Le bataillon Kiev-2 figurait depuis longtemps dans ma longue liste de bataillons de représailles et autres unités « spéciales ». L’enquête à son sujet m’a conduit au cœur des crimes de guerre ukrainiens dans la zone ATO, l’opération « antiterroristes » dans le Donbass et l’Est de l’Ukraine. Mais elle m’a aussi conduit vers tout un système de corruption, de trafics en tout genre, de contrebande d’armes, d’assassinats et de protecteurs occupant des postes clefs dans la Police Nationale d’Ukraine et jusqu’à un député de la Rada et un milliardaire ukrainien, qui fut l’un des collaborateurs et conseiller de Petro Porochenko. Aucun des crimes commis par le bataillon n’a été à ce jour l’objet d’une réelle procédure judiciaire, et aucun des mafieux et assassins de cette unité n’a été traduit en justice. A travers son histoire vous découvrirez le vrai visage d’une Ukraine à la dérive et lancée dans une révolution et une guerre meurtrière qui ont détruit le pays. Elles n’auront profité qu’à quelques-uns, couverts de médailles et d’honneur, sans parler de leur enrichissement frauduleux. Voici l’histoire du bataillon Kiev-2, qui dès 2016 avait été épinglé dans un rapport commandité par l’Ambassade de Grande-Bretagne à Kiev.
De la formation du bataillon avec à n’importe qui.Il fut formé en avril 2014, par le Direction générale du Ministère de l’Intérieur à Kiev. Il remplit ses rangs avec des ultranationalistes et des néonazis parmi les plus fanatiques et les plus extrémistes (particulièrement d’Odessa), notamment du groupe S 14, dénommé ainsi en l’honneur d’Adolf Hitler, mais aussi de sbires des compagnies d’autodéfense du Maïdan, de militants du Parti national-socialiste d’Ukraine, d’anciens policiers et d’anciens combattants de l’Afghanistan. Sa base arrière et caserne était un ancien domaine de chasse du Président Ianoukovitch, renversé par la Révolution du Maïdan américain. Il fut financé par des dons de particuliers, mais rencontra de grandes difficultés pour compléter son armement. Il ne reçut que des armes légères, des munitions rouillées et des grenades de très vieux stocks. Le recrutement posa aussi problème, bien qu’il fut l’un des premiers à être formé, d’autres unités vite plus prestigieuses drainèrent l’essentiel des militants ultranationalistes. Au commencement seulement 165 hommes purent être réunis. Aucune formation militaire ne fut prévu, et il fut tout de même envoyé dans le Donbass. Son commandant déclarait à ce propos : « il faut environ cinq ans pour former des soldats aguerris, aussi en un mois et demi, il fut seulement possible de « préparer » les gens, la formation minimale pour qu’ils ne se tirent pas dessus entre eux, ils ont appris en route […] nous n’avions que des armes automatiques avec 4 chargeurs par arme, et des pistolets avec deux chargeurs, ainsi que quelques grenades. Sur place avec les autres troupes, nous avons pu petit à petit nous équiper, nous avons pris des trophées sur l’ennemi. Nous avons reçu 2 BMP, 2 pickups Raptor, quelques mitrailleuses et d’autres matériels ».
Un bataillon de police supplétive et de cruels gestapistes. Comme son homologue, Kiev-1, il se signala par des crimes de guerre, des répressions aveugles contre les populations civiles, assassinats, tortures, rackets, exécutions arbitraires qui furent énoncés par un rapport du Haut-Commissariat aux Droits de l’homme de l’ONU (septembre 2014). Il fut envoyé dans la première ville martyre du Donbass, Slaviansk, puis participa aux combats du côté de Mariinka, où il subit de lourdes pertes face à une résistance de plus en plus fortes des insurgés républicains (juin 2014). Il servit ensuite dans les batailles perdus de l’été 2014 (bataille des frontières), abandonnant son poste et se repliant vers l’arrière. Il fut toutefois couvert par le Ministère de l’Intérieur et finalement pourvu de quelques armes lourdes et de véhicules de vieux stocks soviétiques. Le dépôt du bataillon fut engagé pour contenir des ultranationalistes en colère qui occupaient toujours le Maïdan, et semaient le désordre. Une manifestation donna lieu à des affrontements très violents, les extrémistes armés de bâtons et de pavés repoussèrent les éléments du bataillon Kiev-2, de la place du Maïdan (7 août). Il fallut d’autres forces pour venir à bout de ces forcenés en révolution permanente. Il fut ensuite envoyé dans les régions de Marioupol, Volnovakha et Donetsk (octobre), où il se distingua encore par des représailles et répressions politiques d’une rare violence. Faisant office de « Gestapo », il fit la chasse à tous les opposants politiques et résistants favorables au Donbass et à la Russie (octobre-novembre). Pour leur zèle, ils furent décorés par le Ministère de l’Intérieur (70 policiers, 24 octobre), et deux policiers furent encore décorés par le Président Porochenko avec l’ordre pour le Courage (19 décembre). Il assura en particulier la sécurité lors des élections législatives qui furent organisées également dans le Donbass, se trouvant à Volnovakha (24 octobre), libérant des personnalités pro-maïdan et des fonctionnaires que la résistance avait enlevé afin de perturber au maximum ces élections. De nombreuses arrestations eurent lieu à ce moment, et les résistants livrés ensuite pour interrogatoire à la terrible police politique du SBU. Il fut ensuite de nouveau envoyé dans la région de Debaltsevo (décembre 2014-janvier 2015). Après avoir continué ses répressions politiques dans tout le Donbass, le bataillon fut versé dans le 1er régiment de police de Kiev, dont il forma la 2e compagnie (automne 2015). L’unité continua ses missions répressives jusqu’à ce jour.
