Centuria ? Vous ne connaissez pas ? Et pour cause. C’est une organisation politique et paramilitaire ukrainienne, comprenant des milliers de membres, fondée par d’anciens vétérans du régiment Azov. Dès l’année 2014, des « spécialistes » tels Cécile Vaissié (universitaire condamnée pour diffamation en 2019), Nathalie Pasternak (aujourd’hui défunte), Marie Mendras (chercheuse au CNRS), inénarrable Bernard-Henri Levy (philosophe… si, si! ), ou encore Gala Ackerman (journaliste et écrivaine de nationalité israélienne et française), affirmaient que décidément non, il n’y avait pas de nazis en Ukraine (ou si peu), et cela dans des programmes TV de grande audience comme Arrêt sur Images, ou encore C dans l’Air. Dix ans plus tard, avec l’énorme puissance des médias de masse, ces gens ont presque réussi leur coup… Presque !
Idéologie de mort, d’intolérance et racialiste. Selon leurs propres mots, l’organisation est constituée de « nationalistes ukrainiens dont la mission est de défendre l’Ukraine et les traditions européennes ». Les membres sont clairement invités à suivre un programme en plusieurs plans, et se définissent eux-mêmes comme étant « des légionnaires », un terme qui fut utilisé par la terrible Milice française. Cette dernière à l’exemple de ses chefs Joseph Darnand (1897-1945), fusillé pour haute-trahison, ou encore Paul Touvier (1915-1996), finalement condamné à la perpétuité pour crimes contre l’Humanité, déshonora la France au point de laisser une tache indélébile, encore sensible en France. La Milice, police supplétive de la Gestapo, participa à de terribles exactions, notamment dans le Vercors, mais aussi à la déportation de Juifs (dont des enfants), mais aussi l’élimination ou à la déportation de résistants de toutes obédiences. Les principes de Centuria qui sont annoncés sont d’ailleurs assez similaires à la Milice française : 1) combattre l’ennemi de l’extérieur, 2) combattre l’ennemi de l’intérieur, à savoir dénonciation, voire violences ou même assassinat des pro-russes, support et collaboration avec la police politique ukrainienne, le SBU, 3) Créer une nouvelle génération d’Ukrainiens, à savoir embrigader la jeunesse et lui inculquer les idéaux bandéristes et néonazis à la manière de l’Hitlerjugend, 4) s’inscrire dans le groupe Centuria et y participer à la manière des chemises brunes, des SA, ou de la Milice française. Le site décrit également précisément l’idéologie des « légionnaires », en prônant la lumière, l’ordre, la consécration de son existence à Centuria, en opposition aux ténèbres et au chaos (conception du monde). Comme dans la Milice ou la SA, l’individu est nié au profit du groupe et de la cause, en affirmant que la fidélité et l’obéissance sont la base des légionnaires (commandement). Les actes sont considérés comme primordiaux, le groupe s’opposant par ailleurs à la « parole » de la Bible, dans l’idée que la violence, l’action et le combat sont supérieurs à la foi, à la plume et à la parole (action). C’est la force brute qui est magnifiée. Suivent encore la discipline érigée au rang de dogme, et l’activisme comme base essentielle du schéma de vie. Le tout est accompagné d’images d’une rare violence, hommes armées, armes à feu, retraites aux flambeaux, poignards brandis, masques devant motiver la crainte des ennemis, insignes diverses reprenant l’essentiel du nazisme, fascisme, néonazisme et bandérisme.
Propagande nauséeuse et patrouilles paramilitaire. Le groupe néonazi et bandériste ukrainien Centuria fait aussi beaucoup de prosélytisme, notamment à travers un site très fourni, mais aussi un groupe Telegram. L’idéologie qui est dévoilée sans ambage, sans parler des photos avec des hommes masqués, affichant des insignes également sans équivoque, laisse pensif. D’abord longuement ignoré en Occident, voire même inconnu, l’attention s’était surtout portée à l’époque sur d’autres organisations plus visibles. Notamment le Trizoub (formé en 1993), le Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda (fondé en 1991), le Parti Secteur Droit (Pravy Sektor, fondé fin 2013), le groupe néonazi S 14, le groupuscule néonazi et bandériste du Marteau Blanc, le Parti Corps National (Korpus National, fondé en 2016, par l’ancien commandant du bataillon Azov, Andreï Biletsky), pour ne citer que les principaux. Le groupe est organisé à la manière des fameuses compagnies d’autodéfense du Maïdan, en centuries, ou sotnias. Elles s’entraînent régulièrement dans des camps paramilitaires ou la jeunesse est invitée à participer. Elles mènent aussi des patrouilles « patriotiques », comprenant aussi des femmes, qui sont tolérées par les autorités des forces de l’Ordre. Cette milice parallèle est parfois d’ailleurs cause de problèmes, ou même de plaintes de sa part sur son impossibilité « de bien travailler », ou la peur qu’elle génère par les uniformes noirs avec insigne que les membres portent de manière ostentatoire. Dans la ville de Kiev, ces patrouilles sont particulièrement actives. Une femme et légionnaire se filmait d’ailleurs dernièrement en affirmant : « J’ai été invitée, comme chef de patrouille Azov, à prendre la parole dans un forum de jeunes entrepreneurs. Cependant j’ai été confrontée à l’insolence et à des grossièretés du coordinateur de l’événement, puis mes collègues et moi nous avons été invités à quitter la salle où se déroulait un buffet, les hommes d’affaires étant effrayés par l’uniforme militaire ce qui nous a obligé à quitter l’événement. C’est un mépris pour tous les militaires… ».
