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Khodorkovski, Nuland, CIA et les projets de destruction de la Russie

Khodorkovski, Nuland, CIA et les projets de destruction de la Russie
La photo de Khodorkovski à droite est d'Elena Ternovaja - Licence CC 3.0

Les révolutions colorées tout le monde connaît et beaucoup comprennent que depuis des décennies, Pentagone, CIA, USAID, fondation Soros (Open Society Foundations), sont à l’œuvre pour faire tomber des régimes dans le monde et prendre le contrôle de pays et de leurs ressources. La méthode fut décrite par la Canadienne Naomi Klein, dans un ouvrage ancien, et des séries de conférences (à partir de 2007, Stratégie des Chocs). Un reportage français décrivait aussi ces actions à peine souterraines et quasiment assumées par les États-Unis (2004-2005). Dans ce documentaire, la Russie était déjà décrite comme l’objectif final, alors que les autres pays attaqués étaient la Moldavie, la Serbie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Géorgie et bien d’autres. La Russie n’est pas tombée, contrairement à l’Ukraine après les 2 Maïdan. Elle s’est même défendue, en neutralisant les ONG américaines d’infiltration (à partir de 2011-2012). Mais depuis l’opération spéciale, c’est encore plus le rêve de l’Occident : faire tomber le régime russe, dépecer la Russie et la mettre en coupe réglée.

Mikhaïl Khodorkovski, l’une des pièces maîtresses de la CIA contre la Russie. Si quelques autres opposants politiques ont été financés par les USA, dont par exemple Navalny, presque « créé » par l’Occident, Khodorkovski fait partie des plus gros poissons. L’homme qui est né à Moscou (1963), fut l’un des nouveaux russes qui firent fortune sur les ruines de l’URSS. Il se hissa dans les plus hauts sommets, en devenant notamment le copropriétaire d’une compagnie pétrolière (IOUKOS, 1995-2003). Sa fortune personnelle fit de lui l’une des plus grandes fortunes du moment (début années 2000), pesant alors 15 milliards de dollars. Cette fortune fut construite de manière malhonnête, en usant des leviers de la corruption, en flouant le FISC russe, en usant de réseaux étendus, permettant de s’accaparer des contrats, des chantiers, des ressources à exploiter. Il fut finalement arrêté (25 octobre 2003), et convaincu de fraudes et évasions fiscales, ainsi que de détournements (2005). Un tribunal le condamna à 14 ans de prison. Sa compagnie fut finalement liquidée et démantelée après avoir fait faillite (2011). L’oligarque et mafieux Khodokovski fut gracié par le Président Poutine, pour des raisons d’apaisement avec l’Occident (20 décembre 2013). Ce dernier avait érigé ce gangster en cravate, comme un « prisonnier politique victime de persécutions », évidemment imaginaires. Amnesty International, la Cour européenne des Droits de l’homme, et d’autres organisations du genre firent pression pour obtenir sa libération. Les enquêtes diligentées en Occident, notamment par la CEDH arrivèrent à la conclusion finale que les motivations politiques de son emprisonnement n’existaient pas (2020). Cependant, elle affirma aussi que les raisons de son emprisonnement n’étaient pas justifiées. Ce long mélodrame occidental était évidemment une ingérence dans les affaires de la Russie, cherchant à court-circuiter sa justice. Le scénario du « héros de la Liberté », fut continué même après le geste de clémence du président russe. Les Occidentaux ne désarmèrent pas pour autant et continuèrent d’attiser les braises de ce feu plus de 7 ans après sa libération. La première chose que Khodorkovski fit, fut de s’enfuir en Allemagne, puis de s’installer en Suisse (2014) et à Londres (2016). Sa fortune était encore estimée par le magazine américain Forbes, à 600 millions de dollars, qui avaient été préservés dans des banques occidentales et des paradis fiscaux.

