Dénoncer des pays étrangers de manipulations dans un autre pays en temps d’élection est devenu quasiment un standard, qui est surtout utilisé par l’Occident. Dans le cas où, l’organisation d’une révolution colorée est impossible, l’Occident use de la diffamation sur les régimes visés, et des élections dans ces pays. L’idée est de répandre dans l’opinion publique mondiale et des pays cibles, que ces pays « ne sont pas démocratiques », et sont des endroits où les répressions, l’injustice et la corruption règnent. Les élections en Russie n’ont pas tardé à être la cible des médias occidentaux, notamment depuis le début des années 2010. Il est important de dire que l’inverse n’est pas vrai, et que jamais des médias russes d’État (ou non), n’ont accusé un pays occidental d’élections truquées, ou reprenant les nombreux scandales politiques qui pullulent à l’Ouest. Il s’agit déjà d’une immense différence de comportement, mais qui en dit long sur les intentions occidentales : en Occident tout est clair, ailleurs tout est forcément faux…
Les élections sont devenues une cible de l’Occident. Le trucage des élections politiques est très ancien et certains sont restés dans les mémoires. Dans l’imaginaire collectif occidental, ces fraudes ou manipulations ne peuvent être localement que lointaines dans le passé, et surtout présentes partout sauf en Occident. L’ingérence au niveau politique de pays « hostiles » est aussi une vieille histoire. Sous la Révolution française, des complots furent imaginés du « parti de l’étranger », défini comme venant de la perfide Albion, ou encore de l’Autriche. Certains conventionnels furent même envoyés à la guillotine comme à leur solde. Pendant les années 30, et plus tard durant la Guerre Froide, les deux camps usèrent aussi d’accusations réciproques, provoquant des purges souvent sanglantes (Chasse aux Sorcières, Affaire des médecins). A l’époque contemporaine, du fait essentiellement des médias de masse, et de la circulation rapide de l’information, la contestation d’élections est devenue presque une norme, y compris en France. De cette date, l’ingérence des pays de l’Occident est devenue pratiquement systématique, non pas seulement par la voie gouvernementale, mais aussi surtout par la puissance des médias. Au sujet de la Russie, si vous vous amusiez à chercher dans un moteur de recherche sur Internet, le nombre d’articles dénonçant le régime dans le pays, ou l’irrégularité des élections, vous feriez fasse à des milliers d’articles. En 2011, le journal Libération titrait « élections russes : la fraude passe en force », France 24, un média public français titrait en 2021 : « Russie : l’opposition dénonce des fraudes massives au lendemain des législatives ». Plus loin, des officines de l’USAID comme le « journal » Slate mettaient carrément en doute la légitimité même de ses élections en Russie ou Biélorussie (2023). Ces ingérences répétées et sans limite vont parfois très loin, en affirmant comme Ouest-France que « en Russie la réélection de Poutine est jouée d’avance » (2018). Si vous aviez la possibilité en Russie de chercher des équivalents… vous trouveriez le vide.
