Voici de nouveau une grosse enquête qui s’intéresse aux brigades de défense territoriale de l’Ukraine. Elles furent formées dans un projet copié sur celui de l’Estonie, et qui participa à son élaboration, ainsi qu’avec l’aide de la Pologne, et de l’OTAN. Les finances, matériels, formations et autres furent fournis par le Canada, la Suède, la Grande-Bretagne et les USA, à travers les divers programmes de support et entraînements des troupes ukrainiennes. Cette formation était l’héritière du système mis en place par l’Ukraine en mars 2014. A cette époque, des bataillons de défense territoriale surgirent un peu partout dans le pays, bataillons essentiellement de représailles, qui furent envoyées dans le Donbass, la fameuse zone ATO définie par le régime de Kiev. Ces bataillons posèrent d’immenses problèmes à la propagande ukrainienne : pillages systématiques, répressions et exactions contre les populations civiles, aide à la police politique du SBU, exécutions et massacres surtout durant la première année de guerre (2014-2015). Mal équipés, indisciplinés, peu expérimentés, issus des compagnies d’autodéfense du Maïdan peuplées de bandéristes, néonazis et hooligans divers, ces hommes furent aussi nombreux à s’enrôler « pour la gamelle ». En désespoir de cause, comme pour les volontaires dit de l’an II en France pendant la Révolution, ils furent amalgamés dans l’armée régulière (2015-2016).
La renaissance de la défense territoriale sous l’égide de l’OTAN. Dans la préparation de la guerre contre la Russie, et avec l’aide de l’OTAN, selon ce qui a été révélé par le Président Hollande en personne, il fut décidé de reformer la défense territoriale de l’Ukraine (2017). Le format choisi fut celui de l’Estonie, petit pays balte qui avait organisé de longue date un tel système. Chaque oblast du pays devait mettre sur pied des brigades territoriales, formées entre 5 et 8 bataillons, d’environ 250 hommes. La formation fut décidée sur le schéma du volontariat, en appelant les hommes de 40 à 60 ans, mais avec possibilité de prendre des plus jeunes, et même des plus vieux, s’ils étaient volontaires et en bonne santé. L’idée était d’attirer un maximum des anciens de l’opération ATO, officiers de réserve, « patriotes » et ultranationalistes dans des formations beaucoup plus encadrées. Contrairement à l’Estonie ou la Suisse, il fut décidé que les armes ne seraient pas laissées aux volontaires (pour cause de corruption et d’un trafic d’armes déjà énorme en Ukraine), mais stockées dans une caserne afin d’être distribuées le moment voulu. Les cadres des bataillons étaient déjà organisés, la structure de commandement, les différents services également. Des sessions de formations et d’entraînements étaient aussi prévues. Chaque volontaire était sous contrat, avec un petit salaire et des avantages sociaux, un peu différents selon les régions. Une sélection était effectuée pour éviter d’enrôler des gamellards. Les brigades furent aussi invitées à participer à des manœuvres qui eurent lieues chaque année, parfois même dans le cadre d’exercices militaires de l’OTAN. Ces provocations ne furent bien sûr pas ignorées en Russie, ni cette active préparation à la guerre qui fut observée avec attention. Il est fort possible que la décision du Président Poutine de l’opération spéciale russe, fut aussi motivée par cette minutieuse préparation au conflit, dès les années 2015-2018.
Un recrutement difficile et poussif, mais des résultats concrets qui portèrent leurs fruits. Si les volontaires ne se bousculèrent pas au portillon, la cause en fut dans les promesses non tenues de l’Ukraine en 2015-2016. Officiellement les volontaires de l’époque aurait dû servir une année, ne pas être employés au front et remplacer les troupes d’actives à l’arrière. Il n’en fut rien, et l’amalgame les força même à entrer dans l’armée régulière, sans parler du fait qu’ils furent engagés dans le Donbass dans les batailles les plus dures. Le complet d’une brigade devait se fixer vers les 1 500 hommes, mais il fut décidé d’être plus ambitieux et de les remplir à la hauteur de 3 000 à 4 000 hommes. Ces chiffres ne furent jamais atteints avant 2023. Toutefois, peu avant l’opération spéciale, toutes les brigades furent activées et le lancement de l’offensive russe amena des milliers de volontaires, puis des mobilisés de la réserve dans ses rangs (février/avril 2022). D’autres brigades furent même formées dans le printemps (125e, 126e, 127e, 128e, 129e et 241e). Malgré la législation qui interdisait d’envoyer ces troupes en première ligne, le Président Zelensky refit le coup des bataillons de 2014-2015, en changeant la loi et en autorisant leur envoi en première ligne (mars 2022). Ce changement faisait suite à des protestations s’élevant déjà des réservistes et surtout de leurs familles très inquiètes. Le résultat s’avéra toutefois très efficace, car en quelques jours les Ukrainiens purent aligner quelques dizaines de milliers d’hommes supplémentaires. Sur le papier un total d’environ 100 000 hommes, mais avec l’engouement des premières semaines peut-être plus. Même si plusieurs brigades furent anéanties dans l’avance russe, notamment et surtout dans la région de Marioupol, de l’ancien oblast de Lougansk, ou encore dans ceux de Kherson et Zaporojie, l’apport à la force militaire de l’Ukraine fut bien réel. Par la suite ces brigades qui étaient sur la défensive, furent envoyées tout ou partie en première ligne. Ce sont elles qui ont payées les plus gros tribus humains dans les batailles pour Artëmovsk, Soledar, la ligne de Koupiansk, les batailles dans la région de Donetsk. Elles furent aussi jetées partiellement dans la contre-offensive ukrainienne de l’été 2023, et à nouveau décimées. Depuis lors, si le volontariat s’est tari, l’Ukraine y incorpore des mobilisés de la tranche d’âge prévue, mais aussi des jeunes mobilisés sans expérience. Il fut même pris au début de l’opération spéciale des hommes dépassant les 60 ans.
L’étude des brigades territoriales éclaire assez bien leur nature. Celles des chefs de corps est aussi intéressante, avec son lot d’officiers supérieurs poussifs, fatigués et comme le montre les photographies, largement en surpoids, parfois marqués par l’alcool. Certains ont aussi un « passé », ennuis judiciaires, corruption, ou tout simplement appartenance à des mouvements politiques extrémistes. L’immense majorité furent formés à l’époque de l’URSS, quelques-uns plus rares n’ont aucune expérience militaire, ou très peu. Je vous laisse parcourir les minis fiches que j’ai préparé pour éclairer le sujet :
100e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (fin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Volhynie, ancienne province polonaise qui fut nettoyée ethniquement par les nationalistes et nazis ukrainiens sous les ordres de Bandera (1943-1944). Les premiers volontaires participèrent à des exercices sur une base militaire (26 février 2019). La brigade fut activée au début de l’opération spéciale russe (24 février 2022), et certains de ses éléments furent envoyés sur la ligne de front (2022-2023). Le Président Zelensky lui a même décerné une décoration honorifique « pour le courage et la bravoure » (28 juillet 2023). Ses bataillons sont essentiellement disposés le long de la frontière Biélorusse dans la crainte d’un assaut à partir de ce pays. Son effectif est défini pour se monter à 3 500 hommes, ce qui est très probablement exagéré. A sa formation, le gouverneur de l’oblast affirmait vouloir recruter 6 000 volontaires…
Composition à 5 bataillons de 250 hommes, dont les 50e, 51e, 53e, 54e et 55e bataillons de défense territoriale, un 52e existait mais fut dissous (janvier 2022). L’unité comprend des unités de soutien.
L’unité est commandée par un militaire de carrière ukrainien dont nous savons peu de choses, Rouslan Tkatchouk (22 septembre 1984-), grade de colonel, vivant à Tchernivtsi, mais auparavant à Kiev.
101e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (fin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans les Transcarpates (Oujgorod et Moukatchevo), dans une province hongroise qui fut agglomérée à l’Ukraine soviétique (1945), et qui est restée dans l’Ukraine indépendante (1992). Les volontaires et réservistes participèrent à un exercice militaire dans la région des Transcarpates (2 jours à l’automne 2019). Elle fut activée au commencement de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Plusieurs unités furent envoyées au combat, notamment le 68e dans la région de Donetsk (dès avril). Très vite apparurent des plaintes filmées de soldats de la 101e se plaignant d’être envoyés à la mort. Mais il fut en partie décimé et fut reconstitué à l’arrière avec des recrues (Tcherkassy, août). Il fut renvoyé dans la région de Donetsk, puis de Kharkov et participa aux combats pour Artëmovsk (hiver 2022-2023). Les Ukrainiens affirment de manière mensongères que son effectif serait aujourd’hui supérieur à 4 500 hommes. Elle possède son groupe Telegram suivi par seulement 1 827 personnes. Si la brigade avait un effectif réel de 4 500 hommes, sans parler des pertes, des blessés qui ne reviendront pas, des remplacements, il est probable que le nombre d’inscrits, y compris des membres des familles des mobilisés, serait autrement plus grand…
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 68e, 69e, 70e, 71e, 72e, 72e et 212e bataillons de défense territoriale.
L’unité est commandée par un ancien des bataillons de représailles envoyés dans le Donbass en 2014 : Dmitri Zavorotniouk (19 février ?-), militaire de carrière dans l’armée ukrainienne, il fut nommé chef d’État-major dans le bataillon de représailles Kirovograd-1, grade de lieutenant-colonel (juillet 2014). Il fut décoré par le Président Porochenko de l’ordre du Courage (29 septembre). Il suivit ensuite une carrière dans ce qui devînt le 17e bataillon de défense territoriale, puis 17e bataillon motorisé, versé ensuite dans une brigade de l’armée régulière ukrainienne (57e motorisée). Il fut de nouveau médaillé par le Président Porochenko (27 juin 2015). Il resta dans cette unité quelques années, avant d’être nommé colonel et nommé à la tête de la 101e brigade de défense territoriale (2022), poste que logiquement il occupe toujours à ce jour (2023).
