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Bataillon Artiomovsk, transfuges, racket des populations et chasse aux résistants

Bataillon Artiomovsk, transfuges, racket des populations et chasse aux résistants
Photo prise par des membres du bataillon en 2014

L’histoire des transfuges du Donbass est triste, c’est celle de traîtres qui choisirent l’Ukraine bandériste et du Maïdan, contre celle de la liberté des Républicains du Donbass. Ceux qui firent ce choix n’étaient parfois et souvent que des « pièces rapportées » du Donbass. Les noms des hommes le prouvent, des noms ukrainiens qui n’avaient pas grand-chose à voir avec les Russes ethniques locaux (plus de 85 % de la population en 2014). Les transfuges furent rares mais ils furent bien réels, au nombre de quelques centaines. La plupart s’engagèrent parmi les pires bataillons de l’armée ukrainienne : quelques-uns dans Azov, d’autres dans le bataillon Donbass, dans Dniepr-1, dans les unités squelettiques de représailles Donetsk-1, Lougansk-1 qui ne furent au mieux que quelques sections. Et puis il eut également Artemovsk. Ils se comportèrent, on s’en doute, très mal dans le Donbass. Ils avaient été humilié durant la montée de la colère des populations civiles locales. Ils avaient beau avoir supporté le Maïdan, crié que « ceux qui ne sautaient pas, étaient des Moskals », ils n’avaient en fait autour d’eux quasiment que ces fameux « Moskals » (mot raciste pour désigner les Russes, similaire à « boche »). Ils durent fuir le Donbass, puis se réunir entre fanatiques, comme dans ce bataillon de police supplétive Artemovsk. Dès lors, il n’avait pas d’autres choix que celui de « nettoyer » le Donbass, c’est à dire dans un bain de sang, même après les référendums, ou mourir. Leur chef à lui seul est une caricature, trafiquant, escroc, homme politique, député de la Rada et girouette.

Artemovsk, ville symbolique et martyre du Donbass. Aujourd’hui théâtre d’une bataille de position comme on n’en avait pas vu depuis la Seconde Guerre mondiale, la ville fut rebaptisée par les Ukrainiens Bakhmut (afin de supprimer les références russes… en terre russe). Elle se trouvait à un carrefour clef entre les positions occidentales du Donbass de Slaviansk et Kramatorsk, et le cœur du Donbass, Donetsk et Lougansk. Lorsque les Ukrainiens lancèrent les bataillons de représailles sur le Donbass, ils prirent justement ces deux villes, puis s’emparèrent d’Artemovsk poussant toujours plus vers l’Est (juin-juillet 2014). Le bataillon avait été créé dès avant la prise de la ville par les Ukrainiens, dans la grande base d’attaque du Donbass : Dniepropetrovsk. Il fut créé par le Ministère de l’Intérieur, un bataillon parmi d’autres du même genre, justement comme Azov, Dniepr-1, Kiev-1 ou 2, Mirotvorets, Harpon ou Sainte-Marie. Ils furent souvent les pires bataillons en termes de crimes de guerre, de tueries, d’exactions. Car leur tâche première était justement les répressions politiques, la chasse aux résistants du Donbass, l’instauration de la terreur et la collaboration avec le SBU, la police politique d’Ukraine. Ce sont des taches vils et sinistres qui furent exécutées par ces bataillons, et Artemovsk ne fut pas le dernier. Partout « le travail » était le même : utiliser les dénonciations et les renseignements du SBU pour arrêter les résistants dans les localités occupées. Puis remonter les fils pour atteindre et détruire les Républicains, leurs soutiens et leurs familles parfois. Les bataillons étaient ensuite utilisés pour quadriller le terrain (barrages routiers, contrôles à l’entrée des villes, perquisitions, fouilles, etc.). A ce jour, les nombreuses victimes de cette première partie de l’opération ATO, ne peuvent être connues. Elles n’ont pas ou très peu été comptées dans le décompte des victimes, elles sont des centaines, des milliers. Je me souviens personnellement de l’histoire d’une blogueuse anti-maïdan, dont le cadavre fut découvert flottant dans une rivière. Certains furent arrêtés et livrés au SBU qui fit le sale travail. Mais ailleurs, les bataillons de police supplétive firent le ménage. Quelques rares vidéos apparurent montrant ce qui fut fait : crucifixion par Azov d’un insurgé, pendaison d’un couple dont une femme enceinte dans les bois, ou encore l’exécution en brisant le cou des prisonniers, d’un coup de crosse ou de pied sur une grosse casserole placée à l’envers sur la nuque des malheureux allongés à terre. La création du bataillon était censée faire croire à la population que de très nombreux partisans existaient dans le Donbass, de l’Ukraine bandériste. Ainsi fut créé Artemovsk, loin d’Artemovsk alors occupée par les Républicains qui bientôt organisèrent et fêtèrent le référendum (11 mai 2014).

