Le bataillon Gorin est le 58e historique que nous publions dans les lignes du Donbass Insider. C’est sans nul doute le bataillon le moins courageux, et à la plus basse expérience militaire que nous ayons eu à traiter avec le bataillon Krivbass. Contrairement à ce dernier, Gorin ne fut pas dissous, échappant de peu à la sanction. Son aventure militaire fut pitoyable dans les deux premières années de son existence, mais nous n’avons trouvé aucun fait de crimes de guerre, de pillages et exactions à son encontre. Aujourd’hui, l’unité sert dans les rangs d’une grande unité historique de l’Ukraine, la 30e brigade mécanisée.
Les ombres sanglantes des massacres de Volhynie. Comme tous les bataillons de défense territoriale fondé en 2014, l’unité fut créée régionalement dans la région de Rovno. Cette région était peuplée d’environ 580 000 habitants, dont 240 000 vivants dans la capitale régionale elle-même. Elle fait partie plus largement de la province de Volhynie et fut longtemps une possession lituanienne et polonaise (XVe-XVIIIe siècle), avant de passer sous le contrôle de la Russie après le dernier partage de la Pologne (1795). Elle fut l’une des zones de recrutement des nationalistes ukrainiens pendant la Guerre civile russe (1918-1921), occupée par les troupes de Petlioura (1919), qui y commirent d’importants pogroms. Elle passa alors à la Pologne, territoire qui lui fut reconnu par la Conférence des Ambassadeurs (1923). Elle fut ensuite une zone de recrutement privilégiée pour les nationalistes de Bandera, et ils collaborèrent avec l’Allemagne nazie dès avant la Seconde Guerre mondiale. Lors de l’arrivée des troupes hitlériennes, bon nombre de locaux donnèrent la main aux Allemands, et en compagnie des sinistres supplétifs ukrainiens, la population juive de Rovno (environ 28 000 personnes), fut liquidée par fusillades dans une forêt (6-8 novembre 1941), 5 000 survivants étant envoyés dans un ghetto, qui fut par la suite liquidé par l’envoi dans les camps de la mort (juillet 1942). L’armée de l’UPA y trouva une base arrière solide, et toute la région fut le théâtre d’horribles massacres de Polonais, mais aussi de Tziganes et des derniers Juifs (1943-1944). Des campagnes affluèrent des fuyards dans la ville de Rovno (plus de 30 000), dont la majorité furent d’ailleurs ensuite déportés par les Allemands. La région fut totalement dévastée (en Volhynie et Galicie entre 80 000 et 300 000 Polonais, selon les sources, furent exterminés par les Ukrainiens). Libérée par l’Armée Rouge, elle passa sous le contrôle soviétique après la défaite allemande. Elle fut, notamment par la présence de reliefs et de grandes forêts, encore le théâtre d’une guérilla des collaborateurs ukrainiens pendant encore plus d’une décennie (1944-1958).
L’un des nids bandéristes et ultranationalistes d’Ukraine. Malgré les déportations, arrestations et exécutions de nombreux collaborateurs et de leurs familles (plusieurs dizaines de milliers dans la région), la région est restée l’un des pôles du bandérisme en Ukraine. Avec l’indépendance, la tendance se renforça, avec l’activité de groupes, partis, et organisations paramilitaires locales. Les bandéristes s’attaquèrent rapidement au monument du partisan local soviétique, Nikolaï Kouznetsov, dont le mémorial fut déplacé et changé en « mort pour l’Ukraine » (1994). Un autre monument en l’honneur d’un autre partisan soviétique local, Medvedev fut même détruit (1999). L’antisémitisme y ait resté aussi implanté, au point que le mémorial aux victimes du nazisme (installé par les Soviétiques en 1968), fut lâchement profané (6 juin 2012). Logiquement, Rovno et sa région supportèrent activement le premier Maïdan (hiver 2004-2005), puis le second (2013-2014). Rovno et sa région répondirent donc immédiatement à la formation d’un bataillon de représailles pour le Donbass (juin 2014), qui fut organisé localement et par le Conseil général. L’épuration ethnique pratiquée par l’Ukraine, soit par la pression, les événements historiques ou les répressions politiques du SBU avait de toute façon vidée la région des Russes (encore 26 % en 1959, réduit à rien 42 ans plus tard, mais aussi des Juifs, passés de 2,3 à 0,2%). Les premiers volontaires furent rassemblés (fin mai 2014), et officiellement formés en bataillon Gorin. Le nom choisi pour l’unité fut inspiré d’une rivière locale et proche de Rovno. Pour attirer plus facilement les volontaires, il fut affirmé que l’unité ne servirait qu’à la protection de la région et de points « stratégiques » locaux. Un total de 430 hommes aurait du être recruté pour sa formation (en principe entre 18 et 40 ans). Cependant, il manquait encore 140 hommes, les recrues ne s’étant pas présentés en assez grand nombre (au 11 juillet 2014).
