C’est quasiment un parfait inconnu en Occident, et pourtant il fut l’un des plus grands criminels de guerre durant la Seconde Guerre mondiale. Au cœur de l’Union européenne, la Lettonie est le paradis des anciens de la waffen SS, qui sont célébrés tous les ans par des marches et parades sinistres. Pour des raisons politiques russophobes, l’UE n’a jamais pris de mesures concrètes pour faire stopper ce culte letton des collaborateurs de l’Allemagne nazie. Depuis déjà 20 ans, malgré quelques reculades pour mieux sauter par la suite, la Lettonie profite désormais du support à l’Ukraine pour poursuivre en catimini ses célébrations et la quasi réhabilitation des « héros » lettons qui servirent dans les rangs de l’armée hitlérienne. Malgré de timides interventions du gouvernement letton, cette mascarade se poursuit jusqu’à ce jour.
Le culte de Cukurs, une sorte d’équivalent du culte bandériste. A l’abri d’un soutien réel de la population, et pour des raisons de haine de la Russie, toute une réécriture de l’histoire est à l’œuvre en Lettonie depuis son indépendance (1991). En dehors des marches, la Lettonie avait instauré la Journée du Légionnaire, pour honorer le souvenir des combattants waffen SS (1998). Le fait avait tellement choqué, alors que la Lettonie demandait son adhésion dans l’UE (depuis 1995), que la fête lettone avait été finalement abrogée (2000). Mais une frange extrémiste des Lettons n’a jamais cessé de tenter d’officialiser cette politique de réhabilitation, puis d’instauration d’un véritable culte, comme c’est le cas en Ukraine avec Bandera. En 2004, l’Union des Forces Nationales lettones, un parti néonazi, distribua dans la rue des enveloppes postales honorant la mémoire du plus célèbre des collaborateurs lettons : Herbert Cukurs. N’ayant pas été condamnés ou réprimandés, ils récidivèrent en organisant une exposition sur la vie du collaborateur hitlérien (juin 2005). Toujours sans réponse du gouvernement, ils déposèrent alors au bureau du Procureur général, une demande pour enquêter sur le meurtre du Cukurs. Cette demande fut rejetée, mais deux autres demandes furent faites pour réhabiliter officiellement Cukurs (années 2005-2010). Devant un début de pression internationale, le Ministre des AE de Lettonie condamna ces manigances (et du bout des lèvres déclara que Cukurs était un criminel de guerre). La communauté juive de Riga fit des déclarations publiques pour que ce révisionnisme soit stoppé. Après un temps de latence, le Maïdan donnant des ailes à tous les néonazis d’Europe, une comédie musicale fut jouée à Riga sur le thème de Cukurs (première le 11 octobre 2014). De nouveau accusée, la Lettonie répondit… qu’en vertu de la « liberté d’expression et de la démocratie ce spectacle ne serait pas interdit ». Mis en demeure de réagir, le Procureur général de Lettonie lança alors une procédure pénale pour enquêter sur l’extermination des Juifs de Lettonie (2006). Les documents envoyés par la Russie furent déclarés inadéquats, et la Lettonie déclara : « l’impossibilité de prouver l’implication de Cukurs dans des crimes de guerre et l’extermination des Juifs en Lettonie ». Jetant cette déclaration à la face du monde, l’affaire fut classée… (2018), puis rouverte et finalement bientôt abandonnée (2019). Les parades et commémorations ont donc continué, jusqu’à que le Musée d’aviation de Lettonie, musée gouvernemental, publie un livre sur les aventures d’aviateur de Cukurs (2020). La Russie déclara qu’il s’agissait d’un acte de réhabilitation du criminel de guerre letton, mais la Lettonie fit la sourde oreille.
