Il y a quelques jours je me suis rendu à une exposition temporaire qui est en place depuis plusieurs mois au Parc d’Exposition de l’immense parc de récréation du VDNKh à Moscou. Dans cet énorme bâtiment, toutes les régions de Russie sont représentées, ainsi que les républiques, les oblasts, présentant dans divers pavillons, un peu à la manière de l’Exposition Universelle, leurs atouts, leurs productions, leurs traditions, et les dernières technologies. Plus de 80 pavillons sont ouverts et expriment à la fois la fierté nationale d’une Russie innovante, dynamique et en mouvement, je suis moi-même resté sans voix à la fin de cette visite exceptionnelle. L’exposition présente également 4 pavillons oh combien symboliques : ceux des nouvelles républiques intégrées nouvellement à la Russie, Kherson, Zaporojie, Lougansk et Donetsk. J’ai pu m’entretenir longuement avec les personnes tenant les pavillons de Kherson et Donetsk, leurs témoignages de mon humble avis est précieux, c’est le thème également de cet article.
Deux jeunes femmes de Kherson témoignent de leur attachement à la Russie. Elles sont deux jeunes femmes d’une trentaine d’années, Olga et Affina, la seconde étant également mère d’un tout jeune garçon de 4 ans. La première est originaire de Kherson, la seconde d’un village sur la rive gauche du fleuve du Dniepr. Nous évoquons rapidement leurs origines, ce qu’elles ont ressenti au moment du Maïdan, puis bien sûr du déclenchement de l’opération spéciale russe. Affina est la première à s’exprimer : « Je suis née dans un village paisible, un village d’agriculteurs où il fait bon vivre. Je suis de langue maternelle russe et dans mon entourage nous n’avons jamais parlé que la langue russe. Dans mon village nous ne nous occupions pas de politique, vous comprenez Kiev est loin de nous, l’idéologie bandériste encore plus éloignée et ma famille et les habitants du coin sont des gens qui travaillent. Nous avions compris de longue date qu’il ne viendrait rien de bon du Maïdan, mais nous étions loin des événements malgré tout. Nous n’avons pas vu en 2014 et après de troupes ukrainiennes, ni de bataillons de représailles. Autour de moi, l’opinion générale était toutefois l’espoir que la Russie vienne un jour nous libérer. Je dis bien libérer, car nous avons vu quand même ce qui se passait, par la télévision russe que nous pouvions regarder à cette époque. Cependant, comme mère de famille, je peux dire que lors du déclenchement de l’opération spéciale, c’était le choc et la peur, nous ne savions pas comment cela tournerait. Aussi je fus soulagée lorsque les troupes russes arrivèrent, et jusqu’à présent la guerre est restée éloignée de mon village, c’est tranquille. Mon futur ? Dans la paix, nous sommes fatigués, et nous l’attendons, mais une chose est sûre, ce sera avec la Russie ! ». Olga qui est un peu plus âgée nous raconte à son tour ses impressions et sentiments : « Je suis de Kherson, si je parle l’ukrainien, c’est une langue qui est étrangère à notre culture et notre famille, pour dire le vrai nous parlons ici le surgik. Ce sont mes parents qui m’ont annoncé par téléphone le début de l’opération spéciale. J’étais à la fois terrifiée mais contente, car toutes ses années pénibles dans cette ambiance de propagande et de folie, il était temps que cela finisse. A Kherson je n’ai pas vu de répressions politiques après 2014, mais je suis une citoyenne lambda parmi beaucoup d’autres. J’ai vécu ma vie, j’ai continué de parler à mes amis en Russie, et même en Ukraine jusqu’à Lvov ! Mais avec ceux-ci nous ne parlions jamais de politique. Depuis lors, ils ne veulent plus me parler, la propagande a fait son office. Je suis triste d’avoir dû quitter Kherson, et je tiens à dire que je n’ai pas été déportée, comme des milliers d’autres j’ai choisi de passer en Russie, car… je suis Russe, comme mes parents le sont, personne dans ma famille n’a jamais soutenu cette idée de l’Ukraine de l’UPA, de Bandera ou même de l’Union européenne ».
