Le bataillon Kirovograd est une unité qui comme toutes celles que je traite depuis quelques temps n’ont pas été remarquées par les médias à leur formation et durant leur service sanglant dans le Donbass. Son commandant, le colonel Sherbina est un criminel de guerre qui eut sous ses ordres le sinistre bataillon Dniepr-2 épinglé par diverses organisations comme Amnesty International et de défense des droits de l’Homme. Très bavard, il a avoué à la fois avoir collaboré aux répressions politiques sauvages avec le SBU dans la région de Toretsk et Artemovsk, mais aussi la formation depuis de longue année de l’unité et de l’armée ukrainienne par des instructeurs de l’OTAN et « le concours d’armées étrangères ». Dans les premières années le bataillon fut aussi lié au Parti National-Socialiste d’Ukraine, le parti Svoboda et était une unité largement contaminée par le néonazisme et le bandérisme. Beaucoup des hommes qui ont servi dans ses rangs furent ensuite démobilisés, mais à l’heure actuelle l’immense majorité sont retournés combattre sur le front, avec les résultats idéologiques que l’on imagine sur la mentalité de la soldatesque ukrainienne. A ce jour le bataillon existe toujours et est une composante de la 57e brigade motorisée qui se trouve en ce moment sur les positions en face de Kherson.
Oleg Tyagnibok, chef du Parti National-Socialiste d’Ukraine, parrain du bataillon. L’un destout premiers bataillons de représailles formés en Ukraine pour être envoyé dans le Donbass. Sa formation intervenait alors que déjà la République de Kharkov avait été proclamée et très vite écrasée par des troupes de police, du SBU et des ultranationalistes venus d’autres régions de l’Ukraine et transportés là pour participer à la répression. Mais l’affaire s’envenima bientôt dans le Donbass, avec les événements de la ville de Slaviansk, où l’on releva les premiers morts, le Donbass entrait de fait en ébullition et bien vite l’insurrection éclata. Suite à la décision de confier aux administrations régionales la formation de bataillons de défense territoriale, le bataillon Kirovograd, fut formé l’un des premiers, dans la ville et la région du même nom. Les tâches du bataillon furent définies comme « la lutte contre les groupes de saboteurs », un mythe tiré de la propagande ukrainienne qui communiquait à l’époque sur les « saboteurs russes » qui étaient censés opérer sur le territoire ukrainien. Bientôt le nom changea pour celui des « terroristes séparatistes ». La subtilité était importante car il s’agissait de déshumaniser les Russes ethniques de l’Est de l’Ukraine et faire d’eux de vulgaires terroristes qui dès lors sortaient du cadre légal de la loi ukrainienne. Ils pouvaient être arrêtés et tués sans autre forme de procès. Bientôt ils furent aussi emprisonnés illégalement dans des simulacres de procès et la torture généralisée par le SBU et les pires unités de bataillons de représailles et du Pravy Sektor (DUK, Corps des volontaires ukrainiens, organisation militaire néonazie calquée sur celle de la waffen SS). Le bataillon eut comme parrain le député de la Rada et également chef du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Oleg Tyagnibok, néonazi patenté qui dans ses meetings avait tendance à faire de multiples saluts hitlériens. Le recrutement se concentra au départ sur des volontaires ayant une expérience militaire, mais recruta très vite des ultranationalistes et participants aux violences du Maïdan. L’équipement du bataillon fut problématique, outre les fonds de la ville et de la région, ce furent des sponsors privés et des entrepreneurs qui financèrent les premiers besoins de l’unité. L’hôpital de Kirovograd envoya également des vivres et des pansements, alors qu’un camion ZIL-130 était donné par une entreprise agroalimentaire (mai-novembre 2014). La prestation de serment de l’unité se déroula en présence des fameux trois parrains, à Kirovograd (16 juin 2014).
Un colonel très bavard qui avoue que son unité est formée par des instructeurs de l’OTAN. Il fut d’abord déployé dans la région de Melitopol, région Sud de l’Ukraine et à l’arrière de Marioupol. Il s’occupa à cette date de former des barrages routiers et de faire la chasse aux pro-russes. Il s’agissait d’une avant-garde des hommes qui étaient prêts, qui se mirent en marche (14 mai 2014), et occupèrent également la centrale hydroélectrique de Kakhovsk où des militants avaient accroché des drapeaux russes. La crainte était alors que les populations majoritairement pro-russes de cette région puissent rejoindre les insurgés du Donbass. Une seule compagnie du bataillon fut d’abord envoyée sur le front, puis devant l’urgence de la situation et la défaite de la bataille des frontières (août-septembre 2014), il fut envoyé entièrement sur le front, dans la région de Debaltsevo et Gorlovka. Il avait été versé dans l’armée ukrainienne et transformé en 17e bataillon motorisé (novembre). Sa base arrière fixée dans la ville de Dzerjinsk, une ville de l’ancien oblast de Donetsk, non loin d’Artemovsk, dont le nom fut changé pour des raisons politiques par celui de Toretsk (16 janvier 2015). Pendant longtemps il resta donc à l’arrière, mais avec son arrivée dans cette garnison (28 décembre), il fut bientôt bombardé par l’artillerie républicaine (29-31 décembre). Il fut bientôt engagé durant la seconde bataille de Debaltsevo (janvier-février 2015), recevant entre temps l’apport de nombreux conscrits de la mobilisation. Les premiers enrôlés et mobilisés eurent la possibilité de rentrer chez eux, mais 70 signèrent alors un contrat dans l’armée ukrainienne et furent remplacés par des conscrits et enrôlés (printemps 2015). Les vétérans rentrés chez eux formèrent à Kirovograd une association du nom de Fraternité de Combat, suivie de l’Union régionale des combattants. Après avoir subi des premières pertes, dont une centaine de blessés, il fut finalement renvoyé à l’arrière (18 octobre), et forma la 57e brigade motorisée, avec deux autres bataillons formés par la région de kirovograd, le 34e et 42e bataillons motorisés (ce dernier étant au départ le bataillon Roukh Oporou). Après une deuxième rotation, le bataillon fut renvoyé à l’arrière au repos dans la région de Kherson (avril 2016). Les mobilisés de la 4e vague de mobilisation furent renvoyés dans leurs foyers. Sur 480 démobilisables, seuls 40 acceptèrent de signer un nouveau contrat dans l’armée ukrainienne. Après avoir reçu une nouvelle vague de mobilisés et des engagés sous contrat de l’armée