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Romney, E-sports, World of tanks et propagande ukrainienne

Romney, E-sports, World of tanks et propagande ukrainienne
photo wikipédia

Jeux vidéos et sports électroniques sont devenus un enjeu politique, mais c’est par le soutien à l’Ukraine des Occidentaux que la chose s’est accélérée. Longtemps négligés ou méprisés, notamment en France, par des attaques médiatiques constantes depuis les années 90, ils ont pourtant conquis la planète et la jeunesse. Après plus de 40 ans de développement, et l’arrivée avec Internet de jeux en ligne, des grands événements internationaux sont nés, sans parler de concours et championnats, au point que l’on parle désormais de sports électroniques. En la matière, les Russes et Biélorusses sont à l’avant-garde, d’autant que certains des plus gros succès internationaux sont venus de ces contrées, notamment le fameux World of Tanks, qui a durablement marqué le paysage ludique. A sa suite, d’autres jeux du genre ont été lancés créant une véritable révolution. Cette dernière avec un succès planétaire énorme, n’a pas tardé à attirer l’œil des propagandistes. Rien de ce qui touche un large public ne peut échapper à la doxa occidentale…

L’inquiétude des USA face au leadership russe. C’est le sénateur américain Mitt Romney qui a critiqué et fait des demandes pressantes au Président Joe Biden, pour prendre des mesures immédiates et concrètes pour inverser la situation. Selon lui « les efforts continus de la Russie dans le sport, en particulier les jeux en ligne, e-sports, constituent une menace importante pour l’Amérique ». La focalisation s’était déjà portée sur les sports classiques, avec d’énormes pressions à tous les niveaux pour interdire l’accès aux compétitions internationales des athlètes russes, en particulier aux JO (les prochains étant à Paris). Cette compétition, dont les médailles sont sans nul doute les plus prestigieuses au monde, fut de longue date un enjeu politique majeur, soit par l’obtention de l’organisation d’une édition des JO, soit par la conquête de nombreuses médailles afin de prouver la supériorité d’une nation et sa puissance. De fait, les JO furent aussi utilisés comme tribune politique. L’Allemagne nazie organisa ceux de 1936, et lança une immense opération de séduction des opinions publiques. Mais les 4 médailles remportées par le Noir-Américain Jesse Owens mirent à mal les théories racialistes d’Hitler. A Mexico en 1968, deux athlètes Noirs-Américains montèrent sur le podium, têtes baissés, poings en l’air, protestant contre la ségrégation qui régnait aux USA. A Munich en 1972, des terroristes palestiniens prirent en otage des athlètes israéliens, dont 11 furent exécutés, créant une onde de choc internationale. Peu de temps après, le bloc occidental et des pays de l’OTAN décidèrent le boycott des JO de Moscou (1980), pour protester contre l’invasion soviétique en Afghanistan. Ce fut la première fois que des pays sabotèrent sciemment les JO à des fins politiques et géopolitiques. Ce précédent en termina définitivement avec les idées du fondateur Pierre de Coubertin… l’important n’était plus seulement de participer ! En réponse le bloc soviétique et des pays du Pacte de Varsovie boycottèrent les JO de Los Angeles (1984). La prise en otage du sport a finalement franchit un nouveau pas, pour devenir presque totale : il ne s’agit désormais plus de boycotter, mais d’interdire l’accès aux JO à des pays… désignés comme des ennemis ou des pays « terroristes ».