Une unité à la valeur combative incertaine. Mais la promesse, comme dans toutes les régions où elle fut faite, ne fut pas tenue. Le bataillon, bien que pauvrement équipé d’armes légères, de quelques mitrailleuses et armes antichars fut envoyé dans le Donbass (juillet 2014). Aucun véhicule n’ayant été fourni au bataillon, ce dernier se rendit sur le front avec… des bus scolaires réquisitionnés (20 autobus mercedes, dont 16 scolaires, puis 9 autres), des voitures particulières, qui furent renforcés de véhicules volés dans le Donbass. Beaucoup des hommes étant encartés dans le parti néonazi Pravy Sektor, les militants locaux lui achetèrent également une Jeep Patriot (20 août), à l’aide de dons quémandés auprès des entreprises locales. Comme l’immense majorité des unités territoriales, moins de la moitié des hommes furent équipés de gilets pare-balles. Pour ces raisons, seulement 2 compagnies (1ère et 2e) furent envoyées sur le front en urgence sur le front Sud, pour participer à la grande offensive ukrainienne (bataille des frontières). Sans expérience et avec peu d’armes, elles furent cantonnées à la garde du QG ukrainien non loin d’Ilovaïsk (août). Le quartier-général et le bataillon furent évacués de toute urgence devant l’encerclement en cours dans le fameux chaudron d’Ilovaïsk, et ils échappèrent ainsi au désastre (laissant tout de même quelques prisonniers). L’unité resta alors en première ligne, tenant des positions dans la région de Granitnoe et étant bombardée régulièrement par les insurgés républicains. Une grogne qui s’étala dans les médias apparut dans le bataillon (fin septembre), réclamant à grands cris d’être renvoyés dans leurs foyers, pour les uns, les seconds dénonçant les premiers. Le colonel du bataillon fut également accusé de négligences et d’incapacité. Une partie des hommes qui furent envoyés en permission décidèrent de ne pas revenir dans l’unité. La désertion, la division et la mésentente s’installèrent. Étant de toute façon d’une valeur combattante quasiment nulle, l’État-major ukrainien décida de la renvoyer à l’arrière (automne), à la protection de bâtiments et au maintien de l’ordre, dans la région de Zaporojie (où se trouvaient de nombreux Russes ethniques et pas beaucoup de pro-russes). Les volontaires eurent la mauvaise surprise d’être amalgamés dans l’armée régulière ukrainienne (7 octobre), et le bataillon devînt le 2e bataillon d’infanterie motorisée. Motorisé était cependant un grand mot, car l’unité continua de se balader à la manière d’une caravane de cirque (janvier/février 2015), avec des véhicules civils, minibus, autobus, mais reçurent trois véhicules blindés chenillés soviétiques MT-LB (conçus au milieu des années 60). Toutefois, l’unité avait reçu un habillement et équipement d’hiver peu de temps après son retour à l’arrière (11 novembre). Le retour ne se fit pas sans heurs, puisque deux soldats furent convaincus de vols d’équipements légers et matériels rapportés du front (9 novembre) et passèrent devant un tribunal militaire par la suite.
