Analyses Monde

OUN, le cœur idéologique du bandérisme

OUN, le cœur idéologique du bandérisme

Méconnue en Europe, l’OUN, ou Organisation des nationalistes ukrainiens est la base et le commencement de bien des événements dramatiques en Ukraine, et plus largement sur le continent européen. L’organisation fut formée de manière clandestine, essentiellement dans les régions de Galicie et Volhynie, alors contrôlées par la Pologne, mais avait des ramifications (déjà !), à Berlin, à Prague, aux USA, au Canada et en URSS, pour l’essentiel. Cependant elle fut créée en Autriche, à Vienne (1929), car longtemps l’Ukraine occidentale fut dans l’Empire austro-hongrois. Cette fondation faisait suite à la tentative ratée de former une Ukraine indépendante (1917-1921), avec les proclamations des républiques de l’OUNR et de la ZOURN (Kiev et Lvov). Dans la fournaise de la Guerre civile russe, les armées nationalistes ukrainiennes furent écrasées dans les combats contre les Bolcheviques, les Polonais et en moindre mesure les Hongrois et les Roumains. L’organisation fut immédiatement radicale, se lançant dans des actions terroristes et des assassinats qui sont restés la marque du bandérisme ukrainien. Des années 30 à nos jours, l’OUN aura réussi finalement à s’imposer dans le paysage politique ukrainien, et plus encore dans le cœur de la société ukrainienne. C’est son idéologie qui est désormais solidement implantée en Ukraine. C’est cette idéologique que l’Occident tente depuis longtemps de camoufler, définie souvent comme « du folklore ».

Assassinats, attentats sanglants et agitations politiques. L’OUN faisait suite à la création de la Ligue des nationalistes ukrainiens (1925), fondée à Prague qui fut avec Vienne et Berlin, les premières bases arrières de l’extrémisme ukrainien. Le mouvement se constitua bientôt de plusieurs milliers de fanatiques, qui formèrent également une armée secrète insurrectionnelle ukrainienne (l’UVO). Ils se lancèrent dans des actions violentes et meurtrières, ciblant essentiellement la Pologne : assassinats de personnalités publiques, politiques, de professeurs, de membres de l’élite ukrainienne ou polonaise, de représentants de l’ordre (jusqu’au ministre de l’Intérieur en 1934). Les principaux chefs étaient d’anciens révolutionnaires ou chefs militaires, qui combattirent durant la Guerre civile russe, notamment aux côtés de Petlioura. Les bases idéologiques étaient l’antisémitisme (nombreux pogroms sanglants), le nationalisme ukrainien, le fanatisme religieux (uniates, gréco-catholiques), et le totalitarisme. Ils furent rejoints par une nouvelle génération, encore plus radicale de jeunes loups, dont le plus violent fut Stepan Bandera. Les diverses générations furent fascinées par le fascisme italien ou espagnol, et bien vite des liens ténus furent établis avec l’Allemagne hitlérienne (dès 1933). En masse les membres de l’OUN et de l’UVO furent recrutés par les services secrets allemands, financés, formés et armés. Le mouvement avait encore une certaine unité, lorsque le NKVD supprima aux Pays-Bas, Konovalets (1938), un chef historique qui avait l’autorité pour maintenir une certaine cohésion. Dès lors, une lutte de pouvoir acharnée, et qui se termina dans le sang, commença entre les partisans de Melnik (plus modéré) et de Bandera (plus jeune et très radical).

OUN-M et OUN-B, la lutte à mort entre deux factions ukrainiennes. Après la mort de Konovalets, les divisions apparurent très vite, au point d’arriver à une scission entre deux factions rivales. La première était constituée par les partisans de Melnik, un ancien officier de Petlioura, représentant la vieille garde, fasciste, mais dans une certaine mesure modérée. La seconde était formée par les partisans de Bandera, un jeune idéologue, très radical, aux dents longues et décidé à jouer la carte de l’Allemagne nazie. La scission intervînt dans un congrès nationaliste ukrainien à Rome (début 1940). Les succès militaires d’Hitler renforcèrent vite la tendance de l’OUN-B, et donnèrent au départ raison à Bandera. La Tchécoslovaquie fut éliminée (1938-1939), représentant un premier obstacle (des territoires étaient revendiqués par les Ukrainiens). La Pologne, le grand ennemi, fut écrasée (1939), plaçant les collaborateurs ukrainiens en position de force. Bandera rassembla alors un nouveau congrès nationaliste (Cracovie, avril 1941), qui annula les décisions de celui de Rome, qui avait reconnu Melnik comme chef de l’OUN, et alla même plus loin en condamnant ce dernier et ses partisans. Après la défaite de la France (1940), la Roumanie qui était un autre obstacle fut contrainte de céder des territoires (à la Hongrie et l’URSS). Les nationalistes ukrainiens revendiquaient là aussi la Bucovine. Enfin ce fut l’invasion de l’Union Soviétique (1941, plan Barbarossa). Les nationalistes ukrainiens qui rongeaient leur frein, proclamèrent alors l’indépendance unilatérale de l’Ukraine, qui ne fut pas avalisée par Hitler. De cette date, les nationalistes ukrainiens se trouvèrent en porte-à-faux. Ils avaient choisi massivement la collaboration avec les nazis, ils avaient formé des troupes, et commencé à participer à la Shoah par balles (1941-1942). C’est à cette date que les partisans de Bandera formèrent l’UPA, une armée nationaliste ukrainienne (octobre 1942). Cette armée eut pour première tâche de nettoyer ethniquement l’Ouest de l’Ukraine (1942-1944), et se livra à d’atroces massacres visant essentiellement les Polonais (mais aussi les derniers Juifs, les Roumains, les Hongrois, les Tziganes et d’autres minorités). Malgré des velléités de s’attaquer à la fois à l’Allemagne et à l’URSS, la situation militaire des Allemands et la pression de l’Armée Rouge, poussèrent dans l’instant Bandera et la grande majorité des nationalistes ukrainiens dans les bras d’Hitler. L’alliance de mort était dès lors signée pour toujours. Dans ces temps troubles, c’est l’OUN-B qui s’imposa à la fois politiquement, mais aussi par la force. Les partisans de Melnik furent massacrés, les maquis de l’OUN-M, plus faibles et peu soutenus par les nazis furent exterminés (ainsi que d’autres maquis de chefs mineurs favorables aux alliés). Les Ukrainiens allèrent même jusqu’à former une division SS (14e SS Galicie, 1943), et se battirent pour Hitler jusqu’à la catastrophe finale.

