Le bataillon de police spéciale Poltava, 52e historique de notre travail, n’est certainement pas connu du grand public. Il est l’une des unités de répression qui fut formé par l’Ukraine en 2014. Son parcours chaotique, ponctué de scandales, de plaintes, de déroutes militaires, de dissolution et reformation s’est poursuivi jusqu’à nos jours, puisqu’il fut remis sur pied en 2022, avant d’être de nouveau démobilisé en avril 2023. Dans nos enquêtes sur les massacres et exactions commis dans les premières années de la guerre (et qui se poursuivent avec ceux du temps présent), nous avons des raisons de croire que le bataillon Poltava, aussi dénommé Poltavshina pourrait être l’unité coupable du massacre de deux hameaux dans les environs de Kommunar, région de Gorlovka dans l’été 2014.
De la formation d’une unité supplétive de police. Le bataillon Poltava fut formé par un ordre du Ministère de l’Intérieur (17 avril 2014), qui demandait à la région de Poltava de former trois nouvelles unités spéciales de police, alors que l’Ukraine était déjà embrasée depuis le Maïdan. Les violences et émeutes avaient ému les populations russes ethniques, hostiles à cette révolution américaine qui montrait déjà un visage russophone, l’idéologie bandériste, ou celle de l’européisme. Pour se préparer à des répressions politiques dures, le Ministère de l’Intérieur ordonna la formation de nouvelles unités, armées sur le pied de guerre, dont le bataillon Azov fut le plus célèbre. Déjà la Crimée était retournée au giron russe, quelques jours avant, des émeutiers antimaïdan avaient pris d’assaut le bâtiment de l’administration régionale de Kharkov, et y avait proclamé une République populaire de Kharkov, qui fut vite écrasée. Mais dans l’Est, et notamment dans le Donbass la gronde ne faisait que monter. Pour écraser physiquement les populations civiles, les tenir en respect et leur imposer par la force la fameuse « unité de l’Ukraine », le ministère ordonna donc la création d’un bataillon dénommé « Kaskad », ainsi que deux compagnies, une devant être levée à Poltava, l’autre à Krementchouk (qui devînt plus tard la 3e compagnie du bataillon).
Une formation dans l’urgence le Donbass étant en pleine insurrection. Les premières recrues furent donc des anciens policiers à la retraite, des policiers en service, des membres des forces anti-émeutes, les Berkuts, mais aussi des anciens militaires, notamment des vétérans des forces de l’OTAN ou des missions de l’ONU (Irak, Yougoslavie, Kosovo, Afghanistan, etc.). Un premier contingent de 134 volontaires fut rassemblé (8 juin 2014), l’Est étant déjà en feu et les forces ukrainiennes se jetant sur les populations du Donbass depuis déjà quelques semaines. Finalement le bataillon Kaskad fusionna avec la compagnie Poltava, faute de suffisamment de volontaires, portant son effectif à 300 hommes environ (mi-juin). Devant l’urgence, il fut décidé de lui dispenser une formation militaire… accélérée de 52 heures par des hommes des Berkuts. Une formation qui de toute façon n’était pas adéquate, l’insurrection du Donbass demandant plus qu’une simple opération de police. Les hommes furent armés de fusils d’assaut Kalachnikov, de quelques grenades et fusils-mitrailleurs, ainsi que de quelques fusils de précision. La région fut chargée comme souvent de financer le bataillon, mais l’argent manquait, il fallut piocher dans les caisses de différentes municipalités et faire appel à des dons. Bien qu’incomplet, les hommes qui étaient à peu près armés, furent envoyés dans le Donbass (18 juillet), alors en insurrection complète. Un reliquat et dépôt resta à l’arrière dans un camp de colonie de vacances réquisitionné pour l’occasion (août), enfin le restant du bataillon fut envoyé en première ligne (20 août). Le bataillon était à l’origine habillé d’uniformes de police noirs, impropres à la nature du combat qu’ils devaient mener. Ils reçurent par la suite des uniformes camouflages, et la plupart durent s’équiper eux-mêmes. Les véhicules posèrent aussi problème, des camions et fourgonnettes UAZ et ZIL furent donnés par l’administration régionale de Poltava, et l’Union des Notaires de Poltava offrit également un minibus (28 août).
