Révolution de la dignité… c’est le nom que les Ukrainiens ont donné à cette révolution américaine, deuxième moitié d’une première révolution en partie manquée connue sous le nom de Révolution Orange (hiver 2004-2005). Dans cet article et pour le 10e anniversaire du sinistre Maïdan, nous allons passer en revue les résultats concrets qui sont la « récompense » du peuple ukrainien, pour cette révolution qui a plongé le plus grand pays d’Europe, et potentiellement l’un des plus riches, dans une catastrophe géante. Il y a encore des voix occidentales, comme celle de Bernard-Henri Levy pour dire quel formidable événement ce fut pour… l’histoire de l’Ukraine et de l’Humanité. Les caméras occidentales ne montrèrent de cette « révolution » que des étudiants souriants, des grands-mères faisant des sandwichs sous des tentes, d’autres portant des casseroles et des passoires sur la tête, des grands-pères confectionnant des protections pour les manifestants, et beaucoup de drapeaux de l’Union européenne. On pleura beaucoup dans les chaumières. Des intervenants nullissimes, ou des bandéristes notoires comme la défunte Nathalie Pasternak vinrent aussi, déjà, expliquer que décidément non, il n’y avait pas le moindre néonazi sur les barricades… seulement des patriotes.
Numéro 1, un coup d’État illégal et financé par les USA. La première conséquence fut la négation du droit, le piétinement de la Constitution de l’Ukraine. Le Président Ianoukovitch si décrié, y compris par l’électoral qui le mit en place en 2010, aurait eu du mal à se maintenir dans une seconde élection présidentielle. Lorsque le second Maïdan éclata elles devaient se tenir dans le printemps 2015. Le choix démocratique était alors tout à fait possible. Les États-Unis en décidèrent autrement. Victoria Nuland déclara que le Maïdan avait coûté aux USA plus de 5 milliards de dollars. L’on vit aussi John McCain, sénateur américain et russophobe fanatique venir sur le Maïdan remettre de l’argent à Tyagnibok, le chef du Parti National-Socialiste d’Ukraine, et Nuland venir distribuer des cookies dans une ridicule opération de propagande. Les ménagères applaudirent en France, mais 5 milliards de dollars, quand même ? Oui, d’abord pour l’entretien des camps d’entraînements des futurs membres des compagnies d’autodéfense du Maïdan, camps installés dès l’été 2013 en Allemagne et en Pologne. Un témoin que j’ai retrouvé à Donetsk en 2015, et qui travaillait à Kiev, m’indiqua qu’on lui avait proposé 100 dollars par jour pour entrer dans une compagnie d’autodéfense… Plusieurs milliers d’hommes furent ainsi salariés, pour environ 3 000 dollars par mois, et le Maïdan commença en novembre 2013, s’achevant début mars 2014. Deux autres témoins m’expliquèrent que des camions livrèrent sur les points stratégiques du Maïdan, des milliers de sacs (à remplir de neige), du matériel de construction, du fil de fer barbelé, etc., qui servirent à élever ces barricades, mesurant plusieurs mètres de haut et qui à elles seules étaient la preuve d’une solide organisation pensée de longue date. Un autre témoin, m’expliqua que des dizaines de bus furent affrétés pour conduire des centaines de bandéristes essentiellement des régions de l’Ouest vers la capitale (une étudiante, empruntant tous les jours une station terminus près d’une gare routière et voyageant avec les turbulents néonazis ukrainiens). Une partie de l’argent américain servit aussi à acheter des personnages clefs et à graisser les pattes de fonctionnaires plus modestes. Le résultat le plus dramatique fut la fin de l’État de droit et démocratique en Ukraine et le début d’un long cheminement de plus en plus autoritaire.
