De Mazepa aux massacres dans le Donbass. Ce bataillon s’est immédiatement connecté à l’ancienne tradition des Cosaques zaporogues de l’Hetman Mazepa (1639-1709), qui préféra trahir la cause des Cosaques pour se rallier à Charles XII de Suède, qui depuis près de 10 ans ravageait la Russie avec l’une des meilleures armées de son temps. Mazepa ayant eu la tentation de rallier le roi de Suède et de l’appeler en Ukraine pour se reposer durant l’hiver, en lui promettant le ralliement de dizaines de milliers de Cosaques, Charles XII eut la mauvaise surprise de ne trouver que 2 000 transfuges cosaques. Les dizaines de milliers d’autres… avaient rallié l’armée de Pierre le Grand, qui écrasa bientôt l’armée suédoise à la célèbre bataille de Poltava (1709). Pour tenter de sauver leurs vies après la défaite, les hommes de Mazepa préférèrent l’assassiner pour complaire au Tsar… C’est donc naturellement que des Ukrainiens du parti national-socialiste Svoboda, eurent l’idée de former ce bataillon de cosaques (sans cosaques), avec des volontaires venus des anciennes compagnies de défense du Maïdan (financées par les États-Unis). Le bataillon fut cependant plus difficile à composer que ces homologues néonazis, qui furent cependant envoyés lutter contre les insurgés du Donbass à la fin du printemps 2014. Il est vrai également que les fortes primes offertes dans les bataillons Azov, Dniepr-1 et 2, Donbass ou Aidar, incitèrent plutôt les candidats à s’engager dans les unités offrant les salaires les plus juteux.
De sa formation aux rafles et crimes politiques dans le Donbass. Il fut formé le 12 juin 2014, par le Direction du Ministère de l’Intérieur d’Ukraine, à partir d’ultranationalistes d’une compagnie d’autodéfense du Maïdan liée au Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda. L’initiative de sa création fut prise par le parti, connu pour ses positions extrémistes néonazies de longue date, le Svoboda est en effet le plus vieux parti formé en Ukraine et directement connecté à l’idéologie nazie, dans l’Ukraine indépendante. Il fut formé également d’hommes recrutés pour leurs expériences militaires ou policières, dans le sein du parti, notamment des soldats ayant servi dans les forces de maintien de la paix sous contrat de l’ONU (notamment en Irak). Une centaine d’hommes furent rassemblés, qui prêtèrent le serment d’allégeance à l’Ukraine (26 août 2014), la moitié étant envoyée dans le Donbass, pour participer aux représailles et répressions politiques. Sept députés du Parti Svoboda s’enrôlèrent dans ses rangs et accompagnèrent les policiers auxiliaires. Il opéra dans la région de Slaviansk (septembre 2014-mars 2015), dans l’oblast de Donetsk, en principe pour des opérations de maintien de l’ordre, contrôles et barrages routiers, mais aussi bientôt dans les répressions politiques contre les populations civiles du Donbass. Il se signala par des exactions, arrestations et violences contre les civils, emprisonnement de dissidents, maltraitances et tortures de prisonniers et d’autres crimes politiques dans la région. Il fut ensuite placé dans la ville de Kourkhovo (octobre 2014-octobre 2015), alors que d’autres parties du bataillon opéraient dans le village de Peski, directement sur le front et près de l’aéroport, servant aussi de police militaire (octobre 2014-juin 2015), ou encore à Avdeevka (mars-octobre 2015), et Svatove (octobre-novembre 2015). Ces hommes dont l’idéologie nazie ne fait aucun doute, par leur affiliation au parti ukrainien néonazi le plus ancien et le plus débridé, ont participé à la marche sanglante dans le Donbass, notamment en établissant leur quartier-général à Slaviansk. Malgré les fausses déclarations relayées par ailleurs par les médias français, les armes lourdes furent systématiquement utilisées contre les populations civiles, qui furent également attaquées par les hommes des différents bataillons néonazis dans ce terrible printemps et été 2014. Dès leur arrivée sur place, l’ensemble des populations, ou presque, étant hostile à l’idéologie du Maïdan ou du nazisme, les hommes du bataillon Sich dérapèrent dans des dérives meurtrières. Sous la conduite de certains des 7 députés de la Rada du parti national-socialiste d’Ukraine (qui séjournèrent avec le bataillon), ils participèrent à ce que les Ukrainiens ont appelé « l’opération ATO », une opération votée par la Rada, niant la guerre, transformant cette dernière en opération de police, contre les « terroristes » dans l’Est de l’Ukraine. Ainsi libéré des règles en temps de guerre, notamment de la Convention de Genève, le bataillon Sich se livra à d’abominables crimes de guerre et contre les populations civiles. Elles furent prises pour cibles pour trois raisons : 1) il s’agissait de Russes ethniques, 2) il s’agissait de population soutenant les insurgés, 3) dans le but de terroriser les civils pour vider le Donbass de ses habitants. Il fut officiellement et tardivement reconnu comme unité combattante sous contrôle du Ministère de l’Intérieur, par le Ministère de la défense (26 août 2014).