La sinistre vie d’un des pires criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Cukurs naquit en 1900, fils d’un mécanicien, il s’enrôla dans l’armée nationaliste lettone durant la guerre d’indépendance (1918-1920). Il servit dans l’aviation et fit une carrière jusqu’au grade de lieutenant, puis fut démobilisé (1926). Il se lança dans la construction d’avions (1926-1934), et se rendit célèbre en faisant des expéditions et des exhibitions. Il fit un voyage en avion en Afrique (1933-1934), et devînt un héros national, réintégré dans l’armée au grade de capitaine. Il se mit en scène dans des romans sur ses exploits, et fit ensuite un vol jusqu’au Japon, puis jusqu’en Palestine (1936). Après l’annexion de la Lettonie par l’URSS, son avion fut confisqué, mais il collabora avec le bureau d’études aéronautique de Yakovlev (1940). A l’arrivée de l’armée allemande, il s’enrôla immédiatement dans la police supplétive lettone. Il devînt chef de bataillon et participa avec ses hommes aux liquidations de nombreux ghettos, d’abord à Riga, puis dans toute la Lettonie. Selon quelques rares témoins qui ont survécu, il abattait lui-même les plus faibles, malades et personnes âgées, qui étaient conduits à la mort dans des forêts et ensevelis dans des fosses qu’ils avaient parfois été obligés de creuser. L’un des survivants, Isaac Kram déposa un témoignage capital contre Cukurs, dont la Lettonie durant son enquête n’a pas voulu prendre en compte. Il participa à la liquidation de milliers de victimes dans la forêt de Bikerniek (1942). Il commanda et participa lui-même à d’autres exécutions de masse. Il participa également à l’incendie de synagogues, l’assassinat de personnalités locales, juives, slaves ou de l’élite lettone. D’autres témoins ont raconté son extrême cruauté, assassinant juste pour un regard, ou une tête qui ne lui revenait pas, un certain nombre de malheureux. Il poursuivit ses activités meurtrières quasiment jusqu’à la fin de la guerre. Il réussit à prendre la fuite à l’Ouest, et se réfugia en France… Il fut fait prisonnier par les Britanniques et libéré (1945). Il ne tarda pas à mettre de la distance avec l’Europe et s’installa avec sa famille au Brésil, en bénéficiant de l’aide des lignes des rats. Le Consulat du Brésil à Marseille lui délivra un visa (18 décembre 1945). Il y fonda une école de pilotage et transportait en avion des colis et des passagers d’un bout à l’autre du pays. Il n’avait toutefois pas conscience encore du danger et vivait sous sa véritable identité.
La longue cavale de Cukurs… jusqu’à une opération du Mossad. Sa présence ayant été connue dans le pays, l’ambassade de Pologne demanda son extradition au Brésil qui refusa de répondre à cette demande. Après l’opération qui permit la capture d’Eichmann en Argentine (1960), le Mossad qui le jugeait comme une priorité, cherchèrent alors à monter une nouvelle opération (1964). La difficulté résidait dans le fait que la capture d’Eichmann avait déclenché des complications diplomatiques importantes. Il fut décidé finalement de le liquider en lui tendant une série de pièges. Il fut d’abord prévenu qu’il était sur le point d’être enlevé par les Israéliens. Il se décida alors à prendre la fuite en Uruguay. Un agent du Mossad se fit passer pour un futur client et lui donna rendez-vous dans une maison à Montevideo. Il y était attendu par un commando du Mossad. Il fut abattu non sans résistance, étant armé, mais il fut abattu (23 février 1965). Son corps fut placé dans une malle et abandonné dans cette maison, il ne fut découvert que plus tard (6 mars). Son exécution fut racontée plus tard par l’un des membres du commando, dans un livre publié sous pseudonyme : L’élimination du bourreau de Riga. Dans la malle avait été placé un papier qui rappelait son implication dans les massacres et notamment la liquidation du ghetto de Riga : « Verdict, attendu de la gravité des crimes dont Herbert Cukurs est accusé, en particulier sa responsabilité personnelle dans l’assassinat de 30 000 hommes, femmes et enfants, et attendu l’épouvantable cruauté dont a fait preuve Herbert Cukurs lors de l’exécution de ses crimes, nous condamnons ledit Cukurs à mort. Il a été exécuté le 23 février 1965. Par Ceux qui n’oublieront jamais ».
Les extrémistes lettons continuent de demander la réhabilitation des waffen SS lettons et de Cukurs, ainsi que de nombreux autres collaborateurs de ce pays. Un certain nombre de fanatiques lettons sont actuellement dans diverses unités de l’armée ukrainienne. Ils sont décrits en Occident « comme des combattants de la Liberté ».