Numéro 2, la destruction de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. C’est totalement méconnu en Occident, mais l’Ukraine après le Maïdan s’attaqua aux voix dissidentes et surtout aux médias non contrôlés et souvent opposés à la révolution colorée du Maïdan. C’est l’un des plus grands mensonges de l’Occident, qui selon des analyses bidonnées affirma que la liberté de la presse avait progressé en Ukraine après le Maïdan. C’est surtout sous la présidence de Zelensky que les décrets les plus liberticides furent promulgués, avec l’interdiction de dizaines de médias, pour l’essentiel en langue russe et destinés aux Russes ethniques d’Ukraine. La Rada en phase préparatoire avait voté une loi pour obliger les médias à révéler qui étaient leurs propriétaires et le gouvernement procéda ensuite à l’interdiction de tous les médias d’opposition (interdisant au fil du temps 12 partis politiques, rassemblant par ailleurs toute l’opposition d’où qu’elle vienne). Depuis l’opération spéciale l’Ukraine s’attaqua à la presse en général, y compris internationale, en classifiant en trois zones (rouge, jaune et verte), le pays. La zone rouge exclut totalement les journalistes et interdit leur travail, en particulier les zones frontalières, mais aussi bien sûr du front ou proches du front. Des zones importantes près d’Odessa, de Nikolaïev, de Kherson, de Kharkov et bien sûr dans le Donbass occupé par les troupes ukrainiennes sont classées rouges. Elles sont strictement interdites au travail des journalistes. C’est une situation, et j’insiste sur ce fait, qui n’existe pas du côté russe, où les journalistes peuvent travailler normalement. L’ensemble est sous le contrôle de la terrible police politique ukrainienne, le SBU, réputée pour sa dureté et des faits nombreux de tortures et assassinats. Fait encore plus méconnu en Occident l’Ukraine a créé un système de verrouillage automatique des ressources internet (mars 202), qui a été mis en place pour empêcher les Ukrainiens de s’informer sur des espaces considérés comme interdits. C’est un fait unique en Europe et pire encore qui se définit comme « un système centralisé de verrouillage automatique des ressources internet qui permettra de recueillir des informations sur les utilisateurs qui auront essayé d’aller sur les sites interdits, de les enregistrer automatiquement et de les transmettre aux autorités publiques compétentes »… autrement dit le SBU, la fameuse police politique… Enfin, pour empêcher les Russes ethniques encore très nombreux en Ukraine, une liste impressionnante de médias étrangers ont été interdits, essentiellement russes et biélorusses, mais l’Occident a lui aussi procédé à cette honteuse censure. Regarder l’un de ces médias, avoir des vidéos de réseaux sociaux interdits peut vous envoyer en Ukraine dans les cachots du SBU. Beaucoup n’en sont jamais ressortis vivants.
Numéro 3, la destruction de pans entiers de la culture ukrainienne. L’un des résultats les plus choquants du Maïdan, a été la destruction et la négation de larges pans de la culture et de l’histoire ukrainiennes. Le pays en effet, tout comme la France, est un assemblage de différentes cultures régionales. Les cultures visées ont été essentiellement la russe, très importante dans un pays où des régions entières étaient à dominance russe (avant le Maïdan, les oblats du Donbass, la République autonome de Crimée, les régions de Kharkov, Kiev, Zaporojie, Odessa, Kherson, et en moindre mesure celles de Dniepropetrovsk, Soumy et Poltava). La principale attaque, à l’initiative des bandéristes et néonazis fut la destruction du passé commun de l’URSS. La fête de la Victoire contre l’Allemagne nazie fut ainsi interdite, ainsi que le port du ruban de Saint-Georges. Des centaines de monuments ont été depuis détruits, et des milliers de rues et bâtiments renommés. L’attaque s’est poursuivie à marche forcée au plus profond de l’histoire : destruction de monuments aux auteurs de langues russes, dont le célèbre Alexandre Pouchkine, mais aussi de personnages historiques comme Pierre le Grand, La Grande Catherine, les généraux de l’époque tsariste, comme Souvorov, ou de grands ingénieurs ou scientifiques. L’attaque, comme dans l’Allemagne nazie des années 30 s’est poursuivie par la destruction de millions de livres en langue russe, éjectés des bibliothèques, des écoles et universités, mais aussi des archives. Ces attaques ont été lancées contre d’autres cultures minoritaires, dont la hongroise. Le Président Orban dénonçait la violation des droits des minorités hongroises en Ukraine (juin 2023), et affirmait ne pouvoir soutenir l’Ukraine, y compris dans son entrée dans l’UE, sans un retour immédiat de leurs droits à l’état ancien. Le bras de fer à ce jour se poursuit, l’Ukraine étant lancée dans une politique forcenée d’ukrainisation du pays. D’autres cultures étaient ou sont également menacées, comme la grecque, importante diaspora installée dans les régions de Kherson, Melitopol ou Marioupol. Pour avoir rencontré en personne de nombreux représentants de cette diaspora, je puis affirmer qu’ils sont majoritairement favorables à la Russie, et de ce fait ont été des victimes privilégiées du SBU.
