Le bataillon de la Meute Enragée, ou encore Bezoumnaya Staya, ou Shalena Egraya, est un bataillon qui fut levé en Ukraine pour intégrer des Tchétchènes dans une des futures unités de représailles devant être envoyée dans le Donbass (2014). Les ambitions tchétchènes furent grandes à cette époque, prétendant mobiliser trois bataillons qui ne furent jamais à leur complet. La Meute Enragée fut le plus pauvre des trois, à peine quelques dizaines d’hommes, et des volontaires ukrainiens pour combler les trous. Leur petit nombre et l’impossibilité d’en faire une véritable unité de combat, les firent verser bientôt dans une unité de l’armée régulière ukrainienne. Ils disparurent de l’histoire avant même d’y être entrés. De fait, personne n’entendit plus parler de ce bataillon, jusqu’à que les dirigeants tchétchènes affirment dans une conférence à Kiev (juillet 2022), que 5 unités combattaient désormais aux côtés des Ukrainiens et formés de Tchétchènes. Le nom du bataillon fut alors de nouveau cité, attirant immédiatement ma propre attention. Après enquête, voilà donc l’histoire d’un « bataillon », de la tête de quelques sections, une unité leurre et fantasmée, comme il en existe quelques-uns en Ukraine. Voici l’histoire de loups enragés qui n’eurent que de la pâtée pour chiens à se mettre sous la dent… et encore !
La meute enragée, ou la noyade dans une grande unité ukrainienne. C’est le nom du bataillon qui fut fondé en 2014 de fanatiques tchétchènes divers, pour être envoyé dans le Donbass avec d’autres bataillons de représailles. Faute de nombreuses recrues de l’Ichkéria, dont le bataillon arborait le drapeau, le bataillon fut renforcé de recrues ukrainiennes. Il fut rapidement transféré dans les rangs du 34e bataillon motorisé (25 octobre 2014), ce qui amena des plaintes des combattants tchétchènes et de son commandant d’alors, Marat Souleimanov. Il déclara à cette occasion : « c’est un désastre pour nous. Nous sommes venus à la guerre en tant que volontaires, en tant que membres de la défense territoriale. En vertu de la loi ukrainienne, nous n’aurions du rester ici qu’un an, après quoi nous aurions du rentrer chez nous dans nos familles. Désormais, nous serons ici aussi longtemps que le commandement ukrainien le souhaitera. Nous sommes très mécontents de cette décision, mais nous n’allons pas fermer les yeux. J’espère que le commandement reconsidérera sa décision et que nous pourrons continuer à remplir notre devoir comme volontaires ». Le commandement ukrainien ne changea évidemment pas de décision, et mieux encore le bataillon fut finalement versé dans les rangs de la 57e brigade motorisée ukrainienne (vers 2016). Ce qui restait de Tchétchènes motivés devait alors se compter comme peau de chagrin. L’unité de toute façon, par rapport à ses homologues de Cheikh Mansour, ou Djokhar Doudaïev passa sous les radars. La formation d’unités trop nombreuses pour le potentiel des volontaires tchétchènes le maintînt à l’état de squelette et ils ne furent pas ou très peu médiatisés. Le « bataillon » resta actif dans la 57e jusqu’à ce jour, dénommé depuis 34e bataillon d’assaut, puis groupe de la Meute Enragée. La 57e brigade fut formée de trois bataillons ukrainiens (fin 2014), notamment le 17e bataillon Kirovograd ou Kirovograd-1, le 34e bataillon Batkivshina, ou Kirovograd -2, et le 42e bataillon Roukh Oporou. L’unité tchétchène ne dépassa pas quelques dizaines d’hommes et fut fondue dans la masse de la brigade dont elle suivit sa destinée. Il est à noter que l’un des parrains du bataillon Kirovograd ne fut autre que le chef de file du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda à sa création (printemps 2014). L’unité au fil du temps est devenue l’un des grandes unités opérationnelles de l’armée ukrainienne, qui joua un rôle certain dans les batailles qui s’ensuivirent après le déclenchement de l’opération spéciale russe (février 2022). Quant aux rares combattants de la « Meute Enragée », ils retournèrent pour la plupart ronger des os à l’arrière, parfois très loin du front, notamment en Europe Occidentale. C’est par un effet d’annonce de l’Ichkéria que ce bataillon a encore été cité en 2022 comme ayant une existence.