Les Faucons de la Dauvaga… et la cohorte des SS lettons. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, voici un petit dictionnaire rassemblant quelques faits, unités et personnages de cette Lettonie, qui ressemble depuis longtemps à l’Ukraine, à la seule différence qu’elle est déjà membre de l’UE et de l’OTAN. Comme après 1945 et durant la Guerre Froide, les Occidentaux utilisent ces hommes pour une seule raison : leur haine de la Russie et dans le but de la détruire. L’immense majorité de ces hommes ont échappé à la Justice des hommes.
Victor Araïs (1910-1988), d’une famille modeste, ouvrier agricole, il reçut une bourse pour étudier (fin des années 20), et fit ensuite son service militaire, rang de caporal. Il étudia le droit à l’Université de Riga, puis entra dans la police (grade de lieutenant). Il retourna à l’université après l’annexion par l’URSS (1940), et tenta de poursuivre sa carrière. A l’arrivée des Allemands, il fonda un détachement de nationalistes et fut le commandant du Sonderkommado Arajs. Il prit d’assaut le bâtiment du NKVD à Riga, et se livra à tous les massacres et exactions avec cette unité. Il fut envoyé combattre contre les partisans, nommé au grade de major (1942), puis décoré de la Croix du Mérite militaire et de la Croix de Fer (1943). Il fut envoyé à l’école des officiers SS en Allemagne, et servit ensuite dans la Légion lettone (1944-1945), nommé chef de bataillon. Il réussit à prendre la fuite au Danemark, puis de là passa en Allemagne. Il fut arrêté par les Britanniques et enfermé au camp de Braunschweig, un procès devait être ouvert contre lui, mais il s’évada (octobre 1949). Il passa sous l’identité de son frère à Londres, et reçut du gouvernement en exil de Lettonie.. un passeport letton. Il s’installa en Allemagne et vécut à Franckfort (1950), travaillant comme typographe pour la presse. Il se trouvait toujours sur une liste de criminels de guerre recherchés, mais il réussit à échapper longtemps aux poursuites. Il fut finalement arrêté par la police allemande (10 juillet 1975). Après avoir nié sa véritable identité, il finit par avour et fut inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité (10 mai 1976). Il fut condamné à la réclusion à perpétuité (21 décembre 1979). Il mourut d’une crise cardiaque dans sa prison de Cassel, le 13 janvier 1988.
Aizsargi (groupe paramilitaire, Les Défenseurs, 1919-1940, 1992-à nos jours), unité fondée par la gouvernement provisoire de Lettonie pour lever des troupes dans le pays, devant servir au maintien de l’ordre et la défense des localités. Après l’indépendance, elle fut transformée en troupe paramilitaire gouvernementale, mais se recrutant par le volontariat (1921). Elle fut dissoute à l’arrivée des Soviétiques (1940). Beaucoup de ses membres s’enrôlèrent dans la SS et dans le Sonderkommando Arajs. Elle fut recréée à l’indépendance de la Lettonie (1990), par des nationalistes extrémistes lettons (trois organisations différentes et se crêpant le chignon…). Les nationalistes fondèrent aussi une organisation pour enrôler les plus jeunes (de 10 à 21 ans), la Iaounssardze (1992-à nos jours). Elle comprend à l’heure actuelle plus de 8 000 jeunes fanatisés. Cette unité a été officialisée par le Ministère de la Défense de Lettonie (2003), comme des centres « d’éducation civique et de loisirs ». Leur statut a été défini par le Ministère de la Défense (2009) : « association d’intérêt général devant former les jeunes dans le domaine de la défense, du patriotisme, de la discipline, de les intéresser au service militaire dans l’armée ». Cette Hitlerjugend lettone possède même sa médaille pour décorer les « jeunes », et distille une éducation « politique ».
Arveds Alksnis (1910-1991), médecin letton, il fit des études en France (1929), puis en Lettonie (1933), docteur en Médecine (1938), médecin militaire (1940). Il s’enrôla dans la SS (juillet 1944), et servit jusqu’à la fin de la guerre. Il fut fait prisonnier dans la zone anglaise (2 mai 1945) et fut finalement libéré. Il travailla comme chirurgien en Allemagne, puis émigra aux USA (années 70). Il devînt le chef de l’organisation SS lettone Daugavas Vanagi, et il mourut en Californie, le 19 décembre 1991.