Le scandale de la nomination à sa tête d’un gros cadre du Secteur Droit. Le bataillon fut envoyé près de Gorlovka, l’une des villes martyres du Donbass, et passa par le village de Kommunar, peut-être celui qui fut liquidé et passé au fil de l’épée par le bataillon Aïdar à peu près à la même époque. Il tenta avec des parachutistes de la 25e brigade aéroportée de pénétrer dans le dispositif de défense des républicains, dans l’espoir de prendre à revers Donetsk, en entra dans Makeevka (24 août-4 septembre). Bloqués, non préparés à une guerre de cette intensité, leurs positions furent de plus matraqués par l’artillerie insurgée, qui leur infligea quelques pertes. Dans la panique, 29 membres du bataillon préférèrent quitter leurs positions et se replier sans ordre sur Artëmovsk. Seuls 24 hommes et le chef de bataillon restèrent en position impuissants à faire le moindre mouvement offensif. Un témoin a raconté : « nous sommes arrivés près de Gorlovka le 20 août, pour participer à la protection de l’ordre public, selon les ordres. Mais nous avons été transférés dans le village de Kommunar. Nous avons été affectés à la 25e brigade aéroportée pour la renforcer. Pour la première fois, nous avons été bombardés par des Grads, le 24 août. Depuis lors, nous avons été bombardés tous les jours, deux hommes ont été blessés, l’un d’eux a été opéré à l’hôpital de Kharkov, maintenant les blessés sont à l’hôpital du Ministère de l’Intérieur à Poltava. Après le bombardement d’aujourd’hui (même les militaires ne savaient pas de quoi il s’agissait, Ouragan ou Tornade, nous avons plongé dans les véhicules ZIL et sommes allés à Artêmovsk. Sur la route nous avons de nouveau été bombardés, Dieu merci sans perte. Pourquoi sommes-nous partis ? Nous n’avons que des armes automatiques AK-47, nous devons assurer l’ordre public, effectuer des « nettoyages », et ne pas rester en première ligne, sous le feu des Grads. C’est à dire que nous voulions survivre, nous avons des familles, des enfants, nous voulons revenir ! Combien reste-t-il d’hommes du bataillon sur l’ancienne position ? Il en reste 24, ils ont peur de partir. Pourquoi?Nous nous attendons à des punitions et nous serons tenus responsables à ce que je comprends. Qui nous tire dessus ? Nous ne savons pas qui, des séparatistes, des terroristes, des miliciens… on nous dit que ce sont des séparatistes et nous le pensons, mais nous avons entendu dire que des troupes russes se trouvaient à Enakievo. Nous pensons que c’est une guerre pour des unités lourdement armées, pas pour nous. Nous voulons rejoindre à nouveau le bataillon, mais ne pas rester avec des fusils d’assaut sous les tirs de roquettes. Après tout, nous n’avons même pas tiré une seule fois, les pertes ne proviennent que des bombardements. La nourriture et l’eau ? Nous mangions ce que nous avions apporté, la route était bombardée, il n’y avait donc pas de cuisine de campagne ». après cette panique mémorable, des sanctions furent certainement prises dont nous n’avons pas connaissance. Aussi pour le renforcer, un autre amalgame fut réalisé par ordre du Ministère de l’Intérieur (5 septembre), avec le versement de la compagnie de police spéciale Mirny, portant l’effectif à près de 400 hommes. La nomination d’Ilya Kiva à la tête du bataillon, important cadre du parti néonazi Pravy Sektor, entraîna une manifestation de protestation devant l’administration du Ministère de l’Intérieur à Poltava (8 septembre). Des policiers du bataillon encore à Poltava participèrent aux protestations. Ils protestaient contre la nomination d’un officier sans expérience, à la fois dans l’armée et dans la police et qui avaient été condamné par la justice ukrainienne. La manifestation n’eut aucun résultat, sauf l’accélération de l’envoi du reste du bataillon dans le Donbass. Un nouvelle formation accélérée d’une journée (15 septembre), était censée donner les bases aux enrôlés. Le chef de bataillon Kiva affirma devant une caméra d’un canal TV ukrainien, que des instructeurs venus d’Israël avaient été chargés d’achever la formation du bataillon, et que ces derniers avaient déjà « entraînés » les sinistres bataillons Donbass et Dniepr-1. La résistance des engagés à refuser de servir sous les ordres de Kiva retarda toutefois le départ du bataillon, qui fut reportée. Mais il fut bientôt envoyé dans le Donbass (29 septembre). Le matériel fut légèrement amélioré, avec la dotation d’un unique BTR, d’un camion GAZ-66 qui fut donné par la compagnie du service du Gaz… et par des voitures civiles de diverses marques glanées ici ou là.