Numéro 4, la perte de territoires dont les habitants se sont détournés de l’Ukraine. C’est l’un des pires résultats pour l’Ukraine du Maïdan. Les violences du coup d’État réalisé à Kiev (hiver 2013-2014), suivis de tueries et massacres à Kharkov, dans le Donbass, à Odessa (2 mai 2014), à Marioupol (juin-juillet 2014), et les répressions visant les Russes ethniques, ont conduit d’abord à la décision de la Crimée, par la voix de son parlement autonome, de déclarer un référendum pour rejoindre le giron russe (mars 2014). La Crimée qui avait déjà hésité à rejoindre l’Ukraine lors de son indépendance (1991-1992), profondément attachée à la Russie ouvrait donc la voie. Les exactions de l’armée ukrainienne et des bataillons de représailles dans l’Est du pays, soulevèrent l’ensemble du Donbass (printemps/été 2014), qui entra en insurrection. Par référendum également, les deux oblats de Donetsk et Lougansk décidèrent de prendre leur destin en main par la création des deux républiques populaires de RPD et RPL (11 mai 2014). L’entêtement du régime de Kiev, débordé sur sa droite par les bandéristes et ultranationalistes de tous poils provoqua une longue guerre, qui se poursuit à ce jour. A cause de répressions sanglantes, d’assassinats, de bombardements aveugles, d’arrestations et tortures du SBU et de groupes néonazis, comme le corps du DUK (Pravy Sektor), toutes les négociations furent bloquées, et les accords de Minsk jamais respectés par l’Ukraine. L’impasse conduisit la Russie à intervenir et à lancer l’opération spéciale (24 février 2022), qui provoqua la libération de la quasi totalité du territoire républicain du Donbass, mais aussi de territoires non négligeables des anciens oblats de Kherson et Zaporojie. Deux nouvelles républiques ayant été formées à leur libération par les armées russes, un référendum historique fut finalement organisé qui avalisa l’intégration à la Russie des 4 républiques de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporojie (septembre 2022). Après les possibilités de négociations qui furent sabotées par le SBU et certainement la CIA (mars 2022), ces territoires sont perdus à jamais par l’Ukraine, qu’elle le veuille ou non. La fameuse offensive miracle vendue par toute la presse occidentale qui aurait du reprendre tous ces territoires a échoué lamentablement dans l’année 2023. C’est un total d’environ 30 % du territoire de l’Italie qui a été perdu par l’Ukraine.