Inventer des opposants politiques et autres basses manipulations. La Russie est d’autant plus une cible privilégiée « et facile », que les médias occidentaux de propagande peuvent s’appuyer sur la supposée histoire de la Russie. D’abord le régime tsariste défini comme « autocratique », puis celui de l’URSS présenté comme « une dictature », enfin la Russie contemporaine qui serait son héritière. De fait, selon cette rhétorique, la Russie ne pourrait être « une démocratie », selon une propagande déjà à l’œuvre depuis très longtemps (surtout grâce à la Guerre Froide). Selon les thèses ou accusations, la Russie serait au pire « un pays communiste », ou parfois « un pays impérialiste », et dans le meilleur des cas « une démocratie hybride » (donc qui n’en serait pas). Pour donner naissance à ces mythes, tous les faits négatifs de son histoire sont utilisés, et des opposants politiques censés être puissants et populaires sont inventés et poussés en avant. Ces médias s’attaquent aussi à l’opinion russe, en comptant sur des structures médiatiques d’État, comme des agences de presse, ou des médias écrivant dans de nombreuses langues (comme RFI en France, Radio Liberté ou le Reader’s Digest aux USA, etc.). Dans cette optique, l’idée est d’enfoncer au marteau dans les « têtes russes », que décidément rien ne va dans le pays, et qu’ils devraient désirer ardemment cette démocratie idéale de l’Occident. Le stéréotype principal qui en ressort est que la Russie serait un pays n’ayant jamais atteint « le Nirvana démocratie des libertés », avec qui on ne pourrait que difficilement dialoguer, et à qui l’on ne pourrait faire confiance. L’enfumage est donc double, vers les deux opinions russe et occidentale, en espérant motiver dans la Russie une véritable opposition. Véritable c’est le mot, car en 2012, des médias français utilisèrent des photos de manifestations géantes en Russie en 1991, pour faire croire à des millions de personnes dans la rue. Or à ce jour, et je l’ai constaté à cette époque de mes propres yeux, cette opposition ne pouvait difficilement faire descendre dans la rue que 20 ou 30 000 personnes (Le Monde essayait d’amuser la galerie en communiquant sur une manifestation de 1 000 personnes à Saint-Pétersbourg, une ville de 5 millions d’habitants !). Surfant sur l’ignorance quasi totale des populations occidentales à propos de la Russie, l’artifice fonctionne depuis longtemps. Les USA se sont engagés dans une démarche visant à délégitimer le pouvoir de l’État en Russie. A cette fin, une structure visant à saper la confiance dans le Kremlin fonctionne (de longue date). Elle comprend des groupes de réflexion, des organes d’informations, des blogueurs, des professionnels qui mènent des campagnes médiatiques psychologiques massives. Certaines de ces actions incitent les citoyens russes à participer à des manifestations, des provocations, des boycotts ou des appels à la destruction de bulletins de vote.
Campagne du Midi, provocations et attaques du vote électronique. Parmi les actions qui ont été observées, citons la « Campagne du Midi », à savoir des groupes de citoyens incités à se rendre nombreux dans un même bureau de vote, pour y créer des queues, des désordres et décrédibiliser la Russie dans sa capacité à gérer une élection. Sur des réseaux sociaux, ces provocateurs recrutent des personnes et s’organisent pour venir en masse, dans tel ou tel bureau. L’une des actions prônées est aussi la destruction des bulletins de vote, pour tenter de réduire la participation, ou plus subtilement de rendre des bulletins invalides par des gribouillis. En quelques jours, Internet a été également inondé d’appels à ne pas se rendre aux urnes (pour augmenter l’abstention), ou pour faire pression sur les électeurs Russes de l’étranger. Le nombre de publications médiatiques, ou de particuliers s’attaquant à l’élection russe de 2024, a atteint des records (jusqu’à près de 2 000 par heure). Ces attaques viennent aussi également de l’Ukraine, avec des menaces d’attaques de drones de bureaux de vote (qui n’ont pas eu lieues), mais laissant entendre aux électeurs qu’il serait dangereux de se rendre sur place. La guerre psychologique n’est bien sûr pas le seul outil. La Russie a dénoncé depuis au moins 2018, la formation de structure, essentiellement aux USA, visant à s’attaquer aux élections russes, et particulièrement aux électeurs russes. Cette guerre informatique et de l’Internet se décline en 1) le vol d’informations confidentielles, privées ou d’État, 2) la diffusion sélective d’informations, 3) la diffusion de fausses nouvelles fabriquées, 4) des tentatives de piratage des systèmes de vote, ou d’informations électorales, 4) des milliers de trolls internet, usant de faux comptes pour influencer dans les réseaux sociaux en langue russe sa population. D’autres ingérences sont plus visibles, comme la formation de « jeunes leaders » attirés de Russie à l’étranger via des bourses ou des opportunités d’études alléchantes (ce système est toutefois beaucoup plus ancien, au moins depuis les années 80-90).
Dans tous les cas, dans quelques heures, le peuple russe aura répondu par les urnes à l’Occident. Gageons que le résultat déclenchera de nouveau les foudres médiatiques de cette sempiternelle propagande.