Un exemple de soldat de la brigade : Stepan Rishko (1978-2022), militaire de carrière de l’armée ukrainienne, après un service actif, il fut placé dans la réserve, puis nommé au commandement adjoint du 72e bataillon de défense territoriale de l’Ukraine, de la 101e brigade (2022), servant au grade de major. Il fut tué fin décembre ou début janvier 2023, puis son corps remis à sa famille et enterré dan la ville de Khust (5 janvier), petite localité d’environ 28 000 habitants dans la région des Carpates. Sa mort, comme officier d’état-major et son appartenance à une unité de territoriaux, normalement utilisée pour des opérations de protections de bâtiments de l’état, comme police militaire et au maintien de l’ordre, montre bien que l’Ukraine a envoyé depuis quelques temps des milliers de territoriaux âgés sur le front. Les brigades de défense territoriale de l’Ukraine, ont été formées à l’exemple et sur les conseils de l’Estonie en 2018, comprenant des réservistes volontaires âgés de 41 à 60 ans. Le fait qu’il soit aussi officier d’état-major, montre bien que l’artillerie, l’aviation et les missiles russes mènent la vie dure même aux « planqués » des GQ. Il fut enterré selon la sempiternelle tradition du culte des morts et « héros » ukrainien, culte sinistre devant persuader la population de l’utilité de sa mort, et conduire les autres au même funeste destin. L’information de son décès n’avait pas été communiquée à la presse par l’armée, mais avait fuité sur le réseau social Facebook, reprise ensuite par la presse.
102e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (fin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast d’Ivano-Frankovsk. Le premier rassemblement eut lieu l’année suivante (mai/juin 2019), avec les premiers réservistes volontaires. La brigade fut activée au début de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle fut encore signalée dans la contre-offensive ukrainienne dans la région de Liman (septembre/octobre 2022). L’unité fut envoyée partiellement dans la fournaise des batailles de Seversk et d’Artëmovsk (hiver 2022-2023), où elle subit sans doute des pertes sensibles. Elle fut lancée partiellement dans la contre-offensive ukrainienne, front Sud de Zaporojie (été 2023), où elle a dut subir de nouvelles pertes.
Composition à 7 bataillons de 250 hommes, dont les 74e, 75e, 76e, 77e, 78e, 79e et 201e bataillons de défense territoriale. Le 201e semble avoir été formé bien plus tard dans le courant de l’année 2022. Elle comprend également quelques unités de soutien.
L’unité est commandée (depuis avril 2023), par le colonel Volodomir Marteniouk qui donna ensuite une interview pour la presse locale.
103e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (16 octobre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Lvov. Un premier exercice fut organisé avec environ 200 réservistes dans un camp militaire (17-20 juillet 2019). La brigade fut activée au début de l’opération spéciale russe (24 février 2022), puis envoyée sur la ligne de front (avril). Peu de temps après plus de 200 hommes de la brigade s’agitèrent et émirent des critiques très vives (mai), provoquant un scandale. Les soldats se plaignaient du fait qu’ils ne devaient pas être envoyés en première ligne, mais dans des zones de l’arrière. Ils se plaignirent aussi de l’absence de formation et d’entraînement et du manque d’armes. Le Ministère de la Défense ukrainien affirma alors que l’unité n’avait pas été envoyée en première ligne (ce qui était faux), mais en protection sur des zones arrières du fleuve du Dniepr. Le bras de fer continua via des articles de presse. Plus tard le Président Zelensky modifia la loi qui autorisait désormais l’envoi de ces unités territoriales en première ligne (12 juin). Les accusations furent partiellement reconnues par les autorités pour faire bonne figure et rassurer les familles. L’unité fut alors envoyée en première ligne dans l’offensive dans la région de Koupiansk (automne), puis dans les combats meurtriers de la bataille d’Artëmovsk et Seversk (hiver 2022-2023). A noter que l’unité s’est dotée d’un symbole très similaire à la division SS ukrainienne Galicie.
Composition à 7 bataillons de 250 hommes, dont les 62e, 63e, 64e, 65e, 66e, 67e et 202e bataillons de défense territoriale, ce dernier probablement mis sur pied en 2022. L’unité comprend aussi des éléments de soutien.
L’unité est commandée par le colonel Valery Kourko (?-), militaire de carrière expérimenté qui servit dans les troupes parachutistes. Il servit notamment, avec les « cyborgs » invincibles, comme se dénommaient alors les Ukrainiens, durant la bataille de l’aéroport de Donetsk (hiver 2014-2015). Il servait alors dans la 80e brigade aéromobile. Les Ukrainiens y furent repoussés après de furieux combats avec de sévères pertes. Il fut ensuite nommé au commandement au centre de formation 199 de Desna, pour l’entraînement des parachutistes. Il fut envoyé au commandement de la 103e brigade (10 janvier 2022), et fut décoré par le Président Zelensky de l’ordre du courage (8 août). Il donna une interview pour le média de propagande ukrainien Ukrinform TV (6 juin 2022). Il déclara que « quand il verrait les territoires libérés selon les frontières fixées le 24 août 1991, je saurai que nous avons gagné », en oubliant de préciser que les insurgés républicains ont voté de longue date par référendum leur séparation de la Russie, sans parler de la Crimée qui vota elle immédiatement son retour au giron russe (2014).
104e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (novembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Rovno. Un exercice fut immédiatement organisé avec environ 300 volontaires réservistes (24 novembre), puis à plus grande échelle (17-23 mai 2019). Elle participa aussi à un exercice de l’OTAN, avec onze pays membres de l’alliance atlantique et 4 autres non intégrés dont l’Ukraine (22-30 septembre 2021), dans la phase de préparation active de la guerre contre la Russie. L’unité fut activée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle resta en protection de la frontière avec la Biélorussie, puis fut envoyée partiellement dans le Donbass sur les bases arrières de Kramatorsk et Slaviansk (août). Elle participa ensuite à l’offensive sur la ligne de Koupiansk, puis fut engagée réellement dans les combats après la perte d’Artëmovsk (été 2023).
Composition à 4 puis 6 bataillons de 250 hommes, dont les 56e, 57e, 58e, 59e, 60e et 61e bataillons de défense territoriale. L’unité aussi quelques unités de soutien, dont une batterie de mortiers (comme dans presque toutes les autres brigades Tro). La propagande ukrainienne a donné des chiffres délirants sur son effectif censé être de plus de 3 500 hommes.
L’unité est commandée par le lieutenant-colonel Sergeï Kasprov (?-), militaire de carrière nommé à ce poste vers juin 2023. Il reçut des mains de l’église orthodoxe ukrainienne une icône apportant « la protection divine » à l’unité (19 juin). La nouvelle fit l’objet de nombreuses parutions de propagande, où l’on vit une également une fresque dans l’église où lui fut remise l’icône, mettant en scène Stepan Bandera, avec le drapeau de l’UPA, l’armée collaborationniste ukrainienne qui combattit dans les rangs hitlériens et se livra à d’horribles massacres de Juifs, Tziganes, Polonais et Slaves.
105e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (27 juin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Ternopol. Elle mena un premier exercice avec environ 200 volontaires réservistes (2 août), puis un second (7 décembre), et participa à des manœuvres plus importantes (2019). Elle fut activée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle resta en défense de la ville de Ternopol durant les premières phases de la guerre (printemps/été), puis fut envoyée en seconde ligne durant la marche en avant dans la région de Kharkov et sur la ligne de Koupiansk.
Composition à 4 bataillons de 250 hommes, dont les 80e, 82e, 83e et 85e bataillons de défense territoriale. Elle comprenait plus de petites unités de soutien que d’autres brigades Tro.
L’unité est commandée par le colonel Evgen Fomenko ( ?-), militaire de carrière, nommé tardivement à sa tête (janvier 2022), et qui fut interviewé par un canal TV ukrainien à l’orée de l’opération spéciale russe (22 février), s’exprimant sur les différentes brigades territoriales et leur rôle. Il fut nommé colonel après sa nomination (mars).
106e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (juin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Khmelnitski. La brigade fut longue à participer à des exercices militaires, un total de seulement 154 volontaires réservistes participant à une formation (5-11 août 2019). Elle fut activée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022). L’unité fut immédiatement envoyée incomplète sur le front de Zaporojie. Elle fut déplacée pour participer à la marche en avant dans la région de Kharkov et de la ligne de Koupiansk (automne). Elle retourna ensuite à l’arrière du front Sud, région de Zaporojie (hiver 2022-2023).
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 86e, 87e, 88e, 89e, 90e et 91e bataillons de défense territoriale. Elle comprend aussi quelques unités de soutien. Pour vous donner une idée des volontaires qui servaient dans ses rangs à l’origine, voici un article évoquant la formation du 88e bataillon, avec des photos très parlantes. La valeur combative de cette unité est probablement très inférieure aux normes, d’où le fait que jusqu’à ce jour elle n’a pas été engagée en première ligne.
L’unité est commandée par le colonel Valentin Bigous (?-), militaire de carrière très discret, au point de cacher son visage, qui assista à une cérémonie religieuse pour le jour des volontaires (mars 2023), où fut remis 29 médailles à des combattants. Il avait avant le début de l’opération spéciale russe participé à une conférence pour tenter de persuader les Ukrainiens à s’engager dans la défense territoriale (16 février 2022), montrant bien que dès cette époque les bataillons territoriaux de la région étaient loin de leur complet.
107e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (printemps 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Tchernigov. Elle participa à divers exercices l’année suivant sa création, notamment lors d’un exercice où ne se trouvait qu’environ 150 volontaires réservistes (juin 2019). La brigade fut activée au début de l’opération spéciale russe (24 février 2022), et fut longtemps maintenue dans la défense de la ville, un moment entourée de troupes russes (printemps). L’unité, notamment des hommes du 92e bataillon provoquèrent un scandale en dénonçant leurs conditions de leur service et accusant leur commandant, le lieutenant-colonel Alexandre Marich d’abus de pouvoir. L’affaire monta très haut, les soldats s’adressant au Président Zelensky. Le chef de corps, Andreï Tsissak monta lui aussi au créneau pour défendre son subordonné, victime « d’un déversement de boue et de diffamations » (mai/juin 2022). Mais l’affaire s’envenima, les hommes se plaignant d’un parc de véhicules en mauvais état, mais aussi… de la non livraison de 760 kg de… café instantané ! Sans parler d’accusations de vols, de corruption, de falsification des documents, y compris des effectifs (pour recevoir plus de denrées et matériels). L’unité fut envoyée partiellement servir d’infanterie d’accompagnement à la 92e mécanisée dans la marche en avant dans la région de Kharkov et de la ligne de Koupiansk (automne), puis resta sur la frontière russe en face de la région de Belgorod (2023).
Composition à 6, puis peut-être 5 bataillons de 250 hommes, dont les 92e, 93e, 94e, 95e, 96e et 97e bataillons de défense territoriale, ainsi que quelques unités de soutien. Il est possible que le 96e bataillon fut ensuite dissous.
