Chaque enquête que je commence sur l’un de ces bataillons ultranationalistes devient presque un jeu. Chaque historique m’amène en effet à des faits cocasses, des personnages dégoulinants de sang, des criminels, des politiciens véreux, des manipulateurs, des pauvres égarés, des néonazis et même dans le cas de Kiev-1, un millionnaire ancien tueur à gages… ou encore un criminel de bas étage devenu mouchard du SBU et un député de la Rada d’Ukraine !!! C’est à chaque fois mieux qu’une série télévisée, même un scénariste très imaginatif n’aurait pu condenser dans ces bataillons, autant d’histoires absurdes, cocasses, ridicules, meurtrières ou même terrifiantes. On navigue ainsi dans le film d’horreur, la parodie de groupuscules nazis surchauffés, les intrigues politiciennes ou les méandres des pires couches criminelles et corrompues de l’Ukraine. L’historique de Kiev-1 m’aura finalement encore étonné, car comment imaginer que chacun de ces bataillons puissent fournir autant de preuves de leur nature, et même nous entraîner bien au-delà, c’est littéralement hallucinant, je ne trouve pas d’autres mots. Alors concentrez-vous, le spectacle des bataillons « des héros » de l’Ukraine se poursuit et de quelle manière ! Si j’avais la tentation de faire de la propagande comme nos journalistes français, ici je n’en ai nul besoin. Les faits à eux seuls parlent.
Du policier hollywoodien, à l’assassinat politique. Il fut formé en avril 2014, par le Direction générale du Ministère de l’Intérieur à Kiev. Il se recruta au départ avec des ultranationalistes (particulièrement d’Odessa), d’anciens fonctionnaires, d’anciens militaires, des officiers de la réserve ou des policiers autorisés à toucher leurs retraites en plus de leur soldes. Ceci attira en effet certains d’entre eux, mais le recrutement fut lent. Ils furent équipés grâce à la générosité de sponsors privés. Leur première mission fut d’assurer l’ordre à Odessa, après le massacre commis par les ultranationalistes contre des militants pacifiques antimaïdan (2 mai). Ils n’étaient que 150 sur les 300 prévus (juin 2014), en comptant des femmes, assurant ensuite la protection des bâtiments de l’administration et des ministères, puis il fut envoyé dans le Donbass (juillet). Ils participèrent à la reprise des villes en insurrection, et à faire régner la terreur notamment à Slaviansk, Sviatogorsk et Nikolaevka. Il se signala par sa férocité et sa cruauté contre les populations civiles locales et russophones. Les hommes du dépôt du bataillon à Kiev furent engagés contre les fauteurs de troubles qui maintenaient la place du Maïdan « en insurrection permanente » (août 2014). Un rapport du Haut-Commissariat des Droits de l’homme de l’ONU, le signala pour des crimes politiques, arrestations arbitraires, humiliations des populations civiles et pour des tortures (septembre 2014). Le bataillon fut en effet surtout employé à des répressions, arrestations d’opposants, chasse aux « séparatistes » et exécutions de prisonniers politiques. Une compagnie d’assaut dénommée Tine (Ombre), composée de 30 hommes fut formée pour les opérations coup de poing contre les résistants et Russes ethniques de l’Est de l’Ukraine. Pour redorer le blason du bataillon et aussi magnifier le patriotisme, les Ukrainiens tournèrent même un petit clip, à la manière d’Hollywood, montrant aussi l’argent qui fut dépensé pour ces bataillons, en cherchant aussi à faire croire que partout en Ukraine, la population était d’une grande reconnaissance et même admirative de leur « travail » (juillet 2014). Un micro trottoir dans l’Est de l’Ukraine aurait certainement donné un autre résultat. Le bataillon fut aussi employé comme force militaire et resta longuement en position à Adveevka, où il subit quelques pertes lors d’une attaque menée par les Républiques de la RPD (mi juin 2016). Depuis cette date, les communications se sont éteintes à propos des opérations de l’unité. Son rôle de Gestapo, couplé autrefois à des missions plus militaires sur le front s’est déplacé exclusivement vers les opérations de police et contrôles routiers, ainsi que la lutte contre la résistance du Donbass.
