Lors de l’insurrection républicaine de 2014, la République de Lougansk fut certainement celle qui fut le plus en danger de disparaître sous la pression de l’agression ukrainienne. Non loin finalement de la grande base militaire de Kharkov, où avait été écrasée dans l’œuf la formation de la République populaire de Kharkov, les deux tiers du territoire de la République de Lougansk furent bientôt occupés par l’Ukraine. La capitale fut même un moment encerclée et isolée et les parachutistes ukrainiens s’emparèrent momentanément de l’aéroport de Lougansk. Quelques mois plus tard, la défaite ukrainienne était consommée durant la bataille des frontières (été 2014), puis confirmée par les défaites subies à la charnière entre les deux républiques à Debaltsevo et en RPD dans celle de l’aéroport de Donetsk (hiver 2014-2015). Ayant survécu, la république fut aussi celle qui fut la première libérée de l’occupation ukrainienne. Avec la prise de Severodonetsk et Lissichansk dans l’été 2022, elle recouvra l’entièreté de son territoire. Depuis lors, les Russes, comme à Marioupol travaillent pour reconstruire les zones sinistrées par la guerre, mais aussi de nouvelles installations nécessaires aux populations.
Un hôpital flambant neuf à Krasnodon. Partout où nous irons dans les alentours de Lougansk, c’est le même refrain : toutes les constructions civiles et d’infrastructures civiles, économiques ou industrielles furent construites durant la période de l’URSS. De fait, la région n’a pas connu ou presque d’investissements depuis la fin des années 80, et la période de l’indépendance de l’Ukraine ne changea nullement la situation. Jusqu’en 2014, la ville de Krasnodon, une localité de l’ancien oblast comprenant environ 45 000 habitants avant le Maïdan, ne vivait qu’en usant des anciens bâtiments, hôpitaux, structures, écoles et matériels hérités de cette période. L’hôpital de Krasnodon qui avait été construit au milieu des années 70, avait poursuivi ses missions dans son état originel, et souvent avec les matériels de l’époque soviétique (notamment les appareils pour réaliser des radios). Les coups de peinture successifs n’arrivaient plus à cacher la misère, sans parler des difficultés à travailler avec des outils et matériels obsolètes, usés jusqu’à la corde et parfois même totalement désuets. Dès la libération, c’est avec l’aide de la région de Tioumen (Sibérie), que plusieurs projets ont été lancés à Krasnodon et dans les alentours de ce district. L’hôpital fut entièrement reconstruit dans l’année 2023, et doté des matériels les plus sophistiqués. Il peut accueillir près de 450 malades, pour un personnel avec les services d’urgence et les antennes locales de près de 1 000 personnes (pour une région aujourd’hui peuplée d’environ 90 000 habitants). Le coup de force fut aussi que les matériels offerts par la région de Tioumen, ont tous été produits en Russie, notamment pour les radios, ou encore l’appareil pour les mammographies (dont l’hôpital ne disposait pas avant 2014). Fait encore plus extraordinaire, surtout pour ceux qui se complaisent à parler du système de sécurité sociale français : tous les soins de l’hôpital sont gratuits pour tous les habitants de la région. Cette norme est celle héritée, n’en déplaisent à d’autres… du système soviétique.