Khodorkovski, le projet numéro 2 de la chute de la Russie. L’homme ne fut pas spécialement difficile à convaincre de déclarer… ses ambitions présidentielles en Russie. Il fit même une déclaration médiatique à Paris (20 septembre 2014). Cette sortie rapide de la forêt touffue des manigances occidentales, se faisait à un moment stratégique pour l’Occident : la réussite du Maïdan américain en Ukraine. Les médias occidentaux s’acharnèrent durant le coup d’État contre la Russie, et devinrent hystériques après le retour de la Crimée au giron russe et l’insurrection du Donbass. Les premières sanctions pleuvaient déjà, la France refusait de vendre les porte-hélicoptères Mistral commandés et payés par la Russie. Les médias français prédisaient la chute du régime russe dans les deux ans, notamment par le fait que la Russie sombrerait dans une crise économique et dans la disette (un délire reprit également en 2022, avec ici Hervé Causse, l’Institut Montaigne, Les Échos, Bloomberg, ou encore 24 heures). Il avait précédemment applaudi publiquement le Maïdan en Ukraine (4 et 9 mars 2014), en se rendant sur place, et fait incroyable, tenta même de se rendre sur le territoire des insurgés de Donetsk. Il fut renvoyé à Kiev. Le lancement de sa candidature s’accompagna d’une intense propagande médiatique en Occident, mais le projet numéro 2 (Navalny ayant été le projet numéro 1), capota bientôt dans une explosion judiciaire qui leva une partie du voile sur les raisons anciennes de son enrichissement. La Justice s’intéressa en effet à son passé, et l’inculpa pour avoir commandité au moins un assassinat, celui de Vladimir Petoukhov (1998), maire d’une localité et qui avait résisté aux manipulations et corruptions de IOUKOS. Peu de temps avant, la CEDH avait ressorti de son chapeau l’affaire IOUKOS, condamnant la Russie à verser des indemnités à Khodorkovski et aux anciens actionnaires de l’entreprise, pour un total de 1,86 milliards d’euros… et des frais juridiques estimés à 300 000 euros (31 juillet 2014). Il lança différents projets médiatiques en Russie, tentant de soutenir la propagande occidentale (2014-2017), mais pour des raisons encore floues, peut être électoralistes, il condamna Navalny qui s’était lancé dans une intense campagne d’opposition, et devînt effectivement de nouveau le projet numéro 1. L’assassinat de Petoukhov le rattrapa finalement en Russie, un mandat d’arrêt international fut lancé contre lui (11 février 2016). Installé à Londres, il se radicalisa encore vis-à-vis de la Russie, notamment en recréant la fondation OpenRussia, une organisation politique et sociale de promotion « d’une Russie libre et démocratique ». Il condamna l’opération spéciale en Russie (2022), et apporta son soutien à l’Ukraine. Il utilisa sa fortune pour financer un groupe de hackers et une organisation ayant pour but : « de traquer les criminels liés au Kremlin » (Dossier Center) (2018-à nos jours). Il fut placé sur la liste des agents de l’étranger par la Russie (20 mai 2022), et finalement recherché pour trahison (janvier 2024).

La mort de Navalny ouvre donc désormais de nouveau la route de Khodorkovski au projet numéro 2… de la CIA. Mais un conflit ouvert existe toujours avec sa veuve, et les Américains ou les Britanniques auront sans doute du mal à vendre le profil de l’ancien oligarque corrompu des temps troubles d’Eltsine. Les fantasmes occidentaux étant ce qu’ils sont, il reste toutefois toujours une sorte d’épouvantail à moineaux, ressorti de temps en temps par les médias en Europe et Outre-Atlantique.

Et pour en savoir un peu plus voici quelques autres biographies pour mieux comprendre :

Déclarations (publiques de Khodorkovski), qui furent des étapes marquantes de sa trajectoire, jusqu’à trahir son propre pays. Dès juillet 2015, il déclarait : « Poutine est une personne imprévisible et irrationnelle, il peut donc déclencher une 3e guerre mondiale ». Il déclara par la suite mais en 2022 : « la poursuite de l’opération spéciale après la défaite de l’Ukraine est le scénario le plus probable. Certainement contre les pays baltes, où les provocations continuent […], mais la troisième cible reste le Moyen Orient, une option de rechange, avec l’Iran ou la Syrie. Poutine vit dans une autre réalité, pas économique, pas politique, mais religieuse. Il se considère sérieusement comme le chef du monde post-américain. S’il lui apparaît qu’il n’y a pas d’autres options pour conserver le pouvoir, sauf par la guerre, alors il fera la guerre ». En 2022, il condamna la livraison d’armes de l’Occident à l’Ukraine, mais changea rapidement d’avis et appela les pays de l’OTAN à envoyer des armes lourdes en Ukraine.

