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La Jeune Garde, un symbole de la résistance du Donbass

La Jeune Garde, un symbole de la résistance du Donbass
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Au détour de mon voyage dans la région de Lougansk, nous nous sommes rendus dans la petite ville de Krasnodon, où se trouve un musée emblématique de la région : le Musée historique de la Jeune Garde. Tous les Russes connaissent l’histoire de ces adolescents et très jeunes adultes qui formèrent un groupe de résistance dans cette ville pendant la Seconde Guerre mondiale. A l’époque soviétique, leur histoire était également connue de tous les écoliers, et le musée accueillait des milliers de groupes scolaires. La directrice du musée, qui travaille dans l’établissement depuis 40 ans, nous a indiqué que certaines journées, une centaine de visites guidées étaient menées dans le musée à son apogée. Ce dernier a reprit de nos jours des couleurs, notamment et surtout depuis les tristes événements du Maïdan et l’agression ukrainienne des populations du Donbass. Cet événement historique hautement symbolique n’est pas sans rappeler l’héroïque résistance des républicains, qui dans les heures les plus sombres de 2014-2015, résistèrent de toutes leurs forces aux bataillons de représailles de l’Ukraine.

Un musée qui aurait été détruit par les bandéristes s’ils avaient pris pied dans la ville. Sur la place centrale de la ville, non loin de la mairie, un imposant monument rappelle l’action de ces jeunes résistants. Tous les symboles forts sont d’ailleurs réunis aux alentours, une église orthodoxe, un bâtiment officiel des associations des mineurs, puisque la ville est aussi, comme beaucoup dans le Donbass, une ville minière. Et enfin, ce musée qui est aussi surtout un lieu de mémoire. A l’intérieur se trouve des collections évoquant la vie et les exploits de ces jeunes gens, mais aussi une mosaïque dans le plus pur style du réalisme socialiste, qui rappelle les différents combattants de la région. Les parents de ces adolescents sont aussi honorés, car ils furent les témoins et le relai de leurs sacrifices ultimes. Les derniers à rendre l’âme rejoignirent leur créateur à l’orée du XXIe siècle, leurs enfants, les héros de cette histoire tombèrent presque tous durant leur combat contre l’Allemagne nazie. La directrice et son adjointe nous commentent les différentes collections, fières de nous accueillir, alors que d’autres visiteurs font également le tour. Le musée est en parfait état, bien entretenu et même accueillant de nouvelles collections reprenant la thématique de la guerre actuelle du Donbass. Les portraits de miliciens de 2014, ainsi que des artefacts de cette guerre sans fin, trônent également dans plusieurs vitrines. Comme la directrice me l’indique, le choc fut grand lorsque commença la réhabilitation de Stepan Bandera sous la présidence de Iouchtchenko (2005-2010), immédiatement après le 1er Maïdan (hiver 2004-2005). « Personne ici dans le Donbass n’aurait accepté cette scandaleuse réhabilitation, les enfants de la Jeune Garde ayant été tués par les nazis allemands mais aussi les fameux collaborateurs ukrainiens de Bandera. Nous avons regardé cela d’un très mauvais œil, et le 2e Maïdan ne nous laissa plus aucune illusion. Même si le pouvoir ukrainien nous laissa tranquille dans ces années, que notre musée put continuer son travail, je me souviens qu’ils avaient tenté d’imposer pour la fête du 9 mai, la Victoire contre l’Allemagne nazie, la réunion de vétérans de l’UPA de Bandera, et de vétérans de l’Armée rouge et des partisans… L’une de ces réunions tourna à la bagarre générale entre les vétérans, c’était une idée totalement absurde. Après le début de la guerre en 2014, nous avions bien compris qu’ils détruiraient le musée, les collections, et les monuments et transformeraient l’endroit en culte de Bandera et du nazisme, mais la ville ne fut pas prise et nous pourrons continuer à transmettre la mémoire de ces héroïques jeunes gens, ils sont le symbole de la résistance à l’oppression ».

Les héros de la Jeune Garde. Toute l’histoire commença à l’arrivée de l’armée allemande à Krasnodon (20 juillet 1942), au moment de l’offensive du Plan Bleu (l’offensive vers Stalingrad).. Un jeune garçon de la ville forma un premier groupe de partisans, qui se livrèrent immédiatement à des actions de sabotages, la distribution de tracs et la collecte d’armes. Le groupe fut bientôt étoffé par quelques soldats de l’Armée Rouge, qui au lieu de se rendre s’étaient fondus dans la population civile. Le groupe constitué de 6 soldats et d’une vingtaine d’enfants se donna le nom de Jeune Garde (30 septembre), et se renforça au fil du temps de nouvelles recrues. La première mission fut de créer une imprimerie clandestine, qui durant toute son activité distribua 30 tracts différents pour un tirage de 5 000 tracts pour chaque exemplaire. Le but était de maintenir le moral des habitants et d’appeler les gens à la résistance, alors qu’à cette époque les Allemands étaient enfoncés loin dans le Caucase et annoncèrent même avoir pris Stalingrad. Dans une opération spectaculaire, les jeunes gens hissèrent 8 drapeaux rouges sur les plus hauts bâtiments de Krasnodon, le jour anniversaire de la Révolution d’Octobre (7 novembre). Une autre action choc fut d’incendier le bureau du travail obligatoire (nuit du 5 au 6 décembre), alors que les Allemands préparaient la déportation des populations pour le travail forcé dans les usines de guerre. Les partisans élaborèrent un plan d’attaque ambitieux d’une salle où devaient se rassembler les soldats allemands et collaborateurs pour les fêtes de Noël. Mais devant la crainte des fusillades massives de la population innocente, en représailles, le plan fut abandonné. Le groupe s’attaqua toutefois à des véhicules, notamment un camion transportant des cadeaux de Noël pour les soldats et vola un drapeau nazi hissé sur l’ancien local des Komsomols. Furieux de cette résistance, la Gestapo mis le paquet pour détruire le petit groupe. Comme souvent, c’est grâce à la trahison et la dénonciation de collaborateurs que les jeunes gens furent découverts (janvier 1943). Après un coup de filet, la plupart des membres du groupe de la Jeune Garde furent arrêtés, torturés puis fusillés aux abords d’une mine (les 15, 16 et 31 janvier). Leurs corps furent alors jetés dans l’une des mines de la ville, certains jetés vivants dans le gouffre (49 jeunes gens de la Jeune Garde et 22 résistants de l’organisation de résistance locale du parti communiste). Pour être sûrs de les achever, les assassins jetèrent ensuite sur eux des chariots de mineurs et des grenades. Quelques temps plus tard, un groupe de 6 membres de la Jeune Garde furent fusillés dans une forêt (6 février), et 4 autres assassinés dans d’autres endroits. Les Allemands ayant été vaincus à Stalingrad, l’Armée Rouge reprit la ville (14 février), et les principaux collaborateurs furent arrêtés, jugés et fusillés. Après avoir remonté les corps avec beaucoup de difficultés, les martyrs de la Jeune Garde furent inhumés dans une cérémonie qui rassembla des centaines de personnes (1er mars).