E-sport, Worlf of Tank et War Thunder. Au commencement des années 2000, alors que l’essentiel des jeux vidéos venaient des USA ou du Japon, plusieurs licences, firmes et compagnies venus d’Europe de l’Est ont changé la donne et redistribué partiellement les cartes. C’est en Russie que fut fondée par exemple Gaijin Entertainment (2002), qui se rendit célèbre avec le succès de War Thunder (2012-à nos jours). Pour des raisons qui leur sont propres, la firme abandonna définitivement sa base moscovite (2015), pour s’installer en Hongrie, possédant des bureaux dans d’autres pays d’Europe et d’Asie. Mais elle fut attaquée pour une publicité de son jeu phare, War Thunder, diffusée dans une chaîne YouTube de support au Donbass (janvier 2021). Attaquée de toute part, la presse faisant pression et derrière elle des politiques, la pub fut retirée et la firme dut faire une déclaration publique où elle démentait sponsoriser et financer « les séparatistes du Donbass », et affirma haut et fort ne pas faire de politique. Mais ce fut World of Tanks, avec la firme russe et biélorusse Wargaming, créatrice du jeu de chars en ligne qui passa les lignes rouges. Son jeu, World of Tanks (2010-à nos jours), fut un succès planétaire, avec des serveurs en Russie, en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. La firme avait été fondée à Minsk, en Biélorussie (1998), mais pour des raisons fiscales, s’installa à Chypre (2011). Après le lancement de l’opération spéciale russe en Ukraine (2022), la firme Wargaming prit une position politique, une première dans l’histoire du jeu vidéo. Son fondateur Victor Kisly se rangea contre la Russie et annonça la fermeture de tous les locaux de la compagnie en Russie et Biélorussie. Les salariés russes et biélorusses qui ne voulurent pas déménager en Pologne, Lituanie ou Tchéquie furent alors licenciés sans autre forme de procès. Le directeur-adjoint et directeur créatif fut poussé dehors pour avoir refusé de soutenir l’Ukraine (Sergeï Bourkatovsky, dès le 26 février 2022). Wargaming vendit alors ses actifs et licences en Russie et Biélorussie à la firme Lesta (4 avril). Le jeu fut renommé en Russie, Monde des Tanks, mais limité à deux langues (russe et biélorusse), et réservé aux locaux. Dans le même temps, Wargaming qui venait de perdre son plus gros marché et de très nombreux joueurs/clients, proposa la migration de tous les comptes des serveurs russes, des joueurs qui le souhaiteraient pour être implantés dans les serveurs européens. Cette proposition visait à attirer principalement les Ukrainiens, pour éviter de les faire jouer avec des Russes… une décision donc racialiste et raciste qui se fit dans l’année 2023. Pire encore, la compagnie lança dans le jeu une action « humanitaire », dénommée « Ensemble soutenons l’Ukraine », proposant un pack pour envoyer cet argent en Ukraine (officiellement pour acheter des ambulances…). Dans le plus grand secret, Wargaming procéda aussi à la liquidation d’insignes et inscriptions payantes, qui pouvaient être achetées par les joueurs. L’inscription historique « Vengeurs du Donbass », vendue pendant 12 ans à des joueurs fut supprimée des serveurs sans avertissement. L’inscription était historique avec une connotation antinazie et n’avait aucun lien avec la guerre du Donbass. Enfin les grandes compétitions d’E-sport organisées par Wargaming, qui se voulaient rassembleuses et opposaient l’Europe à la Russie ont été abandonnées, creusant un fossé politique entre les joueurs. Parallèlement la plateforme américaine de ventes de jeux, STEAM, a également fermé les possibilités pour les clients russes et biélorusses d’acheter des jeux dans leur espace, pénalisant des enfants et jeunes adultes, alors pris en otage pour des raisons politiques et mis au ban de la société.