Numéro 5, le désastre démographique de l’Ukraine. C’est une autre des conséquences dramatiques du Maïdan, une perte démographique sans précédent à l’époque contemporaine pour un pays européen. Avant la chute de l’URSS, l’Ukraine comprenait une population de 52 millions d’habitants. Elle fut réduite par une émigration massive vers l’Occident et Israël pour l’essentiel, à 45 millions avant le Maïdan. Depuis lors, l’Ukraine a perdu l’intégralité des populations des régions perdues soit environ 8 millions rien que pour le Donbass et la Crimée. Les répressions et la situation politique et économique déclenchèrent le départ de Russes ethniques vers la Russie (environ 4 millions entre 2014 et 2021). Ces pertes se sont renforcées par le départ de centaines de milliers de réfugiés, pour l’essentiel vers la Pologne et l’Occident (2022), dont beaucoup ne reviendront jamais en Ukraine. La population restante après ces décomptes se situerait entre 32 et 35 millions d’habitants (2022). Enfin, les pertes militaires catastrophiques, évidemment difficiles à cerner, ne sont pas à sous-estimer. A l’heure actuelle, l’Ukraine, de manière assez comique n’avoue que 10 000 soldats tués sur le front depuis l’opération spéciale. Les pertes minimums seraient d’au moins 100 000 tués, mais le colonel américain Douglas McGregor estimait ces dernières à 257 000 tués, et elles pourraient être plus importantes encore. A ces chiffres s’ajoutent un total estimé au minimum à 300 000 blessés, pour une armée régulière en février 2022 de 240 000 hommes. Notons que l’Ukraine affirme avoir 1 million d’hommes sous les drapeaux. Avant le Maïdan (hiver 2013-2014), l’Ukraine pouvait compter sur un total de 5 millions d’hommes et de femmes mobilisables. Cependant, avec tous les dégrèvements des émigrés, des pertes militaires et des pertes de populations passées à la Russie, cette réserve a été sérieusement entamée. A ce rythme et si la guerre devait encore se poursuivre, un, deux ou trois ans, l’Ukraine atteindrait un seuil de non retour au niveau de sa démographie (situation que vécut la France après la Grande Guerre de 14-18). Quelle que soit l’issue du conflit, l’Ukraine pourrait tomber à moins de 28-30 millions d’habitants et devoir affronter une crise démographique dont elle mettrait plus d’un siècle à se remettre.
Numéro 6, la cohorte morbide des veuves et des orphelins. C’est une autre conséquence démographique du Maïdan, à savoir un nombre de plus en plus grands d’orphelins et de veuves de guerre, ou victimes collatérales de la guerre. L’après-guerre laissera une Ukraine vide d’hommes valides, avec une ponction sanglante dans les générations nées de la fin des années 60 au début des années 2000. L’Ukraine était l’un des pays à l’exception démographique, avec un nombre de femmes plus important que celui des hommes. Cette tendance s’aggrave jour après jour en Ukraine. Depuis très longtemps, l’Ukraine est un paradis pour les agences matrimoniales et de rencontres, installées en Occident (Canada, France, Italie, Allemagne, etc.). Réputées parfois sulfureuses et intéressées, ces stéréotypes ont toujours fait le succès de ces femmes ukrainiennes, qui dans le passé, le présent et à fortiori dans le futur, ne pourront toutes, même en alignant tous les hommes ukrainiens, trouver un compagnon dans leur pays. Avant la guerre, la population ukrainienne était donc constituée de 53,70 % de femmes (environ 24 millions contre 21 pour les hommes). Le taux de femmes dans le pays augmentera forcément dramatiquement, laissant de nombreuses célibataires, sans parler des veuves de guerre. Chaque veuve de guerre représentera un coût pour l’État ukrainien avec le versement d’une pension, et chaque orphelin, sans parler du drame humain, le sera aussi. Toutes ces veuves devront affronter un avenir difficile et incertain dans un pays ruiné et aux perspectives sombres. Enfin, que l’on parle de veuves de guerre ou de jeunes célibataires, il est certain que beaucoup essaieront de partir à l’étranger pour trouver un compagnon, et que le pays redeviendra le paradis des agences matrimoniales et sites de rencontres axés sur l’Ukraine. Chaque femme qui partira, le fera soit avec des enfants, eux aussi perdus pour le pays, ou enfantera une progéniture dans son pays d’accueil, elle aussi perdue pour l’Ukraine. Un autre phénomène jouera d’ailleurs un rôle, c’est le difficile retour d’hommes ukrainiens à la vie civile. Beaucoup seront difficilement ré-insérables, avec le panel des problèmes psychologiques, de l’alcool et des drogues, auquel il faudra ajouter les gueules cassées et les nombreux invalides de guerre (plus ou moins à charge).