Un bataillon oublié et s’étant livré à de nombreux crimes de guerre. Le bataillon fut formé à partir du 2 mai, en principe faisant appel aux transfuges du Donbass, entre 19 à 45 ans. Moins de 200 hommes se présentèrent, et parmi eux peut-être 70 % de volontaires de la région du Donbass au sens large. Les critères de sélection étaient en principe sévères, pas de casier judiciaire (mais son commandant en possédait un !), des personnes ayant effectué leur service militaire et en bonnes conditions physiques. En réalité on prit ce qui se présenta et ils ne furent pas nombreux, à peine assez pour former deux compagnies squelettiques. Devant l’urgence, malgré l’imposition du fait que seuls des gens de la région de Donetsk pouvaient être recrutés, l’on prit très vite des volontaires de la région de Dniepropetrovsk, et d’autres régions d’Ukraine, comme le prouvent les soldats décédés ensuite en service. Il fut même évoqué le fait de le verser dans le bataillon Dniepr-1 au vu de sa faiblesse. Le bataillon fut cependant rapidement envoyé avec son commandant dans la région de Liman. La biographie de cet homme montre un parcours sanglant et terrible. Il participa à quelques combats dans le mois de juillet et août, se faisant remarquer par la cruauté, les tortures, le racket et les exécutions sommaires. Son chef, cumulant les fonctions de chef de l’administration locale du district d’Artemovsk, acheva de discréditer l’armée ukrainienne dans la région. Des rackets furent organisés dans la région contre les « séparatistes » dénoncés. De vols de propriétés, de biens, de marchandises, et les soldats furent aussi employés aux moissons de l’entreprise agricole du commandant du bataillon. Un journaliste qui enquêta sur l’unité et son commandant écrivait : « la plupart du temps, les combattants d’Artemovsk ont servi aux postes de contrôle des territoires contrôlés par les forces ukrainiennes. Et aussi… à la récolte du blé dans les champs de la région d’Artemovsk, appartenant au commandant du bataillon et à des étrangers, y compris dans le district voisin de Popasnaya de la région de Lougansk, à la portée des groupes armés de militants. Naturellement, tout cela a été fait sur ordre. Désobéir aux ordres de la direction du bataillon aurait été lourd de conséquences dramatiques. Mateïtchenko était sévère et enclin au massacre. Dans le même temps, tous les patriotes n’ont pas réussi à quitter l’unité, comme l’on fait environ deux douzaines de combattants qui ont quitté le bataillon avec Tchirine ». Après avoir participé à la bataille de Debaltsevo (hiver 2014-2015), le bataillon resta en poste dans la région, employé aux répressions politiques, à la chasse aux résistants et à des tâches infamantes. Peu avant la dissolution du bataillon, alors qu’il se trouvait dans la ville de Svetlodarsk (libérée par les Russes et les Républicains en mai 2022), les hommes s’étaient filmés et se vantaient de prendre Moscou… (10 juillet 2015), la vidéo montrant ensuite le travail de traque « des séparatistes ». Le butin fut maigre, les fouilles systématiques des habitations permirent de découvrir quelques écussons, un ruban de Saint-Georges, toute chose pouvant conduire à la mort ceux qui furent pris en leur possession. Ils ne filmèrent pas bien sûr ce qui fut infligé aux gens chez qui ces quelques artefacts « pro-russes » furent trouvés. Ces tâches auraient pu complaire aux néonazis, mais les escroqueries et trafics beaucoup moins. Même les plus engagés politiquement du bataillon furent écœurés, au point de déclencher une vague de démission. Dès lors virtuellement condamné, incapable de recruter des hommes dans le Donbass insurgé, les engagements arrivant à leur fin, le bataillon s’étiola au point de ne plus compter que quelques dizaines d’hommes. Le 5 octobre 2015, le Ministère de l’Intérieur ordonna finalement la dissolution de l’unité, ainsi que de la compagnie Touman (Brouillard), elle aussi formée avec des transfuges du Donbass. Les « meilleurs hommes » de cette unité de soudards, l’essentiel étant déjà parti, furent alors versés dans une nouvelle unité de police supplétive (deux autres du genre existait du nom de Sud et Nord), le bataillon sombra alors dans les limbes sanglantes de l’histoire ukrainienne.

