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Bataillon Nikolaïev ou Saint Nicolas, des gestapistes dans le Donbass

Bataillon Nikolaïev ou Saint Nicolas, des gestapistes dans le Donbass

Dans le contexte de l’après Maïdan, le bataillon fut formé par le Ministère de l’Intérieur, dans le but d’être envoyé dans l’Est de l’Ukraine, afin d’écraser l’insurrection républicaine. Après le retour de la Crimée au giron russe, l’insurrection avait commencé dans la ville de Kharkov et dans le Donbass (avril 2014). Une tentative de fondation de République populaire de Kharkov fut écrasée dans l’œuf, avec l’aide de bandéristes sous les ordres d’un certain Andreï Biletski, de policiers et de la police politique du SBU. Pour éviter la chute d’Odessa, le régime de Kiev préféra la terreur, et organisa dans cette ville le massacre du 2 mai 2014. Cependant, la même manœuvre échoua à Marioupol (9 mai), et la ville tomba sous le contrôle des insurgés républicains. Un grand référendum fut organisé dans les anciens oblasts de Donetsk et Lougansk, et eut pour résultat la formation de deux républiques (RPD, RPL, 11 mai). Dans l’esprit des dirigeants de Kiev, l’emploi de la force et de la terreur devaient en finir rapidement avec l’insurrection. C’est la raison qui motiva la formation d’unités supplétives de police, dont la plus célèbre est restée le bataillon Azov. Ainsi fut formée avec d’autres en Ukraine, le bataillon Saint Nicolas.

De la formation du bataillon Nikolaïev. L’unité commença son recrutement en mai 2014. Comme presque toutes les unités de ce type (hormis Azov et quelques autres), elle fut formée localement, dans la ville du même nom. La ville de Nikolaïev était une ville russe fondée sous la Grande Catherine en 1787, dans l’espace de la Nouvelle Russie. Elle devînt rapidement prospère, voisine de la ville d’Odessa, et l’une des villes sur la Mer Noire. En 2014, c’était une agglomération importante de plus de 490 000 habitants, et chef-lieu de l’oblast du même nom. Elle était encore peuplée d’une importante minorité de Russes ethniques (environ 30 %), dont plusieurs dizaines de milliers préférèrent quitter la région dans les années suivantes. Un appel fut lancé pour le recrutement de policiers en active, mais aussi de retraités, simples citoyens de préférence avec une expérience militaire ou dans la sécurité. Le recrutement fut difficile contrairement à d’autres bataillons de police supplétive, comme Azov qui s’était déjà fait une solide réputation. Dans d’autres villes, comme dans la capitale les recrues furent nombreuses pour deux unités de police du même genre. Difficilement, une cinquantaine d’hommes furent réunis, équipés d’un armement sommaire fournit par le Ministère de l’Intérieur. Devant l’urgence de la situation du front du Donbass, ils furent envoyés quasiment sans entraînement sur le front (11 juillet).

