons de la Défense territoriale de l’Ukraine, bien vite envoyé avec ceux de représailles contre les insurgés républicains de Donetsk et Lougansk. L’unité fut ensuite amalgamée dans la célèbre 92e brigade mécanisée, une unité d’élite très politisée et connue pour ses crimes de guerre. Le bataillon a suivi sa destinée dans les années suivantes, dans de nombreuses rotations sur le front du Donbass. Comme toute la 92e, l’unité a été décimée dans les combats de 2022-2023. La brigade fut ensuite dissoute et rayée des cadres et ses restes versés dans d’autres formations ukrainiennes (2023). Voici donc l’histoire du bataillon Kharkov, qui s’ajoute à mes recherches patientes et pointues sur l’armée ukrainienne.
De la formation du bataillon Kharkov. Suite aux événements du Maïdan, et le retour de la Crimée au giron russe (15 mars 2014), l’Ukraine par son Conseil de Sécurité décida de former des États-majors opérationnels, dans les régions frontalières du pays. Le Président par intérim de l’Ukraine, Tourchinov signa un décret pour autoriser les chefs des administrations régionales à former des bataillons de Défense territoriale (19 mars). Une première vague de bataillon fut créée dès le mois de mars et la région de Kharkov se lança dans la formation d’un bataillon local, dénommé Kharkov (25 avril). La ville présentait un enjeu stratégique majeur, alors qu’une République populaire de Kharkov avait été écrasée dans l’œuf, par des forces bandéristes (dirigées par Andreï Biletski, futur fondateur d’Azov), des forces de police et su SBU envoyées sur place de Kiev et d’autres villes du pays (début avril). Une partie des militaires et forces de l’ordre dans la ville apparaissait suspecte, des Russes ethniques qui rejetaient en leur for intérieur la révolution du Maïdan. Il y avait donc urgence à former cette unité, afin de renforcer la défense de la région et surtout de s’attaquer aux résistances intérieures. L’unité ouvrit un bureau de recrutement (26 avril), et annonça faire appel à des hommes de 18 à 40 ans, mais dans les faits des hommes plus vieux furent recrutés. La formation fut donc une des plus rapides des unités de représailles, avec une conférence de presse donnée par le chef de bataillon (29 avril), et un entraînement éclair de 10 jours. Les volontaires furent envoyés à l’école des blindés de la ville de Kharkov (fin avril, début mai).
Les volontaires ne voulaient pas combattre dans le Donbass. L’unité peina comme tous les bataillons de représailles à s’équiper. Une compagnie de transport fut créée à partir de vieux camions soviétiques, ainsi qu’une unité sanitaire. Dans l’urgence, n’ayant pas de casques, ni de gilets pare-balles, un effectif de 423 hommes fut envoyé sur le front à l’assaut de la région de Lougansk (14 mai 2014). L’affaire provoqua un scandale local, les familles des enrôlés protestant sur le fait que les statuts du bataillon étaient la défense de la ville et de sa région, et non son envoi dans des combats de première ligne dans le Donbass. Devant la levée de boucliers, des manifestations, le service de presse du Ministère de la Défense affirma que l’unité n’était pas envoyée pour combattre dans la zone ATO (16 mai). La sûreté et sa fidélité paraissant faible, l’unité fut bientôt renforcée de jeunes soldats ukrainiens de la conscription, venant de toutes les régions du pays (12 septembre). La plupart de ces hommes n’avaient pas d’expérience militaire, tandis que les premières vagues de mobilisation rencontraient en Ukraine une très forte résistance (autour des 70 % de réfractaires). Le renfort après un formation militaire sur place à Kharkov, dans les installations de la 92e brigade mécanisée se fit également au pas de course. L’unité se trouvait toujours dans la fournaise du Donbass.