L’implacable vérité étalée dans un rapport britannique de 2016. Une association britannique, Global Rights Compliance LLP, publia un rapport (novembre 2016), avec l’aide et le soutien de l’ambassade du Royaume-Uni à Kiev, sur les crimes de guerre commis par certains bataillons, dont Kiev-2. Il signala des cas d’enlèvements, de disparition pure et simple de personnes, comprendre leurs exécutions discrètes dans un coin, mais aussi les mauvais traitements et tortures infligés à des prisonniers civils ou militaires, pendant toute la période de son activité (2014-2016). Le lien internet qui conduisait à ce rapport a été nettoyé de la toile à une date inconnue… la Grande-Bretagne et l’OTAN ayant décidé de faire le ménage sur la vérité et de cacher le travail que pourtant ils avaient au départ entamé. Le rapport effacé se trouve toutefois toujours disponible dans le tréfonds d’Internet, le voici : The Enforcement Of International Humanitarian Law in Ukraine. Le rapport parlait de sérieuses violations des lois internationales et des Droits de l’Homme (d’avril 2014 à mai 2016), indiquant déjà la mort de 9 404 personnes, dont environ 2 000 civils, sans parler de 21 671 blessés, assurant même qu’il y avait là un génocide des populations civiles du Donbass (page 13). Parmi les crimes cités des bataillons de représailles se trouvaient : la détention illégale de personnes, tortures, travail forcé, viols et violence sexuelles, maltraitances, assassinats de prisonniers, prisons et lieux de détention illégaux, accusations arbitraires ciblant n’importe qui pour la simple suspicion de « séparatisme et terrorisme », humiliations, extorsions et rackets, rançons, enlèvements et disparitions de personnes, cruauté et persécutions de civils, de prisonniers, actes barbares, destructions de propriétés, vols et pillages, expropriations illégales de biens immobiliers, exécutions sommaires, attaques intentionnelles de civils, meurtres, crimes de guerre, violations de la Convention de Genève, détentions dans des conditions inhumaines, actes dégradants, maltraitances et tortures de blessés, refus d’apporter des secours et des soins à des blessés, attaques de zones civiles sans objectifs militaires (page 14 et 17). Cette effarante liste ciblait en particulier les bataillons Aidar, Dniepr-1, Kiev-1 et Kiev-2, puis plus loin dans le rapport Tornado (page 59). Le rapport était sans appel et insistait sur l’aspect génocidaire des bataillons de représailles en rappelant les lois internationales (page 21). Le rapport citait aussi des cas intéressants, notamment celui de deux volontaires russes, père et fils, qui blessés furent torturés ignoblement. Envoyés en prison et en attente de leur jugement, leur avocat, un certain Yerofeyev fut découvert assassiné dans la région de Tcherkassy (mars 2016). Des dizaines de pages se suivent ainsi énonçant quelques-uns des procès et des histoires de ces insurgés ou volontaires qui eurent le malheur d’être pris par les Ukrainiens (le rapport fait 297pages). Pour ceux qui veulent télécharger ce document sur leur ordinateur, je recommande chaudement de l’envoyer à leur entourage ou des personnes qui doutent encore de ce qu’est « l’armée » ukrainienne.
Au cœur de l’horreur et du banditisme, la galerie des bourreaux. Parmi les gestapistes du bataillon, certains sont coriaces au niveau des informations, comme le commandant de la 2e compagnie, un certain Maxime Tropotiaga, originaire sans doute de Kiev et qui a pris soin de bien se cacher, il semble bien qu’un nettoyage a été effectué à son sujet sur la toile, certains liens sur ses crimes de guerre ne mènent nulle part. Il devait avoir conscience qu’il pourrait plus tard avoir à répondre devant un tribunal international. Mais d’autres ont livré des informations précieuses. La plupart de ses biographies sont édifiantes, et tous sont plus ou moins des criminels de guerre, dont nous espérons qu’un jour la justice internationale jugera et punira. On peut toujours rêver.
