Telegram canal officiel d'Agdour Ardzinba

De l’Abkhazie à Paris : Ardzinba, crypto-monnaies et réseaux mafieux

10 février 2025 17:50

Il y a quelques années, dans la petite république d’Abkhazie, un obscur ministre se lançait dans un projet pharaonique. Dans un pays non reconnu par la communauté internationale, frappé par des sanctions économiques et isolé, l’homme eut l’idée de créer l’Abkhazian Coin, une crypto-monnaie présentée comme miracle et devant ouvrir au pays des possibilités infinies. Initiée dès 2015, mais lancée réellement en 2017, Adgour Ardzinba vînt présenter à Moscou son projet, dans la conférence Blochchain. Il y affirma que l’Abkhazie pourrait devenir un des grands centres de production de crypto-monnaies dans le monde, et signa même au nom de son pays, un premier contrat avec la société Blockchain Consulting. Le contrat visait à étudier les possibilités et les choses à mettre en œuvre pour lancer ce projet ambitieux « du paradis de la crypto-monnaie » (15 octobre 2017). Les choses ne se passèrent pas tout à fait comme prévu…

Engluée dans des problématiques majeures, autour des sanctions, d’infrastructures obsolètes et vieillissantes, d’un réseau énergétique en très mauvais état et à rénover, le tout dans une société sclérosée par la corruption, l’affaire sombra vite dans le scabreux. Ardzinba affirma vouloir implanter cette crypto-monnaie dès le printemps 2018, et financer la remise en état du complexe énergétique, notamment de la fourniture en électricité, en promettant des services de meilleures qualités, un coût au rabais de l’électricité et l’exemption de taxes pour les spéculateurs et producteurs des fermes à crypto-monnaies. Le résultat fut immédiat, à savoir le débarquement en Abkhazie de toute une faune internationale d’agioteurs, et les entreprises de crypto-monnaies poussèrent comme des champignons dans tout le pays. Le complexe énergétique d’électricité, entreprise publique (RUP), fut bientôt conduit au bord de l’explosion, ayant été directement lié à cette production de monnaies virtuelles, au point que la consommation d’électricité fut bientôt limitée pour des catégories d’abonnés et des sites de production fermés (2018-2019). dans l’urgence, le président abkhaze enterra le projet, le pays étant alors au bord de l’explosion, Ardzinba s’en tira alors à bon compte.

Toutefois l’opinion publique n’avait pas oublié. Et dans le contexte de l’élection présidentielle (2020), les rumeurs se firent de plus en plus tenaces, au sujet de la corruption d’Adgour Ardzinba. Il fut vite accusé dans la presse locale, mais aussi russe (agence TASS), d’être le propriétaire d’entreprises illégales de production de crypto-monnaies, alors que l’activité se poursuivait dans les souterrains du banditisme. Il nia fermement et écrivit bientôt à la présidence, aux services de sécurité locaux, et porta plainte pour diffamation, criant haut et fort qu’il s’agissait d’une manœuvre politique pour le discréditer. Bien que la production de crypto-monnaies ait été interdite en Abkhazie, des réseaux clandestins poursuivirent leurs activités, et le nom d’Adgour Ardzinba a réapparu sur le devant de la scène. Il fut démasqué dans cette activité, et il fut bientôt prouvé qu’il était toujours derrière toute une organisation mafieuse autour de la crypto-monnaie. L’enquête dévoila qu’il avait étendu son réseau à l’international, et s’intéressait particulièrement à la France, comme un champ d’activité (août 2024).

Il prit immédiatement la fuite, selon les uns en Russie, selon d’autres en Turquie et selon les derniers en Europe occidentale. Il tenta de renommer plusieurs de ces canaux Telegram, où il officiait sous des pseudonymes, mais fut démasqué par son ID (le code et trace d’identification lié à la personne derrière des canaux Telegram). L’analyse de ses activités démontra que l’homme était déjà à l’action dans des magouilles de crypto-monnaies et leur vente à Paris. L’affaire devînt cocasse lorsqu’il fut révélé que lors d’un meeting politique d’Agdour Ardzinba, un journaliste du nom de Tsvizhba, qui avait posé une question embarrassante, fut enlevé et disparu corps et bien. En pleine conférence, l’homme avait demandé « pourquoi il était appelé et qualifié en Abkhazie de « parasite » ». Agressé par les partisans d’Ardzinba dans la salle du meeting, il avait été expulsé manu militari et ne fut plus jamais revu vivant. Le canal AMPA-Life a dernièrement publié l’information, que le cousin d’Ardzinba, un certain Adamir Patchoulia, alias Patchakha était impliqué dans sa disparition. Il réapparut toutefois soudainement au moment des troubles politiques qui ont fait sauter l’ancien gouvernement abkhaze et est suspecté d’avoir fomenté ces derniers pour tenter de s’installer dans le siège de président. Ce mauvais roman se poursuivra peut-être car Ardzinba n’a pas oublié… d’être candidat à la nouvelle élection présidentielle qui se déroulera en Abkhazie (2025) suite aux émeutes qui se sont déroulées dans le pays (15-19 novembre 2024). Le Bernard Tapie Abkhaze pourrait bien faire parler de nouveau de lui !

