Les déclarations de Macron avaient fait sensation, lorsqu’il avait affirmé que la France était prête éventuellement à envoyer des soldats français sur le front ukrainien. Le narratif est quasiment toujours le même : « la Russie ne doit pas gagner », « elle doit être vaincue sur le champ de bataille ! ». Ces déclarations ubuesques sont aussi accompagnées de réjouissances lorsque les Ukrainiens assassinent ici ou là des civils, politiques, activistes, journalistes ou personnalités sur le territoire russe (comme Anne Niva à propos « du coup de maître et phénoménal » de l’attentat du 22 mars au Crocus City). Du côté du soutien français à l’Ukraine, le narratif avait été que la France livrerait des armes à l’Ukraine (février 2022), mais n’enverrait pas de soldats en Ukraine (Gabriel Attal, 27 février 2022). La France toutefois refusait de communiquer la nature de ces armes, alors qu’à cette époque, les affirmations occidentales portaient sur le fait que des armes lourdes ne seraient pas envoyées (chars, canons, systèmes de lance-roquettes ou missiles, missiles, etc.). Finalement tout le monde connaît la suite, des canons furent envoyés, dont les redoutables Caesar français (printemps/été 2022), qui furent suivis de l’annonce de livraison de chars lourds Leclerc… (jamais livrés), et remplacés par des véhicules militaires obsolètes et désuets. Fin février enfin, Macron jetait un énorme pavé dans la mare en annonçant le possible envoi de soldats français sur le front….
Des soldats français déjà sur place de longue date. C’est presque désormais un secret de polichinelle, mais les recrutements français de soldats dans leur armée, pour l’Ukraine sont à l’œuvre depuis la fin de l’année 2022. Des militaires de carrière ont pris des risques pour révéler que l’armée recrute depuis cette date des volontaires. Ces soldats sont des militaires de carrière, des spécialistes, à qui l’on propose de démissionner de l’armée française. Ils sont ensuite envoyés sur le front ukrainien, sous l’uniforme de Kiev pendant une année. Les salaires proposés sont importants et attractifs, le gouvernement français promettant ensuite de réintégrer ces hommes dans l’armée française à leur retour comme si de rien n’était. Combien de spécialistes déguisés en Ukrainiens ont été envoyés ? Difficile de le dire, mais probablement quelques centaines. Ces hommes, je le répète sont recrutés sur le principe du volontariat. Les spécialités les plus pointues sont recherchées, en fonction de ce que l’Ukraine manque, mais également, on ne peut douter que les Caesar sont en réalité servis à des postes de chef de batterie ou de commandements, par des Français. On ne forme pas des artilleurs en quelques semaines, et c’est une évidence que les armes occidentales ont été envoyées avec des « fantômes ». Ces hommes peuvent être par exemple des spécialistes de la maintenance, des mécaniciens, des ingénieurs, des officiers, des membres du renseignement militaire. Beaucoup de fantasme avaient circulé sur Internet sur les « 50 officiers de Macron dans Azovstal » (un fake ridicule), ou dernièrement sur les « 60 mercenaires français tués à Kharkov » (autre fake absurde). Enfin, la découverte de médailles de l’ONU, d’insignes de légionnaires (des Ukrainiens ayant servi dans la Légion étrangère), avait aussi déclenché les plus fantasques hypothèses. Dans l’ombre toutefois, les soldats français sont déjà sur place. Macron en personne, au moment où la contre-offensive ukrainienne patinait dès son lancement, avait déclaré « que la France avait été à son élaboration ». Il est à parier que dans les États-majors se trouvent également des officiers supérieurs, des techniciens, et que les capacités de renseignement militaire français fonctionnent à plein pour l’Ukraine.