Une grenade lancée sur les forces de l’ordre montre la vraie nature du bataillon Sich. Dans les conflits politiques intenses qui agitèrent l’Ukraine après le Maïdan, le Parti Svoboda, qui avait abandonné son nom de Parti National-Socialiste d’Ukraine afin de se toiletter (2008), entama à la fin de 2015, un nettoyage systématique de son image en cherchant à gommer ses origines et cacher son idéologie. Il fut décider notamment de déclarer qu’il n’y avait pas de connexion entre le parti et le bataillon, sous couvert d’une loi, décidée par la Rade d’Ukraine, qui indiquait que les personnels du Ministère de l’Intérieur n’avaient pas le droit d’être inscrits dans un parti politique et devait cesser toutes leurs activités militantes. Le but était évidemment de tenter de pousser dehors les plus extrêmes et les plus visibles. Des membres du bataillon, et d’autres unités, ainsi que des partis les plus extrémistes, dont bien sûr le Pravy Sektor, mais aussi le Parti National-Socialiste d’Ukraine, organisèrent une manifestation qui tourna au drame devant la Rada d’Ukraine à Kiev (31 août 2015). Un soldat du bataillon, en compagnie d’un autre sbire du bataillon Carpatian Sich, lança une grenade sur les forces de l’ordre, tuant quatre policiers et blessant une dizaine de personnes. Il fut arrêté avec son comparse, le chef de bataillon et ces hommes suspectés de pouvoir réaliser d’autres attentats. Les éléments les plus radicaux refusant de cesser de faire partie du Parti Svoboda quittèrent l’organisation, les autres durent se résoudre à ne plus militer. Ce qui en restait, environ 170 hommes, forma la 4e compagnie (dénommée Sich) du 4e régiment de police de Kiev, commandé par un certain Maxime Morozov (21 décembre 2015). A partir de ce moment, son histoire s’est confondue avec cette unité d’une valeur combative douteuse, fut employée comme force de police sur les arrières du front du Donbass. Le bataillon reçu un nouvel équipement, de nouvelles armes et un véhicule blindé de reconnaissance, puis deux autres un peu plus tard (octobre). et continua de servir dans des actions de police auxiliaire, en collaboration étroite avec la police politique ukrainienne, le SBU. Il fut impliqué dans les arrestations arbitraires de civils, placés souvent dans des prisons secrètes se trouvant directement à l’arrière du front, notamment à Kramatorsk, où le bataillon possède une base encore actuellement (depuis le 18 décembre 2015), et à Avdeevka (à partir de mars 2016). Une autre base et prison fut un moment installée dans la ville de Droujkova (entre 2017 et 2019). Cependant, le bataillon participa désormais à des combats, il subit des pertes importantes dans la région de Kramatorsk, où il fut engagé au combat dès le commencement de l’opération spéciale russe (depuis février 2022).