Actes de pillages, banditisme et crimes de guerre. Contrairement aux mensonges du ministère, elle fut envoyée sur le front, d’abord près de Svatovo (14 mai), et fut employée comme bataillon de représailles. Elle participa entre autre à des arrestations, des fouilles, des contrôles à des barrages routiers, et s’avança sur Izioum (juin), puis à Severodonetsk et Novoaïdar (5 juillet). Elle fut employée dans les combats de la bataille des frontières, subissant des pertes et laissant des prisonniers (juillet-août), montrant une très faible valeur militaire. L’unité perdit plusieurs soldats, et se livra à des actes d’indisciplines graves. Dans la ville de Severodonetsk, des hommes du bataillon ouvrirent le feu sur la clientèle d’un restaurant, et sur la police militaire. Ils s’enfuirent à bord d’une voiture volée. Des actes de pillages, de malversations et d’autres comportements criminels furent relevés, au point que l’Administration d’occupation ukrainienne de Lougansk (installée à Severodonetsk), demanda que le bataillon soit retiré du secteur ou qu’il soit dissous (30 septembre). Par un coup de force du Ministère de la Défense, le bataillon fut versé dans la 92e mécanisée, ce qui sortait l’unité de son statut de Défense territoriale, et tout simplement intégré dans l’armée régulière (5 novembre). L’unité fut à cette date renvoyée à l’arrière (17 novembre), pour être reconstituée, rééquipée et intégrée à la 92e mécanisée. Elle fut petit à petit équipée de véhicules, de casques et gilets pare-balles, et forma un petit peloton du génie (19 novembre). Elle reçut le même jour un drapeau dans une cérémonie officielle à Khrakov, et son commandant déclara qu’aucune unité de volontaires n’avait été maintenue au front si longtemps. La nouvelle formation comprenait des hommes âgés de 23 à 51 ans, dont d’anciens militaires de l’UNIFIL, une mission de l’ONU dans le Sud Liban. Elle fut à cette date pourvue d’armes automatiques plus récentes, recevant quelques armes légères, comme des mitrailleuses, un antique canon antiaérien ZPU-1 (de 1952…), de 3 véhicules BRDM, et de 3 chars T-64 (non moins antiques) malgré quelques améliorations (septembre-octobre). Elle ne comprenait alors plus que 3 vieux camions en l’état, tout le reste ayant été détruit ou hors d’usage par l’effet d’un trop grand âge. L’unité pour se mouvoir ressemblait alors à une vraie caravane de cirque, utilisant des voitures civiles, des autobus ou minibus raflés ou réquisitionnés ici ou là.
Sur le front du Donbass et dans les rangs de la 92e. L’unité fut immédiatement renvoyée sur le front et suivie le destin de la 92e mécanisée, qui devait devenir l’une des pires unités régulières de l’armée ukrainienne en termes de crimes de guerre (avec la 72e mécanisée, la 93e mécanisée, ou la 25e aéroportée). Le bataillon passa tout le reste de l’hiver dans la région de Lougansk, et ne fut plus utilisé que dans des tâches subalternes (décembre 2014-avril 2015), essuyant toutefois quelques pertes avant d’être renvoyé sur le front (mai 2015). L’unité fut alors envoyée dans la zone de la RPD (Donetsk), et aux limites des deux républiques (Donetsk et Lougansk, mai-septembre 2015). Elle occupa des positions de première ligne près de Krimskoe, de Popasnaya ou d’Orekhovo. Les hommes parmi les volontaires qui ne voulurent pas signer des contrats dans l’armée régulière furent renvoyés chez eux, et l’unité fut alors recomplétée au fur-et-à-mesure par des conscrits de la mobilisation. Au fil du temps, son expérience militaire se renforça et elle acquit une meilleure valeur militaire. La destinée de l’unité se confondit alors avec la 92e mécanisée, unité de première ligne qui se trouva en permanence par rotation sur le front.
Au sein de la 92e, scandales et contrebande. Désormais partie intégrante de cette brigade, l’unité resta sur le front du Donbass. La brigade qui était déjà entachée par des crimes de guerre et des exactions, fut frappée de plusieurs scandales. En premier lieu, ce fut l’assassinat par un autre soldat d’un homme du bataillon, dans une sale histoire de contrebande dans la zone ATO (septembre 2015). Des membres de l’unité se livraient en effet au banditisme, et à divers trafics notamment d’armes, de drogues, d’alcools, de cigarettes et d’autres produits. L’enquête qui menait jusqu’au colonel commandant la brigade, ne mena nulle part et le procureur militaire freina l’affaire pour empêcher un plus grand scandale (décembre). Cependant, quelques hommes furent arrêtés et des perquisitions effectuées dans plusieurs villes, notamment à Kramatorsk (ville occupée du Donbass). La 92e mécanisée resta longtemps en station dans l’ancien oblast de Donetsk, ayant sa garnison officielle dans la ville de Kharkov (2016-2021). L’essentielle de ses forces se trouvaient dans cette ville au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle participa à la défense de Kharkov (printemps), puis à la marche en avant de Kharkov (automne), où elle se signala immédiatement par de nouveaux crimes de guerre (27 septembre 2022, Petropavlovka). Elle avait à sa suite des compagnies de mercenaires de la Légion internationale (au moins 3), dans cette opération. Elle agonisa ensuite dans les combats meurtriers de la ville d’Artiomovsk (octobre 2022-mai 2023).