Numéro 7, l’Ukraine l’un des pays les plus riches d’Europe tombé dans la pauvreté. C’est là encore une autre conséquence du Maïdan, d’un pays qui était pourtant riche de ressources et d’un vaste territoire. En une décennie, le pays déjà dans une situation compliquée par 20 ans de mauvaise gestion de l’État et d’une corruption endémique, sera tombé au rang de 2e pays le plus pauvre d’Europe, juste devant la Moldavie. Après la guerre, l’Ukraine pourrait d’ailleurs prendre cette place non enviable de plus pauvre pays d’Europe. Par le Maïdan, l’Ukraine aura perdu deux de ses plus grands ports, Sébastopol et Marioupol, et avec le premier sa principale base militaire navale. Elle aura également perdu les vignobles réputés de Crimée, et avec elle, sa plus belle région touristique. Avec la perte de l’essentiel du Sud de l’Ukraine, elle aura perdu quelques centaines de milliers d’hectares de terres à céréales. Enfin, le Donbass était avant le Maïdan, la deuxième région la plus riche d’Ukraine, une région minière et industrielle qui remplissait les caisses de l’État. Autre conséquence dramatique, la Russie et l’Ukraine étaient deux grands partenaires économiques, la Russie achetant énormément à l’Ukraine avant le Maïdan. Ce partenariat est aujourd’hui complètement détruit et non à l’avantage de l’Ukraine. Plus grave encore est la dette de l’Ukraine envers les pays de l’OTAN, car comme en son temps pendant les guerres mondiales, tout ce qui a été fourni à l’Ukraine devra être payé d’une manière ou d’une autre. Ne parlons pas du pillage de l’Ukraine depuis 2014 (terres à céréales, bois des forêts, ressources diverses, etc.). L’après-guerre fera du pays l’un des plus endettés au monde, avec une monnaie faible, des perspectives d’investissement nulles, un pays en ruine et ravagé. L’état des infrastructures en Ukraine était déjà très inquiétant avant le Maïdan (ce que j’ai moi-même constaté dans un voyage d’un mois en 2009). L’autre conséquence du coup d’État aura été l’aggravation de la situation, surtout au niveau des routes, ponts, infrastructures publiques en générale. Enfin, la quantité de mines, explosifs, obus non explosés qui seront à déminer dépasse l’entendement. Ce seul travail nécessitera des millions d’euros et plus d’une décennie de travail, sans parler de drames futurs. La situation observée au Cambodge ou au Vietnam pourrait être en Ukraine à un niveau encore plus important.