Evgueny Guerod ou Herod(?-), originaire de Kiev. Il fut nommé commandant en second du bataillon Kiev-2 (printemps 2014). Il se plaignit devant la presse que les procédures bureaucratiques empêchaient et freinaient l’envoi de nouveaux volontaires pour le bataillon Kiev-2 et d’autres unités (24 septembre), déclarant : « il y a des difficultés administratives ce que nous avons constaté dans l’envoi de combattants nouvellement arrivés, que nous avons enregistrés, qui ont été formés, dans l’école de police et par notre propre formation. Je ne dirais pas que quelqu’un interfère, ce sont des tracasseries, des imperfections dans les mécanismes bureaucratiques. Il faut toujours rassembler des tonnes de documents, des centaines de signatures. Je voudrais faire comprendre que les gens qui sont prêts à se sacrifier pour la patrie, ils n’ont pas besoin d’être mis ainsi sous pression, s’ils sont prêts à partir, il faut les envoyer, et ne pas repousser sans cesse au lendemain, les gens deviennent fous ». Il occupa ce commandement au moins jusqu’en 2015. Les informations sont très rares à son sujet, il faut dire qu’au vu des crimes commis par son unité, ses responsabilités dans ces derniers sont grandes et pourraient le conduire tout droit devant un tribunal international. Il quitta les forces ukrainiennes apparaissant dans un forum américano-ukrainien entre vétérans des deux armées. Le forum fut financé avec l’aide de la fondation américaine People of Ukraine et l’Ambassade d’Ukraine aux USA (18-19 novembre 2021). Le sujet du forum était la création de startups par des vétérans. Il fut l’un des intervenant du deuxième jour, pour présenter le Groupe Gerod. La fondation fut fondée en 2016 avec l’aide des États-Unis, son siège se trouvant à Washington et faisant probablement partie de l’énorme système de noyautage américain dans le monde entier, via des associations, fondations et organisations diverses sous l’égide de l’USAID.
Vadim Kadirov (?-), originaire de Khmelnitski, d’un père tatar et d’une mère ukrainienne. Ultranationaliste, il s’enrôla comme simple soldat dans le bataillon de police Kiev-2 (printemps 2014). Il fut interviewé par la presse ukrainienne, alors que le bataillon se trouvait dans l’oblast de Lougansk, à Krimskoe (16 janvier 2015), et déclarait à ce moment là : « certes malgré mon nom je ne suis pas Tchétchène, mais un tatar, mais ma mère est Ukrainienne. Nous avons combattu partout, à Chernoukhino, à Debaltsevo, à Volnovakha, et à Gordskoe, nos opérations ont commencé par Slaviansk ». Il ne pensait pas disait-il être démobilisé avant que l’Ukraine soit victorieuse… Sept ans plus tard, il serait intéressant de savoir où il se trouve.
Youri Kosiouk (1968-), originaire de Tcherkassy, il fit des études dans l’agroalimentaire (1985-1992), devînt ensuite courtier (1989), employé de la bourse à Kiev (1991), il fonda diverses entreprises dans l’agroalimentaire essentiellement, faisant fortune dans la viande de volailles. Il fut fait « héros de l’Ukraine » (2008), alors qu’il était devenu millionnaire puis milliardaire. Homme du réseau de Porochenko, il devînt le vice-président de l’Administration présidentielle d’Ukraine (2014), puis conseiller indépendant du président. Son nom fut cité comme étant l’un des protecteurs du commandant Wojciekowski, dans les trafics divers organisés par le bataillon Kiev-2 (entre 2014 et 2016). Parti de rien, sa fortune était estimée par le magazine américaine Forbes, à 1,1 milliard de dollars (2015-2020), dans le top 2000 des hommes les plus riches de la planète.
Mikhaïl Kouznetsov (?-), officier supérieur qui fit carrière dans la Police Nationale à partir de la fin des années 90. Il fut engagé dans la zone ATO (2014-2016), en charge des postes d’écoute radio dans les régions de Donetsk et Lougansk, et à la coordination des différentes unités de police supplétive dans la zone. Il était l’une des clefs importantes du réseau de trafics et contrebandes, ainsi que l’un des bénéficiaires, des activités criminelles qui furent organisées par le commandant Wojciekowski au sein du bataillon de police Kiev-2. Il fut cité comme l’un des protecteurs et contact de cet homme. Ceci ne l’empêcha de poursuivre une brillante carrière, maintes fois médaillé, il passa à la direction du Département des activités opérationnelles et techniques de la Police Nationale. Il fut nommé chef de la Police criminelle (20 août 2021), à Kiev. A plus d’un titre, c’est un des responsables des crimes de guerre qui furent commis dans le Donbass, et devrait être jugé devant un tribunal international. Il déclarait toutefois que « nous défendons et servons et surtout nous approchons de la victoire ». Il se pourrait bien toutefois qu’il soit obligé un jour de faire sa valise pour emprunter une ligne des rats.
Yaroslav Kovalenko, dit Outios (?-), il s’enrôla dans le bataillon Kiev-2, et fut l’un des hommes qui assassinèrent au poste de contrôle de Bougas, près de Volnovakha, un civil qui fut pris avec des roubles dans sa poche. Selon des témoins du bataillon, il fut l’un des hommes qui procédèrent à l’arrestation de ce civil. Ce dernier fut battu, menotté à un arbre, puis envoyé au PC de police du bataillon, où il fut attaché à un radiateur. Salement amoché et déjà affaibli, il fut de nouveau battu sauvagement, et achevé à coups de poing, par le commandant du bataillon Wojciekowski, durant la nuit du 20 au 21 novembre 2014. Ensemble, ils camouflèrent le crime en « attentat terroriste d’un séparatiste ». Il passa ensuite dans la 95e brigade aéromobile et y servait encore en 2018.