L’amalgame dans l’armée ukrainienne. Le bataillon fut renvoyé finalement au front, notamment dans la région de Lougansk et Donetsk, mais il fut essentiellement engagé à des travaux de terrassements et de fortifications, notamment près de la grande capitale du Donbass (été 2015). Ils restèrent ensuite longuement en position près de Zaïtsevo, où il subit quelques accrochages, perdants quelques tués et blessés (août-septembre). Il intégra ensuite après remplacement de beaucoup de volontaires par des mobilisés, la 30e brigade mécanisée. Depuis lors le bataillon Gorin a suivi la destinée de cette grande formation ukrainienne (2015-2023). L’unité jusqu’à lors, n’a pas une réputation sulfureuse de crimes de guerre comme les 72e ou 92e brigades mécanisées ukrainiennes. L’Ukraine avoua durant la période 2014-2020, une perte de 178 tués dans la 30e mécanisée. Elle se trouvait à la défense de la région de Kharkov au moment de l’opération spéciale russe (février 2022). Elle défendit longtemps la position de Belogorovka, et fut bousculée par les forces russes. La Russie affirma lui avoir infligé une perte de nombreux blindés et véhicules, et celle de 485 hommes tués (entre le 5 et le 13 mai). Elle fut ensuite engagée durant la bataille d’Artëmovsk, où elle a subit à nouveau de lourdes pertes (hiver 2022-2023). Son commandant en chef avait été tué quelques temps auparavant en septembre 2022 (colonel Alexander Zinevitch). Elle fut engagée dans la même région, au début de la contre-offensive ukrainienne (juin 2023), puis déplacée vers le Nord sur la ligne de Koupiansk (novembre), où elle se trouve présentement en défense.
Des profils cachant des motivations politiques sulfureuses… et des hommes peu courageux. L’étude de prosopographie du bataillon s’appuie seulement sur quelques profils dont nous savons parfois peu de choses. Des indices démontrent toutefois que des membres des partis néonazis bandéristes Pravy Sektor et Svoboda peuplaient le bataillon à sa formation. Nous avons ajouté deux chefs historiques de la région de Rovno, qui ont des monuments dans la capitale, alors que les monuments des partisans ayant combattu l’Allemagne nazie ont été détruits ces dernières années. Le chef de l’administration régionale de Rovno, par ailleurs nommé par le gouvernement de Kiev et qui forma le bataillon était d’ailleurs une figure locale du parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda. L’unité qui existe encore de nos jours est cependant très différente de ce qu’elle fut, formée de soldats de la conscription et de soldats professionnels, le vieux bataillon Gorin n’existe plus que pour l’histoire.
Oleg Bondar (?-), lieutenant-colonel, dans le bataillon Gorin (2014).
Vassili Boulavski (1917-1943), originaire de Rovno, membre de l’organisation ultranationaliste de l’OUN, il fut arrêté par les Polonais pour ses activités illégales et terroristes (1937), il fut libéré par l’invasion allemande et servit dans les rangs des supplétifs ukrainiens dans l’armée allemande. Il s’installa à Donetsk où (déjà), il participa aux violences contre les populations du Donbass. Il fut liquidé par les Allemands eux-mêmes en juillet 1943, dans le court moment où l’UPA combattit à la fois les Soviétiques et le IIIe Reich, avant de se rallier à Hitler à la suite de Bandera en 1944.
Sergeï Glebov (27 mai 1967-12 janvier 2016), originaire de la région de Kharkov, peut-être un militaire de carrière, il était adjudant dans le 2e bataillon Gorin, chef d’un véhicule de combat. Il trouva la mort dans des circonstances obscures, définies par les Ukrainiens comme une « mort tragique », qui pose beaucoup de questions. Il mourut le 12 janvier 2016 dans la région d’Artëmovsk. Il pourrait s’agir d’un tir ami, d’un coup partant par erreur, ou d’une grenade mal manipulée. D’autres hypothèses sont possibles, accident de voiture, accident avec le véhicule blindé, mort lors d’une soirée arrosée etc. Il laissait une veuve et un fils. Il ne fut jamais médaillé à titre posthume, ce qui parle dans le sens d’une mort absurde, d’une erreur de sa part, voire d’un suicide.