Connexion étroite avec le régiment Azov et les jeunes élites de l’armée ukrainienne. Le groupe fut formé dans la fin de l’année 2017, début 2018, par d’anciens du régiment Azov et des formations bandéristes et néonazies que nous avons déjà citées. Il commença à recruter dans les universités, les clubs de fans ultras de football, les clubs de sport de combat, et les événements patriotiques divers. Le groupe prit rapidement de l’importance, attirant l’œil par son recrutement rapide, mais aussi des États-Unis, eux-mêmes inquiets de la recrudescence de l’extrémisme en Ukraine. Le Maïdan avait été en effet un échec pour ce qui concernait la propagande à destination de l’Occident (2013-2015), et qui avait montré de manière très visible les nombreux groupes néonazis et bandéristes en Ukraine, en particulier dans les compagnies d’autodéfense, les bataillons de représailles et les différents partis et groupes qui pullulèrent alors en Ukraine sans retenue. Cette lisibilité et visibilité avaient d’ailleurs attisé une très forte résistance dans toutes les villes à majorité de Russes ethniques en Ukraine. La réponse nous le savons avait été les massacres, comme à Odessa, Kharkov ou Marioupol, sans parler ensuite du Donbass (et de son insurrection). De longue date déjà les Américains avaient conseillé de lisser le discours et de faire le ménage dans la basse cour ukrainienne. Le Parti National-Socialiste d’Ukraine avait ainsi été renommé Svoboda (Liberté), en 2004. En 2022, des tentatives vaines furent faites pour tenter de réécrire l’histoire du régiment Azov, et vainement d’en changer l’insigne reprise de la 2e division SS Das Reich. Un rapport fut même commandé à l’Institut Georges Washington (septembre 2021), pour enquêter sur le groupe Centuria et son influence en Ukraine. Il fut dévoilé que l’Académie des Forces terrestres de Lvov, une école militaire réputée « était devenue le foyer de l’organisation d’extrême-droite Centuria » (avec propagation de propagande antisémite, négationniste et révisionniste), en réussissant à s’infiltrer dans la future élite militaire du pays. Au Canada, un article dénonçait le fait que le pays « entraînait des militaires fascistes ukrainiens, qui est appelée aujourd’hui « une désinformation de Russie » (10 décembre 2022). Tentative courageuse et à contre-courant du journaliste canadien, tandis qu’après l’opération spéciale russe (24 février 2022), les médias occidentaux n’avaient fait que cacher l’hydre bandériste en Ukraine. La propagande massive, répétée à l’infinie a hélas partiellement réussie, notamment à convaincre nombre d’Occidentaux qu’il n’y avait pas ou très peu de néonazis et bandéristes en Ukraine (et qu’il s’agissait « d’une propagande russe de Poutine »). Toutefois, le chancre purulent reste très visible au milieu du visage ukrainien, d’autant que cette frange importante se sent aujourd’hui presque adoubée, du moins tolérée, et qu’elle s’est enhardie partout en Ukraine, et jusque dans d’autres pays européens (dont la France). Les médias français ont même fait quelques interviews d’authentiques néonazis combattant dans les forces ukrainiennes.
Attaques racistes et homophobes en Ukraine. Bien que désormais une chape de plomb se soit abattue « la face cachée de l’iceberg ukrainien », juste avant l’opération spéciale, un média avait relaté un grave incident survenu à Kiev le 27 novembre 2021. A cette date, une vingtaine de sbires cagoulés avaient tenté de prendre d’assaut un club LGBT de Kiev. Les hommes de Centuria s’étaient infiltrés dans le bâtiment, avaient brisé le mobilier et même lancé un engin explosif sur la façade du club. Des slogans racistes et homophobes avaient été lancés comme « white power », ou « mort aux LGBT ». La police ukrainienne était finalement intervenue, arrêtant plus tard 10 des supposés brutes épaisses. Des autocollants du groupe Centuria avaient été collés sur les murs, et l’insigne du régiment Azov dessiné. L’article évoquait aussi la prise d’assaut par des membres du groupe d’un bâtiment de l’administration municipale de Tcherkassy, où les gros bras de Centuria et d’autres factions néonazies avaient tenté d’intimider les conseillers lors de la tenue d’un vote (janvier 2018). L’article concluait : « la Milice nationale (Centuria), prône l’idéologie nationale-socialiste et en 2018, un membre a déclaré au journal britannique The Guardian « il n’y a rien de fondamentalement faux dans le national-socialisme en tant qu’idée politique. Je ne sais pas pourquoi tout le monde l’associe toujours immédiatement aux camps de concentration ». Les experts estiment que la Milice nationale comptait des milliers de membres à son apogée. La plupart d’entre eux sont jeunes, beaucoup sont aussi straight edge, ce qui signifie qu’ils s’abstiennent de drogues et d’alcool, et ont dit qu’ils sont lourdement armés ». L’article continuait en citant l’action d’une des colonnes paramilitaires de Centuria (6 novembre 2021), à Kiev, où 150 malabars avaient défilé en criant « 14/88 », allumé des pétards, jeté des œufs sur les devantures des clubs et bars sur leur passage et inscrit des symboles nazis sur les murs. La panique avait forcé les commerçants à se barricader chez eux. L’article pour faire bonne mesure affirmait toutefois que l’Ukraine était un refuge pour les LGBT de Tchétchénie, de Russie ou Biélorussie… en qualifiant le pays « de progressiste ».
L’avenir de Centuria est donc assuré en Ukraine… à quand Centuria France ?