Le fils du Ministre de l’Intérieur, drogues, corruption et casino. Il était commandé par un volontaire de la première heure, le capitaine Vitaly Satarenko (1974-), qui se fit une réputation de criminel de guerre dans le Donbass. Il commença sa carrière en Crimée, militant à l’époque pour le Parti des Régions de Ianoukovitch. Il travailla comme directeur général du journal ministériel Culture et Vie, financé avec des fonds de l’État et devant en principe promouvoir la culture de l’Ukraine (février 2009-septembre 2010). Les fonds alloués par l’État furent finalement dérobés en grande partie par Satarenko et son plus proche collaborateur. Les deux hommes furent finalement débarqués de la maison d’édition mais réapparurent plus tard après la réussite du Maïdan, toujours dans les coulisses des ministères (2014), dans un projet de création d’un portail culturel ukrainien devant être financé par le gouvernement. Il réapparut bientôt comme commandant du bataillon Kiev-1 (mai), interviewé sur sa préparation (2 juin), il conduisit l’unité dans le Donbass et supervisa les premières répressions contre les populations civiles, notamment dans la région de Slaviansk et Nikolaevka. Pour son zèle dans les répressions, il reçut la médaille « pour le courage personnel et l’héroïsme » (2 août). Il quitta ensuite son commandement, puis fut nommé inspecteur du régiment de police de Kiev, Mirotvorets (automne 2015), et par la suite commandant de service dans la Direction générale de la Police de la ville de Kiev (novembre 2016). Parmi les « célébrités » sinistres du bataillon, citons Alexander Avakov (1988-), fils de l’oligarque et Ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, diplômé de l’Université de Kharkov en finances, son père le mit à la tête d’un trust de sept entreprises qu’il géra jusqu’à ce jour. Il s’enrôla comme volontaire dans le bataillon Kiev-1 (août 2014), sponsor généreux notamment du matériel pour les soldats. Il fut finalement licencié (17 février 2015), et retourna à ses affaires. Il fit scandale en menaçant une journaliste de la chaîne ICTV, Christina Souvorina, l’embrassant de force après qu’elle eut tentée de le filmer et de l’interviewer. L’ayant menacé en cas de diffusion, la vidéo fut publiée, une plainte déposée et il fut poursuivit « pour entrave à l’activité professionnelle légitime de journalistes ». Plainte qui ne donna pas grand-chose. Il fut également pris en flagrant délit dans sa fréquentation de casinos illégaux à Kiev, et de prises de drogues. Il fut mouillé dans une grave affaire de corruption, dit Affaire des sacs à dos, où il détourna des fonds de l’État (14,5 millions d’UAH) dans le cadre de la vente de sacs à dos tactiques pour la Garde nationale ukrainienne (31 octobre 2017). Il fut arrêté, libéré sous caution et obligé de porter un bracelet électronique, mais l’affaire n’eut pas de réelles suites. Il porta même une plainte à la Cour européenne des Droits de l’Homme (printemps 2018), puis la justice ukrainienne classa l’affaire sans suite (12 juillet 2018), malgré une tentative avortée d’un tribunal de Kiev de porter l’affaire sous l’angle de la lutte contre la corruption (30 août). Il est vrai que son père, fait exceptionnel, était resté à son poste de ministre pendant 7 années (2014-2021). Il ne fut pas plus inquiété que cela. Il est aussi vrai que son père peut lui aussi être considéré comme le responsable des principales exactions, meurtres et tueries commis dans le Donbass et l’Est de l’Ukraine par les unités de police sous ses ordres, durant toute la période de l’exercice de son ministère.