Dans la grande tradition des forces de police supplétive ou milicienne. Les Ukrainiens avaient formés de nombreux bataillons de supplétifs pour l’armée hitlérienne, chargés du maintien de l’ordre sur les arrières du front de l’Est. Ce sont les missions qui ont été données à ce régiment. Selon les déclarations officielles du Ministère de l’Intérieur ukrainien, elles consistaient à rechercher et mettre hors d’état de nuire les « terroristes » du Donbass (de l’arrière), assurer la sécurité des événements publics, « éliminer les menaces » en poursuivant tous les suspects devant être livrés à des tribunaux spéciaux et au SBU, et participer au maintien de l’état d’urgence avec couvre-feu dans les zones du front et de l’arrière du front considérées comme hostiles. Au vu des témoignages que j’ai moi-même relevé en 2015 et 2016 (notamment pour le même type d’organisation à Kramatorsk et Marioupol), il faut bien comprendre que ces missions ont été du même acabit. A savoir, se livrer à des arrestations arbitraires, au rapt de personnes innocentes ou politiquement hostiles au régime, de recherches et d’assassinats des résistants du Donbass restés sur place, dans une sorte de chasse à l’homme, dont il y a peu d’exemple dans l’histoire, notamment par la durée très importante de l’opération (8 années tout de même). Doté de pouvoirs exceptionnels, le bataillon avait de fait le droit de vie ou de mort sur chaque habitant du Donbass. Combien d’hommes et de femmes furent victimes de ce joug terrible ? Seule la libération du Donbass et la capture d’archives de l’opération ATO, du SBU ou de ces unités pourront réellement dire le nombre de victimes de cette sinistre besogne. Il reste à dire qu’il ne s’agit que d’un régiment… parmi bien d’autres qui se trouvaient sur tout le front du Donbass, mesurant pas moins de… 450 km. Je vous laisse imaginer combien de centaines, voire de milliers de victimes potentielles cela représente…
La liste des députés néonazis qui servirent dans le bataillon ou l’accompagnèrent dans l’été 2014 :
Youri Sirotiouk, (1976-), originaire de Rivne, Ouest de l’Ukraine, ses deux grands-pères étaient des membres de l’armée nationaliste hitlérienne ukrainienne de l’UPA, et furent tués par les Soviétiques. Professeur d’histoire puis de Philosophie (1998-1999, on imagine le désastre de son enseignement auprès des élèves), journaliste au Українське слово, journal qui fut édité longtemps à Berlin, puis à Buenos-Aires par d’anciens nazis ukrainiens s’étant enfuis par les lignes des rats (puis par leurs ancêtres, dont il fait partie), a ensuite semé des rédactions partout où ces partisans bandéristes se sont réfugiés après la guerre (au Canada, à Chicago aux USA), il entama bientôt une carrière politique, membre du parti national-socialiste d’Ukraine, vice-président du parti (Svoboda, 2008). Il se fit remarquer par ses critiques racistes à l’encontre de la chanteuse ukrainienne Gaitana Essami, originaire du Congo, et présentée à l’Eurovision 2012. Député à la Rada d’Ukraine (2012) pour le parti national-socialiste Svoboda (2012-2014). Il fut désigné pour la commission à la Sécurité et à la défense nationale, il prit des positions très fortes en faveur du Maïdan (hiver 2013-2014). Gros poisson du parti, il entra dans l’opposition au régime, notamment à partir de l’automne 2015, où le pouvoir tenta de se débarrasser de leur présence très gênante. Il fut arrêté et jeté en prison (4 novembre 2015), suite à une enquête sur le meurtre d’un garde-nationale et les émeutes fomentées par différentes organisations néonazies à Kiev (31 août 2015). Il tenta de dénoncer la contrebande se déroulant entre le Donbass et l’Ukraine, mais aussi de défendre les volontaires des bataillons spéciaux selon lui abandonnés ou méprisés par l’État. Il disparut quasiment du paysage politique, réapparaissant de temps à autre pour défendre les assassins des bataillons spéciaux du Donbass. On le vit ainsi prendre la défense d’un volontaire (septembre 2016), qui avait voulu passer la frontière de la Pologne en affichant un grand drapeau de l’UPA (symbole de l’armée du même nom qui se livra en Volhynie durant l’été 1944, au massacre de dizaines de milliers de Polonais).
