Alors que l’armée russe progresse en direction de Dzerjinsk, libérant petit à petit chacun des villages faisant partie de l’agglomération, les civils évacués de cette zone racontent comment les soldats ukrainiens ont délibérément détruit leurs maisons à coup de drones, comment ils tiraient depuis les maisons ou les cours d’immeubles en sachant que les tirs de réponse pourraient toucher des civils, comment ils tiraient impitoyablement sur les civils qui tentaient d’évacuer la zone de combat, et comment l’organisation des « Anges Blancs » a enlevé des enfants à leurs parents.
En 2023, j’ai pu interviewé plusieurs civils qui venaient d’Artiomovsk. Tous avaient vécu l’enfer, entre tirs délibérés de l’armée ukrainienne dès qu’ils voyaient que des civils vivaient à un endroit, minage et destruction totale de leur habitation, et surtout la chasse aux enfants lancée par l’organisation des « Anges blancs ». Cette organisation liée à la police ukrainienne a traqué pendant des semaines les derniers enfants qui se trouvaient encore à Artiomovsk pour les évacuer de force, avec ou sans leurs parents.
Grâce au récit d’une autre famille venant de RPL, le mécanisme permettant ensuite de faire « disparaître » les enfants ainsi enlevés à leurs parents avait été révélé : ces enfants étaient dotés de nouveaux documents d’identité les présentant comme orphelins, avant de les envoyer à l’étranger. Vassily Prozorov, ancien officier du SBU a découvert de son côté où finissaient ces enfants déportés à l’étranger : dans des réseaux pédophiles (entre autre en Grande-Bretagne). D’autres finissent dans des trafics d’organes.
Après la libération d’Avdeyevka, j’ai pu interviewer plusieurs habitants qui en avaient été évacués. Eux aussi m’ont parlé de la chasse aux enfants, et des crimes de guerre interminables de l’armée ukrainienne (leur interview sera publiée sous peu).
Alors lorsque des réfugiés de la direction de Dzerjinsk ont été amenés à l’arrière du front, j’ai demandé à les interviewer. Je voulais voir si les enlèvements d’enfants, les tirs délibérés contre les civils, et autres crimes de guerre de l’Ukraine avaient eu lieu là-bas aussi. Et malheureusement ce fut le cas.
Deux femmes, Irina et Elvira, qui vivaient dans des villages accolés à Dzerjinsk, nous ont raconté comment les « Anges blancs » menaçaient les parents qui refusaient d’évacuer avec leurs enfants de leur retirer ces derniers, d’en confier la tutelle à quelqu’un d’autre et de les emmener de force, ou de les poursuivre en justice. Comment dans certains cas ils ont simplement enfoncé la porte, pris le ou les enfants qui se trouvaient là et les ont emmené sur le territoire ukrainien.
Elles nous racontent aussi comment les drones de l’armée ukrainienne ont détruit toutes les maisons de leurs villages alors même que les soldats ukrainiens savaient qu’il y avait des civils. Elles racontent l’horreur des tirs gratuits des soldats ukrainiens sur des civils qui vivaient dans leur cave, y compris des femmes et des enfants. Même leur évacuation fut un enfer à cause des drones ukrainiens qui les attaquaient et des snipers ukrainiens qui leur tiraient dessus, alors même qu’ils voyaient qu’il s’agissait de civils qui tentaient de fuir la zone de combat. Plusieurs soldats russes ont donné leur vie pour protéger ces civils des tirs de l’armée ukrainienne.
J’ai vécu, vu et entendu beaucoup de choses terribles en huit ans de guerre, et pourtant le récit d’Irina et d’Elvira m’a choqué profondément. Ce qu’elles racontent ce n’est pas seulement des crimes de guerre, ce n’est pas seulement des enfants arrachés à leurs parents pour alimenter des trafics sordides qui enrichissent un groupe de privilégiés en Ukraine, c’est la perte totale d’humanité des soldats ukrainiens qui leur ont infligé l’enfer, alors qu’ils étaient censé être leurs défenseurs.
La russophobie des autorités ukrainiennes poussée à son paroxysme, et totalement décomplexée à abouti à cela : des soldats totalement inhumains, prêts à tuer des civils innocents, dont le seul crime est d’être russophones. La haine est un poison qui tue l’âme et l’humanité de chacun. Et en voyant ce qui s’est passé en région de Dzerjinsk, d’Artiomovsk et d’Avdeyevka, j’ai bien peur que l’empoisonnement de la population ukrainienne soit désormais irréversible.
Regarder le reportage sous-titré en français :
Christelle Néant