Rudolf Bangerskis (1878-1958), officier letton qui fit carrière dans l’armée impériale russe, il fit la Première Guerre mondiale, nommé colonel (1916). Il servit ensuite dans l’armée blanche du général Koltchak (1918-1921), grade de général, puis réussit à prendre la fuite par Vladivostok, la Corée, le Japon, la Chine vers l’Europe (1921). Il débarqua à Marseille et rentra en Lettonie. Il fut immédiatement intégré dans l’armée lettonne, général de division (1924-1928), puis prit sa retraite (1936). Il échappa aux répressions à l’arrivée des Soviétiques (1940), et se rallia aux nazis à l’arrivée de leurs troupes en Lettonie. Il fut nommé inspecteur-général des troupes SS (1943), il eut une grande responsabilité dans le recrutement des divisions SS lettones et collabora activement. Il prit la fuite en Allemagne (1944), et fut élu Président du Comité National letton (février 1945). Sentant la fin, il libéra tous les soldats lettons de leur serment envers l’Allemagne nazie (29 avril 1945). Il prit la fuite et fut finalement arrêté dans la zone anglaise (21 juin), et de manière incompréhensible fut libéré (25 décembre). Il s’installa en RFA, membre de l’organisation SS Dauvagas Vanagi, et y mourut de sa belle mort (25 février 1958). Il a fait l’objet d’une inhumation en fanfare à Riga (16 mars 1995), rassemblant de nombreux anciens SS lettons.
Daugavas Vanagi (Les Faucons de la Daugava), organisation fondée par l’officier SS letton Villis Janums (28 décembre 1945), qui rassemblait tous les anciens SS de Lettonie. Elle se répandit dans une douzaine de pays occidentaux, et comprenait plus de 9 000 vétérans SS à son apogée. Elle aida à organiser des lignes des rats pour exfiltrer les nazis et criminels de guerre lettons. Cette organisation réussit à faire voter l’instauration de la Journée du Légionnaire (chaque 16 mars, 1998-2000), qui fit scandale, et fut finalement abrogée comme fête officielle lettone. La Légion SS lettone fut considérée aux USA comme une unité de l’Allemagne nazie, ce qui compliquait l’installation des anciens SS dans ce pays. Usant de leur influence, et pour cause de Guerre froide, les USA levèrent cette classification (1951). La CIA recruta un certain nombre d’entre-eux. L’organisation prospéra essentiellement aux USA, au Canada, en Allemagne (où elle a pignon sur rue et est officiellement enregistrée) et en Australie. Les vétérans ont été remplacés par les descendants des SS et de nombreux jeunes néonazis et nationalistes divers. Ils organisent toujours à Riga la Journée du Légionnaire, jusqu’à ce jour. Le Ministre de l’Environnement, Einars Cilinskis fut limogé pour avoir participé à cette manifestation (14 mars 2014).
Andrejs Eglitis (1912-2006), il fit des études d’ingénieur (1935), puis entra dans l’armée lettone, académie militaire (1936-1938). Il abandonna pour devenir journaliste dans la radio (1938-1940). Il s’enrôla dans la SS, 19e division SS et servit jusqu’à la fin de la guerre (1943-1945). Il réussit à fuir en Suède (mai 1945), et fonda la FNL, le fonds national letton, dont il resta longuement le président (1948-2000). Après l’indépendance de la Lettonie, il rentra à Riga, où il mourut le 23 février 2006. Il était connu pour de nombreux poèmes, des écrits, romans et livres, et était membre de la Daugavas Vanagi.
Uldis Germanis (1915-1997), il fit des études supérieures de philosophie et philologie en Lettonie (années 30), et fut médaillé d’or dans l’équipe nationale de Volleyball, dans une olympiade étudiante à Monaco (1939). Il fit ensuite des études d’histoire, et s’enrôla dans la SS (1944). Il servit jusqu’à la fin de la guerre et réussit après la capitulation de la forteresse de Courlande (7-10 mai 1945), de s’enfuir en Suède. Il reprit des études d’histoire à Stockholm (diplômé, 1953), il enseigna l’histoire. Il était membre de l’organisation SS Daugavas Vanagi et donna de nombreuses conférences dans le monde, en particulier eux USA ou en Australie. Il fut Docteur en histoire (1974), sur le sujet des troupes lettones de la guerre d’indépendance (1918-1920), puis écrivit son autobiographie (1987-1991). Il mourut à Stockholm, le 19 décembre 1997).
