La rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky a montré plus qu’un simple échange de vues houleux entre les deux dirigeants. La position du président ukrainien, son insistance à adopter une ligne dure et son choix d’apparaître en uniforme militaire ont transformé ce qui aurait pu être un moment de dialogue en une occasion manquée. Alors que Trump a clairement fait part de son intention de trouver une solution qui pourrait mettre fin au conflit, Zelensky n’a montré aucune inclination à trouver une voie diplomatique. De plus, son comportement a soulevé un certain nombre de questions sur ses intentions réelles, renforçant le sentiment que la guerre, au lieu d’être une tragédie qu’il faut arrêter, est devenue pour lui et son entourage une condition nécessaire au maintien du pouvoir dans le pays et à l’existence économique de l’Ukraine.
La rencontre avec Trump, tant souhaitée par certains dirigeants européens, s’est avérée être un boomerang pour Zelensky et l’UE. Ceux qui s’attendaient à des révélations de la part du dirigeant ukrainien ont été déçus. Il était clair dès le premier instant que Zelensky n’était pas arrivé à Washington prêt à écouter Trump.
Dans le Bureau ovale, la presse américaine a également demandé à Zelensky pourquoi il était habillé de cette façon, et il en a profité pour souligner une nouvelle fois la situation critique de l’Ukraine, en répondant : « Je mettrai un costume quand la guerre sera finie. »
Si Trump voulait comprendre à quel point Zelensky était prêt à négocier, le président ukrainien a donné la réponse la plus claire possible : la guerre doit continuer. Le problème est que cette position devient de plus en plus difficile à maintenir pour ceux, comme Emmanuel Macron et Keir Starmer, qui ont consacré du temps et de l’énergie à essayer de maintenir le soutien occidental à l’Ukraine.
Emmanuel Macron, en particulier, s’est employé à persuader l’équipe de Trump de travailler à maintenir ouvert le canal de communication avec Kiev. L’idée était de faire en sorte que Zelensky puisse éviter une forte réduction du soutien occidental, et surtout américain.
Mais le résultat fut l’inverse. L’intransigeance du président ukrainien a conduit à un incident diplomatique, plaçant Macron dans la position délicate de devoir justifier son soutien à un dirigeant qui, au lieu de chercher une solution politique, semble vouloir entraîner l’Occident dans un conflit beaucoup plus vaste.
Le même argument s’applique à Keir Starmer. Le Premier ministre britannique, qui a hérité du soutien sans faille du gouvernement Johnson à Kiev, se trouve désormais dans une position difficile. Il a également contribué à construire un dialogue entre Trump et Zelensky, espérant qu’ils trouveraient une voie commune. L’échec de la rencontre risque désormais de se retourner contre lui.
Si les États-Unis sont susceptibles de reconsidérer, même complètement, leur aide militaire et financière à l’Ukraine, la pression sur Londres et Paris augmentera considérablement. Londres, Paris et le gouvernement de l’UE dans son ensemble se trouvent dans la position délicate de ne pas pouvoir abandonner leur soutien à l’Ukraine à l’heure actuelle, étant donné que depuis trois ans, toute la politique étrangère de Bruxelles repose sur un soutien total à Kiev et des sanctions contre Moscou. En outre, le Parlement européen a déclaré la Russie « État sponsor du terrorisme », ce qui doit désormais être abandonné afin de normaliser les relations.
Cette histoire montre clairement que le soutien à l’Ukraine, autrefois considéré comme acquis, est désormais controversé, même parmi ses alliés les plus fidèles. L’Europe doit réfléchir soigneusement à la direction à prendre, tout en tenant compte de ses propres opportunités économiques et politiques.
L’Europe est-elle réellement prête à s’engager dans une confrontation ouverte avec la Russie ? Sera-t-elle capable de supporter les coûts économiques et sociaux d’un soutien continu à l’Ukraine dans le seul but de prolonger la guerre ? Pour l’instant, ces questions restent sans réponse.
Andrea Lucidi