Sergeï Iltchenko (3 septembre 1975-13 septembre 2015), originaire d’une ville de la région de Poltava. Il fit des études professionnelles comme mécanicien. Il effectua son service militaire dans les troupes du génie (vers 1993-1995). Il travailla ensuite dans sa spécialité dans une entreprise privée. Il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel (31 mars 2015). Les Ukrainiens venaient de subir la défaite de Debaltsevo et cherchaient à recruter d’urgence des hommes pour combler les pertes et créer de nouvelles unités. Il fut versé dans le bataillon Gorin, soldat de 1ère classe. Il fut envoyé sur le front et fut tué dans une embuscade, le 13 septembre 2015, en compagnie de deux autres soldats, ancien oblast de Donetsk. Il fut enterré dans sa ville natale et fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (1er mars 2016).
Oleg Khirsa (?-), il s’enrôla dans le bataillon Gorin (2014), et fut engagé dans la bataille d’Ilovaïsk, dans une interview il déclara : « le fait que certains prennent froids est un mauvais signe et cela démoralise le bataillon. Il y a mille façons de se débiner, l’un va à l’infirmerie, pleure, dis qu’il est malade et rentre à la maison sous les jupes de sa mère. Je pense aussi qu’il ne vaut pas la peine de dire du mal du commandant. Discuter entre nous dans le bataillon, oui, il faut se dire les choses dans les yeux, mais ne pas dépasser les limites. Voulons nous retourner à Rovno ? Oui pour se reposer, ensuite nous reviendrons ici. Nous sommes prêts à faire notre devoir, mais pas en autobus scolaires ».
Sergeï Koloditchouk (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Gorin, il fut fait prisonnier lors du désastre d’Ilovaïsk (août 2014). Il participa dans Donetsk, à un défilé de prisonniers organisé par les Républicains symboliquement le jour de l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi pour rappeler le grand défilé de prisonniers allemands à Moscou en 1945.
Alexander Matioukh (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Gorin, il fut fait prisonnier lors du désastre d’Ilovaïsk. Il participa dans Donetsk, à un défilé de prisonniers organisé par les Républicains symboliquement le jour de l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi pour rappeler le grand défilé de prisonniers allemands à Moscou en 1945.
Victor Mikitiouk (13 août 1964-28 juin 2015), il fit des études supérieures à l’Université d’Oujgorod dans l’Ouest de l’Ukraine, ancien territoire hongrois. Il devînt professeur de mathématiques sur la fin de l’époque soviétique. Il devînt également conseil municipal dans le petite ville de Zdobounovsk dans la région de Rovno. Il s’engagea dans des associations de défense des droits de l’Homme (1991), et entra dans la police ukrainienne. Il prit sa retraite de major de la police (2006). Il fut mobilisé dans l’une des premières vagues (29 août 2014), et répondit à l’appel. Il fut versé dans le bataillon Gorin, grade de lieutenant en premier, commandant d’un peloton motorisé. Atteint d’une maladie incurable, sans doute un cancer foudroyant, il mourut en service, le 28 juin 2015. Il fut tout de même enterré dans un carré militaire dans sa ville, laissant une veuve et deux enfants. Il fut médaillé à titre posthume d’une médaille non officielle destinée sans doute à apaiser la douleur de ses proches.
Valéry Nikolaev (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Gorin, il fut fait prisonnier lors du désastre d’Ilovaïsk (août 2014). Il participa dans Donetsk, à un défilé de prisonniers organisé par les Républicains symboliquement le jour de l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi pour rappeler le grand défilé de prisonniers allemands à Moscou en 1945.
Sergeï Ponomarenko (10 septembre 1982-2 août 2015), originaire d’un village de la région de Kirovograd, son parcours d’études et professionnel n’est pas connu. Il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel (2014). Il fut versé dans le bataillon Gorin. Il fut envoyé au front du Donbass avec son unité. Il fut mortellement blessé dans un combat près du village de Lougansk, par un tir de mortier. Il mourut de ses blessures, un autre soldat fut tué et 13 autres blessés plus ou moins grièvement, le 2 août 2015. Il fut enterré dans son village vivant alors dans la région de Rovno (6 août). Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (1er mars 2016).