Les gestapistes à l’action dans le Donbass. Les effectifs étant trop faibles, le bataillon fut versé comme 1ère compagnie dans le 1er régiment de police Kiev (automne 2015). Plus tôt dans l’année, le bataillon s’était emparé de plusieurs stocks ou caches d’armes, destinés soit à la résistance, soit en transit vers l’intérieur de l’Ukraine pour alimenter un trafic illégal d’armes. Ces communications ne pouvaient cacher la principale mission du bataillon, la chasse aux résistants du Donbass. Ils arrêtèrent un résistant du Donbass, en possession de cartouches et d’armements. Dans un message menaçant et explicite, il était indiqué que « les ordures qui ont trahi l’Ukraine et leur peuple n’ont pas leur place dans la liberté et encore plus sur notre terre, et que nous ferons de notre mieux pour que chacune de ces ordures reçoive ce qu’elle mérite » (8 avril 2015). Puis se fut la saisie d’une cachette d’armes de la résistance, dans la ville de Mariinka (28 avril). Ils arrêtèrent deux jeunes hommes suspectés d’être des « séparatistes », les images montrant clairement les maltraitances qui leur furent infligées (27 septembre). Plus tard ce fut un ancien policier, membre de la résistance et en possession d’armes, qui fut capturé soit par dénonciation ou par écoute téléphonique (30 septembre). Ces hommes furent livrés aux bourreaux du SBU, rappelons que l’Ukraine possédait tout un réseau de prisons secrètes, où tous les opposants étaient enfermés dans des conditions terribles, torturés et même exécutés sans autre forme de procès. Le bataillon poursuivit son travail de Gestapo arrêtant un enseignant pris avec une grenade et membre de la résistance du Donbass (5 novembre), suivi d’un chauffeur et taxi, sur le simple fait qu’il possédait des roubles et un ordre de transport émis par la RPD (7 novembre). La dernière communication du bataillon sur sa page communautaire Facebook, maintenant inactive, mais aimé quand même par 13 800 personnes (mars 2016), fut celle de la saisie d’armes d’un autre membre de la résistance du Donbass. Suite à une dénonciation, ils saisirent quelques armes et munitions, ce qui prouve que dans le Donbass, la résistance n’avait jamais cessé d’être active malgré les coups mortels que le SBU et les bataillons de police supplétive comme Kiev-1, lui avaient porté. Près de deux ans après l’agression des populations du Donbass, des civils refusaient encore de plier l’échine devant l’Ukraine du Maïdan. La fin des communications publiques s’explique sans doute par le résultat négatif de telles fanfaronnades, mais aussi par sa réduction en une simple compagnie. Changeant de politique, la TV réalité gestapiste de Kiev-1 s’arrêta là, mais ils continuèrent le sale boulot jusqu’à nos jours. Les résistants survivants de l’arrière du Donbass, sont maintenant sur le point de voir arriver enfin leurs libérateurs des troupes républicaines ou de la Russie.
Corruption, réseaux mafieux et députés de la Rada. Mais voici les meilleurs pour la fin, leurs seules histoires montrent parfaitement, non seulement la nature de ces bataillons, mais surtout le niveau de corruption incroyable qui existe en Ukraine, et ce à tous les niveaux. En faisant entrer l’Ukraine dans l’Union européenne, cette dernière ne peut imaginer ce qui se déversera sur elle, à quel point l’Ukraine vit dans un océan de violences, dans les trafics d’armes et en tout genre, sans parler d’une criminalité organisée, d’une classe politique à ce point corrompue, que l’on peut légitimement parler d’un vrai royaume mafieux au cœur de l’Europe. Voici parmi d’autres profils et soldats du bataillon, trois nouveaux portraits de « célébrités » truculentes et hautes en couleur du bataillon :
Ivan Berejnik (?-25 juin 2022), sergent-chef dans le régiment de police Kiev-1, son unité fut envoyée en renfort dans la région d’Avdeevka. Il y fut tué par un bombardement d’artillerie, le 25 juin 2022.