ukrainienne, le bataillon fut renvoyé sur le front (automne 2016). Le bataillon stationna un moment devant l’isthme de Crimée, puis fut envoyé sur des positions en face de la ville insurgée de Donetsk (juin 2017), et où il se trouvait toujours plus d’un an plus tard (septembre 2018). Selon les propres dires du colonel Sherbina, sous son commandement furent tués 18 soldats et 300 autres blessés. Il déclarait également dans un article que son unité et l’armée ukrainienne était entraînée et préparée déjà depuis longtemps par les forces de l’OTAN : « maintenant dans l’armée, il y a la possibilité d’apprendre l’anglais, en collaboration avec d’autres armées, toutes sortes de conférences, de cours et d’exercices sont organisés. Beaucoup d’instructeurs de l’OTAN viennent en Ukraine pour préparer nos officiers et nos unités en général » (9 septembre 2018). Il évoque dans cette longue interview le problème du suicide des soldats ukrainiens, perdant leurs forces morales sur le front et ayant des envies suicidaires. Sans donner de nom, il évoque également le cas d’un chauffeur de Kamaz, qui était sur le point de craquer et fut envoyé au repos et en permission. Il se suicida chez lui en rentrant. Les réflexions de l’officier était que les hommes devaient être envoyés d’abord dans un centre de réadaptation à la vie civile afin d’être certain qu’ils ne sombrent pas dans la dépression, l’alcool ou le banditisme. Ces déclarations posent bien sûr la question de ce qui était demandé justement à ces soldats pour finir dans un tel état ? Des questions pour l’instant sans réponse, mais que l’on peut imaginer. Il évoquait aussi les problématiques sociales du bataillon, en particulier les cas de soldats qui ne payaient plus les pensions alimentaires de leurs enfants, des cas très répandus pour les pères divorcés en Ukraine. Après le départ du très bavard colonel Sherbina, les informations se sont raréfiées sur le bataillon Kirovograd et la 57e. L’unité combat en ce moment, et aux dernières nouvelles, en face des positions russes de Kherson (automne 2022), et fait partie des unités les plus expérimentées de l’armée ukrainienne.
Un conglomérat de vieux soldats, de bandéristes et de conscrits envoyés à la boucherie. L’analyse des profils des combattants tués dans les rangs du bataillon et d’autres personnages montrent clairement le phénomène que nous avons déjà vu dans d’autres bataillons de représailles recrutés régionalement : 1) la charpente du bataillon constituée de vieux soldats, d’ultranationalistes et de néonazis bandéristes, 2) l’arrivée dans un deuxième temps de nombreux mobilisés de la conscription, 3) le versement dans l’armée régulière. Par chance, les bavardages nombreux du colonel Sherbina montrent aussi des faits souvent occultés, le soutien puissant de l’OTAN pratiquement dès le départ du conflit, mais aussi la participation aux répressions politiques dans le Donbass. Arrivé sur le front tardivement, les Ukrainiens avaient appris à cacher les crimes et seules des recherches dans les villes libérées occupées par le bataillon pourront exhumer des témoignages qui comme partout mettront à jour des horreurs sans nom. Comme toujours, il est triste de constater à quel point la chair à canon des conscrits fut sacrifiée. Ce sont eux en effet qui le plus souvent ont payé le prix du sang, beaucoup également par ignorance et inexpérience. Quelques profils montrent cependant bien les implications politiques, et même dérives, et le profil des trois parrains de l’unité est également sans appel. Enfin remarquons que le bataillon était sans doute touché partiellement par l’alcoolisme au vu des morts suspectes qui sont relevées.
Édouard Bershadskiy (1984-2019), originaire de Kirovograd, il se porta probablement volontaire pour rejoindre les bataillons de représailles envoyés dans le Donbass (à une date inconnue). Il mourut « dans l’exercice de ses fonctions », dans le village de Nevelske, près de Yassinovataya, le 11 mars 2019. Le peu d’informations découvertes à son propos laissaient un doute sur les circonstances de sa mort peut-être peu glorieuses. Il fut en fait tué ainsi qu’un autre soldat et un troisième blessé, se trouvant sur position dans un abri. Ils jouaient avec une grenade probablement sous l’emprise de l’alcool et se firent sauter avec elle par accident.
Andreï Bespalov (1971-2017), fils d’un militaire il naquit à Tcheliabinsk en Russie, puis déménagea avec ses parents à Kirovograd (1986). Il fit des études secondaires puis intégra une école militaire soviétique à Kaliningrad, puis passa dans une école d’ingénierie à Kirovograd (diplômé en génie mécanique). Il travailla ensuite dans diverses entreprises du privé, et se porta volontaire pour intégrer les bataillons de représailles partant dans le Donbass (août 2014). Il servit au départ dans la compagnie de soutien, puis dans une section d’artillerie antichar sur le front. Alors qu’il était sous-lieutenant, il demanda à être versé dans les sections de reconnaissance (printemps 2017), ce qui lui fut fatal. Il fut tué près du village de Nevelske, et fut tué par une mine antipersonnelle bondissante, le 16 octobre 2017. Il fut enterré à Kirovograd (19 octobre), et laissait une veuve et un fils (né en 2002). Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (22 janvier 2018).
Andreï Boïko (?-), fanatique bandériste, il s’enrôla dans le bataillon Kirovograd (avril 2014), et fut le commandant de la seule compagnie qui fut envoyée au combat après la bataille des frontières (août-septembre). Il fut adjoint à la 72e brigade mécanisée qui avait été taillée en pièce durant les combats.
Vladimir Boulitchenko (1975-2017), fils de militaire ukrainien, né en Hongrie à Debrecen, il vécut en Ukraine, où il vécut une vie tranquille, puis perdit son épouse et dut élever seul son fils et ses deux filles jumelles. Il s’était installé dans la région de Kherson, et se remaria (2016). Pour des raisons sans doute financières, il s’enrôla dans l’armée ukrainienne (18 juillet 2016), et fut versé dans le bataillon Kirovograd. Il servit comme caporal et conducteur d’un véhicule blindé. Il fut mortellement blessé, d’une balle qui frappa sa mitrailleuse et vînt se loger dans son foie, dans le village de Nevelske. Il mourut lors de son évacuation vers un hôpital, le 18 juillet 2017. Il fut enterré par sa famille (21 juillet), et laissait une veuve et quatre enfants, dont le dernier en bas âge. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (22 janvier 2018).