Des maquis de l’UPA, aux sphères de la CIA et du MI6. La défaite de l’Axe et des nazis plaçaient les nationalistes ukrainiens dans une situation cauchemardesque. Ils avaient joué la mauvaise carte, celle d’Hitler. Les traités de Yalta, Postdam et Paris avaient redessiné la carte de l’Europe. Galicie et Volhynie restaient aux mains des Soviétiques. Une République Socialiste Soviétique d’Ukraine, vaste et agrandie, dominait la totalité de l’espace revendiqué par les nationalistes ukrainiens. Des millions d’Ukrainiens avaient combattu dans l’Armée Rouge, et ils étaient les vainqueurs et les héros. Ceux de l’UPA étaient les traîtres. Enfin, les pays refuges du temps passé étaient pour l’essentiel passés sous le contrôle de l’URSS (Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est, Pologne, Roumanie, Hongrie). Melnik s’installa au Luxembourg et se fit proclamer par un nouveau congrès nationaliste ukrainien « Chef à vie des nationalistes ukrainiens » (1947). Il travailla à la fondation d’un Congrès mondial ukrainien, qui fut fondé trois ans après sa mort (1967). De son côté Bandera s’installa à Munich, ville symbole du nazisme, où il fut rattrapé par son destin, en l’occurrence un agent du KGB, qui l’envoya ad-patres (1959). Quant à l’UPA, elle poursuivit une guerre féroce de maquis, de coups de main et d’assassinats, dans le Sud de la Pologne, et dans les régions de l’Ouest de l’Ukraine. Cette guerre ignorée se poursuivit durant dix ans (1944-1954), jusqu’à la destruction du dernier maquis constitué (1954). Mais les Soviétiques démantelèrent encore des cellules de l’UPA jusqu’en… 1960 (3 nationalistes, 14 avril 1960, région de Ternopol). Ceux qui ne furent pas déportés ou tués, s’étaient déjà enfuis de longue date vers l’Ouest : Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, puis très vite USA, Canada, Argentine, Brésil ou Australie. Pour cause de Guerre Froide, c’est le MI6 qui finança et supporta l’UPA (au moins jusqu’en 1947), bientôt remplacé par la CIA. Quant à l’OUN, malgré les coups portés, c’est justement en Amérique du Nord qu’elle devait survivre, renaître et réapparaître en Ukraine.

Le cheval de Troie de l’OUN. Au moment de la Perestroïka et des réformes politiques et sociétales instaurées en URSS (1985-1990), les nationalistes ukrainiens de l’OUN se réimplantèrent progressivement en Ukraine. Ils réussirent à recruter et embrigader une jeunesse désabusée et traumatisée par l’écroulement de l’URSS. Dans ce vide créé dans la société ukrainienne, ils purent reformer, ou fonder des associations culturelles (autour de recherches historiques ou archéologiques), des organisations de « scouts », ou paramilitaires, et enfin de nombreux partis ou groupes politiques. Parmi eux, le Parti National-Socialiste d’Ukraine (Svoboda, 1991), le Trizoub (1993), Patriotes d’Ukraine (2006), le S 14 (2009), Résistance Autonome (2009), le Parti Radical (2010), le Marteau Blanc (2012), le Pravy Sektor (2013), le Corps Civil Azov (2014), le Corps National (2016), et Centuria (2017), pour l’essentiel. Ces organisations, très nombreuses, appuyées par des politiques, notamment bientôt par des députés de la Rada, ont alors participé à la réhabilitation des « bandéristes », mais aussi à la réécriture de l’histoire (mythe de l’Holodomor, mythe de la fondation de Rome, de Troie, de l’Égypte ou de la Grèce de l’antiquité), ou du négationnisme (mensonges et négation de la participation de l’UPA et de l’OUN à la Shoah), etc. Avec ces mythes et légendes arrivèrent également ceux de la « race supérieure ukrainienne », ou de « l’Ukraine blanche dernier rempart blanc de l’Europe ». Les membres de l’OUN rénovée furent alors à la tête et l’avant-garde des révolutions du Maïdan (hiver 2004-2005, hiver 2013-2014), puis formèrent une centaine de bataillons de représailles ou de police supplétive (voir cet article). A travers le conflit du Donbass, les nouvelles recrues et une propagande intensive, l’idéologique de l’OUN s’est propagée rapidement dans le pays (2014-à nos jours). Via des contacts ténus avec de multiples organisations néonazies, néofascistes, ultranationalistes en Occident, le bandérisme s’est aussi propagé hors des frontières. D’abord soutenu par les diasporas, il bénéfice depuis 2022 d’une caution et de compromissions des médias et gouvernements occidentaux, qui permettent aujourd’hui sa progression en dehors de sa région originelle. Personne aujourd’hui ne peut en prévoir les conséquences pour l’avenir. Pour l’Ukraine, hélas, des générations seront nécessaires, si cela est encore possible, pour « nettoyer » les salissures du passé.