Épilogue : le démantèlement de la 92e brigade mécanisée. En 2023, le renseignement militaire russe a donné des informations importantes sur le sort de cette grande unité historique ukrainienne. Selon les déclarations de membres de l’unité, et de vétérans sur les réseaux sociaux, la 92e mécanisée qui avait été décimée dans les combats de 2022, et de l’hiver 2022-2023, ayant perdu l’essentiel de son matériel et de sa force combative, n’existait plus que sur le papier pour faire illusion et tromper l’Occident et la Russie. Le reste de ses matériels et de son infanterie furent dispersé dans les autres unités régulières de l’armée, et les cadres en partie envoyés dans des unités de nouvelles formations en vue de la contre-offensive ratée des Ukrainiens de 2023. Une partie des hommes furent recyclés dans diverses petites unités de drones, dans une transformation de l’armée ukrainienne par rapport à l’importance de cette arme. Plus tard, le Ministère de la Défense ukrainien annonça en effet sa dissolution, du moins sa mise en sommeil, sans écarter la possibilité de redonner le numéro de la brigade à une autre formation. Le sort du bataillon Kharkov s’est évidemment fondu dans la trajectoire de l’unité.
Le mini-dictionnaire du bataillon Kharkov. Comme à mon habitude je vous place à la suite des biographies plus ou moins complètes et des faits autour de l’unité. Les biographies permettent de faire une petite étude de prosopographie, afin de comprendre qui sont les hommes qui servaient dans le bataillon. L’étude montre que l’unité fut surtout constituée au départ de volontaires locaux de Kharkov, notamment des gamellards attirés par la solde et par quelques bandits. Le ménage fut opéré lors de l’amalgame dans la 92e mécanisée, une unité marquée idéologiquement par le bandérisme. Toutefois, nous ne trouvons quasiment pas trace dans le bataillon d’une contamination prononcée par cette idéologie et ses dérivés. L’unité fut ensuite complétée essentiellement de conscrits de la mobilisation, de la réserve, des contractuels, et des hommes effectuant leur service militaire. Nous ne savons pas si l’unité entra ensuite dans le système « Nikoliouk », le commandant de la 92e qui se livra aux pillages, aux trafics et la contrebande. Au fil du temps, l’unité a été clairement intégrée dans la brigade, et s’est sans doute politisée à son contact. Cependant, comme souvent dans l’armée régulière, on ne trouve pas de figures de premier ordre, ou même moins importante, du bandérisme dans ses rangs. Toutefois, les exemples de crimes de guerre relevés dans la région de Kharkov, Izioum et Koupiansk par la brigade, montrent une grande radicalisation et une baisse certaine de la discipline et de la morale dans la brigade, qui ne peut qu’avoir touché le bataillon Kharkov. Pour aller plus loin, vous trouverez dans cette base de données, du site War Tears, une énorme liste de 1 254 soldats de la 92e (supposés vivants, morts ou prisonniers).
Anton Antich (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Kharkov, il fut envoyé au front et fut fait prisonnier dans l’embuscade du 5 juillet 2014. Il fut ensuite libéré à la mi-août.