Oleksi Kaïda, (1971-), originaire de Berdiansk, ouvrier (1989-1994), diplôme d’ingénieur de l’Université de Lvov (1999), il entra vite en politique dans le parti national-socialiste d’Ukraine (septembre 1993), assistant parlementaire et conseiller du fondateur du parti, Oleg Tyagnibok, il occupa divers postes politiques à l’échelle de la région (Lvov, Ternopol). Il s’engagea dans diverses actions de protestations parfois violentes contre la Russie, contre l’accord de Massandra (1993), contre l’accord de Kiev entre Ianoukovitch et Medvedev (2010, il fut arrêté), puis durant le Maïdan (2013-2014), faisant le coup de feu avec les extrémistes les plus décidés contre les berkuts (février 2014). Il était alors député de la Rada (2012-2014), puis participa aux répressions sanglantes contre les habitants du Donbass, dans la région de Slaviansk, bataillon Sich (août 2014), décoré par le patriarche de Kiev en 2015 (patriarcat fondé en opposition à celui de Moscou), mobilisé dans l’armée suite aux revers importants de l’armée ukrainienne face aux insurgés du Donbass (février 2015). Il mena ensuite des activités politiques surtout internes au parti Svoboda, s’affichant souvent dans des magazines people ou de propagande ukrainienne. Passablement grillé, il tenta de revenir à la vie politique locale et d’entrer dans l’administration (région de Ternopol, 2021), peut-être a-t-il eut le courage de revenir au front ? Ou pas !
Oleg Ossoukhoski, (1978-), originaire de la région de Lvov, membre du parti national-socialiste d’Ukraine (1998), joueur de football professionnel (2000-2002 en Ukraine, puis en Angleterre 2003-2006), champion d’Angleterre de mini-football (2004 et 2005). De retour en Ukraine, il fit des études de finances (Ivano-Frankov, 2007), s’engagea dans le milieu associatif, sportif et politique, il ne cessa de conseiller et d’assister le fondateur du parti national-socialiste ukrainiene, Oleg Tyagnibok, élu dans au conseil d’un district régional (2007-2008), directeur adjoint d’un cabinet d’avocats (2012), député de la Rada d’Ukraine (2012-2014). Toutefois accusé par une journaliste de la Европейская волна (La vague européenne), d’avoir participé lorsqu’il était député à des activités illégales, à la corruption et à des « raids ». Il ne commenta jamais ces accusations qui furent confirmées par un organe de lutte contre la corruption, mais l’arrivée du Maïdan, le sauva opportunément de poursuites judiciaires. Il fut réélu à la Rada d’Ukraine, et s’illustra par sa ligne particulièrement russophobe et racialiste (2014-2019). Il fut frappé par les sanctions russes et inclus dans une liste (décembre 2018). Il s’impliqua dans l’organisation de meetings populaires devant mettre en scène les « héros » de l’Ukraine, en mélangeant des massacreurs des bataillons spéciaux, des personnalités du show-business ou des sportifs (2021), et affirmant vouloir participer aux tournages de films de propagande, notamment de réécriture de l’histoire.