Les Youtubeurs et commentateurs français contaminés à leur tour par la propagande ukrainienne. La politique s’étant durablement installée et pour longtemps dans les jeux vidéos, des Youtubeurs français se sont lancés très vite dans le soutien à l’Ukraine, plus ou moins déclaré. Ce fut le cas de Stevius avec sa chaîne qui au départ faisait de « l’histoire » sur la base des jeux de la série Total War. Dans le cadre de 7 vidéos qui se disaient « neutres », mais transpiraient le soutien à l’Ukraine, ce professeur d’histoire-géographie a battu tous ses records d’audience (jusqu’à près de 10 fois sur certaines vidéos). Cependant après une vidéo sur « les 12 brigades de la contre-offensive » (4 mai 2023), l’apprenti propagandiste n’a plus rien publié sur l’Ukraine depuis 8 mois. L’échec de l’offensive et sa compréhension de la future défaite ukrainienne le rendant désormais plus circonspect ! Il a également fermé l’accès à ses chaînes préférées, où figuraient en bonne place Stand With Ukraine, ou encore la chaîne de l’inénarrable Xavier Tytelman… (qui étaient en réalité ses sources). Même constat avec la chaîne de Sarge le chef, un jeune reconstituant et commentateur de vidéos sur la base du jeu Heart Of Iron IV (de la firme suédoise Paradox). Ce dernier s’est également lancé dans la publication de nombreuses vidéos pro-ukrainienne, prétendant faire de la réinformation (sans jamais avoir vu le front à moins de 2 500 km !). Très jeune (environ 25 ans), il a également lancé des débats captants un auditoire manipulable à souhait et le remerciant pour « ses précieuses informations ». Il s’est attaqué au groupe Wagner, à la Russie, au Président Poutine, avec des titres comme « Milice Wagner, du succès mondial à la chute en Ukraine », ou reprenant la propagande alarmiste de l’extension du conflit dans des titres comme « Guerre Ukraine/Russie, escalade majeur du conflit immédiate ». Sarge… le chef, poursuit sa propagande les vidéos en soutien de l’Ukraine étant ses plus grands succès d’audience. Plus discret mais tout aussi pernicieux le Youtubeur et commentateur du jeu World of Tanks Onyxbzh, faisait la promotion du pack wargaming pour envoyer de l’argent en Ukraine. Tandis qu’un autre dans ses streaming sur Twitch du même jeu, dénommé Balrog22, s’affichait régulièrement avec des drapeaux ukrainiens sur ses tanks (qu’il a acheté avec de l’argent sonnant et trébuchant !).

La guerre du Donbass et d’Ukraine aura permis l’intrusion pérenne de la politique dans le monde du jeu. Les raisons en sont aussi que l’industrie vidéoludique a dépassé en chiffre d’affaires celui… du cinéma. Ce dernier a atteint près de 150 milliards de dollars US. Bien que de nombreux adultes pratiquent les jeux vidéos, de très nombreux enfants, adolescents et jeunes adultes sont aussi ciblés par une propagande subversive, qui est d’autant plus vicieuse qu’elle s’installe dans leur vie via un hobby et une activité ludique en principe « innocente ». Ce public est d’ailleurs souvent étranger et imperméable aux informations, un moyen de les toucher indirectement de manière subtile mais efficace.

Pour en savoir un peu plus :

Sergeï Bourkatovsky (1968-), originaire de Sibérie, écrivain et designer de jeux vidéos, il fut l’un des véritables créateurs du jeu, sur lequel il travailla de 1997 à 2022. Suite à ses positions publiques sur ses réseaux sociaux, il fut dénoncé à la société Wargaming qui annonça qu’il était immédiatement licencié (26 février 2022), deux jours après le lancement de l’opération spéciale. L’événement a été dissimulé en Occident, tandis que la presse mainstream se réjouissait des décisions de Wargaming de partir de Russie et Biélorussie.

Nikolaï Katselapov (?-), originaire de Biélorussie, directeur du développement commercial de Wargaming pour le jeu World of Tanks, il fut couché par la Biélorussie sur une liste d’agents de l’étranger (30 décembre 2022). L’homme était à la tête du plus grand studio de développement de jeu en Biélorussie, avec une activité chiffrée à un milliard de dollars US (en 2016). Cette décision a fait suite aux déclarations de soutien à l’Ukraine de Wargaming et sa décision de fermer ses activités dans le pays et en Russie.