Un bataillon de police supplétive dans la région de Lougansk. L’unité fut dirigée dans la région de Lougansk, alors que les Ukrainiens lançaient leur opération militaire de grande envergure. Le plan initial était de s’emparer des deux aéroports de Donetsk et Lougansk, d’enfoncer les lignes insurgées entre Donetsk et Lougansk pour isoler les deux républiques. Au Sud, une autre opération consistait à s’emparer des frontières en arrière des deux grandes villes du Donbass, et partant de Marioupol qui avait été reprise (13 juin). Selon ce plan, isolés du soutien de la Russie, tronçonnés en deux zones, l’insurrection aurait été facile à réduire. Le bataillon, ou plus les deux sections difficilement formées, furent envoyées dans la région de Lougansk. Cette ville paraissait la plus facile à prendre d’assaut, et d’importants moyens furent employés pour tenter de s’en emparer. L’unité fut dévolue à la garde de points de contrôle sur les routes, à la chasse « aux séparatistes », découvertes et saisies d’armes, et à neutraliser toutes les résistances sur l’arrière des troupes ukrainiennes. Pendant ce temps d’autres volontaires furent recrutés, mais la situation militaire, après des succès initiaux commençait à se dégrader. La ville de Lougansk, quasiment encerclée résista, l’aéroport ne fut pas pris. Au Sud, les Ukrainiens furent chassés du point culminant du Donbass, Saur Mogila (fin juillet-début août). A la frontière, une brigade entière passa en Russie, coupée de ses lignes et pourchassée par les Républicains. Bientôt, le gros des forces ukrainiennes fut quasi encerclé dans la zone d’Ilovaïsk, et taillé en pièces (fin août). Avant ce désastre, un groupe de 49 militaires du bataillon fut renvoyé à Nikolaïev (16 août). La norme établie par le Ministère de l’Intérieur était des rotations d’un mois, une partie du bataillon étant au front, l’autre au repos, le reste à l’entraînement dans Nikolaïev. Les rotations s’enchaînèrent, l’unité abandonnant la localité de Loutougino (Lougansk, 1er septembre). Le second groupe rentra ensuite à l’arrière (16 septembre). Les premières pertes furent enregistrées lors d’un bombardement au mortier d’un barrage routier, près de Raïgorodka (Lougansk, 15 octobre). Devant l’enlisement du front, puis la venue des accords de Minsk, la routine des rotations s’installa pendant les années suivantes. Le troisième tiers du bataillon fut employé à des opérations de maintien de l’ordre dans la ville de Nikolaïev, dans un contexte de violences accrues, de trafics et d’une criminalité en hausse (2016-2022).

Des gestapistes dans le Donbass. Nous ne connaissons pas hélas la teneur « des exploits » des membres du bataillon, mais la presse ukrainienne publia au moins un article, avec vidéo et une photo intéressante, où l’unité procédait à l’arrestation d’un civil au visage terrorisé (19 juillet 2014). L’article disait : « les membres du bataillon spéciale de la milice Nikolaïev, surnommé Saint Nicolas, qui servant dans la zone ATO ont arrêté plusieurs groupes terroristes qui opéraient dans des localités situées à proximité du déploiement du bataillon. Tous les détenus ont été remis aux employés du SBU ». La preuve est donc faite que le bataillon participa aux représailles et persécutions des populations du Donbass, sans parler de leur collaboration avec la terrible police politique du SBU. Rappelons, que les actes de cette police est à mettre au niveau de la Gestapo, de la DINA, de la Securitate, de la Tchéka ou de la Stasi. Le commandant et chef de la police pour la région de Nikolaïev, déclarait dans le même article : « les employés du bataillon sont actuellement sur le territoire de la région de Lougansk et effectuent professionnellement toutes les tâches qui leur sont assignées […] ils participent également aux opérations visant à identifier les complices des terroristes, à rechercher et éliminer les groupes de renseignement et de sabotage des terroristes ». Au vu de ce que nous savons des répressions, il n’y a pas de doute sur le fait que l’unité participa activement à un certain nombre de crimes de guerre. Reste à savoir, si ils participèrent aussi aux tortures et interrogatoires sanglants avec les sbires du SBU.