Oleg Guelebeï, (1965-), simple ouvrier dans une ferme collective (années 80), il fit son service militaire dans l’armée soviétique (1983-1985), mais entama des études de médecine (1991), puis de droit en cours du soir (1997-2001), fondateur d’un cabinet d’avocats (1998), assistant du député national-socialiste Oleg Tyagnibok (2002-2006), député au conseil régional de Kiev (2010), député à la Rada d’Ukraine (2012-2014). Il s’illustra dans une bagarre d’anthologie dans la Rada (6 juin 2013), où ayant perdu une médaille patriotique nationaliste, il accusa la députée Inna Bohoslovska (originaire de Kharkov et membre du parti des Régions, pro-russe) de lui avoir volé « son précieux ». L’affaire monta encore d’un cran lorsque le porte-parole du parti national-socialiste d’Ukraine publia sur les réseaux sociaux des insultes et des menaces à l’encontre de la « sorcière ». Elle porta plainte et obligea ce dernier devant les tribunaux à lui verser une amende de 50 000 hryvnia. Il ne put jamais se venger, « la sorcière » retourna sa veste en faveur du Maïdan au printemps 2014 et fut l’une des têtes de file de la manifestation antirusse qui se jeta dans Kharkov sur le monument de Lénine (qui fut détruit), et marqua le début des répressions politiques sévères dans la ville. Lui même servit ensuite dans le bataillon spécial formé de membres du parti national-socialiste d’Ukraine « Sich » et fut envoyé participer aux répressions dans le Donbass (septembre 2014). Il fut élu député au conseil municipal de Kiev pour le parti (2015). Il s’illustra dans un scandale en s’attaquant à une serveuse qui avait conversé en langue russe avec ses clients, dans un café de Kiev (14 février 2021). Passablement éméché, l’ancien député est revenu sur les lieux agresser la jeune fille, bientôt défendue par un client. Le député accompagné d’un camarade national-socialiste a ensuite agressé ce dernier en sortant un couteau. Dans le même temps, plus de 600 plaintes, dénonciations et agressions racialistes pour usage de la langue russe avaient été enregistrées à Kiev et dans sa région.
Oleksandr Mirniy, (1961-), originaire de Kiev, il fit son service militaire dans l’armée soviétique, liquidateur de la centrale nucléaire de Tchernobyl (1986), mineur, fermier, éleveur de porcs, homme d’affaires, il fonda une entreprise louant plus de 8 000 ha de terres agricoles dans la région de Khmelnitski, membre du parti national-socialiste d’Ukraine (2000), il s’enrichit et fut élu au Conseil régional local (2010), financier du parti (7,6 millions de Hryvnia rien qu’en 2011), bientôt élu député à la Rada d’Ukraine (2012-2014), il échoua ensuite à emporter un siège municipal à Kiev (janvier 2015). Il protesta vivement suite aux répressions qui frappèrent le parti après les émeutes d’août 2015, qui visait la Rada et le président Porochenko et dut se faire petit. Millionnaire ayant dépassé l’âge des réquisitions militaires, il s’est probablement enfui à l’étranger dès le premier coup de canon russe.
Andriy Tiagnibok, (1973-), né à Lvov, frère aîné d’Oleg fondateur du parti national-socialiste d’Ukraine, descendant d’un obscur nationaliste ukrainien ayant participé à la fondation de la République populaire d’Ukraine occidentale (qui eut une courte vie entre 1918 et 1919). Il tua sans le vouloir un camarade de classe qui courrait dans un couloir (1988), et fut condamné à deux ans de prison (1989). Il s’enrôla dans l’association ukrainienne ultranationaliste Héritage (1989), qui restaurait des tombes de combattants de l’armée collaborationniste hitlérienne de l’UPA. Il fit des études d’histoire à Lvov (1990-1995), puis de droit (1998-2002). Membre du Parti national-socialiste d’Ukraine dès sa fondation (1991), et de l’association ultranationaliste Jeunesse Ukrainienne et Christ (1993-1996). Directeur commercial dans diverses entreprises (depuis 2000), son engagement en politique le fit élire au Conseil régional de Lvov pour le parti national-socialiste (2010), député de la Rada d’Ukraine (2012-2014), il servit dans le bataillon Sich comme volontaire dans le Donbass (avril 2015). Il se fit ensuite élire au Conseil régional de Lvov (2015-2020), où il continua à s’enrichir et devint millionnaire. Il a certainement été mobilisé dans la réserve après le lancement de l’opération spéciale russe.
