Après la mort d’Alexeï Navalny, la propagande occidentale est désormais en partie orpheline et va devoir se focaliser sur de nouveaux personnages sortis des manches des services occidentaux. Certains sont déjà en lice depuis longtemps, comme l’oligarque corrompu Khodorkovski, ou encore la veuve de Navalny qui flirte depuis quelques années avec plusieurs agents russes de l’Occident. Une autre des variantes, est Leonid Volkov (Recognised as a foreign agent in Russia), qui fut l’un des lieutenants de Navalny. L’homme a étudié à l’Université de Yale aux USA, et a bénéficié d’une bourse américaine. C’est l’un des « Jeunes Leaders », des hommes et des femmes formés en Occident, recrutés par les services étrangers, et renvoyés au pays pour y motiver des troubles, des révolutions colorées, ou encore prendre le pouvoir. Le plus célèbre d’entre eux fut Saakachvili qui réussit un coup magistral en Géorgie (aujourd’hui en prison dans son pays). La mort de Navalny ne pourra être utilisée longtemps par la propagande occidentale, il leur faudra bientôt mettre en avant une nouvelle variante.
Des jeunes leaders et des révolutions colorées. A la fin des années 2000, et au début des années 2010, la CIA était optimiste dans la réalisation d’une révolution colorée en Russie. Plusieurs coups avaient été réussis dans son ancien espace d’influence, notamment en Géorgie (Révolution des Roses, hiver 2003-2004), en Ukraine (Révolution Orange ou 1er Maïdan hiver 2004-2005), ou au Kirghizistan (Révolution des Tulipes, 2005). Historiquement parlant, les deux pays avaient été des parties de la Russie tsariste, ou pour l’Ukraine carrément son berceau civilisationnel. Il paraissait alors facile de frapper au cœur la Russie. La même année, ne respectant pas leur parole et trahissant la Russie, l’OTAN intégrait 7 pays dans ses rangs. Parmi eux, 6 étaient d’anciens membres du Pacte de Varsovie, ou des parties de l’URSS ou des pays du pacte (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie et Slovaquie). Enfin 3 d’entre eux avaient une frontière commune avec la Fédération de Russie (les trois états baltes). La CIA tenta ensuite de motiver une révolution colorée en Russie. Elle usa conjointement de groupes d’opposants dans la population (Pussy Riot, 2010-2012, groupe VOINA), et de figures emblématiques de l’opposition fabriquée. Le plus poussé et soutenu par la propagande occidentale fut Alexeï Navalny (1976-2024), ou encore Boris Nemtsov (1959-2015). Une énorme campagne de propagande fut lancée au moment de l’élection présidentielle russe (2012), mais elle échoua à faire bouger les lignes en Russie. Les USA passèrent alors à la vitesse supérieure en Ukraine. Le but était de frapper la première pour faire tomber la seconde.
Le deuxième assaut en règle contre la Russie. Il commença après l’échec de la plupart des révolutions colorées en Europe. La cible fut l’Ukraine (2e Maïdan, hiver 2013-2014). Le coup fut une réussite, appuyé par une propagande encore plus forte dans le monde occidental. Mais, l’Ukraine, pays bicéphale ne put être totalement contrôlée. La Russie et le Parlement de Crimée réagirent (retour de la Crimée au giron russe, mars 2014), puis les républicains du Donbass s’insurgèrent (printemps 2014). Les Occidentaux tentèrent d’importer ce Maïdan en Biélorussie et en Russie. Pour se faire, la propagande monta encore d’un niveau. Pour provoquer le choc l’assassinat de Boris Nemtsov fut réalisé par les services occidentaux (2015). Mais l’effet inverse se produisit : le peuple russe menacé dans son essence, touché par le sort des populations du Donbass, et favorable au retour de la Crimée, se rassembla autour du Président Poutine. Tentant le tout pour le tout, les Occidentaux soutinrent plus fortement Navalny, mais il échoua faute de soutien populaire. C’est alors que fut lancé l’opération du faux empoisonnement de l’opposant russe (2021). L’affaire échoua là encore. De retour en Russie, il fut emprisonné et condamné. Dans le même temps, la CIA poussa l’opposition biélorusse à faire « son Maïdan » (été/automne 2020). Ce dernier échoua et les agents occidentaux prirent la fuite à l’Ouest. L’assaut ayant échoué, la dernière option des USA était de provoquer une guerre contre la Russie. Les Occidentaux avaient par ailleurs profité du temps gagné par les Accords de Minsk 2 (2015-2022), pour préparer l’armée ukrainienne à une confrontation majeure (78 000 soldats formés par divers programmes, par les USA, le Canada, le Royaume-Uni et la Suède). L’Ukraine forma ses premières unités de drones avec le soutien d’Israël (2016-2018). Elle forma ensuite un système de brigades de défense territoriale, avec le soutien de l’OTAN (2018-2019, aidé par l’Estonie, la Pologne, le Canada, les USA, etc.), afin d’être en capacité d’encaisser un choc majeur. La Russie devança l’agression ukrainienne des républicains du Donbass par l’opération spéciale (février 2022). Le plan avait partiellement réussi.