La galerie nationaliste de l’OUN. Comme à mon habitude voici un petit dictionnaire pour ceux qui veulent en savoir un peu plus. Il s’agit de fiches biographiques et de quelques éléments pour mieux comprendre.

Antisémitisme (ukrainien), base de l’idéologie de l’OUN, l’antisémitisme n’était pourtant pas central au départ du nationalisme ukrainien (1910-1930), mais seulement une composante. Après l’assassinat du général Petlioura à Paris (1926), l’idée que la Révolution russe avait été dirigée et fomentée par des Juifs (Juifs et communistes sont confondus), et l’influence du nazisme, l’OUN fit de l’antisémitisme une partie du credo ukrainien. Dès 1937, lors d’un congrès de l’OUN « le juif est défini comme nocif pour la nation ukrainienne et doit être éliminé si nécessaire ». Bien que cela était connu et accepté dans les années 70-80, l’Ukraine bandériste est l’une des principales responsables de l’Holocauste. Aucun peuple ne se montra plus coopératif dans la réalisation de la « solution finale », que le peuple ukrainien.

Stepan Bandera (1907-1959), voir cet article.

Roman Choukhevytch (1908-1950), voir cet article.

CIA (agents ukrainiens de la), recrutés précocement par la CIA, ils furent employés comme traducteurs, agents clandestins, informateurs, spécialistes du monde « soviétique ». Ils ne cessèrent de jouer un rôle dans le travail de sape en Ukraine, mais aussi dans d’autres pays de l’URSS. Le KGB arrêta des dizaines d’entre eux au cours de la Guerre Froide, et cette guerre souterraine reste encore à écrire. Une fois le pays ouvert par l’indépendance, les membres de l’OUN purent presque sans limite se livrer à leur travail de réimplantation de l’idéologie nationaliste radicale ukrainienne (1991 à nos jours). Les nationalistes ukrainiens furent aussi recrutés par le MI6, le BND (Allemagne de l’Ouest, Bandera a été l’un des agents), et d’autres services occidentaux.

Dmitri Dontsov (1883-1973), originaire de Melitopol, il fit des études supérieures de droit à Saint-Pétersbourg. Il s’encarta au Parti ouvrier social-démocrate ukrainien (1905), arrêté par la l’Okhrana mais rapidement libéré. Il s’installa à Kiev, et lança un journal (1907). Il fut arrêté et condamné à 4 ans de goulag (1907), mais fut libéré après 8 mois. Il s’installa à Lvov (1908), devînt journaliste et l’un des théoriciens et idéologues du nationalisme radical ukrainien. Devenu extrémiste, il quitta le Parti ouvrier social-démocrate ukrainien (1913), et devînt le chef de l’Union pour la libération de l’Ukraine. Cette organisation clandestine militait pour le ralliement de tous les Ukrainiens aux côtés des Allemands et des Austro-hongrois. Il prit la fuite à Vienne, suite à la chute de Lvov, et commença à militer pour la création d’une Ukraine tampon devant contenir « le danger russe ». Selon lui, la création de l’Ukraine serait la seule manière d’assurer la stabilité à l’Europe (!!!). Il rejoignit Kiev à la fondation de l’OUNR, et dirigea l’agence télégraphique ukrainienne dans l’État fantoche ukrainien de l’Hetman Skoropadsky (1918). Il lâcha l’Hetman à sa chute, et rejoignit Konovalets et Petlioura à Vienne (1919), pour une mission diplomatique. Il s’installa à Berne, en Suisse, dirigeant du département de presse de la mission ukrainienne en Suisse. A la liquidation des antennes diplomatiques et l’échec des missions ukrainiennes, il s’installa à Vienne (1921), puis à Lvov (1922-1939). Il fut fasciné par Mussolini et pesa beaucoup dans l’introduction dans l’OUN d’une idéologue très similaire à celle de l’Italie fasciste. Il fut derrière une intense propagande, via des journaux, clandestins ou imprimés à l’étranger. Il fut également fasciné par Hitler, dont il avalisa l’idéologie nazie (1933). Considéré comme un agent nazi, il fut arrêté par la police polonaise, le jour de l’invasion allemande (1er septembre 1939). Il est libéré par les Allemands et s’installa à Berlin, puis Bucarest (1939-1941). Il collaboration avec les nazis sans discontinuer, également un cas rare (même Bandera et Melnik furent arrêtés !). Il réussit à la défaite à se faufiler en zone américaine (1945), et s’installa à Paris. Les Soviétiques le couchèrent sur une liste de criminels de guerre et demandèrent son extradition aux Alliés. Il préféra prendre le large, s’installant au Royaume-Uni, puis au Canada (1947). Il s’installa à Montréal et poursuivit ses travaux d’écriture et de propagande, mais resta isolé de l’OUN. Il mourut à Montréal le 30 mars 1973. L’idéologie qu’il prônait dans l’OUN avait pour standards tout ce que l’on retrouve en Ukraine surtout à partir des Maïdan : 1) le fort a le droit d’éliminer le faible, 2) expansion territoriale et impérialisme, 3) racisme, 4) fanatisme, 5) cruauté envers l’ennemi, 6) peuple ukrainien étant une « caste aristocratique et nordique », 6) russophobie, 7) antisémitisme.