L’unité est commandée par le colonel Andreï Tsissak (?-), militaire de carrière qui participa à l’opération ATO, dans les rangs de l’armée régulière (2014-?). Il fut cité dans une liste russe de criminels de guerre dénommée « ils tuent le Donbass », en 6e position et alors au grade de major (25 septembre 2014). Il fut médaillé par le Président Porochenko (2016), puis nommé par Zelensky à la direction du commissariat militaire de recrutement de la région de Tchernigov (2020). Il quitta ce poste pour prendre la direction de la 107e brigade (2021). Il participa aussi à une réunion glorifiant l’action des troupes de défense territoriale et parla en des termes peu élogieux du bataillon de représailles Aïdar, l’un des pires en terme de crimes de guerre. Il déclarait : « Pour la première fois j’ai rencontré des unités de territoriaux au début de l’agression militaire de la Fédération de Russie en 2014,, sur le territoire de la région de Lougansk. Ensuite j’ai vu de mes propres yeux le 24e bataillon, qui s’appelait alors Aïdar. Les combattants étaient vêtus de différentes façons, ils étaient faiblement armés et ne disposait guère de matériel militaire et de moyens de communication. Honnêtement les impressions n’étaient pas très positives ».
108e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (27 septembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Dniepropetrovsk. L’un des plus importantes, la capitale régionale étant l’une des plus populeuses d’Ukraine (environ 1,4 million d’habitants). Elle participa à un premier exercice avec les volontaires réservistes présents (15-17 mai 2019). Elle fut activée au début de l’opération spéciale russe (24 février 2022).
Composition à 6 puis 7 bataillons, dont les 98e, 99e, 100e, 101e, 102e, 103e et 203e bataillons de défense territoriale, le 203e étant formé plus tard (2022). Elle comporte également quelques unités de soutien, dont fait rare une unité d’artillerie (autre que du mortier). Le 98e bataillon est dénommé Azov-Dniepr, une unité néonazie se revendiquant d’Azov. Officiellement ce bataillon a reçu l’apport du Corps des Volontaires Russes (RDK), une unité composée de néonazis russes ayant rejoint les rangs de l’Ukraine.
L’unité est commandée par le colonel Dmitro Gerassimenko (?-), militaire de carrière, il fut envoyé dans les rangs de l’opération ATO, servant alors au grade de major dans la Garde nationale (2014-?), et fit l’objet d’une vidéo sur un canal YouTube à sa gloire… comprenant 30 abonnés (14 octobre 2016). Il se trouvait encore au front et est filmé dans la carcasse d’un véhicule dans le Donbass. Il est dévoilé qu’il était alors en retraite lorsqu’il accepta de reprendre du service dans la réserve. Il fut plus tard nommé commandant de la 108e brigade territoriale (2022). Fait intéressant, l’homme parle un ukrainien pur et est forcément originaire de l’Ouest de l’Ukraine.
109e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (automne 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Donetsk… On imagine bien que le Donbass étant insurgé, les recrues sollicitées ne pouvaient être que des villes occupées par l’Ukraine, dont la plus grande Marioupol, mais aussi Granitnoe, Volnovakha, Artëmovsk, Kramatorsk, Pokrovsk, Slaviansk et quelques autres. Pour l’armée et la financer, il fallut d’ailleurs faire appel aux finances des autres régions. Ce fut Marioupol qui avec son demi-million d’habitants apportant l’essentiel des effectifs. Les Ukrainiens affirmèrent avoir réussi à recruter plus de 3 500 hommes. Un chiffre sans doute délirant. Un premier exercice rassemblant les volontaires réservistes, quelques dizaines d’hommes (25-29 septembre 2018). Son premier commandant avoua que seuls 150 hommes s’étaient présentés comme volontaires (20 décembre, avec quelques femmes). Il déclara : « pour beaucoup d’entre eux c’est la première expérience militaire, pour d’autres des souvenirs de jeunesse […] et il est très intéressant comment les hommes qui ont 55 ou 60 ans commencent à se sentir de vrais soldats ». Pour attirer des « volontaires », ou plutôt des gamelards, il est important de dire que le volontariat était rémunéré à la hauteur mensuel d’une centaine d’euros par mois pour le soldat, 150 pour un sous officier et au-delà pour les officiers. Un scandale couvrit toutefois de ridicule l’unité, lorsque des images des séances d’entraînement montrèrent de vieux soldats bedonnants avec des mitrailleuses maxime russes… de 1910. Était-ce par manque d’armes que l’unité allait recevoir plus tard ? Ou par méfiance des gens du Donbass considérés comme suspects ? On ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il que les officiers déclarèrent à cette occasion (septembre 2018) : « Nous étudions l’expérience des pays de l’OTAN, de la Pologne et l’Estonie, où il y a de telles unités depuis longtemps. Les réservistes gardent les armes à la maison, ils ont des chambres séparées pour cela, mais chez nous les réservistes reçoivent les armes lorsqu’ils sont appelés ». Elle fut activité au début de l’opération spéciale russe (24 février 2022), et immédiatement envoyée au combat. Elle participa à des combats meurtriers, où elle fut partiellement anéantie, à Marioupol (printemps 2022), mais aussi à Artëmovsk (hiver 2022-2023). L’immense majorité des habitants ayant fui la région il y a bien longtemps (2014-2018), et les villes étant tombées les unes après les autres, seules Kramatorsk, Pokrovsk et Slaviansk seraient en mesure de fournir quelques mobilisés sans doute conduits sur le front un fusil dans le dos.
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 104e, 105e, 106e, 107e, 108e et 109e bataillons de défense territoriale. L’unité contrairement aux autres n’avait pas d’unité de mortiers ou d’artillerie de soutien.
L’unité fut d’abord commandée par le colonel Andreï Galdak (?-), les deux premières années (2018-2019), et donna une interview à une radio ultranationaliste liée au Parti National-Socialiste d’Ukraine (20 décembre 2018). le commandant actuel est un transfuge du Donbass, l’un des rares a avoir trahi son peuple, Anatoly Vichnevski (27 avril 1982-), lieutenant-colonel, originaire de Kranoarmeesk. Il participa à une cérémonie pour le jour des territoriaux (4 octobre 2022), à Pokrovsk, où quelques territoriaux furent médaillés. Ces rares transfuges du Donbass n’ont pas osé montrer leurs visages durant la cérémonie…
110e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (septembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Zaporojie. Elle effectua un premier exercice avec les premiers volontaires, soit environ 110 réservistes seulement (16-25 décembre 2018). Il était annoncé que l’effectif envisagé serait de 2 700 hommes, qui furent probablement impossible à rassembler. Une autre manœuvre d’entraînement fut organisée l’année suivante (17 juillet 2019), avec environ 240 hommes, moins de 10 % du complet annoncé. La brigade effectua un dernier exercice de combat, dans le contexte de la préparation de la guerre contre l’Ukraine (avril 2021), et fut ensuite activée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle fut immédiatement mise en difficulté, le territoire de l’Oblast étant rapidement submergé par les troupes russes et républicaines. Son recrutement fut également compliqué par l’accueil des populations russes ethniques de la région, certes partagé entre les deux camps, mais qui vit passer également beaucoup d’hommes dans le camp russe. Soit pour y combattre, mais beaucoup plus pour échapper à la mobilisation ukrainienne. La Russie avait en effet annoncé qu’aucune mobilisation ne serait effectuée dans les territoires libérés. Trois de ses plus grandes bases furent emportées sans résistance, Energodar, Berdiansk et Melitopol, les hommes qui s’étaient présentés furent faits prisonniers, décimés ou mis en fuite (février/avril 2022). La brigade fut retirée du front pour être complétée dans les environs de Dniepropetrovsk (début 2023), puis fut lancée dans la contre-offensive ukrainienne (début juin). Elle fut repoussée avec pertes.
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 111e, 112e, 113e, 114e, 115e et 116e bataillons de défense territoriale, et quelques unités de soutien, dont des mortiers. Il est probable que l’unité est squelettique, seule la manne de la population de la grande ville de Zaporojie pourrait la recompléter (environ 700 000 habitants avant l’opération spéciale). Il est à noter que la brigade fut dotée de quelques chars russes capturés, de T-62 M.
L’unité est commandée par le colonel Alexandre Igniatiev (?-), déjà à son grade il fut envoyé dans le Donbass avec les unités de représailles et tenta très tôt de tirer avantage du conflit, en étant le co-auteur d’un livre sur la guerre dans le Donbass, qui fut présenté à Kiev (2 juillet 2015). Il fut nommé au commandement de l’unité et donna une interview pour un grand média de propagande ukrainienne (31 août 2022). Quelques vieux soldats bien fatigués furent également montré dans cette courte vidéo. Il fut décoré par le Président Zelensky (octobre 2022), son unité ayant été particulièrement engagée depuis le début de l’opération spéciale russe.
111e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (printemps 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Lougansk. Autant dire que sa formation fut difficile à mettre en place, même si une grande partie du territoire de l’oblast fut occupé par les troupes ukrainiennes dans l’été 2014. La capitale ne fut jamais prise, farouchement défendue par les républicains. Il fut difficile de trouver des volontaires, mais un premier exercice fut annoncé (15-19 décembre 2018), rassemblant 322 réservistes dont 52 officiers. Un second exercice fut bientôt organisé, suivi d’un troisième (printemps 2019). L’unité fut activée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022), mais fut rapidement submergée et partiellement anéantie dans l’avance russe (printemps). Il fut impossible de la recompléter par la libération par les républicains et les Russes de l’essentiel et quasi totalité de l’ancien territoire de l’oblast. Ce qui en restait fut sacrifié dans les batailles perdues pour Severodonetsk, Lissichansk, Zolotoe et bien d’autres localités.
Composition désormais purement théorique, à 6 bataillons, dont le 111e de Severodonetsk, probablement quasi anéanti, le 112e de Lissichansk (idem), le 113e de Severedonetsk (idem), le 119e de Starobelsk (idem) et quelques rares unités de soutien sans artillerie et mortiers.
L’unité était commandée par le colonel Vyacheslav Soukhanov ( ?- mai 2022), militaire de carrière qui servit dans une école de cadets soviétiques, puis fut officier dans l’armée ukrainienne. Il reçut l’ancienne de l’anniversaire des forces armées ukrainiennes (2001), puis fut envoyé à Lougansk, occupant la direction du commissariat militaire de la région (2018). Il fut décoré d’une croix militaire honorifique des Cosaques (2019), puis nommé à la tête de la 111e brigade territoriale (janvier 2021). Il fut liquidé avec la majeure partie de son unité (2022), et médaillé à titre posthume par le Président Zelensky. Il fut remplacé presque symboliquement, l’unité n’existant plus ou presque, par le colonel Sergeï Mamtchenko (?-), qui est peut-être un parachuté originaire de Vinnitsya qui servait dans la Garde nationale (2018). Il n’a de toute façon plus grand chose à commander.