Une unité « trognon de pomme » qui n’eut jamais aucune existence opérationnelle. C’est le vide sidéral lorsque vous vous lancez dans des recherches en différentes langues et dans les sources ouvertes disponibles sur Internet. L’unité en effet était de trop à sa création fin 2014, et les deux autres unités tchétchènes du moment se développèrent plus facilement. Elles restèrent elles-mêmes incomplètes et peu de combattants tchétchènes vinrent s’enrôler en définitive pour plusieurs raisons. D’abord l’absence de finances, et de volonté des Occidentaux, désireux surtout d’entraîner des Ukrainiens dans leurs programmes de formation (notamment ceux des Britanniques, Canadiens, Suédois et Américains). En second, la frilosité des Tchétchènes eux-mêmes à venir se faire tuer pour une Ukraine qui apparaissait plutôt inquiétante, corrompue et manipulatrice. Mourir pour Kiev ne faisait rêver personne. Enfin les combattants tchétchènes motivés étaient pour la plupart morts dans les combats de deux guerres de Tchétchénie ou dans les opérations terroristes menées sur le territoire russe (entre 1992 et 2012). Pour finir les survivants, notamment de la frange la plus radicale d’Oumarov (liquidé par les Russes en 2013), et du fameux Émirat du Caucase, s’étaient rendus en Syrie et en Irak pour y combattre dans les rangs du Califat islamique. Il apparaissait pour eux peu cohérent de venir combattre en Ukraine, là où il se sentait « chez eux » et plus en sécurité au Moyen Orient. Pour faire bonne figure, les dirigeants de l’Ichkéria ont continué jusqu’à ce jour à citer le bataillon comme ayant une véritable existence. Les raisons en sont politiques, pour exagérer l’importance de l’Ichkéria aux yeux des Tchétchènes eux-mêmes, et pour tenter de les attirer en Ukraine et dans leurs rangs. Enfin pour tenter d’attirer l’attention des Tchétchènes qui voudraient bien entraîner tout l’Occident dans une guerre « de libération » dans le Caucase russe. Et pour se faire, autant montrer ses muscles, apparaissant au final bien rachitiques.
L’unité leurre fantomatique de l’Ichkéria. La situation nouvelle de l’opération spéciale russe, permit toutefois la réactivation des deux unités historiques tchétchènes en Ukraine, Cheikh Mansour et Djokhar Doudaïev (printemps 2022). Les recrues nouvelles, renforcées par des tchétchènes naturalisés dans divers pays européens, dont la France, permirent en effet d’obtenir de meilleurs résultats qu’en 2014-2015. Les Tchétchènes furent même envoyés au combat dans certaines des batailles les plus difficiles du front, en particulier ils furent vus dans la bataille d’Artëmovsk (hiver 2022-2023). Mais le bataillon Bezoumnaya Staya, comme par le passé, resta un doux rêve des dirigeants de l’Ichkéria. Pour faire illusion, il fut systématiquement cité, notamment lors de la conférence de création du bataillon OBON (fin juillet 2022, à Kiev). Zakaev, Premier ministre de l’Ichkéria rappela à ce moment les unités combattantes déjà fondées en Ukraine, y compris pour grossir les rangs ukrainiens virtuellement, et évidemment tromper le renseignement russe. L’organigramme de la 57e brigade motorisée donne à ce titre de plus amples informations. Il se trouve composé comme à l’origine des 17e, 34e, et 42e bataillons motorisés, mais aussi du 420e bataillon de fusiliers. Il n’y a pas traces comme bataillon de l’unité, sauf sous l’appellation et dans les rangs du 34e motorisé, de « Groupe d’assaut Meute Enragée ». Un équivalent a existé dans les rangs biélorusses en 2014-2015, le groupe Zagin Pogonia, qui compta au maximum 200 combattants. Il est donc certain que l’unité ne comprends qu’une force maximale d’une maigre compagnie, sans parler des pertes nombreuses qui furent essuyées par la 57e brigade qui fut particulièrement sollicitée dans les combats de 2022/2023. Il est important aussi de signaler, qu’à l’origine « le bataillon » fut formé de Tchétchènes, mais aussi d’Ukrainiens. Il est fort possible que beaucoup d’entre eux étaient des représentants de la diaspora tchétchène en Ukraine qui furent naturalisés. Cependant la diaspora tchétchène en Ukraine ne comptait que quelques milliers de ressortissants. C’est ce potentiel et vivier qui fut utilisé essentiellement pour organiser l’unité, son chef de bataillon étant le premier exemple. Il est également logique de penser que tous les Tchétchènes d’Ukraine (et d’ailleurs) n’avaient pas le désir de laisser leur vie pacifique pour prendre des armes. Les jeunes tchétchènes ukrainiens furent de toute façon appelés sous les armes par les différentes vagues de mobilisation depuis 2014. Ils rejoignirent des unités purement ukrainienne.