Igor Pravocydko (6 août 1981-2 août 2015), originaire d’un village de la région de Kirovograd, son père à l’époque soviétique était directeur d’une maison rurale de la culture, et sa mère infirmière en service ambulatoire. Il ne fit que des études secondaires puis végéta semble-t-il longtemps dans de petits boulots. Il fut l’un agitateurs et émeutiers du Maïdan et participa à la Révolution (hiver 2013-2014). Il tomba sous le coup des premières mobilisations et répondit à l’appel (septembre 2014). Il fut versé dans le bataillon Gorin, grade de caporal. Il fut engagé dans le Donbass, dans des combats du côté d’Artëmovsk, Kramatorsk et Slaviansk, durant l’automne. Il fut mortellement blessé dans un combat près du village de Lougansk, par un tir de mortier. Il mourut de ses blessures, un autre soldat fut tué et 13 autres blessés plus ou moins grièvement, le 2 août 2015. La veille, il avait été proposé par le commandant du bataillon au grade de sergent. Il fut enterré dans un village de la région de Rovno (6 août). Il fut médaillé à titre posthume par le Conseil régional (2015), puis par le Président Porochenko (1er mars 2016). Une plaque commémorative dans le plus pur style du culte des morts fut installée dans son internat (6 mai).
Sergeï Roubatchok (15 novembre 1977-), originaire de la région de Kmelnitski, il fit des études supérieures universitaires (1999-2005), diplômé en sciences politiques, notamment en Pologne. Il devînt ensuite professeur d’université dans sa spécialité (2005-2010). Néonazi et bandériste convaincu, il devînt l’un des chefs dans sa région du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda. Il fut élu conseiller municipal dans la ville d’Ostrog (2010-2014), président du groupe des conseillers municipaux du parti dans le conseil. Il fut aussi nommé assistant parlementaire du député néonazi Oleg Ossoukhovsky à la Rada d’Ukraine (2013-2015). Pour ses raisons, il fut nommé président du Conseil régional de Rovno (2 mars 2014), par le gouvernement ukrainien qui nommait à tour de bras des hommes sûrs dans toutes les régions. Il resta le vice-président du Parti National-Socialiste de Rovno (jusqu’en 2015). C’est lui qui aida et forma le bataillon Gorin, en mettant des fonds à disposition, et quelques matériels dérisoires (juin 2014). Il fut finalement rapidement limogé de son poste du Conseil régional et administration de Rovno par le Président Porochenko (18 novembre). Après 2015, il ne joua plus qu’un rôle local mineur, mais poursuivit ses activités politiques régionales dans le sein du grand parti néonazi et bandériste. Il fut accusé de n’avoir aucune expérience politique réelle, et de n’avoir pas tenu ses promesses lors de son court mandat de chef de l’administration régionale de Rovno. Il était marié, avec une fille.
Leonid Rishkovets (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Gorin, il fut fait prisonnier lors du désastre d’Ilovaïsk. Il participa dans Donetsk, à un défilé de prisonniers organisé par les Républicains symboliquement le jour de l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi pour rappeler le grand défilé de prisonniers allemands à Moscou en 1945.
Vladimir Rojeliouk (30 mai 1960-20 septembre 2015), originaire de la région de Ternopol, son parcours d’études et professionnel est inconnu. Il semble avoir effectué son service militaire durant l’Union soviétique et peut-être avoir servi quelques années dans l’armée ukrainienne par la suite. Il retourna dans le civil, mais se porta volontaire pour l’armée ukrainienne (juin 2015). Il fut versé au grade de lieutenant en premier dans le bataillon Gorin, commandant de peloton. Il fut envoyé sur le front et tomba dans une embuscade où furent tués deux de ses hommes (13 septembre). Lui-même fut mortellement blessé lors de cette mission de reconnaissance. Il fut évacué d’urgence à l’hôpital militaire de Kharkov, mais il agonisa pendant une semaine et décéda le 20 septembre 2015. Il fut enterré dans son village natal (23 septembre), et fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (1er mars 2016).