112e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN ( 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Kiev. Elle aurait dû être facile à mettre sur pied, du fait de la population de la capitale et d’un terreau important « de patriotes » et d’anciens de l’opération ATO. Mais peu de volontaires se présentèrent malgré une intense campagne de recrutement. Elle effectua elle aussi des exercices, le premier dès l’année suivante (13-19 mai 2019). Pour motiver les troupes, l’ancien boxeur et désormais politique et maire de Kiev, Vitali Klitschko, vînt même y parader pour l’exemple (13 mars 2021). Malgré les efforts, à cette date seulement 300 réservistes s’étaient enrôlés pour un complet estimé à 3 000 hommes. En octobre ces hommes étaient environ 350. Elle fut activée dès le lancement de l’opération spéciale russe (24 février 2022), et participa aux combats pour la défense de la capitale et de la région (printemps). Les Ukrainiens y dirigèrent de nombreux mobilisés, affirmant qu’elle passa de 4 000 soldats, à 5 000 en 4 jours… Toujours est-il que l’effectif avait forcément implosé à la hausse, et que le 241e bataillon devînt alors la 241e brigade territoriale en absorbant une partie des effectifs de la 112e brigade (14 avril 2022). Elle participa à la marche en avant pour reprendre le terrain dans la région de Kherson (octobre 2022), puis fut en partie décimée dans les combats aux alentours d’Artëmovsk (printemps 2023). Elle participa aussi à la contre-offensive ukrainienne, et fut décorée par le Président Zelensky pour des succès imaginaires (28 juillet 2023), dans ce qui était annoncé comme une marche irrésistible.
Composition à 8 à 11 bataillons, dont les 126e, 127e, 128e, 129e, 131e et 244e bataillons de défense territoriale, renforcés par les 11e et 55e bataillons spéciaux. Elle comprit dans ses rangs d’autres bataillons qui furent transférés dans les rangs de la 241e brigade territoriale à sa création, dont les 130e, 204e, 205e, 206e et 207e bataillons, sans parler des 212e et 241e bataillons qui furent dissous (pour recompléter d’autres, ou décimés). Elle comprenait aussi des unités de soutien, mais sans artillerie ou mortiers. Le 206e bataillon fut financé et équipé par l’argent du richissime oligarque et ancien Président de l’Ukraine, Petro Porochenko. Des députés et encartés de son partie européiste et atlantiste, Solidarité Européenne rejoignirent alors le bataillon. Le 207e bataillon fut formée avec des volontaires dès avant l’opération spéciale russe, que les médias annonçaient comme imminente (janvier 2022), et officialisé le 27 février. Le 55e bataillon spécial fut formé avec des mobilisés, environ 250 hommes (6 juin) et le 11e spécial quelques temps après. Il est à noter que cette brigade, notamment les 204e et 207e bataillons ont accueilli aussi des mercenaires étrangers, dont des Français, à leur formation.
L’unité était commandée par le colonel Alexandre Paliy (?-), militaire de carrière qui fut nommé à ce poste (2022). Il fut ensuite nommé au commandement de la 47e brigade mécanisée de nouvelle formation (16 septembre 2023). Il remplaçait son précédent commandant qui écrivit une lettre retentissante de démission, où il déclarait qu’il n’avait pas eu les moyens promis pour former son unité, et qu’il demandait à servir dès lors comme simple soldat : « je suis catégoriquement en désaccord avec les décisions sur l’application et le développement de la 47e brigade, nous n’avons pas été autorisés à construire une unité selon les valeurs que nous avions déclarées à sa création. Je n’ai plus la possibilité d’influencer la situation ou de la corriger. Mon mandat de chef de brigade ne me semble plus approprié. Je ne peux laisser mes hommes, alors je resterai au plus bas de l’échelle de ma propre volonté, pour être proche d’eux sur le champ de bataille ». Fut alors nommé à sa tête le lieutenant-colonel Vladislav Kossenko (vers 1971-), militaire de carrière qui fut formé dans une école de cadets de l’URSS. Il resta longuement dans l’armée (1989-2012), passant dans l’armée ukrainienne. Il démissionna et s’engagea dans l’immobilier (2012-2022). Il fut signalé qu’il était endetté de 4 prêts et surtout qu’il avait été mêlé à des affaires judiciaires, et qu’il possédait un casier judiciaire avec condamnation (vers 2015). Réserviste, il fut nommé commandant du 244e bataillon de la brigade (2022), puis fut interviewé (6 mai 2023). Il intervenait pour demander que les gens envoient à la brigade 400 millions d’UAH, avec le désir d’acheter 300 mortiers de 82, 200 mitrailleuses lourdes, 100 lance-grenades automatiques de 40 mm… Il fut nommé à la tête de la 112e brigade (16 septembre 2023).
113e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (été 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Kharkov. Elle fut l’une des premières sur pied organisant un premier exercice (28 août-6 septembre 2018), et présentait un effectif impressionnant de 2 100 volontaires, dont plus de 300 officiers de réserve. D’autres exercices furent organisés les années suivantes et elle fut activée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle fut rapidement confrontée au front, la ville de Kharkov étant longuement menacée (printemps/été 2022), et participa ensuite à la reprise du terrain (automne). Elle est restée depuis lors sur le front en protection de Kharkov, mais aussi sur la ligne de Koupiansk (2022-2023). Elle a subit certainement des pertes sensibles et fut privée un moment de plusieurs de ses bases arrières dont Izioum et Koupiansk. Cependant le réservoir humain de la grande capitale régionale a permis jusqu’à présent les remplacements. Kharkov est en effet la deuxième ville d’Ukraine (autour d’1,4 million d’habitants), qui même partiellement vidée par l’émigration des Russes ethniques (2014-2021), puis par la fuite des habitants (2022), reste un vivier propice aux mobilisations. A son apogée sous l’URSS, elle dépassait 1,6 million d’habitant en 1989.
Composition à 6 puis 7 bataillons, dont les 120e, 121e, 122e, 123e, 124e, 125e et 209e bataillons de défense territoriale. Elle comprend des unités de soutien dont des mortiers.
L’unité est commandée par le colonel Evgen Zadorojniy ( ?-), militaire de carrière ukrainien qui longtemps commanda la 55e brigade d’artillerie (2015), qui bombarda souvent les civils du Donbass. Il fut nommé à la tête de la 113e brigade territoriale (2021), dont il a gardé le commandement jusqu’à présent. Il fut médaillé par le Président Zelenksy (8 mars 2022), alors que l’on pouvait penser que les Russes pouvaient entrer dans Kharkov. Il a donné une interview lors de l’anniversaire de la formation officielle de son unité (3 octobre 2023). Il révéla à cette occasion avec d’autres officiers que l’unité avait reçu des véhicules blindés britanniques Spartan.
114e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (septembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Kiev. Elle fut difficile à former, les habitants pourtant nombreux de la capitale et des environs ne se pressant pas au portillon. Elle organisa cependant plusieurs exercices d’entraînements (septembre 2018, été 2019), et fut activée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle participa à la défense de Kiev et de la région (printemps) puis certaines unités furent envoyées directement sur le front du Donbass. Elles furent décimées dans la fournaise de ce front (été), tandis que d’autres s’entraînaient à l’arrière. Le bataillon reçut de l’équipement lourd, dont des mortiers de 120 mm, et semble avoir été utilisée partiellement dans la contre-offensive ukrainienne (2023).
Composition à 6 puis 8 bataillons, dont les 132e, 133e, 134e, 135e, 136e, 137e, 208e et 240et bataillons de défense territoriale. Le 208e bataillon fut formé dès avant l’opération spéciale russe (12 février), avec des civils qui s’étaient portés volontaires. Le 240e fut formé plus tard après le déclenchement de l’opération spéciale. Les unités pour faire le plein prirent un panel très large de recrues mobilisés et volontaires allant de 18 à 65 ans !
115e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (septembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Jytomyr. Il fut plus facile d’organiser cette unité que dans la capitale puisque dès le premier grand rassemblement, environ 1 500 réservistes volontaires étaient présents (19-28 septembre 2019). L’unité fut activée dès avant le début de l’opération spéciale russe (janvier 2022), et fut aussitôt confrontée aux combats. Elle resta en défense de la région longuement (printemps/été), et fut soumise à d’intenses bombardements et attaques de l’aviation russe. Elle fut ensuite envoyée dans la marche pour reprendre le terrain (automne), aperçue dans le secteur dangereux en face de Lissichansk. Ceci provoqua des plaintes des combattants dont celle de l’officier supérieur Baraniouk qui se filmant avec des hommes déclara : « nous refusons d’effectuer des missions de combat car nous n’avons pas de renforts à l’arrière. Pas de matériels lourds. Nous attendons des renforts depuis deux semaines, mais ils ne sont pas là. Nous sommes envoyés à une mort certaine. Aucun commandement, il n’y a pas de respect pour les soldats, dans ces conditions nous refusons d’effectuer des missions de combat » (15 mai 2022). Un média militaire russe annonça la perte en deux jours d’environ 800 tués et blessés dans les 115e et 123e brigades territoriales (16 juillet 2022). Étrillée, l’unité est ensuite restée essentiellement en surveillance de la frontière Nord, avec la Biélorussie et la Russie.
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 138e, 139e, 140e, 141e, 142e et 143e bataillons de défense territoriale Elle comprenait aussi des unités de soutien dont quelques mortiers. L’unité anime un tout petit groupe Telegram, comprenant seulement 219 abonnés et se livrant surtout à de la propagande.