Sergeï Boukoros (?-), il servit durant la guerre d’Afghanistan durant l’URSS (fin des années 80), puis ensuite dans l’armée ukrainienne où il atteignit le grade de lieutenant-colonel. Il participa à des missions de maintien de la Paix de l’ONU (années 90 et début des années 2000), puis prit sa retraite et fut placé dans la réserve. Il fut mobilisé ou se porta volontaire et incorpora le bataillon Kirovograd à sa formation (avril-mai 2014). Il commanda l’unité pendant les premiers de son existence, mais son unité, mis à part une compagnie de 80, ne participa pas aux premiers combats. Il fut bientôt remplacé par le lieutenant-colonel Sherbina (septembre).
Demyan Danilov (1997-2021), originaire de la région de Lvov, orphelin de père depuis l’âge de 4 ans. Il fit des études professionnelles et intégra un dépôt de réparation et d’entretien du matériel ferroviaire à Lvov. Il entama des études par correspondance, à l’université de la ville, en histoire. Il fut appelé au service militaire au moment des événements de l’insurrection du Donbass (2014). Après avoir fini ce dernier (2015), il signa un contrat dans l’armée ukrainienne et fut versé dans le bataillon Kirovograd. Il renouvela son contrat et servit longtemps sur le front statique du Donbass. Il fut tué lors d’un bombardement de mortier des Républicains, dans un village près de Lougansk, le 13 septembre 2021. Il fut décoré à titre posthume par le Président Zelensky (21 janvier 2022).
Vladimir Drozd (1991-2016), originaire de la région de Khmelnitski, il fit des études secondaires puis fut appelé au service militaire (2010-2011). Il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel (août 2015). Il fut incorporé au bataillon Kirovograd, et envoyé sur le front. Il fut tué par un tir de mortier des Républicains, le 30 janvier 2016, un de ses camarades étant grièvement blessé. Le bombardement le tua sur la position non loin de Zaïtsevo au Nord de Gorlovka. Il fut enterré dans son village natal (2 février), et décoré à titre posthume par le Président Porochenko (25 avril), recevant le lendemain le titre de citoyen d’Honneur de son village. Une plaque commémorative fut aussi installée dans son école (27 janvier 2017).
Igit Gasparian (1986-2015), d’origine arménienne, mais né dans la région de Kirovograd, il fit des études secondaires et effectua son service militaire dans la flotte ukrainienne. Il s’enrôla volontairement dans le bataillon Kirovograd (avril 2014), pour des raisons idéologiques et participa aux combats dans le Donbass. Il fut tué près de Gorlovka, dans un assaut des Républicains qui submergea sa position, le 10 février 2015. Il fut enterré dans son village natal (13 février), et laissait une veuve et deux enfants mineurs. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (13 août), puis une rue de Kirovograd fut renommée en sa mémoire (2016), et une plaque commémorative installée (1er septembre 2015).
Andreï Godzenko (1966-2016), originaire de Lvov, il effectua son service militaire dans l’armée soviétique (1985-1987). Puis il fit des études supérieures et devînt ingénieur (1990). Il s’installa à Kiev et travailla pour la compagnie gazière Naftogaz. Ultranationaliste et bandériste, membre du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, il participa dans une compagnie d’autodéfense à la Révolution américaine du Maïdan (hiver 2013-2014). Alors que la situation se dégradait sur le front, il se décida à s’enrôler volontairement pour les bataillons de représailles dans le Donbass (janvier 2015). Il fut rapidement appelé (12 février), et bientôt incorporé au bataillon Kirovograd. Il servait au grade de caporal et fut grièvement blessé par des éclats d’obus (septembre). Il fut évacué à l’hôpital militaire d’Irpen, mais retourna au front sans finir sa convalescence. Il se comporta de manière arrogante durant tout son service, détruisant les symboliques soviétiques et des monuments aux morts ou à Lénine, accrochant partout des drapeaux ukrainiens en particulier dans le village de Zaïtsevo, qu’il qualifiait lui-même de « putain de Zaïtsevo ». Violent et hâbleur il était surnommé « Godzilla ». Il fut tué dans le « putain de Zaïtsevo », par un tir de mortier républicain, le 31 mars 2016. La propagande ukrainienne tenta de changer l’histoire en affirmant que « sa gentillesse » le faisait apprécier et aimer « par les séparatistes pro-russes » qui peuplaient la région. Il fut enterré dans un cimetière militaire à Kiev, cérémonie qui donna lieu au rassemblement de nombreux ultranationalistes bandéristes et néonazis. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (21 mars 2016 et 22 janvier 2018). Il était souvent le sujet d’interviews, la veille de sa mort il dénonçait le fait que le charbon du Donbass était acheté par l’Ukraine. Des manifestations d’extrémistes eurent lieues à Kiev, pour que la rue de Moscou soit renommée en sa mémoire (6 avril), une pétition rassembla 5 118 signatures qui ne changèrent rien. Furieux, les bandéristes bloquèrent la tribune du Conseil municipal (12 octobre 2017). Ces fanatiques arrachèrent les plaques de la rue qu’ils remplacèrent par le nom de Godzenko, mais la proposition ne fut pas acceptée. Une petite ville de la région de Kiev rebaptisa cependant une rue en sa mémoire (6 décembre 2016). Comme souvent dans le culte des héros ukrainiens, les combattants sont « des légendes », un culte permettant de manipuler les populations et de créer dans le sang la Nation ukrainienne. Les commentaires haineux et racistes sous cet article montrent bien l’effet recherché par une telle propagande. Il laissait une veuve et deux fils, aussi fanatiques que lui.
Sergeï Golev (1997-2017), originaire de la région de Kirovograd, les conditions de son engagement ne sont pas connues, mais potentiellement il fut mobilisé. Il fut incorporé au bataillon Kirovograd et envoyé sur le front. Il fut tué dans les environs du village de Nevelske, près de Yassinovataya, le 22 octobre 2017. Il n’y a pas d’autres détails, ce qui pose des questions sur les circonstances de sa mort, également par le fait qu’il ne fut pas médaillé. Seuls les soldats morts dans des circonstances honteuses ou idiotes ne furent pas décorés à titre posthume en Ukraine.