Quelques biographies des jeunes gens de la Jeune Garde. Leur souvenir est donc toujours vivace dans la région et en Russie. J’ai tenu à vous présenter la plupart d’entre eux, afin de les honorer, mais aussi de vous présenter leurs profils. Il s’agissait de très jeunes gens, les plus vieux n’avaient pas 23 ans, les plus jeunes 15 ou 16 ans. Bien peu furent ceux qui échappèrent à l’atroce sort que la Gestapo et les supplétifs ukrainiens leur avaient réservé. Après la guerre, des commissions enquêtèrent sur le groupe, et tentèrent de déterminer l’identité des participants, mais aussi des traîtres qui avaient participé à la destruction du groupe. Les archives furent longuement exploitées par les enquêteurs, puis par les historiens, mais à ce jour il reste quelques zones d’ombre. Cette liste n’est pas complète, certains sont encore méconnus et d’autres restèrent dans l’anonymat, le plus jeune semble avoir eu 14 ans. Leur histoire a été vulgarisée par l’écrivain soviétique Alexandre Fadeev (1946), dans un roman qui fut un best-seller en URSS. Leur histoire a aussi engendré une nombreuses littératures, des pièces de théâtre, et bien sûr des films, comme cette série télévisée de 2015.

Lydia Androssova (12 décembre 1924-1943), originaire de Krasnodon, fille de mineur, elle rejoignit les Komsomols (1939), et intégra la Jeune Garde (1942). Elle fut désignée pour le travail obligatoire en Allemagne, mais échappa aux convocations et travailla dans une mine locale. Elle fut arrêtée par la Gestapo (12 janvier 1943), et torturée pendant plusieurs jours. Elle fut fusillée dans la nuit du 16 au 17 janvier et son corps jeté dans un puits de mine. Lorsque son corps fut remonté, on lui avait crevé les yeux, arraché une oreille et il lui manquait un bras.

Georgi Aroutiouniants (1925-1973), installée avec sa famille à Krasnodon (1931), membre des Komsomols (1941), membre de la Jeune Garde (1942), il réussit à prendre la fuite (janvier 1943), et s’enrôla dans l’Armée Rouge. Il fut blessé près de la ville de Zaporojie et fit une longue carrière militaire, diplômé de l’Académie militaire de Leningrad (1957), grade de colonel, il fut ensuite enseignant et défendit un doctorat (1969). Il mourut à Moscou et fut inhumé au cimetière du monastère de Novodievitchi (1973).

Vassili Bondarev (1924-1943), originaire de la région de Rostov-sur-le-Don, sa famille s’installa à Krasnodon et il entra dans les Komsomols (1940). Il entra dans la Jeune Garde (1942), mais fut arrêté par la Gestapo (5 janvier 1943). Torturé pendant plusieurs jours, il fut jeté vivant dans un puits de mine dans la nuit du 15 au 16 janvier.

Alexandra Bondareva (1922-1943), sœur du précédent, elle intégra comme lui les Komsomols (1939), puis la Jeune Garde (1942). Elle fut arrêtée par la Gestapo (11 janvier), et torturée pendant plusieurs jours. Elle fut exécutée le 16 janvier 1943. Une école a reçu son nom et celui de son frère dans un village de la région de Lougansk, en RPL (12 juin 2018).

Semion Borissov (1926-1943), originaire de la région de Krasnodon, fille d’une Kolkhozienne, il rejoignit la Jeune Garde (1942), et réussit à échapper à la Gestapo. Il passa dans les rangs soviétiques et participa à établir une liaison téléphonique. Son groupe ayant été encerclé par les Allemands, il fut pris avec les survivants et fusillés par les Allemands sur le champs (20 janvier 1943).

Vassili Borissov (1924-1943), fils d’un paysan ayant combattu pendant la Guerre Civile russe, il fit des études professionnelles et rejoignit les Komsomols (1939). Il tenta de s’enrôler dans l’Armée Rouge (1941), mais fut refusé en raison de son âge. Il intégra la Jeune Garde (1942), et prit la fuite au début des arrestations (janvier 1943). Se trouvant en zone toujours occupé par les nazis, il fut arrêté (août), et fusillé avec d’autres résistants (6 novembre). Sa mère qui avait été arrêtée avec lui fut torturée à mort et succomba.

Valéria Borts (1927-1996), naquit dans la région de Donetsk, sa famille s’installa à Krasnodon (1940). Membre de la Jeune Garde, elle réussit à se cacher dans la ville de Lougansk. Cependant sa mère fut capturée par la Gestapo et torturée. Elle même ayant survécut elle dénonça Victor Tretiakevitch comme ayant trahi l’organisation. Une commission d’enquête l’innocenta (1959). Elle servit dans l’Armée soviétique et se passionna avec son mari pour les courses de rallye automobile et fut nommé « maître de sport automobile de l’URSS » (1960). Elle avait intégré le Parti communiste (1953), travailla comme traductrice dans une maison d’édition en langue espagnole et anglaise, puis fut envoyée dans une mission soviétique à Cuba (1963), puis en Pologne (1971).Elle prit sa retraite au grade de lieutenant-colonel et mourut le 14 janvier 1996. Ses cendres furent dispersées selon sa demande à Krasnodon.

Alexander Chishenko (1925-1943), frère de Mikhaïl, il travailla comme électricien dans une mine (1939-1942), et rejoignit les komsomols (1940), puis la Jeune Garde avec son frère (1942). Il fut arrêté par la Gestapo (8 janvier 1943), et fut torturé puis exécuté (16 janvier). Son corps fut jeté dans un puits de mine.