Evguéni Deïdeï (1987-), né dans la région d’Odessa, d’un père conseiller municipal de la ville. Ultranationaliste de la première heure, il participa aux manifestations de la Révolution Orange (2004), puis étudia à l’Institut Polytechnique. Il sombra dans la délinquance, puis le crime, commettant des attaques à mains armées sur des passants et attaquant des particuliers dans leurs domiciles avec un fusil de chasse et une arme de poing. Dans deux journées d’une violence extrême (2 et 3 février 2011), ils commirent avec un complice de multiples attaques, avec coups et blessures et menaces, mais ils furent bientôt arrêtés et jetés en prison (11 février). Ils furent condamnés à cinq ans de prison. Lui-même n’effectua pas sa peine, puisqu’il avait été recruté comme mouchard pour la police politique du SBU. Il s’enrôla dans l’une des compagnies d’autodéfense du Maïdan, où il participa aux émeutes qui tournèrent à la révolution, coûtant la vie à 17 policiers, des dizaines de civils, ainsi que plus de 1 900 blessés (hiver 2013-2014). Il s’illustra tristement lors des pillages de boutiques de luxe dans le centre de Kiev (plus de 100 magasins ravagés), notamment le magasin de vêtements Junker (février 2014). Sa compagnie d’ultranationalistes se déplaça à Odessa dans l’optique de faire taire les partisans antimaïdan, il participa au massacre dans la ville et à la maison des Syndicats (2 mai). Il s’enrôla dans le bataillon de police supplétive Kiev-1 (été 2014), membre du parti Front Populaire, parti de la droite dure dirigé par Iatseniouk. Il fut nommé lors du congrès du parti, membre du Conseil militaire. Il avait fait acte de présence sur le front, se rendant toutefois à Slaviansk, ville où les bataillons de représailles se livrèrent à de terribles exactions contre les populations. Il se présenta aux élections législatives (octobre) et fut élu à la Rada. Il intégra plus tard la commission responsable du contrôle des députés (mars 2015). Il servit dans toutes les opérations de représailles conduites contre les populations civiles du Donbass, et contre la résistance. Il échappa à un tir de RPG-7 (24 février 2015), opérant alors près de Mariinka. Un homme d’affaires et directeur d’une compagnie gazière ukrainienne, Oleg Prokhrenko, demanda qu’une enquête soit ouverte contre lui pour ses activités d’intimidations et d’utilisations de ses fonctions pour exercer diverses pressions (mars 2016). Saakachvili monta également au créneau contre lui, s’étant fait le « champion de la lutte anticorruption » en Ukraine, il l’accusa de corruption (il s’était soudainement enrichi et menait grand train) tout en rappelant son passé de criminel de droit commun (juillet). Le procureur général d’Ukraine demanda la levée de son immunité parlementaire (mai 2017), apporta des preuves de sa corruption. Il tenta d’amuser la galerie en indiquant avoir été blessé d’un éclat d’obus de mortier de 82 mm, sur la position fortifiée d’Avdeevka (14 juillet 2017). Cette information paraissant très douteuse, des journalistes découvrirent qu’aucun tir n’avait été effectué à cette date sur cette position. Deux jours plus tard, il déclarait que sa blessure n’était que très légère. Une autre enquête fut lancée par le procureur général d’Ukraine, qui fut bientôt enterrée. Il fut placé sur la liste de la Fédération de Russie imposant des sanctions à plus de 300 citoyens ukrainiens (1er novembre 2018). Il se lança sur la fin de son mandat dans la lutte anticorruption, notamment contre la contrebande sévissant dans le port d’Odessa, ou encore les casinos et jeux d’argents illégaux (fin 2018-2019). Ses maigres efforts pour redorer son blason furent vains, car il ne fut pas réélu à son siège (automne 2019). Après un divorce et un remariage (avec une fille d’un célèbre procureur, et nièce d’un député de la Rada), il fut nommé chef adjoint de la Direction générale de la Police de Kiev (2019). Il dut bientôt démissionner, mouillé dans une sombre affaire de règlements de compte entre trafiquants de drogues. Deux tueurs avaient voulu liquider un mafieux monténégrin (mai 2020), qui manquèrent leur cible. Arrêtés, la piste mena tout droit à Deïdeï… qui avait été payé pour faciliter et organiser l’élimination d’un concurrent gênant d’un autre cartel de trafiquants locaux ukrainiens. Il ne fut jamais inquiété par la justice ukrainienne. Son épouse tenta d’annoncer sa mort dans la presse (10 mars 2022), ce qui fut bientôt démenti. Les autorités ukrainiennes déclarèrent qu’il avait quitté illégalement l’Ukraine, et se cachait à l’étranger. Sa dernière parution publique sur son Facebook, le montrait en uniforme et armé, apparemment prêt au combat (28 février 2022). Son épouse interrogée par un média ukrainien jouait encore la comédie, de la veuve éplorée (12 mars). Il est intéressant de noter que les médias ukrainiens ne se sont pas bousculés pour annoncer sa mort, affaire à suivre.