116e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (juin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Poltava. Un premier exercice fut organisé avec les premiers volontaires, suivi d’un plus vaste avec des brigades d’autres régions, rassemblant seulement 500 volontaires (14-15 décembre 2018, 23 février 2019). L’unité fut activée peu avant l’opération spéciale russe (17 février 2022), comprenant environ 300 hommes, très loin du complet. Elle fut tout de suite engagée dans des combats pour la défense de la région, notamment plus tard autour de la ville de Soumy (printemps). Elle participa à la marche en avant pour reprendre le terrain autour de la grande ville de Kharkov (automne). L’unité fut ensuite envoyée combattre dans la dure bataille d’Artëmovsk (hiver 2022-2023), puis sur les positions infernales de Mariinka et Avdeevka (printemps 2023), où elle fut quasiment anéantie. Le peu qui en restait fut retiré du front, laissant aussi transpirer des plaintes de Poltava et sa région. Certaines sources russes, à prendre aussi avec prudence affirment que 80 % de l’effectif de la brigade sont restés couchés pour toujours dans les tranchées du Donbass. Cependant le célèbre néonazi ukrainien Mosiychuk a lui même confirmé le fait dans une vidéo où il parlait de la « tragédie de la 116e brigade ». Il appelait au renversement de Zelensky et à la poursuite judiciaire des responsables de cette catastrophe. Toujours est-il qu’une étude que j’ai mené sur des médias locaux de Poltava, m’ont montré que les rubriques nécrologiques annonçaient tous les jours des enterrements de soldats, parfois jusqu’à 5 ou 6 en même temps. Le mois de janvier 2023 fut par ailleurs le plus meurtrier, l’unité laissant aussi des prisonniers aux mains des Russes. Elle gère un minuscule canal Telegram comprenant 215 abonnés, qui augure d’un effectif sans doute squelettique.
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 144e, 145e, 146e, 147e, 148e et 149e bataillons de défense territoriale. Elle comprenait également des unités de soutien, dont quelques mortiers.
L’unité est commandée par le colonel Constantin Kalentiev (?-), qui donna une conférence au rassemblement de l’unité avant l’opération spéciale (17 février 2022). Il semble, mais il pourrait s’agir d’un homonyme que l’homme était mêlé à trois affaires judiciaires en Ukraine vers 2015.
117e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (juin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Soumy. L’unité organisa un premier exercice (25-29 septembre), suivis de quelques autres (2018-2019). Elle fut activée au moment de l’opération spéciale russe et fut immédiatement engagée dans des combats meurtriers (printemps 2022). Elle resta en défense de la ville qui fut longtemps menacée. Officiellement les Ukrainiens affirmèrent qu’elle comptait 3 400 hommes, chiffre invérifiable. Elle ne quitta jamais la région de Soumy et Kharkov et fut affectée jusqu’alors à la garde des frontières avec la Biélorussie et la Russie (2022-2023).
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 150e, 151e, 152e, 153e, 154e et 155e bataillons de défense territoriale. Elle comprenait des unités de soutien mais sans artillerie ou mortiers.
L’unité est commandée par le colonel Sergeï Kiryan (13 août 1975-), qui servit à la fin de l’URSS dans une école de cadets à Kiev (1990-1992). Officier de salon, il occupa un poste dans l’Institut des forces terrestres d’Ukraine à Kiev (1992-1997), puis à l’Université nationale de la Défense (2010-2013). Il fut invité sur un canal TV ukrainien sur le sujet de l’engagement volontaire dans les brigades de défense territoriale (4 avril 2021). Il fut nommé à la tête de la 117e brigade territoriale (3 décembre 2021).
118e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (7 novembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Tcherkassy. L’unité formée tardivement eut du mal à rassembler des volontaires, seulement 150 participèrent finalement à un exercice (5-11 août 2019). L’unité fut réactivée dès avant l’opération spéciale russe (2 février 2022), et fut maintenue un moment à la défense de cette ville sur le Dniepr. Elle fut ensuite envoyée dans la fournaise du front du Donbass (avril), pour la défense de Popasnaya, où elle resta quelques semaines en première ligne. Les pertes furent sévères et la ville complètement rasée fut perdue. Plus de 300 combattants de la 118e furent liquidés dans un bombardement massif près de Tchassov Yar (11 juillet). Un des bataillons fut renvoyé sur le front du Donbass (hiver 2022-2023), où il resta longuement en position en face de l’ancien oblast de Lougansk. Il fut ensuite renvoyé à l’arrière passablement décimé (septembre 2023). Pendant ce temps, la brigade fut engagée dans le bataille d’Artëmovsk (hiver 2022-2023), et sur le front Sud au début de l’année 2023. C’est une des brigades territoriales qui eut le plus à souffrir de pertes.
Composition à 6 puis 7 bataillons, dont les 156e, 157e, 158e, 159e, 160e, 161e et 254e bataillons de défense territoriale. Le 254e fut formé après l’opération spéciale russe. L’unité comprenait quelques unités de soutien sans artillerie ou mortiers. Elle reçut finalement des mortiers lourds de 120 mm (1er août 2023).
L’unité est commandée par le colonel Anatoly Stoujenko (?-), après une école de cadets de l’armée soviétique, il monta les grades dans l’armée ukrainienne et servit dans la 43e brigade d’artillerie, l’une de celles qui bombarda les civils du Donbass. Il participa aux événements de la révolution américaine du Maïdan, affirmant que les militaires assurèrent localement le succès du coup d’État de l’hiver 2013-2014. Il parla aussi du début de la guerre contre le Donbass « dans une scierie nous avons pris des planches pour construire des abris, car les tentes sont le tout premier point de repère pour les tirs de mortier de l’ennemi ». Il raconta ensuite comment il organisa avec des volontaires la récolte de matériels pour la zone ATO, fournitures, vivres, bouteilles d’eau, filets de camouflage, uniformes, mais aussi des cours de premiers secours. Il critiquait également sévèrement le gouvernement, parlant de trahison de l’État, de manque de matériels et d’armes pour se battre, des mauvais salaires des militaires et volontaires. Il se lança dans la récolte de papier à recycler, en enrôlant des enfants et des écoles, papier qui une fois revendu servit à acheter des pièces de rechange pour des véhicules militaires dans la zone ATO. Il se vanta même d’avoir mis à contribution 4 écoles maternelles, les enfants étant chargés de recueillir des bonbons ensuite envoyés aux soldats et recevant la propagande russophobe et un discours politisé dévastateur (25 mai 2015). Pendant des mois il continua les collectes envoyées à la 43e d’artillerie. Alors dans la réserve, il fut nommé au commandement de la 118e dès sa formation (2018). Il occupe toujours ce poste pour les besoins de la propagande fut interviewé sur un plateau d’un canal TV ukrainien (5 juillet 2023), dans le but d’inciter les populations à s’enrôler dans la défense territoriale.
119e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (29 mars 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Tchernigov. Elle fut l’une des premières à se former, mais le commissariat militaire n’attendit pas les volontaires et choisit plutôt de convoquer des réservistes (plus de 5 000), qui avaient le choix de s’enrôler ou non. Les autorités locales affirmèrent avoir ainsi rassembler pour un premier exercice 3 300 volontaires, un chiffre paraissant délirant au vu des résultats dans les autres régions, donc très suspect. L’unité fut activée avant l’opération spéciale russe (28 janvier 2022), renforcée de mobilisés. Elle resta en défense de la ville pendant longtemps, la capitale régionale étant isolée et menacée dans les premiers combats (printemps). Au moins l’un des bataillons, le 163e fut engagé dans la bataille d’Artëmovsk où il fut décimé (hiver 2022-2023).
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 162e, 163e, 164e, 165e, 166e et 167e bataillons de défense territoriale. Elle possède quelques unités de soutien, dont une batterie de mortiers.
L’unité est commandée par le colonel Alexeï Vyssotski (1980-), qui fit une école militaire et servit ensuite dans la 1ère brigade blindée. Il s’enrôla dans le sinistre bataillon de représailles Tchernigov-1, dont il fut le chef d’État-major et servit durant l’opération ATO (2014-?). A ce titre et à son grade, il est donc un criminel de guerre en puissance, sous sa responsabilité d’infâmes exactions furent commises, dont des enlèvements, pillages, tortures, kidnappings, viols, meurtres, vols et trafics divers (2014-2015). Il fut décoré d’une médaille non officielle par les ultranationalistes (8 août 2016). Il fut nommé au commandement de la 119e brigade territoriale (2018), dont il a gardé la tête jusqu’à nos jours. Il fut décoré comme citoyen d’Honneur de la ville de Tchernigov (21 septembre 2022).
120e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (juin 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Vinnitsya. Une première réunion se déroula avec une centaine de volontaires, puis deux autres dans les mois suivants (2018-2019). L’unité fut activée un peu avant l’opération spéciale russe (21 février 2022). L’unité fut l’une des rares qui fut maintenue à l’arrière et dévolue à la surveillance de la frontière biélorusse, dans la peur d’une offensive (2022). Quelques éléments furent envoyés sur le front du Donbass (décembre), où ils furent engagés dans les combats perdus pour Soledar et Artëmovsk (hiver 2022-2023). Au moins le 173e fut partiellement anéanti dans cette bataille. Il fut renvoyé vers l’arrière pour y être reconstitué (mars 2023).
Composition à 6 puis 7 bataillons de 250 hommes, dont les 168e, 169e, 170e, 171e, 172e, 173e et 210e bataillons de défense territoriale. Le 210e fut formé après l’opération spéciale russe. Elle possède aussi quelques unités de soutien à priori sans artillerie et mortiers.
L’unité est commandée par le colonel Youri Paradiouk (?-), nommé à la tête de la 120e brigade territoriale (2019), il fut décoré par le Président Zelensky avec quelques dizaines d’hommes de l’unité (28 octobre 2022).
121e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (25 septembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Kirovograd. Elle fut difficilement mise sur pied et seuls 160 réservistes volontaires participèrent à un premier exercice (13-19 mai 2019). Elle fut activée au moment de l’opération spéciale russe (février 2022), et resta au départ en défense. Par la suite le 174e bataillon fut envoyé pour défendre les positions de Severodonetsk et Lissichansk (printemps), où il subit des pertes sensibles. Deux autres bataillons, les 175e et 176e furent envoyés sur le front de Kherson (hiver 2022-2023). Elle fut retirée pour être recomplétée et entraînée (printemps 2023). Elle semble faire partie des troupes qui menacent le Dniepr.
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 174e, 175e, 176e, 177e, 178e et 179e bataillons de défense territoriale. L’unité comprenait aussi des unités de soutien et quelques mortiers.
L’unité est commandée par le colonel Dmitri Zavorotniouk (19 février ?-), ancien officier de carrière qui fut l’un des officiers supérieurs des bataillons de représailles, le bataillon Kirovograd (puis 17e bataillon motorisé). Ce bataillon était parrainé par le chef du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Oleg Tyagnibok en personne. Il fut employé à de sales besognes avec la police politique du SBU dans le Donbass, traquant les résistants. A ce titre cet officier est un criminel de guerre en puissance. Il tenta sans trop de succès de se médiatiser, beaucoup des commandants des bataillons de représailles entrant à cette époque en politique ou se voyant offrir des postes privilégiés dans l’administration ou les ministères. Il fut décoré par le Président Porochenko pour son action durant l’opération ATO (29 septembre 2014). Il fut par la suite nommé commandant de la 121e brigade territoriale (2018-2022), puis à celui de la 101e brigade territoriale. Il se montra être l’un des « jusque-boutistes » en déclarant qu’Artëmovsk devait être tenue jusqu’à la dernière extrémité et quelle était le « tombeau de l’armée russe »(19 avril 2023).