Olekseï Fourman, (1969-), né à Vinnytsia, il effectua son service militaire dans l’armée soviétique (1987-1989), étudia également l’histoire dans sa ville natale, diplômé (1993), puis professeur d’histoire, mais vite fondateur la même année d’un site de vente de matériels et de fournitures pour entreprise, qui s’affiche en ce moment avec des slogans nationalistes et même publiant des insultes dignes du langage châtier de la rue. Il en fut le directeur jusqu’en 2014. Il entra vite en politique, d’abord en indépendant, dans le Conseil municipal de sa ville (1996-2002), réélu (2002-2006), député au Conseil du district (2006-2010), membre du Parti national-socialiste d’Ukraine, Svoboda (2009), président du mouvement dans sa ville (2010). Il fut mêlé à un scandale lorsqu’il fut révélé qu’il avait été invité par le parti à verser 2,5 millions de dollars pour avoir une place à la Rada d’Ukraine… et fut bientôt élu député de la Rada d’Ukraine, pour un court moment (2014). Ses positions racialistes et russophobes le firent inscrire sur une liste définie par la République de Crimée, comme interdit de séjour (21 mars 2014). Financier important de la campagne présidentielle d’Oleg Tiagnibok qui fut perdue et remportée par Porochenko. Il fut à la tête d’une émeute, qui prit d’assaut le Conseil régional de Vinnytsia, jeta des fumigènes, brûla des pneus et déversa des poubelles dans l’administration pour déposer son président jugé trop mou (6 décembre 2014). La démocratie populaire à géométrie national-socialiste vota dans la rue, sur la place centrale de la ville, et à bras levés désigna Fourman à sa place comme « gouverneur du peuple » (7 décembre 2014). Signataire d’un texte extrémiste demandant plus d’aide des Occidentaux contre la Russie et notamment l’entrée de l’Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN, ce qui déclencherait automatiquement une Troisième Guerre mondiale (avril 2022). Malgré ses millions l’homme devrait en principe être mobilisé dans l’armée ukrainienne.
Et parmi les soldats citons :
Igor Goumeniouk, alias Dubenko, originaire de Kamianets-Podolsky, étudiant ayant participé aux compagnies d’autodéfense du Maïdan (hiver 2013-2014), sympathisant du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, et néonazi convaincu. Il s’enrôla dans le bataillon de police Sich (été 2014), et fut envoyé dans le Donbass où il servit dans le village de Peski et à la bataille de l’aéroport de Donetsk (hiver 2014-2015). Il fut le président de l’association néonazie Sokol (Faucon), dans sa ville natale et fut envoyé en permission à l’arrière (3 août-3 septembre 2015). Il en profita pour faire les démarches pour quitter le bataillon (29 août), s’insurgeant contre la décision de la Rada d’Ukraine, notamment d’interdire le militantisme politique aux fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur, dont son bataillon faisait partie. Il participa aux violentes émeutes devant la Rada (31 août), et lança une grenade sur les forces de l’ordre, tuant quatre personnes et en blessant une dizaine d’autres. Au total, l’émeute fit 152 victimes, 148 blessés et les quatre gardes nationaux tués par sa grenade. Il fut arrêté le jour-même, en possession d’une autre grenade et de la goupille de l’autre engin qu’il avait lancé. Les vidéos de surveillance confirmèrent qu’il s’agissait bien de lui. Emprisonné, il fut défendu par deux avocats membres du Parti National-Socialiste, son « procès » donnant lieu à un long mélodrame, ponctué de manifestations violentes de soutien, expulsions de manifestants du tribunal, jusqu’à que le futur procès soit déclaré à huis-clos. Un autre militant néonazi, Sergeï Kraïniak fut également arrêté, soldat dans le bataillon de représailles Carpathian Sich (c’est un autre bataillon), mis également en cause dans l’action. Les autres extrémistes furent finalement libérés, et ces deux hommes durent répondre de leurs actes. Plusieurs demandes de libération sous caution, que le Parti Svoboda aurait financé, furent repoussées par le tribunal (2017-2018), alors que les accusés plaidèrent non-coupables, et refusèrent de témoigner, les audiences se succédant les unes après les autres, avec prolongation de leur emprisonnement sans que rien ne fut décidé. Pour des raisons politiques, à la fois pour ne pas offenser les nombreux ultranationalistes et néonazis servant dans l’armée, et pour éviter de créer un exemple fâcheux, sans parler de la gêne qui aurait été occasionnée aux Parti Svoboda (allié de Porochenko, puis désormais de Zelensky), le procès n’eut finalement jamais lieu. Ils restèrent en prison sans avoir été jugés jusqu’au commencement de l’opération spéciale russe (février 2022). Quelques semaines plus tard, Zelensky annonça la libération de tous les prisons ayant une expérience militaire. Ils furent donc libérés et envoyés au front. Les familles des quatre policiers tués devant la Rada auront été sacrifiés sur l’hôtel de la raison d’État, sans vergogne.