Alexandre Beda (?-), colonel nommé à la tête du bataillon Kharkov (25-26 avril 2014). Il fit une conférence de presse à Kharkov, où il incita les gens à s’enrôler, demandant des volontaires, et indiquant que l’unité était déjà composée de spécialistes des transmissions, de cuisiniers, de conducteurs, de spécialistes de la maintenance, de soldats d’infanterie, de tireurs d’élite et de servants de lance-grenades (29 avril). Il ne resta pas longtemps à la tête de l’unité et fut remplacé, probablement au moment de son envoi au front par Gorbenlo. Il apparut ensuite comme adjoint au commissariat militaire de l’oblast de Kharkov, dans une interview donnée à un média ukrainien (30 janvier 2015). Il est à noter que l’interview fut menée en russe, et que l’homme s’exprimait dans cette langue sans problème, faisant penser qu’il s’agissait d’un Russe ethnique.
Roman Dzioubenko (13 octobre 1994-30 janvier 2021), originaire d’Olhovoye, district de Stachino-Lougansk, ancien oblast de Lougansk. Il ne prit pas le parti de l’insurrection, et son village fut rapidement occupé par l’armée ukrainienne (2014). Il fut mobilisé ou s’enrôla dans l’armée ukrainienne, versé dans le bataillon Kharkov. Des photos de lui font penser qu’il fut un élève d’une école militaire de sous-officiers en Ukraine (peut-être justement à l’époque du Maïdan). Il servait au grade de sergent-chef, commandant de section. Il fut mortellement blessé par une balle tirée par un tireur d’élite républicain, le 26 janvier 2021, sur des positions non loin de Novoalexandrovna, région de Popasnaya. La blessure à la tête qu’il avait reçu ne lui laissa aucune chance, il mourut dans un hôpital militaire à Tchassov Yar, le 30 janvier suivant. Il laissait une veuve et un fils. Il fut enterré dans son village natal, qui depuis a été libéré par l’armée russe. Il est probable que sa famille est pris la fuite du côté ukrainien. Il fut décoré à titre posthume par le Président Zelensky (7 avril 2021).
Maxime Dorochenko (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Kharkov, il fut envoyé au front et fut fait prisonnier dans l’embuscade du 5 juillet 2014. Il fut ensuite libéré à la mi-août.
Embuscade (du 5 juillet 2014), le bataillon Kharkov tomba dans une embuscade montée par les insurgés républicains entre Severodonetsk et Novoaïdar. Bien que supérieur en nombre, le bataillon fut submergé par la panique et laissa de nombreux matériels et 22 prisonniers entre les mains des Républicains. L’affaire fit un scandale énorme, car ces hommes n’étaient pas censés être envoyés au front leur de leur engagement. Ils furent de l’avis des médias ukrainiens eux-mêmes bien traités, et gardés prisonniers pendant 1 mois et demi. C’est à travers des négociations privées entre anciens de la guerre d’Afghanistan, que les Républicains acceptèrent de les échanger. Ils ne furent pas autorisés à parler à la presse, mais elle fut obligée de communiquer qu’ils n’avaient pas été ni maltraités, ni humiliés, ni battus, mais au contraire nourris, soignés, ayant accès à l’hygiène et pourvus de cigarettes. Seules quelques épouses furent autorisées à parler à la presse, les 22 prisonniers reçurent 24 jours de permission. L’un des soldats pu quand même déclarer. : « tout arrêter, être des amis pacifiques et être des frères pour tous »… Ses paroles humaines ne furent pas entendues, pas plus à Kiev que par les fanatiques bandéristes.
Oleg Fomine (26 mars 1991-26 octobre 2018), alias Foma, originaire de la région de Kirovograd. Il fut versé à une date inconnue dans le bataillon Kharkov, peut-être un enrôlé volontaire. Il servait au grade de soldat de 1ère classe, poste de mitrailleur. Il fut mortellement blessé suite à un accident dans la région de Volnovakha (19 août 2017). Il fut transporté à l’arrière dans un hôpital militaire à Lvov. Après une très longue agonie, il mourut le 26 octobre 2018. Les causes de l’accident ne sont pas éclaircies par la presse ukrainienne. Le fait qu’il ne fut pas ensuite médaillé à titre posthume parle en faveur d’une maladresse, d’un coup de feu parti lors d’une beuverie, ou à cause d’une erreur quelconque. Il laissait une veuve et deux filles.