Épilogue. Lors de l’opération spéciale lancée par la Russie (24 février 2022), la partie du bataillon se trouvant dans la région de Lougansk fut probablement mis en fuite et partiellement anéantie. Le reste de l’unité, devant l’avance fulgurante des Russes, notamment après la perte de Kherson (mars 2022), fut envoyée à la défense de la ville de Nikolaïev menacée par les pointes avancées de l’armée russe. Plusieurs policiers du bataillon furent tués, dès le 26 février, et dans les mois suivants. L’unité fut ensuite réorganisée avec d’autres forces de polices locales, en bataillon de marche de police, le bataillon Tavr (Taurus, été 2022). L’unité devînt une composante d’un sinistre bataillon formé en 2023, le bataillon Liout. Dans les biographies qui suivent, par cette petite étude de prosopographie, nous pouvons comprendre un peu plus l’ambiance du bataillon. Les fiches indiquent que ces fonctionnaires de police n’étaient que très peu politisés. On ne trouve pas de bandéristes notables dans leurs rangs. Ces hommes toutefois, en se portant volontaire, soutenaient assurément le Maïdan. De ce fait ils acceptèrent « en serviteurs de l’État », de participer à des basses tâches de répressions et donc à des crimes de guerre. On peut penser aussi que certains agirent dans un but patriotique, ayant une certaine idée de l’Ukraine, mais du côté idéologique l’unité « est propre ». L’unité pourrait avoir compter jusqu’à un effectif d’environ 200, maximum.

Victor Antonenko (?-), membre du bataillon Nikolaïev, il fut l’un des survivants du combat de Ternovsky, et témoigna ensuite de la mort de plusieurs membres de l’unité (26 février 2022). Il apparut dans le film de propagande sur ce combat et la mort du capitaine Loukiannenko (juillet 2024).

Youri Kravtchenko (3 juillet 1989-26 février 2022), originaire d’un village de la région de Nikolaïev, il fit des études professionnelles dans la construction navale. Il fut l’un des premiers à s’enrôler dans le bataillon Saint Nicolas (printemps 2014), pour des raisons politiques, mais aussi de carrière. Il fit de nombreuses rotations dans le Donbass (2014-2021), participant aux représailles, atteignant le grade de lieutenant. Il fut décoré de la médaille pour sa participation à l’opération ATO (2016). Il fut envoyé à la défense de la ville de Kherson, affrontant l’avant-garde russe dans les premiers combats près de Ternovsky, et fut tué avec un camarade, tandis que 5 autres étaient blessés, le 26 février 2022. Il fut décoré à titre posthume par le Président Zelensky. Il laissait une veuve et au moins un enfant. Dans l’idée du culte bandériste des morts, et pour soutenir le moral de la population, une vidéo fut filmée sur sa vie et mort (juillet 2024).

Iaroslav Loukiannenko (5 mai 1994-26 février 2022), originaire d’un village de la région de Nikolaïev, il fit des études supérieures comme cadet dans l’Ecole nationale du Ministère de la Police, à Kharkov. Il en sortit officier et fut versé dans le bataillon de police spéciale Nikolaïev (vers 2015), grade de capitaine. Il fut envoyé dans la région du Donbass pour participer aux répressions, selon le film qui fut tourné ensuite sur lui, il fit de nombreuses rotations dans la région de Lougansk (2015-2021). Il fut envoyé à la défense de la ville de Kherson, affrontant l’avant-garde russe dans les premiers combats près de Ternovsky, et fut tué avec un camarade, tandis que 5 autres étaient blessés, le 26 février 2022. Il fut décoré à titre posthume par le Président Zelensky. Un film de propagande fut tourné sur ce combat et sur sa mort (juillet 2024).

Dmitri Marchak (1991-), enrôlé dans le bataillon de police Nikolaïev (2014), il fit plusieurs rotations sur le terrain et fut blessé dans la région de Lougansk dans l’une des premières rotations du bataillon (été 2014). Après 8 mois de convalescence, il fut envoyé de nouveau sur le front et fut interviewé par la presse ukrainienne (février 2015).