Des transfuges du Donbass aux origines bien ukrainiennes mené par un escroc et député de la Rada. L’analyse de prosopographie des profils découverts, montrent des transfuges du Donbass portant des noms souvent bien ukrainiens. Mis à part la biographie de Bezler qui n’a rien à voir avec les hommes du bataillon, chef insurgé qui fut accusé de l’assassinat d’un policier du bataillon Artemovsk, la biographie phare est celle de Mateïtchenko. Ce chef de bataillon, député de la Rada, transfuge du Donbass, supporta longtemps le Parti des Régions dont il fut un membre et un cadre. Le bataillon fut essentiellement constitué d’échoués du Donbass comme cet homme : bandéristes, opportunistes, ultranationalistes et un lot de néonazis patentés. Cette double casquette de transfuges et de néonazis fit un cocktail détonnant dans le Donbass. Il reste par ailleurs étonnant que le bataillon ne fut pas plus épinglé pour son parcours meurtrier et répressif. Mais contrairement à d’autres unités, ou plutôt comme dans le cas d’Azov, les protections politiques furent assez puissantes pour écarter tout danger, et la presse ukrainienne se désintéressa d’une unité de toute façon peu fréquentable et au profil peu vendeur. Si l’unité n’existe plus, des criminels de guerre de cette dernière sont toujours dans la nature, même si l’on imagine bien que certains depuis l’opération spéciale auront passé l’arme à gauche. Certains hélas s’échapperont et les lignes des rats vers l’Occident feront le reste au cas où. Dans l’océan tumultueux de l’armée ukrainienne voici d’autres profils qui s’ajoutent à tous ceux déjà publiés dans la quarantaine d’historiques déjà publiés par le Donbass Insider.

Igor Bezler (1965-), originaire de Simferopol, Crimée, allemand ethnique de la Mer Noire, son père fut déporté enfant par Joseph Staline, comme l’ensemble des Allemands de la région. Il fit des études secondaires, puis effectua son service militaire et fut envoyé en Afghanistan (1983-1984), puis servit contre les djihadistes tchétchènes durant la Première Guerre de Tchétchénie. Il entra dans l’Académie militaire Dzerjinski à Moscou (1994-1997), puis travailla pour les services secrets de l’armée russe (1997-2002). Il se réinstalla en Ukraine (2003), travaillant dans le privé, dans le service de sécurité d’une usine (2012). Il participa avec des activistes à paralyser les rares forces ukrainiennes qui ne se rallièrent pas à la Russie en Crimée (mars 2014). Il fut envoyé ensuite dans le Donbass, participant à l’insurrection républicaine et rassemblant des hommes dans la région de Gorlovka. Avec ses hommes, il mit hors d’état de nuire quelques activistes néonazis ukrainiens, accusé par eux de crimes de guerre. Il détruisit une petite colonne ukrainienne près de Volnovakha (22 mai, 16 tués, 31 blessés faits prisonniers). Il mit en déroute une partie du bataillon Donbass, une unité de représailles et de transfuges (23 mai), près de Karlovka, district de Mariinka. Les Ukrainiens l’accusèrent d’avoir fusillé les prisonniers, qui en réalité s’étaient livrés à des exactions terribles contre les civils du Donbass. La loi du Talion fut la réponse de Bezler. Son groupe liquida ensuite deux policiers ukrainiens près de Gorlovka (27 mai). Il se lança ensuite dans une campagne de sabotage, notamment des lignes de chemins de fer, tandis que l’Ukraine cherchait à en prendre le contrôle pour amener plus de bataillons de représailles dans le Donbass. Des membres du groupe de saboteurs de Bezler furent pris et liquidés par le SBU dans la région de Kharkov. Il fut accusé à tort d’avoir exécuté des centaines de soldats ukrainiens, exagération traditionnelle des Ukrainiens, Bezler exécuta par contre des policiers supplétifs, dont le transfuge Koudriatsev du bataillon Artemovsk (14 juillet), et sans doute quelques autres. Le procureur-général d’Ukraine déposa contre lui des accusations d’enlèvements, de détentions et de tortures (31 octobre). Mis en difficulté, il préféra démissionner (1er novembre), il avait été l’un des lieutenants d’Igor Strelkov qui fut lui-même expulsé du Donbass. Bezler retourna alors en Crimée, et fut placé par les États-Unis sur une liste de personnes sanctionnées (19 décembre). Il dénonça publiquement la nomination à Gorlovka d’un fonctionnaire qui avait été un soutien du Maïdan (février 2016), et critiqua la République Populaire de Donetsk (mars), affirmant « j’ai toujours été et je suis toujours un partisan d’une Ukraine fédérale souveraine et unique, mais sans nazis et nationalistes obsessionnels ». Le SBU annonçant que les Russes l’avaient liquidé eux-mêmes (2017), une information évidemment mensongère de la propagande ukrainienne. Il est considéré par les Russes comme un personnage mystérieux et étrange, en partie aventurier, agent, mais aussi combattant sulfureux et infréquentable. Toujours est-il qu’il fut mis sur la touche et l’un des rares chefs historiques de l’insurrection encore en vie et non assassiné par des tueurs ukrainiens du SBU.

Vladimir Goukalenko (1961-2014), transfuge du Donbass, originaire de Donetsk, l’un des rares habitants du Donbass à avoir sombré dans le bandérisme et néonazisme. Il participa à quelques actions pour défendre le Maïdan américain (hiver 213-2014), puis préféra prendre la fuite. Il s’enrôla dans le bataillon de police supplétive Artemovsk (printemps 2014). Il participa aux exactions et crimes de guerre, d’autant plus férocement qu’il était du Donbass. Il fut tué dans un obscur combat dans la région de Gorlovka, le 1er novembre 2014. Il laissait une ex-femme, deux filles adultes et un fils handicapé de 6 ans. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (26 février 2015).

Sergeï Karpo (1995-2015), transfuge du Donbass, originaire de Liman, une ville qui fut prise par les insurgés, aux frontières extrêmes de l’ancien oblast de Donetsk. La ville comptait plus de partisans de l’insurrection républicaine, mais également des soutiens du Maïdan américain et quelques bandéristes, ultranationalistes ou néonazis comme Karpo. Il s’enrôla dans le bataillon de police supplétive Artemovsk, grade de caporal (printemps 2014), alors que Liman était occupée par les Ukrainiens (mi-juin), et livrée aux exactions et répressions terribles des différents bataillons de représailles et de la police politique ukrainienne, le SBU. Il participa à ces répressions et tueries, puis fut engagé dans la seconde bataille de Debaltsevo. Il fut tué lors d’une reconnaissance tenta de trouver une faille dans l’encerclement des Ukrainiens pour évacuer les nombreux blessés, le 13 février 2015, en compagnie de deux autres soldats du bataillon. Son corps resta sur le champ de bataille longuement, et il fut porté sur la liste des disparus. Son corps fut rendu à la partie ukrainienne et enterré provisoirement à Dniepropetrovsk (3 avril), puis fut finalement tardivement identifié par l’ADN. Il fut difficile de trouver une personne de sa famille en Ukraine, aussi son identification fut très longue (15 décembre 2017). Il fut finalement décoré à titre posthume par le Président Porochenko (26 février 2018). Son corps bien sûr ne revînt pas à Donetsk, il resta dans sa tombe provisoire d’un carré militaire à Dniepropetrovsk. La propagande ukrainienne inventa une légende à son propos : il aurait porté un patch aux couleurs ukrainiennes, qui maculé de sang se seraient transformées pour le rouge et le noir… de l’UPA et de l’armée collaborationniste de Stepan Bandera. Cette fable, limite miracle divin fut propagée dans les réseaux sociaux « comme un symbole de la résistance armée à l’agression russe ». Fable double, car il n’y eut pas d’agression russe en 2014, et le miracle des couleurs du drapeau n’eut jamais lieu. La publication fut postée par un soldat ukrainien (23 août 2022), s’ajoutant aux nombreux mythes et légendes dont l’Ukraine est si friandes (et l’Occident presque autant).

Alexeï Koudriavtsev (1984-2014), transfuge du Donbass, originaire d’Ourzouf, non loin de Pervomaïsk, ancien oblast de Donetsk. Il fit des études secondaires, puis effectua son service militaire dans l’armée ukrainienne (2002-2004). Il entra ensuite dans l’académie navale de Marioupol, succursale de celle d’Odessa, comme mécanicien (2004-2007). Il servit ensuite dans la marine marchande, sur de gros cargos et fit le tour du monde (2007-2014). Contaminé par les idées bandéristes et celles de la révolution américaine du Maïdan (hiver 2013-2014), il s’enrôla dans le bataillon de police supplétive Artemovsk, une unité de transfuges du Donbass. Il se rendait en bus à Artemovsk, venant de Gorlovka, lorsqu’il fut arrêté à un contrôle routier des Républicains, près de cette ville (14 juillet 2014). Apparaissant très suspect aux insurgés, sa fouille livra d’abord sa carte de policier supplétif du bataillon Artemovsk, un uniforme de police pliée dans ses bagages. Emmené par les hommes d’un chef local républicain, nommé Bezler, il fut interrogé (voici une vidéo ou il avoua certaines des actions et exactions du bataillon à Liman) et fusillé après son interrogatoire dans le contexte insurrectionnel, où les policiers supplétifs se livraient à des répressions terribles, des assassinats et d’autres exactions (à la manière de la milice française et des Allemands dans le Vercors par exemple). Une enquête fut ensuite diligentée par le procureur-général de la République Populaire de Donetsk. Son exécution par Bezler après son interrogatoire fut alors révélée (2015). Il laissait une veuve et deux enfants, un tribunal ukrainien déclara officiellement sa mort (2016), et il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (26 février 2018). Son corps ne fut jamais retrouvé.