Purges, dissolution et reformation de l’unité. L’unité, on l’a compris, était loin d’être prête à se lancer dans les combats du Donbass. Entre temps les Ukrainiens avaient perdu la bataille des frontières (été 2014), et échoués à écraser Donetsk et Lougansk. L’intensité des répressions et les violences s’étaient aggravées, au point de rendre toutefois nécessaire son envoi. Les hommes mécontents ne se laissèrent toutefois pas faire, et en traînant les pieds obligèrent le Ministère de l’Intérieur à dissoudre une unité de police inutile et réfractaire. Les compagnies de police spéciale Krementchouk et Mirny furent reformées, les récalcitrants renvoyés chez eux. Ils étaient d’accord pour se battre pour l’intégrité territoriale de l’Ukraine, d’accord pour les répressions, mais pas pour servir sous un cadre politique du parti Pravy Sektor sans aucune expérience (22 octobre). Les compagnies furent finalement de nouveau assemblées pour former un nouveau bataillon de police spéciale Poltava (25 novembre), ne comprenant plus que 275 hommes, le reste ayant été démobilisés. L’unité fut ensuite engagée dans la bataille de Debaltsevo (hiver 2014-2015), perdant quelques hommes et des blessés (9 novembre 2014). Après de nouvelles pertes et l’approche de la défaite, le bataillon fut retiré du front et renvoyer au repos à Poltava (21 janvier 2015). Devant la menace d’être intégré dans les troupes régulières, le chef de bataillon et ses hommes signèrent une pétition demandant au Président Porochenko de ne pas procéder à l’amalgame du bataillon et de lui garder son statut de « volontaire » (19 février). Le bataillon fut immédiatement renvoyé dans le Donbass (25 février), pour toute réponse. Une ambulance fut offerte par la diaspora ukrainienne de Valence, en Espagne (14 avril), l’Ukraine n’ayant toujours pas réussi à l’équiper correctement. Le bataillon disparut ensuite dans les limbes de l’histoire et fut dissous probablement avant la fin de l’année 2017 ou 2018. En février 2017, il avait été entièrement réorganisé en trois compagnies, dont celle dite de Krementchouk. Pendant toute cette période l’unité a participé à la chasse aux résistants républicains, et à donner la main à la police politique du SBU. Elle tînt aussi des postes de contrôles sur les routes selon un système de quadrillage mis en place dès les premiers temps de l’opération ATO.
Poltava le retour, un bataillon de marche. Le bataillon fut une nouvelle fois reformé en 2022. L’Ukraine se décidant à faire feu de tout bois, elle forma une unité qui fut constituée des policiers de la ville et région de Poltava. L’unité de marche se cantonna à défendre la ville et la région, subissant quelques pertes. La ville fut un temps menacée par l’opération spéciale russe, mais le danger passé, les policiers furent renvoyés à leurs tâches et le bataillon de nouveau dissous (avril 2023).