Arthur Merikov (1968-), il entra dans l’École supérieure de défense antiaérienne de Dniepropetrovsk (1990), alors encore en URSS. Il servit dans les forces armées soviétiques et ukrainiennes (1990-1999). Il passa ensuite dans les rangs du Ministère de l’Intérieur (2001), comme enquêteur dans la criminelle. Il travailla dans la ville de Nikolaïev et monta rapidement les grades. Chef adjoint du département de la criminelle pour la région (2011), chef de police dans la région (mai 2014), supérieur et responsable direct du bataillon Nikolaïev. Un article de presse indiqua qu’il s’était rendu au moins deux fois dans la zone ATO en 2014, « pour y accompagner diverses unités de la garnison de police de Nikolaïev » (juillet 2014). Il passa à la direction de la police dans la région de Kherson (septembre 2014), puis fut nommé chef de la Direction générale de la police dans la région de Kherson (novembre 2015), confirmé officiellement dans ce poste (novembre 2016). Il fut nommé général de police par Porochenko (13 octobre 2018). Il fut impliqué dans l’assassinat d’une politicienne et activiste de Kherson, qui fut vitriolée à mort, Ekaterina Gandziouk (qui mourut de ses blessures en novembre 2018). Les médias ukrainiens l’accusèrent d’avoir permis la fuite des assassins et de les protéger : « Le chef de la police nationale de la région de Kherson, avait aidé à s’échapper un suspect dans l’organisation du meurtre de Gandziouk […] c’est Merikov qui a averti le commanditaire Alexeï Levine, qu’il était surveillé et qu’il fallait partir. Le lendemain, après avoir reçu les informations de Merikov, Lévine prit la fuite en République Dominicaine. Les suspects arrêtés ont déclaré que le frère d’Arthur Merikov, Vadim, ex-député de la Rada dans le parti du Front Populaire de la région de Nikolaïev, et le subordonné direct de Merikov, Sergeï Kourdilov seraient de mèches dans le groupe criminel qui fut derrière l’attaque contre Gandziouk. Il a organisé la couverture des criminels et dirigé l’enquête vers une fausse piste. Kourdilov, sous la surveillance de la police a tenté de classer l’affaire sur l’agresseur principal, et comme des dizaines d’autres fonctionnaires qui ont falsifié l’affaire, il continue de servir dans les rangs de la police » (février 2019). Malgré la gêne, et l’arrivée de Zelensky au pouvoir, le général ne fut pas inquiété. Il décida toutefois, sans que nous sachions pourquoi de quitter de démissionner de son poste (20 octobre 2021). Cette démission faisait suite à la chute et démission du Ministre de l’Intérieur Avakov, son protecteur, aussi préféra-t-il tirer sa référence. Il a disparu ensuite des radars.