Mikhaïl Chishenko (1917-1979), originaire de la région de Dniepropetrovsk, il rejoignit les Komsomols (1932), puis sa famille s’installa à Krasnodon (1939). Il travailla comme mineur puis fut mobilisé dans la Guerre d’hiver (1939-1940). Il fut l’un des cadres délégué pour organiser des groupes de partisans sur les arrières des nazis (1941-1942), et devint l’un des chefs de la Jeune Garde (1942). Il réussit à prendre la fuite, puis revînt dans l’administration du Komsomol dans la région de Lougansk (1943-1945), membre du Parti communiste (1945). Il travailla dans diverses administrations et fonctions dans l’industrie minière, diplômé de l’école des Mines de Rovenko (1961), chef-adjoint d’un combinat industriel (1970), et participant au XXIII congrès du parti. Il mourut à Rovenko le 5 mai 1979. Cette ville est toujours restée sous le contrôle des républicains, sa tombe n’a jamais été mise en danger.

Leonid Dadichev (1926-1943), originaire de la région de Rostov-sur-le-Don, sa famille déménagea à Ilovaïsk (1936), puis Krasnodon (1940). Il tenta d’intégrer l’école de pilotage de l’Armée Rouge (été 1941), mais fut refusé à cause se son âge. Il intégra les Komsomols, puis la Jeune Garde (1942). Il fut arrêté par la Gestapo (5 janvier 1943), et fouetté par des policiers supplétifs ukrainiens. Pour tenter de le faire parler, on lui entailla aussi des doigts de la main droite. Il fut fusillé le 15 janvier 1943 et son corps jeté dans un puits de mine.

Antonina Diatchenko (2 novembre 1925-1943), originaire de Krasnodon, elle entra dans les Komsomols (1940), puis dans la Jeune Garde (1942). Elle fut arrêtée par la Gestapo (12 janvier 1943), torturée et trimballée de manière ostentatoire dans les rues pour l’exemple (14 janvier). Après d’autres tortures, elle fut fusillée et son corps jeté dans un puits de mine (16 janvier.

Alexandra Doubrovina (1919-1943), originaire de Novotcherkassk, sa famille déménagea durant la Guerre Civile russe dans la région de Donetsk (1920), puis à Krasnodon. Elle fit des études supérieures en biologie à Rostov (1937-1940), puis de Kharkov (1940-1941) et intégra les Komsomols (1938). Les étudiants ayant été renvoyés chez eux (été 1941), elle rentra à Krasnodon et intégra la Jeune Garde (1942). Une homonyme fut arrêtée par la Gestapo à sa place (11 janvier 1943), et elle se livra d’elle-même aux Allemands pour sauver l’innocente et être avec ses camarades. Elle fut torturée et battue, et emmenée pour être exécutée avec d’autres camarades. On lui tira une balle dans la jambe, puis ses bourreaux s’acharnèrent sur elle et la lardèrent de coups de couteau (16 janvier 1943). Son corps fut jeté dans un puits de mine.

Antonina Elisseenko (1921-1943), d’une famille d’ouvriers de Krasnodon, elle rejoignit les Komsomols (1937), et suivit des cours pour devenir infirmière après le commencement de la guerre (1941). Elle rejoignit la Jeune Garde (1942), et fut arrêtée par la Gestapo (11 janvier 1943). Elle fut torturée ignoblement, dévêtue et brûlée sur une plaque incandescente. Elle fut battue sauvagement et jetée vivante dans un puits de mine, le 16 janvier 1943.

Demian Fomine (1925-1943), originaire de la région de Krasnodon, d’une famille d’employés du Parti communiste. Il travailla dans un kolkhoze (1940), puis rejoignit la Jeune Garde (1942). Il fut arrêté par la Gestapo (5 janvier 1943), et fut torturé puis exécuté. Son corps fut jeté dans un puits de mine.

Nina Gerassimova (1924-1943), d’une famille d’ouvriers, elle entra dans les Komsomols (fin des années 30), puis dans la Jeune Garde (1942). Elle fut arrêtée par la Gestapo (11 janvier 1943), sauvagement torturée et jetée dans un puits de mine.

Boris Glavan (24 décembre 1920-1943), originaire de Moldavie, il fit des études professionnelles à Bucarest, puis la Moldavie fut cédée à l’URSS (juin 1940). Il passa du côté soviétique et fut volontaire au moment de l’invasion soviétique (1941). Il servit dans une division d’infanterie, notamment comme interprète en langue roumaine, grade de sergent-major. Il réussit à prendre la fuite, lors de la dislocation de son unité face à l’offensive allemande (été 1942). Il se fondit dans la population de Krasnodon et fut recruté pour encadrer la Jeune Garde (automne). Il fut arrêté par la Gestapo (5 janvier 1943), puis torturé et jeté vivant dans un puits de mine.

Vassili Goukov (1921-1943), originaire de Krasnodon, il devînt mécanicien dans les chemins de fer. Il rejoignit la Jeune Garde (1942), et fut arrêté par la Gestapo (6 janvier 1943). Il fut torturé pendant plusieurs jours et jeté vivant dans un puits de mine, le 15 janvier 1943.

Ouliana Gromova (3 janvier 1924-16 janvier 1943), originaire de la région de Lougansk, fille d’ouvrier, qui avait fait la guerre russo-japonaise. Elle rejoignit les Komsomols (1940), elle rejoignit la Jeune Garde dont elle devînt l’une des chefs. Elle fut arrêtée par la Gestapo (10 janvier 1943), sauvagement torturée mais tînt tête à ses bourreaux et ne parla pas. Elle exhorta jusqu’à la fin ses camarades d’infortune à tenir le choc, et récitait le poème de Lermontov Le Démon. Elle fut fusillée le 16 janvier 1943 et son corps jeté dans un puits de mine. Elle fut faite héroïne de l’Union soviétique (13 septembre), et sa mémoire honorée, notamment par de nombreux monuments (un navire porta même son nom dans la flotte du Pacifique, 1949).