Vitali Lagovsky (1964-2015), originaire de la région de Jytomyr, il fit des études professionnelles et servit dans une école de la marine soviétique, effectuant ensuite son service militaire dans la flotte. Il s’enrôla pour des raisons inconnues dans le bataillon de police supplétive de transfuges du Donbass, Artemovsk (dont il n’était pas originaire). Il cacha d’ailleurs cet enrôlement à sa famille, racontant une autre histoire. Il participa aux répressions politiques et exactions du bataillon dans le Donbass (2014), puis à la Seconde bataille de Debaltsevo. Il fut mortellement blessé le 13 février 2015, lors d’une tentative de reconnaissance pour trouver un passage dans l’encerclement afin d’évacuer les nombreux blessés. Il se trouvait à bord d’un véhicule blindé BTR, alors que deux de ses camarades furent tués, lui même gravement blessé à la tête. Il fut chargé sur l’engin qui tenta de faire retraite, mais le véhicule sauta sur une mine probablement ukrainienne. Il fut alors porté sur la liste des disparus et son corps finalement rendu à la partie ukrainienne. Il fut identifié grâce à l’ADN (avril 2015), et rendu à sa famille qui l’enterra dans sa ville natale (30 avril). Il laissait une veuve, deux fils et une petite-fille. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (17 juillet).

Nikita Leontchenko (1993-2014), transfuge du Donbass, originaire de Dokoutchaev, petite ville qui resta sous le contrôle de l’insurrection. Il fut l’un des rares néonazis du Donbass, et tenta d’endiguer l’enthousiasme des populations civiles qui l’entouraient avec quelques camarades égarés (hiver 2013-2014). Il préféra prendre la fuite et s’enrôla dans le bataillon de police supplétive et de représailles Artemovsk (printemps 2014). Il participa aux crimes de guerre et exactions commis dans la région de Gorlovka et dans la tentative de prendre d’assaut la ville. Il fut mortellement blessé près de Gorlovka, le 16 septembre 2014, se trouvant en service à un barrage routier. Il mourut le jour même de ses blessures. Il laissait une petite amie et un enfant de 10 mois. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (14 novembre). Quelques Français, Belges, Espagnols, Serbes, Tchèques, etc, ont servi ensuite dans la région de Dokoutchaev contre l’armée ukrainienne pour défendre la République Populaire de Donetsk (hiver 2015-2016).