Le petit dictionnaire d’Abkhazie. Pour ceux qui veulent aller plus loin et mieux comprendre le sujet de cette minuscule république d’Abkhazie, pour le moins méconnue pour le public francophone, voici un petit dictionnaire qui vous éclairera en quelques biographies et fiches, sur les problèmes de l’Abkhazie, son histoire, les enjeux et quelques personnages d’envergure. La biographie de tous les présidents abkhazes est présentée, car dans leur ensemble elles éclairent le problème abkhaze : un fort sentiment national, des problématiques économiques prégnantes qui impactent le pays, une instabilité politique chronique et une très riche vie démocratique (avec manifestations et mini-révolutions). Plusieurs courants politiques existent, en partant des nationalistes opposés à l’intégration dans la Russie, jusqu’aux partisans de cette intégration.

Abkhazie (guerre d’, 1992-1993), conflit qui éclata suite à l’accumulation de tensions régionales, notamment en Géorgie. L’affaire prenait ses sources dans la Guerre Civile russe, avec la destruction d’une république géorgienne fondée par des mencheviks (1918-1919), qui fut détruite par l’Armée Rouge. Suite aux répressions lancées par un commissaire politique envoyée par Moscou (un certain Joseph Djougachvili… alias Staline), débordant largement le cadre de sa mission, une insurrection avait éclaté dans le pays (1922-1924), durement réprimée. Dans ce contexte, dans l’impossibilité de fonder une république unie soviétique du Caucase (se heurtant en fait aux différents nationalismes locaux), plusieurs républiques furent donc fondée, dont une d’Abkhazie (1925-1931). Des territoires historiquement géorgiens furent alors séparés et intégrés dans la Russie soviétique (eux-mêmes abritant des minorités et petits peuples du Caucase, comme les Ossètes par exemple). Staline décida plus tard la fin de la RSS abkhaze (1931). Maîtrisés durant la période soviétique, ces problèmes frontaliers et de revendications nationalistes resurgirent à l’écroulement de l’URSS. Des nationalistes abkhazes réclamèrent leur indépendance (dès 1989), qui explosa ensuite en guerre civile entre Géorgiens, et contre dans deux guerres contre des séparatistes abkhazes et ossètes. Les Géorgiens furent bientôt vaincus aux batailles de Gagra et Soukhoumi (octobre 1992 et mars 1993). la guerre se termina par une médiation de l’ONU et de la Russie, mais ne fut jamais terminée par un traité de paix. Le résultat fut la fondation d’une République autoproclamée d’Abkhazie (fin 1994), qui ne fut reconnue que par une poignée d’états (dont la Russie). Les Occidentaux ont depuis lors crié aux loups, que ce territoire était « occupé » illégalement « par la Russie ».

Abkhazie (guerre d’, 1998), ou Guerre des Six jours, conflit éclair où la Géorgie se cachant derrière des ultranationalistes, des groupes terroristes et de saboteurs (Légion Blanche et Frères de la Forêt), se lança dans une offensive subite sur l’Abkhazie, dont l’enjeu était le contrôle de la ville de Gali. Avec la médiation internationale, la Géorgie vaincue s’engagea à ne plus soutenir en sous-main de groupes terroristes sur le territoire des Abkhazes, qui en échange devaient respecter les populations des alentours de Gali. Cette ville tomba entièrement aux mains des Abkhazes, une partie de la population pris la fuite. En Occident, une fois de plus, la Russie fut accusée d’attiser les braises et de pousser les Abkhazes.