122e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (été 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast d’Odessa. L’unité fut également difficile à former, dans cette ville martyre qui fut le théâtre du massacre d’Odessa (2 mai 2014). Elle fut par la suite sévèrement épurée par la police politique du SBU, et même terrorisée par elle dans des opérations durent le printemps et l’été 2022. L’unité organisa une première réunion, avec environ 300 volontaires réservistes (12 décembre 2018). Deux ans plus tard, c’est à peine 600 hommes qui purent être rassemblés dans un nouveau exercice (21 septembre 2020). Elle fut activée avant l’opération spéciale russe (5 février 2022), mais resta en protection dans les environs de la ville d’Odessa de peur d’une opération amphibie russe (printemps). Des entraînements sur la guérilla, thème délirant et très populaire dans la propagande ukrainienne et occidentale furent dispensés. Elle a été maintenue depuis l’année 2022, dans ses tâches de surveillance de la région et des côtes. La domination de la flotte russe de la Mer Noire, obligeant toujours les Ukrainiens à se garder contre une potentielle opération navale.
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 180e, 181e, 182e, 183e, 184e et 185e bataillons de défense territoriale. Elle comprenait des unités de soutien dont quelques mortiers légers.
L’unité est commandée par le colonel Oleg Berezovsky (?-), vieux militaire formé durant l’époque soviétique, il servit ensuite dans l’armée ukrainienne. Il fut nommé au commandement de la 122e brigade territoriale et donna une conférence pour appeler les volontaires et réservistes dans son unité (24 février 2022). L’homme qui est peut-être le plus âgé des chefs de brigade territoriale, apparaît très marqué par l’alcool au point qu’il n’est plus apparu dans les médias de propagande en Ukraine. Il ne semble pas avoir été remplacé.
123e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (9 novembre 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Nikolaïev. L’unité fut formée tardivement, dans une ville traditionnellement favorable à la Russie, mais qui fut « nettoyée » par la police politique du SBU. Un premier rassemblement fut organisé avec quelques dizaines d’hommes (23 décembre 2018). D’autres rassemblements furent encore organisés annuellement (2019-2021), celui de 2019, rassemblement péniblement 255 hommes, celui de 2020 environ 530. Elle fut activée dès avant l’opération spéciale russe (février 2022), et fut rapidement engagée au combat pour défendre la région (printemps). Elle subit à cette occasion des pertes. Elle fut ensuite employée dans la poussée pour reprendre le terrain dans la région de Kherson (automne). Elle est restée jusqu’à ce jour dans cette région et en protection des côtes, l’une des moins exposées.
Composition à 5 puis 6 bataillons de 250 hommes, dont les 186e, 187e, 188e, 189e, 190e et 191e bataillons de défense territoriale. Elle comprenait quelques unités de soutien dont quelques mortiers.
L’unité est commandée par le colonel Roman Tokarenko (?-), originaire de Nikolaïev, il fut nommé à la tête de la 123e brigade territoriale (vers 2020). Il affirma dans un communiqué « qu’il y avait des réserves » (19 février 2022), à l’aube de l’opération spéciale. Mais quelques jours avant, il appelait les habitants de la région à contacter les bureaux de recrutement pour combler les trous, la brigade étant opérationnelle selon lui à 70 % de ses effectifs (10 février). Ce chiffre était toutefois déjà annoncé 10 jours plus tôt (30 janvier)… Les exercices qui étaient programmés pour le 26 février et qui n’eurent pas lieu, prévoyaient de lutter « contre les infiltrations ennemies ».
124e brigade de défense territoriale, brigade formée avec l’aide de l’OTAN (été 2018), dans le plan initial d’une guerre future avec la Russie, dont la base et le recrutement étaient dans l’oblast de Kherson. L’unité fut formée dans une région difficile pour l’Ukraine, comptant de très nombreux soutiens à la Russie. Une première réunion rassembla selon les Ukrainiens environ 1 000 hommes, un chiffre de propagande lorsque l’on connaît ceux de régions beaucoup plus sûres de l’Ukraine (3-12 septembre 2018). D’autres exercices furent menés jusqu’à son activation lors de l’opération spéciale russe (24 février 2022). Elle fut immédiatement en première ligne et en partie anéantie dans la progression très rapide des Russes, ils s’emparèrent par ailleurs de la capitale Kherson presque sans résistance. Là où elle tenta de s’accrocher au terrain, elle fut écrasée par les Russes et subit de très lourdes pertes, plusieurs centaines d’hommes. Blessés et prisonniers furent aussi abandonnés en nombre (février/mars 2022). Pour tenter de camoufler le désastre et participer à la propagande et provoquer l’émotion en Occident, divers faux massacres qu’auraient commis les Russes furent présentés dans les zones de combat de la 124e brigade. Il y aura du travail après la guerre pour déterminer les crimes de guerre eux bien réels dans la région de Kherson, où les pro-russes étaient nombreux. Les Ukrainiens en déroute eurent sans aucun doute la gâchette facile dans leur retraite, puis dans leur retour (automne 2022). Toutes les bases de la brigade furent d’ailleurs occupées, dont Kherson, Beloziorka, Skadovsk, Nova Kakhovka et Genitchesk. Des dizaines de milliers d’habitants de Kherson et des environs choisirent l’évacuation en territoire russe lorsque que l’armée de la fédération quitta la ville. Ailleurs les habitants restés dans les différentes localités libérées par les Russes choisirent par référendum de rallier la Russie (septembre 2022). La reprise de Kherson laissa quelques dizaines de milliers d’habitants sur les 279 000 d’avant l’opération spéciale. La région est désormais tout à fait incapable de puiser dans les populations locales pour renforcer la 124e brigade territoriale. Quelques milliers d’habitants locaux (que j’ai vu moi-même dans un passage sur la zone de guerre en avril 2022), se sont enrôlés volontairement dans l’armée russe, sous de fausses identités et ayant reçu des passeports russes de complaisance pour éviter de les mettre en danger plus que de raisons, eux, ou des membres de leur famille, à cause de la police politique du SBU et des répressions sanglantes organisées en Ukraine depuis 2014.
Composition à 6 bataillons de 250 hommes, dont les 192e, 193e, 194e, 195e, 196e et 197e bataillons de défense territoriale. L’unité fut en grande partie anéantie et a perdu l’essentiel du faible matériel dont elle disposait. Si elle a été reconstituée c’est avec des mobilisés d’autres régions de l’Ukraine.
L’unité est commandée par le lieutenant-colonel Dmitri Ishenko (?-), qui fut nommé à la tête de la 124e brigade à sa création (2018). Devant les difficultés de recrutement, il se livra à une conférence pour tenter d’attirer avec des avantages des volontaires, soit 15 000 UAH par mois (environ 380 euros), des repas gratuits, des vêtements, le paiement d’allocations pour le logement avec des taux différents pour les zones urbaine et rurale. Ces offres alléchantes pour les « gamellards » souvent vus dans les bataillons de représailles en 2014-2015, l’obligea aussi à déclarer : « Nous n’avons pas besoin d’alcooliques et de toxicomanes, ni de fainéants, nous recherchons des combattants motivés de moins de 60 ans qui n’ont pas de problèmes de santé majeurs. Excellent si les candidats ont une expérience militaire » (24 décembre 2021). Il fut médaillé par le Président Zelensky après avoir pris la fuite de Kherson mars 2022), et s’installa avec les débris de son unité à Nikolaïev.
125e brigade de défense territoriale, brigade de nouvelle formation, dont la base arrière est Lvov (27 février 2022). Le recrutement ne fut pas si évident, dans une région pourtant propice et terre natale du bandérisme et de son idéologie de mort. A côté des patriotes fanatiques, beaucoup d’autres, dans des districts non en danger prirent la fuite sans vergogne vers les pays occidentaux et les mannes financières offertes aux réfugiés ukrainiens. La brigade resta longuement en formation dans une région à l’abri ou presque, seulement menacée par des tirs de missile à grande distance. Les nouvelles unités furent toutefois envoyées dans la fournaise de la bataille d’Artëmovsk (hiver 2022-2023), et ses effectifs dispersés sur le front Nord et Centre. Elle fut en partie décimée, notamment dans les combats dans les forêts de Kremeniya, où sur les positions en face de Donetsk (printemps/été 2023). Les Ukrainiens ont publié une liste évidemment non complète de près de 50 tués de l’unité
Composition à 5 bataillons de 250 hommes, dont les 215e, 216e, 217e, 218e et 219e bataillons de défense territoriale. Quelques unités de soutien furent aussi formées, quelques mortiers dotés la brigade. Une brigade semble avoir été envisagée dès 2018, qui aurait dû comprendre les 1er, 2e, 3e, 4e et 5e bataillons de défense territoriale, et ne fut jamais formée à cette époque. Peut-être par le fait que la région de Lvov était loin de toutes menaces.
L’unité est commandée par le général Arthur Gorbenko (27 février 1964-), originaire de Tcherkassy, il fit une école de cadets du temps de l’URSS, d’abord à Kiev (1981-1984), puis à Moscou (1985-?). Il choisit de continuer à servir dans l’armée ukrainienne (1992), et fut envoyé à l’Académie des forces armées de Kiev (1996). Il fut nommé colonel à la tête d’un régiment blindé (1996-1998), puis chef d’État-major (1998-2002), et commandant adjoint d’une brigade mécanisée. Il fit ensuite carrière dans les troupes des gardes-frontières, commandant des troupes dédiées à cette tâche d’abord à Kharkov (2005), puis à Lvov (2008). L’homme avait déjà été… sans mener un seul combat, médaillé à 8 reprises ! Il se présenta en civil à Lvov dans une manifestation de la révolution américaine du Maïdan (19 février 2014). Il fut nommé à la tête de la 125e brigade (2022), et est l’un des rares officiers généraux à la tête d’une telle unité. Il était dénoncé sur Telegram comme étant un potentiel traître à cause de ses années d’études à Moscou. Il fit une critique timide au sujet du sacrifice inutile des soldats ukrainiens à Artëmovsk, mais où il était dit que les pertes russes étaient énormes sans parler de celle de l’Ukraine, ou à demi-mots (août 2023).