Vyacheslav Kriazh, dit Makhno (?-), peut-être originaire de Kiev, commandant de peloton dans le bataillon Kiev-2, malfrat et trafiquant lié au commandant Wojciekowski, il participa au meurtre d’un civil au poste de contrôle de Bougas, près de Volnovakha, (nuit du 20 au 21 novembre 2014), et à quantité d’exactions, de crimes et de maltraitance. Un soldat du bataillon interrogé en 2018, déclara qu’il était d’une grande violence et pouvait s’en prendre à n’importe qui sans raison. C’est ainsi qu’il fit descendre d’un bus un homme, qu’il accusa d’être un « séparatiste », par le simple fait qu’il possédait une carte de membre d’un association de Cosaques… une preuve selon lui. L’homme fut maltraité et réduit en esclavage pendant un certain temps dans le sein du bataillon. Kriazh fut également accusé d’être le bras droit du commandant Wojciekowki, dans l’organisation d’un trafic de contrebande, organisé entre la République de Donetsk et l’Ukraine. Par les corridors ouverts sur le front, ils firent passer des camions, voitures et même des convois, en partance ensuite pour Dniepropetrovsk (l’un d’eux signalé entre le 25 et 27 février 2015). Mais aussi des armes de contrebande, notamment d’après le témoignage ultérieur d’un soldat. Il s’agissait de mines, de munitions, de systèmes antichars RPG, de grenades et de différentes armes de fabrication russe. Une des voitures transportant des armes tomba en panne dans la région d’Artemovsk, ce fut lui et l’un des soldats du bataillon qui réglèrent l’affaire et partirent au volant d’un camion pour assurer le transfert (mars 2015). Ce fut lui encore qui aida à faire passer une voiture bourrée d’armes qui transita par la base du bataillon Kiev-2 (3 juin 2015). Il quitta le bataillon sans doute en même temps que son chef, vers 2016, puis fut signalé résident en Allemagne et travaillant dans une usine automobile (2018). Interrogé sur le meurtre de Bougas par un journaliste, il refusa de répondre.
Alexander Medvedko (1989-), originaire de Kiev, fils d’un opérateur de grue et d’une mère institutrice dans une école maternelle. Il entra à l’université pour étudier la géographie, et fut diplômé (2011), travaillant dans une entreprise du bâtiment pour financer ses études, devenant directeur-adjoint et directeur du département des transports. Ultranationaliste convaincu et virulent, il s’était engagé de longue date dans le Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, mais aussi dans le mouvement néonazi S 14, participant aux manifestations et émeutes (dès l’âge de 14 ans). Il rejoignit le mouvement Sauvons le Vieux Kiev (2007), pour protéger certains monuments et bâtiments anciens des spéculateurs peu scrupuleux et de la corruption. Il fut l’un des organisateurs d’un tournoi de football pour les jeunes, essentiellement pour promouvoir « un mode de vie sain chez les jeunes », tout en faisant du prosélytisme et de la propagande ultranationaliste (2011). Il organisa une action pour nettoyer la ville de Kiev, après la fonte des neiges (mars 2013), afin de séduire les populations. Il affirma avoir été victime d’une chasse aux ultranationalistes, qu’il disait être organisée par la police elle-même, et avoir échappé à un passage à tabac (mai). Il devînt le chef de section pour un quartier de Kiev, pour le parti Svoboda, et dès le début du Maïdan entraîna ses militants sur les barricades (hiver 2013-2014). La suite est connue, ils tinrent le pavé et après un bain de sang et de nombreux blessés (120 mors, 1 900 blessés), le président Ianoukovitch fut renversé. Il s’enrôla ensuite dans le bataillon de police supplétive Kiev-2 (printemps 2014). Il se présenta aux élections du Conseil municipal de Kiev, toujours pour le parti Svoboda (mai), mais ne fut pas élu, atteignant quand même la troisième place dans sa circonscription. Il participa aux exactions et crimes du bataillon durant toute l’année, jusqu’à qu’il fut versé dans le bataillon Harpon (janvier 2015). Il assassina en pleine rue, le célèbre journaliste ukrainien Oles Bouzina (16 avril), et pris la fuite. L’affaire fit beaucoup de bruit et eut un retentissement international. Bouzina était un journaliste et écrivain réputé, notamment pour ses positions anti-maïdan et prorusses, ayant une très grande audience en Ukraine. Cette dernière n’eut d’autres choix que de se lancer à la poursuite des meurtriers, le crime était trop visible et faisait tâche. Medvedko fut finalement arrêté par le SBU (18 juin). Il avoua sa participation à l’assassinat, puis se rétracta, mais fut confondu par son ADN. Il cria à la machination et que ses aveux avaient été obtenus sous la torture. Furieux, les milieux ultranationalistes et néonazis organisèrent des manifestations violentes dans Kiev, notamment devant la Rada d’Ukraine. Des députés de l’assemblée s’affublèrent de T-shirts portant son portrait et le montrant comme un « prisonnier politique ». Un concert de soutien fut organisé en sa faveur à Kiev, rassemblant des milliers de personnes et d’activistes surexcités (8 août). Devant la pression, il fut libéré avec un complice, assigné à résidence… avec un régime obligatoire de présence entre 19 h 00 et 8 h 00 du matin. Pour un assassin de sang