Nikolaï Gontcharouk (1984-2015), originaire de la région de Khmelnitski, il fit des études secondaires et s’installa dans la région de Nikolaïev. Il tomba sous le coup de la mobilisation pour les bataillons de représailles dans le Donbass et répondit à l’appel (automne 2014). Il fut tué par un bombardement des mortiers républicains, le 21 mai 2015. Il laissait une veuve et deux enfants et fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (8 avril 2016). Il fut fait aussi citoyen d’Honneur de sa ville natale, et deux plaques furent installées dans son école et dans son village (29 janvier et 21 mai 2016).
Andreï Ilyne (1984-22 janvier 2015), originaire de la région de Kirovograd, mais sa famille déménagea dans la région de Krementchuk. Il fit des études secondaires puis travailla dans une entreprise de télécommunications. Il fut mobilisé pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (mars ou avril 2014), et fut incorporé dans le bataillon Kirovograd, grade de lieutenant. Il fut tué lors d’un bombardement de l’artillerie républicaine, près de Gorlovka, le 22 janvier 2015. Son corps fut abandonné et resta longtemps sur le champ de bataille. Il fut rendu à la partie ukrainienne et enterré dans sa ville natale (11 février). Le colonel Sherbina raconte à son sujet : « Andreï Ilyne fut simplement déchiqueté et dispersé en molécules… On n’a trouvé qu’un morceau de son foie, et après avoir appelé son père, il est venu et a emmené les restes pour une analyse ADN à Zaporojie. Après que l’ADN eut coïncidée, le père d’Andreï est retourné au bataillon pour compléter les documents sur sa mort. Il transportait le foie de son fils dans une enveloppe. Nous étions alors à Toretsk, à la morgue, nous avons dû demander le certificat de décès, le médecin légiste a demandé comme cela était possible de le lui donner vu qu’il n’y avait pas de corps, mais finalement lui a remis ». Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (15 mai), puis par le Conseil régional de Poltava (21 octobre), et du titre de Héros de l’Ukraine (9 juin 2017). Deux plaques furent installées dans sa ville et sur son école (8 juin 2015).
Vyastoslav Khanenko (1953-), originaire de la ville de Rivne, il fit des études de médecine, diplômé comme ambulancier (1972), puis servit comme infirmier dans l’armée soviétique (1972-1974). Il poursuivit ses études de médecine à son retour (1974-1981), et travailla comme anesthésiste dans un service gynécologique dans un hôpital de Kiev (1981-1989). Il fut ensuite médecin en chef (1989-1997), puis directeur d’un centre médico-social à Kiev (2004-2005). Il fut nommé vice-ministre de la Santé d’Ukraine (mars-octobre 2005), dans le gouvernement du président Iouchtchenko, élu député plusieurs fois dans le Conseil municipal de Kiev. Il était membre du parti de ce président, Notre Ukraine (2002-2007), puis entra dans l’opposition et démissionna (16 octobre 2007). Il entra bientôt dans le Parti National-Socialiste d’Ukraine (1er avril 2008), chef du parti pour la région de Kiev, élu député au Conseil municipal de la ville sous cette étiquette (2010). Il fut élu député de la Rada d’Ukraine, toujours pour ce parti néonazi (12 décembre 2012), mais ne fut pas réélu après le Maïdan (2014). Il avait été nommé chef du service médical des émeutiers et des compagnies d’autodéfense du Maïdan, qui firent tomber le Président Ianoukovitch (hiver 2013-2014). Il était l’un des parrains du bataillon Kirovograd lorsqu’il fut formé et présenté au public (printemps). Il fut touché par un énorme scandale médiatique à la même époque, lorsqu’il fut révélé qu’il se livrait à un trafic important de médicaments. Durant le Maïdan, il avait tenté de prendre le contrôle des pharmacies de plusieurs grands hôpitaux de la ville, alors que les médicaments n’étaient pas destinés au soin des émeutiers, mais à être vendus via des réseaux mafieux. Les médicaments et matériels saisis étaient emportés dans les locaux du centre médical privé Sirets, dont le directeur était le député lui-même, puis son épouse Tatiana (janvier-février 2014). Le couple déclara que les médicaments étaient sécurisés pour ne pas tomber entre les mains des forces de police loyalistes de Ianoukovitch. Plus tard il fut aussi impliqué dans un autre scandale au sujet d’une splendide propriété, achetée pour un prix ridicule et dans des circonstances troubles pour son usage privé. Son fils fit également des études de médecine et a reçu une partie de son éducation en Europe de l’Ouest et aux USA (ce qui provoqua aussi un autre scandale sur son train de vie et l’origine des fonds dépensées à profusion dans des voyages notamment à Paris). Il a fait fortune très rapidement en investissant dans des cliniques privées et est devenu un homme d’affaires au portefeuille bien rempli. Son père après les différentes scandales a disparu des radars médiatiques.
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Vadim Kharti (1987-2015), originaire d’Ouman dans la région de Tcherkassy, il fut élevé avec son frère par sa seule mère, et fit des études secondaires. Il s’était installé dans la région de Kirovograd, lorsqu’il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel (automne 2014). Il fut versé dans le bataillon Kirovograd, et fut envoyé dans la région de Gorlovka. Lors de la bataille de Debaltsevo, son unité fut submergée par les Républicains et il fut tué le 10 février 2015. Il laissait une veuve et deux garçons de 4 et 5 ans. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (13 août).
Vitaly Kostiouk (1976-2015), originaire de la région de Kirovograd, les circonstances de son arrivée dans le bataillon Kirovograd ne sont pas connues. Il fut envoyé sur le front du Donbass, et participa à la bataille d’Ilovaïsk (août-septembre 2014), durant la bataille perdue des frontières. Il reçut une blessure à la tête sur une position en face de Gorlovka (8 janvier 2015). Il fut rapatrié à l’hôpital militaire de Kharkov où il mourut le 16 janvier 2015. Il laissait une veuve et une fille. Il fut décoré à titre posthume de la croix d’Ilovaïsk.