Mikhaïl Grigoriev (25 novembre 1924-31 janvier 1943), originaire de Briansk, sa famille vînt s’installer à Krasnodon (1939). Il intégra les Komsomols (1941), puis la Jeune Garde (1942). Il participa entre autre à l’exécution de supplétifs et traîtres ukrainiens. Il fut arrêté par la Gestapo (27 janvier 1943), puis torturé. Il tenta de s’enfuir le jour de son exécution et fut blessé d’un coup de feu. Il fut alors jeté dans un puits de mine, lieu de leur exécution (31 janvier 1943). Plus de 25 monuments et rues lui furent dédiés, notamment en Russie, au Kazakhstan ou en Ukraine. Une

Radiy Iourkine (1928-1975), originaire de Krasnodon, membre de la Jeune Garde, il réussit à prendre la fuite et se cacha à Lougansk (1943). A l’arrivée des Soviétiques il s’enrôla dans l’Armée Rouge et fut envoyé à l’école des pilotes (octobre). Après sa formation, il fut affecté à la flotte du Pacifique (janvier 1945), et participa aux combats contre le Japon. Il servit ensuite dans les flottes soviétiques, de la Baltique et de la Mer Noire. Il rejoignit le Parti communiste (1951), puis pour raisons de santé fut versé dans la réserve (1957). Il travailla ensuite comme mécanicien dans la région de Krasnodon et participa à des actions en direction de la jeunesse, et défendit Victor Tretiakevitch accusé d’avoir trahi la Jeune Garde (1959). Il mourut à Krasnodon le 16 juillet 1975. Son père avait été tué durant la bataille de Stalingrad.

Antonina Ivanikhina (1923-1943), d’une famille d’ouvriers de la région de Krasnodon, elle intégra les Komsomols (1939), puis travailla comme infirmière dans l’hôpital local (1940-1941), puis dans une ville de l’oblast d’Ivano-Frankovsk (avril-juin 1941). Suite à l’invasion allemande, elle fut faite prisonnière et jetée dans un camp, mais elle réussit à s’enfuir avec d’autres jeunes filles (septembre). Elle rejoignit le Donbass, et rejoignit l’organisation de la Jeune Garde (1942), avec sa sœur Lylia (3 mai 1925-1943). Elle fut arrêtée par la Gestapo (11 janvier 1943), torturée et fusillée, son corps fut jeté dans un puits de mine. Sa sœur cadette mourut également de la même façon.

Nina Ivantsova (1923-1982), naquit à Krasnodon, fille d’un mineur, elle rejoignit les Komsomols (1939), puis travailla comme secrétaire au département de l’Éducation nationale. Membre de la Jeune Garde, elle prit la fuite avec sa sœur et réussit à rejoindre les lignes soviétiques (17 janvier 1943). Elle s’enrôla dans l’Armée Rouge, servant dans les transmissions et participa à diverses batailles, dont la libération de la Crimée, puis des États baltes (1943-1945). Elle intégra le Parti communiste (1944), démobilisée au grade de lieutenant de la Garde (septembre 1945). Elle fit des études supérieures à Donetsk, puis Lougansk (1946-1953), en pédagogie puis travailla dans divers instituts et administrations à Lougansk (1953-1973). Elle mourut le 1er janvier 1982 et fut inhumée à Lougansk. A la mort de son frère (2016), sa tombe qui était abandonnée et quasiment perdue, fut rénovée par un groupe de jeunes activistes de la RPL (2017).

Olga Ivantsova (1924-2001), sœur de la précédente, elle entra dans les Komsomols (1941), puis rejoignit la Jeune Garde (1942). Elle réussit à rejoindre les lignes soviétiques (17 janvier 1943), puis revînt dans la ville à sa libération (14 février). Elle devînt secrétaire du Komsomol local et fut la toute première guide du Musée historique de Krasnodon (fin années 40). Elle fut élue au Soviet Suprême de l’URSS (1947), membre du Parti communiste (1948), elle reprit des études en commerce à Lvov (diplômée en 1954). Elle travailla ensuite comme cadre dans les locaux du parti à Krivoï Rog jusqu’à sa retraite. Elle mourut dans cette ville le 16 juin 2001, dans l’Ukraine indépendante. Sa tombe est peut-être en grand danger ou a été déjà détruite.

Vladimir Jdanov (13 août 1925-1943), d’une famille de mineurs de Krasnodon, il devînt un cadre dans l’organisation des pionniers (années 30), puis rejoignit les Komsomols (1941). Il se lança dans la collecte de cadeaux et denrées pour les soldats de l’Armée Rouge et intégra la Jeune Garde (1942). Il devînt chauffeur dans un hôpital allemand et sabota de nombreux véhicules. Il fut arrêté par la Gestapo (3 janvier 1943), et fut torturé. Il fut emmené dans la mine N°5 où furent exécutés la plupart des résistants, et tenta d’entraîner dans sa chute le chef de police supplétive ukrainienne dans le puits de mine. Il fut abattu d’un coup de feu et tomba dans ce dernier (16 janvier 1943).

Nikolaï Joukov (1922-1943), originaire de la région de Krasnodon, il intégra les Komsomols (1938), puis s’enrôla dans l’Armée soviétique (été 1941). Il fut versé dans la marine et servit dans la défense de Sébastopol (1942). Blessé, il eut la chance d’être évacué, puis envoyé en convalescence chez lui à Krasnodon. Après l’arrivée des Allemands, il devînt un cadre de la Jeune Garde (automne). Il fut arrêté par la Gestapo l’un des premiers (début janvier 1943), et il fut fusillé et son corps jeté dans un puits de mine (16 janvier).

Nina Kezikova (1925-1943), d’une famille d’ouvriers de Krasnodon, elle rejoignit les Komsomols (novembre 1940), et servit comme volontaire dans un hôpital militaire (1941-1942). Elle entra dans la Jeune Garde (1942), et fut arrêtée par la Gestapo (12 janvier 1943). Elle fut torturée et jetée vivante dans un puits de mine (16 janvier 1943).

Evgénia Kiykova (1923-1943), originaire de la région de Lougansk, d’une famille d’ouvriers. Elle rejoignit les Komsomols (1940), et servit comme volontaire pour aider dans l’hôpital militaire. Elle servit aussi à la construction de fossés antichars et de fortifications (1941-1942). Elle entra dans la Jeune Garde (1942), et évita le travail forcé en Allemagne en travailla dans une mine de la ville. Elle fut arrêtée par la Gestapo (13 janvier 1943), et torturée. Elle fut fusillée et son corps jeté dans un puits de mine, le 16 janvier 1943. A la demande de leurs parents, elle fut enterrée dans un même cercueil avec son amie inséparable, Antonina Diatchenko.