froid, on imagine bien la stupéfaction et la douleur de la famille de Bouzina. Les meurtriers furent bientôt totalement relâchés (mai 2016), et l’affaire traîna alors en longueur, le parquet se décidant à déposer un acte d’accusation (27 novembre 2017), des audiences étaient annoncées pour un procès (9 août 2018). Le procès ne donna pas grand-chose, il fut acquitté. Il se lança alors dans la création de nombreuses associations de vétérans et d’ultranationalistes, comme Victoire militaire ukrainienne, ou l’Union des anciens combattants de la guerre contre la Russie, l’Académie des Anciens combattants, ou encore le Centre National de défense des Droits de l’homme… Il fut élu membre du Conseil de contrôle public du bureau national anti-corruption d’Ukraine, chapeauté par le NABU, une sorte de police fiscale et anti-corruption (30 septembre 2019), par un vote en ligne organisé par le gouvernement. Il s’afficha comme vedette dans un concert, dénommé Veterans Strong, à Kiev où se produisit en tête d’affiche le groupe néonazi Sorika Perouna, faisant l’apologie des bataillons de représailles Azov, du bandérisme, du paganisme, des partis Pravy Sektor et du néonazisme (octobre). Il fut élu au Conseil public du Ministère des Anciens combattants (mars 2021). La logique voudrait qu’il se trouve actuellement sur le front, depuis que l’opération spéciale russe a commencé en Ukraine (24 février 2022).
Amina Okueva, vous découvrirez son histoire dans cet article publié dans nos lignes sur le bataillon Djokhar Doudaïev.
Sergeï Podgorniy (1970-2014), originaire de Krivoï Rog, ultranationaliste et néonazi violent, participant du Maïdan, dans l’une des compagnies salariées d’autodéfense du Maïdan (avec de l’argent américain, notamment apporté sans se cacher par John McCain (hiver 2013-2014). Il fit son service militaire dans l’armée soviétique (1989-1991), entrepreneur et fan de football, il fréquentait les clubs ultras peuplés d’extrémistes. Il s’engagea dans la 17e compagnie d’autodéfense du Maïdan, comme cadre (novembre 2013), avec laquelle il fit le coup de poing durant toute la révolution (jusqu’en mars 2014). Il s’enrôla dans le bataillon Kiev-1 (mai 2014), puis passa au bataillon Kiev-2 (juin), envoyé dans le Donbass avec son unité. Il fut abattu par des résistants du Donbass, lors d’une prise d’assaut d’une habitation civile (18 août).
Viktor Tchalavan (?-), militaire de carrière, il servit durant une quinzaine d’années, puis passa ensuite dans le service de sécurité de la Présidence d’Ukraine (2008). C’est à cette occasion qu’il rencontra Wojciekowki dont il devînt l’ami. Il passa dans le Ministère de l’Intérieur, nommé conseiller du chef de la Police Nationale d’Ukraine, chef du Département de l’organisation des unités de police à des fins spéciales du Ministère de l’Intérieur d’Ukraine (2014-2015). Il fut l’un des protecteurs du commandant Wojciekowski et l’un des bénéficiaires des trafics divers organisés par et à travers le bataillon de police supplétive Kiev-2. Il déclarait devant la presse ukrainienne (29 décembre 2016) : « il est à la mode de dire que les volontaires sont mauvais, mais c’est généralement ce que disent ceux qui, en 2014, n’étaient pas dans un rayon de 200 km des régions de Lougansk et Donetsk. Si l’un des volontaires a commis un crime, il en répondra, mais nous devons toujours nous rappeler qu’ils ont été les premiers à combattre l’ennemi et c’est grâce à leurs exploits que nous avons pu former des bataillons de volontaires et gagner du temps pour que notre armée atteigne le minimum de base, des capacités de combat qu’elle a aujourd’hui. […] et maintenant certains procureurs reproduisent le mythe que ces unités ont été recrutées à partir de n’importe qui, des bandits et des criminels, il y en avait peu, et ils ont été traduits en justice […] Environ 7 000 hommes étaient dans les bataillons de police à des fins spéciales, et ce n’est que dans la police, sans parler du fait que nous communiquons constamment avec nos frères de combat du Pravy Sektor, Aidar et des bataillons de défense territoriale […], les bataillons de milice à des fins spéciales étaient 37, il y en a maintenant 22. […] Il est impossible de ne pas remercier nos frères combattants tchétchènes, représentants de la République d’Ichkérie, comme Adam Osmaev, Amina Okueva, etc […) et à propos de toutes sortes de légende sur le crime d’une unité militaire, il faut toujours se rappeler que dans toutes les guerres, il y a des gens qui commettent des crimes. Malheureusement, la guerre est un environnement où il y a un danger constant pour la vie, où le stress psychologique est constant, et où très souvent, à l’exception des patriotes, d’autres personnes sont attirées, des aventuriers, des criminels ». A plus d’un titre, il s’agit de l’un des plus grands responsables des crimes qui ont été commis dans le Donbass et dans l’Est de l’Ukraine, sans parler de son appartenance à ce réseau mafieux qui sans doute n’existait pas seulement que dans le bataillon Kiev-2. Après 2017, il disparaît des radars médiatiques, peut-être « les légendes » des crimes qu’il avait couvert l’avaient finalement rattrapé dans le monde bien réel de l’Ukraine corrompue.
