Vous ne connaissez pas Renew Europe ? Il s’agit d’un groupe politique de députés européens du parlement qui se sont rassemblés en 2019 pour promouvoir une Europe… démocratique et libérale. Groupe très puissant, il comprend pas moins de 101 députés à l’heure actuelle, de 23 pays différents. C’est la France qui domine très largement ce groupe, avec pas moins de 23 députés de 7 formations politiques. Parmi elles, 8 députés viennent de LREM, 5 du Mouvement démocrate de François Bayrou, 1 du parti radical, 1 de Territoires de progrès de Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, 2 du mouvement Horizons d’Édouard Philippe et enfin 1 du mouvement Agir. Depuis quelques semaines ce groupe a montré un visage peu glorieux pour la démocratie en Europe et dans les institutions européennes en apportant un support de plus en plus visible à l’Ukraine, mais ce qui est beaucoup plus grave aux ultranationalistes et nazis ukrainiens.
Quand Stéphane Séjourné retweet une manifestation néonazie en Ukraine. C’est peut-être passé sous les radars du côté des journalistes français toujours aussi aveugles depuis 2013, mais Stéphane Séjourné a lancé un tweet il y a moins de quinze jours, sous la forme d’une vidéo où il indiquait que le vrai « convoi de la liberté » se trouvait en Ukraine. Les badauds de Twitter pouvaient alors voir une vidéo d’une manifestation ukrainienne paraissant pacifique. L’énorme problème de ce Tweet incroyable c’est que les manifestants n’étaient pas des Ukrainiens comme les autres… mais des ultranationalistes et nazis venant crier leur haine de la Russie, leur amour de la race blanche et leur adoration sans limite des « héros de l’Ukraine ». La vidéo montrait en effet des gens portant des drapeaux ukrainiens, mais aussi pour moitié des drapeaux de l’UPA, l’organisation nationaliste et armée ukrainienne fondée par Stepan Bandera et Roman Choukhevytch. Cette armée a participé puissamment à la Shoah par balles organisée par les Allemands entre 1941 et 1944 sur le front de l’Est, et aux massacres de Volhynie en 1944, où les nazis ukrainiens ont massacré plus de 80 000 Polonais et rasés plus de 1 300 villages. Ces drapeaux noir et rouge sont donc la honte de l’Ukraine, les ennemis de la démocratie et de l’Humanité toute entière et n’apparaissent pas ou très peu dans les défilés d’Ukrainiens modérés. Séjourné était-il au courant ? Toujours est-il que la vidéo a été coupée au moment où arrivait une banderole montrant la tête des fameux héros de l’Ukraine… preuve d’une conscience certaine de ce qu’il faisait.
« Slava Ukraini » et les héros de l’Ukraine les idoles de Renew Europe. Malgré le fait que l’on puisse se dire que le député européen, gros poisson du mouvement politique d’Emmanuel Macron, LREM, pouvait ne pas comprendre ce qu’il montrait de l’Ukraine, ou ce qu’il en avait compris (ce qui en soit est déjà hallucinant), Renew Europe a récidivé dans un tweet de ce jour sur son compte officiel @Reneweurope en postant un drapeau ukrainien avec ces mots : « SlavaUkraini, we stand with Ukraine ». Que ces députés européens prennent le parti de l’Ukraine du Maïdan, passons encore, c’est la démocratie. Appeler à supporter la guerre de l’Ukraine contre les insurgés du Donbass, voilà déjà une ligne franchie moins pardonnable. Les insurgés du Donbass ont en effet voté par un référendum interne, et depuis longtemps, la création des deux républiques de Lougansk et Donetsk. Selon le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes édictés par le président américain Wilson au moment de la fin de la Première Guerre mondiale, cet appel à se soulever pour soutenir l’oppression et la répression par l’Ukraine d’une population qui affirme ses choix, est alors inadmissible et impardonnable. Pire encore, la phrase « Slava Ukraini », littéralement « gloire à l’Ukraine » est en fait le mot de ralliement et le cri de guerre des nazis ukrainiens à l’œuvre en Ukraine et dans le Donbass depuis 2013-2014.