Daria Gnatkovskaya (1912-1989), originaire de la région d’Ivano-Frankovsk, membre de l’OUN (1930), elle entra dans une unité chargée de réaliser des attentats et des assassinats (1933-1934). Elle participa à l’assassinat du Ministre de l’Intérieur polonais (15 juin 1934), mais elle fut arrêtée par la police polonaise (9 octobre). Elle fut condamnée à 15 ans de prison, mais fut libérée par l’invasion allemande (1939). Elle fut la compagne de Lebed, et servit dans l’UPA. Elle fut arrêtée par la Gestapo (janvier 1944), qui obtînt rapidement sa libération. Elle prit la fuite avec lui, et fut exfiltrée ensuite aux USA. Elle y mourut avant son compagnon, le 24 février 1989.

Juifs (d’Ukraine), ils furent environ 1, 5 million de Juifs a être liquidés par les Allemands et leurs supplétifs ukrainiens sur le territoire de l’Ukraine (de 1991). Simon Wiesenthal en personne, qui était originaire de Galicie, indiquait que sur 500 000 Juifs de cette région, il n’en restait pas plus de 3 ou 4 000 vivant en 1945.

Dmitri Kliantchkivski (1911-1945), originaire de Ternopol, membre de l’OUN, il fut arrêté par la police polonaise (1937), libéré puis chef local dans sa région. Cette dernière fut annexée par l’URSS (1939). Il fut arrêté par le NKVD, après la révélation des biens plans (bien réels), d’une insurrection ukrainienne (septembre 1940). Il fut condamné à mort, mais sa peine fut commuée en 10 ans de prison. Il prit la fuite de la prison de Berditchev à l’approche des troupes allemandes (juillet 1941), et participa à la conférence de l’OUN à Lvov. Nommé chef local dans un district de Volhynie (1942), il rassembla un maquis de 600 hommes, puis participa à la formation de l’UPA (octobre). Lors des discussions pour s’attaquer ou non à l’Allemagne nazie, il fut partisan de l’alliance avec Hitler (1943). Il poursuivit l’organisation de maquis, et entama une répression meurtrière contre les maquis ukrainiens ne voulant pas se rallier à l’UPA et l’OUN-B. Les opposants furent torturés, massacrés, parfois avec leur famille. Il fut aussi l’un des responsables des massacres de Volhynie, et ordonna le massacre de prisonniers de guerre soviétiques. Il donna l’ordre de stopper toute hostilité contre les troupes de l’Axe (28 octobre). Il reçut de nombreuses armes des Allemands (avril 1944), pour poursuivre la lutte contre les Soviétiques. Son maquis fut encerclé par les Soviétiques (10 février 1945), mais il réussit à prendre la fuite avec quelques hommes. Pourchassé sans relâche, il fut abattu deux jours plus tard lors d’une battue dans une forêt (12 février). Il fut nommé à titre posthume colonel de l’UPA. L’OUN-B le décora également en 1952. Des monuments ont été érigés ensuite en Ukraine, malgré qu’il soit l’un des plus sanguinaires des collaborateurs ukrainiens, en 1995, 2002, et le dernier en 2015. Les crimes de guerre commis sous ses ordres sont incommensurables.

Mikhaïl Kolodzinski (1902-1939), originaire des Carpates, membre de l’UVO (1922), il fit son service militaire dans l’armée polonaise (1924-1927). Il fit des études de droit à Lvov, et fut arrêté à 5 reprises par la police polonaise pour des activités subversives (3 ans de prison). Il devînt membre de l’OUN, responsable local, il fit aussi des missions secrètes sous de fausses identités en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche. Il participa à des camps d’entraînement secrets en Italie, avec les Oustachis croates. Très influencé par le nazisme, il déclara dans ses travaux sur la doctrine militaire ukrainienne : « nous allons éliminer trois millions et demi de juifs pendant la rébellion, comme le prêchent certains nationalistes. Bien sûr la colère du peuple ukrainien sera particulièrement terrible. Nous ne devons pas calmer cette colère, au contraire nous devons l’attiser, car plus les Juifs périront pendant le soulèvement, mieux ce sera pour la puissance ukrainienne, car les youpins seront la seule minorité qui ne pourra pas être prise en charge par notre politique dénationalisation. Toutes les autres minorités qui sortiront vivantes de la rébellion seront dénationalisées ». Il passa en Tchécoslovaquie, nommé colonel dans l’UVO, et l’un des cadres militaires de l’OUN. Il fut le commandant du Sich des Carpates, une insurrection ukrainienne (quelques milliers d’hommes), rassemblés dans la partie des Carpates contrôlée par la Tchécoslovaquie (mars 1939). Les Hongrois qui réclamaient la région ordonnèrent la dissolution du rassemblement. Les Ukrainiens ripostèrent en proclamant le Sich comme un État indépendant et proclamèrent la mobilisation générale (15 mars). Après trois jours de combats contre l’armée hongroise, ils furent vaincus et se dispersèrent. Kolodzinski fut tué le 19 mars 1939. Les Hongrois jetèrent son corps dans une mine. En 2014, après le Maïdan, une plaque commémorative fut installée par les bandéristes contemporains (23 mars).