Maxime Gavrik (3 février 1968-11 avril 2018), originaire de la ville de Kharkov, il fut mobilisé pour son service militaire dans l’armée soviétique (1986), et fut envoyé en Afghanistan à la fin de la guerre, dans une unité parachutiste comme sapeur (1986-1988). Il fut blessé pendant ce conflit, recevant deux médailles, dont celle de l’Ordre de l’Étoile Rouge. Il semble qu’il poursuivit un moment une carrière dans l’armée soviétique, puis ukrainienne, et pris sa retraite. Il s’enrôla volontairement dans le bataillon Kharkov (avril 2014), grade d’adjudant-chef. Il participa à des combats dans la région de Lougansk, puis accepta de signer un contrat dans la 92e mécanisée (2015). Il fut envoyé en formation pour se reformer sur les techniques de déminage. Il mourut d’une crise cardiaque, le 11 avril 2018. Il fut enterré à Kharkov, laissant une veuve et un fils, Vladislav, jouant dans l’équipe nationale ukrainienne de hockey sur glace. Il fut décoré à titre posthume d’une médaille par le Président Porochenko, malgré qu’il soit contre l’usage de décorer des soldats n’étant pas tombés au feu.
Sergeï Gorbenko (2014-2018), lieutenant-colonel, probablement tiré de la réserve qui fut nommé à la tête du bataillon et le resta pendant de longs mois. A ce titre, il est responsable des crimes de guerre et pillages commis par son unité dans le Donbass, et devrait être recherché comme criminel de guerre après le conflit.
Sergeï Kliouev (2 août 1977-21 mai 2015), originaire de la ville de Kharkov, il fit des études supérieures en droit, et devînt avocat. Il s’engagea à défendre les intérêts des volontaires, nombreux, dont les droits furent souvent bafoués par le gouvernement ukrainien ou par l’armée (2014). Il se décida à s’enrôler volontairement dans le bataillon Kharkov (début 2015), et fut envoyé au front dans un peloton de reconnaissance. Il fut tué le 21 mai 2015, dans la région de Donetsk, se trouvant à bord d’un véhicule qui sauta sur une mine, et fut sévèrement touché aux jambes. Il fut emmené à un poste de premiers secours, puis dirigé vers un hôpital, mais il n’atteignit jamais ce dernier et mourut en chemin. Il fut enterré dans sa ville natale (25 mai), laissant une veuve, et fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (16 janvier 2016). Sa famille fut reçu par des membres de l’administration de Kharkov, pour la remise de terres offertes aux soldats tués dans le Donbass, en même temps que trois autres familles (18 décembre 2018).
Youri Kovtsour (?-), militaire de carrière dans l’armée ukrainienne, originaire de la région des Carpates, Ouest de l’Ukraine. Il fit un lycée militaire et sport-études (diplômé, 2001), avant d’intégrer l’école militaire des blindés de Kharkov (2001-2005). Il fut envoyé dans l’armée, grade de lieutenant et monta les grades rapidement. Lieutenant-colonel, il fut nommé à la tête du bataillon Kharkov, de la 92e mécanisée (2018-2024). Il fut médaillé par le Président Zelensky (6 avril 2022). Il monta encore en grade, nommé commandant de la 32e brigade mécanisée (janvier 2024). Son unité se trouvait dans le groupe d’armée Nord, et stationnait en réserve à Soumy (mai). Elle fut envoyée en renfort dans la bataille de Toretsk (Dzerjinsk), où elle fut ensuite en partie décimée, supportant de lourdes pertes en hommes et matériels.
Mikhaïl Lemechov (21 novembre 1972-6 septembre 2014), originaire de la région de Khmelnitski, il s’enrôla dans le bataillon Kharkov (avril 2014), grade de sergent-chef, commandant de peloton. Il se suicida sur le front le 6 septembre 2014. Les Ukrainiens n’osèrent pas citer son nom dans les articles qui citèrent sa mort, notamment dans la presse locale de Kharkov. Des déclarations furent faites sur ses difficultés à supporter les conditions de la guerre. Il laissait une ex-femme et un fils. Il fut enterré dans son village
Arthur Shapoval (21 août 1990-18 novembre 2023), alias Zolotiy, transfuge du Donbass, né à Slaviansk, RPD, il se laissa contaminer par la propagande du Maïdan et prit la fuite. Il s’installa dans la région de Poltava, et épouse une locale. Il tomba sous le coup de la mobilisation et fut versé dans le bataillon Kharkov (février 2023). Il fut mortellement blessé par un tir d’artillerie, près de Klechievka, non loin d’Artiomovsk (5 octobre). Il fut transporté à l’arrière et mourut de ses blessures, à l’hôpital de Nemirov, région de Vinnytsia, le 18 novembre 2023. Il laissait une veuve enceinte et un fils.