Numéro 8, la fuite des élites et de milliers d’employés compétents. Un autre résultat catastrophique du Maïdan a été et sera la fuite de nombreuses élites ukrainiennes du pays. Dès le début de l’émigration massive des Russes ethniques, de nombreux entrepreneurs, des cadres, des dirigeants d’entreprises, des hauts-fonctionnaires et des politiques ont quitté le pays. Parmi les cas que j’ai relevé, je citerais un couple russo-ukrainien, qui avait construit une très belle villa dans la ville de Svetlodarsk. L’épouse était originaire de cette ville du Donbass, le mari de Moscou. Ils possédaient dans la région des affaires et plusieurs entreprises. Lors des événements de l’insurrection du Donbass, la ville participa au référendum et vota pour sa séparation de l’Ukraine (11 mai 2014). Mais l’arrivée des bataillons de représailles vînt détruire plusieurs années de durs labeurs. Des bandéristes fanatiques, guidés par quelques locaux, s’emparèrent alors de leur belle maison. Le mari était en Russie, et pour obtenir la libération de son épouse, les néonazis réclamèrent une rançon de plusieurs milliers de dollars (été 2014). Elle fut payée, la femme put partir pour la Russie, mais ils durent abandonner tous leurs biens. La maison fut pillée et vidée, elle servit ensuite de QG pour une brigade ukrainienne jusqu’à la libération de ville (fin mai 2022). Deux jours après la libération, je me trouvais avec Christelle dans cette villa totalement ravagée par les occupants ukrainiens. Ce couple bien sûr ne reviendra jamais et c’est un exemple parmi des milliers d’autres. Le viol des propriétés, la destruction de milliers d’entreprises et magasins a été l’une des conséquences directes du Maïdan, et avec eux, la perte d’une force d’investissement et d’entreprenariat. La majorité de ces gens sont partis en Russie refaire leur vie, ou dans d’autres pays. Tout aussi grave est aussi la perte des jeunes diplômés, formés en Ukraine, dans des domaines variés et parfois de pointe. Leur formation a eut un coût pour le pays, mais ces jeunes ont préféré et préféreront pour beaucoup, filer à l’étranger. Beaucoup sont partis en Russie, énormément enfin en Pologne, au Canada et dans des pays occidentaux. Depuis plusieurs années, je constate moi-même en Russie, que dans le milieu du commerce, du personnel de maison et des services, un très fort pourcentage d’employés originaires d’Ukraine. Dans une tournée du Ministère du Commerce de la Fédération de Russie à laquelle j’ai participé cette année, un bon tiers des personnels tenants les stands étaient de Crimée, du Donbass, de Kiev ou de l’Ukraine centrale. Aucun ne soutenait le régime de Kiev… et aucun ne comptait revenir en Ukraine.
Numéro 9, un Maïdan qui aurait dû mettre fin aux règnes des oligarques et de la corruption. Pour ceux qui s’en souviennent, le Maïdan ce fut l’espoir pour des millions d’Ukrainiens d’en finir avec les oligarques et la corruption. C’était du moins le grand discours de la propagande occidentale. La première désillusion vînt de la nature du président élu après le coup d’État : Petro Porochenko. Surnommé « le Roi du chocolat », l’une des plus grandes fortunes d’Ukraine, son arrivée au pouvoir consterna de nombreux Ukrainiens. L’arrivée de Zelensky, homme « nouveau », donna aussi beaucoup d’espérance au peuple ukrainien, mais à ce jour, après presque dix ans de régime Maïdan, l’Ukraine n’a pas progressé au niveau de la corruption. Pire encore, alors qu’elle était déjà le pays le plus corrompu d’Europe, la tendance s’est aggravée atteignant des proportions inimaginables et cauchemardesques. Malgré les tentatives de la propagande occidentale pour cacher la corruption ukrainienne, elle n’a cessé d’être évoquée comme l’un des problèmes majeurs du pays. L’indice de corruption dans le secteur public est par exemple plus de deux fois supérieur à celui de la France (même situation pour la corruption en général en 2020). Ces données sont assez subjectives et fournies par le monde anglo-saxon, elles ont donc tendances à enfoncer certains pays comme la Russie, et à en favoriser d’autres, comme l’Ukraine. Potentiellement, la situation pourrait donc être encore pire, surtout à l’orée de 2024, avec le versement énorme de fonds occidentaux pour financer la guerre du Maïdan. Malgré des articles délirants comme celui de The Guardian (avril 2023), affirma que l’Ukraine avait progressé du 142e rang mondial (sur 180), à la 122e place entre 2014 et 2021, ces mensonges ne trompent évidemment personne. Une vaste campagne occidentale visant à montrer que le Président Zelensky prenait des mesures fut même menée dans l’année 2023. Mais d’autres journalistes, au même moment (Global Euronews, journaliste allemand) titrait « Corruption en Ukraine : Risque pour la Démocratie en Europe ». De manière lucide, les choses étaient dites clairement, l’intégration d’un pays aussi corrompu dans l’UE, aurait des conséquences désastreuses pour l’union elle-même (ouvertures des portes aux trafics d’organes, d’humains, d’armes, banditisme, prostitution, arrivée de produits ukrainiens sur les marchés déloyaux, comprenant des substances interdites par les lois européennes, ou étant même interdites, produits génétiquement modifiés, normes EU non respectées, sous-produits dangereux pour la santé y compris pharmaceutiques, etc.). Les Ukrainiens, dont beaucoup ne sont pas des idiots comprennent parfaitement, que la qualité de vie est quasiment partout supérieure à celle qu’ils connaissent et connaîtront en Ukraine. Enfin la classe politique, mise à part le renforcement de formations bandéristes et néonazies, n’a pas changé d’un iota. Le jeune leader Zelensky, sorte de copie ukrainienne de Macron n’aura été qu’une illusion passagère qui s’est écrasée dans l’horreur de la guerre.