Rouslan Grama (?-18 mars 2023), sergent-chef dans la police nationale, il servait dans le régiment de police Kiev-1. Il fut envoyé en renfort sur le front du Donbass, et tué dans les alentours d’Artiomovsk, le 18 mars 2023.
Vyacheslav Konstantinovskiy (1960-), né à Kiev, champion de lutte, il devînt un homme d’affaires, et fit fortune, jusqu’à devenir millionnaire. Il émigra un temps aux États-Unis (fin des années 80), où il resta sept ans puis revînt en Ukraine bien après l’indépendance. Il participa selon lui à la Révolution Orange (2004), ses connections américaines pourraient d’ailleurs l’avoir conduit à devenir un agent des Américains. Lié aux milieux criminels et mafieux qui lui avaient permis de faire fortune avec son frère, un concurrent, Leonid Roitman fut condamné à de la prison pour avoir mis un contrat sur sa tête aux États-Unis (2006). Après sa libération en 2014, cet homme accusa Konstantinovskiy d’avoir été membre du même groupe mafieux dont il faisait partie, sous le pseudo de « Karamaz », du parrain Oleg Asmakov dit Alik Magadan. Il indiqua qu’il avait participé à l’assassinat de plusieurs personnes, notamment Efim Ostrovsky du Dynamo de Kiev (1992), dont l’assassinat avait été commandité par les frères Surkis, qui dirigèrent le club par la suite (1993-2002). Il fut l’un des tueurs à gages qui liquidèrent Asmakov (22 mars 1999), dont le meurtre fut commandité par un autre parrain de cette pègre ukrainienne, Semen Mogilevitch (1946-), le patron des patrons de tous les groupes mafieux et criminels russo-ukrainiens dans le Monde. Né dans la région de Kiev, d’origine juive, il défraya la chronique durant toute sa vie, dans des actions criminelles à grande échelle, il fut inculpé aux USA de 45 chefs d’accusation, pour 400 ans de prison (avril 2003). Interdit de séjour en Tchéquie pendant 10 ans (1995-2005), à la tête d’un énorme réseau criminel dans le monde d’après le FBI, qui fut à ses trousses le classant parmi les 5 plus dangereux mafieux au monde (2003-2015). Il fut arrêté en Russie, à Moscou (24 janvier 2008), pour une affaire d’évasion fiscale, et resta en prison jusqu’à sa libération sans que des preuves puissent avoir été apportées contre lui (24 juillet 2009). Le FBI avait mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars. Il fut également classé dans les 500 personnalités les plus influentes au monde, par le magazine Foreign Policy (2013). Son retrait de la liste des criminels les plus recherchés fut décidé par le FBI, en raison de son incapacité à le retrouver (décembre 2015). Tel était le « patron » de Konstantinovskiy et l’explication de la rapidité fulgurante de sa fortune. Il participa à d’autres meurtres ou tentatives de meurtres dont celle du patron du restaurant Raspoutine près du pont de Brooklyn à New York, puis d’autres gangsters. De retour en Ukraine les poches pleines d’argent, il investit dans le secteur de la restauration, avec son frère jumeau. Puis ils montèrent ensemble un véritable empire, autour de chaînes de restaurants (une quarantaine) et diverses autres activités. Leur fortune était estimée à plus de 355 millions de dollars, parmi les 200 Ukrainiens les plus fortunés, à la 44e place (2013). Il s’engagea également dans le soutien à la Révolution du Maïdan (hiver 2013-2014), puis décida de s’engager dans le bataillon de police supplétive Kiev-1. Il fut l’un des financiers de différents bataillons de représailles, vendant même une Rolls-Royce Phamtom aux enchères, afin de verser l’argent pour les volontaires (août 2014). Il profita de cette célébrité « patriotique » pour se présenter aux élections de la Rada d’Ukraine (septembre), pour le parti de la droite dure de Iatseniouk (Front Populaire). Il fut largement élu à Kiev (26 octobre), mais fut par la suite impliqué dans divers scandales politiques, mettant en exergue ses liens avec les milieux criminels et mafieux, non seulement en Ukraine, mais aussi en Russie et aux USA. Ces connexions avec la mafia ukrainienne commencèrent nous l’avons dis à ressortir dès 2014, puis devinrent persistantes dans la presse