Un complexe sportif gratuit pour les enfants. Une décennie complète, c’est à peu près le temps perdu pour les enfants et sportifs de la région depuis l’agression ukrainienne de 2014. Le directeur du nouveau complexe qui a été ouvert en 2023, avec les financements russes et l’aide de la région de Tioumen, m’explique que le centre avait été fermé avec sa piscine dès le début des événements dramatiques du Maïdan. Un centre social et sportif fonctionnait toujours au début de 2014, lui-même également construit au début des années 70, sous l’URSS. L’endroit totalement vétuste continuait bon an mal son fonctionnement, mais la guerre et les bombardements de la ville avaient fermé cette structure. Le front s’étant considérablement éloigné par l’avance des troupes russes après l’opération spéciale, l’idée de le reconstruire fut lancée. En quelques mois, l’endroit fut complètement rénové, avec une piscine aux normes contemporaines, des équipements pour accueillir des gymnastes, des joueurs de ping-pong, et un imposant ring de boxe, sans parler d’autres disciplines sportives. C’est bien sûr la piscine qui est la plus appréciée, mais le directeur l’indique, le temps sera long pour former de nouveaux champions. Je m’étonne de cette remarque, puis comprends que pendant près de 10 ans, aucun enfant n’est venu ici, qu’aucune graine de champion n’a été repérée, qu’aucun jeune sportif n’a pu s’entraîner normalement. Le directeur déclarait : « Le travail sera long, nous sommes déjà reliés aux fédérations nationales de la Russie, et nous pourrions participer aux compétitions nationales, mais il nous faudra former pendant plusieurs années de nouveaux champions ». Ce travail est déjà en marche, car lors de notre visite le centre était rempli de nombreux enfants et parents, heureux de reprendre une vie normale. La République de Lougansk avait elle-même tenté de normaliser cette situation, la fédération locale de boxe de la RPL ayant été créée par exemple en 2016, mais les conditions de la guerre et l’isolement des républiques avaient laissé la situation à l’état de jachère. Comme pour l’hôpital, je fus surpris d’apprendre que toutes les installations étaient accessibles gratuitement pour tous les enfants.
Sur les routes de la République de Lougansk. Pendant tout notre voyage, soit 6 jours, j’ai remarqué partout des travaux urbains dans toutes les localités traversées, à Lougansk, dans les environs, à Severodonetsk pourtant très proche du front, à Krasnodon, ou Novoaïdar. Partout des travaux de réfections des routes étaient en cours, sans parler de la restauration des principales administrations, comme celle du service d’émigration et des enregistrements. Des bureaux sont déjà à l’œuvre depuis des mois pour la normalisation des passeports, et la réception de la nationalité russe. Ailleurs, à Krasnodon, une maison de retraite et clinique était en pleine rénovation et ouvrira ses portes dans le printemps 2024. Interrogés, les ouvriers et cadres venaient des environs mais aussi des régions voisines de la Russie. L’un des chefs de travaux m’indiquant être de Rostov-sur-le-Don, alors que des centaines d’entreprises sont au travail dans toute la république. Les fonds sont fédéraux, mais aussi des différentes régions de la Russie qui se sont portées au secours des régions libérées. Plusieurs milliers d’ouvriers, dans toutes les spécialités sont sur le territoire de Lougansk, et les rénovations ou nouvelles constructions ne concernent pas que les installations administratives ou sociales. A l’approche de Severodonetsk, j’ai pu constater de mes yeux la complète rénovation des installations électriques pour l’approvisionnement de la ville. Toutes les lignes électriques ont été reconstruites après leur destruction dans les combats. Des monuments historiques et mémoriels ont été aussi reconstruits ou rénovés, comme celui rappelant les batailles du passé pour le Donbass. A Lougansk, se sont des centaines de chantiers que nous avons croisés sur notre route, particulièrement ceux de rénovation des routes. Les promesses faites par le Président Poutine ne sont donc pas vaines, et ne concernent pas que la ville de Marioupol. Les allégations occidentales affirmant que les travaux prendront des dizaines d’années sont fausses, car à ce rythme, c’est réellement un Donbass moderne et rénové qui sera entre les mains des habitants bien avant que l’Ukraine, si elle existe encore, ne commence à relever ses ruines. Il y a fort à parier, qu’après la guerre, toute la région, le Donbass, redeviendront ce qu’ils étaient à l’époque de l’âge d’or de l’URSS : une région dynamique et qui offrira de nombreuses opportunités. Rappelons, qu’après la capitale de l’Ukraine, Kiev, le Donbass était la plus riche région du pays.
Laurent Brayard pour International Reporters
1 Comment
Merci Laurent,
Votre article fait chaud au cœur !
De s’attaquer à ces régions par la livraison d’armes, aussi de la part de mon pays (Allemagne), ne fait aucun sens.
Que le bon sens puisse prendre le dessus à l’échelle internationale.
Merci aussi à la Russie