Quand des socialistes, démocrates et libéraux français se noient dans leurs contradictions… nous ne sommes pas loin de Vichy. Car ce cri n’est pas anodin, il fut crié sans fin durant les massacres d’Odessa et de Marioupol en mai et juin 2014, où des activistes pacifiques anti-maïdan furent massacrés atrocement par dizaines dans les rues de ces deux villes d’Ukraine. Ce cri est souvent suivi par un second « Guerroiam Slavam » qui veut dire « Gloire aux héros ». Or tous ces héros ont été condamnés sévèrement, ainsi que leur culte, par le centre Simon Wiesenthal, qui depuis longtemps alertait sur le danger de cette rhétorique et sur le fait que les héros étaient en fait d’abominables criminels de guerre, ayant parfois trempés leurs mains dans le sang répandu par les Einsatzgruppen. Les députés français qui se fourvoient actuellement dans cette voie ne savent peut-être pas qu’ils rejoignent d’autres collègues historiques, essentiellement des partis de gauche de la sinistre France de Vichy… Depuis bien longtemps déjà le professeur et historien Simon Epstein de l’Université hébraïque de Jérusalem, a écrit et démontré que la gauche française avait été l’un des moteurs principaux de la collaboration avec l’Allemagne nazie (voir son livre Un paradoxe français, antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la résistance de 2008). Drôle de répétition de l’histoire donc, où nos politiciens français, dans la foulée lointaine de Pierre Laval (radical-socialiste), Marcel Déat (socialiste) ou encore Jacques Doriot (communiste), emboîtent le pas des pires collaborateurs de l’Allemagne nazie de 1940 à 1945. Est-ce là encore une fois ignorance crasse de l’histoire ? Méconnaissance du sujet ukrainien ? Peut-être, probable, mais ceci ne rendrait pas moins impardonnable les soutiens et les paroles prononcées pour une Ukraine qui quant à elle, affiche un visage de mort, de meurtres, de ségrégation, d’antisémitisme, de racisme bien réels et maintes fois démontrés et avérés.
Les créatures des partis « fromagistes » et « girouettistes » de Renew Europe et LREM. Voici quelques profils du groupe, de nationalité française et qui montrent un peu les parcours. Ces gens présentés souvent comme « nouveaux », sont en réalité impliqué dans le système politique parfois depuis des décennies. Les plus jeunes sont passés par l’adoubement de mandats politiques et d’encartement dans les formations politiques contrôlées du système. Cette liste qui ne figurait pas dans l’article originel de 2022, permet de mieux comprendre le profil lambda de ces gens :
Sylvie Brunet (1959-), fille de militants socialistes et communistes, elle fit des études supérieures en droit international, et fit une carrière dans diverses entreprises privées en France. Elle s’engagea politiquement dans les rangs des supports de Michel Rocard (années 80-90), puis glissa vers le MoDem (2015-2017). Elle fut élue conseillère municipale (1995-2008), cumulant un mandat comme conseillère communautaire, nommé au Conseil national du bureau du département des Bouches-du-Rhône. Elle glissa rapidement dans les rangs de LREM (2017), candidate aux élections législatives, elle fut battue. Elle récidiva aux élections européennes et fut élue (2019), entrant dans le groupe Renew Europe, et dans le Parti démocrate européen. Elle n’hésita pas à cumuler un petit mandat comme conseillère municipale à Cassis (mars 2020), malgré les promesses déjà ancienne d’Hollande et de Macron d’en finir avec les scandaleux cumuls pour occuper le terrain et se remplir les poches via les différents salaires des cumuls. Elle a été par népotisme plusieurs fois médaillée, pour des mérites inconnus, notamment chevalier de la Légion d’honneur (2015).
Pascal Durant (1960-), fils de cadres communistes, il fit des études de droit et devînt avocat au barreau de Paris (1986). Il s’engagea en politique jeune, d’abord dans le sillage de Nicolas Hulot, membre du Parti Écologie Les Verts, directeur de campagne pour Hulot pour la primaire (2011), qui sera perdue. Il fut nommé Secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts (2012-2013), mais claqua la porte suite à des divisions internes, notamment au sujet des compromissions de son parti avec le gouvernement socialiste d’Hollande. Il réussit à se faire élire au Parlement européen pour son parti (2014-à nos jours), et fut réélu en 2019. Il quitta le parti pour soutenir la candidature de Nicolas Hulot à la présidentielle (2016), qui fut de nouveau un échec. Il rallia finalement les macronistes de LREM et le groupe Renew Europe dès sa réélection (2019). Il claqua la porte du groupe européen (novembre 2022), suite au refus des macronistes d’exclure du groupe le parti suédois Les Libéraux s’étant alliés à l’extrême-droite pour former un gouvernement. Ledit gouvernement suédois supporte l’Ukraine bandériste comme on l’imagine bien.
Valérie Hayer (1986-), fille d’agriculteurs, elle fit des études supérieures en droit et en finances. Elle entra en politique dans l’UDI, et en plus de divers mandats fut aussi assistante parlementaire au Sénat, d’un député UDI, puis de députés LREM au Parlement européen. Elle fut élue conseillère municipale très jeune dans la Mayenne (2008-2019), et cumula plusieurs mandats lucratifs de Conseillère départementale (2015-2021), puis celui de députée européenne (2019-à nos jours). Elle s’engagea vite dans le mouvement LREM du président Macron et monta les échelons rapidement. Elle devînt co-présidente de la délégation Renaissance, un groupe formée au Parlement européen de députés macronistes, européistes et atlantistes (novembre 2021), puis présidente du groupe Renew Europe (25 janvier 2024). Elle fut probablement poussée en avant ayant « un casier vierge », n’étant pas malgré tout une politicienne professionnelle à l’échelon national, et pour l’instant non visée par des affaires diverses durant sa carrière. La soif de pouvoir évident dans sa carrière et les cumuls de salaires et indemnités ont sans doute faire le reste.