Abkhazie (République d’, 1994-à nos jours), dont la date de fondation officielle et celle de sa séparation unilatérale d’avec la Géorgie (juillet 1992). Après la défaite totale des Géorgiens et leur expulsion définitive du territoire abkhaze (30 septembre 1993), l’Abkhazie proclama son indépendance et une nouvelle constitution (26 novembre 1994). La Géorgie refusa ce fait accompli et l’Occident refusa à la fois le choix démocratique des Abkhazes et le résultat des armes (jusqu’à ce jour). Depuis lors, malgré la défaite, la Géorgie refusa de reconnaître l’indépendance des Abkhazes et forma une administration illégale pour gérer un territoire qui l’avait rejeté par les armes. Après l’agression géorgienne de l’Ossétie du Sud et de la Russie (2008), le Président Medvedev a signé les décrets de reconnaissance de la République d’Abkhazie (26 août 2008). La Fédération de Russie y a alors installé une base militaire (2009), puis a signé un traité d’alliance (2014-2024). L’année suivante un traité de coopération fut signé avec la Russie, allouant des fonds pour aider à développer le pays (2015-2017). La République d’Abkhazie a été secoué à plusieurs reprises par des troubles politiques et des manifestations, qui ont à chaque fois obligés les gouvernements à se retirer et déclenchant de nouvelles élections démocratiques (notamment en 2014 et 2024). Du point de vue de la démographie, le pays comprend une modeste population d’environ 245 000 habitants, avec de grosses minorités de Géorgiens (18 %), d’Arméniens(17 %) et de Russes (9 %). Le principal atout de la République est le tourisme, destination appréciée de très longue date, dès avant l’époque soviétique dans le monde slave et bien au-delà. Le pays possède une façade sur la Mer Noire, avec l’atout des montagnes du Caucase, et des joyaux comme la ville de Soukhoumi, ou le lac de Ritsa.

Alexander Ankvab (1952-), originaire de Soukhoumi, Abkhazie, il entra dans les Komsomols, et fit une carrière dans la police (1975), et dans les organes et l’administration du PC (1981-1983). Nommé colonel, il fut aussi placé au poste de vice-ministre de l’Intérieur de la République soviétique de Géorgie (1984-1990). Il démissionna et prit le parti de l’indépendance de l’Abkhazie (1990), bientôt élu au Parlement abkhaze (1991), puis nommé Ministre de l’Intérieur (1992-1993). Il échoua à assurer la sécurité de personnalités pro-Géorgie, après la prise de Soukhoumi, et fut démis de ses fonctions (1993). Il s’installa ensuite à Moscou (1994), cadre dans une société de sécurité. Il fit un retour remarqué en Abkhazie (2003), avec des ambitions politiques et fonda le mouvement ABH (Aitaira). Il aurait souhaiter se présenter à l’élection présidentielle l’année suivante, mais se rangeant derrière Bagapch (2005). A son élection, il fut immédiatement nommé Premier ministre (2005-2011), et à la mort de ce dernier, également très populaire, il remporta l’élection présidentielle (2011-2014). Une crise politique éclata dans le pays, sa popularité s’étant effondré suite à des problèmes économiques insolvables dans le pays. Des émeutes violentes éclatèrent au point que des bâtiments officiels furent envahis et occupés par des manifestants (27 mai-1er juin 2014). Se refusant à employer la force, il préféra démissionner (1er juin 2014). Il préféra s’installer à Moscou (2014-2017). Il réussit à faire son retour en politique, élu au Parlement abkhaze (2017), et fut plus tard nommé Premier ministre (2020-2024). Il démissionna de son poste en même temps que le président, lors des manifestations de l’automne dernier (19 novembre 2024). Les analystes considèrent que ce dernier coup du sort a mit fin à sa carrière politique.

Adgour Ardzinba (1981-), originaire d’Abkhazie, il fit des études supérieures en génie civil (2001-2007), puis en économie (2007-2009), avant d’être nommé maître de conférence à l’université d’Abkhazie (2010). Il devînt conseiller économique dans le Comité National des douanes (2011-2013), et fut recruté par le Ministère de l’Économie, chef de département (2012-2015). Il intégra l’Académie russe de la fonction publique pour renforcer ses connaissances (2013). Il remporta le Prix national de Jeune Leader, dans la catégorie « du meilleur économiste » (2014). Il fut nommé Ministre de l’Économie (2015-2019), et engagea immédiatement le pays dans la création d’une crypto-monnaie abkhaze. Il affirmait à l’époque que « l’avantage de ce marché de la crypto-monnaie est lié au fait que tout citoyen dans le monde entier peut investir dans notre économie, sans craindre des sanctions ou des limitations qui sont imposées par la communauté internationale » (2015-2017). Il conduisit vite le pays dans une impasse, demanda son soutien à la Russie dans son projet de crypto-monnaie (ce qui lui fut refusé), menaçant de faire exploser la petite république par une production effrénée de crypto-monnaies, avec de très graves conséquences. Il s’éleva au poste de vice-premier ministre, en conservant son poste de ministre (2019-2020). A la même époque, il suivit des cours à la London School of Economics and Political Science et fut sans doute approché par les Occidentaux (2019). Il envisagea une plus grande carrière politique et se présenta à l’élection présidentielle (2020), chef d’un mouvement citoyen et libéral, il réussit à se hisser à la 2e position (35,42 % des voix). Il fit campagne sur un programme libéral, de modernisation et de lutte contre la corruption, mais fut largement battu au second tour. Il entra ensuite dans l’opposition, prenant la tête du Mouvement Populaire Abhkaze (octobre 2020). Il s’attaqua au nouveau gouvernement et dénonça la détérioration des relations entre la Russie et l’Abkhazie. Il est considéré comme étant derrière les troubles politiques qui sont apparus en novembre dernier (2024), et immédiatement après présenta sa candidature à la présidence d’Abkhazie. Le feuilleton se poursuit, il existe de grands risques s’il parvenait à ses fins qu’il reprenne son projet de transformer l’Abkhazie en république crypto-mafieuse.