ukrainienne (2015-2017). Sa levée d’immunité parlementaire avait été demandée par un procureur (juin 2015), mais elle ne fut pas levée. Il fut finalement accusé de fraudes fiscales par le procureur général d’Ukraine (février 2017), mais la corruption joua et l’affaire fut finalement classée sans suite, non sans provoquer sa décision de démission de la Rada d’Ukraine (13 juillet 2017). Il fut accusé d’avoir été l’un des députés les plus absents des bancs de la Rada, en compagnie d’autres députés comme Iaroch, le fondateur du parti ultranationaliste et néonazi Pravy Sektor (février 2018). Depuis l’homme s’est fait discret et a disparu des radars de l’information. C’est surtout par son épouse, sa cadette de 27 ans, Yuliana Dementiev, top model ukrainienne, que quelques maigres informations apparurent ici ou là. Elle travailla entre autre pour Givency ou Etam et malgré un physique banal réussit une carrière dans la mode. Après 2018, le couple a littéralement disparu de la presse people ou des médias.
Rouslan Kouchnir (1986-25 octobre 2017), originaire de la région de Vinnitsya. Il servait comme caporal dans le régiment de police Kiev-1. Il mourut à Kiev, le 25 octobre 2017, dans un attentat à la bombe qui visait le néonazi Igor Mosiychuk (alors député à la Rada). L’attentat se déroula dans la rue, non loin des studios de la chaîne de télévision Expresso. Il fut mortellement blessé par l’explosion, et mourut dans la journée de ses blessures. Il fut enterré le lendemain, en présence de sa mère, de ses frères et quelques amis, à Vinnitysia. Le député échappa à la mort, les commanditaires ou même les personnes qui commirent l’attentat ne furent jamais découverts.
Alexander Lemak (?-21 octobre 2022), sergent dans le régiment de police Kiev-1, son unité fut envoyée en renfort dans la région de Donetsk. Il fut tué dans les combats, le 21 octobre 2022.
Vadim Lisnichouk (?-), né à Tchernowitz, en Bucovine dans l’Ouest de l’Ukraine, il fit des études dans l’hôtellerie, comme chef cuisinier, puis fit des études à l’Institut Polytechnique de Kharkov en économie. Il fit carrière dans la publicité et devînt homme d’affaires, notamment en acquérant un restaurant, puis une petite chaîne de magasins végétariens. Ultranationaliste convaincu, il lâcha des affaires pour s’enrôler dans une compagnie d’autodéfense du Maïdan, où il participa aux émeutes et meurtres de policiers (hiver 2013-2014). Radicalisé, il s’enrôla dans le bataillon de police Kiev-1, et fut l’un des premiers à arriver dans le Donbass. Il participa aux répressions sanglantes dans les villes du Donbass de Nikolaevka puis Slaviansk, il fut même médaillé pour ce travail de gestapiste, « pour le courage personnel et l’héroïsme » (2 août 2014). Son zèle le fit plus tard nommer à la tête d’une compagnie du bataillon (printemps 2015). Il fut renvoyé à l’arrière, et suivit une formation à l’Académie Nationale de police (fin de l’année), pour être finalement nommé à la direction de la police de patrouille dans la ville de Tcherkassy, ayant sous ses ordres 265 policiers (1er mars 2016). nommé ensuite à ce poste à Kharkov (2 novembre). Son unité participa à un concours morbide, le projet « Punisher », et reçut la note maximale pour son efficacité dans les opérations de répressions qu’elle avait mené (juin 2017). Son ascension rapide et ses connections avec les politiques extrémistes, lui permirent d’être nommé à la tête de l’Académie de la Police Nationale d’Ukraine, avec le grade de lieutenant-colonel (19 septembre). A noter que la police répressive ukrainienne a reçu des aides et des formations du Canada, il fut lui-même pris en photo avec un officier canadien. Le Canada possède la plus grande diaspora ukrainienne au monde, après la Russie, sans parler d’un Conseil représentatif ukrainien (Ukrainian Canadian Congress), véritable État dans l’État, qui a même voix et des entrées auprès du gouvernement. Quant à lui, sous ces ordres ont été commis de nombreux assassinats politiques et des faits de tortures, d’humiliations et exactions contre les populations civiles du Donbass.