Dmitro Tsvetkov (?-?), ukrainien de langue maternelle russe. Il s’enrôla dans le bataillon de police Kiev-2 (2014), grade de sergent. Il a réalisé tout un travail dans deux vidéos, dénonçant lui-même la corruption régnant dans le bataillon, notamment des officiers supérieurs et différents crimes (vidéos réalisées en février 2015). Il ne semble pas que son adresse à un général, ainsi que ses dénonciations aient pu avoir le moindre effet. Il continua à publier quelques vidéos jusqu’en 2017 (la dernière à propos d’un camarade tué contre les Républicains). Cependant, ses révélations sur l’assassinat d’un simple civil et ses dénonciations lui causèrent des ennuis. Il fut traîné en justice, avec l’interdiction de publier d’autres vidéos de ce genre, l’obligation de retirer les vidéos, de publier d’un démenti et de payer les frais de justice (après avril 2015). Lui-même n’était pas présent dans ce tribunal et n’apprit la décision de justice que plus tard, et de ses propres dires, confirmés par la présence des vidéos sur sa chaîne Youtube, il n’obtempéra jamais à cette décision, et se mit à l’abri à l’étranger (au moins entre 2016 et 2018). Interrogé au sujet des ces accusations, le commandant Wojciekowski affirma qu’il ne voulait pas répondre à « cette personne mentalement malade ».
BogdanYashounine alias Wojciekowski (1977-), il termina l’école militaire d’aviation du temps de l’URSS, puis fit une carrière de militaire de carrière, dans l’Armée soviétique, puis dans l’Armée ukrainienne. Il devînt un officier en charge de la protection rapprochée des personnages de l’État, d’abord du Premier Ministre, puis fut versé dans le Ministère de l’Intérieur. Il travailla dans les services d’émigration de l’Ukraine. Il fut dans l’ombre un partisan du Maïdan, avec qui il avoua avoir des contacts avec diveres figures du mouvement. Après le retour de la Crimée au giron russe, il se décida à agir personnellement et participa à la formation d’un nouveau bataillon de représailles, constitué de néonazis du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, d’anciens militaires et policiers. Avec ses contacts, il put affilier l’unité au Ministère de l’Intérieur. Il fut d’ailleurs nommé à la tête du bataillon de police supplétive Kiev-2 (printemps 2014), qu’il conduisit dans le Donbass. A ce titre en temps qu’officier supérieur, c’est lui qui est en responsabilité de tous les crimes commis sous ces ordres. Sur une liste de responsables, il serait certainement dans le top 1000, des hommes à arrêter et à traduire devant un tribunal pour crimes contre l’Humanité et crimes de guerre. Lui même fut accusé de l’assassinat d’un certain Vladimir Nazdritchkine, un civil sauvagement battu à mort, sans aucune raison valable. L’homme portait des roubles sur lui, ce fut suffisant pour signer sa perte. Wojciekowski l’acheva à coups de poing, à Bougas dans le PC d’un poste de police près de Volnovakha (20 novembre 2014). Il ne fut jamais inquiété pour ce crime et éluda toujours la question. Il fut mêlé durant tout son commandement, à un important trafic de contrebandes, y compris d’armes, soutenu et protégé par de hauts-fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur, un député et un homme d’affaires. Mis en difficulté lors d’un interrogatoire par un procureur de la région de Kiev (9 juin 2015), à propos du trafic d’armes russes, il dénonça trois hommes du bataillon, Trochina, Lozenka (transfuge de Crimée) et Malinovitch. Cet événement déclencha une cabale parmi les soldats, certains préférèrent partir de l’unité sans faire de remous, d’autres donnèrent leur démission. Mais une vingtaine d’entre eux décidèrent d’écrire des rapports pour le Ministère de l’Intérieur (10 juin). Il tenta d’empêcher la remontée de ces rapports, convoqua les hommes et les menaça personnellement. Les démissions de ces hommes furent refusées, ils furent également maintenus dans la zone ATO sans recevoir de permissions. Tchalavan, grosse huile du Ministère de l’Intérieur entra alors en lice pour interdire aux hommes de communiquer avec les médias, d’écrire des rapports ou de se plaindre sous peine de sanctions graves. Protégé, il échappa à toutes les tentatives de le déstabiliser, poursuivant tranquillement ses activités criminelles à la tête du bataillon. Il commanda l’unité jusqu’à qu’elle soit versée sous forme de compagnie dans un autre régiment de police (2015), puis resta dans ce dernier encore un moment (jusqu’en 2017). Il fut nommé avec le grade de lieutenant-colonel dans la police de l’oblast de Soumy, dans la ville de Konotop, où il se trouvait encore en 2021. Il a donné une très longue interview pour un youtubeur ukrainien, donnée en langue russe qui est sa langue maternelle. Son récit de sa guerre du Donbass est assez… édulcoré. Malgré la question posée sur l’accueil des gens du Donbass, il botta en touche, évitant également d’aborder la question des crimes de guerre, et même des péripéties militaires du bataillon. Un grand silence, quelques phrases bateaux en deux ou trois minutes pour une heure d’interview. Le déclenchement de l’opération spéciale russe a dû le faire transpirer fort, car Soumy, non de Konotop fut attaquée par les forces russes, dans une bataille de longue haleine (24 février-4 avril 2022).