Au delà des fantasmes, des recrutements « cachés » qui en disent long. Les déclarations de Macron avaient bien sûr affolé l’opinion publique en France. Au point que la presse fut obligée d’écrire des centaines d’articles pour tempérer le propos, le noyer ou le rendre inaudible. Notamment avec des déclarations tonitruantes qui rappellent celle d’un personnage loufoque de l’histoire de France, le général Jean Léchelle (1760-1793). L’illustre Kléber disait de lui : « il était le plus lâche des soldats, le plus mauvais des officiers et le plus ignorant des chefs […] il ne connaissait pas la carte, savait à peine écrire son nom et ne s’était pas une seule fois approché à la portée de canon des rebelles… en un mot, rien ne pouvait être comparé à sa poltronnerie et à son ineptie que son arrogance, sa brutalité et son entêtement ». Cette description pourrait très bien être appliquée au président français qui dernièrement déclarait : « Il ne faut pas exclure l’envoi de militaires, mais la France est une force de paix ». Ses fanfaronnades ont tout de même inquiété jusqu’à la presse française, mais aussi posé des questions quant à la capacité de la France à envoyer des soldats en Ukraine. Le 28 février dernier, Europe 1 précisait que la France… devait être prête en 2027 (sic) « de projeter une division, soit 19 000 hommes en moins de 30 jours. A l’heure actuelle seul un millier de soldats français sont stationnés à Cincu en Roumanie, ce sont eux qui seraient capables d’être projetés […) sur le front ukrainien ». Autrement dit, la France ne serait pas capable de projeter avant 2027, l’effectif d’une division sur un front. Une division ! Dans un pays de 68 millions d’habitants et avec l’une des plus glorieuses traditions militaires… Le ridicule ici touche au sublime, voir au grand art ! Tandis qu’au fond de la classe, un militaire haut gradé rappelait que : « la France et la Russie sont deux puissances nucléaires ». La manœuvre de Macron n’aura donc été que de faire un pas en avant, pour en faire deux arrière, mais les apparences sont aussi trompeuses. Derrière l’état pitoyable de notre armée de terre, qui a été liquidée sous les présidences de Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et enfin Macron, les cervelles malades de nos hauts dirigeants s’agitent. Les indices montrent qu’en effet des inquiétudes existent sur l’état des stocks de munitions (presque au niveau zéro), sur l’état des matériels lourds (porte-chars en fin de vie, artillerie automotrice chenillée obsolète, chars Leclerc cannibalisés pour réparation des autres engins, etc.), le tableau est dramatique. Mais, mais… dans les coins la France espère recruter et recrute. C’est le cas sur ce site de recherche d’emploi, où des annonces de l’armée de terre ont été publiées récemment (19 mars 2024). On recherche donc non pas des soldats, mais « des combattants ». Les offres sont par ailleurs plutôt inquiétantes, notamment pour « le combattant Engins Blindés » : « vous participez également à la destruction des véhicules blindés ennemis par l’utilisation de différentes armes de l’unité, vous partez régulièrement en opérations extérieures ».
Détruire des chars ennemis…. Il ne faut pas avoir inventé le fil à couper le beurre pour comprendre que les derniers militaires français à avoir détruit des véhicules blindés ennemis étaient probablement ceux de la Seconde Guerre mondiale. Aucun groupe armé au fin fond du désert, aucune des missions de l’armée française des dernières décennies, n’a confronté nos tankistes à d’autres blindés lourds…. Le salaire proposé est de 1 970 euros brut… pouvant être « multiplié par 2,5 » dans les conditions que l’on imagine. De manière assez comique, ils recherchent aussi… des « Combattants Forces spéciales » dont le rôle est défini comme suit : « vous agissez pour les plus hautes autorités (ukrainiennes?) et vos résultats, stratégiques, ont un impact immédiat sur les actions militaires menées »… On se demande bien où ils trouveront de tels Rambos, bien que l’âge soit aussi annoncé : « homme ou femme de 17,5 à 30 ans ». Les seuls chars ennemis et opérations spéciales qui sont ici sous-entendus ressemblent beaucoup au front ukrainien, bien que la France, bien sûr, mène des campagnes de recrutement difficile pour essayer d’attirer tous les ans, des volontaires dans l’armée professionnelle. Dans les faits, selon nos renseignements et l’aveu même du gouvernement français de la projection en 2027 d’une division, l’armée est en capacité à ce jour en 2024 de projeter éventuellement sur le front ukrainien… une unique brigade ! Ces sites de recherche d’emploi comme HelloWork ne sont pas les seuls à proposer ces offres, une manière détournée et plus discrète de tenter de recruter des hommes. Toutefois, même avant les annonces de Macron, et le lancement de l’opération spéciale russe, les recrutements étaient très compliqués, la France peinant à renouveler les effectifs des soldats sous contrat. Des reportages français ont montré le mal-être des soldats suite au plan Vigipirate et à l’opération Sentinelle, ou plusieurs milliers de soldats des troupes d’élites, qui rêvaient de coups durs et de combats, furent envoyés patrouiller pendant des mois, des années dans des gares et des lieux publics.
Dans un rétropédalage dans lequel Macron est passé maître, il finissait par déclarer à propos d’une fausse nouvelle de l’envoi d’un premier contingent de 2 000 hommes : « il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol ». Le mot est juste… pas de façon officielle, mais nous le savons ils y sont déjà ! Si « corps expéditionnaire » français il devait y avoir en Ukraine… force serait de penser à d’autres contingents sinistres du passé : la LVF et la 33e division SS Charlemagne.