Pavlik Bogdan (1981-2017), originaire de la région de Lvov, il servit dans les forces de maintien de la paix de l’ONU, notamment en Irak. Expert-criminaliste dans la Police ukrainienne, il travailla dans l’administration pénitentiaire, étant mais aussi militant néonazi du Parti National-Socialiste Svoboda. Il fut l’un des fondateurs du bataillon Sich (2014), commandant de compagnie, et participa aux combats et répressions dans la région de Peski et Avdeevka (à partir de juillet). Rêvant de la Révolution nationale fasciste en Ukraine, il fut très affecté de la tournure des événements à la fin de 2015. Ce fanatique refusa de quitter le Parti Svoboda, et préféra démissionner de son poste et rentra chez lui. Il végéta entre petits boulots de vigiles et chômage. Après le refus des autorités d’allouer des terres aux vétérans du Donbass, incapable de se réinsérer dans la vie civile, peut-être aussi à cause des crimes qui avaient été commis par lui et sous ses ordres, il décida de donner ses archives et effets personnels à un musée de l’opération ATO (opération antiterroriste dans le Donbass), puis se suicida par pendaison. Il fut retrouvé pendu dans un terrain vague, le 4 août 2017.
Miroslav Misla (1992-2016), originaire de la région de Transcarpatie, c’est lors de ses études qu’il rejoignit les rangs du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda (2011), diplômé de l’Université de Kharkov en histoire (2013), il fut l’un des participants à la Révolution du Maïdan américain (hiver 2013-2014), correspondant pour la radio du parti, il fut malmené par les policiers lors d’une manifestation (25 janvier 2014), et s’enrôla dans les rangs du bataillon de police Sich (été 2014), avant d’être envoyé dans le Donbass. Il servit notamment à la protection des bureaux de vote lors des élections législative, à Slaviansk (octobre), puis dans les combats autour de Peski et d’Avdeevka (hiver 2014-2015). Il se présenta aux élections municipales à Kharkov, et fut élu conseil municipal (automne 2015). Il quitta le bataillon pour être envoyé suivre une formation militaire (mai-août 2016), à l’académie militaire des forces terrestres de Kharkov. Nommé sous-lieutenant dans la 93e brigade mécanisée, il fut tué par un tir de mortiers dans la région de Lougansk, le 2 octobre 2016. L’Ukraine l’érigea en symbole pour sa propagande, « héros de l’Ukraine », plaques commémoratives, poèmes et chansons, effets personnels dans le Musée nationale d’histoire de l’Ukraine, festival de musique, marche et concerts, concourt de tir, monument à Kiev, citoyen d’honneur de la ville de Ternopol à titre posthume et même une rue rebaptisée en son nom. Sa jeunesse et son physique de beau garçon furent une aubaine, cachant difficilement toutefois le militant néonazi, s’affichant entre autre avec l’insigne d’Azov, le wolfsangel inversé de la division SS Das Reich.