Sergeï Shvets (20 juillet 1975-25 juin 2015), originaire de Doubno, il fit des études professionnelles et occupa divers emplois comme simple ouvrier ou employé. Il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel (13 mai 2015). Il fut versé dans le bataillon Gorin, mais il trouva rapidement la mort lors d’un bombardement d’artillerie, dans l’ancien oblast de Lougansk. Pris de panique, il fut terrassé par une crise cardiaque lors du bombardement, le 25 juin 2015. Il fut enterré dans sa ville natale (27 juin), et la nature de sa mort ne lui permit pas d’être médaillé à titre posthume. Une plaque commémorative fut toutefois installée dans son école (décembre).
Youri Sitchkar (12 juillet 1990-13 septembre 2015), originaire de Kiev, il fit des études secondaires et travailla dans le civil. Il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel (2014). Il fut versé dans le bataillon Gorin, soldat de 1ère classe. Il fut envoyé sur le front et fut tué dans une embuscade, le 13 septembre 2015, en compagnie de deux autres soldats, ancien oblast de Donetsk. Il laissait une veuve et une petite fille et fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (1er mars 2016). Une plaque commémorative fut installée dans son école dans l’idée du culte ukrainien des morts.
Alexandre Soulitski (19 juin 1979-9 août 2014), originaire de la région de Rovno, ses parents se rencontrèrent durant l’Union soviétique en Russie, où ils vivaient et travaillaient. Il fit des études professionnelles en mécanique, puis travailla comme chauffeur. Il fit son service militaire dans l’armée ukrainienne (1997-1999), puis travailla dans sa spécialité et dans la maintenance dans diverses entreprises (2000-2014). Il fut hospitalisé pour des problèmes de santé, pancréatite aïgue et passa le Maïdan dans un lit d’hôpital. Il fut toutefois contaminé par la propagande télévisée en Ukraine, et dès qu’il fut sortit s’enrôla dans le bataillon Gorin (printemps 2014). Il s’entraîna pendant deux mois, puis fut envoyé dans le bataillon grade de sergent (20 mai). Il fut tué dans un combat avec les insurgés, durant la bataille des frontières, le 9 août 2014. Il lança une grenade, mais un camion-citerne se trouvait à proximité. Il fut tué par la violente explosion qui s’ensuivit. Il laissait une veuve et un enfant. Il fut médaillé à titre posthume très tardivement, contrairement à la tradition ukrainienne, oublié parmi d’autres (21 mars 2016). Une plaque commémorative fut aussi installée dans son école primaire, puis fut fait citoyen d’Honneur de la ville de Rovno.
Vitali Teplyakov (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Gorin, il fut fait prisonnier lors du désastre d’Ilovaïsk (août 2014). Il participa dans Donetsk, à un défilé de prisonniers organisé par les Républicains symboliquement le jour de l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi pour rappeler le grand défilé de prisonniers allemands à Moscou en 1945.
Igor Tsics (?-), alias Danilitch, il fut nommé colonel commandant le bataillon Gorin à sa création (juin 2014). Il donna une petite conférence qui fut filmé par des médias ukrainiens (25 septembre 2014). Un article fut publié sur ces déclarations : « le bataillon Gorin a été envoyé dans la zone ATO en juillet. Ils ont été rejoints par la dernière compagnie, la 3e, le bataillon bien que créé pour la protection des arrières, a dû se battre en première ligne. Les combattants ont été bombardés à coups de Grads et d’Ouragans et ils pouvaient seulement répondre par des tirs d’armes légères. Le bataillon est sorti de l’encerclement [chaudron d’Ilovaïsk] et se trouve à l’arrière. […] Beaucoup exigent d’être ramenés à la maison, au moins pour faire une pause ». Il déclara dans l’interview : « je ne vois pas l’intérêt de laisser le bataillon Gorin au front. Les bataillons territoriaux ont accompli leur tâche. Désormais, pendant la trêve, les troupes régulières, la Garde nationale, les troupes du MVD, le SBU doivent prendre la relève. Les députés du Conseil général doivent s’adresser au Président, au Ministère de la Défense, pour que le bataillon retourne à Rovno. Sous les bombardements de Grads, d’Ouragans, le bataillon Gorin s’est retrouvé confronté à plusieurs reprises à des dangers extrêmes, à Amvrosievska, Solntsevo, Granitnoe, Blagodatne, etc. Nous avons dû sortir par deux fois de l’encerclement et j’ai exprimé mon indignation au commandement du QG Sud. Nous avons été abandonnés à notre sort, il n’y avait pas de communications entre les unités. Si nous avions été sous le commandement du QG Nord cela n’aurait pas été le cas, je connais personnellement le général Kolesnik, il n’aurait pas permis ce qui s’est passé. Les combattants du bataillon Gorin ont reçu des blessures physiques et psychologiques. Pendant un certain temps nous ne pouvions pas nous battre du tout. […] Néanmoins la 3e compagnie a été envoyée au front sans gilets pare-balles et équipements. Ils sont à la base de Zaporojie, ce crime a été commis par ceux qui les ont envoyés sans formation et entraînement. Cependant je n’exclus pas que le bataillon puisse être encore envoyé dans le Donbass. Bien que les gars n’aient pas d’équipement hiver, ni de tentes, ni d’équipements, mêmes les autobus sont fatiguées et en panne. Je vais retourner à l’hôpital, j’ai des problèmes de tension, ils se plaignent de moi ? Qui m’accuse ? Les parents ont envoyé de l’alcool, j’ai supplié les hommes ne ne pas le boire, parce que le lendemain nous devions nous battre. Ils n’ont rien écouté. Je n’ai pas été autorisé, quoi que j’en ai fait la demande, à exclure du bataillon ceux qui sont enclins à la boisson et à la panique. Et il fallait le faire absolument. Certains combattants, même à l’arrière paniquent, et cela ne peut être toléré à la guerre. Je suis officier, donc je ne parle même pas de mon retour au bataillon. J’ai formé ce bataillon, donc ma tâche principale est de ramener tout le monde vivant » (25 septembre 2014). Il semble ensuite avoir été renvoyé dans la réserve (après 2016, il donnait encore une interview le 28 janvier), et se trouva compromis dans au moins 3 affaires judiciaires qui furent intentées contre lui et fut condamné (pour des raisons inconnues). Il fut cependant recyclé et fut nommé à la tête de la 104e brigade de défense territoriale formée dans la région de Rovno. Il se trouvait au commandement de son unité à l’arrière en défense de cette région (janvier 2023).
Rotislav Volochine (1911-1944), originaire de la région de Rovno, il s’enrôla dans les organisations ultranationalistes ukrainiennes (fin années 20), et participa à des activités subversives et illégales contre les Polonais. Il fut finalement arrêté et condamné à de la prison (1939), bientôt libéré mais remis en prison par les Soviétiques. Libéré par l’armée allemande (1941), il fut l’un des chefs locaux de l’armée de l’UPA, et participa aux horribles massacres de Volhynie (1943). Il fut tué les armes à la main contre les Soviétiques, commandant un maquis qui fut détruit (2 août 1944).
A. D. Yartchouk (?-), militaire de la réserve, grade de major, il fut affecté ou s’enrôla dans le bataillon Gorin (2014). Il fut capturé par les insurgés lors de la bataille du chaudron d’Ilovaïsk (20 août), et fut échangé quelques mois plus tard (26 décembre).
Igor Yourimtchouk (?-), enrôlé volontaire dans le bataillon Gorin, il fut fait prisonnier lors du désastre d’Ilovaïsk (août 2014). Il participa dans Donetsk, à un défilé de prisonniers organisé par les Républicains symboliquement le jour de l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi pour rappeler le grand défilé de prisonniers allemands à Moscou en 1945.
Artem ? (1986-), il s’enrôla dans le bataillon Gorin (2014), et fut engagé dans la bataille d’Ilovaïsk, dans une interview il déclara : « même si nous avions été renvoyés à Rovno, moi et beaucoup du bataillon nous resterions ici sur le front. Oui j’ai envie de partir en permission pour me reposer, mais nous n’abandonnerons pas. Il y en a beaucoup qui se plaignent, ce sont eux qui sont rentrés chez eux en permission, ils démoralisent tout le monde et ne veulent pas rejoindre le bataillon. Ce qui signifie que nos permissions sont bloquées. C’est environ 30 % de l’effectif, mais oui nous avons besoin de matériel militaire. Il est effrayant de penser que nous étions près d’Amvrosieka avec des fusils d’assaut contre des Grads. Et notre commandant est à l’arrière, les soldats ne sont pas contents qu’il soit parti. Maintenant le bataillon est commandé par un autre officier. Les combattants commencent à tomber malades, ils prennent froids. Tout le monde n’a pas de veste d’hiver, et parfois il faut dormir par terre » (25 septembre 2014).
Youri ? (?-), il s’enrôla dans le bataillon Gorin (2014), et fut engagé dans la bataille d’Ilovaïsk, dans une interview il déclara : « Nous n’avons pas un seul déserteur, nous sommes tous des patriotes. Mais nous ne voulons pas être de la chair à canon. Nous nous battrons s’ils nous donnent des gilets pare-balles. Mais d’abord laissez le bataillon être envoyé se reformer, laissez les se reposer, se soigner, finir leur convalescence. S’ils ne peuvent pas fournir tout ce dont nous avons besoin, ils doivent nous employer aux fonctions pour lesquelles le bataillon a été formé, protéger les arrières. Les combattants sont mécontents du commandant du bataillon, ils se plaignent qu’il se cache dans un hôpital. Neuf de nos combattants ont été capturés, précisément à cause de la stupidité des officiers. C’est bien que la plupart aient été relâchés, mais Yartchouk est toujours chez les séparatistes. L’autre jour le lieutenant-colonel est arrivé et a exigé que nous allions tous près de Donetsk. Il a été menacé par les hommes de désertion, nous sommes des patriotes, mais nous ne voulons pas mourir. J’ai environ 50 ans, pour moi c’est égal, mais j’ai pitié des plus jeunes gars. Une fois que nous avons été sauvés en sortant de l’encerclement, nous avons eu de la chance par deux fois, une troisième sera peut-être de trop. Un politicien local est venu nous voir il y a deux semaines, il pleurait comme un enfant, et se plaignait qu’il ne savait pas que nous serions envoyés à l’Est. Nous ne sommes pas complètement idiots et des analphabètes, comme si nous ne savions pas que nous pouvions être envoyés dans la zone ATO. Il a promis de nous aider et de nous faire renvoyer à l’arrière, mais après son départ, rien n’a bougé » (25 septembre 2014).
Anonyme ( ?-), il s’enrôla dans le bataillon Gorin (2014), et fut engagé dans la bataille d’Ilovaïsk, dans une interview il déclara en demandant de rester anonyme : « tout le monde veut rentrer à la maison, c’est compréhensible. Les gars se sont enrôlés au bataillon, ils étaient censés protéger la région de Rovno, et se sont retrouvés au front, ils n’ont pas vu leurs proches depuis deux mois. Les opérations militaires ont suscité un peu de peur. Mais les gars tiennent courageusement, il ne faut pas trop écouter deux ou trois alarmistes. Mon épouse a reçu un SMS lui annonça ma mort, et diffusait l’information que le bataillon Gorin avait été détruit. Pour que le bataillon retourne à la maison, il y a déjà pas mal de monde pour s’en occuper. Les commissions viennent à nous, le lieutenant-colonel a été à l’Etat-major Sud demandant s’il y avait des volontaires parmi nous pour rester dans la zone ATO. Mais personne n’est obligé. Le bataillon Gorin a besoin de véhicules militaires, et d’armes lourdes, et les gars devront apprendre à les conduire, à les utiliser, cela prendra beaucoup de temps » (25 septembre 2014).