Denis Kvitkovsky (1909-1979), originaire de la région de Tchernivtsi, il fit des études de droit et soutînt un doctorat (1936). Il était l’un des cadres de l’OUN dans sa région. Il s’installa comme avocat et fut l’un des propagandistes du mouvement nationaliste (1932-1937). Il fut arrêté en Roumanie, pour des activités subversives en Bucovine sous contrôle roumain. Il fut un moment jeté en prison (1937-1938). Libéré, il passa en Allemagne (1940), et fit de la propagande nationaliste à Munich et Berlin dans divers journaux ukrainiens. Ayant choisi l’OUN-M, il est arrêté à Lvov par la Gestapo, emprisonné (1943-1944). Il s’installa à Munich et devînt professeur de droit (1944). Il fonda un syndicat des journalistes ukrainiens (1946), et fut chargé de la propagande dans l’OUN. Membre du POUN (1947), il émigra ensuite aux USA (1949), créant un cabinet d’avocat à Chicago (1955). Il fonda un nouveau journal de propagande, et fut Premier vice-président du POUN (1974-1977), puis président du POUN (1977). Il mourut à Détroit, le 15 mars 1979.

Mikola Lebeb (1909-1998), alias Le Diable, originaire de Galicie, membre de l’UVO, puis de l’OUN (1929). Chef local d’un groupe de jeunes dans l’OUN (1930), il participa à des attentats, des meurtres, notamment il fut le cerveau de l’assassinat du Ministre de l’Intérieur polonais (1934). Il prit la fuite en Allemagne, mais fut livré par la Gestapo à la Pologne (le traité entre l’Allemagne et la Pologne venait d’être signé). Il fut condamné à mort, puis sa peine commuée en prison à vie. Il fut libéré par l’invasion allemande (1939). Il entra dans les services secrets allemands, et fut le chef du service de renseignement de l’OUN. Il rallia Bandera, dont il devînt le second (1940-1941). Il prit la fuite à l’arrestation de Bandera, et prit alors une voie de coopération avec l’armée secrète polonaise (AK). Il fut l’un des organisateurs de l’UPA (1942), et le principal responsable des massacres de Volhynie (1943). Il fit marche arrière avec les Allemands, accepta la collaboration contre le fourniment d’armes et munitions pour lutter contre l’Armée Rouge (1944). Il fut nommé à la tête des Affaires Étrangères de l’OUN et envoyé à l’étranger pour y chercher du soutien. Il fut recruté par la CIA (1947). L’URSS demanda son extradition aux Alliés, qui organisèrent sa disparition. La CIA l’installa avec toute sa famille à Munich, sous un faux nom. Il fut nommé chef de l’OUN-Allemagne (1949). Il eut ensuite une très longue activité de propagande et d’agent américain. Il obtînt la nationalité américaine et s’installa aux USA. Il fonda avec la CIA une maison d’édition de propagande ukrainienne, et se rendit en Ukraine après son indépendance (1991). Il fut l’une « des stars » du Congrès mondial des Ukrainiens à Kiev (1992). Il mourut à Pittsburgh, USA, le 18 juillet 1998.

Nikolaï Lemik (1914-1941), originaire de Galicie, il entra dans l’OUN et l’UVO. Il reçut l’ordre de commettre un attentat contre le Consulat soviétique à Lvov (1933), et assassinat le chef de cabinet et un employé (21 octobre). Il fut arrêté par la police polonaise et condamné à mort, puis sa peine fut commuée en prison à vie. Il fut libéré par l’invasion allemande (1939). Il se maria avec la sœur de l’épouse d’un des frères de Bandera, et fut l’un des agents de l’OUN à Cracovie (1940). Il fut recruté par les Allemands et entra en URSS à la suite de leur armée en URSS (1941). Il devait rejoindre Kharkov, mais fut suspecté d’être un agent double. Il fut arrêté à Mirgorod par la Gestapo et fusillé en octobre 1941. Une rue de Lvov fut renommée en son nom (1993).

Stepan Lenkavsky (1904-1977), originaire de Galicie, cadre dans les organisations nationalistes (UVO, OUN), il participa à la publication d’un journal clandestin de propagande pour la jeunesse (IOUNAK), et à d’autres journaux illégaux. Il fut l’un des fondateurs de l’OUN, et l’un des principaux idéologues (1929-1930). Il fut arrêté à Cracovie (1931), condamné à 4 ans de prison pour ses activités subversives (1932-1935). Il prit le parti de l’OUN-B (1939-1940), et fut l’un des participants à la proclamation de l’indépendance unilatérale de l’Ukraine (juillet 1941). Il participa à une conférence de l’OUN à Lvov (18 juillet), où il énonça publiquement la nécessité d’anéantir les Juifs. Il fut arrêté par la Gestapo (29 juillet), à cause de la déclaration d’indépendance, et accepta de servir l’Allemagne nazie devant l’avancée de l’Armée Rouge (1944-1945). Il prit la fuite à l’Ouest, et s’installa en Allemagne. Il fut l’un des lieutenants de Bandera, et devînt le chef de l’OUN-B à sa mort (1959-1968), puis continua à occuper des fonctions dans l’organisation. Il mourut à Munich, la ville d’Hitler, le 30 octobre 1977. De nombreux monuments ont été créés en Ukraine dans sa région natale (une demi-douzaine, années 2000-2010). Une rue a été rebaptisée en son honneur à Ivano-Frankovsk (2024). Cette réhabilitation est passée inaperçu en Europe et dans le monde pour cause de propagande pro-ukrainienne. L’homme était pourtant un criminel contre l’Humanité, responsable comme idéologue des massacres nombreux commis par les nationalistes ukrainiens.