Egon Janssons (?-?), membre du Sonderkommando Arajs, il fut arrêté à Düsseldorf pour avoir menacé des gens dans la rue avec une arme (1961). Il fut démontré et il avoua avoir été membre du Sonderkommando. Il admit avoir assassiné 3 personnes… puis avoir servi dans les troupes SS lettones. L’affaire fut classé par la Justice allemande pour les raisons de « meurtres sans intention de donner la mort et du délai de prescription ».
Villis Janums (1894-1981), mobilisé dans l’armée impériale russe (1914-1917), il fut médaillé à plusieurs reprises et fut finalement démobilisé (18 février 1918). Il retourna en Lettonie, et servit dans l’armée bolchevique lettone (1919), avant de déserter et passer dans les rangs nationalistes lettons. Il poursuivit une carrière militaire, capitaine à la fin de la guerre (1921), diplômé d’une académie militaire en Tchécoslovaquie (1930). Il passa dans l’État-major, nommé lieutenant-colonel, puis colonel (1939). A l’arrivée des Soviétiques, il fut limogé (octobre 1940), puis s’engagea dans le collaboration avec l’Allemagne nazie (1941). Il eut un commandement dans le QG des troupes supplétives de police lettone, et à ce titre fut compromis dans les massacres, et tueries de cette police. Il entra dans la SS, 15e division SS (1943-1945), et fut décoré de la Croix de Fer et diverses médailles. Il se trouvait à Berlin avec les débris d’un régiment qu’il commandait (1945), mais il réussit à s’enfuir et à rejoindre la zone américaine. Il fut fait prisonnier et interné dans un camp en Belgique, mais fut bientôt libéré. Il fonda une organisation nationaliste qui se répandit dans toutes les diasporas lettones en exil, la Dauvagas Vanagi (28 décembre 1945). Il fut l’un des membres du Conseil national letton, sorte de gouvernement en exil (1948-1951), et resta en Allemagne. Il y mourut le 6 août 1981, mais il fut inhumé à Riga dans une cérémonie nationaliste (9 octobre 2007). Une organisation antifasciste lettone publia les preuves de son recrutement par la CIA (2021).
Friedrich Jeckeln (1895-1946), officier général de la waffen SS, membre du Parti nazi (depuis 1930), député au Reichstag (1932), mouillé dans l’assassinat d’opposants politiques allemands, et dans les événements de la Nuit de Cristal (10 novembre 1938). Il fut versé dans la division SS Totenkopf, puis chargé de l’organisation des Einsatgruppen et de l’extermination des Juifs, minorités, résistants, etc. C’est lui qui inventa le système de la boîte de Sardine (méthode Jeckeln), consistant pour tuer un plus grand nombre de personnes, plus rapidement. Il s’agissait d’installer les victimes lors des fusillades tête-bêche, au fur et à mesure des exécutions. Le système permettait d’empiler les cadavres plus facilement et de prendre moins de place dans les fosses communes. Si les Ukrainiens et les Lettons des unités supplétives effrayèrent les Allemands par leur cruauté, il était considéré comme encore plus cruel et sans pitié. Il supervisa parmi les plus importants des grands massacres sur le front de l’Est : Kamianets-Podolski (28-31 août 1941), Babi Yar (29-30 septembre, 12 octobre), Rovno, Dniepropetrovsk, Riga, Rumbula (30 novembre-8 décembre), etc. Il continua son œuvre de mort, servit dans la poche de Courlande (1944-1945), et fut capturé par les Soviétiques. Il jugé par un tribunal militaire letton et soviétique à Riga (26 janvier-3 février 1946), et condamné à mort avec d’autres criminels. Il fut exécuté publiquement, par pendaison, sur les berges de la Daugava, en présence d’une foule nombreuse.