Nadia, une très jeune fille de Marioupol raconte son enfance et adolescence. Nous sommes ensuite passés dans le pavillon consacré à la RPD, où j’ai rencontré cette très jeune femme du Donbass. Le sourire aux lèvres, elle m’accueille et répond librement à mes questions, notamment sur son vécu dans Marioupol et sa région durant l’occupation ukrainienne. « Je suis née en 2004, je n’avais que 10 ans au moment du Maïdan, mais mes parents ont reçu une éducation solide et sont nés durant l’URSS. Grâce à eux, j’ai reçu d’autres informations et explications sur ce qui se passait. Nous vivions dans une localité proche de Marioupol, un village sur la route de Berdiansk. Tous les gens du village étaient favorables à la Russie. A l’école, nous aurions dû recevoir l’enseignement en langue ukrainienne… mais nous avons continué d’apprendre en russe et de parler russe. La directrice de mon école, les professeurs ont pris des risques, d’abord en refusant d’appliquer les nouveaux programmes ukrainiens. Comme tout le monde était « complice », jamais nous n’avons reçu cette propagande, Bandera, l’Ukraine et tout le reste. Ensuite je suis allée étudier à Marioupol, où mes parents se sont installés, et où vivent mes grands-parents. Là, la situation était un peu différente. J’avais des camarades qui soutenaient l’Ukraine et avaient assimilé cette propagande. Je suis restée discrète, comme beaucoup de mes autres camarades. Ceux qui soutenaient l’Ukraine se sont enfuis. Certains de mes anciens camarades sont dans l’armée ukrainienne. Au début nous demandions de nos nouvelles, mais très vite, ils ont coupé les ponts, complètement hypnotisés par la propagande. Pour eux nous n’étions plus des humains, seulement des traîtres, des gens à éliminer. Pendant la bataille de Marioupol, j’ai eu la chance que nous sommes partis tout de suite dans mon village natal, non loin de la ville. Quant à mes grands-parents et ma famille, personne n’a été tué ou blessé durant le siège. Ma famille n’a pas l’intention de partir de Marioupol, ils avaient participé au référendum du 11 mai 2014, et avaient voté pour le retrait de l’Ukraine. Ils n’ont pas eu de problèmes après l’arrivée des fascistes ukrainiens, mais ils n’étaient pas des activistes ou des personnes en vue. Malgré la garnison ukrainienne des Azoviens, la population vous savez était massivement favorable à la Russie. Ils se sont fondus dans la masse et nous avons attendu. J’aimerai continuer mes études bien sûr, notamment dans l’une ou l’autre des grandes universités de Russie. Notre ville de Marioupol est en pleine reconstruction, et nous sommes loin du front. Nous espérons bien sûr la paix, et la victoire est déjà à nous ! ».
Je continuais ensuite ma visite des autres pavillons, passant également par celui de Lougansk, où je découvrais les rappels historiques : la Jeune Garde de Krasnodon, le maréchal Vorochilov, mais le plus important fut de découvrir partout dans ces pavillons, une modernité, la Russie du futur, ou qui s’est déjà placée résolument dans ce dernier. Un pays capable de ce que j’ai vu dans cette vitrine géante de la Russie, est un pays d’avenir. C’est non seulement mon sentiment, mais d’une certaine manière, au plus profond de moi, je le vis, le vois, le sent, depuis mon émigration dans ce pays incroyable, un beau jour d’octobre 2010. Je suis peiné pour mon pays natal, sentant bien les différences énormes entre cette Russie qui m’a accueillit, et cette France sombrant dans un naufrage lent et cruel. Espérons, mes amis, que les Russes aimeront encore assez la France pour l’aider à se relever, car elle se relèvera, du moins je veux y croire. La Russie est de nouveau, notre espoir, l’un des derniers. Puisse mes compatriotes le ressentir et un jour mettre à bas ce régime inique et oppresseur. Face le ciel qu’un jour je puisse également assister à cet événement ! Et face le ciel, que pour tous ces gens des nouvelles républiques et de Russie, la victoire amène la paix, une paix que tous espèrent durable.
Note : pour des raisons de sécurité, j’ai changé les prénoms des trois jeunes femmes de Kherson et Marioupol, et je ne posterai pas dans Telegram de photos d’elles. Elles ont encore toutes les trois de la famille du côté ukrainien, et je ne sais moi-même que trop bien ce dont la police politique d’Ukraine, le SBU, est capable…
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Bonjour Laurent
Oui, cela fait plaisir de lire ces témoignages , les nouveaux territoires sont effectivement libérés par la glorieuse armée Russe , le 9 Mai , jour de la Victoire approche !