Vadim Merikov (1976-), faire du précédent, il fit des études supérieures dans l’éducation physique et devînt professeur de sport (1993-1997). Il devînt un des membres du Conseil d’administration d’une structure financière chargée du club de football local de Nikolaïev. Il se lança aussi dans de nombreuses affaires, dont la création d’entreprises, tel un garage concessionnaire Renault. Il entra cependant plus tard à la faculté de droit à Odessa et fut diplômé, devenant ensuite avocat (2005). Il entra en politique, s’encartant dans le parti d’Ioulia Timochenko. Il fut élu au conseil municipal de la ville de Nikolaïev (2005-2010). Il fut élu au Conseil régional de Nikolaïev (2010-2012), et poursuivit son ascension politique. Il tenta de se faire élire député de la Rada d’Ukraine (2012), mais échoua. Il participa activement à la Révolution du Maïdan, dans divers monuments financés par les Américains « Je suis Contre Ianoukovitch » ou « Lèves-toi Ukraine », et supporta les émeutiers dans la ville de Nikolaïev (hiver 2013-2014). Il fut nommé par le gouvernement provisoire au poste de Président du Conseil régional de Nikolaïev (22 février 2014), puis il fut élu par ce dernier trois jours plus tard (25 février). Il fonda un mouvement « Défendons l’Ukraine ensemble » (2 mars), en vue de préparer la guerre. Il fut élu à la Rada d’Ukraine (15 mars), des postes s’étant libérés (dont celui de Iatseniouk). Il dirigea les répressions politiques dans sa ville, et ordonna la destruction du camp de manifestations anti Maïdan. Le camp fut assailli par des forces de police, des supplétifs et ultranationalistes (7 avril), préfigurant le massacre d’Odessa (2 mai). Il fit installer des barrages routiers autour de la ville, pour instaurer un régime policier dans la ville. Il usa de son influence pour faire monter en grade son frère, qui fut nommé par népotisme, chef de la police de la région de Nikolaïev (2014). Ensemble, avec le SBU, ils poursuivirent les répressions politiques, et formèrent le bataillon de police supplétive Saint Nicolas. Il fut nommé adjoint de la ridicule commission d’enquête sur les massacres de civils à Odessa, Marioupol ou Kransarmeïsk (13 mai). Commission qui se garda bien de faire son travail, aucun bourreau ne fut poursuivit en justice, les massacres étaient organisés par le régime de Kiev. Pour service rendu, le Président Porochenko le nomma Gouverneur de la région de Nikolaïev (28 juillet). Cpendant il dut plus tard quitter son siège de député (novembre). Un faux attentat fut organisé, qui aurait été dirigé depuis Donetsk, et des « terroristes » furent arrêtés (mi-août 2014). Cette manipulation fut montée avec le SBU, dans le but de discréditer les Républicains de Donetsk, tandis que les répressions politiques s’intensifiaient dans le pays. Il fut nommé chef du Conseil de Défense de la ville, et prit des mesures pour construire des fortifications, des abris, des bunkers et aida un fonder un bataillon de représailles de la Défense Territoriale, le bataillon Nikolaïev (à ne pas confondre le présent, sujet de notre article). Il en devînt le chef nominal. Il s’engagea ensuite dans le soutien des militaires dans la zone ATO (appartements gratuits pour les familles, avantages, etc.). Il fut médaillé par le Patriarcat de Kiev (octobre 2014). Il imposa ensuite la construction d’un monument en l’honneur des « compagnies d’autodéfense du Maïdan », dénommée « la Sotnia Céleste » en référence aux anges… (le monument fut inauguré le 20 février 2015). Il signa ensuite très rapidement des contrats avec des entreprises canadiennes et des fonds d’investissement (2015-2017). Il incita la Rada à voter une loi déclaration la Russie comme un pays « dangereux et un agresseur » (2015), et entama une politique de destruction de la mémoire russe dans la région (décret local, 23 mai 2016). Il dut cependant donner sa démission de son poste de Gouverneur, pour des raisons inconnues (fin juin). Il fut ensuite impliqué dans l’affaire de l’assassinat de la politicienne Ekaterina Gandziouk à Kherson (2018-2019), et disparut presque totalement des radars par la suite. Dans l’absolu, au vu de sa participation dans les répressions dans la ville de Nikolaïev (2014-2015), et sa participation dans la Commission sur les massacres de civils qui cacha la vérité, c’est un criminel de guerre qu’il faudra recherché.

Alexandre Mkhitarian (?-), officier supérieur de police, nommé à la tête du bataillon Nikolaïev, qu’il commandait à son versement dans le bataillon Tavr en 2022. L’homme eut des problèmes avec la justice ukrainienne, peut-être pour des affaires de corruption, deux affaires judiciaires furent ouvertes contre lui (en 2015). Il ne semble pas que cela puisse avoir gêné sa carrière.

Lieutenant-colonel Moschanets (?-), commandant du bataillon de représailles Nikolaïev (Défense territoriale), il fut nommé à la tête du bataillon de police Saint Nicolas (2 janvier 2016).

Oleg Savtchenko (?-), membre du bataillon de police Nikolaïev, l’un des survivants du combat de Ternovsky (26 février 2022), il fut l’un des intervenants sur le film tourné sur ce combat et la mort du capitaine Loukiannenko (juillet 2024).

Azov est une organisation interdite en Fédération de Russie, pour incitation à la haine raciale, apologie du terrorisme et son extrémisme radical.

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