Pour aller plus loin. Voici quelques minis fiches pour ceux qui souhaitèrent en savoir plus et aller plus loin :
Cambridge Analytica (affaire, 2016- ?), scandale autour d’un entreprise ayant volé les données personnelles de plus de 87 millions de personnes, afin de fournir des informations précises sur les stratégies à opérer dans des campagnes électorales. Ce scandale fut ensuite utilisé par la presse occidentale pour dénoncer des trucages par ce biais de l’élection de Donald Trump, ou encore de celui du Brexit. En France, plus de 17 000 articles furent publiés sur le couple Macron en 2016 et 2017. Les médias français ont préféré ne pas s’étendre sur le sujet. S’il ne s’agit pas de trucage, le mot truchement serait sans doute approprié.
Danemark, le pays fut victime d’une autre énorme arnaque électorale. Appelé à voter par référendum pour ou contre le nouveau traité de Maastricht (1992), le peuple danois vota non (50,7%). Son vote fut floué, un nouveau référendum organisé et après une campagne médiatique massive, le oui l’emporta (1993).
CSSF (Conflict, Stability and Security Fund), l’une des ONG à l’œuvre pour affaiblir la Russie à travers la guerre psychologique, elle est une organisation gouvernementale britannique pilotée par son gouvernement. Ses activités sont le financement occulte ou publique d’actions subversives en Russie, ou de groupes « d’opposants », et à travers eux diverses actions, dont des attaques contre les élections en Russie.
France, la première grande vague de suspicions populaires de fraudes électorales est apparue lors de la réélection de Macron à la Présidence (2022). Pour tenter d’étouffer la rumeur, les plus grands médias français ont été mis à contribution pour diffuser en masse « sur le complotisme électoral et la présidentielle ». Jusqu’à ce jour, aucune suspicion d’ingérence étrangère durant des élections en France n’aura été remarquée. Toutefois, le cas emblématique de la Révolution de mai 68 est à noter. Il est aujourd’hui quasiment certain, que cette révolution fut orchestrée des USA, afin de pousser dehors le général De Gaulle, et de provoquer cette fois, une nouvelle élection. Le coup fut réussi, De Gaulle organisa un référendum, il fut désavoué par les Français et démissionna. La longue et insidieuse chute de la 3e voie commençait. L’une des plus grandes arnaques électorales jamais organisée en France, fut le référendum sur le traité de Lisbonne (29 mai 2005). Malgré un refus net des Français (54,68 % des voix pour le NON), leur volonté fut ignorée et le traité imposée à la France via des manipulations et galipettes bureaucratiques (2007). Le Président Chirac qui aurait dû démissionner suite à cette défaite, ignora aussi le résultat et resta en place jusqu’à la fin de son mandat. D’autres arnaques du système électoral français se situent au niveau du financement des partis par le vote (législative). Je vous renvoie aux nombreux travaux d’Étienne Chouard sur ces sujets ou d’autres intervenants ou groupes (François Asselineau, Génération Frexit, etc.). Dans ce système, tous les partis ne sont pas financés à part égale, ou pas financés du tout, permettant de maintenir dans la faiblesse toute formation politique naissante dans le but de son futur avortement. Seuls les partis « fromagistes » ont droit au menu. Ils appellent cela la démocratie !
Freedom House (ONG), ONG américaine de l’USAID, elle a été l’une des bases d’attaques des élections russes et s’attaque également à de nombreux pays, tentant actuellement de destabiliser les élections qui se dérouleront bientôt en Inde. Sur une carte qu’elle affiche sur son site, elle cible tous les pays, où selon elle, la liberté et la démocratie n’existe pas. Malgré l’annonce de l’annulation des élections en Ukraine, ou l’interdiction de 12 partis politiques, ce pays n’est pas présenté comme tel… mais comme partiellement libre !
Naïveté, les médias, particulièrement en France, s’attaque à l’opinion publique en affirma, ou faisant croire, ou en suggérant que le pays est arrivé à un tel niveau de « démocratie » et « liberté », que le système ne peut être floué ou détourné. Dans cette logique, seul le système français ou occidental est garant d’honnêteté, de sûreté et d’informations avérées. Tous les autres systèmes sont définis comme suspects, malhonnêtes et biaisés. Cette propagande permet ainsi de faire dire à de braves citoyens : « nous n’avons pas à nous plaindre, nous sommes en démocratie, ces choses ne sont pas possibles chez nous ». Cette technique permet aussi de détourner l’attention de l’opinion publique des problèmes nationaux, en montrant des pays « plus pauvres », moins bien lotis, « en voie de développement », ou désignés comme des dictatures. L’image qui reste dans la tête du citoyen lambda est qu’il se trouve pas si mal dans son pays, et que décidément partout ailleurs… c’est pire ! L’une des conséquences directes est aussi d’endormir des pans entiers de la société, notamment sur sa vigilance vis-à-vis justement des institutions, de la Constitution, de la Justice, des libertés d’expressions, afin de modeler lentement une société en réalité sous-contrôle et très éloignée de la démocratie.