Grigori Matseïko (1913-1966), originaire de Galicie, il rejoignit l’OUN à sa création (1929). Il fut l’un des sbires employés des attentats et des assassinats politiques. Il fut l’un des meurtriers du Ministre de l’Intérieur polonais Bronislaw Pieracki (15 juin 1934). Il réussit à prendre la fuite en Tchécoslovaquie, et fut ensuite recruté par les services secrets allemands. Son parcours est ensuite celui d’un agent secret dont les pistes sont difficiles à suivre. Par la déclassification de documents américains, nous savons qu’il avait été pressenti pour assassiner le Président Roosevelt (1942). Il devait passer en Amérique du Sud, puis de là avec de faux papiers aux USA. Le projet ne fut pas mis à exécution, et effectua jusqu’à la fin de la guerre des missions secrètes. Son histoire a été évoquée dans un livre ukrainien Histoire secrète du nationalisme ukrainien (2015). Il réussit par les lignes des rats à prendre la fuite en Argentine (fin années 40). Il mourut à Buenos Aires, le 11 août 1966. Son corps fut ré inhumé dans une tombe/monument financé par l’OUN-Argentine (1972). Une rue fut inaugurée dans l’indifférence générale en Pologne, à Konotop (2015). C’est pour honorer… un assassinat d’un homme d’État polonais que les bandéristes contemporains ont changé ce nom de rue. Son seul titre de « gloire », un meurtre commis de sang froid et sans doute beaucoup d’autres.

Melnik (-1964), voir cet article.

Moskal (haine du), c’est le nom raciste donné par les nationalistes ukrainiens aux Russes, en référence à la Moscovie et Moscou. La haine raciale du Russe est née d’abord dans le sein de l’Ukraine occidentale alors austro-hongroise. Elle s’est développée ensuite dans le giron polonais, et également suite à la Guerre civile russe (1918-1925). Le bolchevique, puis le Soviétique ont rapidement étaient confondus avec le Russe. Les premiers idéologues de l’OUN ont alors défini dans les années 20 et 30, l’idée de l’Asiate, le barbare « des confins moscovites », comme l’un des ennemis principaux de l’Ukraine, avec le Juif, le Polonais, et le Tzigane. Cette haine attisée par la défaite de 1945, réfugiée essentiellement au Canada et aux USA, s’est réimplantée rapidement à partir de l’indépendance de l’Ukraine (1991 à nos jours).

Vassili Oleskiv (1924-2016), originaire de la région de Ternopol, d’une famille de nationalistes et d’uniates fanatiques. Il entra dans l’OUN, mais il fut déporté par les Allemands pour le travail forcé (mai 1944). Il fut emmené en Pologne, puis en France, où il fut libéré par les Alliés (août). Il passa au Royaume-Uni (janvier 1945), et s’enrôla dans l’armée polonaise libre, ayant peur d’être forcé de rejoindre l’URSS, par la pression des missions soviétiques. A la fin de la guerre, il retourna à Londres, et reçut une bourse d’études en génie civil (1945-1951). Il fut très actif durant toute la période dans les milieux nationalistes ukrainiens (OUN, parutions de journaux, associations diverses). Ce personnage falot et qui passa toute sa vie en Grande-Bretagne, fut nommé chef de l’OUN-B (1987-1991), et se rendit en Ukraine pour stimuler le bandérisme (1991-2015). Il mourut à Londres le 17 décembre 2016.

OUN (bataillon), voir cet article.

Nikolaï Plaviouk (1923-2012), originaire de la région d’Ivano-Frankovsk, il entra dans l’OUN (1941), et prit la fuite à l’approche de l’Armée Rouge en Allemagne. Il s’enrôla dans une unité de marche ukrainienne de la SS (mars 1945, Berlin), et réussit à s’enfuir du côté américain. Fait prisonnier, il réussit à passer entre les mailles du filet et s’installa à Munich (1946). Il émigra au Canada (1950), s’installant à Montréal. Il développa une intense activité de propagande, notamment en refondant au Canada « les scouts » nationalistes et paramilitaires du Plast (fondé à l’origine en Volhynie dans les années 20). Il fut élu dans un congrès des nationalistes ukrainiens vice-président de l’OUNO (1956), une organisation fondée au Canada. Président de l’ISNO à sa fondation (1964), l’une des nombreuses organisations nationalistes de la diaspora bandériste, il fut l’un des organisateurs du premier Congrès mondial « des Ukrainiens libres » à New York (1967). Il fut élu vice président de cette organisation (1973), puis président du SKBOU (1978, autre organisation nationaliste…). Vice-président du POUN (1977, réélu dix fois jusqu’en 2010), président de l’OUN (1979), vice-président de l’OUNR (délirant gouvernement en exil ukrainien, 1989). Il reçu la nationalité ukrainienne (1993), et fut maintes fois médaillé (1996, 2002, 2007). Il resta actif dans la réimplantation de l’idéologie de l’OUN en Ukraine jusqu’à sa mort. Il mourut à Hamilton, Ontario, Canada, le 10 mars 2012.

Police supplétive (d’Ukraine), formée par les Allemands en 1941, avec de nombreux nationalistes et membres de l’OUN, ou de l’UVO, cette police constituée de plus de 70 bataillons intégrés dans le SD (Service de Sécurité de la SS), opéra sur le territoire de l’Ukraine et de la Biélorussie. Elle s’illustra dans les massacres, et dans les pires horreurs qui impressionnèrent jusqu’aux Allemands eux-mêmes. Ces hommes furent souvent ensuite versés dans les 14e, 29e et 30e divisions SS.

POUN, organisation nationaliste ukrainienne fondée par les partisans de Melnik après la Seconde Guerre mondiale, suite à la mainmise de Bandera sur l’OUN. Les deux organisations se sont finalement réunies dans les années 90-2000.