Vladislav Ardzinba (1945-2010), originaire d’Escher, région de Soukhoumi, Abkhazie, fils d’un vétéran de la Grande Guerre patriotique. Il fit des études supérieures en histoire (diplômé, 1966), et défendit plus tard deux doctorats (1969 et 1985). Il devînt le directeur de l’Institut de langue, de littérature et d’histoire de l’Abkazie (1988). Il s’engagea en politique durant l’époque soviétique, et fut élu député du Peuple (1989-1991). Il fut nommé Président du Soviet Suprême de la République soviétique d’Abkhazie (1990), et fut commandant en chef de l’armée abkhaze durant la guerre contre la Géorgie (1992-1993). Après avoir tenu en échec les forces géorgiennes, des négociations et un statu quo permirent la proclamation d’une République d’Abkhazie (26 novembre 1994). Il en fut élu le premier président. Malgré les pressions, y compris de certains milieux politiques en Russie, sans parler de l’internationale, il refusa de céder à la Géorgie, et le règlement du conflit s’enlisa dans des négociations à l’ONU. Il rencontra le président géorgien Chevardnaze à Tbilissi (1997), où il maintînt la position d’indépendance de l’Abkhazie. Il fut élu de nouveau président par une première élection au suffrage universel (1999). Sous sa direction le pays ravagé par la guerre, et en proie à la corruption et au banditisme ne put se relever, provoquant l’apparition d’une opposition de plus en plus forte (2000-2002). Malade, il annonça son intention de démissionner (2004), et transféra ses pouvoirs au vice-président (12 février 2005). Il mourut ensuite de sa longue maladie en 2010.

Sergeï Bagapch (1949-2011), originaire de Soukhoumi, Abkhazie, il fit des études supérieures en agronomie et économie, et devînt chez du département agronomique d’un grand kolkhoze (1972). Après son service militaire (1973-1974), il travailla dans les Komsomols, puis fit une carrière politique, encarté au Parti communiste (1978-1989). Il devînt une grosse huile du parti, Premier Secrétaire pour le République soviétique de Géorgie (1982). Il fut l’un des chauds partisans de l’indépendance de l’Abkazie, blessé au cou dans des affrontements et émeutes contre les nationalistes géorgiens (1989). Il fut exclu du parti, mais il devînt le vice-président du Conseil des Ministres de la République d’Abkhazie (1992), et fut l’un des phares des indépendantistes abkhazes, considéré également comme modéré, il chercha le dialogue avec la Géorgie. Il nommé vice-premier ministre (1995-1997), puis Premier ministre (1997-1999). Il annonça ensuite prendre sa retraite, mais revint au premier plan, lors de la crise politique de 2004. Il se présenta à l’élection présidentielle, et fut élu au premier tour (2005-2009). Il fut le président de la crise de la guerre de 2008, lorsque la Géorgie agressa l’Ossétie et déclencha la réaction russe. Il manœuvra habilement pour faire reconnaître la même année la République d’Abkhazie par la Fédération de Russie. Il travailla ensuite à faire reconnaître le pays par d’autres nations, obtenant l’aval de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua (2010-2011). Il fut réélu sans problème à son siège (2009-2011), mais malade il décéda lors de son deuxième mandat, le 29 mai 2011.

Blockchain consulting (société), spécialisée dans les crypto-monnaies et travaillant avec une foule d’autres sociétés du genre dans le monde entier. La société est implantée avec des bureaux à Londres (Royaume-Uni), à Tallinn (Estonie, UE) et enfin à Dubaï (Emirats Arabes Unis). Elle affiche des partenariats et des experts dans le monde entier, donnant une très longue liste de partenaires : Ventures (USA), Crypto-com (Singapoure), Sequoia (USA), Pantera (USA), A+ventures (USA), Gate.io (Chine), Shima capital (menant vers un groupe de traders internationaux), Binance Labs (menant vers une des principales plateformes de Blockchain), VNTR (communauté, menant à plus de 40 pays), Kucoin (Seychelles), Consensys (USA, fort Worth) et bien d’autres.