Référendums pour le Traité de Lisbonne (2005), énorme arnaque électorale, plusieurs pays décidèrent de jouer le jeu de la démocratie pour faire ratifier par référendum le traité (Espagne, France, Pays-Bas, Luxembourg). Les autres, la majorité, signant sans en référer à leurs citoyens (21 membres sur 25). Les populations votèrent pour en Espagne et au Luxembourg, mais contre en France et aux Pays-Bas. Normalement, le traité aurait du être enterré, d’autant que deux pays fondateurs de l’UE sur 6, rejetaient la nouvelle évolution de l’UE. Le traité fut finalement réécrit, puis sous la présidence de Sarkozy avalisé sans qu’il se risque à un référendum, qui logiquement aurait dû avoir lieu (2007). La Constitution fut ensuite changée (2008), pour faire entrer par la force le nouveau traité dans le paysage constitutionnel français. Plus aucun référendum ne fut jamais organisé dans la France hexagonale. Aux Pays-Bas, les mêmes manipulations menèrent aux mêmes résultats.
Russie Libertés (ONG), autre ONG de combat contre la Russie, ouvertement engagée pour « l’Ukraine ». Ce groupe qui est une association Loi 1901, affirmait « rétablir un état de droit et de liberté en Russie ». Le 4 mars, l’association a lancé une campagne pour une pétition affirma que le Président Poutine « était illégitime », un exemple parmi d’autres d’attaques, lancées 11 jours avant le début de l’élection russe. Les financiers de cette association ne sont pas connus, le groupe communique également… en langue russe. Des noms de la russophobie patenté sont toutefois cités comme Raphaël Glucksmann.
Sans Dents (scandale politique, 2016), que chacun connaît. Interrogés sur les possibilités de référendums sur des sujets clivants de société (dont le Mariage Pour Tous), des politiques et non des moindres ont affirmé « que si aujourd’hui un référendum était organisé sur la peine de mort, elle serait rétablie en France, et que l’on ne pouvait pas laisser des populations décidées de choses aussi importantes ». L’idée est ici que le politique, notamment en France, estime depuis longtemps que le « citoyen » n’a ni l’intelligence, ni la culture, ni les informations pour « bien voter » dans le cas de référendums. Les médias sont venus à l’appui de cette théorie repoussant les libertés démocratiques vers le bas, en expliquant que les électeurs ne votaient pas pour une idée, mais contre un président en place, ou un parti. De ce fait, selon eux, ces votes démocratiques seraient invalides et fausseraient la donne de telles élections, empêchant le « progrès ».
USA, plusieurs élections américaines ont été entachées de soupçons de fraudes électorales. Cet article traduit venus des États-Unis, donnait pour exemple l’élection truquée pour la mairie de Chicago (Richard J. Daley, maire de la ville entre 1955 et 1976), celle pour John F. Kennedy (président entre 1961 et 1963). Dans cette arnaque, des électeurs imaginaires dépassèrent de loin le nombre d’inscrits sur les listes. Ces fantômes votèrent pour Kennedy… (novembre 1960). L’élection aurait dû bien sûr être invalidée. L’article citait encore le vol de l’élection présidentielle d’Al Gore (2000), où la Cour Suprême des USA refusa de faire recompter des votes en Floride. L’élection truquée fut emportée par George Bush. Par la suite, les USA ont usé du mythe de l’ingérence russe dans les élections américaines dans des scandales restés célèbres et relayés à l’infini par la presse occidentale (2017, 2021).
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L’occident a réussi une chose. Renforcer les liens entre les russes.
Ils ont meme réussi a relier des français avec la Russie.