Oleg Kochevoï (1926-1943), originaire de Prilouki en Ukraine, sa famille s’installa à Poltava (1932), puis dans la région de Lougansk (1937). Il intégra les komsomols (mars 1942), puis la Jeune Garde, dont il devînt commissaire politique. Il participa à de nombreux coups de main et sabotages contre les Allemands. Il réussit à échapper aux premières arrestations et quitta la ville, tentant sans succès de rejoindre les lignes soviétiques. Il rentra à Krasnodon et fut arrêté dans la gare par la Police militaire allemande (11 janvier 1943). Il fut prit en possession d’une arme et de tracts et fut livré à la Gestapo et aux supplétifs ukrainiens. Il fut horriblement torturé, notamment brûlé avec des fers rouges mais ne parla pas. Il fut conduit à Rovenko, de nouveau torturé, puis exécuté dans un parc de la ville à la fin de janvier 1943. Lors de la fusillade au bord d’une fosse creusée à l’avance, il ne fut pas tué sur le coup et achevé d’un coup de pistolet dans la tête. Il fut décoré à titre posthume du titre de Héros de l’Union soviétique (13 septembre). Sa mère, Elena, fut l’une des activistes qui firent de longues recherches pour rassembler des documents et les noms des résistants de la Jeune Garde. Elle fut pour beaucoup dans la connaissance historique que nous avons actuellement de ce groupe. De nombreuses rues et monuments honorent son nom dans plusieurs pays, mais plusieurs ont déjà été détruits en Ukraine, notamment à Kharkov. L’Ukraine se livre toujours actuellement à la destruction de la mémoire des partisans soviétiques et de l’Armée Rouge, la remplaçant par celle des collaborateurs de l’Allemagne nazie.

Anatoli Kovalev (1924-1943), originaire de la région de Rostov-sur-le-Don, sa famille s’installa à Krasnodon (1934). Il entra dans les Komsomols (vers 1938), puis travailla dans un Sovkhoze. Il tenta de s’enrôler dans l’Armée Rouge (1940), mais fut refusé. Il tenta de nouveau de s’enrôler lors de l’invasion de l’URSS (1941), de nouveau refusé et versé dans la police locale. Il resta à son poste et s’enrôla dans la résistance et la Jeune Garde (1942). Il fut arrêté par la Gestapo (29 janvier 1943), et fut emmené dans une mine pour être exécuté avec d’autres résistants (31 janvier). Il réussit à prendre la fuite, mais fut blessé et se réfugia chez des locaux. Après s’être reposé une dizaine de jours, il tenta de rejoindre les lignes soviétiques et disparu sans laisser de traces. De nombreuses rumeurs et hypothèses ont été faites sur son devenir, y compris quelque peu romanesques.

Claudia Kovaleva (1925-1943), originaire de la région de Krasnodon, elle fit des études professionnelles et devînt téléphoniste au centre du service des pompiers de la ville (1941). Elle intégra la même années les komsomols (1942) et la Jeune Garde. Elle fut arrêtée par la Gestapo (janvier 1943), torturée et exécutée (16 janvier).

Sergeï Levachov (16 décembre 1924-1943), originaire de la région de Donetsk, sa famille s’installa à Krasnodon (1930). Il entra dans les Komsomols (1939), et fut formé aux techniques de partisans et de la guerre clandestine à Lougansk (1941-1942). Après des missions dangereuses sur les arrières de l’ennemi (août 1942), il se trouvait à Krasnodon et intégra la Jeune Garde, dont il devînt l’un des cadres, il était par ailleurs opérateur radio. Il fut arrêté par la Gestapo (5 janvier 1943), et sauvagement torturé. Il fut jeté vivant dans un puits de mine (15 janvier 1943). Lorsque son corps fut remonté, il avait en partie été écorché à vif et sa bouche était remplie de terre qu’on lui avait forcé à ingérer.

Vassili Levachov (1924-2001), originaire de la région de Donetsk, sa famille s’installa à Krasnodon (1931), et se porta volontaire pour travailler dans les usines de production militaire (septembre 1941). Il fut envoyé dans la célèbre usine de tracteurs à Stalingrad, puis revînt à Krasnodon (février 1942). Il avait intégré les Komsomols et fut envoyé par eux pour former des groupes de partisans dans la région (avril). Après diverses missions dangereuses, il fut l’un des fondateurs de groupes de résistants, et intégra la Jeune Garde dont il devînt l’un des cadres (septembre 1942). Il prit la fuite et réussit à se cacher dans la région de Donetsk, puis à passer dans les lignes soviétiques (20 septembre 1943). Il s’enrôla dans l’Armée soviétique et servit durant la bataille du Dniepr, participant à la libération de Kherson, Nikolaïev, Odessa, puis de Chisinau en Moldavie. Après un court passage dans une école d’officiers, il participa à la prise de Varsovie puis à celle de Berlin (1944-1945). Il était entré dans le Parti communiste à cette époque (1944). Il continua une carrière militaire et servit dans la marine sur le croiseur lourd Voroshilov (1949-1953), puis sur d’autres navires dont le croiseur Sverdlov (capitaine adjoint). Il travailla comme maître de conférence dans diverses universités et à l’école navale supérieure (1973-à sa retraite). Il fut l’avant dernier survivant de la Jeune Garde, et mourut à Saint-Pétersbourg le 10 juillet 2001.

Guennady Loukachov (1924-1943), originaire de la région de Krasnodon, d’une famille de mineurs, il aurait voulu devenir machiniste dans les chemins de fer, et postula pour l’école de Rostov, mais il fut refusé (1939). Il travailla dans une mine locale au départ des hommes au front (juin 1941), et intégra la Jeune Garde (1942). Il fut arrêté par la Gestapo (5 janvier 1943), torturé, puis fusillé (16 janvier), son corps étant jeté dans un puits de mine.