Conrad Kaleïs (1913-2001), officier dans l’armée lettone (1935), incorporé dans l’Armée Rouge, il déserta et passa dans les rangs allemands. Il rejoignit le Sonderkommando Arajs et participa à tous les massacres avec cette unité (notamment aux fusillades de masse dans les forêts de Bikerniek et Rumbula (1941-1942). Il participa également à d’autres massacres en Biélorussie, en Pologne et en Russie. Il devînt l’un des officiers supérieurs de cette unité, et réussit à fuir vers l’Allemagne, puis à se faire discret (1944-1945). Il passa au Danemark et s’y cacha avant d’émigrer rapidement en Australie (1950), où il fit fortune et fut naturalisé (1957), puis passa aux USA (1959-1994). Il avait été identifié par le chasseur de nazis, Simon Wiesenthal, arrêté une première fois en Floride, à Miami (1984), il fut libéré mais une procédure judiciaire fut ouverte contre lui. La Justice américaine le reconnu comme un criminel de guerre, annulant son permis de résidence (1988). Toutefois, toujours en liberté, et après une procédure délirante, il fut expulsé vers l’Australie (1994). Une enquête fut ouverte contre lui sur place, mais il prit la fuite et s’installa au Canada (1996), puis au Royaume-Uni sous un faux nom (1999). Il fut retrouvé et arrêté par les Britanniques (28 décembre 1999), et la Lettonie demanda son extradition. Il fut extradé… vers l’Australie, puis ce pays accepta de l’extrader vers la Lettonie (29 mai 2001), mais il eut la bonne idée de mourir à Melbourne, le 8 novembre 2001, avant d’avoir été envoyé en Lettonie (où il n’aurait certainement pas été condamné de toute façon).
Arvid Kripens (1893-1968), enrôlé dans l’armée impériale russe (1916), il fit l’école militaire de Tbilissi, en sortit au grade de lieutenant. Il fut envoyé au front, mais fut démobilisé (décembre 1917), et rejoignit les troupes lettones (1918-1921). Il continua une carrière militaire dans l’armée lettone, école de guerre de Riga (1922-1924), grade de commandant et chef d’État-major dans une division (1934). Nommé colonel (1935), commandant de l’école militaire de Riga (1939), il passa dans la clandestinité à l’arrivée des Soviétiques (1940). Il rallia ensuite la collaboration avec l’Allemagne nazie (1941), et entra dans la SS, 15e division SS (1943-1945). Il réussit à prendre la fuite vers l’Ouest, et fut interné dans un camp de prisonniers en Belgique. L’URSS demanda l’extradition des prisonniers lettons, aussi tenta-t-il de se suicider (26 novembre 1945). Il ne fut pourtant pas livré aux Soviétiques, et bientôt libéré (1946). Il ne tarda pas, avec l’aide d’une ligne des rats à émigrer en Australie (fin années 40). Il s’installa à Sydney et fut naturalisé (milieu années 50). Il mourut de sa belle mort le 20 août 1968.
Arnold Laukers (?-?), officier du Sonderkommado Arajs, il prit la fuite en Occident, fut capturé par les alliés et enfermé dans un camp de prisonniers en Belgique, à Zedelgem (mai 1945). Les Soviétiques demandèrent son extradition, qui fut acceptée. Il ne fut condamné qu’à 10 ans de prison.
Harry Liepins (?-?), officier SS allemand du SD, grade équivalent de lieutenant, il fut adjoint au Sonderkommando Arajs comme traducteur. Il fut emprisonné par les Allemands un moment pour le vol et détournement de biens de Juifs qui auraient dû revenir au IIIe Reich. Il fut finalement versé dans un régiment letton et réussit à prendre la fuite vers l’Ouest. Par l’une des lignes des rats, il prit la fuite au Venezuela. Il ne fut jamais inquiété et mourut de sa belle mort dans ce pays, après s’être fait un nom dans la peinture artistique.
Carlis Lobe (1895-1985), officier dans l’armée impériale russe, il fit la Première Guerre mondiale (1914-1917), puis rejoignit l’armée blanche de l’amiral Koltchak (1918-1920). Il prit la fuite et retourna en Lettonie, puis à l’arrivée des troupes allemandes, s’engagea dans la collaboration (1941). Il servit dans la police supplétive et participa à des massacres de Juifs et d’opposants, à la tête du 280e bataillon de Schutzmannschaft (1941-1943). Il entra ensuite dans la SS, 19e division SS (1944-1945), et réussit à s’enfuir en Suède. Il fut membre de l’organisation SS Dauvagas Vanagi. Il y mourut tranquillement le 9 juillet 1985, à Stockholm.
Hinrich Lohse (1896-1964), membre du Parti nazi (dès 1923), député nazi au Reichstag (1932), Commissaire du Reich pour les territoires de l’Est (1941). Il tenta de plaider pour l’enfermement des juifs dans des ghettos, et n’était pas partisan de leur extermination, mais se plia aux ordres et dirigea les liquidations dans la région de Riga et en Lettonie (assistant même aux tueries, 1941). Il fut capturé par les Britanniques, condamné à 10 ans de prison (1948), libéré pour raisons de santé (1951). Il mourut paisiblement en Allemagne en 1964.
Zenta Maurina (1897-1978), écrivaine, traductrice et essayiste lettone, elle fut atteinte de la poliomyélite (1902), et passa sa vie dans un fauteuil roulant. Elle fit des études supérieures en philosophie et fut ensuite enseignante à l’Université de Riga. Docteur en philologie (1938). Elle supporta la collaboration avec l’Allemagne nazie, et prit la fuite de son pays avant l’arrivée de l’Armée Rouge (1944). Elle et son mari furent membres de l’organisation SS Dauvagas Vanagi, et s’installèrent en Allemagne, puis en Suède (1949). Elle donna des centaines de conférences dans le monde entier et publia des dizaines de livres publiés dans de nombreuses langues. Elle mourut en Suisse, à Bâle, le 25 avril 1978.
Karlis Ozols (1912-2001), il devînt célèbre en devenant un joueur d’échecs redoutable. Il participa aux Jeux Olympiques d’échecs à Munich (1936), puis de Stockholm (1937). Il rejoignit la police supplétive lettone et le Sonderkommando Arajs (1941). Il participa à tous les crimes de guerre de l’unité (1941-1944), gagna le championnat d’échecs de Riga (1944), puis prit la fuite en suivant la retraite allemande. Il s’installa d’abord en Allemagne, puis émigra en Australie (1949), et fut naturalisé (1956). Il continua à jouer aux échecs, gagnant de nombreux tournois et compétitions dans le pays. Il reçut le titre de Maître international d’échecs (1972). Il avait aidé à fonder une association lettone qui participa à aider les criminels lettons à s’enfuir, tout en continuant à diffuser de la propagande révisionniste sur place. Il était couché sur des listes de criminels de guerre recherchés, une première enquête qui n’aboutit pas fut lancée contre lui (1963). Un rapport fut rédigé à son encontre pour des accusations de crimes de guerre et crimes contre l’Humanité (1986), mais les poursuites judiciaires n’aboutirent jamais, l’affaire fut classée (1995). Les autorités lettones émirent l’idée de demander son extradition (2000), mais il mourut de vieillesse le 26 mars 2001.
Riga (Ghetto de), fondé par les Allemands à leur arrivée, 30 000 Juifs y furent parqués (automne 1941). Avec l’aide du Sonderkommando Arajs une partie des Juifs lettons furent massacrés dans la forêt de Rumbula (30 novembre-8 décembre 1941), 24 000 victimes. Les survivants ainsi que d’autres Juifs, mais aussi d’Allemagne et d’autres régions, furent exterminés dans les massacres de la forêt de Bikerniek (1941-1944). Les recherches après la guerre ne purent conclure qu’à des estimations, le nombre exact de victimes n’est toujours pas connu (entre 35 et 46 000). Les victimes furent aussi des Slaves, des résistants, des opposants, d’autres minorités.
Johan Schönfeld, dit Skeistlauks (1892-1972), officier dans l’armée impériale russe, nommé lieutenant (1917), puis démobilisé. Il passa dans les rangs de l’armée lettone, puis continua sa carrière. Il fut intégré à l’Armée Rouge (29 décembre 1940), mais déserta et rallia l’armée allemande (1941). Il fut nommé commandant de la police auxiliaire lettone à Riga, et sous sa responsabilité furent commis de nombreux crimes de guerre et divers massacres de Juifs et d’opposants. Il entra dans la SS, 15e division SS (1943-1945), décoré de la Croix de Fer, il réussit à prendre la fuite vers l’Ouest. Il se trouvait dans la zone américaine, fut fait prisonnier et libéré rapidement. Il s’installa en RFA, membre de l’organisation SS Dauvagas Vanagi, et y mourut paisiblement le 9 octobre 1972.