Arkady Pishanski (?-2023), originaire de Poltava, membre du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, il fut bientôt président du mouvement néonazi dans la ville et la région. Il soutînt la révolution américaine du Maïdan (hiver 2013-2014), puis il servit longuement dans le bataillon Sich, officier et cadre du bataillon (2014-?). Il revînt ensuite à la vie civile. Il retourna dans le bataillon au moment de l’opération spéciale russe (février 2022), officier supérieur, versé dans la 116e brigade de défense territoriale de l’Ukraine, de la région de Poltava, afin de tenter de relever le niveau et surtout motiver les soldats de la territoriale (quitte à faire fusiller les moins motivés et les déserteurs de plus en plus nombreux). Son unité fut envoyée directement en première ligne, région d’Artemovsk.Bakhmut et il fut tué vers le 25 janvier 2023, par les troupes d’assaut du groupe Wagner.
Alexander Pissarenko, carrière d’officier dans l’armée ukrainienne, sportif de haut niveau, il pratiqua dans sa jeunesse l’aviron. Il servit également dans les forces de maintien de la paix, de l’ONU, en Irak (2005). Il y fut blessé dans une embuscade. Ultranationaliste convaincu, membre du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, il fut le commandant d’une compagnie d’autodéfense du Maïdan, durant la « Révolution de la dignité » (hiver 2013-2014), à la tête d’une compagnie dénommée Sich. Commandant du bataillon Sich, dont il fut l’un des créateurs, membre du Parti National-Socialiste d’Ukraine, il fut mis en porte à faux par l’attentat à la grenade que commis l’un de ses hommes, en lançant une grenade sur des soldats de la Garde nationale, devant la Rada de Kiev (31 août 2015). Il déclara désavouer cette action, et avoir à cette date un effectif restreint de 170 hommes, beaucoup ayant démissionné suite à la loi qui prévoyait l’interdiction du militantisme politique, tout en faisant partie des forces du Ministère de l’Intérieur. Il affirma devant les médias, de manière finalement assez comique : « le bataillon Sich est associé au parti National-Socialiste Svoboda, mais l’unité n’est en aucun cas politique ». Puis expliqua que les services psychologiques travaillant avec les soldats étaient en cause, car il avait été contusionné suite à un bombardement, et que depuis l’engagement du bataillon dans le Donbass, pas un de ses hommes n’avait reçu la moindre petite médaille… mais seulement de l’argent et quelques lettres. Il se plaignit également que d’autres bataillons recevaient tous les honneurs (en visant en effet particulièrement Azov, toujours sous les phares des médias), et que lui-même avait attendu la confirmation de son grade de chef de bataillon pendant huit mois. Les autorités du Ministère de l’Intérieur ne le maintinrent pas à son poste, il fut rappelé (2016), et envoyé à l’arrière pour s’occuper de la formation des membres de la Police nationale et des forces de l’Intérieur. Il fit partie d’une équipe ukrainienne d’athlètes pour la compétition Invicuts Games-2017 à Kiev. La compétition rassemblait des militaires blessés de différents pays, organisée et financée par la famille royale… du Royaume-Uni. Médaillé d’or en aviron… sur un simulateur. Pissarenko en a lourd sur la conscience, rappelons qu’il était également un officier supérieur de la police politique du SBU. A ce titre, il est en responsabilité de tous les crimes politiques, de guerre et tortures qui furent commis dans le Donbass par son unité. L’homme aurait sans doute pas mal de choses à raconter sur les deux années sanglantes qu’il passa dans les régions insurgées. Il fut accusé et critiqué lors de son commandement sur le front « de manque de professionnalisme, de corruption, d’abus de pouvoir, d’erreurs de commandements, et d’irrégularités »
Irina Tsvila (1969-2022), originaire de la région de Kiev, pédagogue et enseignante, puis paysagiste, militante néonazie du Parti Svoboda, elle participant sur les barricades à la Révolution du Maïdan américain (hiver 2013-2014). Elle s’enrôla parmi les premières dans le bataillon Sich (2014), et servit jusqu’alors dans les opérations du représailles et les combats. Elle fut tuée lors de combats contre l’armée russe dès le 25 février 2022.