Du potentiel de la diaspora tchétchène mondiale à fournir des volontaires. Si l’on se penche sur la répartition des populations, s’est évidemment en Russie qu’existe en dehors du territoire tchétchène la plus grande diaspora au monde. Elle a fournit par ailleurs les combattants des troupes de Kadyrov dont nous avons souvent entendu parler au début de l’opération spéciale russe. La seconde diaspora réside actuellement en Turquie, avoisinant tout de même 100 000 ressortissants, suivie ensuite de la France (hallucinant!) avec 67 000 Tchétchènes, puis de l’Allemagne et l’Autriche (vers les 30/40 000 chacune), de la Jordanie, de la Belgique (autour des 20 000), enfin de l’Égypte et la Syrie (quelques milliers), et du Danemark (autour du millier). D’autres pays sont également des pays d’accueil, dont les diasporas ne sont pas connues, mais beaucoup doivent se trouver en Géorgie, en Azerbaïdjan, au Turkmenistan, au Tadjikistan, et enfin dans les trois pays baltes, en Pologne, en Moldavie et en Biélorussie. Il se trouve encore quelques milliers d’autres Tchétchènes, dont quelques centaines aux USA, au Canada, et dans d’autres pays du monde autour de petites communautés. Le potentiel de recrutement n’apparaît pas énorme au vu de ces chiffres. Il ne faut toutefois pas négliger l’aspect « patriote » et « guerrier » des Tchétchènes, mais qui doit être balancé par le confort où ses familles se sont installées dans la plupart de ces pays, surtout en Occident. La difficulté de leur intégration jouera aussi un rôle, dans l’idée que les efforts consentis pour s’installer et prospérer devraient peser dans la décision de ne pas tout abandonner de nouveau pour une guerre improbable en Ukraine, qui ne leur permettra pas de libérer un pouce de terrain de la Tchétchénie, possédant d’ailleurs déjà un gouvernement officiel tchétchène…
Un défaut de profils à exploiter. Du fait que cette unité n’a compté tout au plus que quelques dizaines d’hommes, les profils disponibles, à part le chef historique du bataillon sont presque absents. Ceci est dû essentiellement à l’aspect « fantôme » de l’unité, et ajoute aux preuves que le « bataillon » n’a jamais été vraiment opérationnel. L’unité pour faire nombre se serait aussi composée de ressortissants de la Géorgie et d’autres pays de la région du Caucase.
Kasbek Levaevitch Abdourzakov (?-), alias Dzourdzouk originaire de Tchétchénie, il étudia à l’Institut pétrolier de Grozny, puis participa à la 2e guerre de Tchétchénie, dans les rangs des combattants de l’Ichkéria (1999-2000). Il prit finalement la fuite et vînt s’installer en Ukraine, dans la ville de Khmelnitski, où il devînt propriétaire d’une société de charbon de bois. Il intégra très rapidement le bataillon Djokhar Doudaïev (2014), mais il fut des fondateurs du bataillons de la Meute Enragée (Bezoumaya Staya), fondé vers la fin de 2014. Il fut amalgamé avec son unité dans la 57e brigade motorisée ukrainienne (2016), étant décoré par le Président Porochenko du titre de Héros de l’Ukraine (janvier 2016). Il se rapprocha politiquement de la « Reine du Gaz », Ioulia Timochenko, et de son parti européiste et otaniste de la droite libérale, s’encartant.Il organisa et participa à de nombreuses manifestations antirusses, en particulier à Kiev, prônant la République islamiste de l’Ichkéria (2015-2021), comme sur cette vidéo tournée à Kiev pour le Jour de l’indépendance d’Ichkéria (6 septembre 2015). Ces manifestations étaient très peu suivies (quelques dizaines de personnes au plus, avec de rares tchétchènes, mais l’on y trouvait beaucoup d’Ukrainiens, y compris des civils, de nombreuses femmes attirées « par les muscles et la vaillance », ainsi que d’autres mercenaires, notamment de Géorgie. Celle du 6 septembre rassembla… 8 ou 9 voitures, le sujet n’intéressant en réalité quasiment personne en Ukraine. Un média ukrainien fit toutefois le déplacement et les réponses des deux ou trois tchétchènes (en langue russe), furent également à ce qu’elles sont toujours à l’heure actuelle : « Ces gens ne sont pas humains, ils ne font que violer et tuer » en parlant des Russes. En oubliant que les civils des deux côtés du front étaient les Russes ethniques du Donbass, et que les seuls enclins à la torture, au viol, au pillage et au massacre, n’étaient pas les Russes. Quel intérêt auraient-ils eut à agresser ceux qui combattaient à leurs côtés, leurs propres familles et enfants ? La présence des organisations néonazies, comme le Pravy Sektor était elle aussi quasi systématique. Il fut nommé par le Premier Ministre en exil de l’Ichkéria, Ahmed Zakaïev, au poste de représentant de la république en Ukraine. Il fut impliqué dans le meurtre du journaliste Pavel Sheremet (20 juillet 2016), assassiné par un commando d’anciens d’Azov, parmi d’autres. Il reprit sa place dans le bataillon de la Meute Enragée, toujours dans la 57e motorisée au moment de l’opération spéciale russe (24 février 2022).
Ahmed Alviev (?-), homme politique et membre de la République islamiste de l’Ichkéria, gouvernement en exil illégal de la Tchétchénie basé à Londres et Copenhague. Il combattit dans les rangs des islamistes tchétchènes jusqu’à la défaite et prit la fuite pour s’installer en Ukraine. Il s’enrôla pour combattre dans les rangs ukrainiens (2014- ?),combattant dans les rangs du bataillon Cheikh Mansour. Quoi qu’il en soit, il fut découvert dans les rangs des tchétchènes combattants pour l’Ukraine dès le début de l’opération spéciale russe. Il fut nommé représentant général du gouvernement de l’Ichkéria auprès de l’Ukraine (juillet 2022), qui reconnut bientôt la république en exil (octobre). Il participa à la création d’un quatrième bataillon tchétchène en Ukraine, le bataillon OBON, intégré à la Légion Internationale de défense territoriale de l’Ukraine (juillet). Il participa à une conférence en Ukraine sur la question de l’invasion de la Russie et « la libération de la Tchétchénie et du Caucase », dans un contexte intense de propagande occidentale où la Russie était annoncée comme vaincue dans les mois suivants, la Crimée et le Donbass écrasés, et l’invasion de la Russie programmée. Il a rôle majeur dans le commandement et la gestion des « troupes tchétchènes » en Ukraine, également chef nominal du bataillon OBON.
Marat Souleimanov (?-), originaire de Tchétchénie, premier commandant du bataillon Meute Enragée, il émit de vives plaintes à l’encontre du commandement ukrainien lors de l’amalgame de l’embryon de bataillon dans le 34e bataillon motorisé de l’armée régulière ukrainienne. Il revendiquait le fait de vouloir servir comme volontaire et pouvoir rentrer chez lui au bout d’une année, comme promis par les autorités au commencement de l’assaut ukrainien sur le Donbass. Cette décision provoqua sans doute le départ de nombreux volontaires mécontents, comme il l’évoquait lui-même.
Kazbek Yalhoi (?-), probablement un pseudonyme, originaire de Tchétchénie, il vînt s’enrôler dans le bataillon de la Meute Enragée dès l’année 2014, et préféra rester dans la 57e brigade motorisée malgré la contrainte de l’enrôlement dans l’armée ukrainienne régulière (2015-?). Il possédait un petit canal YouTube et posta 7 vidéos (entre 2012 et 2022). L’un d’elle reprend des images de son service dans l’unité et on le voit clairement en photo assis sur un véhicule militaire. Il reprit de nouveau du service au moment de l’opération spéciale russe (février/mars 2022), et intégra de nouveau le « bataillon », devenu groupe de la Meute Enragée, au plus une compagnie. Il était signalé alors comme ne parlant pas bien l’Ukrainien. Il fut signalé par un groupe Telegram ukrainien se battant alors dans la région d’Artëmovsk (hiver 2022/2023), et « ayant déjà une bonne connaissance de la langue ukrainienne, mais dans ses réponses, il y a souvent l’utilisation de la langue russe ».
Ahmed Zakaev (1959-), originaire de Tchétchénie, il fit des études de théâtre sous l’URSS à Grozny, et devînt acteur dans un théâtre dramatique (1981-1990). Il devînt Président de l’Union des acteurs de théâtre de Tchétchénie (1991), et s’installa à Moscou. Il retourna en Tchétchénie pour être nommé Ministre de la Culture par Djokhar Doudaïev (1994), et intégra l’État-major de l’armée de l’Ichkéria à la fin de l’année. Il fut nommé général de brigade et combattit l’armée russe avec son unité durant la Première Guerre de Tchétchénie, puis participa aux négociations avec la Russie (1996). Il fut nommé Vice-Premier ministre de Tchétchénie (1998-2006), et également Ministère des Affaires étrangères (mai 2006). Il avait quitté prudemment la Tchétchénie après un accident de voiture (1999), et se fit soigner à l’étranger. Il s’installa en Turquie, où il fut représentant de la république et pour les pays du Moyen Orient (novembre 2000). Il fut déclaré comme recherché en Russie, pour l’organisation d’actions terroristes (2001), puis pour rébellion. Il préféra prendre de la distance et vînt s’installer au Royaume-Uni, où il réside depuis lors (janvier 2002). Suite à la réunion d’un congrès de l’Ichkéria à Copenhague, Danemark, devenu la base arrière de la République, la Russie protesta vigoureusement et demanda au Danemark de mettre fin à cette réunion. Elle demanda son extradition (31 octobre 2002). Le Ministre danois des AE indiqua que le pays prendrait des mesures si des preuves étaient fournies de l’implication de l’Ichkéria dans des attentats terroristes. La Russie remit au Danemark un dossier comprenant lesdites preuves (5 novembre), mais le Danemark refusa d’obtempérer (3 décembre). Sous le coup d’un mandat international d’Interpol, il fut cependant arrêté à Londres (5 décembre), et libéré sous une caution de 50 000 livres. La Russie demanda alors au Royaume-Uni son extradition (9 décembre). Après plusieurs audiences à Londres pour décider de son extradition, le Royaume-Uni traîna aussi les pieds malgré les preuves évidentes, et des témoignages circonstanciés et refusa de l’extrader (2003), sous le prétexte qu’il risquait « d’être soumis à la torture en Russie ». Cette évidente mauvaise foi, en termina avec les demandes russes, et le Danemark, ainsi que le Royaume-Uni sont restés à ce jour des bases de l’Ichkéria. De nombreux islamistes et terroristes tchétchènes reçurent la nationalité danoise et d’autres pays européens, dont la Norvège (une base est en France, Strasbourg). Un groupe de parlementaires européens lui remirent même un passeport symbolique de « combattant de la Liberté (décembre 2002), avec parmi eux des Français comme Michel Rocard, mais aussi Daniel Cohn-Bendit. Il fut en communication avec des personnalités politiques russes, et tenta de négocier avec la Russie la libération commune de prisonniers, négociations qui furent financés par le Liechtenstein. Les négociations butèrent devant ses déclarations que l’assassinat des « traîtres à la solde de Kadyrov continuerait », ainsi que les attentats contre les forces de l’ordre russes. Un plan de paix dit Liechtenstein, avait été élaboré pour en terminer avec la Seconde Guerre de Tchétchénie, accorda dans la Fédération de Russie une autonomie à la République de l’Ichkéria. L’ONU et l’OSCE devaient donner des garanties, mais les attentats sanglants commis par les islamistes tchétchènes en terminèrent finalement avec les négociations. L’Ichkéria fut finalement écrasée par l’armée russe. Il fut nommé Ministre de la Culture de nouveau (2004), et fut sollicité pour obtenir la libération des otages de l’école de Beslan (1er septembre), négociations qui échouèrent et se termina par le bain de sang que nous connaissons. Une nouvelle demande d’extradition fut faite par la Fédération de Russie, suite à de nouveaux attentats (17 juillet 2006), qui ne donna toujours rien. Il entra en conflit avec Dokou Oumarov, radical islamiste tchétchène qui proclama la fondation d’un Émirat du Caucase et de l’adoption de la Charia (2007). Il affirma de manière comique que la Russie était derrière ce complot et finançait ce dernier avec 500 millions de dollars… Il fut nommé Premier ministre de l’Ichkéria (25 novembre), et fit passer une proclamation qui démettait Oumarov de ses fonctions dans l’Ichkéria et dans le parlement. Il déclara à la BBC qu’il était prêt à coopérer avec Kadyrov si ce dernier reconnaissait la république en exil (25 juillet 2009), déclaration absurde, à un moment où cette dernière ne survivait qu’avec de l’argent de l’Union européenne et américain. Il annonça que les combats en Tchétchénie étaient terminés (27 juillet), les derniers partisans de l’Ichkéria ayant été mis hors de nuire, le reste mis en fuite. Son gouvernement considéra qu’il avait trahi la Tchétchénie dans une forme de reconnaissance du gouvernement tchétchène à Grozny, et l’ensemble de son cabinet démissionna (23 août). Oumarov, se référant à la Charia le fit condamné à mort et appela à son élimination par les « bons tchétchènes » (23 août). Un peu plus tard, la République de Tchétchénie déclara la dissolution de l’Ichkéria de Grozny (30 octobre). La crise était grave, car trois entités dissidentes se déchiraient, un groupe de l’Ichkéria à Paris, avec deux députés, le gouvernement en exil de Londres de Zakaiev, et l’émirat du Caucase avec Oumarov quelque part dans un maquis. Il convoqua alors un congrès mondial de l’Ichkéria, en Pologne (17 septembre 2010), et fut arrêté à Varsovie en s’y rendant sur la base du mandat d’Interpol. Il fut toutefois libéré au bout de 6 heures de détention probablement suite à une intervention diplomatique occidentale. Il affirma également que la « doctrine islamique était essentielle dans l’Ichkéria, mais que les musulmans devaient vivre dignement avec les autres peuples qui n’adhéraient pas à cette conception religieuse ». Sous pression des finances occidentales qu’il recevait depuis de longues années, il finit par déclarer prudemment que les Tchétchènes devaient choisir (du moins ce qui restait de Tchétchènes autour de lui), entre son projet et celui de l’émirat du Caucase, alors même qu’il n’avait pas le contrôle d’un seul mètre carré de la Tchétchénie. Malgré son isolement, il réussi à se maintenir à son poste, considéré comme « modéré » et un interlocuteur acceptable en Occident, son autorité se renforçant avec la disparition de l’Émir du Caucase, Oumarov, liquidé par les Russes en 2013. Il affirma que la Russie était la seule responsable du terrorisme tchétchène, qu’il avait lui-même organisé, mais aussi pour donner le change en Europe, condamné. C’est lui qui ordonna la création des bataillons tchétchènes Cheikh Mansour et Djokhar Doudaïev créées en Ukraine (2014), et il vînt même en secret à Kiev pour une conversation officieuse (mai 2022), où il accorda un soutien total à l’Ukraine et la formation de nouvelles unités. En échange, la Rada d’Ukraine vota la reconnaissance de la République islamiste de l’Ichkéria par l’Ukraine (18 octobre). Ce Premier ministre aux apparences de démocrate, s’accroche à son poste de Premier ministre de l’Ichkéria de toutes ses forces depuis déjà 16 années. Les diverses voix qui se sont élevées dans son camp pour un changement ont été convaincues de se taire à coup de pistolets et d’armes automatiques.
? ( ?-), alias Grizzly, originaire de Tchétchénie, signalé par un canal Telegram ukrainien se battant dans le bataillon de la Meute Enragée et dans la région d’Artëmovsk (hiver 2022/2023).