Aslan Brzania (1963-), originaire d’un village d’Abkhazie, il fit des études supérieures d’ingénieur (1980-1985), puis travailla comme cadre dans différents structures et usines. Il entra à l’école du KGB (1991-1992), puis servit dans les services de sécurité des insurgés abkhazes, puis de la jeune république (1992-1999). Il se lança dans l’entreprenariat et les affaires (1999-2008), et entra dans le MAE d’Abkhazie (2009), conseiller économique auprès de l’ambassade à Moscou. Il fut nommé chef des services de sécurité (2010). Il se lança ensuite en politique, il échoua à la présidentielle (2014), devenant président du bloc d’opposition (2015), et fut élu député (2017), puis Président de la République (2020). Il fut mis en difficulté après avoir signé un accord commercial accordant des avantages aux investisseurs russes en Abkhazie (30 octobre 2024). Cet accord embrasa l’opinion publique, déclenchant des manifestations importantes, et l’irruption de manifestants dans le parlement abkhaze (15 novembre). Quatre jours plus tard, sous la pression populaire, il préféra démissionner (19 novembre). Il était considéré comme l’un des plus chauds partisans de l’intégration de la République d’Abkhazie dans la Fédération de Russie.

Badra Gouba (1981-), originaire de la région de Soukhoumi, il vit des études supérieures en gestion et audit (2003), et entra dans la fonction publique en Russie, dans l’administration de la ville de Saratov (2003-2006). Il soutînt un doctorat en économie et gestion (2007), et revînt en Abkhazie. Il fut embauché comme assistant juridique dans le Cabinet des Ministres de la république (2007-2009), et fut nommé vice-ministre de la Culture (20009-2011), puis Ministre à ce poste (2011-2014). Il fut nommé vice-président de la République d’Abkhazie (2020-à nos jours), et c’est lui qui assure l’intérim de la Présidence depuis la démission de Brzania (19 novembre 2019).

Raoul Khadjimba (1958-), originaire d’Abkhazie, il fit des études professionnelles, puis effectua son service militaire (1976-1978). Modeste employé, il fit des études supérieures en droit, et entra à l’école du KGB, à Minsk (1984-1986). Il fut envoyé en poste en Abkhazie (1986-1992). Il prit le parti des indépendantistes, et fut nommé chef du renseignement militaire (1992-1993), puis chef des services de sécurité (1993-1995). Il fut nommé à la tête de la lutte contre la contrebande, dans les douanes (1996-1998), et par la suite vice-président de cette institution (1998-1999). Il revînt à la tête des services de sécurité (1999-2001), et s’engagea en politique. Il fut nommé vice-Premier ministre d’Abkhazie (2001-2002), et Ministre de la Défense (2002-2003). Il accéda au poste de Premier ministre (2003-2004), et se présenta à la présidence à la démission d’Ardzinba (2004). Il fut largement battu, et entrant dans l’opposition, il tenta d’attiser des troubles et des manifestations déclenchant une grave crise politique (2005). Une nouvelle élection présidentielle fut organisée, qui consacra de nouveau sa défaite, il préféra alors accepter le résultat (12 janvier). Il fut immédiatement nommé par son adversaire comme vice-président (2005-2009). Il tenta de nouveau d’arracher le siège présidentiel (2009), et fut battu encore plus sévèrement. Mis sur la touche, il se présenta de nouveau après la mort du Président Bagapch (2011). Il n’arriva qu’en 3e position et entra dans l’opposition, tentant d’organiser des manifestations et protestations. Il attisa les braises du mécontentement jusqu’à la crise de 2014. Après la démission du président et de son équipe, auréolé de son rôle d’opposant, il fut élu d’une courte tête à la présidence de l’Abkhazie (2014-2019). C’est sous sa présidence que furent lancées les fermes à crypto-monnaies. Il se représenta à son siège (2020), mais malgré qu’il soit en tête (47,39 % des voix contre 46,17 % des voix), n’ayant pas la majorité absolu, l’élection fut invalidée selon le Constitution abkhaze, déclenchant une nouvelle crise politique et des manifestations. Il préféra reculer face au danger de chaos dans le pays, et donna sa démission, sans se représenter (12 janvier 2020). Il n’a pas joué ensuite de nouveau rôle politique.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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