Le bataillon a-t-il participé au massacre de deux hameaux dans la région de Kommunar ? Lorsque j’ai découvert l’historique de cette unité, ce qui me frappa immédiatement c’est le nom de Kommunar, et la présence d’une cinquantaine d’hommes du bataillon dans cette petite localité. En mars 2016, j’avais pu faire l’interview d’une survivante du massacre des deux hameaux, qui me raconta l’histoire terrifiante de cette tuerie quasi passée inaperçue. Cette femme, du nom d’Olga, m’avait décrit l’arrivée de soldats ukrainiens dans l’été 2014, les pillages systématiques, les sbires recherchant l’alcool, les cigarettes, l’argent et les bijoux. Quelques jeunes hommes qui furent trouvés dans le hameau furent arrêtés et conduit dans le bâtiment servant de mairie, en compagnie de plusieurs femmes, dont une future jeune maman, enceinte. Cette dame se camoufla sous le toit de son domicile, et ne fut pas découverte. Elle y resta deux jours et raconta les cris de souffrance des prisonniers qui furent torturés à mort et achevés. Elle indiqua aussi que les femmes furent violées et que la jeune femme enceinte fut éventrée. C’est lorsqu’elle n’entendit plus de bruits dans la localité, et qu’à bout de forces, après deux jours, qu’elle se décida à sortir de sa cachette. Elle eut le courage ou fit l’erreur d’aller constater dans le bâtiment « le résultat ». Son témoignage reste l’un des plus terrifiants que j’ai eu à relever, et elle affirma aussi qu’un hameau voisin fut aussi liquidé par les soldats ukrainiens. Elle affirma, dixit, que personne de cette localité ne fut jamais revu vivant. Des pistes menaient au bataillon Aïdar, mais la présence avérée de Poltava dans les environs pourrait signifier que les assassins pourraient être de ce bataillon.
Un mélange détonnant de policiers fatigués et de sbires venus des rangs de l’ultranationalisme ukrainien. Voici comme toujours un mini-dictionnaire pour une étude de prosopographie qui en dit souvent long sur l’ambiance, la mentalité des hommes et la nature d’une unité. Le bataillon Poltava ne fut pas une unité mise en avant par la propagande ukrainienne, et pour cause comme vous le verrez, mais je vous laisse justement compulser les biographies, elles parlent très souvent quand nous réussissons à les étoffer avec « les bavardages » ukrainiens toujours très surprenants :
Valentin Andrienko (?-), il s’enrôla dans le bataillon de police spéciale Poltava (2014), et fut élevé au grade de major à la reformation du bataillon (26 novembre 2014).
Youri Anoutchine (29 avril 1983-), alias l’Ours, originaire de la région de Poltava, il participa aux émeutes et violences durant le Maïdan, et s’enrôla dans le bataillon Azov (printemps 2014). Il participa au massacre de Marioupol et aux répressions qui suivirent dans la ville (juin/juillet). Il réussit à survivre à la déroute du chaudron d’Ilovaïsk et put se replier avec les survivants (août-septembre). Il servait comme sous-officier et était servant de mitrailleuse. Il fut nommé commandant du bataillon de police spéciale Poltava qui venait d’être reconstitué (26 novembre). Il visita ses hommes sur le front ce qui fit l’objet d’un petit article (5 décembre). Il signa une pétition de protestations adressée au Président Porochenko, qui demandait que les hommes gardent le statut de volontaires et ne soient pas amalgamés (19 février 2015). Ceci n’empêcha pas qu’il fut reçu par le Premier Ministre Iatseniouk et par le Ministère de l’Intérieur Avakov, qui le médaillèrent devant des caméras avec d’autres policiers des bataillons spéciaux de police de l’Ukraine (9 août). Il fut finalement nommé à un poste confortable de l’arrière, ayant monté les grades jusqu’à celui de lieutenant-colonel de police, apparaissant alors de temps en temps dans les médias locaux, notamment lors de l’ouverture d’un nouveau poste de police dans la région de Poltava (6 mars 2019), puis lors de la surveillance des élections régionales, le poste de Chef d’un service de gestion des activités préventives de la Police nationale dans la région de Poltava (15 septembre 2020). L’ancien criminel de guerre doit toujours se trouver bien au chaud à Poltava.