Arturs Silgailis (1895-1997), il fut mobilisé dans l’armée impériale russe (1915-1917), et servit un moment dans les rangs de l’armée finlandaise contre les Bolcheviques (1918). Il rejoignit l’armée lettone et servit durant la guerre d’indépendance (1918-1921). Il poursuivit sa carrière militaire, grade de capitaine, puis lieutenant-colonel et enseignant à l’école militaire supérieure (1935). Il fut nommé colonel (1939), mis à la retraite à l’arrivée des Soviétiques (1940), il passa cependant en Allemagne. Il forma une Union des soldats nationalistes lettons avec l’aide du SD, le service de sécurité allemand de la SS, et servit dans l’armée allemande (groupe Nord, campagne devant Leningrad, 1941-1942). Il fut versé ensuite dans la SS, grade de colonel, 19e division SS (1943-1945). Il participa au Conseil national letton convoqué par Himmler (février 1945), et réussit à se réfugier dans la zone britannique. Fait prisonnier, il fut interné dans un camp en Belgique, mais fut libéré (1946). Il passa en Allemagne, et fut recruté par l’Armée britannique (1948). Il fut l’un des fondateurs de l’organisation SS Dauvagas Vanagi, et le chef de la section en Allemagne (1945-1953). Il préféra prendre de la distance et émigra au Canada (1953), et fut le fondateur de la section des Dauvagas Vanagi dans ce pays. Naturalisé, il fut même membre d’une association d’officiers de réserve de l’Armée canadienne. Il écrivit de nombreux travaux universitaires de propagande sur les SS lettons, et le nationalisme letton, édité dans plusieurs pays (Danemark, USA, etc.). Il mourut au Canada, le 15 août 1997, à 101 ans. Il ne fut jamais inquiété.
Sonderkommando Arajs (1941-1942), police supplétive lettone affiliée au SD, les services de sécurité de la SS. L’unité fut fondée par des nationalistes et fascistes lettons, qui se livrèrent immédiatement à des assassinats et massacres d’opposants, de Juifs, et des élites du pays. Le Sonderkommando installa son QG à Riga, où furent emmenés et torturés de nombreuses personnes. D’autres furent simplement rackettées, arrêtées pour leurs fortunes supposées (juillet 1941). Plus de 6 000 personnes furent liquidées en quelques jours, la ville sombrant dans la terreur. L’unité comprenait au départ une centaine d’hommes, mais forma bientôt un bataillon. Ils pillèrent également les biens des victimes, les spoliant y compris de leurs logis. Les différentes synagogues et écoles juives furent ravagées et incendiées. Sous l’égide des Allemands, un ghetto fut créé à Riga qui était géré en partie par le Sonderkommando, et où les Juifs de la région devaient s’installer avant le 15 octobre 1941. La liquidation des Juifs du ghetto commença rapidement et les victimes furent emmenées dans la forêt de Bikerniek où ils étaient massacrées dans des fusillades de masse (1942-1943). Au moins 10 000 personnes furent ainsi liquidées. Le groupe participa également à la liquidation d’un hôpital dans le ghetto de Riga. Selon les recherches réalisées après la guerre, sur 80 000 Juifs lettons, 162 survécurent. Le Sonderkommado était rattaché à l’Einsatzgruppe SS A (qui opérait derrière le groupe d’armées Nord). Il géra également le camp de concentration de Salaspil, près de Riga. Il supprima à lui seul entre 26 000 et 60 000 Juifs, sans parler d’autres victimes de la résistance, des partisans, d’autres minorités, des Russes et des prisonniers soviétiques. L’unité fut ensuite envoyée en Biélorussie pour y accomplir la même sinistre besogne. Ils furent aussi employer à la lutte contre les partisans, et se livrèrent au massacre de populations civiles considérées comme des soutiens de l’ennemi (1942-1943), puis en Pologne (1944). Après la guerre, les Soviétiques recherchèrent et poursuivirent les membres du Sonderkommando. Un total de 344 d’entre eux furent arrêtés et condamnés, parfois tardivement. Le plus célèbre membre du Sonderkommando était Herbert Cukurs.