Enquêtes et fact-checking

L’usine à fakes de Kiev, comment ils essayent de s’attaquer à la société russe

L’usine à fakes de Kiev, comment ils essayent de s’attaquer à la société russe

Après deux semaines depuis l’offensive des forces armées ukrainiennes dans la région de Koursk, il est évident que les pertes ukrainiennes s’accumulent. Plus de 3 000 soldats ukrainiens sont tombés, plusieurs centaines de matériels militaires ont été détruits avec eux. Dans la région, les autorités russes ont procédé et procèdent toujours à l’évacuation d’un maximum de civils dans et autour de la zone des combats. La situation est sous-contrôle et d’importants moyens du Ministère des situations d’urgences ont été déployés dans la région. L’aide par ailleurs est arrivée de toutes les régions de Russie. Les services de la guerre secrète de l’information, l’ISO, sont toutefois à l’œuvre en Ukraine… et en Russie. Des dizaines de vidéos sont apparues cherchant à provoquer la panique dans l’opinion publique russe. L’Ukraine, il est vrai, utilise les fakes news comme une arme depuis de longues années, des manipulations qui furent également destinées au public occidental. Ce fut le cas pour le faux massacre de Boutcha, le faux bombardement de la maternité de Marioupol, celui tout aussi délirant d’un théâtre dans la même ville, des fausses fosses communes d’Izioum, du bombardement (par les Ukrainiens eux-mêmes) de la gare de Kramatorsk, et tant d’autres encore.

Il y a une petite semaine, les Ukrainiens ont diffusé une fausse vidéo, qui a été débunkée par la suite par la presse russe. La scène était censée se dérouler en Russie, mais les panneaux indicateurs vus sur la vidéo révélèrent la supercherie. Ils n’étaient pas russes, et les noms des localités étaient inscris en minuscule et non en majuscule comme partout en Russie. Cependant les analystes russes expliquent que dans la construction de fakes news, ce n’est pas souvent la qualité qui prime, mais la quantité. Certaines de ses vidéos se sont en effet propagées très loin et jusqu’en Russie. La guerre est ainsi menée non pas seulement sur le front, mais sur celui de l’information. Et ici, pour l’Ukraine, tous les coups sont permis, il n’y a aucune morale, rappelons par exemple notre travail sur le faux média ukrainien de la guerre ISO, Inform Napalm. Parmi les photos fakes, citons celle où se trouvait un soldat ukrainien, derrière un panneau indicateur, indiquant « Koursk, 10 km ». En réalité, le vrai panneau et la vraie localisation du soldat se trouvaient à 108 km de Koursk… Une retouche de la photo avait permis de tromper beaucoup de gens. La photo n’avait d’ailleurs pour but que de provoquer la panique dans la population russe, tout en faisant croire en Ukraine, que bientôt l’armée ukrainienne serait à Koursk… certains ont même parlé de Moscou ! D’autres fakes furent organisés, comme celui-ci où les Ukrainiens filmèrent un faux reportage dans Soudja, mettant en scène de faux citoyens russes, maudissant le régime russe « qui les avaient abandonné ». Les analyses russes remarquèrent dans le reportage qu’un monument sur une place, n’était pas dans la ville de Soudja… mais dans celle de Soumy, et qu’il s’agissait du monument à la Libération de la ville par les l’Armée Rouge ! Un autre fake fut une vidéo d’un pseudo habitant de Koursk (2e partie de la vidéo), ouvrant une fenêtre, des tirs d’armes automatiques étant audibles. L’homme fut identifié comme un blogueur ukrainien vivant en Allemagne. Le fake visait à provoquer une panique dans la ville de Koursk, et plus dans toute la Russie (la vidéo se propagea à grande vitesse au début de l’opération).

Ces manipulations se sont multipliées depuis, fausses vidéos de l’occupation totale de Soudja, diffusions de vidéos de pillages tendant à intimider les Russes, mais aussi à faire croire que les Ukrainiens contrôlaient un plus large territoire. Les Russes ont ainsi localisé les magasins en question, qui se trouvaient effectivement dans la zone Ouest de la ville, alors que l’autre partie de la ville était toujours sous le contrôle des Russes. Ils sont aussi capables de manipulations plus subtiles, comme la publication d’une vidéo mettant en scène le gouverneur de la région de Belgorod, Viacheslav Gladkov qui « demandait au Président Poutine de retirer des troupes du front de Zaporojie pour renforcer les unités de la région ». Avec la technologie actuelle, les Ukrainiens sont capables d’utiliser de vraies vidéos, mais d’en remplacer le discours par une nouvelle piste audio. La vidéo bien sûr a été rapidement dénoncée comme un fake, mais l’idée des Ukrainiens était ici de toucher un large public russe, de lui faire croire que la situation était très grave. Enfin, la guerre se livre aussi sur les réseaux sociaux, y compris sur Telegram. Pendant l’opération, la chaîne Telegram Deux Majors, a signalé la présence de nombreux bots ukrainiens. Ces derniers, appuyés par des trolls, se camouflent en « patriotes » et « supports de la Russie », mais lancent des messages critiques, des alarmes, des paniques et des avis mettant en cause la stratégie de l’État-major russe, l’armée, le gouvernement ou l’administration. Deux Majors a ainsi bloqué deux de ces bots, sous le nom anonyme d’Alexeï qui a posté… 490 742 messages dans le seul groupe (en quelques heures), et un autre caché sous le nom de « L », ayant publié 489 738 messages. Ils ont été évidemment bloqués. Cette petite liste des fakes news et manipulations ukrainiennes et occidentales n’est évidemment pas exhaustive, l’Usine à fakes de Kiev fonctionne à plein régime. Il est évident par ailleurs qu’en France, et en Occident, le fake est utilisé lui aussi au maximum de ses possibilités : dans le premier sens pour désinformer et tromper, dans le second pour stigmatiser « les complotismes sournois », diffusant des fausses nouvelles, il n’y a qu’à voir comment tous les médias français se sont mis à créer des « émissions de débunkage des fakes »…

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