Alexeï Koulenko (1997-2021), originaire de la région de Kirovograd, il fit des études professionnelles en mécanique auto. Il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel (2015). Il fut incorporé dans une unité parachutiste, puis après prolongement de son contrat à plusieurs reprises dans l’infanterie de marine et enfin dans le bataillon Kirovograd (avril 2021). Il fut tué lors d’un bombardement de mortier des Républicains, dans un village de la région de Lougansk, le 11 septembre 2021. Il laissait une ex-femme et trois filles, et fut décoré à titre posthume par le Président Zelensky (21 janvier 2022).
Youri Kovaltchouk (1991-2015), originaire de la région de Jytomyr, il fit des études professionnelles dans les transports et la logistique, puis travailla dans une raffinerie de sucre. C’était aussi un joueur amateur de football dans un club local, et il fut appelé au service militaire dans l’armée ukrainienne. Il fut mobilisé pour rejoindre les bataillons de représailles envoyés dans le Donbass (8 août 2014), et répondit à l’appel. Il fut versé dans le bataillon Kirovograd, comme assistant tireur de lance-grenades, soldat de 1ère classe. Il fut grièvement blessé lors d’un combat dans les faubourgs de Gorlovka (nuit du 22 au 23 juillet), et fut évacué à l’hôpital militaire de Dniepropetrovsk. Il mourut de ses blessures reçues à la tête et à la poitrine, le 29 juillet 2015. Il laissait une veuve et un fils, et fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (22 septembre), une plaque commémorative fut installée dans son école et une rue renommée en sa mémoire (13 octobre).
Stanislas Linevsky (1987-2015), originaire de la région de Vinnytsia, il fit des études secondaires et entra dans la vie active. Ses conditions d’engagements ne sont pas connues, il fut probablement mobilisé et versé dans le bataillon Kirovograd, servant d’une pièce antichar. Il mourut dans un accident de voiture dans des conditions peut-être liées à l’alcoolisme très répandu dans l’armée ukrainienne (25 novembre 2015). Il fut enterré trois jours plus tard dans son village natal et une plaque fut tout de même installée dans son école (5 décembre 2016).
Vitaly Lioushniak (1996-2019), originaire de la région de Kirovograd, il tomba sous le coup de la mobilisation et répondit à l’appel. Il fut incorporé au bataillon Kirovograd, servant comme simple soldat et assistant tireur de lance-grenades. Il mourut « dans l’exercice de ses fonctions », dans le village de Nevelske, près de Yassinovataya, le 11 mars 2019. Le peu d’informations découvertes à son propos laissaient un doute sur les circonstances de sa mort peut-être peu glorieuses. Il fut en fait tué ainsi qu’un autre soldat et un troisième blessé, se trouvant sur position dans un abri. Ils jouaient avec une grenade probablement sous l’emprise de l’alcool et se firent sauter avec elle par accident.
Youri Litvinenko (1979-2015), originaire de la région de Kharkov, il fut orphelin de père à l’âge de trois ans. Après des études secondaires, il effectua son service militaire dans l’armée ukrainienne (2001-2002), puis retourna à la vie civile. Il travailla comme chef de la sécurité dans plusieurs banques avant d’être licencié. Il décida de reprendre des études supérieures, et étudia le droit à Kharkov, puis l’économie obtenant une maîtrise (2007). Il s’enrôla volontairement pour rejoindre les bataillons de représailles (2 février 2015), et fut versé au bataillon Kirovograd, au grade de lieutenant. Il fut grièvement blessé lors d’un bombardement des Républicains, et succomba d’une crise cardiaque dans l’hôpital de la ville de Toretsk, le même jour, 16 décembre 2015. Il laissait une veuve et une fille et fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (8 avril 2016), tandis que des plaques commémoratives étaient installées, dans un foyer et dans son école (21 mars et 24 mai 2017).
Sergeï Makarov (1990-2015), originaire de la région de Nikolaïev, il fit des études secondaires puis effectua son service militaire et travailla dans le civil. Il fut mobilisé pour combler les pertes de la défaite de Debaltsevo (mars 2015) et répondit à l’appel. Il fut versé au bataillon Kirovograd, et fut tué lors d’un bombardement républicain, sur les positions de Mariinka, le 23 juin 2015. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (4 février 2016), et fait citoyen d’Honneur de sa ville (19 avril 2019).
Diana Makarova (?-), fanatique ultranationaliste qui fut très active durant le Maïdan, elle se fit connaître d’abord dans l’Association des volontaires du Peuple. Elle créa ensuite une fondation qui par narcissisme fut dénommée Fondation Diana Makarova, bien qu’elle s’en défende. Le but de la fondation était de rassembler des fonds, des équipements, casques, gilets pare-balles, nourritures et tout ce qui serait possible de rassembler pour les bataillons de représailles lancés contre le Donbass. La fondation s’appuyait sur sa notoriété de blogueuse et ouvrit bientôt des pages destinées à faire de la collecte et de la propagande en Allemagne, en France, au Canada et aux USA. Elle indiquait dans une interview recevoir de France d’importantes sommes d’argent, mais aussi des colis de la diaspora ou de Français contaminés par la propagande ukrainienne. Elle indiquait recevoir aussi des fonds de Russie et de Biélorussie de personnes trahissant clairement leurs pays et souhaitant la victoire de l’Ukraine. L’association, à part quelques salariés comme elle, utilisait des bénévoles. Elle dénonçait ce qu’elle appelait des « associations de bénévoles gris », qui collectaient de l’aide humanitaire pour les Russes ethniques de l’Est et ceux du Donbass, qualifiant leurs actions d’anti-ukrainienne et invitant les autorités à les arrêter et à les réprimer, dans une interview (2 avril 2015). Elle était une amie d’Ekaterina Noskova et fournissait de l’aide au bataillon Kirovograd et à beaucoup d’autres unités. Par la suite elle retourna également à sa plume en étant employée à la pige par divers médias nationalistes ukrainiens dont Obozrevatel. Le journal annonçait la chute rapide et prochaine du Président Poutine suite à sa décision de faire une mobilisation partielle (24 septembre 2022).