Oleg Berkelia (?-), originaire de la région de Poltava, policier au grade de lieutenant, qui fut nommé à la tête de la compagnie Krementchouk (mai 2014), qui fut versée dans le bataillon de police spéciale Poltava. Il tenta d’augmenter les effectifs de son unité avant cet amalgame, dans le but de former un bataillon, mais ne put au départ qu’enrôler que 20 hommes, 25 autres n’ayant pas passé la commission médicale. Lors d’une conférence de presse (17 juin), il invita de nouvelles recrues à se présenter, de 25 à 40 ans, pour un salaire plutôt modeste de 4 000 UAH. Il ne fit évidemment pas rêver beaucoup de candidats avec un tel salaire. Bon an mal an, la petite compagnie fut finalement entraînée et armée, patrouillant au départ dans Krementchouk (juin 2014), puis fut envoyée dans le Donbass (10 juillet). L’unité fut engagée loin du bataillon Poltava, dans la région de Lougansk, et fut accrochée par les insurgés républicains (13 août), à Slavianoserbsk. Les forces ukrainiennes échouèrent à percer et durent se replier en faisant sauter le pont sur la Severodonetsk, abandonnant la rive droite aux insurgés. Berkelia fut contusionné par une explosion lors de cette retraite. Il participa à un combat contre un groupe insurgé qui tentait de s’infiltrer dans leurs lignes (23 septembre). Par la suite, il resta avec son unité en position, recherchant activement les résistants du Donbass, les caches d’armes et des informations. A ce titre, l’homme est un criminel de guerre en puissance.
Vitaly Bezkorovaïny (?-), il s’enrôla dans le bataillon de police spéciale Poltava (2014), et fut élevé au grade de lieutenant à la reformation du bataillon (26 novembre 2014).
? Faltinsky (?-), membre du bataillon de police spéciale Poltava, il dénonça l’officier Alexandre Fedorenko dans un média (29 septembre 2014).
Alexandre Fedorenko (vers 1988-), il fut nommé commandant du bataillon Poltava à sa création (juin 2014). Il occupait peut-être par la suite le commandement en second de l’unité, mais resta à l’arrière. Il se présenta dans l’école polytechnique de Poltava pour y faire un discours devant des médias (2 septembre 2014). Il fut finalement dénoncé par une lettre confiée par les volontaires du bataillon et qui fit l’objet d’un article. Ils déclaraient : « Alexandre Nikolaïevitch Fedorenko a besoin d’être réprimé et d’une vérification de ses aptitudes professionnelles. Cet homme malhonnête au cours de son service et de la direction du bataillon n’a rien fait d’utile pour l’activité vitale de l’unité, ne remplit pas ses fonctions officielles et ne comprend pas ses responsabilités, ne respecte par l’honneur de son personnel, a exprimé à haute voix son attitude négative envers les gens du Maïdan et son attitude irrespectueuse envers les citoyens de l’Ukraine qui fournissent au bataillon de la nourriture, de l’eau, des munitions, donne des ordres criminels, démoralise le bataillon, n’a pas d’opinion personnelle et ne peut prendre des décisions adéquates. Dans le même temps, il n’a que 26 ans et manque d’expérience. Le bataillon Poltava n’a fourni que des salaires, des armes qui ne correspondent pas aux conditions de combat . Tout le reste, à savoir la nourriture, les munitions, les carburants et lubrifiants, l’eau, etc. est de notre ressort et autonomie. Tout ce matériel est fourni par des citoyens ukrainiens qui croient en ce bataillon et qu’il les protégera des envahisseurs et agresseurs. Par ses actions, à savoir les relations publiques dans les médias et la désinformation du haut commandement, Fedorenko met en danger la vie de ses subordonnés, bien que ce ne soit pas surprenant, car il ne les respecte pas et ne les apprécie pas. Il semble qu’il soit un « cosaque en roue libre », et fait tout ce qui est approprié pour détruire l’idée générale et rend impossible le processus d’exécution professionnelle des tâches. Aujourd’hui, il a envoyé dans la zone ATO, 60 hommes non compétents pour l’exercice de leurs fonctions officielles, bien que devant les caméras des médias, il a menti effrontément en affirma qu’ils sont à 100 % opérationnels » (29 septembre 2014).
Alexandre Grishchenko (?-), il s’enrôla dans le bataillon de police spéciale Poltava (2014), et fut élevé au grade de lieutenant à la reformation du bataillon (26 novembre 2014).
Bogdan Jilovski (8 juin 1981-16 septembre 2022), originaire de la région de Lvov, il fit des études professionnelles et travailla dans le bâtiment. Il s’enrôla comme volontaire dans le bataillon de représailles Poltava (2015-2016), où il servit dans la zone ATO. Il fut démobilisé et rentra dans ses foyers, mais il fut mobilisé au moment de l’opération spéciale russe dans la 24e brigade mécanisée (2022). Il fut tué le 16 septembre 2022, laissant une veuve et une fille.
Dmitro Kashkalda (?-), commandant adjoint du bataillon de police Poltava, il participa aux combats dans le village de Kommunar (août 2014). Il déclara notamment pour la presse : « hier 3 septembre, nos positions ont été bombardées de 18 h à minuit avec des systèmes Grad à 15 reprises, puis ont également tiré des roquettes de mortiers, et des obus d’obusiers D-30, mais ce matin ils ont utilisé un missile Smertch […] nous n’avons qu’un ordre clair, maintenir nos positions, nos hommes ont creusé des tranchées, le reste est à l’abri dans des caves, car sous les bombardements nous ne pourrions pas survivre. Le bataillon Poltava n’est pas encerclé, il y a un petit passage pour la retraite » (3 septembre).
? Kiyentchouk (?-), membre du bataillon de police spéciale Poltava, il dénonça l’officier Alexandre Fedorenko dans un média (29 septembre 2014).
Ilya Kiva (2 juin 1977-), originaire de Poltava, d’une famille russe, son grand-père fut médaillé du titre de Héros de l’Union soviétique. Il fit des études professionnelles dans l’industrie pétrolière et gazière (jusqu’en 2003), mais préféra ensuite intégrer une université et apprendre la psychologie. Il devînt finalement comptable, puis chef comptable dans une grande entreprise ukrainienne (2005-2008), puis de là passa cadre dans l’administration des chemins de fer, région de Donetsk (2008-2010), avant de devenir gérant d’une station service et d’une station de lavage. Il avait reprit des études par correspondance, diplômé en droit (2009), puis entra comme cadre dans l’administration de l’entretien des routes d’Ukraine, département de Poltava (2010-2011). Il s’engagea dans le milieu associatif et fut le dirigeant adjoint d’une structure de défense et protection des consommateurs dans la région de Poltava. Il avait été mêlé dans ce cadre à une affaire d’extorsion d’un faux certificat d’un hôpital psychiatrique (2011-2013), et finalement reconnu coupable et condamné à une amende de 10 000 UAH. Il s’enthousiasma pour le Maïdan, au point de rejoindre les rangs des émeutiers (hiver 2013-2014). Il fut le fondateur et officier commandant la compagnie de police spéciale Mirny, qui fut formée à Poltava (été 2014), avec d’anciens policiers, mais surtout des membres du parti néonazi Pravy Sektor. Lui même était encarté dans le parti, et était le responsable politique du parti pour tout l’Est de l’Ukraine, comprenant la ville de Poltava, de Kharkov, et théoriquement de Donetsk et Lougansk (insurgées…). Il fut nommé à la tête du bataillon de police spéciale Poltava (5 septembre 2014), au moment du versement de la compagnie dans ledit bataillon. Il fut également élevé au grade de major de police (nomination confirmée par le Ministre de l’Intérieur, Avakov en personne. Il fut accusé de cruauté et devant les caméras d’un canal TV ukrainien raconta à propos d’hommes surpris en état alcoolisé : « je les ai menacés de mort et les ai attachés aux poteaux sur la route avec des menottes, et ils sont restés ainsi pendant deux jours, pour qu’ils dégrisent et qu’ils aient honte, de plus je les ai photographiés, et j’ai envoyé les photos à leurs familles » (émission ukrainienne Люди.Hard Talk.LIVE). Devant la grogne des hommes qui refusaient de servir sous ses ordres, le bataillon fut finalement dissous (22 octobre). Le bataillon fut épuré et recréé le mois suivant, mais il ne récupéra pas son commandement (novembre). Toutefois le Ministre de l’Intérieur Avakov, le nomma chef-adjoint des services ministériels pour la région de Donetsk, à ce titre il fut lié aux répressions et assassinats, et fut même l’un des dirigeants de la terrible liste Kill, Mirovorets. Il fut transféré aux mêmes fonctions dans la région de Kherson (1er juillet 2015), grade de lieutenant-colonel de police (août). Il fut l’un des fondateurs de l’Union panukrainienne des anciens combattants de l’ATO, une organisation peuplée de bandéristes, néonazis et de criminels de guerre. Le jeu de domino… Il resta longtemps un proche et ami de Iaroch, le fondateur du Pravy Sektor. Il fut nommé chef du département de police pour la lutte contre la criminalité et la drogue (22 octobre), mais fut vite mis en difficulté, notamment par un refus de passer un contrôle psychologique en place pour les agents de la Police nationale (mars 2016). Il fut finalement limogé sèchement, suite à des propos dans la presse jugés inacceptables, notamment ses critiques contre les personnes athées (22 avril). Il se décida à se présenter pour une élection partielle à la Rada d’Ukraine, région de Kherson (27 mai), et attaqua en justice le gouverneur d’Odessa, le fameux Géorgien Saakachvili qui l’avait accusé de corruption. Il fut nommé conseiller du Ministre de l’Intérieur (octobre 2016-juin 2017), l’un des hommes parmi les plus proches d’Avakov. Après avoir quitté ce poste, il fut toutefois nommé Président du syndicat du Ministère de l’Intérieur (décembre 2017-avril 2021), qu’il occupa sous la protection du ministre longuement. Il s’était engagé en politique dans les rangs du Parti Socialiste d’Ukraine (vers 2017), parti dont il fut exclu accusé d’avoir tenté d’en prendre le contrôle (27 janvier 2018). Le parti explosa en trois factions, dont l’une fut dirigée dès lors par lui, il tînt même un congrès à Kiev (3 novembre). Il décida de se présenter aux élections présidentielles (25 janvier 2019), mais fut balayé au 1er tour avec 0,03 % des voix. Il fut ensuite employé par une chaîne de télévision ukrainienne, où il présenta éphémèrement une émission (juin/juillet 2019), et s’obstina à se présenter à la Rada d’Ukraine. Il se présentait dans les rangs du parti OPZJ, considéré en Ukraine comme pro-russe, et apparu dès lors comme un ennemi de l’Ukraine, notamment pour ses anciens camarades. Il fut élu sous cette étiquette (29 août 2019), et entra à la Rada. Il s’afficha alors avec les plus importants politiciens soutenant une politique de détente avec la Russie, des négociations au sujet du Donbass, etc. Il défendit et obtînt un doctorat en administration publique, mais la presse s’acharna sur lui, l’accusant d’avoir acheté son diplôme, ou de l’avoir fait écrire par d’autres (avril 2021). Une commission d’enquête fut réunie pour juger de son honnêteté, qui ne découvrit pas d’irrégularités ou de plagiat, mais qui le priva de son doctorat « car sa thèse n’apportait rien de nouveau » (novembre 2021). Il avait été accusé dans le même temps de corruption, et fit l’objet d’un contrôle sévère du service des impôts et de la lutte anticorruption, qui trouva des irrégularités ou les créa. Il fut condamné à payer à l’état une somme de 1,5 millions d’UAH (20 mai 2021). Il avait aussi été mêlé à plusieurs bagarres mémorables, dans la Rada, ou dans des restaurants avec des ultranationalistes, politiques ou non, plus ou moins connus (2019-2021, qui conduisirent à des actions en justice, et des mélodrames médiatiques qui firent les choux gras de la presse people. Il fut ensuite accusé de « haine de l’Ukraine », puis d’avoir félicité le Parti de la Russie Unie pour sa victoire à la Douma (20 septembre), et ensuite d’avoir envoyé des vœux pour l’anniversaire du Président Poutine (7 octobre). Cette vidéo faisant l’objet d’une plainte et d’une demande de procès à l’instigation de Vitaly Klitschko, et de son parti politique européiste et atlantiste (23-29 octobre). Il fit l’objet dès lors de nombreuses attaques médiatiques, qui culminèrent après l’opération spéciale russe, il fut accusé de haute-trahison dans l’hémicycle de l’assemblée ukrainienne. Les députés votèrent, avec 335 voix pour, pour qu’il soit privé de son mandat de député (6 mars 2022), « pour des soupçons de trahison ». Peu avant l’opération, il avait été soupçonné et cité dans un supposé complot de pro-russes dont les ramifications menaient à Kharkov, et les deux villes occupées par les Ukrainiens du Donbass, de Lissichansk, et Severodonetsk (août 2021). Il fut largement cité par les médias au sujet de l’association Patriotes pour la Vie, dont il avait été le cofondateur et qui fut démantelée par la police politique du SBU à cette occasion. Il fut annoncé que le député Kiva ne se trouvait plus en Ukraine depuis le 30 janvier 2022, et qu’il s’était réfugié à Alicante, en Espagne. Il avait été sommé de revenir en Ukraine (14 février), mais refusa de revenir en accusa Zelensky d’entraîner l’Ukraine à sa perte (15 février). Il lança ensuite un appel à la Russie à « libérer l’Ukraine de l’occupation » et affirma que « l’Ukraine était imprégnée par le néonazisme et n’avait pas d’avenir, les Russes, les Biélorusses et les Ukrainiens sont un seul peuple » (23 février). Il fut interviewé par le Premier Canal TV russe (28 février), où il réitéra ses paroles provoquant l’hystérie en Ukraine à son propos. Il semble qu’il est trouvé depuis refuge en Russie.
Vladimir Kouzmenko (4 juin 1985-9 novembre 2014), originaire de la région de Poltava, il fit des études professionnelles comme serrurier. Il effectua son service militaire dans l’armée ukrainienne (2003-2005). Il s’enrôla dans le bataillon de police spéciale Poltava (2014), simple policier servant dans la 2e compagnie, il fut tué par un tir de mortiers des insurgés, non loin de Debaltsevo, le 9 novembre 2014. Il fut enterré dans un cimetière de Poltava (11 novembre), et fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (26 février 2015).
Artem Kravtchenko (?-), originaire de Krementchouk ou sa région, il s’enrôla dans la compagnie du même nom (mai 2014), et fut envoyé dans le Donbass avec la compagnie. Il fut blessé lors de la retraite où les forces ukrainiennes firent sauter le pont de la Severodonetsk (août).
Alexandre Matiytchouk (1er août 1990-9 novembre 2014), originaire de la région de Poltava, il fit des études professionnelles, puis effectua son service militaire dans l’armée ukrainienne (vers 2008-2009). Il s’enrôla dans le bataillon de police spéciale Poltava, grade de sergent de police, servant dans la 2e compagnie, il fut tué par un tir de mortier, non loin de Debaltsevo, le 9 novembre 2014. Il fut décoré à titre posthume par le Président Porochenko (26 février 2015).
Taras Shapovalenka (?-), il s’enrôla dans le bataillon de police spéciale Poltava (2014), et fut élevée au grade de major à la reformation du bataillon (26 novembre 2014).
Valéry Sinelnik (?-), il s’enrôla dans le bataillon de police spéciale Poltava (2014), et fut élevé au grade de major, à la reformation du bataillon (26 novembre 2014).
Vladimir Volodine (18 mars 1969-26 février 2022), d’une famille ukrainienne, il naquit à Roustavi, en Géorgie durant l’URSS. Il fit des études professionnelles et travailla ensuite à Tbilissi. Il revînt en suite en Ukraine, et s’enrôla dans le bataillon de police supplétive de Poltava (2014). Il fit ensuite carrière dans la police nationale, dans le service de patrouille de la région de Poltava. Il fut mobilisé dans la reformation du bataillon de police spéciale du même nom (24 février 2022). Il servait comme tireur d’élite dans le 2e peloton, de la 1ère compagnie, mais il fut tué quelques jours après le 26 février 2022. Il fut médaillé à titre posthume par le Président Zelensky (28 février).