Anatoli Lopoukhov (1926-1990), originaire de la région de Lougansk, il entra dans les Komsomols (1941), puis rejoignit la Jeune Garde (1942). Il réussit à échapper aux recherches et se cacha dans les villages alentours jusqu’à l’arrivée des Soviétiques (janvier/février 1943). Il s’enrôla dans l’Armée Rouge et servit dans la libération de l’Ukraine. Grièvement blessé (10 octobre), il fut envoyé en convalescence à Krasnodon, où il fut l’un des fondateurs du Musée historique (1944), et son tout premier directeur. Il fut envoyé dans une école d’artillerie antiaérienne à Leningrad (septembre 1944), entra au Parti communiste (1948), puis entra de nouveau dans une académie militaire, alors au grade de capitaine (1955). Il occupa diverses fonctions dans les conseils municipaux et régionaux, puis se fixa à la retraite à Dniepropetrovsk, où il mourut le 5 octobre 1990. Sa tombe a de grande chance d’être en danger ou déjà détruite.

Nikolaï Mironov (1925-1943), originaire de la région de Lougansk, fils de paysans, il travailla dans un Sovkhoze, puis dans une mine de Krasnodon. Il entra dans la Jeune Garde (1942), mais fut arrêté par la Gestapo (16 janvier 1943). Il fut torturé et assassiné, sa date de mort n’est pas connu, son corps ne fut jamais retrouvé.

Evgueni Mochkov (1920-1943), originaire de la région de Penza, d’une famille de militaires, son père devînt un directeur de Kolkhoze (années 20). Sa famille déménagea à Krasnodon après la mort de ce dernier, et il fit des études professionnelles comme électricien. Il travailla ensuite dans une mine de la ville (1937-1939). Il fut mobilisé dans l’Armée Rouge (1939), et fut blessé durant un saut en parachute. Il servait au grade de sous-lieutenant lorsque son unité fut détruite et il fut fait prisonnier (septembre 1941). Il réussit à s’échapper et à rejoindre la ville de Krasnodon, où il entra en contact avec la résistance. C’est ainsi qu’il intégra la Jeune Garde (1942). Il participa à de nombreux coups de main, mais il fut arrêté par la Gestapo, l’un des premiers (1er janvier 1943). Il mourut sous les coups et la torture (15 janvier), et son corps fut jeté dans un puits de mine le même jour.

Dmitri Ogourtsov (1922-1943), originaire de la région de Briansk, il intégra les komsomols (1939). Il fut mobilisé dans l’Armée Rouge (novembre 1941), et fut versé dans un bataillon d’infanterie de marine (144e). Il fut envoyé sur le front et capturé (1942), mais il put s’échapper et rejoignit la ville de Krasnodon. Il intégra la Jeune Garde et fut l’un des cadres pour les opérations musclées. Il échappa aux premières arrestations, mais fut finalement découvert et arrêté (28 janvier 1943). Il fut jeté dans une prison de la ville, mais il réussit de nouveau à s’échapper. Il fut rapidement retrouvé et torturé cruellement, puis fusillé dans une forêt près de Rovenko, le 9 février 1943.

Vladimir Osmoukhine (1925-1943), originaire de Krasnodon, fils d’un expert-comptable travaillant dans une mine de la ville. Il rejoignit les Komsomols (1939), travailla dans une usine comme électricien dans une usine pour l’effort de guerre (février 1942). Il rejoignit peu après la Jeune Garde. Il fut arrêté par la Gestapo (5 janvier 1943), et fut horriblement torturé. Il eut la main droite coupée, un œil crevé, fut brûlé sur tout le corps, eut le crâne fracassé et roué de coups subi de nombreuses fractures. Il fut jeté vivant dans un puits de mine ne pouvant plus marcher. Son supplice fut détaillé par une enquête soviétique sur les crimes nazis commis dans la région de Krasnodon (12 septembre 1946).

Pavel Palagouta (1924-1943), originaire de la région de Rostov-sur-le-Don, il intégra la Jeune Garde à Krasnodon, et faisait du renseignement militaire, notamment sur les mouvements des trains allemands et leurs unités. Il échappa aux premières arrestations, mais fut finalement découvert et arrêté par la Gestapo (18 janvier 1943). Il fut torturé et assassiné et la date et lieu de sa mort ne furent jamais connus.

Maya Peglivanova (20 mai 1925-1943), originaire de Rostov-sur-le-Don, sa famille déménagea dans la région de Krasnodon (1926). Elle intégra les Komsomols (1940), puis la Jeune Garde (1942), mais fut arrêtée par la Gestapo (11 janvier 1943). Malgré d’horribles tortures, elle réussit à ne pas parler, ses bourreaux lui tailladèrent les seins et lui cassèrent les jambes. Elle fut emmenée pour son exécution dans une mine, portée par ses camarades. Elle fut fusillée et son corps jeté dans un puits de l’exploitation (nuit du 15 au 16 janvier 1943).

Nadejda Petrachkova (1924-1943), originaire de la région de Lougansk, d’une famille de mineurs, qui s’installa ensuite à Krasnodon (1927). Elle rejoignit les pionniers (1931), puis les komsomols (1939), et trouva un emploi dans une mine pour ne pas être déportée par les Allemands (1942). Elle intégra la Jeune Garde peu après, mais fut arrêtée par la Gestapo (12 janvier), torturée et jetée dans un puits de mine.

Victor Petrov (17 septembre 1925-1943), originaire de la région de Lougansk, il travailla dans un kolkhoze (1942), et rejoignit ensuite la Jeune Garde (automne). Il fut arrêté par la Gestapo début janvier 1943, torturé et jeté dans un puits de mine (nuit du 15 au 16 janvier 1943). Son école dans la localité de Roubejnoe a été détruite dans les combats pour la libération du Donbass (2022).

Youri Polianski (1924-1943), originaire d’une famille nombreuse, de paysans, son père étant devenu ensuite mineur dans la région de Lougansk (Lissichansk, puis Krasnodon années 30). Il intégra les komsomols (1939), puis la Jeune Garde (1942). Il fut arrêté par la Gestapo (13 janvier 1943), puis après avoir été torturé à mort fut jeté dans un puits de mine (14 janvier). Lorsque son corps fut remonté, ses bourreaux lui avait coupé le nez et la main gauche. Sa sœur fut soupçonnée d’avoir dénoncé des membres de la Jeune Garde, condamnée à 10 ans de prison, elle fut ensuite réhabilitée.