Nikolaï Metlinskiy (1970-2018), originaire de la région de Kirovograd, il fit des études secondaires puis effectua son service militaire dans la marine soviétique (1987-1990). A son retour, il reprit des études dans l’agriculture, puis intégra l’école de police nationale de Kherson. Il ne semble pas avoir réussi le diplôme et travailla ensuite dans le privé, notamment dans un abattoir. Il faisait partie d’un mouvement de motards « de Cosaques libres », creuset d’ultranationalisme et du bandérisme et même parfois du néonazisme. Il supporta la révolution du Maïdan, et devant la tournure des événements dans le Donbass, s’enrôla volontairement dans l’armée ukrainienne. Il fut versé dans la 55e brigade d’artillerie et livra des combats dans la région d’Avdeevka en face de Donetsk (2014-2015). Il fut démobilisé et rentra chez lui, mais sa fille aussi fanatisée que lui signa un contrat à son tour et il demanda à l’accompagner. Ils furent versés tous les deux dans le bataillon Kirovograd (2016). La position où il se trouvait, le village de Nevelske, près de Yassinovataya fut attaquée et bombardée par les Républicains. Il fut grièvement blessé à la tête, en couvrant de son corps une infirmière (25 mai 2018), et fut transporté à l’hôpital de Mechnikova. Il subit plusieurs opérations, mais il mourut de ses blessures dans la nuit du 1er juin 2018. Il fut enterré à Kirovograd (4 juin), et fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (23 août), tandis qu’une plaque commémorative était installée dans son école (12 octobre). La fille de Metlinskiy, Yaroslava (née en 1992), continua son service avec l’esprit de vengeance que l’on imagine. Même si elle fut démobilisée par la suite, il est probable qu’elle se présenta comme volontaire en 2022.
Victor Motishen (1983-2017), originaire de la région de Kherson, il fut incorporé dans le bataillon Kirovograd, probablement par le fait de la mobilisation (entre 2014 et 2016). Il servait au grade de sergent et comme conducteur de véhicules blindés. Il mourut « de manière tragique » dans le village de Nevelske, près de Yassinovataya. Il laissait une veuve et ne fut jamais médaillé, ni une plaque commémorative installée en sa mémoire. Ce fait indique qu’il mourut certainement durant une beuverie qui se termina mal, ou lors d’un accident idiot provoqué par la bêtise ou même l’alcool.
Vladimir Movtchaniouk (1983-2020), originaire de la région de Vinnytsia, il fut mobilisé pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (2 février 2015), et fut incorporé au bataillon Kirovograd (mai), servant dans une section de mortier, puis dans une section de mitrailleurs. Il renouvela son contrat par deux fois, nommé caporal et commandant d’une section de lance-grenades (août 2018). Il se trouvait en première ligne dans un poste d’observation lorsqu’il fut tué par un tireur d’élite républicain, le 30 mars 2020, dans la région de Pervomaïsk et non loin de Yassinovataya. Il fut enterré dans son village natal (2 avril), et médaillé à titre posthume par le Président Zelensky (25 mai).
Dmitri Naoumov (1983-2017), originaire de la région de Kherson, il fit des études secondaires puis effectua son service militaire dans l’armée ukrainienne. A son retour à la vie civile, il travailla comme agent de sécurité pendant une dizaine d’années. Il se porta volontaire pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (printemps 2014), et fut incorporé dans le bataillon Kirovograd. Il participa à toutes les batailles de l’unité, et sauta sur une mine, lors d’une reconnaissance près du village de Neveldke, le 15 juillet 2017. Il fut enterré trois jours plus tard dans son village (18 juillet), et fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (22 janvier 2018). Une plaque commémorative avait été installée dans son école (26 octobre 2017). Il laissait une veuve et trois fils (nés en 2007, 2010 et 2015).
Ekaterina Noskova (1989-2015), originaire de la région de Kirovograd, elle vit des études professionnelles et devînt factrice. Contaminée par l’idéologie bandériste elle fit le choix de s’enrôler dans l’armée ukrainienne alors même qu’elle était mariée et avait un fils (né en 2011) qu’elle abandonna à la garde de ses parents (février 2015). Le père était un enrôlé de l’armée ukrainienne servant dans la 80e brigade aéroportée et se trouva sur le front du Donbass dans la région de Volnovakha. Elle fut incorporée comme téléphoniste dans le bataillon Kirovograd, et fut tuée sur des positions de première ligne lors d’un bombardement des Républicains, le 16 août 2015. Elle fut littéralement déchiquetée par un obus qui lui arracha une jambe. Elle fut décorée à titre posthume par le Président Porochenko (25 novembre), puis fut élevée au titre de « Héros » de l’Ukraine (9 juin 2017).
Alexandre Petik (1963-), originaire de Kiev, il fit des études supérieures d’abord en philosophie (1980-1985), travaillant aussi comme instituteur (1983). Il fut expulsé de l’université pour des déclarations nationalistes et déviantes et fut inquiété par le KGB (1985). Il ne trouva pas d’autre travail que celui de mineur de fond, puis comme machiniste (1985-1990). Il reprit des études en économie et finances, diplômé (1991). Il devînt professeur de philosophie (1992), et entra dans le Conseil municipal de Kiev, où il fut plusieurs fois réélu (1994). Il entra à l’Académie nationale de l’administration publique, diplômé d’une maîtrise (1997), fondant plusieurs journaux d’influences, et fut nommé conseiller au secrétariat de la Rada d’Ukraine (1998-2001). Il avait repris des études de droit et fut diplômé (2002), et de nouveau élu au Conseil municipal de Kiev (2001-2003). Il fut nommé chef de la direction générale de l’administration publique de la ville de Kiev (2007), assistant parlementaire à la Rada d’Ukraine (2007-2014). Il joua un rôle dans les événements de la Révolution du Maïdan, et fut arrêté par les Berkut avec son fils dans la rue, lors des violences et émeutes (11 décembre 2013). Il fut nommé par le Président Porochenko chef de l’administration régionale de Kirovograd. C’est ce politicien aux dents longues qui fut l’initiateur et le fondateur du bataillon Kirovograd (avril 2014). Il fit beaucoup de zèle et créa deux autres bataillons (34e et 42e de défense territoriale). Dans les mains et dans le réseau de Porochenko, il empêcha les sbires de Gennady Korban, et des néonazis du Pravy Sektor de poursuivre l’occupation d’une raffinerie de pétrole à Dolinsk, dans l’oblast de Kirovograd (25 juin). Cette bande mafieuse était sous les ordres de l’oligarque et chef de l’administration régionale de Dniepropetrovsk (aussi nommé par Porochenko). Il démissionna de son poste de chef de l’administration de Kirovograd (8 septembre), et fut nommé à la tête du terrible et sanglant bataillon Aïdar (14 novembre). Ce bataillon s’était livré à des exactions, massacres et tueries dans le Donbass durant tout l’été. Il fut nommé à la tête de l’administration de la région de Lougansk (avril-août 2015), et durant ces deux postes peut être considéré comme un criminel de guerre au vu de tout ce qui se déroula sous son autorité militaire et civile dans la région. Il fut ensuite nommé vice-président de l’administration régionale de Transcarpatie (août 2015). Il entra en conflit avec une association patriotique et d’ultranationalistes locaux, notamment composée d’anciens de l’Afghanistan (février 2018). Après des déclaration publiques insultantes, il fut finalement limogé suite à une intervention politique venue de très haut (27 mars). Il se recycla comme avocat ayant formé un cabinet indépendant dans la région de Transcarpatie (août). Il a disparu ensuite des radars médiatiques et s’est fait petit jusqu’à ce jour.