Numéro 10, la bandérisation et fanatisation de toute une population. C’est le dernier résultat que nous évoquerons du Maïdan. L’Ukraine, qui était un pays ou se trouvait certes une extrême-droite vigoureuse, n’était pas plus extrémiste que la France ou l’Angleterre. Dix ans plus tard, c’est dans la guerre et la propagande que des centaines de milliers d’Ukrainiens ont grandi. Le bandérisme est devenu une norme de l’Ukraine, le salut bandériste (dans l’esprit d’un salut hitlérien, et copié de ce dernier) est également devenu un geste normal pour l’immense majorité des soldats. A l’arrière, dans les cimetières, le culte bandériste des morts s’est imposé partout. Les Ukrainiens inondent de drapeaux les tombes, y compris de ceux de l’UPA, l’armée collaborationniste ukrainienne avec l’Allemagne nazie. Des plaques commémoratives sont installées dans les rues, su r les façades des maisons des « héros », dans leurs écoles, internats, universités… Des parcs sont destinés pour ce culte, des journées inventées pour les fêter, et il n’existe pas de pays où le drapeau, y compris avec le Trizoub (l’équivalent de la francisque des collaborateurs de Pétain), n’est autant porté sur les épaules. C’est une véritable hystérie collective, avec l’embrigadement des enfants à un niveau qui n’avait pas été observé en Europe depuis la Hitlerjugend des années 20 et 30 (camps d’Azovets, camps paramilitaires d’été où sont enseignés l’idéologie bandériste et le maniement des armes à de jeunes enfants et adolescents). En vacances, en voyage, en exil, les Ukrainiens se comportent par ailleurs agressivement, avec tout ce qu’ils considèrent comme des « ennemis ». Ne respectant aucune des règles de l’hospitalité et de la réserve dans un pays étranger, nous avons relevé depuis 2014-2015, et surtout après 2022, des centaines de faits d’agressions verbales, de pressions, de graffitis (jusque dans des villes de province en France), et lettres de menaces, parfois de mort et d’agressions physiques (comme ici à Nice, 22 mars 2022). Jusqu’à l’opération spéciale, le mensonge des médias occidentaux qui était patent, mais passablement mollasson, au sujet d’une frange grandissante de fanatiques extrémistes en Ukraine (1 million environ de personnes recensées par les différentes formations politiques en 2012-2014), est devenu généralisé. Désormais en soutien constant de la propagande ukrainienne, les bandéristes sont devenus des héros, les néonazis des patriotes, Bandera un résistant à l’oppression… russe, les massacres de la Shoah de sympathiques nationalistes épris de liberté. Et déjà, le résultat numéro 10.1 est la possibilité pour tous les extrémistes d’Europe, de l’Occident, et bien entendu de France, d’avoir un terrain de jeu et une certaine impunité. Le réveil sera très dur, très très dur, dans l’Hexagone et l’Occident en général.
Laurent Brayard