Anatoli Popov (1924-1943), originaire de la région de Krasnodon, il travailla pour l’effort de guerre dans un kolkhoze (1941-1942), puis intégra la Jeune Garde (1942). Il fut arrêté par la Gestapo en janvier 1943, torturé et fusillé le 16 janvier. Son corps fut jeté dans un puits de mine. Il fut l’un des trois seuls membres de la Jeune Garde à être médaillé de l’Ordre du Drapeau Rouge, à titre posthume (1943).

Stepan Safonov (19 décembre 1926-20 janvier 1943), il rejoignit la Jeune Garde de Krasnodon (1942), et organisa un groupe dans un village de la région. Son groupe fut détruit et il fut fusillé. Une rue d’un village des alentours fut renommée en son nom (1973), des milliers de rues en Ukraine ont été rebaptisées au contraire de noms de collaborateurs de l’Allemagne nazie (entre 2014 et de nos jours).

Olga Saprikina (1923 ou 1924-2016), originaire de la région d’Orel, d’une famille d’ouvriers, sa famille déménagea à Krasnodon (fin années 20), puis Vinnytsia (1936). Elle entra aux Komsomols (octobre), puis lors de l’invasion de l’URSS prit la fuite avec sa famille à Krasnodon. Elle travailla comme volontaire pour creuser des fossés antichars et des fortifications (1941-1942), puis entra dans la Jeune Garde. Elle réussit à prendre la fuite et fut cachée par des locaux (janvier 1943), et s’enrôla dans l’Arme Rouge (printemps). Elle fut démobilisée après la guerre (novembre 1945), et s’installa à Moscou. Elle fit des études de droit (diplômée en 1946 et 1957), et travailla dans un ministère de la République socialiste soviétique de Russie (jusqu’en 1979). Elle fut la dernière membre de la Jeune Garde à être en vie. Elle fut médaillée par la Douma (2013), et mourut le 9 mai 2016, jour de la Victoire contre l’Allemagne nazie.

Evguéni Shepelev (1924-1943), originaire de la région de Rostov-sur-le-Don, il intégra les rangs des komsomols (1940). Il se porta volontaire dans les rangs de l’Armée Rouge (automne 1941), mais fut fait prisonnier à Stavropol. Il réussit à prendre la fuite et rejoignit la ville de Krasnodon. Il fut intégré à la Jeune Garde (1942) et participa à des opérations de résistance. Il fut arrêté par la Gestapo (4 janvier 1943), fut torturé et exécuté (15 janvier). Son corps fut jeté dans un puits de mine.

Géorgi Sherbakov (1925-1943), originaire de Krasnodon, il se porta volontaire pour travailler dans une mine et participer à l’effort de guerre (1941). Il intégra l’année suivante la Jeune Garde (1942), et fut arrêté par la Gestapo (12 janvier 1943). Il fut torturé et exécuté, puis son corps jeté dans un puits de mine (16 janvier).

Nadejda Sherbakova (1923-?), originaire de la région de Krasnodon, elle intégra les pionniers (années 30), puis la Jeune Garde (1942). Elle fut arrêtée par la Gestapo à Krasnoïarsk (18 janvier 1943), et fut battue et torturée sans avoir parlé (19 janvier). Elle fut laissée dans le froid et survécue, et l’approche des troupes soviétiques lui permirent de prendre la fuite (20 janvier). Elle fut de nouveau arrêtée par la Gestapo (28 janvier) et devait être fusillée. Elle réussit à prendre la fuite de nouveau et passa dans les lignes soviétiques. Elle s’installa après la guerre à Rostov-sur-le-Don, où elle fonda une famille, trois enfants. Elle livra son témoignage sur la Jeune Garde (années 90). Sa date et son lieu de mort ne sont pas connus.

Lioubov Shevtsova (1924-1943), originaire de la région de Krasnodon, fille unique, elle suivit une formation d’infirmière pour soutenir l’effort de guerre (1941), et travailla dans l’hôpital militaire de Krasnodon. Elle intégra les komsomols (février 1942), et une formation de guérilla et guerre clandestine sur les arrières du front, opératrice radio. Elle fut envoyée à l’arrière du front, opéra dans la région de Krasnodon, rejoignant aussi la Jeune Garde (été/automne 1942). Elle fut finalement arrêtée par la Gestapo (8 janvier 1943), et était recherchée depuis longtemps pour ces émissions clandestines radio. De fait, elle fut très longuement torturée pour livrer ses secrets, mais elle ne parla pas. Elle fut emmenée avec d’autres dans les locaux de la Gestapo de Rovenko (31 janvier), où elle fut encore torturée longuement. Elle fut fusillée avec des camarades dans une forêt des environs, le 9 février 1943. Elle fut décoré à titre posthume du titre de Héros de l’Union soviétique (13 septembre). Il existait de nombreuses rues en son honneur en Ukraine, notamment à Dniepropetrovsk, ou encore des monuments comme à Kharkov ou Petropavlovka qui ont été détruits. Les rues d’Ukraine qui honoraient des personnages soviétiques ont été renommées en l’honneur de collaborateurs ukrainiens de l’Allemagne nazie (2022-2023).

Anna Sopova (1924-1943), originaire d’Artëmovsk, région de Donetsk, d’une famille d’ouvriers, qui s’installa à Krasnodon (1935). Elle entra dans les komsomols (1939), puis dans la Jeune Garde (1942). Elle fut l’une des cadres de l’État-major de l’organisation, élue par ses pairs. Elle échappa aux premières arrestations et tenta d’organiser leur évasion. Elle fut finalement arrêtée par la Gestapo (25 janvier 1943), torturée et fusillée le 31 janvier. Elle reçut deux médailles à titre posthume (1943).

Nikolaï Soumskoï (1924-1943), originaire de la région de Lougansk, d’une famille de paysans, qui s’installa à Krasnodon (1930). Il entra dans les komsomols (1939), et précocement pris contact avec l’organisation pour organiser la résistance à l’arrivée des Allemands (été 1942). Il forma avec ses amis un premier groupe de 12 résistants de son âge, qui intégra la Jeune Garde (automne). Ils tentèrent de saboter les stocks de grain pour empêcher leur utilisation par les Allemands. Il fut arrêté par la Gestapo (4 janvier 1943), et la fouille de son logis révéla une radio. Torturé, il fut fusillé dans la nuit du 18 au 19 janvier, et son corps fut jeté dans un puits de mine. Lorsque son corps fut remonté, l’on découvrit que ses bourreaux lui avaient crevé l’œil gauche, enfoncé des aiguilles sous les ongles, cassé la main gauche et percé le nez avec un foret. Il fut l’un des trois décorés à titre posthume de l’Ordre du Drapeau Rouge (1943).