Constantin Mateïtchenko dit Claudius (1970-), transfuge du Donbass, criminel de guerre, criminel contre l’Humanité, originaire de Konstantinovka, il fit des études supérieures en Russie, à Tomsk dans les communications, diplômé (1991), puis effectua son service militaire et signa un enrôlement militaire (1991-1998). Il servit dans l’armée ukrainienne dans les troupes mécanisées, grade de major (1998). Il fut suspecté à cette époque d’avoir participé à la vente de matériels militaires envoyés à la ferraille et volés à l’armée ukrainienne. Il préféra démissionner de l’armée, pour devenir directeur de grosses entreprises agricoles, dont la dernière à Pokrovskoe, district d’Artemovsk (1998-2012). Il s’engagea en politique dans le Parti des Régions du futur Président Ianoukovitch (2000-2012), alors militant pro-russe, il fut élu maire du village de Pokroskoye (2002-2010). Il s’engagea contre la Révolution Orange à Kiev et dénonça la supercherie, puis fut réélu pour un deuxième mandat. Il reprit alors des études à l’Académie Nationale de la fonction publique, diplômé (2006). Il s’encarta dans le parti social-démocrate de droite de la Reine du Gaz, la femme aux couettes, Ioulia Timochenko (2012). Il fut candidat aux élections législatives sous cette étiquette (2012), mais ne fut pas élu. Il fut bientôt suspecté de corruption, d’abus de pouvoir, et de délit d’initié (7 juillet 2011). Une enquête policière se termina par son arrestation (5 août 2013), et par une condamnation à trois ans de prison ayant été reconnu coupable (notamment du vol de 2 millions de Hrynias). Il déclara être en réalité persécuté pour des raisons politiques et parce qu’il avait changé de camp et pour cette raison garda un très fort ressentiment contre le Président Ianoukovitch, et bientôt contre les partisans pro-russes. Il fut suspecté d’avoir payé et envoyé deux sbires passer à tabac le nouveau maire de Pokrovskoye, qui fut laissé inconscient et un bras cassé. Il fit appel de la décision, et fut libéré sous caution (17 000 hrynias, 4 décembre 2013), avec l’aide de Timochenko qui le fit libérer de prison, et fit reconnaître qu’il était un prisonnier politique et non un voleur patenté (février-mars 2014). Il se jeta à corps perdu dans le soutien de la révolution du Maïdan et contre le printemps russe du Donbass. Il fut nommé commandant du bataillon de police supplétive Artemovsk (début juin), et tenta d’endiguer le flot insurrectionnel en rassemblant les rares soutiens bandéristes et ultranationalistes dans la ville de Krasny Liman, toute juste prise et occupée. Il déclara à cette époque : « après ma nomination de commandant de bataillon, ma maison a été complètement brûlée, j’ai dû sortir ma famille, les proches. Maintenant toute ma famille a du fuir en Ukraine, comme réfugiés. Je n’ai rien à perdre, mais d’autre part, il est plus facile de se battre ainsi, je vais déchirer et tuer ces monstres jusqu’au dernier ». C’est lui qui fut en responsabilité dans la région des crimes de guerre et représailles qui eurent lieues les semaines qui suivirent. Il participa à la prise d’Artemovsk, où le QG des insurgés fut détruits, des résistants assassinés (4-6 juillet), jusqu’à l’assaut final sur la ville. Il poussa l’avantage en progressant en direction de Gorlovka, prenant Zaïtsevo qui fut nettoyée (27 juillet), les élus républicains éliminés. Trois jours après, il prenait la gare de Nikitovka et le contrôle de la localité, aux portes de Gorlovka (30 juillet). Pendant toute la période, il organisa un racket systématique des prisonniers « séparatistes » ou désignés comme tels (pratiques également usitées par Azov à Marioupol), devant payer leur liberté (quelques milliers de hrynias), ou en subir les conséquences et livrés au SBU, ou à la vindicte des brutes des bataillons de représailles. Il avait été nommé par le président par intérim Tourchinov, président par intérim de l’administration de Krasny Liman et son district (5 juin), puis à la tête de l’administration du district d’Artemovsk (8 juillet). Il s’était encarté et rangé politiquement derrière le Premier ministre Iatseniouk et son Front Populaire, parti de la droite radicale, atlantiste, européiste et ultralibérale. Il fut nommé membre du Conseil de guerre du parti, avec d’autres chefs de bataillon pouvant apporter une expérience et des conseils « à la défense de l’Ukraine » (10 septembre). Il fut élu député à la Rada d’Ukraine (novembre), toujours sous cette couleur politique, mais aussi limogé par Porochenko de son poste de chef de l’administration d’Artemovsk (25 novembre). De manière très comique, mais l’Ukraine est une véritable plaisanterie à elle seule, il fut nommé membre de la Commission anticorruption. C’est lui qui élabora et fit voter une loi de la Rada modifiant le code pénal d’Ukraine « prévoyant la privation de la liberté pour avoir émis des critiques sur les autorités de l’État ». Loi infâme qui n’attira aucun commentaire en Occident et qui est toujours d’actualité depuis en Ukraine. Des centaines de personnes ont depuis étaient inquiétées, jugées et parfois assassinées sous le couvert de cette loi, qui s’est aggravée d’autres sous Zelensky et l’Ukraine atlantiste de 2022. Il déclara à cette époque : « Ce que je conseille à Porochenko ? Plus de détermination, plus de volonté, la politique est politique, mais la mentalité du Donbass en connaît que la fermeté, la détermination. Le peuple du Donbass ne comprend que la force, aussi grossier et cynique que cela puisse paraître. La tolérance n’est pas un honneur ici, eh bien avouons-le, Ianoukovitch a propagé dans le Donbass ce cancer, ici les gens sont habitués à cela ». Il fut accusé par un néonazi du parti Pravy Sektor, soldat du bataillon, Sergeï Tchirine : « il a réussit en quelques mois à perdre tout le district d’Artemovsk. Sous son commandement, ses hommes se sont livrés à tous les plaisirs des enlèvements massifs, de la torture, de l’extorsion, de l’appropriation non autorisée des biens d’autrui, y compris immobiliers, et en outre il s’est livré au trafic d’armes et de munitions. C’est un secret pour personne que Matëitchenko s’est livré à l’exportation et à la vente de charbon et de ferraille venus illégalement des territoires des terroristes ». Il s’illustra lors d’une séance spectacle à la Rada, où avec son collègue Igor Lapine, il montra à tous des cigarettes de contrebande fabriquées en RPD, imitation de la marque Winston, et de la vodka « Moskovskaya » dénoncée elle aussi comme un produit de contrebande russe et républicaine (18 janvier 2017). Il fut couché sur la liste des personnalités politiques sanctionnées par la Fédération de Russie (2018), puis tenta de se représenter à son siège de député (2019). Il ne fut pas réélu, son nom étant lié également aux crimes de guerre commis par son unité, dont il garda jusqu’à la fin le commandement nominal. Il ne fut jamais inquiété pour ses vols et divers crimes, grâce à ses protections politiques et son immunité parlementaire. Il disparut ensuite complètement des radars médiatiques. Sa ville étant rasée par les combats (2022), et les terres agricoles qu’ils possédaient déjà prises (ou en passe de l’être) et gardées par les Russes et les Républicains, sa trahison lui aura fait perdre tous ses biens, même ceux acquis honnêtement. Il a peut-être pris la fuite à l’étranger, et il ne serait pas étonnant de le retrouver sur une plage de la Côte d’Azur avec l’argent liquide fruit de ses mois de rapines dans le Donbass.

