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Anniversaire de la fin de la bataille de Koursk

Anniversaire de la fin de la bataille de Koursk
Photo de l'auteur, fresque dans le Parc de la Victoire, Moscou, bataille de Koursk

Alors que les Ukrainiens ont lancé une offensive dans la région de Koursk, nous fêtons en ce jour, 23 août, la fin de la bataille de Koursk. Elle fut probablement l’une des batailles du tournant de la Seconde Guerre mondiale, avec Stalingrad et El-Alamein, et vit une sanglante et cuisante défaite allemande sur le Front de l’Est. Elle fut aussi la plus grande bataille de chars de l’histoire militaire, engageant des effectifs colossaux. Cette bataille brisa l’armée allemande et ses capacités d’initiatives stratégiques à l’Est, et en termina aussi avec l’hégémonie et le contrôle du ciel par l’aviation hitlérienne. A partir de cette date, malgré les quelques sursauts d’une bête blessée à mort, l’armée nazie ne put que se mettre sur la défensive, et ne cessa dès lors de perdre du terrain. Il fallut cependant encore près de deux ans pour venir à bout de l’Allemagne nazie, avec l’ouverture tardive d’un second front par les alliés occidentaux. Retour sur cette gigantesque bataille.

Des effectifs monstrueux engagés dans une empoignade meurtrière. L’une des caractéristiques de cette bataille fut d’abord un coup de maître des services secrets alliés. Ils réussirent en effet à obtenir les plans de l’opération Citadelle, le plan allemand qui visait la réduction du saillant de Koursk. Fort de cet avantage, les Soviétiques préparèrent leur défense et purent concentrer d’importantes troupes et des moyens colossaux. Trois grandes lignes de défense furent construites en profondeur, avec la concentration de plus de 5 000 chars, 26 000 canons et mortiers, 2 600 avions, et 1,3 million de soldats. Les Allemands avaient de leur côté imaginé un encerclement qui devait se trouver effectif en atteignant de part et d’autre du saillant, la ville de Koursk. Ils concentrèrent pour se faire un effectif de plus de 2 700 chars, 10 000 canons, 2 000 avions et 900 000 hommes. La plupart des divisions d’élite de l’Allemagne s’y trouvaient rassemblées, de la Wehrmacht mais aussi de la Waffen SS. Le plan approuvé par Hitler était du fameux stratège Erich von Manstein, avec quelques-uns des meilleurs généraux allemands, comme Guderian, Model ou Hoth. Ils ne savaient pas qu’ils tomberaient sur une Armée Rouge en connaissance de leurs plans, et qui avait de plus posé près d’1 million de mines. Malgré l’excellence de la Luftwaffe, l’aviation allemande fut rapidement débordée, et malgré des victoires nombreuses, manquant de carburant, elle ne put peser efficacement dans la bataille. Du côté des chars, l’Allemagne comptait surprendre avec de nouveaux modèles de chars, dont le char moyen Panther, et le chasseur de chars Ferdinand. Les premiers, dont les Allemands espéraient beaucoup, furent impactés par des problèmes techniques graves, 10 % des engins tombèrent en panne avant d’atteindre le champ de bataille, sur 200 engins engagés, 158 brûlèrent dans la fournaise de Koursk.

Les conséquences de la bataille de Koursk. Malgré des pertes supérieures chez les Soviétiques, ces derniers possédaient des réserves semblant infinies, et supportées par l’apport du Lend Lease. Les plus grandes pertes du côté allemand, furent essentiellement celles de soldats expérimentés, et notamment de tankistes. L’arme blindée allemande, déjà en difficulté et confrontée à un ennemi solide et alignant de plus en plus de forces mécanisées, fut brisée dans ce combat. La perte de centaines de chars par les Allemands dans cette bataille, sans parler du matériel et des avions, porta un coup mortel à l’invincible armée d’Hitler. Déjà ébranlée par sa terrible défaite de Stalingrad (hiver 1942-1943), les Allemands subirent une attrition qui ne put jamais être compensée. Plus dangereux encore pour la Wehrmacht, les Soviétiques lancèrent dès le mois d’août 1943, dès le lendemain de la fin de la bataille de Koursk (24 août 1943), une gigantesque opération militaire et une offensive majeure à l’assaut du Dniepr et de l’Ukraine. Fixés sur le saillant de Koursk, les Allemands furent assaillis par 2,6 millions d’hommes, appuyés encore par 51 000 canons, 2 400 chars et près de 3 000 avions. En termes d’hommes, les Allemands se trouvaient à 1 contre 2, pour l’artillerie à 1 contre 4… Cette opération militaire fut le coup de grâce sur le Front de l’Est pour l’Allemagne nazie et ses alliés. Ayant engagé et perdue ses réserves stratégiques devant Koursk, elle fut alors dans l’incapacité de contrer cette nouvelle opération. Le reste de l’histoire fut une lente agonie des forces allemandes. Le 16 avril 1945, les Soviétiques lançaient l’assaut sur Berlin. Le 2 mai, la ville capitulait, les 7, 8 , 9 et 10 mai, les dernières forces allemandes se rendaient. Quant à Adolf Hitler, il avait préféré ne pas voir la fin de sa déchéance totale, et se suicida dans son bunker de la Chancellerie du Reich, le 30 avril 1945.

En août 2024, l’Ukraine s’était lancée elle aussi dans une offensive dans la région de Koursk. La bataille qui se poursuit engage toutefois des effectifs qui ne sont pas comparables avec ceux engagés dans celle de 1943. Sa dimension par rapport à celle du passé nous apparaît dès lors, presque pathétique par rapport à ce qui se déroula durant la Grande Guerre patriotique. Au mieux 15 à 20 000 Ukrainiens se sont lancés sur les traces de leurs héritiers hitlériens. L’histoire dira comment la passe d’armes de Koursk se terminera. Elle n’occupera certainement qu’une petite ligne dans les livres d’histoire. Si l’Ukraine survit, Koursk deviendra sans doute dans leur propagande une héroïque épopée, où les « Héros qui ne meurent jamais », seront toutefois réellement six pieds sous terre. En Occident, des journalistes et experts « avisés », annonçaient déjà la prochaine fin de la Russie. Certains plus prudent parlent « d’une incursion », comme dans les lignes du Figaro, ou de la BBC, sous-entendant un retour plus ou moins rapide des Ukrainiens sur leurs lignes de départ. Si vous tapez dans un moteur de recherche occidental « fin de la Russie », vous serez surpris d’apprendre que cette dernière est annoncée… par je cite « la décomposition de l’État, l’économie en difficulté, une crise démographique et une incapacité à se moderniser »…

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1 Comment

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    Bonjour Laurent
    Merci pour votre article . La bataille de Koursk comme celle de Stalingrad , de Berlin reflète le courage immense , l’ abnégation , le patriotisme de la glorieuse Armée Soviétique qui a vaincu l’ Allemagne hitlérienne. Quant à la petite incursion des suppôts de l’ OTAN , elle restera à sa place , dans les poubelles de l’ histoire .

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