Vladislav Pilipovskiy (1992-2016), originaire d’une famille nombreuse (7 frères et sœurs), de la région de Tchernigov. Il fit des études secondaires et effectua ensuite son service militaire dans l’armée ukrainienne. Il occupa divers emplois d’employés, puis fut mobilisé pour les bataillons de représailles dans le Donbass (31 janvier 2015). Il fut incorporé au bataillon Kirovograd, grade de caporal, servant dans une section de reconnaissance. Il participa à diverses reconnaissances en profondeur, puis l’unité fut retirée du front pour être recomplétée et prendre du repos. Officiellement il se tua d’une balle « suite à une manipulation imprudente des armes », dans des circonstances restées obscures, le 4 avril 2016. Il fut enterré dans son village natal trois jours plus tard (7 avril). Malgré cela, fait rare, il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (6 septembre 2016), et une plaque commémorative fut installée dans son village (4 avril 2017).
Artem Poïda (1994-2015), originaire de la région de Kirovograd, il fit des études secondaires, orphelin de père, puis effectua son service militaire dans l’armée ukrainienne (2012-2013). Il fut renvoyé dans son foyer (octobre 2013), mais se porta bientôt volontaire pour entrer dans un bataillon de représailles pour le Donbass (avril 2014). Il fut versé dans le bataillon Kirovograd, grade de caporal et en charge d’un lance-flamme. Il fut tué en servant son arme, par un tireur d’élite qui l’abattit sur celle-ci qui était montée sur un véhicule, le 21 janvier 2015, près de Gorlovka. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (15 mai), puis reçu de l’organisation bandériste Nous Ukrainiens, une autre médaille, et enfin fut fait Héros de l’Ukraine (19 août 2017). Une plaque commémorative avait été installée dans son école (17 septembre 2015).
Victor Pronine (1980-2015), originaire de la région de Kherson, il fit des études professionnelles comme tractoriste, et travailla dans diverses entreprises agricoles, notamment en Russie. Il tomba sous le coup de la mobilisation (29 mai 2015), et fut versé dans le bataillon Kirovograd, comme conducteur de BTR. Envoyé au front (juillet), il fut tué par un tir de mortier des Républicains, près de Gorlovka, le 16 août 2015. Il fut enterré dans sa ville natale, et laissait une veuve, deux enfants et une belle-fille. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko.
Alexandre Sherbina (1976-), originaire de Krementchuk, fils d’un officier de l’armée soviétique, il fit une école militaire, celle des forces terrestres d’Odessa, diplômé (1995), puis servit dans l’armée ukrainienne jusqu’au grade de lieutenant-colonel. Il participa à diverses missions de maintien de la Paix de l’ONU, et fit une école des officiers d’états-majors financée par l’OTAN aux Pays-Bas. Il servit notamment en Bosnie (1996), au Kosovo (1998), et comme observateur de l’OSCE en Géorgie (2001-2003). Il prit ensuite sa retraite. Il fut finalement mobilisé (mars 2014), et prit le commandement du terrible bataillon de représailles Dniepr-2, un bataillon de l’armée privée de l’oligarque mafieux Kolomoïsky, qui fit des ravages dans le Donbass et terrorisa les populations civiles. A ce titre et jusqu’à la fin de ce commandement (septembre), il peut être considéré responsable de nombreux crimes de guerre et répressions aveugles qui furent commis sous ses ordres. Il fut ensuite nommé au commandement du bataillon Kirovograd qui ne s’était pas encore complètement rendu au front et garda longtemps ce commandement (jusqu’en janvier 2018). Il fut alors nommé au grade de colonel et commandant adjoint de la 57e brigade motorisée (janvier-novembre 2018). Ce criminel de guerre fut littéralement couvert de médailles (21 octobre et 18 décembre 2014, 27 juin et 1er décembre 2015, 18 avril et 7 décembre 2016). Il quitta ensuite l’armée alors qu’il étudiait déjà par correspondance à l’Université de Kharkov, notamment l’économie et fut bientôt diplômé (2018). Dans une interview où il fut qualifié « de légendaire » (2019), dans le pur style de la propagande ukrainienne, il avoua à demi-mots avoir participé aux répressions politiques en travaillant avec le SBU. Il transforma bien sûr la réalité mais expliqua tout de même : « Le maire pro-russe Sleptsov a été arrêté, car il était guidé par le principe : plus les gens sont mauvais, mieux c’est. Par conséquent, du maire bien sûr rien ne pouvait être attendu de bon.[…] Nous avons fait de l’éducation, du sanitaire, réparé les routes, apporté de l’eau et de la nourriture, tenu plusieurs réunions chaque jour avec les responsables locaux, pour prévenir les manifestations de séparatisme et les désordres, il a été établi une interaction claire avec les hommes du SBU et la police. […] je suis convaincu que la guerre se terminera par notre victoire. Nous sommes sur notre terre, la vérité est avec nous. Je crois à la victoire par la voie diplomatique, car le scénario militaire libérerait les mains de la Russie, qui peut lancer une offensive ouverte. Nos diplomates et le soutien de nos partenaires doivent être essentiels, mais renforcer nos forces armées est également une priorité ». Cet article est d’autant plus ridicule que l’homme se met en scène comme simple soldat, couché dans un bois avec une kalachnikov, mais il est intéressant car en partie prophétique. Hélas pour lui, il n’était pas justement sur « sa terre » oubliant de dire que les gens dans le Donbass avaient voté leur séparation de l’Ukraine dès 2014, et qu’ils avaient été accueillis à coup de fusils… Lorsque la ville sera reprise par l’armée russe, les témoignages afflueront sur les répressions politiques qui ont été menées pendant des années dans cette ville, et bien sûr sous son commandement. Comme beaucoup de militaires ukrainiennes il devrait répondre de ses crimes devant un tribunal. Il apparut plus tard dans un autre article (27 août 2020), alors membre du Parti Solidarité Européenne, parti de l’ex président Porochenko, membre de l’OO Armée Rebelle, une organisation de vétérans justement formée par le parti pour attirer les voix des anciens participants de l’opération ATO dans le Donbass. Il était aussi le chef régional pour ce parti dans la ville de Krementchuk, et un candidat potentiel pour entrer dans le Conseil municipal ou régional. Il est à noter qu’il est exclusivement russophone, comme une grande majorité des habitants de la ville et de la région (ville sur le Dniepr, à environ 4 heures de route de Kiev en direction du Sud).