126e brigade de défense territoriale, brigade de nouvelle formation, dont la base arrière est Odessa (5 mars 2022). Pour la former, il fut fait appel aux mobilisés en plus des volontaires, l’Ukraine annonçant 2 000 recrues (mai). Ils furent employés à la protection du bord d’Odessa et à l’édification de fortification à la fois terrestre et côtières (printemps/été). Quelques petits groupes de combat furent formés avec les soldats les plus expérimentés et furent envoyés pour reprendre le terrain dans la région de Kherson (automne). A noter que l’insigne qui a été choisie pour le groupe Chimère, groupe de combat de la brigade, est celle de la 7e division SS de montagne Prinz Eugen qui s’illustra dans d’horribles massacres et répressions dans les Balkans et en Yougoslavie durant la Seconde Guerre mondiale. la 7e division SS de montagne Prinz Eugen
Composition à 7 bataillons de 250 hommes, dont les 220e, 221e, 222e, 223e, 224e, 245e et 246e bataillons de défense territoriale. Quelques unités de soutien furent formées sans artillerie ou mortiers. Un bataillon fut ensuite doté de quelques tubes, puis l’unité.
L’unité est commandée par le colonel Larissa Iakobtchouk (7 septembre 1969-), alias La Mouette, originaire de Kertch, en Crimée, l’unique femme aux commandes d’une unité de territoriaux. Elle fit des études pédagogiques à Melitopol (1990-1995), et fut nommée institutrice dans une école. Elle épousa un militaire et pour le suivre se décida à entrer dans l’armée. Elle travailla dans des services de propagande pour le recrutement, puis se décida à entrer à l’Académie des forces terrestres de l’Ukraine, à Kiev (2000-2001). Elle fut cantonnée à des rôles d’enseignante, en premier à l’Académie militaire d’Odessa (2012), nommé au grade de major (2014). Elle fut envoyée dans la zone ATO, là encore cantonnée des services d’aides psychologiques aux vétérans de la zone ATO (2014-2019). Elle fut ensuite nommée comme professeur dans l’académie où elle avait enseigné (vers 2019-2021). Elle fut ensuite nommée commandant de la 126e brigade territoriale (mars 2022). Sans expérience du commandement et du combat, sa nomination a surtout été politique et pour servir la propagande, afin d’attirer des femmes dans l’armée ukrainienne. Il est assez certain que le commandement effectif doit l’être par un officier dans l’ombre. Son fils est au grade de lieutenant et sert dans une unité du front. Malgré les tentatives de la montrer à son avantage dans la propagande ukrainienne, elle s’est en réalité fortement empâtée. Elle affirma que les troupes ukrainiennes reprendraient la Crimée (août 2022) : « j’ai aussi un père de 86 ans qui est dans une des villes occupées, et des enfants, l’un d’entre eux est militaire dans l’une des brigades de l’armée. C’est la 9e année de ma guerre […] il n’y a aucun doute que la victoire sera à nous et nous attendons encore pour passer des vacances dans notre Crimée ukrainienne ». Terrible opinion lorsque l’on sait que la Crimée vota par référendum son rattachement à la Russie (2014), et qu’il faudrait massacrer plusieurs millions de personnes pour qu’elle puisse passer ses fameuses vacances au bord de la mer.
127e brigade de défense territoriale, brigade de nouvelle formation, dont la base arrière est Kharkov (mars 2022). Elle fut formée avec les mobilisés et volontaires rassemblés dans la grande ville de Kharkov. Elle était pauvrement équipée et entraînée et ne fut au départ que maintenue à l’arrière des lignes, notamment servant sur des contrôles routiers et autres missions de l’arrière. Elle fut finalement entraînée et avec l’aide du Congrès mondial des Ukrainiens, elle put recevoir des finances, du matériels et des véhicules blindés Spartan (début 2023). Elle fut envoyée sur le front Nord mais n’a pas livré de combats d’importances, son effectif étant de toute façon constitué surtout d’hommes totalement inexpérimentés. Il semble que des mercenaires étrangers ont été aussi intégrés dans ses rangs.
Composition à 7 bataillons de 250 hommes, dont les 225e, 226e, 227e, 228e, 229e, 247e et 249e bataillons de défense territoriale. L’unité est aussi complété d’une compagnie de chars dénommée Azov, du nom du bataillon néonazi ukrainien qui fut anéanti à Marioupol.
L’unité est commandée par un homme de pouvoir et non issu de l’armée, les autres chefs de brigade étant souvent des vieux soldats bedonnants et fatigués. Il s’agit de Roman Grishenko (17 janvier 1982-), dit Oncle Roma, originaire de la région de Nikolaïev, qui fit des études supérieures de droit à Kharkov, diplômé (2005). Il entra comme cadre dans la fonction publique dans le bureau du procureur militaire de sa région natale (2005-2007), puis aux mêmes fonctions à Kirovograd, Kiev ou Kharkov (2010-2019). Il fut médaillé par le Président Porochenko pour « sa participation à l’opération ATO », fait assez étrange, car il n’y servit que dans un bureau (2016). Il fut l’un des volontaires pour intégrer la 112e territoriale de Kiev (2018). Il prit soudain une importance politique en étant nommé par le Président Zelensky comme Président de l’administration régionale de Soumy (11 mars 2020). Il fut rapidement limogé (5 novembre), mais nommé procureur militaire de la même région. Il ne se trouvait plus à ce poste, mais à Kiev lors du déclenchement de l’opération spéciale russe (février 2022). Il fut envoyé à Kharkov au grade de colonel pour commander la 127e brigade territoriale (2022). Cette nomination dénotait avec les autres, l’homme n’étant pas issu d’une carrière militaire à proprement parler. Ce politique fut rapidement médaillé par le Président Zelensky (24 mai). Il donna ensuite une interview de propagande au sujet de son parcours et des territoriaux.
128e brigade de défense territoriale, brigade de nouvelle formation dont la base est Dniepropetrovsk (16 février 2022). L’unité fut formée officiellement avant l’opération spéciale russe, et fut complétée avec des mobilisés et volontaires de la grande ville sur le Dniepr, historiquement d’ailleurs base d’attaque ukrainienne du Donbass (depuis 2014). La brigade resta longuement à l’arrière pour être formée, mais elle fut finalement envoyée sur le front du Donbass (2023). La 128e brigade fut engagée en infanterie d’accompagnement avec la 72e mécanisée dans la région de Staromaïorskoye (26 octobre 2023), où elle subit de lourdes pertes après être tombée dans une embuscade.
Composition à 5 bataillons de 250 hommes, dont les 230e, 231e, 232e, 233e et 234e bataillons de défense territoriale. Elle fut dotée de plusieurs unités de soutien, mais non d’artillerie ou de mortiers.
Elle était commandée par le colonel Alexandre Vodolazsky (10 juin 1958-), militaire de carrière qui servit dans l’artillerie, il fut nommé à la tête de la 43e brigade d’artillerie. Cette unité s’illustra dans les bombardements terribles de civils dans le Donbass. Il apparut alors comme l’un des criminels de guerre qui devrait être jugé après le conflit (2018), étant alors au grade lieutenant-colonel. Il apparut dans un film de la propagande ukrainienne (11 octobre 2021), bonhomme et souriant, colonel à la retraite. Il fut rappelé au service et nommé à la tête de la 128e brigade territoriale (2022). Il fut finalement mis à la retraite pour limite d’âge (22 février 2023). Mais après son départ, il fut accusé d’abus de pouvoir, dans un système de réquisitions abusives dans lequel il trempa. Il fut arrêté et son domicile perquisitionné (16 octobre 2023). Placé en détention préventive, il fut immédiatement mis en garde à vue, avec libération sous caution possible contre 21 millions d’UAH. Il fut accusé particulièrement d’avoir dévalisé des entreprises, d’avoir ordonné des réquisitions abusives pour la construction de défense, ou les besoins de son unité. Plusieurs entreprises sont venues se plaindre au plus haut niveau, demandant des compensations et le versement d’indemnités pour les biens réquisitionnés. L’affaire toutefois se transforma en scandale national, tout d’abord par les soutiens de l’opinion publique, estimant que l’officier avait agi en patriote et qu’il était persécuté. Ensuite par la révélation que les entreprises en question étaient liées à des oligarques corrompus et ayant déjà eu maille avec la justice. Le nom d’Igor Kolomoïsky a même été cité. Plus tard il fut révélé que les biens saisis étaient immobiliers, une zone pavillonnaire en construction, dont les villas furent finalement détruites, le matériel saisi, la zone constructible dévastée. Les promoteurs immobiliers déploreraient des millions de pertes, et la peine encourue par l’officier irait jusqu’à 12 ans de prison ferme (18 octobre). Les matériaux ont servi avec les terrains à la construction de fortifications sur le Dniepr, mais aussi de points d’appuis militaires et autres positions. L’unité est commandée par le colonel Rostislav Reginsky (?-), militaire de carrière, il fut nommé à la tête d’un bataillon de la fantômatique 111e brigade territoriale de Lougansk (2022), et fut médaillé par le Président Zelensky quelques mois après. Il fut ensuite placé au commandement de la 128e brigade (27 février 2023).
129e brigade de défense territoriale, brigade de nouvelle formation (2022), qui fut formée et il s’agit d’une exception, dans une ville qui n’est pas une capitale régionale : Krivoï Rog. Cette ville est en effet dans l’oblast de Dniepropetrovk, mais se trouva menacée jusqu’à l’automne 2022, par la pression des forces russes. Elle fut longue et difficile à former, dans un contexte de désorganisation et d’offensive russe. Pour la renforcer, il fut même décidé de lui adjoindre le 7e bataillon du corps des Hospitaliers, dit OUDA, et portant le nom d’Areï. Ce corps fut formé par le fondateur du parti néonazi Pravy Sektor, qui avait également formé le corps des volontaires ukrainiens, appelé DUK, et calqué sur l’organisation de la Waffen SS. Des Français, dont un Franc-Comtois de Besançon servent dans le corps OUDA, dans la tradition détestable de la 33e division SS Charlemagne. La 129e brigade fut employée à la défense de la région de Krivoï Rog, puis dans la marche en avant pour reprendre le terrain dans la région de Kherson (automne 2022). Elle fut ensuite engagée avec des pertes significatives dans la contre-offensive ukrainienne (été 2023), les Russes publiant les fiches et noms de nombreux tués dans ses rangs (notamment du 7e Areï).