Nathalie Loiseau (1964-), fille d’un banquier, elle fit des études supérieures à l’Institut d’études politiques de Paris, et fraya dans les milieux de l’ultra extrême-droite, avec des connexions menant vers le GUD. L’affaire sera révélée par Médiapart en 2019, comme François Mitterrand en son temps, elle parlera « d’erreur de jeunesse ». Elle entra dans la fonction publique dans le Ministère des AE (1986). Elle fit une longue carrière, jusqu’à devenir la porte-parole de l’ambassade de France aux USA (2002-2007). Elle fut nommée directrice des ressources humaines du ministère (2009-2012), et trempa ensuite dans divers scandales, dénoncée entre autre par une ancienne employée par la suite persécutée politiquement, Françoise Nicolas. Protégée en haut-lieu, elle ne sera jamais vraiment inquiétée, malgré des preuves accablantes d’un système de corruption à grande échelle dans les ambassades de France, à travers des dépenses fictives et détournements d’argent public. Elle passa ensuite à la direction de l’ENA (2012-2017), et se rallia au mouvement LREM (2017). Elle fut nommée Ministre chargée des affaires européennes (2017-2019), puis fut élue au Parlement européen (2019- à nos jours). Elle se montra vite maladroite, critiquant des pontes de la politique européenne, dont Angela Merkel, mais fut placée à la vice-présidence de la délégation européenne auprès de l’OTAN. Elle était aussi rentrée dans le groupe Renew Europe, et fut l’un des rouages de la russophobie et de l’anti-Russie à partir de 2022. Elle s’afficha notamment elle aussi avec le slogan de Stepan Bandera. Elle n’a cessé jusqu’à ce jour de provoquer divers scandales vis-à-vis de ses déclarations, insultant tour à tour la Suisse, les eurosceptiques, menaçant les pro-russes de représailles. Elle fait partie des partisans de véritables répressions en France qui viseraient les opposants politiques et les réseaux pro-russes.
Dominique Riquet (1946-), vieux briscard de la politique, chirurgien de profession, il s’engagea en politique et devînt adjoint au maire de Valenciennes (1989-1995), puis premier adjoint (1995-2001), et enfin maire (2002-2012). Il cumula aussi le mandat de conseiller régional (1992-2009), et fit partie de nombreuses formations politiques, UDF (années 80-2002), PRV (2002-à nos jours), UMP (2002-2011), UDI (2012-2017), MR (2017-2021). Il se présenta aux élections de député européen (2009-à nos jours), et fut réélu à deux reprises en 2014 et 2019. Il fut inquiété dans une affaire d’emplois fictifs, notamment avec son assistant parlementaire mais fut innocenté (2017). Il rallia finalement LREM pour sa dernière réélection européenne (2019). Il est l’archétype des cumulards de mandats, mais aussi du phénomène des « Girouettes » dénoncé dans un fameux dictionnaire après l’épopée napoléonienne. L’homme aura réussi à prendre tous les virages en s’accrochant au pouvoir et à un confortable siège européen pendant des décennies.
Stéphane Séjourné (1985-), il s’engagea en politique dans le PS (2001), et fit des études de droit (diplômé en 2011). Il milita à l’UNEF et fut un moment un protégé de Dominique Strauss-Kahn, puis de Ségolène Royal. Il fut assistant parlementaire (2007-2009), membre de l’équipe de campagne de Ségolène Royal pour la présidentielle qui fut perdue (2007), puis un soutien de Strauss-Kahn pour l’élection de 2012. Il fut nommé dans le cabinet de Jean-Paul Huchon au Conseil régional d’Île-de-France (2012-?) et monta ensuite les marches du pouvoir. Conseiller d’Emmanuel Macron (octobre 2014), fondateur du mouvement Les Jeunes avec Macron (2015), Conseiller politique du Président Macron (2017), il se pacsa avec Gabriel Attal (2017-2022). Directeur de campagne pour les élections européennes (2018-2019), élu au parlement (2019-2024), Président du groupe Renew Europe (2021). Il renforça ses positions en restant l’un des conseillers les plus proches de Macron, l’une des éminences grises plus ou moins caché dans l’ombre. Il fut nommé par son amant Gabriel Attal Ministre de l’Europe et des AE (11 janvier 2024). Il s’empressa alors de se rendre à Kiev et fut l’un des politiques les plus hostiles à la Russie, et compromis dans des déclarations parfois scandaleuses, y compris la reprise du slogan de Stepan Bandera.
Laurent Brayard pour International Reporters (article du 21 février 2022 pour le Donbass Insider)