Platon Lebedev (1956-), il fit des études supérieures en économie à Moscou (années 70-80), puis devînt le président de la banque MENATEP (fondée par Khodorkovski, 1991-1995). Il entra ensuite au conseil d’administration de la compagnie IOUKOS. Il fut arrêté dans le coup de balai donné dans la compagnie par l’État russe (2 juillet 2003). Il fut condamné pour corruption, non paiements de la compagnie des impôts dus à l’État (2005), à une peine de 9 ans de prison. Une autre affaire fut ouverte contre lui (2009), pour le détournement illégal de fonds de la compagnie à travers un système compliqué de blanchiment de l’argent (17 milliards de roubles). Il comparaissait pour cette affaire aux côtés de Khodorkovski. Après l’intervention de la CEDH et des pressions de l’Occident, affirmant qu’ils étaient des prisonniers politiques, la Justice russe les condamna tous les deux à 14 ans de prison (moins les années déjà purgées). Sa peine fut réduite en cassation à 13 ans, puis quelques années plus tard à 11 ans (2012). Il fut longtemps avec son patron, l’un des chevaux de bataille pour tenter d’avaliser la réalité « des répressions politiques en Russie ». Après maintes demandes de liberté conditionnelle, un tribunal ordonna sa libération (23 janvier 2014). Le prisonnier n’ayant pas remboursé une partie des 17 milliards de roubles dérobés, les poursuites judiciaires furent maintenues. L’argent étant en sécurité quelque part à l’Ouest, la procédure mourut d’elle-même. Contrairement à Khodorkovski, il préféra ensuite faire profil bas, et rentra dans l’anonymat.

L’État et l’Oligarchie (2003), célèbre rapport des services russes qui mirent à jour un projet de certains oligarques, dont Khodorkovski devant s’emparer du pouvoir et éliminer un certain nombre de politiques russes du moment, dont Vladimir Poutine. Le projet était de tenter de s’emparer du pouvoir par les voies démocratiques, de transformer ensuite la Russie en République parlementaire, où la Constitution serait changée, et les pouvoirs du président russe limités au minimum. Des enregistrements de différentes conversations furent révélés plus tard, entre les divers comploteurs, dont Khodorkovski. Lors de l’annonce de sa candidature à la présidence russe, ce dernier reprit le projet « de réforme constitutionelle », mais surtout, il déclara au Financial Times, qu’il était en négociation à cette époque avec des membres de la Douma, pour évincer le président russe (2008), et se faire nommer à sa place, afin de réaliser ce programme de « réformes » (décembre 2014).

OpenRussie (2001-2006, puis de l’étranger de 2014 à nos jours), organisation politique mais ayant une forme associative et de fondation, qui fut fondée par Khodorkovski et financée au départ par des fonds de la banque MENATEP (également propriété de Khodorkovski). La fondation cibla prioritairement l’éducation, l’éducation civique, l’information, la jeunesse, les jeunes parents et selon le modèle des réseaux de Soros, prétendait défendre les fondements de la démocratie et de la liberté. L’argent coulant à flots, la fondation ouvrit 50 bureaux dans les diverses régions du pays et commença son œuvre de sape. En 2004, elle annonça financer des projets à concurrence de 30 millions de dollars. Il fonda immédiatement une antenne à Londres, et reçut le soutien d’Henri Kissinger (1923-2023, ancien secrétaire d’État des États-Unis), de Jacob Rothschild (1936-2024, membre de la chambre des Lords, banquier d’affaires richissime) , de Bill Bradley (ancien candidat à la présidence américaine), d’Arthur Hartman (1926-2015, ambassadeur des USA en France et en Russie), et Mikhaïl Piotrowski (1944-, doyen de la faculté orientale de l’Université de Saint-Pétersbourg). La fondation forma des écoles civiques, des projets en direction des technologies de l’information, des projets de modernisation des bibliothèques et médiathèques, un lycée et internat pour les plus défavorisés, un atelier de journalisme, des antennes de « conseils citoyens », la création d’un prix littéraire, un institut d’économie ayant des ramifications avec la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les USA, une fondation de support de la démocratie (avec assistance juridique pour les « victimes » des lois russes ou de l’État russe, un Institut d’études internationales appliquées, un institut de politique étrangère. Ce projet était comme on le voit, le remplacement de l’État par une organisation bien pourvue en finances, et devant s’insinuer dans la société russe, à travers des projets sociaux ou caritatifs. Après la condamnation de Khodorkovski des perquisitions furent effectuées dans les différents bureaux de la fondation (2005). Les comptes de cette dernière furent confisqués, et des preuves de financements venants de l’Occident furent découvertes. Les comptes comprenaient 6 millions de dollars, et la fondation finançait 53 associations différentes dans 47 régions de la Fédération de Russie. Privée de son chef, de finances, la fondation fut liquidée par décision des membres de son conseil d’administration (avril 2006). Khodorkovski a relancé ses activités de l’antenne londonienne (2014). La fondation a été couchée par la Russie sur une liste d’ONG d’infiltration (avril 2017), alors qu’elle œuvrait toujours à travers des bénévoles et membres en Russie. La fondation annonça sa dissolution en Russie, pour prendre immédiatement un nouveau nom (2019), et tenta de s’enregistrer en vain comme association en Russie. De Londres, Khodorkovski a lancé un projet journalistique de propagande qui ne décolla pas (quelques milliers de visiteurs sur leur site par mois), et appela au boycott des élections en Russie (2016). Il lança aussi une « Télévision » (bloquée en février 2018), des universités ouvertes et un prix pour les jeunes journalistes (adoubés par leur propagande occidentale). Les jeunes primés étaient récompensés de subventions et de prix en argent. Jusqu’à nos jours, il existe en Russie quelques fanatiques toujours liés à la fondation, qui ne peut plus désormais dérouler sa propagande en Russie.