Lev Rebet (1912-1957), ukrainien de l’Ouest, d’une famille gréco-catholique, membre de l’UVO (1928), puis de l’OUN (1929), chef local de l’organisation dans la ville de Stryy (1934). Il rejoignit l’OUN-B, membre du gouvernement ukrainien provisoire (1941), chef de ce dernier par intérim. Arrêté comme Bandera par les Allemands (1941-1944), il accepta la collaboration à outrance devant la menace de l’Armée Rouge (1944-1945). Il s’installa à Munich et fut l’un des principaux cadres de l’OUN-B et du Conseil Ukrainien de Libération. Il soutînt un doctorat sur le thème de nationalisme ukrainien (1949), professeur à l’Université libre ukrainienne de Munich (1952), rédacteur en chef d’une parution nationaliste (1955). Il mourut empoisonné par un agent du KGB, le 12 octobre 1957. Dans une cérémonie bandériste typique de l’époque moderne, son corps fut rapatrié en Ukraine et inhumé à Lvov (30 octobre 2010).

Per Anders Rudling (1974-), Suédois et Américain, historien spécialiste du nationalisme ukrainien et biélorusse, docteur en histoire (1998), diplômé en Suède, aux USA et au Canada. Il a dénoncé et critiqué avec ténacité la montée du bandérisme et de l’idéologique de l’OUN en Ukraine, ainsi que le révisionnisme historique notamment à l’œuvre au Canada et en Ukraine. Il martela des faits historiques comme la participation à la Shoah, les massacres de Volhynie, le radicalisme et l’antisémitisme du bandérisme et fut violemment attaqué par la diaspora canadienne (2012). Il a depuis le Maïdan et l’opération spéciale quasiment disparu des médias, victime du support occidental à l’Ukraine « du folklore ».

Sourma (journal), parution clandestine d’abord de l’UVO, puis de l’OUN, qui fut édité et distribué en Ukraine à partir de la Tchécoslovaquie, de l’Autriche ou de l’Allemagne (1927-1939). Le journal fut reprit et édité par Bandera à Munich (1949-1959). Il fut réédité par l’OUN en Ukraine (1991), puis devînt une publication publique (2009-à nos jours).

Iaroslav Stetsko (1912-1986), originaire de Ternopol, membre de l’organisation de la jeunesse de l’OUN (1929), puis de l’OUN, et cadre régional (1932). Il fut arrêté par la police polonaise pour ses activités subversives (1934), condamné à 5 ans de prison, mais libéré (1937). Il fut l’organisateur du Congrès nationaliste ukrainien de Rome (1939), et rallia Bandera (1940). Cadre de l’OUN à Cracovie, c’est lui qui proclama l’indépendance unilatérale de l’Ukraine (juillet 1941). Il avait écrit à Hitler pour lui demander d’avaliser cette proclamation. Il fut arrêté par la Gestapo, et retenu comme Bandera jusqu’en 1944. Libéré, il accepta de coopérer avec l’Allemagne nazie devant la menace de l’Armée Rouge. Il fut l’un des organisateurs des réseaux Werwolfs (1945), mais il prit la fuite vers la zone américaine. Il réussit à se faufiler, et fut recruté par la CIA (1946). Il fut le président et fondateur du Bloc Anti-Bolchevique des Peuples (ABN, 1946-1986). Il fut nommé chef de l’OUN-B (1968-1986), mais posait problème par de régulières déclarations antisémites assassines (années 60-70). Dans ce cadre il fit de nombreux voyages dans le monde, fonda un bureau de l’ABN à Tokyo (1970), puis à Taïwan (1971). Il entra dans le cercle fermé du Président Reagan, dont il fut l’invité à la Maison Blanche, et poussa des agents de l’OUN dans l’administration américaine de l’époque (1983). Il fut reçu par le Vice-Premier ministre américain George Bush, qui le qualifia « de dernier Premier ministre d’un État ukrainien libre ». Cette parole avait été motivée par le fait que du 5 au 12 juillet 1941, à l’ombre de l’Allemagne nazie et sans son consentement, il avait été Premier ministre d’un État ukrainien autoproclamée, mais sans réalité. Il mourut à Munich, terre du nazisme, le 5 juillet 1986. Le Président Iouchtchenko qui avait épousé l’une des jeunes créatures de Stetsko, vînt inaugurer à Munich une plaque commémorative (2010). Il avait créé quelques années avant un musée à Kiev (2007), et quelques monuments divers se sont alors répandus dans le pays.

Iaroslava Stetsko (1920-2003), originaire de la région de Ternopol, épouse du précédent. Après un début d’études à l’école polytechnique de Lvov, elle entra dans l’OUN (1938), et y rencontra son mari. Elle suivit la destinée de son époux, et s’occupa comme cadre de l’organisation de la Jeunesse de l’OUN. Elle participa à la création du service médical de l’UPA (1942-1944), puis elle prit la fuite en Allemagne (1944). Elle fut l’une des cadres de l’ABN, et membre du Comité central de l’organisation, recrutée par la CIA comme son mari (1946). Elle passa rédactrice en chef du journal de l’ABN (1948), et adjointe de son époux devenu chef de l’OUN (1968). Elle fut nommée par lui chef du service de la politique étrangère. Elle fut élue chef de l’OUN-B à la mort de son mari (1986-1987), et présidente de l’ABN (1986-1992). Elle revînt en Ukraine à l’indépendance (1991), et fonda un parti politique radical reprenant le programme de l’OUN (1992, KOUN). Un premier congrès se tînt à Kiev et elle fut désignée comme chef du parti. Le parti participa aux élections législatives en Ukraine (1994), et plaça 5 députés à la Rada. Elle reçut un passeport ukrainien, et participa à une élection partielle de la Rada (1997), et fut élue avec 86,5 % des voix dans un district d’Ivano-Frankovsk (1997-1998). Elle se présenta de nouveau au parlement, cette fois-ci dans une coalition nationaliste dénommée Front National, et fut réélu (1998-2002, 56,3 % des voix). Elle se présenta de nouveau à la Rada, mais dans le Parti Notre Ukraine du futur président Iouchtchenko et fut réélue (2002-2003). Malade, elle préféra mourir… à Munich, le 12 mars 2003. Elle avait été médaillée à deux reprises (1993 et 2000), et après sa mort des monuments ou plaques furent installées, notamment à Kiev (2007) et Ternopol (2010).