Sergeï Tioulenine (1925-1943), originaire de la région d’Orel, sa famille s’installa à Krasnodon (1926). Il se porta volontaire pour travailler dans les mines afin de supporter l’effort de guerre, ainsi qu’à la construction de lignes de défense et des fossés antichars (1941). Il intégra la Jeune Garde (1942), dont il devînt l’un des cadres dans l’État-major. Il réussit à prendre la fuite au moment du démantèlement du réseau et passa dans les lignes soviétiques. Il s’enrôla dans l’Armée Rouge, et participa aux combats pour la libération de Krasnodon. Il fut fait prisonnier dans les combats, blessé à la main, mais réussit à s’enfuir. Il rejoignit la maison familiale (23 janvier 1943), mais fut dénoncé par une voisine qui soutenait l’Ukraine bandériste. Il fut arrêté par la Gestapo (25 janvier), torturé et exécuté et jeté dans un puits de mine (31 janvier). Il fut décoré à titre posthume du titre de Héros de l’Union soviétique et de l’Ordre de Lénine (13 septembre).

Vassili Tkachev (1922-1943), originaire de la région de Rostov-sur-le-Don, cousin de Palagouta. Il fut mobilisé lors de l’invasion allemande (1941), et versé dans le corps de l’infanterie de marine. Il fut envoyé à la défense de Sébastopol, mais grièvement blessé fut évacué (1942). Il fut envoyé en convalescence, renvoyé au front, fait prisonnier mais il réussit à s’enfuir. Il se cacha dans les environs de Krasnodon et rejoignit la Jeune Garde (automne). Il fut arrêté par la Gestapo (18 janvier 1943), torturé et exécuté. La date et le lieu de sa mort n’ont jamais été établis.

Victor Tretiakevitch (1924-1943), originaire de la région de Koursk, d’une famille nombreuse qui déménagea à Krasnodon (1932), puis à Lougansk (1941). Il avait entre temps intégré les komsomols (1939). Il fut formé à Lougansk aux techniques de guérilla et d’opérations sur les arrières de l’ennemi (1942), et fut envoyé en mission et fut anéanti. Lui-même put prendre la fuite et se cacha à Krasnodon où il rejoignit la Jeune Garde (automne). Il fut l’un des chefs du groupe et participa à de nombreux coups de main. Il fut arrêté le 1er janvier 1943 par la Gestapo, qui à partir de son arrestation purent remonter la filière de résistance. Il fut torturé et jeté vivant dans un puits de mine dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943. Il fut dénoncé comme étant le traître qui avait donné les informations sur le groupe, et sa réhabilitation dura plusieurs années. C’est finalement lors du procès d’un supplétif de la police allemande, Vassili Podtinny (1959), que ce dernier révéla le vrai nom du traître, Guénnady Potcheptsov (fusillé pour trahison par les Soviétiques en 1943). Une commission spéciale réhabilité alors Tretiakevitch. Deux monuments existaient pour l’honorer, l’un en Russie, l’autre à Kharkov, qui probablement aura été vandalisé et détruit à l’heure où j’écris ses lignes. Il a été décoré à titre posthume du titre de Héros de la Russie (22 septembre 2022).

Ivan Tourkenitch (15 février 1920-14 août 1944), originaire de la région de Voronej, fils de mineur, il fit des études supérieures dans les transports ferroviaires. Il fut mobilisé, grade de lieutenant (1941), envoyé à l’entraînement, puis sur le front (juin 1942), dans le 614e régiment d’artillerie antichar. Après avoir été encerclé, plutôt que de se rendre, il tenta de rejoindre les lignes soviétiques, fut fait prisonnier, s’évada et se fondit dans la population de Krasnodon (août). Il rejoignit la Jeune Garde dont il devînt l’un des cadres, le groupe comprenant à son apogée une centaine de partisans en armes. Il échappa à l’arrestation (2 janvier), put se cacher dans la ville et rejoignit l’Armée Rouge en approche. Il servit à la libération de l’Ukraine dans diverses unités d’artillerie, notamment de Kiev, Jytomyr, Ternopol et Lvov. Il fut mortellement blessé en Pologne, à Glogow-Malopolski (13 août), et mourut le lendemain. Il fut enterré dans un cimetière soviétique en Pologne, à Rzeszow, où il repose encore de nos jours. Tous les cimetières militaires en Occident, à fortiori en Ukraine sont en danger de destruction et profanation. Il avait été médaillé du titre de Héros de l’Union soviétique à titre posthume (5 mai 1990). Plusieurs monuments évoqués son souvenir dont certains ont été détruits par les bandéristes ukrainiens de nos jours, notamment à Krivoï Rog, Jytomyr, Kharkov et Petropavlovka (2022-2023).

Youri Vistenovski (1924-1943), originaire de la région de Rostov-sur-le-Don, sa famille s’installa à Krasnodon (1925). Il intégra les Komsomols (1938), puis fut dans les volontaires qui construisirent des fossés antichars et des fortifications (1941-1942). Il rejoignit la Jeune Garde (1942), et échappa à la Gestapo. Il s’occupait d’une action pour tenter de libérer ses camarades, lorsqu’il fut finalement arrêté (28 janvier 1943). Après avoir été torturé, il fut jeté vivant dans un puits de mine, le 31 janvier.

Ivan Zemnoukhov (8 septembre 1923-1943), d’une famille de paysans, il arriva avec sa famille à Krasnodon (1932), puis entra dans les Komsomols (1938). Il tenta de s’enrôler dans l’Armée Rouge au moment de l’invasion, mais fut refusé (1941). Il intégra la Jeune Garde (1942), et tenta venir en aide à deux partisans qui venaient d’être arrêtés par la Gestapo (2 janvier). Il fut lui même pris, torturé et fut jeté vivant dans un puits de mine, le 16 janvier 1943. Il fut fait héros de l’Union soviétique à titre posthume (13 septembre), et il devînt légendaire en devenant le personnage principal du roman d’Alexandre Fadeev, La Jeune Garde (1945), ouvrage qui fut récompensé par le prix Staline (1946). Une douzaine de rues et de monuments existent en son honneur.

Laurent Brayard

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