Alexandre Shoumeïko (1982-2015), originaire de la région de Tchernigov, il résida dans son enfance un moment en Crimée (1988-1993), avant de revenir dans sa région natale. Il fit des études universitaires en économie et gestion, travaillant pour financer ses études comme sauveteur à Kiev. Il fut appelé au service militaire qu’il effectua au Centre de formation 169 de Desna. De retour, il s’installa de nouveau en Crimée et se maria (2007), avant de divorcer (2013). Il travaillait alors toujours comme sauveteur, mais au rattachement de la Crimée à la Russie, il quitta son emploi et le pays, pour aller s’enrôler dans les bataillons de représailles partant dans le Donbass (printemps 2014). Il ne fut pas retenu, mais fut bientôt appelé par la mobilisation et répondit à l’appel (11 février 2015). Il fut versé dans le bataillon Kirovograd, servant dans un peloton antichar. Il fut tué par de multiples éclats de mortier de 82 mm, sur une position non loin de Gorlovka, dans la nuit du 4 août 2015. Il fut enterré deux jours plus tard à Tchernigov, et fut décoré par le Président Porochenko à titre posthume (22 septembre). Une plaque commémorative fut installée dans sa région un peu plus tard (9 mai 2016).
Yaroslav Tchaly (1966-2015), originaire de Tcherkassy, il fit une école de cadets durant l’Union soviétique et servit ensuite dans l’armée ukrainienne. Après avoir pris sa retraite, grade de lieutenant, il retourna dans le civil et fonda une entreprise. Ultranationaliste et bandériste, il s’engagea dans l’un des pires bataillons de représailles ukrainiens, Aïdar (printemps 2014), qui laissa un triste souvenir dans le Donbass en commettant d’abominables crimes de guerre, auxquels il participa certainement. Il passa à une date inconnue dans le bataillon Kirovograd, à son grade, et fut grièvement blessé par un tir de mortier des Républicains, dans la région de Gorlovka (14 août 2015). Transporté à l’hôpital militaire de Kharkov, criblé d’éclats d’obus, il succomba à ses blessures le 18 août 2015. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Porochenko (25 novembre), et fut fait citoyen d’Honneur de Tcherkassy (17 novembre 2016).
Alexandre Tsiparsky (?-), originaire de la région de Kirovograd, il s’enrôla dans le bataillon Kirovograd à sa formation (printemps 2014), et servit durant une période d’au moins une année, au grade de lieutenant. Il rentra ensuite chez lui et ne renouvela pas son contrat (en 2015 ou 2016).
Alexandre Velitchko (?-), fanatique bandériste et ultranationaliste qui servit durant le Maïdan et participa aux émeutes et violences durant la révolution américaine (hiver 2013-2014). Il fut l’un des premiers avec des néonazis et bandéristes à se rendre dans le Donbass notamment pour participer aux répressions dans la région de Slaviansk, qui souffrit particulièrement des exactions des bataillons de représailles. Il devînt officier et commanda le 2e bataillon de la Garde Nationale d’Ukraine qui resta dans la ville (juin-juillet 2014), avant d’être fusionné sur place avec le 1er bataillon. Il critiqua vertement les bataillons de police spéciale Kiev-1 et Kiev-2, comme ayant attiré des bandits et des hooligans qui de plus furent employés à liquider les derniers campements causes de désordre sur la place du Maïdan. Il fut nommé chef d’état-major dans le bataillon Kirovograd, où il se trouvait à ce poste (printemps 2016).
Alexandre Zavalko (1969-2015), originaire de la région de Kherson, il fit des études professionnelles dans le bâtiment à Nikolaïev, puis comme ingénieur à Kherson (1997). Il travailla pendant plus de 15 ans dans une entreprise locale, puis fut mobilisé pour rejoindre les bataillons de représailles dans le Donbass (août 2014). Il fut versé dans le bataillon Kirovograd, grade de sergent-chef commandant d’une section de DCA. Il participa à divers combats après être arrivé au front (29 octobre), puis fut tué lors d’un bombardement de mortier par les Républicains, le 21 mai 2015. Il fut enterré cinq jours plus tard, laissant une ex-femme et une fille, puis fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (8 avril 2016). Une plaque commémorative avait été installée dans son université à Kherson (21 octobre 2015).
Dmitri Zavorotniouk (?-), militaire de carrière dans l’armée ukrainienne, il fut nommé chef d’État-major dans le bataillon de représailles Kirovograd-1, grade de lieutenant-colonel (juillet 2014). Il fut décoré par le Président Porochenko de l’ordre du Courage (29 septembre). Il suivit ensuite une carrière dans ce qui devînt le 17e bataillon de défense territoriale, puis 17e bataillon motorisé, versé ensuite dans une brigade de l’armée régulière ukrainienne (57e motorisée). Il fut de nouveau médaillé par le Président Porochenko (27 juin 2015). Il resta dans cette unité quelques années, avant d’être nommé colonel et nommé à la tête de la 101e brigade de défense territoriale (2022), poste que logiquement il occupe toujours à ce jour (2023).