Efim Zviagilsky (1933-2021), originaire de Donetsk, d’une famille juive, diplômé comme ingénieur dans le secteur de l’exploitation minière (1956), directeur de différentes exploitations minières dans les années 70, député au Conseil régional de Donetsk (1990), président du Conseil municipal de Donetsk (1992), vice-premier ministre d’Ukraine (1993-1994), député de la Rada d’Ukraine (1994), accusé d’abus de pouvoirs et corruption, notamment d’avoir transféré illégalement une somme de 300 millions de dollars vers Israël. Sous le coup d’une enquête judiciaire, il se réfugia en Israël (1994-1997), mais revînt et fut de nouveau élu député (1998-2002), puis à plusieurs autres reprises à la Rada d’Ukraine (2006, 2007, 2012), membre du Parti des régions de Ianoukovitch. Après le Maïdan, il fut encore élu député (2014), coprésident de la Conférence Juive d’Ukraine. Son nom fut cité comme étant le protecteur de Wojciekowski, commandant du bataillon Kiev-2, et l’une des personnalités bénéficiant des trafics organisés par ce bataillon. Il mourut des suites du Covid-19, le 4 novembre 2021.
Zoubkov (?-), il s’enrôla dans le bataillon de police Kiev-2, ami de Wojciekowski, commandant du bataillon, qui le fit nommer au poste de chef d’État-major (2014). Il fit partie du groupe mafieux et corrompu dans le bataillon, qui ne cessa de se livrer à des actes criminels et à divers trafics, comme décrit dans les autres biographies. Il était la courroie de transmission du trafic, se trouvant la plupart du temps à l’arrière au dépôt près de Kiev, gardant le contact avec des éléments corrompus du Ministère de l’Intérieur et d’autres institutions.
Battu à mort et assassiné par des officiers du bataillon Kiev-2. Voici l’histoire d’un pauvre homme, originaire du Donbass, habitant du village de Donskoye, tout proche de la ville libérée de Volnovakha, qui fut occupée pendant 8 années par les troupes ukrainiennes. Le bataillon Kiev-2 y resta longuement en garnison, après la libération de la ville, les habitants décrivirent des exactions, des soldats soûls, des répressions et de la corruption. Il fut assassiné parce qu’il avait sur lui de l’argent russe, « une preuve » soit disant de ses liens avec les « séparatistes », cet argent bien sûr ne fut jamais retrouvé. Voici l’histoire de Vladimir Nazdritchkine (1964-2014), originaire du Donbass, dans l’oblast de Donetsk, soudeur de profession dans une petite usine à Donskoye. Son usine ayant fermé ses portes (2010), il trouva un emploi mieux payé en Russie, et partit dans le Grand Nord russe, en alternant les périodes de travail et celles de repos. Il était marié et avait des enfants. Il repartit en mission pour le travail en Russie, juste avant le déclenchement de la guerre du Donbass (mars 2014), puis revînt à la maison (4 novembre). Selon les propres déclarations de son épouse, à peine rentré chez lui, il tomba sur un barrage de police du bataillon Kiev-2, à Bougas, au nord de la ville de Volnovakha. Son épouse raconte : « la dernière fois que je l’ai vu vivant, c’était le 20 novembre 2014, après le déjeuner, il est sorti de chez nous, vers 13 h. Il devait aller à la station service, non loin d’un barrage routier, puis de là aller voir ses vieux parents dans le village de Dmitrovka. Sur lui, il avait 40 000 roubles et une autre somme en UAH. A partir de 16 h, ne le voyant pas revenir, j’ai essayé périodiquement de le joindre au téléphone, mais il n’a pas répondu. Une heure plus tard, il n’était toujours pas rentré. J’ai pensé que peut-être il avait pu tomber sur des amis. Mais le lendemain, il n’était toujours pas rentré (21 novembre). Et puis dans les nouvelles du soir de nombreuses chaînes de télévision, y compris à l’échelle nationale ont montré notre chien, et parlé d’un terroriste qui a tenté d’attaquer un poste de contrôle avec des explosifs dans le coffre, mais l’attaque ayant échoué, le terroriste s’était échappé et la voiture pleine d’explosifs avait explosé. Le lendemain, avec ma belle-sœur, nous nous sommes rendus au poste de contrôle (22 novembre), au kilomètre 177 de la route de Slaviansk. Les soldats ont raconté la même histoire, puis je fus mise en relation avec un officier qui m’a demandé au téléphone de venir près du village de Dmitrovka, à 7 km de là. Il avait été retrouvé dans un fossé, au bord d’une route, face au sol, les mains levées vers le haut. Avant sa mort, il avait été brutalement battu ».