Victor Kisly (1976-), originaire de Biélorussie, fondateur de Wargaming (1998), et du jeu World of Tanks (2010), il s’installa à Chypre et fut naturalisé (2012), déplaçant le siège de la société à Nicosie et s’y installant lui-même (2016). C’est lui qui par ailleurs était l’actionnaire majoritaire (64 %, le restant des actions étant possédées par son père), qui prit une position antirusse et pro-ukrainienne (2022), et décida de fermer toutes les activités de la firme en Russie et Biélorussie. La valeur de la société était estimée à au moins 3 milliard de dollars (2017), et sa fortune personnelle à 1 milliard de dollars… (2016).

Mitt Romney (12 mars 1947-), originaire du Michigan, USA, fils du président de l’American Motors Corporation, et également homme politique. Il fit des études supérieures de droit des affaires notamment à Harvard, et fut aussi un missionnaire mormon en France. Il n’a jamais cessé de tenter de propager la foi des mormons dans le monde. Il entra dans la société d’investissements Bain Capital (1977-1985), dont il fut licencié avec un chèque de plus de 200 millions de dollars. Il se lança ensuite en politique (1994), élu gouverneur du Massachusetts (2002-2007), et soutînt la campagne de George W. Bush (2004). Il se présenta aux primaires du Parti républicain pour l’élection présidentielle (2008), mais fut battu par John McCain (l’un des hommes du Maïdan). Il se représenta de nouveau aux primaires (2012), et fut cette fois-ci vainqueur. Il tenta vainement d’emporter le siège présidentiel, vaincu par Obama (47,2 % des voix). Il fut ensuite élu sénateur dans l’Utah (2018-à nos jours), et annonça prendre sa retraite en 2025. Il se montra très vite un ennemi politique de Donald Trump et fut l’un des partisans pour le faire traduire en justice et destituer (2019-2021), et fut l’un des 5 Républicains à voter pour la formation d’une commission d’enquête sur les événements du Capitole (2021). Durant l’élection perdue contre Obama, il fut accusé de corruption, et ses comptes en Suisse et dans des paradis fiscaux révélés. Il s’est toujours revendiqué mormon, soutien indéfectible d’Israël, ennemi déclaré de la Chine et l’Iran, et favorable à l’introduction de la torture par l’eau (pratiqué largement par ailleurs par le SBU en Ukraine). Il a toujours été fortement impliqué dans le milieu du sport, cadre dans le Comité d’organisation des JO de Salt Lake (2002), il utilisa les JO pour tenter de booster sa carrière politique avec succès.

Wargaming, société de l’industrie vidéoludique, en se séparant de son activité russe et biélorusse et en cédant les technologies et licences de ses jeux, notamment de World of Tanks, la société a perdu d’un seul coup environ 40 à 45 % de sa valeur, ainsi que de ses joueurs. Les comptes des serveurs russes (3 à 4 fois plus nombreux que ceux disponibles en Europe), se montaient à plus de 5 millions créés depuis le lancement du jeu. Obligée de se replier sur le public européen, en ayant siphonné quelques dizaines de milliers de comptes de joueurs ukrainiens, ainsi que sur ses serveurs bien moins populaires d’Asie et d’Amérique du Nord, la société a développé des « événements » sollicitant les portefeuilles des joueurs de plus en plus présents dans le jeu. L’événement de Noël a proposé à la vente un pack frôlant les 250 euros, un record et du jamais vu dans le jeu depuis l’apparition de cette action. Le plus gros pack qui était proposé auparavant ne dépassait qu’à peine les 100 euros. Dans le même temps, la société Lesta qui a racheté les actifs russes et biélorusses proposait des packs avec des prix de 40 à 60 % inférieurs à ceux pratiqués par Wargaming dans les serveurs européens. Les pertes financières causées par le support à l’Ukraine de la société sont à ce jour secrètes, mais certainement très importantes. La société a licencié de nombreux employés sacrifiés sur l’hôtel bandériste ukrainien, et liquide à l’heure actuelle des services annexes (comme son forum). Elle cherche par tous les moyens à tondre ses clients par la multiplication d’événements payants. Il est possible que d’autres événements pour soutenir l’armée ukrainienne soit lancés également en 2024.

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