Victor Nikoliouk (19 octobre 1975-), originaire de Kirovograd, il fit une école militaire, avant d’entrer dans les troupes mécanisées comme sous-lieutenant (1996). Il fut versé dans la 92e brigade mécanisée et monta les grades jusqu’à celui de colonel, commandant de l’unité (2013 à nos jours). Il fut envoyé dans le Donbass avec son unité, et participa aux différents combats, notamment pendant la bataille des frontières (été 2014), ou encore celle de l’aéroport de Donetsk (hiver 2014-2015). Son unité fut impliquée dans des crimes de guerre et des exactions, et engagée ensuite dans la bataille de Debaltsevo (hiver 2014-2015), où elle essuya des pertes sensibles. Malgré tout, il fut médaillé par le Président Porochenko (mai 2015). Il fut mouillé jusqu’au cou dans le scandale de la participation de l’unité à des faits de banditisme, de contrebandes, et le meurtre d’un soldat de la brigade (septembre 2015). Le SBU effectua une perquisition chez lui (décembre), mais il nia sa culpabilité et porta plainte devant le procureur militaire. L’affaire fut finalement classée, après l’arrestation et l’implication de plusieurs de ses subordonnés, dont un officier du renseignement, et deux soldats du bataillon qui servirent de boucs émissaires (février 2016). Il fut maintenu dans le commandement de cette unité encore quelque temps (jusqu’en mars 2017), et fut bientôt promu au rang de général-major (5 décembre 2018). Il fut nommé au commandement du groupe Nord sur le front du Donbass (2021-mars 2023). Il fut décoré du titre de Héros de l’Ukraine par le Président Zelensky (10 mars 2022), puis du titre de citoyen d’Honneur par la ville de Tchernigov (21 décembre 2022). Cependant, il fut victime d’une purge et mis au placard comme responsable de la formation du commandement des troupes terrestres de l’Ukraine (mars 2023). Une procédure judiciaire fut lancée contre lui en Russie (automne 2023), pour des crimes de guerre, notamment les tueries de civils par les bombardements de terreur sous son commandement (environ 150 morts et blessés). Sans doute mécontent, il démissionna de son poste (25 mars 2024), et brigua un commandement sur la première ligne du front. Sa nouvelle affection n’est pas connue.
Stanislas Novokhatski (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Kharkov, il fut envoyé au front et fut fait prisonnier dans l’embuscade du 5 juillet 2014. Il fut ensuite libéré à la mi-août.
Sergeï Onatski (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Kharkov, il fut envoyé au front et fut fait prisonnier dans l’embuscade du 5 juillet 2014. Il fut ensuite libéré à la mi-août.
Alexandre Popov (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Kharkov, il fut envoyé au front et fut fait prisonnier dans l’embuscade du 5 juillet 2014. Il indiqua à sa libération (mi août) : « qu’il avait été fait prisonnier près de Severodonetsk, puis envoyé à Perevalsk. Ils ne nous ont pas mis au travail, ils n’ont pas abusé de nous, tout le monde a été nourri deux fois par jour, ils ont donné de l’eau et nous ont permis de nous laver. Ils nous ont gardé dans un local et autorisé à sortir les deux dernières semaines », déclarait-il dans une interview (19 août 2014).
Alexandre Tkatchenko (29 mars 1991-6 septembre 2014), originaire de Kharkov, il fit probablement une école militaire et jeune lieutenant fut envoyé au bataillon Kharkov (avril 2014). Il fut nommé commandant de peloton, et fut mortellement blessé le 31 juillet, par un bombardement de roquettes Grad, sur les positions de Nizhny Olkhovaya, région de Lougansk. Il fut transporté en urgence à l’arrière et envoyé dans un hôpital à Kiev. Il y mourut après une longue agonie, le 6 septembre 2014. Il fut enterré à Kharkov, et fut décoré par le Président Porochenko à titre posthume (4 juin 2015).