La longue enquête de journalistes et défenseurs des Droits de l’Homme en Ukraine. Une fois son mari retrouvé, deux versions s’opposèrent : celle du commandant du bataillon Kiev-2 affirmant la véracité de la thèse de l’attentat terroriste et que son mari, par un hasard non explicable fut tué ce soir là dans les parages, et celle de l’épouse de Vladimir affirmant qu’il fut simplement assassiné par les soldats de Kiev-2. L’enquête judiciaire ne mena absolument à rien, la mort de Vladimir ne fut jamais élucidée. Cependant un journaliste ukrainien s’intéressa à cette affaire, avec l’aide d’une certaine Maria Tomak, la coordinatrice de l’Initiative médiatique pour les Droits de l’Homme. Ils tentèrent de creuser et d’aider sa veuve (2018). L’ancien commandant du bataillon, Wojciekowski accepta de revenir sur ce meurtre, en éludant mais en fournissant le nom d’un commandant adjoint de l’unité, Vyacheslav Kriazh, dit Makhno. Contacté, il refusa de s’exprimer sur ce meurtre. Un autre soldat du bataillon revînt aussi régulièrement dans l’enquête : Yaroslav Kovalenko, dit Outios. Tous les combattants retrouvés par les deux investigateurs exprimèrent leur méfiance vis à vis des deux officiers supérieurs du bataillon, parlant de corruption, de contrebande, de trafics de céréales, de charbon, de ferraille, de biens divers, de cigarettes, d’alcool et de produits de contrefaçons. Le tout venu du Donbass et envoyé en Ukraine via le bataillon Kiev-2. Quatre hommes avalisèrent la version selon laquelle l’attentat avait été une mise en scène afin de camoufler le meurtre de Vladimir. Sur son corps d’importantes traces de maltraitances furent relevées, ainsi que celles de menottes à ses poignées. Il resta ainsi enchaîné à un radiateur dans un poste de police non loin du point de contrôle de Bougas, où il fut finalement assassiné. Le sergent Tsvetsko parla lui-aussi de cette falsification des événements, il assista à son arrestation et à son envoi dans ce poste de police dont il ne ressortit jamais vivant. Un autre combattant qui voulut rester anonyme raconta finalement ce qu’il avait vu au journaliste : Vyacheslav Kryazh procéda à son arrestation au poste de contrôle, il fut battu et menotté. La voiture fut par la suite détruite avec des explosifs pour simuler un attentat. Il fut interrogé, torturé et battu à mort par Wojciekowski et Kryazh dans le poste de contrôle. Il fut ensuite attaché dans la cour à un poteau avec des menottes et demanda à appeler sa famille, ce qui lui fut refusé :« Il y avait des voitures suspectes, nous avions trouvé des armes, mais dans ce cas, il n’y avait rien de suspect. Je savais qu’il s’agissait d’un citoyen ordinaire, je me souviens qu’il nous a dit qu’il avait des problèmes de santé, il était malade sur la route, alors il s’était arrêté, peut-être même s’était-il évanoui, ou simplement endormi, il a beaucoup demandé à ce que nous le laissions contacter sa famille ». Un autre combattant donna également sa version, racontant avoir vu l’homme déjà salement amoché qui se trouvait enchaîné dans le couloir du PC de police, de telle sorte que pour passer de pièces en pièce, sa présence était immanquable : « Je ne peux pas affirmer qu’il était encore en vie à ce moment, les yeux étaient fermés, la bouche ouverte, la poitrine semblait se soulever, mais il ne bougeait pas, ne parlait pas ». L’autopsie du corps de Vladimir (2015) avait conclu à sa mort par un traumatisme crânien, une hémorragie interne et un œdème cérébral. Son épouse n’ayant pas lâché l’affaire se lança dans une longue procédure judiciaire, le corps de son mari fu finalementt exhumé (décembre 2016), pour une nouvelle autopsie, qui malgré les difficultés conclut en faveur d’une mort par asphyxie. Deux ans plus tard l’affaire traînait toujours en longueur et fut finalement oubliée et enterrée, malgré les efforts de ces courageux journalistes. Par un pur hasard, ma collègue Christelle Néant a déjà rencontré et brièvement interviewé son épouse, lors de la libération de la ville de Volnovakha.