Dmitri Strilets (1979-2015), originaire de la région de Dniepropetrovsk, il s’enrôla dans le bataillon de police supplétive Artemovsk, grade de caporal (printemps 2014). Il participa aux crimes de guerre et répressions politiques dans le Donbass. Il servit durant la seconde bataille de Debaltsevo, et tomba dans une embuscade tendue par les Républicains, lors d’une reconnaissance visant à trouver une faille dans l’encerclement et pour évacuer de nombreux blessés. Il fut tué le 13 février 2015, avec deux autres soldats du bataillon. Il fut enterré dans sa ville natale (4 mars), puis fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (15 mai).

Sergeï Tchirine (?-), néonazi membre du Pravy Sektor, semble-t-il transfuge du Donbass, il tenta de militer pour empêcher l’insurrection républicaine durant la révolution américaine du Maïdan (hiver 2013-2014). Il dénonça violemment le commandant du bataillon comme étant un voleur, trafiquant d’armes, de munitions qui par ses actions criminelles perdit définitivement l’opinion publique des populations civiles locales, par les exactions, tortures et expropriations illégales commises sous ses ordres. Il fit tant et si bien, qu’il finit par démissionner du bataillon avec deux douzaines de volontaires (2015). Il semble avoir rejoint un autre bataillon de représailles, au moins aussi nazi, mais plus… honnête.

Sergeï Tishenko (1982-2014), transfuge originaire de Donetsk, il fut l’un des rares dans le Donbass à succomber aux sirènes du bandérisme et néonazisme. Il participa à des actions avec quelques camarades du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, pour tenter de faire pencher la balance dans la grande capitale du Donbass en faveur de la révolution américaine du Maïdan. Il préféra prendre la fuite, le coup manqué, et s’enrôla dans le bataillon de police supplétive Artemovsk (printemps 2014). Son unité tomba dans une embuscade tendue par les Républicains, et il fut mortellement blessé, le 11 août 2014 près de Gorlovka. Il fut transporté à l’hôpital où il mourut le jour même de ses blessures. Il laissait une compagne et deux enfants (de 6 et 2 ans). Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (14 novembre).

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