Composition à 7 bataillons de 250 hommes, dont les 235e, 236e, 237e, 238e, 239e et 248e bataillons de défense territoriale, plus le 7e bataillon Areï du corps de l’OUDA. A noter quelques unités de soutien formées dans la brigade, mais sans artillerie ou mortiers. Il est à noter que l’insigne de la brigade était celui du bataillon de représailles Krivbass.
L’unité était commandée par Youri Sinkovsky (16 juin 1970-) originaire de Krivoï Rog, il fit l’école des cadets de Kiev pendant l’URSS (1985-1987). Il servit ensuite dans l’armée soviétique, puis l’armée ukrainienne dans les troupes mécanisées (1987-2004), et préféra prendre sa retraite. Il s’enrôla dans le triste bataillon Krivbass, unité de représailles formée à Krivoï Rog, et qui s’illustra dans des pillages, des exactions, et surtout dans les paniques et déroutes légendaires qui firent la réputation du bataillon. Les faits furent si graves que le haut commandement ukrainien décida sa dissolution (printemps 2015). Lieutenant-colonel en second du bataillon lors de la bataille d’Ilovaïsk, où il fut blessé par un éclat d’obus qui perça son poumon et se ficha près du cœur (août 2014), il fut évacué par une ambulance vers l’arrière. Il servit ensuite durant la bataille de Debaltsevo (janvier-février 2015). Il continua de servir un moment jusqu’à une date inconnue. Il fut décoré du titre de Héros de l’Ukraine à Vinnytsia (18 août 2017), qualifié « de légendaire colonel de Krivoï Rog ». L’homme vu la nature du bataillon est un criminel de guerre en puissance, et fut ensuite un des membres du parti OUKROP, la formation politique d’Igor Kolomoïsky, qui avait également été le financier du bataillon. Il se présenta aux élections régionales de Dniepropetrovsk (2015), mais ne fut pas élu. Les photos de l’homme montre par ailleurs des marques inquiétantes d’un amour de la bouteille. Il réapparut avant l’opération spéciale russe, en annonçant devant le Conseil municipal de la ville de Krivoï Rog, qu’un nouveau bataillon de défense territoriale était constituée dans la ville (28 janvier 2022). Deux jours plus tard dans une séance, le Conseil municipal annonça qu’il allouait pour son financement 2 millions de hryvnias. Fort de l’expérience du passé et ne voulant pas recruter des hommes des partis politiques néonazis ou bandéristes, il déclara : « le bataillon est apolitique, quiconque prend les armes dans notre unité n’a automatiquement aucun rapport avec une force politique, parce que les militaires effectuent exclusivement la mission de protection et de défense de notre région ». La formation de ce nouveau bataillon intervenue fin janvier 2022, est intéressante et montre bien que les Ukrainiens se préparaient activement à la guerre contre la Russie. Il fut nommé commandant, grade de colonel, de la 129e brigade. Il fut finalement démis de ses fonctions et remplacé, sans doute pour son incompétence et sa visible tendance à lever le coude plus que de raison. Le nouveau commandant, le lieutenant-colonel Dmitri Ostapenko (?-), est pour l’instant un illustre inconnu.
241e brigade de défense territoriale, brigade de nouvelle formation (14 avril 2022), dont nous avons déjà parlé au sujet de la 112e de Kiev. Elle fut formée avec le versement de forces de cette dernière brigade, et avec des volontaires et mobilisés de Kiev en surplus. Elle resta à l’entraînement et en formation un long moment, puis des éléments furent envoyés sur le front où ils furent partiellement décimés dans les batailles pour Severodonesk et Lissichansk (été 2022), et d’Artëmovsk (hiver 2022-2023). En particulier les 130e, 204e, 205e, 243e et 251e bataillons de la brigade. Le commandement russe annonça même que 60 % des effectifs du 204e bataillon avaient été liquidés à Artëmovsk (dès août 2022). La brigade fut à ce moment retirée du front pour être recomplétée à l’arrière. Un reportage dans un cimetière militaire fut aussi republié par les Russes (du média ukrainien Canal Krokus TV), montrant des centaines de tombes, dont celles de beaucoup de soldats de la 241e brigade, et à l’arrière plan des pelleteuses préparant des tombes en prévision « des nouveaux arrivants ». Les tombes par ailleurs avaient été vandalisées et profanées par des inconnus, très certainement par des Russes ethniques d’Ukraine persécutés et exprimant leur colère de la plus mauvaise façon.
Composition à 8 bataillons de 250 hommes, dont les 130e, 204e, 205e, 206e, 207e, 242e, 243e et 251e bataillons de défense territoriale. A noter que des mercenaires Français ont été signalés dans ses rangs.
L’unité était commandée par Édouard Pissostki (?-), alias Kowalski, militaire de carrière de l’armée ukrainienne, il se trouvait à la retraite lorsque l’Ukraine agressa les populations civiles du Donbass (2014). Il tenta de s’enrôler dans l’armée régulière (août), mais fut refusé probablement à cause de son âge. Il fut finalement mobilisé dans un bataillon d’infanterie motorisée (novembre), et servit dans la zone ATO. Il fut nommé à la tête de la 241e brigade territoriale (vers janvier/février 2022), et donna une interview dans l’été où il déclara: « La Crimée a toujours été, disons-le, peuplée artificiellement par des personnes loyales au pouvoir impérial (russe), principalement de personnes originaires des régions russes qui y ont été réinstallées à l’âge de la retraite. Il est clair qu’ils ont été constamment des agents d’influence, sans parler des Cosaques et autres. Mais j’ai toujours cru que s’il y avait des problèmes, nous avions les forces armées de l’Ukraine, la Garde nationale, la police, etc. ». Après des paroles honnêtes, l’homme montrait aussi son vrai visage à savoir que la force de répression serait toujours la réponse ukrainienne. Il déclara également à propos de la formation de sa brigade en 2022 : « 98 % de mes hommes n’avaient jamais tenu d’armes, ils étaient habillés comme ils étaient venus, en jeans, survêtements et baskets […] Nous avons construit des positions en utilisant des troncs, mis en place des hérissons antichars, cinq à sept jours plus tard, ils pouvaient déjà se réfugier en toute sécurité lors des bombardements, nous n’avons pas eu de morts. […] j’ai vu beaucoup de gens qui quittaient la ville en voiture, en minibus bondés, ou à pied. Certains tiraient des valises à roulettes, un autre portait son chien ou son chat […] certains se sont enfuis, tandis que d’autres ont organisé la défense de la ville ». Il raconta ensuite que la brigade ne fut pas engagée dans la défense de Kiev, car impréparée, mais qu’il sélectionna 50 hommes pour renforcer les rangs clairsemés, notamment de la 72e mécanisée.
Parmi les officiers supérieurs : Victor Ioutchko (?-), commandant du 207e bataillon territoriale de Kiev. Il fit une carrière militaire, formée sous l’URSS, puis servant dans l’armée ukrainienne essentiellement dans l’artillerie (?-2004). Il fut limogé suite à un important programme de réduction des effectifs militaires (2004). L’homme tenta de reprendre du service au moment de l’agression du Donbass par l’armée ukrainienne (2014), mais trop âgé il dut se rabattre sur le 11e bataillon Kievskaya Rous, formé à Kiev et bataillon de représailles. Il fut nommé commandant de section de mortiers et servit jusqu’il signe un contrat dans l’armée ukrainienne (décembre 2014), versé dans la 44e brigade d’artillerie, l’une de celle qui n’a cessé de tirer sur les civils du Donbass. Lui même s’est vanté de ces bombardements en des termes cyniques. Il se surnommait lui même le « cauchemar des séparatistes ». Dès lors, identifié, il a été couché sur les listes de criminels de guerre, avec le surnom peu envieux de « punisseur en chef ». Sous son commandement plusieurs enfants, notamment dans la région de Gorlovka furent tués ainsi que plusieurs centaines de civils (2015-2016). Il fut versé ensuite dans une nouvelle unité, le 32e régiment d’artillerie d’infanterie de marine (2016-2019), puis fut remis à la retraite. Il fut nommé commandant du 207e bataillon de défense territoriale (janvier 2022), et utilise systématiquement des termes racistes pour qualifier l’ennemi russe.
Brigades des « territoires temporairement occupés ». Il est à noter que dans son incapacité à reconnaître les faits accomplis, et le référendum qui acta le retour de la Crimée au giron russe (mars 2014), les Ukrainiens font la différence avec les insurgés républicains du Donbass, dont ils contrôlaient une partie du territoire suite à la tentative de destruction des républiques populaires de Donetsk et Lougansk (2014-2022). Ne contrôlant aucun territoire en Crimée, et dans l’esprit « virtuel » que les dirigeants ont toujours cultivé, la liste des brigades territoriales ukrainiennes comprend une brigade de Sévastopol, et une brigade de la République autonome de Crimée. Cette fanfaronnade sonne dotant plus le ridicule, que le Parlement de ladite république autonome de Crimée fut à l’origine du référendum qui rattacha son territoire à la Russie. Situation délirante, un peu comme un enfant réclamant le jouet… de son voisin comme le sien.
Bataillons séparés de fusiliers. Il est aussi à signaler qu’un certain nombre de bataillons séparés de fusiliers, comprenant des réservistes d’âges intermédiaires (vers les 30-40 ans), et non versés dans une brigade territoriale spécifique existent également. Une partie de ces bataillons furent formés dès 2015, le reste après l’opération spéciale russe en 2022. Il s’agit des bataillons suivants :
1er bataillon de fusiliers (Vinnitsya, 2022), 2e bataillon de fusiliers (Volhynie, 2022), 4e bataillon de fusiliers (Jytomyr, 2015), 5e bataillon de fusiliers (Transcarpates, 2015), 6e bataillon de fusiliers (Zaporojie, 2015), 7e bataillon de fusiliers (Ivano-Frankovsk,?), 8e bataillon de fusiliers (Kiev, 2015), 9e bataillon de fusiliers (Kirovograd, 2015), 11e bataillon de fusiliers (Nikolaïev, 2015), 13e bataillon de fusiliers (Poltava, 2015), 14e bataillon de fusiliers (Rovno, 2022), 15e bataillon de fusiliers (Soumy, 2022), 16e bataillon de fusiliers (Ternopol, 2022), 18e bataillon de fusiliers (Kherson, 2022), 19e bataillon de fusiliers (Khmelnitski, 2022), 20e bataillon de fusiliers (Tcherkassy, 2017), 21e bataillon de fusiliers (Tchernivtsi, 2022), 22e bataillon de fusiliers (Tchernigov, 2022).