Vladimir Petoukhov (1949-1998), originaire de la région d’Arkhangelsk, il fit des études supérieures dans le domaine minier et pétrolier. Il effectua son service militaire, puis travailla dans une équipe de forage, dans la petite ville de Nefteiougansk (années 70-80). Après avoir repris plusieurs fois des études, il défendit un doctorat dans sa spécialité (1987), et retourna à ses activités. Il fut élu conseiller municipal de Neftiougansk (1994), puis fut élu maire (1996). Il accusa bientôt la compagnie IOUKOS de ne pas verser les taxes devant revenir à la ville, et de voler les salaires des employés de la compagnie de la région. IOUKOS avait en effet dans sa main, le chef de l’administration fiscale de la région, recevant des pots de vin. La compagnie selon le maire devait une somme colossale à la petite ville, et ne pouvant faire bouger les autorités judiciaires locales, annonça entamer une grève de la faim. La presse sollicitée, le gouverneur local de la région annonça après une semaine qu’une enquête serait diligentée. Petoukhov fut alors assassiné, abattu par un tir d’arme automatique (26 juin 1998), en se rendant au travail. Son épouse tenta d’écrire au Président Eltsine, demandant justice et dénonçant IOUKOS et Khodorkovski. Il n’y eut aucun résultat à cette démarche, alors que les habitants manifestèrent, bloquèrent les routes dans la localité pétrolière, envahirent les bureaux de IOUKOS, brisèrent les vitres et saccagèrent les bureaux locaux de la compagnie. Une enquête policière découvrit bientôt les assassins, des sbires d’un groupe mafieux qui avaient été employés pour faire le sale travail (Popov et Prikhodko). Pour qu’ils ne puissent parler et que l’on remonte à IOUKOS, ces deux hommes furent assassinés par balles, à Neftiougansk et Tiumen. L’affaire fut classée. Toutefois, Alexeï Pitchougine, chef de la sécurité de l’entreprise IOUKOS, fut arrêté (juin 2023), et condamné pour avoir organiser différents meurtres pour la compagnie et selon les ordres de Khodorkovski (2005). Il fut désigné après enquête comme l’organisateur de l’assassinat de Petoukhov, puis condamné pour cette affaire, avec des complices, à 24 ans de prison (août 2006). Après appel, la peine fut alourdie à la réclusion à la perpétuité (2007).

Leonid Volkov (1980-), voir l’article sur la 5e colonne que j’avais publié, l’homme a rencontré il y a peu Wendy Sherman, ex sous-secrétaire d’État américaine. Volkov était l’ancien chef du QG de Navalny, il pourrait être le projet numéro 1, avec la veuve du défunt agent occidental.

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