Des tentatives écrasées dans l’œuf des Occidentaux contre le régime russe. Dès le début de l’opération spéciale, le narratif de la propagande se focalisa sur l’écroulement du régime russe dans les mois suivants. Plusieurs mythes furent avancés : 1) révolte des mères russes des soldats, 2) écroulement économique de la Russie motivant une révolution, 3) luttes politiques internes conduisant à la liquidation de Vladimir Poutine, 4) liquidation du problème russe par l’assassinat de son président, présenté comme le seul obstacle « à une Russie démocratique » (2022). La propagande occidentale diffusa au même moment d’autres légendes, 1) les dizaines de milliers de partisans ukrainiens, 2) les pertes colossales de la Russie, notamment en matériels et soldats, 3) la nullité de l’armée russe, 4) le manque de munitions, de missiles, la fin des réserves russes. Le coup était double, faire croire à l’opinion publique occidentale de la réalité de ces mythes, et tenter de le faire croire aussi à l’opinion publique russe. L’idée étant de le décourager pour l’amener dans un état d’esprit proche de celui de 1917. Pour soutenir ce plan, l’Ukraine lança une campagne d’assassinats politiques contre des Russes et des Ukrainiens (2022-à nos jours). Et motiva des attaques, sabotages et actions subversives sur le territoire russe. L’opinion publique russe prit alors la direction inverse que celle souhaitée : le soutien à son Président et à l’idée nationale russe. La Russie en profita par ailleurs pour mettre KO l’opposition russe et les agents occidentaux. Ils se discréditèrent vite, d’abord en soutenant l’Ukraine publiquement (trahison choquante), en fuyant en Occident (aveux clairs de leurs compromissions), puis en se compromettant carrément avec des discours russophobes, de dépècement de la Russie, ou de soutien aux extrémistes les plus dangereux de l’anti Russie (Géorgiens, Tchétchènes, transfuges russes, néonazis, néofascistes, bandéristes, etc.).
Volkov l’agent de la CIA dans ses œuvres. Volkov apparaît comme l’une des variantes qui sera présentée au monde comme « l’opposant », et éventuellement « le futur président » d’une Russie punie, démembrée et mise au pas. L’homme n’a pas hésité à se compromettre dans des questionnements comme « Que faire de Poutine, le tuer ou le juger ? » (septembre 2022). Financé par la CIA et les Américains, il a fondé une chaîne YouTube dénommée « RUSSIE sans Poutine ». La chaîne peut paraître impressionnante, 165 000 abonnés, 266 vidéos et 18 millions de vues (depuis 2018). En réalité face à un pays, avec les nouvelles républiques, de près de 160 millions d’habitants, son influence est en réalité surtout de façade et factice. Une grande partie des abonnés sont en effet des russophones zombifiés de l’anti Russie (Ukrainiens, Géorgiens, Tchétchènes, Biélorusses, etc.), ce qui affaiblit d’autant plus son influence, limitée finalement à peu de choses dans l’opinion publique russe. Il est intéressant de dire que Volkov a publié une vidéo (27 février 2024), dénommée « Comment vivre sans Navalny ? », qui montre bien la lutte de pouvoir interne qui s’est engagée pour devenir la nouvelle figure centrale de la propagande occidentale. Les trois vidéos les plus populaires de sa chaîne furent 1) une vidéo contre Khadirov (boostée par les transfuges islamistes tchétchènes des diasporas dans le monde, notamment en France), 2) une vidéo pour expliquer « comment voter correctement contre Poutine » (visant la déstabilisation des élections de 2024), et 3) « Qu’est-ce qu’il y aura après Poutine » (une vidéo tentant de rassurer sur la catastrophe qui attendra finalement la Russie, à la manière de 1917-1918). Si vous regardez attentivement cette chaîne, vous comprendrez qu’il y a des moyens importants derrière lui (matériels, studio d’enregistrement, graphismes professionnels, conseils en communication, en marketing, etc.). Une chose est sûre, les jours de Volkov sont assurés en Occident et l’argent coulant à flots, la guerre est pour lui une opportunité de bien vivre…
Quelques éléments supplémentaires pour comprendre, comme à mon habitude, voici un mini dictionnaire évoquant quelques-unes des révolutions colorées évoquées dans l’article et la fiche biographie de Volkov :
Révolution Orange (hiver 2004-2005), révolution américaine organisée en Ukraine et visant à faire tomber le régime en place, à s’emparer du pays, et à l’intégrer de force dans l’UE et l’OTAN. La révolution fut montrée en Occident comme une formidable opportunité de libertés pour les Ukrainiens. Elle mit au pouvoir le Président Ioutchtchenko (2005-2010), qui commença un travail de sape contre les populations russes ethniques. C’est sous son régime que fut réhabilité Bandera une première fois (2008). Pris à la propre jeu de la démocratie, Iouchtchenko fut écrasé dans l’élection suivante (2010). La révolution avait échoué mais laissé des germes que les Américains attisèrent dans la révolution suivante.