Oleg Shtul (1917-1977), originaire de Volhynie, fils d’un prêtre orthodoxe qui prônait l’ukrainisation de l’église. Il fit des études supérieures à Varsovie, membre du mouvement de la Jeunesse de l’OUN. Il passa à Prague et travailla dans un journal dirigé par Dontsov (vers 1935-1937). Il suivit l’armée allemande et s’installa à Kiev, ayant choisi l’OUN-M. Il travailla dans la presse, à des postes de cadre. Devenu suspect avec l’ensemble des partisans de Melnik, il fut arrêté par la Gestapo et emprisonné (1943-1945). C’est l’un des rares qui ne s’engagea pas dans la collaboration totale avec l’Allemagne nazie en fin de guerre. Il passa en France, et dirigea un journal nationaliste La Parole ukrainienne (1948-1977). Il devint membre de l’OUN (1955-1964), et à la mort de Melnik fut président du POUN, une organisation nationaliste des proches de Melnik (et de l’OUN). Il fut constamment réélu jusqu’à sa mort (1965, 1970 et 1974). Il avait émigré au Canada, et mourut à Toronto, la capitale mondiale du bandérisme pendant la Guerre Froide.

Bogdan Tcherbak (1964-), originaire de la région de Lvov, il fit des études supérieures en langue et littérature ukrainiennes, puis fut professeur. Ultranationaliste convaincu, membre de l’OUN, il fonda une association de défense de la langue ukrainienne à Trouskavets (1988), et une revue clandestine autour « de l’art » (1989-1990). Chef local de l’OUN dans cette région (1993), il multiplia les initiatives (journaux, clubs, groupes paramilitaires, etc.). Il fut nommé chef du secrétariat de l’OUN à Kiev (1995). Il dirigea pendant longtemps l’organisation dans la capitale. De là, il réussit à s’infiltrer dans le cabinet des Ministres (2001), cadre et chef de divers services. Il fut nommé au Comité d’État de la télévision et radiodiffusion (2002). Après le Maïdan, il fut même nommé vice-président de cette institution (2015), un poste d’importance permettant d’orienter la propagande. Lors du Congrès des nationalistes ukrainiens à Kiev (2012), il fut élu président de l’OUN et du POUN (réélu en 2013, 2016 et 2020). Il fut l’organisateur d’une cérémonie fantoche de mémoire sur « la tragédie de Babi Yar » (2016). Non pas pour honorer la mémoire des victimes juives, mais des « nationalistes » fusillés dans la célèbre carrière. Il s’agit de révisionnisme historique, la Gestapo fusilla bien des nationalistes de l’OUN-M, mais dans les locaux de Kiev. Il fonda ensuite une unité de représailles et de volontaires, baptisé UVO (janvier 2022).

UPA (1942-1960), voir cet article.

Julian Vassiyan (1894-1953), originaire de Galicie, il servit dans une légion ukrainienne dans l’armée austro-hongroise (1914-1917). Il servit ensuite comme officier dans l’armée nationaliste occidentale ukrainienne (République de la ZOUNR, 1918-1920). Il fut interné dans un camp de prisonniers en Pologne (1920-1922). Libéré, il s’installa à Lvov et intégra ce qui devait devenir l’UVO. Il préféra s’installer en Tchécoslovaquie, participa au Congrès nationaliste ukrainien de Berlin (1927), puis à celui de Prague (1928) et de Vienne (1929). Il devînt l’un des principaux idéologues de l’OUN à sa formation, et collabora à des journaux nationalistes. Il fut arrêté en Pologne (1931), et fut condamné à 4 ans de prison pour ses activités illégales et subversives (1932-1935). De nouveau arrêté (1939), il est libéré par l’invasion allemande et rejoignit l’OUN-M (1940). Très peu attiré par la collaboration avec les nazis et sentant la catastrophe, il refusa de servir Hitler, un cas très rare même dans l’OUN-M. Il fut arrêté par la Gestapo (janvier 1944) et libéré par les alliés (1945). Il vécut en Bavière (1945-1950), puis émigra aux USA. Il mourut à Chicago, la principale colonie de la diaspora américaine aux USA, le 3 octobre 1953.

Volhynie (massacres), commis par l’UPA sur ordre de l’OUN-B et Bandera sur les territoires d’opérations des Ukrainiens, essentiellement en Volhynie, mais aussi en Galicie. Plus de 1 300 villages furent rasés, et un chiffre, selon les sources, de 80 000 à 300 000 victimes est évoqué. Ces massacres ont dépassé dans l’horreur tout ce qui se fit durant la Seconde Guerre mondiale (peut-être avec celui de Nankin commis par les Japonais en 1937).

About the author

IR
Partager
Partager

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *