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Argentine, bandéristes, SS et mercenaires

Argentine, bandéristes, SS et mercenaires
Le président argentin Peron qui permit la venue de nombreux nazis et collaborateurs dans le pays

L’Argentine n’est pas et de loin le pays qui fournit le plus de mercenaires à l’Ukraine de nos jours, mais elle fut le refuge de nombreux collaborateurs de l’Allemagne d’Hitler, de nazis et criminels de guerre. Après avoir approché les BRICS, l’élection surprise d’un nouveau président, Javier Milei (10 décembre 2023), fut une aubaine pour les USA, l’OTAN et leurs alliés. Zelensky fut d’ailleurs l’un des premiers à le féliciter et à le visiter, un déplacement qui n’était pas sans arrières pensées. Dans cet article nous nous pencherons sur une histoire finalement peu connue, à savoir que l’Argentine possède la 5e diaspora ukrainienne au monde… dont les origines s’enfoncent dans les armées pogromistes des nationalistes ukrainiens de Petlioura, ou des rangs de l’UPA de Bandera. Nous passerons en revue dans cet article « les Argentins », et les implications de ces derniers à travers une petite étude de prosopographie.

L’Argentine, le refuge de bandéristes et nazis ukrainiens. C’est un secret pour personne, mais l’Argentine fut une terre d’asile pour de nombreux collaborateurs de l’Allemagne nazie. Le plus connu d’entre eux fut sans doute Adolf Eichmann, l’organisateur de la Solution Finale, qui fut enlevé par un commando du Mossad (1960), jugé en Israël, condamné à mort et pendu (31 mai 1962). Les Allemands furent évidemment les plus nombreux, mais des collaborateurs des nazis assez nombreux leur emboîtèrent le pas, notamment des Croates, des Hongrois, des Roumains, des Baltes, des transfuges russes et soviétiques, des Français, et bien sûr des Ukrainiens. En 2022, on recensait pas moins de 1 million d’Argentins d’origines ukrainiennes, soit 2 % de la population du pays. Cette diaspora se classait en 5e position dans le monde, derrière celles de Russie (3;7 millions), du Canada (1,4 million), et de la Pologne (1,2 million), ou des USA (1,02 million), et loin devant celles de la Tchéquie (650 000), ou du Brésil (600 000). Une première vague d’Ukrainiens était arrivée dans le pays après la Seconde Guerre mondiale, eux aussi liés au nationalisme ukrainien des temps meurtriers des armées de l’OUNR et la ZOUNR (environ 50 000). Beaucoup arrivèrent ensuite par les lignes des rats dans le contexte de la fuite généralisée des collaborateurs, mais la situation difficile de la crise économique en Argentine (1952-1953), puis l’instabilité politique décida un certain nombre d’entre eux à partir. Ils s’installèrent pour certains au Paraguay, pour d’autres aux USA ou au Canada, d’autres encore se décidèrent à rentrer dans l’Ukraine soviétique. Une dernière vague plus modeste a été observée après la chute de l’URSS, et les différentes sources font état d’une minorité ukrainienne de 300 à 350 000 personnes.

Partout les Ukrainiens ont reproduit les mêmes schémas. Comme partout ailleurs, ils ont préservé leur culture et le bandérisme, notamment en fondant des centres culturels, ou encore en refondant l’organisation paramilitaire des « scouts » du Plast (1949-à nos jours). Ils ont aussi fondé un diocèse de l’Église uniate, et ont même construit une cathédrale à Buenos Aires (Cathédrale de le bienheureuse intercession de la Vierge Marie). Parmi de nombreuses organisations, citons le Club Ukrainien (1947), l’Union des Ukrainiens (1949), la Société des anciens de la 14e division SS Galicie (1951), l’Union des victimes de la répression du régime soviétique (1953), l’Union des étudiants argentino-ukrainiens (1953), l’Union des anciens combattants ukrainiens, rassemblant les combattants ayant servi dans la Wehrmacht ou des unités SS allemandes comme la 2e division SS Das Reich (1953), l’Union des commerçants (1954), et bien d’autres encore. C’est à la rencontre de ce terreau fertile, que des racoleurs de fonds, comme la chanteuse ukrainienne Sofia Fedyna, vinrent dès 2014 quémander de l’aide à cette diaspora. Cette dernière est aussi étroitement liée à d’autres communautés européennes aux destinées similaires. Principalement bien sûr les Allemands et Autrichiens, sans parler des Hongrois et des Croates. De manière tenace, bénéficiant surtout du soutien US vis-à-vis de la Guerre Froide, les Ukrainiens comme au Canada, aux USA, au Brésil, en France ou en Allemagne, ont reproduit la construction d’un maillage politique, social et économique ukrainien. L’idée n’était pas une assimilation réelle, mais plutôt une assimilation en insufflant par la patience, l’influence ou la persuasion, l’Ukraine dans le pays d’accueil. Comme au Canada, les Ukrainiens ont obtenu une Représentation centrale des Ukrainiens auprès du gouvernement argentin. Ils furent soutenus par l’anti-communisme, financés et utilisés pour lutter contre les forces locales de gauche. Ce que l’on vit d’ailleurs aussi au Brésil, en Colombie, au Paraguay, en Bolivie ou au Chili.

C’est ainsi que dans les rues en Argentine, des fêtes typiquement ukrainiennes occupent le terrain, des associations installent des stèles commémoratives, et obtinrent même de hisser des drapeaux ukrainiens pour le Jour de l’Indépendance. L’église gréco-catholique uniate s’est aussi bien implantée, et a été bien assimilée de par sa proximité avec l’Église catholique romaine. De ces chapelles, églises et même d’une cathédrale, sortirent des flots de propagande et de plaintes victimaires des Ukrainiens, toujours très forts pour mettre à profit ce narratif négationniste et révisionniste. L’Argentine reste aussi à ce jour… l’un des rares pays où il existe une association active des vétérans de la SS… et en particulier de la 14e division SS Galicie. Dans de nombreux pays de telles organisations sont bien sûr interdites. Pas dans l’Argenkraine…

Le petit dictionnaire des Ukrainiens d’Argentine… et des mercenaires. Dans la liste qui suit vous découvrirez des personnages de la diaspora ukrainienne, de la ligne des rats, et une quinzaine de mercenaires argentins qui sont venus combattre en Ukraine. Leurs profils éclairent le propos et permettent de comprendre un peu mieux les liens entre l’Ukraine et l’Argentine. Malgré l’importance de cette diaspora, l’Argentine a finalement envoyé peu de mercenaires sur le front ukrainien. C’est un phénomène qui finalement se confirme aussi pour le Canada, malgré que ce pays soit devenu la forteresse du bandérisme dans le monde. On ne trouve parmi ces hommes qu’un seul descendant de bandéristes, et deux Argentins en fait nés en Ukraine et venus dans le pays dans les années 90. A titre de comparaison, l’Argentine, malgré qu’elle fut un refuge pour les collaborateurs, a envoyé 13 ou 14 fois moins d’hommes que la Colombie… et 7 ou 8 fois moins que le Brésil. Les raisons en sont peut-être les spécificités de l’Argentine, mais aussi une volonté de rester quelque part à l’écart des boucheries du front ukrainien. Après tout qui serait motivé par une mort sordide dans un coin obscur de l’Est de l’ancienne Ukraine ? Peut-être également que ces descendants de bandéristes, ou plutôt des survivants de l’aventure nationaliste radicale ukrainienne, auront compris plus que d’autres que faire la guerre à la Russie, n’a jamais été pour eux une bonne idée…

Nicolas M. Aguilar (2002-), originaire d’Argentine, il fit un service militaire dans l’infanterie pendant une année. Il vînt en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion Internationale ukrainienne, et fut versé dans le 4e bataillon. Son nom apparut suite à un hack russe de documents référençant des hommes de son unité (novembre 2023).

Victor Alvares (?-), originaire d’Espagne, avec des origines argentines, et possédant aussi la nationalité italienne, né par ailleurs à Vérone. Il fit des études secondaires en Italie, puis sa famille déménagea en Espagne, à Santander. Il ouvrit une pizzeria et deux glaciers dans cette ville. Il prospéra rapidement, notamment grâce au tourisme jusqu’à l’arrivée du Covid-19. Ses revenus s’étant écroulés, il décida de s’enrôler en Ukraine dans la Légion internationale (29 avril 2022), et fut envoyé dans la région de Kharkov. Il participa à la marche en avant de l’armée ukrainienne sur le front Nord (automne 2022). Il fut contaminé par l’idéologie bandériste et se fit tatouer un Trizoub ukrainien, et un « Gloire à l’Ukraine ». Il déserta et prit la fuite, retournant alors en Espagne (printemps 2023), et retourna à ses activités de pizzaiolo.

Ivan Andres (?-), originaire d’Argentine, il fit des études professionnelles et devînt mercenaire dans les troupes de l’OTAN. Il s’enrôla dans les guérillas pro-américaines au Venezuela (2017), où il servit pendant trois mois contre le « chavisme et le communisme ». Il s’enrôla ensuite comme mercenaire dans une unité colombienne luttant contre le gouvernement de Nicolas Maduro (2018-2022). Il décida de s’enrôler ensuite en Ukraine, dans la Légion Étrangère de défense territoriale de l’Ukraine (fin mars 2022), et fut engagé dans la région d’Irpen et de Boutcha, puis durant la bataille de Kherson. Il fut blessé à l’œil durant la contre-offensive ratée de l’Ukraine (mai-juin 2023).

Ivan Bandoura (1901-?), originaire de la région de Poltava, son parcours avant et pendant la Seconde Guerre mondiale est peu connu. Toujours est-il qu’il se trouvait dans un camp de prisonniers des alliés, région de Munich en 1946. Il aurait donc servi dans l’une ou l’autre des unités de collaborateurs ukrainiens. Il préféra émigrer en Argentine par une ligne des rast (1948), et devînt membre de l’Union des ingénieurs ukrainiens en Argentine.

Nikifor Blavatniy (1886-1941), fils de paysans de la région de Kiev, son père lui fit faire des études et l’envoya dans l’école militaire de Tiflis. Il en sortit au grade de lieutenant dans l’armée du Tsar, et fit la Première Guerre mondiale (1914-1917), plusieurs fois blessé et au grade de capitaine. Il passa dans l’armée de l’Hetman Skoropadsky, et assista à la formation d’un État fantoche ukrainien au service de l’Empire allemand (1917-1918). Il passa ensuite dans l’armée de l’OUNR et de Simon Petlioura et participa à l’évacuation de la famille de Skoropadsky (1919), qu’il conduisit en Suisse, alors au grade de colonel. Il se signala comme un escroc de haut vol, lors d’une affaire à Vienne, en Autriche, et final ensuite en Tchécoslovaquie dans les Carpates (1920). Il préféra prendre le large et émigra en Argentine (1926), où il fut une figure de la diaspora ukrainienne et fonda une association des vétérans de l’Hetmanat. Il écrivit des mémoires et des livres sur les combats des nationalistes ukrainiens, et l’un d’eux fut le premier livre dans cette langue édité en Argentine (1932). Il mourut à Buenos Aires, le 7 avril 1941.

Sebastian Caceres (?-), originaire de Moron, Argentine, il servit dans la police, puis vînt en Ukraine pour s’enrôler dans la légion internationale ukrainienne (septembre 2023).

Lucas G. Cejas (1998-), originaire d’Argentine, il affirma avoir une base de trois mois d’entraînement militaire en Argentine, mais sans pouvoir le prouver. Cette déclaration fut faite alors qu’il venait en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion Internationale ukrainienne. Il fut versé dans le 4e bataillon. Son nom apparut suite à un hack russe de documents référençant des hommes de son unité (novembre 2023).

Pablo Sebastian Czornobaj (1979 ou 1980-), originaire de Buenos-Aires, Argentine, mais ayant des origines ukrainiennes, notamment de Galicie, descendant de collaborateurs de l’Allemagne nazie de l’armée de Bandera. Son père servit comme sous-officier dans l’armée argentine. Il fit des études supérieures en analyse de systèmes, et fit aussi deux années universitaires en droit. Il avait voyagé et séjourné un moment aux USA, en Floride (années 2000), amis préféra revenir en Argentine. Il travailla dans sa spécialité d’analyste pour diverses entreprises, mais après le Covid il ouvrit un bar-grill. Il chercha une épouse en Ukraine, via Internet et rencontra une Ukrainienne nommée Irina. Il vînt en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion internationale ukrainienne (avril-juin 2022). Pour se faire il vendit sa voiture pour acheter son billet d’avion. Il s’enrôla ensuite dans le bataillon Carpathian Sich, et intégra le groupe de Kouzmine. Il fut contusionné et blessé (2023), et évacué vers un hôpital militaire à Dniepropetrovsk. Il indiqua sur ses réseaux sociaux que le commandant, des officiers et plusieurs combattants avaient été liquidés par l’artillerie russe au moment où il fut blessé. Il déclara aussi « qu’il se battrait jusqu’à ce que l’Ukraine occupe les territoires perdus depuis 2014, y compris la Crimée ».

Youri Danichiline (28 février 1956-), naquit à Buenos Aires, origines ukrainiennes, il fit des études supérieures en architecture. Jeune il intégra l’organisation nationaliste et paramilitaire des scouts du Plast. Il devînt président de l’association culturelle Provista, Président de l’association (1995-1999 et 2016-2024), et secrétaire (2008-2010) c’est à ce titre qu’il réussit à imposer une plaque commémorative sur le mythe de l’Holodomor (2008), et qu’il fit financer par les autorités municipales de Buenos Aires un livre de propagande sur l’Holodomor qui fut largement distribué (2011). Il réussit également à faire financer des spectacles de propagande toujours sur le thème de l’Holodomor, puis par la suite sur la guerre dans le Donbass, avec des quêtes pour financer cette dernière et aider les soldats. Président du Conseil de la Représentation centrale ukrainienne en Argentine (2007-2008 et 2010-2014). Il fonda via l’association Provista un centre de documentation, rassemblant toute une littérature révisionniste et négationniste, obtenant là aussi des financements de l’État argentin. Il fut médaillé à 3 reprises par le Président Iouchtchenko et Zelensky pour son zèle (2006, 2008 et 2021).

Oksana Dragomanova (1894-1961), d’une famille ukrainienne, elle naquît à Saint-Pétersbourg, d’un père médecin et psychiatre. Sa famille déménagea dans la région de Varsovie (1895), et elle fit des études dans la capitale russe comme juriste, diplômée (1912). Elle devînt la femme d’Ivan Khrapko, avec qui elle fut employée dans le service diplomatique de l’OUNR. Le couple fut envoyé à Vienne, la Conférence de paix à Versailles (1919). Ils restèrent dans le pays, où elle étudia à la Sorbonne, continuant ses missions diplomatiques à Vienne, Paris et Berlin (1918-1921). Après la liquidation des nationalistes et la défaite, elle resta à Paris, puis émigra aux USA avec son mari (1924), puis en Argentine (1928). Elle travailla pour la banque US Boston, et fonda en Argentine la première société féminine ukrainienne (1931), et participa à la rédaction du premier dictionnaire ukrainien-argentin. Elle se consacra à des traductions, l’écriture et resta ensuite loin de la politique, et cessa ensuite toute activité (1958). Elle quitta le pays pour les USA, pour tenter de traiter son mari très malade, qui mourut à la fin de l’année 1959. Elle mourut bientôt de maladie à Los Angeles, le 3 avril 1961.

Daniel Formoso (1972-), originaire d’Argentine, il servit pendant 9 années dans l’armée de son pays. Il vînt en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion Internationale ukrainienne, versé dans le 4e bataillon. Son nom apparut suite à un hack russe de documents référençant des hommes de son unité (novembre 2023).

Bogdan Galaïtchouk (1911-1974), originaire de la région de Lvov, il étudia à l’Université catholique en Belgique (1931), et ensuite en Autriche et en Allemagne, diplômé en sciences politiques et en droit. Il s’enrôla dans l’UPA, l’armée collaborationniste ukrainienne, et fut chargé de créer une radio de propagande (1942-1944). Il prit la fuite en Allemagne, et réussit par une des rats, certainement celle de Rome et Gênes, de passer en Argentine (1949). Il enseigna le droit international à l’Université catholique à Buenos Aires, mais également en Italie, au Salvador, au Pérou, au Venezuela, en Équateur, etc. Ayant acquis une réputation internationale, il participa au 4e Congrès mondial de la jeunesse catholique, au Congrès international des historiens en Suède (1960), et à une conférence de l’Association internationale du barreau à Hambourg. Il fut l’un des propagandistes des radicaux ukrainiens parmi les plus actifs, publiant Has the USA recognized Ukraine ? (1955), The peace of Riga, the End of Anit-Bolshevik Front (1956), The Ukrainian state, a legally constituted Entity (1958), The soviet Ukraine as a subject of international law (1961), etc. Il mourut à Buenos Aires, le 31 août 1974.

Franco Galindo (?-), originaire de San Isidro, Argentine, mais vivant à Tigre, près de Buenos-Aires. Il servit un moment dans la police. Il vînt en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion internationale ukrainienne (novembre 2023).

Fernando Oscar Gentili (?-), originaire de Casilda, Argentine, sa vie antérieure à l’Ukraine n’est pas connue, à part le fait qu’il se maria et eut trois enfants. Il vînt en Ukraine pour s’enrôler dans le bataillon Carpathian Sich (automne 2022), rejoignant le groupe Kouzmine. De fausses informations annoncèrent sa mort sur le front (avril 2023), mais il se révéla plus tard qu’il était bel et bien en vie (avril 2024).

Rodion Golovatsky (1917-1985), originaire de Lvov, il fit des études de théologie (1937-1939), et passa dans l’Institut polytechnique à l’arrivée des Soviétiques. Il fut mobilisé dans l’Armée Rouge dans l’artillerie et fut bientôt fait prisonnier (1941). Il retourna à l’Institut polytechnique, puis s’enrôla dans la 14e division SS Galicie (1943), et combattit les alliés jusqu’à la fin de la guerre (1945). Il passa en Italie et rejoignit Rome, où il fit des études au Collège pontifical ukrainien (1946-1949), ordonné prêtre (1949), il passa en Argentine. Il travailla dans plusieurs institutions religieuses ukrainiennes, et fut directeur de la section ukrainienne de Radio Vatican (1963-1982). Il fut nommé par Jean-Paul II conseiller de la commission liturgique de la Congrégation des Eglises orientales auprès du Vatican (1985), mais mourut la même année.

Ioulian Goshovski (1908-1981), originaire de la région de Lvov, il fit des études en chimie et mécanique, et rejoignit l’armée clandestine ukrainienne de l’UVO (1927). Il fut arrêté pour la propagation de propagande nationaliste (novembre 1928), condamné à 10 mois de prison. Il fut de nouveau arrêté pour la même activité et condamné à trois ans de prison (novembre 1930). A sa libération il passa en Allemagne (1933-1937), et termina des études d’ingénieur. Il retourna à Lvov, arrêté quelques semaines par les Polonais au moment de l’agression hitlérienne (1939), libéré leur défaite, il passa dans la partie polonaise occupée par l’Allemagne, s’installant à Cracovie. Il fut nommé chef du département des communications de l’OUN et l’armée insurrectionnelle ukrainienne (10 mars 1940). Il participa à monter une radio de propagande clandestine pour « la libération de l’Ukraine » (1943), mais préféra prendre la fuite à l’approche de l’Armée Rouge (1944). Il passa en Autriche, puis en Italie (1949), et de là en Argentine. Membre de l’Union des ingénieurs ukrainiens en Argentine, il préféra ensuite émigrer aux USA (1959), s’installant à New York. Il mourut dans une petite ville de l’État, le 31 juillet 1981.

Mikhaïl Ignatov (?-1948), membre de l’armée clandestine ukrainienne de l’UVO (1929), il participa à des actions terroristes et fut arrêté par la police polonaise suite au lancement d’une bombe dans un poste de police (1930). Il fut le chef des militants de l’OUN dans la région de Truskavets, et fut l’organisateur de l’assassinat d’un fonctionnaire polonais des AE dans cette ville (1931). Il nia avoir participé à cet attentat, s’évada et prit la fuite par le port de Dantzig, rejoignant l’Italie. Il s’enrôla dans le mouvement des Oustachis croates, puis vînt en bateau au Japon, puis en Mandchourie (1937). Ce voyage devait permettre d’établir des contacts avec les Japonais dans l’idée de lutter contre l’URSS. Il établit des liens avec des Ukrainiens ayant fui l’Union soviétique dans la région d’Harbin, et tenta de traverser illégalement la frontière soviétique. Il fut arrêté par les Japonais, et s’installa à Harbin puis à Shangaï (1939). Avant la défaite des nationalistes chinois, il prit la fuite du pays et émigra en Argentine (1948), où il mourut bientôt.

Ivan Jibak (1926-2010), originaire de la région d’Ivano-Frankovsk, il rejoignit l’armée collaborationniste ukrainienne de l’UPA (1944-1945), et fut l’un des dirigeants des jeunes de l’OUN-B de Bandera. Il est fort probable qu’il servit dans la SS, car il ne resta pas dans les maquis en Ukraine, mais fut fait prisonnier en Italie (1945). C’est dans cette région que les restes de la 14e division SS Galicie fut faite prisonnière. Il fut interné, puis émigra au Royaume-Uni, qui fut le refuge de beaucoup de nazis qui émigrèrent ensuite aux Amériques (1949). Il émigra en effet en Argentine (1951), et fut l’un des cadres de l’association culturelle et de propagande Provista (à partir des années 60). Il vînt en Ukraine (1991), et s’occupa d’écriture à la fin de sa vie, il mourut à Buenos Aires, le 6 mars 2010.

Vassil Katchourak (1919-7 février 1987), originaire des Carpates, ancien collaborateur ukrainien de l’Allemagne nazie, son parcours durant la Seconde Guerre mondiale est peu connu. Toujours est-il qu’il fut blessé deux fois et prit ensuite la fuite d’Europe. Il passa en Argentine à la fin des années 40, ou début des années 50. Il s’engagea dans une association culturelle bandériste à Buenos Aires, pour promouvoir la musique traditionnelle ukrainienne. Il fut à l’origine de la fondation de deux chapelles uniates. Il mourut dans la capitale argentine, le 7 février 1987.

Igor Katchourovskiy (1918-2013), originaire de la région de Tchernigov, d’une famille de notables, cette dernière pris la fuite à cause de grande famille et s’installa en URSS, à Koursk (1932), puis étudia la pédagogie et fut enseignant. Lors de l’invasion allemande, il passa en Ukraine, puis prit la fuite dans la foulée de l’armée allemande jusqu’en Autriche (1945). Il fonda l’Union des scientifiques, des écrivains et des artistes ukrainiens (1946), et édita une première parution. Il émigra en Argentine (1948), travaillant au départ comme ouvrier dans le port de Buenos Aires. Il devînt professeur à l’Université catholique de littérature russe (1968), mais préféra émigrer en Allemagne (1969), gardant la nationalité argentine. Il fut membre de l’Union des écrivains ukrainiens d’Argentine, puis de l’Union des écrivains d’Ukraine (1992). Il mourut à Munich, le 18 juillet 2013. Il publia dès les années 40 de la poésie, où il fit aussi de la propagande notamment sur le mythe de l’Holodomor. Dans cette version révisionniste, la Grande Famine n’est plus le drame qui toucha toutes les régions agricoles du Sud de l’URSS, mais un « génocide ukrainien, visant les Ukrainiens ». Il s’adonna aussi à la traduction, notamment de Soljenitsyne et fut lui-même traduit dans de nombreuses langues.

Ignacio Lazaro Kochi (1993-2022), originaire de Buenos-Aires, Argentine, il fit des études professionnelles et devînt artisan, fabricant de stylos à plume. Il s’était enrôlé comme réserviste dans l’armée argentine et rêvait d’un conflit armé auquel il participerait. Il persuada un homme d’affaires argentin de financer son voyage et son équipement pour s’enrôler en Ukraine dans la Légion Étrangère de défense territoriale de l’Ukraine (février-mars 2022). Il arriva d’abord à Londres (29 mars), puis passa en Pologne et enfin en Ukraine. Il fut signalé qu’il se trouvait avec le régiment Azov parmi les défenseurs de l’usine Azovstal (mi-mai), mais lorsque les derniers défenseurs de la ville de Marioupol se rendirent aux Russes, il resta introuvable, plus personne n’a à ce jour entendu parler de lui. Il est probable qu’il fut tué pendant la longue bataille et son corps abandonné, puis enseveli dans une fosse commune. Il était officiellement le premier Argentin à être venu s’enrôler en Ukraine.

Enrique Martinez Kodo (1926-2013), originaire de Buenos Aires, il fit des études supérieures dans l’école spéciale du renseignement et devint journaliste puis rédacteur en chef, notamment d’une publication du renseignement militaire argentin (1957). Il se radicalisa au contact de la diaspora bandériste ukrainienne, et fut ému par la condamnation en URSS de 5 partisans de l’armée collaborationniste de l’UPA (1959). Ces hommes furent parmi les deniers à être pris et condamnés, une dernière cellule fut encore détruite en 1960. Il devînt le rédacteur en chef de journaux en espagnol de la diaspora ukrainienne Ukraina Libre, et Resistencia y Liberacion (1972-1975) (ce dernier organe de l’OUN, l’organisation politique des nationalistes ukrainiens). Il se lança dans l’écriture de nombreux ouvrages réécrivant l’histoire, et et l’une des plumes révisionnistes parmi les plus prolixes qui ne soit pas ukrainienne. Il écrivit une histoire de l’UPA, décrivant cette armée comme héroïque, et l’ennemi non pas décrit pendant la Seconde Guerre mondiale comme l’Allemagne, mais comme l’URSS (La Résistance en Ukraine, 1964, ou Les rebelles derrière le Rideau de Fer, 1967). Il écrivit également sur la mort des chefs ukrainiens, dont Stepan Bandera, décrit comme un chancre de la liberté (Los Crimenes de Munich 1957-1959). Il poursuivit avec un ouvrage où il tenta de réhabiliter Petlioura et de gommer l’épisode terrible des massacres et des pogroms commis par son armée durant la Guerre Civile russe. Il écrivit de nombreux articles sur la « guérilla ukrainienne », et fut republié par des revues militaires américaines, dont celle officielle de l’État-major général US. Ces publications entraient dans le discours anti-soviétique de la Guerre Froide, aussi son travail fut poussé en avant. Il est très probable que par son travail dans le renseignement militaire argentin, il fut recruté également par la CIA, ou utilisé par elle. Il fut invité au Congrès mondial ukrainien et décoré de la médaille de Saint-Vladimir (1989). Il est étrange de penser qu’en 2022, de nombreux médias et analystes pro-ukrainiens parlèrent d’une « terrible guérilla ukrainienne » qui devait venir à bout de l’armée russe… Si elle fut réelle dans les années 40-50 et décrite même de manière mensongère par Kodo, on ne vit aucune guérilla après l’opération spéciale… la seule insurrection observée dans cette guerre le fut dans le Donbass !

Nazar Kouzmine (1989 ou 1990-), alias Argo, puis Argo Hispanos, originaire d’Ukraine, sa famille s’installa à Buenos Aires au milieu des années 90. Il fut naturalisé Argentin. Il fit des études secondaires et travailla comme éboueur dans la capitale. Il pratiquait le rugby. Son père Leonid avait travaillé dans l’administration judiciaire, il préféra retourner en Ukraine (2016). Sa mère Olga Sanjara était une bandériste convaincue et inculqua à ses fils cette idéologie. Il vînt avec son frère Taras s’enrôler en Ukraine dans le bataillon Carpathian Sich (avril 2022). Il avait au départ servi avec lui dans la défense territoriale dans la région d’Odessa. Il fut versé dans la 3e compagnie dont son frère devînt commandant de peloton. Dans le mois de juillet-août 2022, avec le Portugais Rico Chavez, et le Français Aurélien Ferranti, ils exécutèrent deux ou trois prisonniers russes et filmèrent les corps, faisant des saluts nazis. Il publia ensuite d’autres photos de corps de soldats russes sur les réseaux sociaux. A la mort de son frère, il prit la le commandement du peloton

Taras Kouzmine (?-octobre 2022), frère du précédent, il vînt s’enrôler en Ukraine avec lui (avril 2022), et servit dans la défense territoriale, région d’Odessa. Il passa dans le bataillon Carpathian Sich, nommé commandant de peloton dans la 3e compagnie. Il fut liquidé par les Russes sur le front en octobre 2022.

Tomas Waldo Kuhn (29 septembre 1987-), alias Waldo Wanker, originaire d’Entre Rios, Argentine. Il s’agit peut-être d’un descendant des nazis allemands qui arrivèrent dans le pays par les lignes des rats après la Seconde Guerre mondiale. Il s’installa en France, puis vînt s’enrôler dans le bataillon Carpathian Sich (août 2023). Il fut blessé durant son premier combat au front (novembre 2023) et évacué vers l’arrière. Il n’est pas certain qu’il retourna ensuite se battre.

Agustin Lomonaco (?-), originaire de Buenos-Aires, Argentine. Père de famille, il décida toutefois de venir en Ukraine pour s’enrôler (juin 2022). Il rejoignit le renseignement militaire ukrainien (GUR), puis le bataillon néonazi Revanche (2023).

Grigory Matseïko (1913-1966), originaire de la région de Lvov, il s’enrôla dans les rangs de l’armée clandestine ukrainienne, l’UVO et dans l’organisation des nationalistes radicaux de l’OUN (1929). Il permit l’arrestation d’un terroriste de l’OUN, la police courant après cet homme, il pensa qu’il s’agissait d’un voleur et l’intercepta (1931). Interrogé par les membres de l’OUN, il se porta volontaire pour les missions les plus dangereuses. Il fut arrêté par la police polonaise, mais libéré (1933). Il fut l’un des assassins du Ministre de l’Intérieur polonais, Bronislav Peraski (15 juin 1934), et réussit à prendre la fuite en Tchécoslovaquie, puis passa ensuite en Argentine. Il n’eut ensuite plus aucune activité et mourut près de Buenos Aires le 15 août 1966. L’OUN en fit un héros et lui érigea un monument et une nouvelle tombe (16 décembre 1972). Le meurtrier fut aussi honoré en Ukraine, qui renomma une rue en sa mémoire à Konotop (10 décembre 2015). Comme Bandera qui était son chef, il fut pris en exemple pour faire l’apologie du terrorisme, assassinats politiques, attaques à la bombe et actes terroristes étant légitimés dans l’idéologie bandériste aujourd’hui solidement réimplantée en Ukraine.

Nazareno Ezequiel Moreira (1995-), originaire de Bombal, Santa Fe, Argentine, il servit dans l’armée de son pays. Il vînt en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion internationale (mai 2023).

Evgen Onatsky (1894-1979), originaire de Gloukhov, il vécut une partie de son enfance à Kamenets-Podolsky et étudia l’histoire et la philologie à Kiev (1912-1917). Il s’engagea en politique, représentant des étudiants nationalistes ukrainiens à la Rada (1917), membre du Congrès national ukrainien. Il fut envoyé à Paris à la conférence de Paix, pour tenter, en vain de plaider la cause ukrainienne, membre de la délégation de l’OUNR (1919). Après la défaite des nationalistes de Pétlioura et Petroutchevitch, il s’installa avec son épouse à Rome (1920). Il resta un des cadres actifs de l’OUN, participant à la diffusion de propagande nationaliste et radicale ukrainienne. Il fut l’un des ami et collaborateur du chef de l’OUN, Konovalets. Il fut l’un des défenseurs du fascisme italien, assurant qu’il fallait le prendre pour exemple pour le mouvement nationaliste ukrainien. Il enseigna la langue ukrainienne à Naples (1936-1940). Il fut arrêté par les Allemands à Rome (29 septembre 1943), et fut jeté en prison pour son hostilité à l’Allemagne nazie (il avait rallié l’OUN-M de Melnik). Il fut emprisonné en Italie, puis en Allemagne, libéré par la victoire des alliés (1945). Il retourna à Rome, mais émigra en Argentine (1949). Membre de plusieurs organisations ukrainiennes, il participa à la publication de propagande nationaliste. Président de la Représentation centrale ukrainienne en Argentine (1953-1960), président de l’OUCR (1960-1963). Il se retira ensuite de la vie publique et politique à cause de problèmes de vue. Il mourut à Buenos Aires le 27 octobre 1986.

Youri Polianski (1892-1975), originaire de la région de Lvov, il fut mobilisé et servit dans l’armée autrichienne durant la Première Guerre mondiale, artilleur (1914-1917). Il s’enrôla ensuite dans l’armée nationaliste de la ZOUNR (1917-1920), jusqu’à la défaite des nationalistes ukrainiens. Il fut ensuite officier dans l’armée clandestine ukrainienne, l’UVO (dès 1920-1922), et chef régional de l’OUN. Il se recycla en professeur et enseigna dans l’Université secrète ukrainienne (années 20 et 30). Il resta à Lvov à l’arrivée des Soviétiques, et devint un collaborateur de l’Allemagne nazie à l’arrivée des troupes d’Hitler (1941). Il fut président du Conseil provisoire de la ville de Lvov, puis travailla au musée d’histoire naturelle de la ville. A l’approche de l’Armée Rouge, il prit la fuite dans la foulée des troupes allemandes (été 1944), et rejoignit l’Autriche. Il passa ensuite en Allemagne et enseigna à l’Université ukrainienne de Munich (1947), et émigra la même année en Argentine par les lignes des rats. Il travailla ensuite comme universitaire et géologue (1958-1967). Il mourut à Buenos Aires en 1975.

Anton Postolovski (1890-1991), originaire de la région de Khmelnitski, il fit des études au séminaire à Vinnitsya. Il écrivit des poèmes révolutionnaires et nationalistes et fut arrêté par l’Okhrana (1909). Ses écrits furent confisqués, il fut jugé pour haute-trahison et jeté en prison. Il fut libéré par la Révolution bolchevique, et se rendit à Kiev (1917). Il fut élu à la Rada centrale ukrainienne de l’OUNR. La république nationaliste ukrainienne ayant été écrasée (1919), il prit la fuite de Kiev, et espéra un moment continuer la résistance à Khmelnitski (1920-1921). Comprenant que la victoire des Polonais et des Bolcheviques était inéluctable, il passa en Galicie, incorporée à la Pologne (1921). On ne connaît pas ses actions durant l’entre deux-guerres et l’invasion allemande, mais il revînt à Khmelnitski où il avait laissé son épouse (1942), puis prit la fuite dans le sillage de l’armée allemande (1944). Il passa en Europe de l’Ouest, et émigra par les lignes des rats en Argentine (1949). Il fut désigné dans la Représentation centrale ukrainienne en Argentine, membre de diverses associations nationalistes, lié aussi à l’Église uniate, et intervenant à la radio nationaliste ukrainienne en Argentine. Il ne revit jamais son épouse, qui resta en Union soviétique. Elle fut arrêtée puis relâchée à cause de son mari (1953), et mourut en 1979. Lorsqu’il mourut en 1991, il était le dernier survivant de la Rada de l’OUNR.

Propagande ukrainienne en Ukraine (2011-à nos jours), la diaspora ukrainienne en Argentine a diffusé de la propagande dans le pays, demandant la libération « des prisonniers politiques », en fait tous des extrémistes bandéristes violents, notamment la députée néonazie Savtchenko (2014-2016), coupable de l’assassinat de deux journalistes russes. Ils réussirent toutefois à inaugurer des plaques commémoratives pour les « héros ukrainiens » morts sur le front du Donbass, selon le culte des morts cher à l’idéologie bandériste (2014), puis une autre pour l’anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine (2016), et imposèrent une levée d’un drapeau ukrainien pour le Jour de l’indépendance (2019 à nos jours). Les organisations ukrainiennes fournirent de l’argent et de l’équipement, afin de doter d’armes et de matériels les troupes ukrainiennes (2014-2021), et organisèrent des manifestations et des rassemblements pour récolter des dons depuis l’opération spéciale (2022-à nos jours).

Evert von Renteln (10 avril 1893-9 janvier 1947), Allemand ethnique de la Baltique, fils d’une famille de propriétaires terriens. Il fut mobilisé et servit dans l’armée impériale russe durant la Première Guerre mondiale. Versé dans la cavalerie, grade d’enseigne, il fut blessé dans les combats de Prusse-Orientale (31 août 1914). Il fut décoré à plusieurs reprises dans cette période, notamment de l’ordre de Sainte-Anne (20 mars 1915), puis l’ordre de Saint-Vladimir (20 mai 1915). Après la Révolution bolchevique, on le retrouva dans diverses unités baltes combattant l’Armée Rouge (1918-1919). Il vécut ensuite un moment en Estonie, puis en Pologne (1920). Il accueillit avec satisfactions l’armée hitlérienne (1939), et s’enrôla dans les rangs nazis (22 août 1941). Il servit dans le 705e régiment des grenadiers cosaques, devenu 360e régiment de Cosaques, puis une brigade de cavalerie cosaque, et enfin la 3e division cosaque dans les troupes des supplétifs et transfuges soviétiques au service d’Hitler. Il fut nommé commandant du 360e régiment de Cosaques (5 novembre 1942), et servit durant la terrible bataille du saillant de Rjev.. Son régiment fut transféré en France occupée (1943), et il stationna notamment en Charentes-Maritimes sur le Mur de l’Atlantique (1944). Il servit jusqu’à la fin de la guerre, se trouvant dans le 25e corps de cavalerie, commandant la brigade de cavalerie (mars 1945), puis la 3e division cosaque du XVe corps de cavalerie cosaque SS. Il capitula finalement devant les troupes britanniques, alors au grade de lieutenant-colonel (12 mai 1945). Il fut maintes fois médaillé et décoré par les Allemands, notamment des Croix de Fer de 1ère et 2e classe. Iil fut livré à l’URSS (28 mai 1945), et passa devant un tribunal soviétique qui le condamna à mort (21 octobre 1946). Il fut exécuté en Sibérie occidentale, le 9 janvier 1947. Selon une autre version, il aurait été condamné à la prison à perpétuité et envoyé au camp de Prokopievsk, puis de Novossibirsk, en Sibérie. Il y serait mort après 1946. Il laissait une famille, et l’un de ses fils, Ernestus prit la fuite et s’installa en Allemagne. Il reçut à une date inconnue la nationalité argentine et semble y avoir vécu un moment. Lié à l’Internationale brune, il put revenir ensuite en Russie et s’installa dans l’Oural. Il avait été l’un des magisters de l’Ordre des chevaliers de Malte, aux connexions troubles, je vous renvoie à mon article sur la 6e colonne. Il mourut lors de l’épidémie du Covid, à Ekaterinbourg en 2021.

Dario Almada Ruben (6 octobre 1971-), originaire d’Argentine, mercenaire qui vînt s’enrôler dans la Légion Internationale et dont le nom fut dévoilé par un groupe de hackers russes (novembre 2023).

Oleksa Satsiouk (1909-1960), originaire de la région de Rovno, il fit des études de droit, et travailla comme avocat. Il eut des activités nationalistes de propagande, mais resta dans l’ombre. Il resta dans la région à l’arrivée des Soviétiques (1939), et échappa aux répressions, notamment au départ des Soviétiques faisant le vide dans les rangs nationalistes ukrainiens, avant leur départ devant l’invasion allemande (juin 1941). Il s’engagea dans la collaboration avec l’Allemagne nazie, cadre dans l’administration de Dubno, puis maire de la ville (1941-1942). Il prit la fuite à l’arrivée de l’Armée Rouge (1944), et s’installa en Autriche (1945-1948). Il émigra en Argentine par la ligne des rats (1948), et fut membre de plusieurs sociétés ukrainiennes. Il émigra de nouveau, pour les USA (1949), et s’installa à Chicago, aux USA, où il mourut le 3 avril 1960.

Andreï Sapeliak (1919-2017), originaire de l’Ouest de l’Ukraine, d’une famille de paysans, son père fut un soldat de l’armée autrichienne durant la Première Guerre mondiale. Il se destina à la prêtrise et entra au séminaire, et son parcours jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale est inconnu. Toujours est-il qu’il se trouvait après la guerre en Italie et en France, ordonné prêtre (1949), il émigra en Argentine. Il devînt le premier évêque ukrainien des Ukrainiens d’Argentine (1961-1997), et fut nommé à la Représentation centrale des Ukrainiens d’Argentine (1968). Il fut aussi l’un des prélats membre de la Commission des Églises orientales au Concile de Vatican II (1962-1965). Il revînt en Ukraine (1997), et s’installa dans un monastère et maison pastorale dans la région de Dniepropetrovsk (1997-2014). Au commencement de la guerre ukrainienne dans le Donbass, il passa à Lvov, où il mourut le 6 novembre 2017.

Javier Jesus Siganda (21 octobre 1995-), originaire d’Argentine, mercenaire qui vînt s’enrôler dans la Légion Internationale et dont le nom fut dévoilé par un groupe de hackers russes (novembre 2023).

Nikolaï Sipko (1891-1963), originaire de la région de Tchernigov, il fit une école d’artillerie de l’armée du Tsar, dont il sortit sous-lieutenant (1911). Il fit la Première Guerre mondiale servant au grade de capitaine (1914-1917). Il s’enrôla dans l’armée de l’Hetman Skoropadsky (1918), commandant de batterie, puis passa dans l’armée de Pétlioura de l’OUNR (1918-1919). Commandant d’un régiment d’artillerie, il fut interné par les Polonais à la défaite (décembre 1919). Il fut libéré et servit encore dans les débris de l’OUNR (1920). Il préféra passer en Tchécoslovaquie (1923), travaillant ensuite comme ingénieur. Cosaque, il rejoignit une association de vétérans, mais se garda de servir l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Il resta à Prague, et fut arrêté par les Soviétiques (27 mai 1945). Il fut condamné à 10 ans de travaux forcés et envoyé dans un camp en Mordovie (1946-1956). Il revînt en Tchécoslovaquie et réussit à passer à l’Ouest, puis à émigrer en Argentine (1957). Il passa au Venezuela, où il mourut à Maracaïbo en 1963.

Andreï Sheptitsky (1865-1944), originaire de Yavorov, Galicie, famille anoblie pendant la période des Habsbourg et dotée du titre de comte. Il fit des études supérieures en droit à Cracovie, puis en Allemagne. Il fit des voyages avec son père en Italie et en Russie, et participa à une audience du Pape Léon XIII (1888), et se lia aux Jésuites. Il se destina à la prêtrise et fut ordonné dans l’église uniate (1892). Il fut bientôt nommé évêque par François-Joseph Ier (1899), puis métropolite de Galicie (1900), une ascension fulgurante. Il refusa de quitter Lvov à l’arrivée de l’armée russe (1914), mais fut expulsé. Il se mêla de politique et fut l’un des créateurs de la ZOUNR, une république nationaliste galicienne ukrainienne (1918). Pour ces raisons, les Polonais l’assignèrent à résidence, mais une intervention du Vatican auprès de la Pologne obtînt sa libération (1920). Il entama alors une tournée « politique » pour demander du soutien à l’étranger pour les nationalistes ukrainiens, allant en Italie, à Rome, en France, en Argentine, au Canada et aux USA. N’ayant rien obtenu, il fut arrêté par les Polonais à son retour et enfermé pendant trois mois. Il se radicalisa de plus en plus, se rapprochant des plus radicaux, et publia une déclaration agressive « qualifiant les autorités polonaises, l’État polonais et l’Église catholique d’ennemis de l’Église universelle et du christianisme » (16 juillet 1938). A l’arrivée des Soviétiques, il écrivit à Staline pour protester contre les répressions et les « abus » soviétiques dans la région (1940), mais ne fut pas arrêté. Il salua officiellement l’arrivée des nazis à Lvov (1941), et commença à collaborer, mais il s’opposa courageusement à l’extermination des Juifs, notamment menée par des supplétifs ukrainiens (1941-1942). Il déchanta et écrivit alors une lettre au Pape Pie XII pour dénoncer le nazisme (août 1942), fut suspecté par les Allemands, mais ne fut pas inquiété de nouveau. Il mourut à Lvov le 1er novembre 1944 en maudissant « les Bolcheviques », alors que les Soviétiques étaient arrivés dans la ville. Ce fut lui qui soutînt dans la formation d’une église uniate dans une province en Argentine en 1922, après avoir visité le pays.

Joseph Snijni (1890-1960), originaire de la région de Poltava, joueur de Bandoura, nationaliste radical ukrainien, il s’engagea en politique et fut l’un des fondateurs de la Rada d’Ukraine de l’OUNR, membre de cette assemblée (1917). Malgré la défaite, il resta à Kiev et réussit à se fondre dans la masse, mais fut finalement arrêté par le NKVD. Il fut condamné à quelques années de travaux forcés, et travailla sur le chantier du canal de la Mer Blanche. Libéré, il passa en Mandchourie de manière illégale (hiver 1935), et rejoignit une petite colonie de nationalistes ukrainiens à Harbin. Il participa à la fondation d’une radio de propagande en langue ukrainienne, et fut élu secrétaire de l’association de la communauté ukrainienne de Shangai, où il s’était installé (1938-1948). Comprenant que la défaite des Chinois nationalistes approchait, il prit la fuite de nouveau et émigra au Paraguay (1948), travaillant comme charpentier, et fonda un ensemble de Bandoura. Il émigra ensuite en Argentine (1954), où il continua à jouer de la Bandoura, et mourut à Buenos Aires en 1960.

Youri Tis (1904-1994), originaire de Galicie, il fit des études supérieures en Autriche à Vienne (1928), devenant ingénieur. Il s’enrôla ensuite dans l’UVO, puis dans la Légion ukrainienne, et combattit pour l’Allemagne nazie contre les Polonais et les Soviétiques. Avec les troupes supplétives ukrainiennes, il participa au massacre des Juifs en Ukraine, et à la liquidation de villages supportant les partisans soviétiques, en Biélorussie et Ukraine (1941-1942). Il s’enrôla dans la 14e division SS Galicie (1943), et combattit avec cette division jusqu’à la capitulation de l’Allemagne hitlérienne. Il termina la guerre comme chef d’État-major de la division. Libéré par les alliés, il s’installa en Allemagne, mais préféra ensuite prendre le large et s’installa en Argentine (1947). Il eut une activité politique bandériste intense, fondant l’Union des ingénieurs ukrainiens en Ukraine, et une revue radicale, Terem (1962). Il avait été aussi rédacteur pour les revues Ukraina Libre ou pour une revue d’anciens combattants SS et de l’UPA (Victi Kombatanta). L’ancien officier SS prit peur lors de la capture d’Adolf Eichmann (1960), et ayant sans doute beaucoup à se reprocher, notamment dans la Shoah par balles, il déménagea ensuite aux USA s’y sentant plus en sécurité (1962). Il s’employa à réécrire l’histoire des nationalistes, faisant œuvre de révisionnisme et négationnisme. Il publia entre autre des ouvrages sur la Bataille de Poltava et l’histoire de Mazepa (1960), d’autres sur l’UPA comme Guerra y Libertad (1961), et UPA Warfare in Ukraine (1972). Il mourut le 1er janvier 1994, à Detroit dans le Michigan, de vieillesse. Il ne fut jamais jugé pour les crimes qu’il perpétra durant la Seconde Guerre mondiale.

Victor Tsimbal (1901-1968), originaire de Tcherkassy, fils d’instituteurs, il rejoignit jeune une association de jeunes nationalistes ukrainiens Rodina (1917), puis s’enrôla dans l’armée de l’OUNR de Pétlioura (1919-1920), jusqu’à la défaite totale. Les débris de l’armée furent internés dans des camps en Pologne (1920-1922), où il resta prisonnier. Doué pour le dessin, il tua le temps à faire des portraits, des peintures et des caricatures. Libéré, il passa en Tchéquie (1923), et fit l’école des beaux-arts (1923-1928). Il préféra toutefois émigrer en Argentine (1928), et devint graphiste et illustrateur. Il se fit un nom et fut employé par des agences de publicité en Argentine, aux USA, et en Europe. Il dessina des caricatures contre l’URSS, et participa à la diffusion du mythe de l’Holodomor, un révisionnisme ukrainien transforma la Grande Famine en projet complotiste visant à exterminer le peuple ukrainien. Il fit de nombreuses expositions dans des galeries, en Argentine, à New York ou Détroit. Il émigra pour le travail New York (1960), et mourut d’une longue maladie jamais identifiée clairement, le 28 mai 1968. La paranoïa des complotistes ukrainiens affirme qu’il fut empoisonné par les Soviétiques.

Ucrania Libre (1951-1960), journal bandériste publié en Argentine et dirigé par l’Argentin Kodo. Il eut un tirage maximum de 3 000 exemplaires et fut distribué en Amérique du Sud, en Espagne et envoyé à des organisations politiques ou culturelles bandéristes à travers le monde.

Mikhaïl Vassilik (1928-2017), originaire de la région de Ternopol, d’une famille de fanatiques bandéristes, il s’enrôla très jeune dans la 14e division SS Galicie (1943), et combattit contre les alliés jusqu’à la défaite. Il fut fait prisonnier avec les débris de sa division en Autriche (1945). Libéré, étant alors en zone d’occupation française, il reprit des études à Innsbruck (1949-1950), puis émigra par la ligne des rats de Rome et Gênes en Argentine (1950). Il reprit de nouveau des études à l’Université catholique, et devint professeur dans cette dernière, enseignant l’histoire et la géographie. Il était membre de nombreuses organisations ukrainiennes, dont l’association des vétérans ukrainiens de la SS. Il continua d’enseigner jusqu’à la retraite, occupa des postes comme la présidence de l’Association catholique ukrainienne (1975-1998), ou membre à la Représentation centrale ukrainienne en Argentine (1990-1994). Il écrivit quelques livres sur l’émigration ukrainienne en Ukraine (1980-2000). Il mourut à Buenos Aires, le 30 octobre 2017.

Alberto Emmanuel Vilte (?-), originaire de Comodoro Rivadavia, Argentine, il fut un modeste employé et sa maria, ayant 4 enfants. Après un divorce, il chercha sur Internet une épouse en Ukraine. L’ayant trouvé, il vînt s’installer dans le pays, se remaria et eut encore une fille. Il s’enrôla dans le bataillon Carpathian Sich (été 2022), ne connaissant ni l’ukrainien, le russe ou l’anglais. Il entra dans la 3e compagnie du bataillon et dans le peloton de mercenaires latino-américains commandé par Kouzmine. Il participa à la marche en avant dans la région de Kharkov (automne 2022), où Taras Kouzmine trouva la mort. Il rentra alors un moment en Argentine (novembre). Il revînt en Ukraine, nommé chef de section dans l’unité (janvier 2023). Il participa à des combats dans la région de Donetsk (2024), et affirma avoir été formé comme opérateur de drones (avril 2024). Il a potentiellement participé dans le peloton Kouzmine à des crimes de guerre et l’assassinat de prisonniers russes.

Ivan Vyslotsky (1893-1969), originaire de l’Ouest de l’Ukraine, il s’enrôla dans l’armée autrichienne (1911), et combattit pendant la Première Guerre mondiale. Il fut fait prisonnier par les Russes, et conduit en Sibérie. A la Révolution bolchevique, il fut libéré et rentra à Kiev (automne 1917), et s’enrôla dans l’armée de l’OUNR de Petlioura (1918-1920). A la défaite, il prit la fuite via Odessa, la Bulgarie et la Serbie et s’installa à Vienne. Il préféra venir en Tchécoslovaquie, dans la partie ukrainienne des Carpates. Il passa en Pologne et travailla à Lvov dans une maison d’édition nationaliste (1936-1939). Il préféra se tenir éloigné des combats, passa à Sambor, écrivit des manuels scolaires, et prit la fuite en Allemagne (1944-1945). A la défaite de cette dernière, il émigra ensuite au Paraguay (1948). Il passa ensuite en Argentine où il mourut en 1969.

Boris Witoszynski (1914-1991), originaire de l’Ouest de l’Ukraine, il fit des études de droit à Varsovie (années 30), et s’enrôla dans l’OUN, participa à des activités de déstabilisation de la Pologne, agent de l’Abwehr. Il fut arrêté et condamné à de la prison (1935-1936), il prit le parti de l’OUN-M de Melnik, défavorable aux nazis. Il fut arrêté et emprisonné jusqu’à la fin de la guerre (1942-1945), l’un des rares à avoir refuser de servir Hitler. Libéré à la capitulation, il devînt professeur à Munich, puis émigra en Argentine (1948-1954), puis en France (1954). Il collabora à diverses parutions, toutes de propagande ukrainienne et de l’OUN, en France, en Allemagne, en Argentine, au Canada et aux USA. Parmi ses ouvrages de propagande, des écrits révisionnistes comme Mouvements rebelles et guerres de libération pendant la Seconde Guerre mondiale à la lumière du droit international (1973), ou Le droit à l’autodétermination des peuples et de l’Ukraine (1983). Il est marrant de penser que l’Ukraine nia par la suite le droit à l’autodétermination des peuples du Donbass et de Crimée en 2014, puis de ces régions et de celles de Kherson et Zaporojie en 2022. Il mourut en Pologne en 1991.

Jonathan Alberto Maciel Zorilla (26 décembre 1990-), originaire d’une bourgade de la région de Buenos Aires, Argentine, il servit un moment dans la police, grade de sergent. Il vînt en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion internationale (printemps 2022), et fut nommé chef de la compagnie Charlie 1 (jusqu’en juin 2022). Il passa commandant du groupe de mercenaires Omega, une unité qui fut attachée au GUR, le renseignement militaire ukrainien (juin-septembre 2022). Il préféra ensuite s’enrôler dans le bataillon Carpathian Sich, rejoignant le peloton et la 3e compagnie de Kouzmine (septembre 2022). Il servit sur le front du Donbass, blessé (février 2023), il fut évacué. Après une convalescence il retourna ensuite dans son unité. Il a potentiellement participé dans le peloton Kouzmine à des crimes de guerre et l’assassinat de prisonniers russes.

Alexeï Zaporojets (1885-1959), originaire de la région de Dniepropetrovsk, d’une famille de paysans, il devînt écrivain et produisit des pièces de théâtre, il fut menacé pendant les répressions staliniennes (1937), arrêté mais bientôt libéré et réhabilité. A l’arrivée des Allemands dans la ville de Dniepropetrovsk, il collabora et écrivit dans un journal supportant l’Allemagne nazie (1941-1943). Il prit la fuite à l’arrivée de l’Armée Rouge, mais son épouse refusa de le suivre. Il s’enrôla dans la 14e division SS Galicie et retraita avec elle jusqu’en Autriche et en Italie (1945). Fait prisonnier, il fut libéré et émigra par les lignes des rats en Argentine (fin années 40). Il mourut à Buenos Aires dans un accident en 1959.

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