Révolution des Roses (hiver 2003-2004), un jeune leader formé en Occident, mais aussi à la fois proche du Président Chevardnadze, se retourne contre le régime en place et déclenche une révolution colorée, la Révolution des Roses. Les USA ont avoué avoir soutenu techniquement et financièrement ce coup d’État. L’USAID ou encore l’Open Society Institute de George Soros dépensèrent des millions de dollars pour attiser les braises et faire exploser l’opinion publique. Pour aggraver encore la situation du régime géorgien le FMI avait coupé les vivres, laissant le pays avec des mécontents touchés au porte-monnaie. La révolution fut présentée en Occident comme une aspiration légitime à la liberté des Géorgiens. Le régime de Chevardnadze fut balayé, Saakachvili se présenta devant l’assemblée avec des roses, qui devinrent un symbole et donnèrent son nom à la révolution. Il s’empara du pouvoir, instaura un régime répressif, et lança ses forces armées dans une agression de l’Ossétie séparatiste (2008). La Russie et les séparatistes Abkhazes étant entrés en lice, le coup fut paré et la Géorgie défaite. Il réussit toutefois à se maintenir, notamment en cherchant à faire sauter la Constitution, puis pris la fuite (fin 2013). La révolution colorée américaine avait finalement échoué. Il fut recyclé en Ukraine, nommé Gouverneur d’Odessa (2015-2016), mais entra en conflit avec le Président Porochenko. Il fut expulsé d’Ukraine, y entra illégalement, puis fut recyclé par Zelensky au poste de Président du Comité exécutif du Conseil national des réformes (2020-2021). Limogé, en délicatesse avec Zelensky, acculé, il rentra en Géorgie et fut immédiatement emprisonné. Il tenta le coup médiatique de l’empoisonnement imaginaire pour demander son rapatriement… aux USA, et avait tenté des grèves de la faim (2022).
Révolution des Tulipes (printemps 2005), révolution colorée américaine au Kirghizistan, après avoir infiltré le pays. Là encore des fonds furent investis par la CIA pour acheter des élites, proposer des bourses et des formations aux USA ou en Occident. Une imprimerie gérée par un agent américain diffusa des fascicules pour vendre le concept de la « démocratie », en visant les étudiants, les professeurs et d’autres élites. Le coup d’État fut une réussite, il visait à éliminer le régime d’Askar Akaïev considéré comme un allié de Moscou. Une fois celui-ci abattu, les Américains tentèrent de s’emparer du pays, installant des bases militaires et employant des personnels locaux pour servir en Afghanistan. Le nouvel homme fort, une créature des Américains, instaura vite un régime autoritaire et répressif. L’argent américain ne put cette fois-ci le soutenir, Kourmanbek Bakiev fut à son tour renversé (2010), la révolution américaine avait, là encore, échoué.
Leonid Volkov (1980-), originaire d’Ekaterinbourg, d’origines juives, il fit des études de mathématiques et physique (2002-2006), il fut programmateur dans une compagnie privée (1998), puis cadre supérieur (2004-2010). Il fut élu député au Conseil municipal d’Ekaterinbourg (2009), intégrant le Mouvement Solidarité. Il tenta de participer aux élections législatives mais ne fut pas enregistré par manque de signatures (2011). Il émigra au Luxembourg (2013), mais retourna finalement en Russie (fin 2014), se liant à Navalny dont il fut l’un des cadres et conseiller durant son essai de prendre la mairie de Moscou. Il affirma qu’un second référendum était nécessaire pour valider l’intégration de la Crimée à la Russie (2014). Il dirigea le QG de campagne du Parti PARNASSE à Novossibirsk (2015), et fut condamné pour une agression physique sur un correspondant de LifeNews, à 30 000 roubles d’amende (août 2016). Il participa à de nombreuses manifestations non légales, arrêté à 5 reprises, condamné en tout à 95 jours de prison, dans une nouvelle tentative d’agitation du pays par Navalny (2017). Il étudia à l’Université américaine de Yale, dans le cadre du programme Maurice R. Greenberg World Fellows Program (2018). Le programme fondé en 2002 se chargeait de former des boursiers, environ 400 venus de 91 pays différents devant ensuite intégrer les rangs « des chiens de garde » et agents plus ou moins déclarés des USA. Il fut arrêté la même année pour la participation à une manifestation non déclarée, et condamné à 20 jours de prison (21 mai 2019). Une procédure judiciaire fut ouverte contre lui pour blanchiment d’argent (août 2019), mais il préféra prendre la fuite et s’installa plus tard en Lituanie. Il fut condamné par contumace et un mandat d’arrêt international lancé contre lui (2021). Une autre procédure judiciaire fut lancée contre lui pour le financement d’une organisation extrémiste et antirusse indésirable dans le pays (10 août). Il fut couché par le Ministère de la Justice russe sur la liste des extrémistes, et sur la liste des agents étrangers ou financés par l’étranger (14 janvier et 22 avril 2022). Il semble naviguer entre plusieurs pays occidentaux. Il a été repéré en Belgique, à Bruxelles (2023), fréquentant des restaurants et établissements de luxe, notamment en « charmante compagnie ».