Andreï Pavlenko (13 novembre 1984-7 décembre 2017), originaire de la région de Kherson, il fut élevé par son oncle et sa tante. Il effectua son service militaire (2002-2003), puis signa un contrat dans l’armée de l’Air, puis dans les troupes du Ministère de l’Intérieur. Il fit une école militaire dont il sortit adjudant, puis il démissionna (2007). Il se maria et vivait dans la région de Dniepropetrovsk, et devînt coach sportif. Il se porta volontaire et servit dans un bataillon de représailles, Kiev-1 (octobre 2014-août 2015), puis signa un autre contrat dans l’armée régulière, versé dans la 25e brigade aéroportée (2016). Il fut tué par un éclat d’obus à la tête lors d’un bombardement, le 7 décembre 2017. Un autre soldat fut blessé. Il laissait une veuve et deux enfants en bas âge (nés en 2012 et 2015). Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (26 février 2018).
Irina Tsvila (29 avril 1969-25 février 2022), originaire de la région de Kiev, elle fit des études dans l’enseignement et devînt professeur dans une école privée de la capitale. Elle changea de profession et travailla dans le paysage et la création de jardins, spécialisée les roses. Bandériste de longue date, elle s’enthousiasma pour le Maïdan (hiver 2013-2014), et s’enrôla dans le bataillon néonazi Carpathian Sich (2014). Lorsque le bataillon fut dissous une première fois, elle passa un concours et entra dans la Police nationale (2017). Elle avait organisé dans un village une exposition de ses photos prises durant son service. Elle tenta aussi de lancer une marque de vêtements, mais le projet échoua (2018). Elle fut intégrée au régiment Kiev-1, et fut envoyée par rotation dans le Donbass pour participer aux répressions (2017-2022). Elle fut tuée lors de défense de la ville d’Irpen, lors d’un assaut blindé lancé par les Russes, le 25 février 2022, lendemain du lancement de l’opération spéciale.
Nikolaï Voïtov (17 juin 1979-3 janvier 2017), originaire de Kiev, il entra dans la Police nationale et servit dans les unités de patrouille, dans la capitale de l’Ukraine (avant 2014). Il s’enrôla dans le bataillon Kiev-1, alors au grade de lieutenant. Il fut envoyé dans le Donbass, et fit plusieurs rotations. Il mourut subitement d’un arrêt cardiaque, alors qu’il se trouvait avec son unité dans la ville de Kramatorsk. La ville est l’une des bases arrières des répressions politiques, au moins deux prisons secrètes s’y trouvaient, dont l’une aux mains du Pravy Sektor. Il laissait une veuve et 4 enfants, et déjà une petite-fille. Il fut rapatrié à Kiev et inhumé, mais les circonstances de sa mort ne lui permirent par d’être honoré par le culte des morts bandériste. Toutefois, son portrait est accolé « au Mur de la mémoire des morts pour l’Ukraine », à Kiev.