La France est l’une des premières nations dans le monde à avoir formé une force militaire aérienne (1910). Elle s’illustra pendant les premières années de la naissance de l’avion, avec des exploits qui ont fasciné les générations d’alors. Clément Ader (1841-1925), qui réalisa le premier vol motorisé français (1890), Pierre-Georges Latécoère (1883-1943), le fondateur d’une société industrielle produisant des avions à Toulouse, qui est restée l’un des principaux centres aéronautiques en Europe, Henri Fabre (1882-1984), l’inventeur du premier hydravion (1910), Louis Blériot le vainqueur de la Manche (1909), constructeurs de prototypes, Édouard Nieuport (1875-1911), industriel français de l’aéronautique (1908), dont la société produisit ensuite certains des meilleurs avions de chasse français, Armand Deperdussin (1864-1924), fondateur de la firme aéronautique SPAD, qui produisit aussi quelques-uns des meilleurs avions français. La liste serait très longue. Cette aventure de l’aviation civile fut toutefois vite interrompue par le choc de la Première Guerre mondiale. L’aviation pour la première fois prit un virage militaire.
Dans le ciel des aigles de la gloire. La Première Guerre mondiale fut en effet le premier conflit où l’avion se révéla comme une arme de guerre. Tous les belligérants utilisèrent bientôt l’avion, même si en France, il faudra attendre 1934, pour que l’Armée de l’Air soit fondée, et devienne indépendante. Durant cette guerre, la France compta dans ses rangs des pilotes redoutés. Parmi les plus célèbres se trouvaient René Fonck (1894-1953), l’as des as de la Première Guerre mondiale, avec 127 victoires, dont seulement 75 homologuées par un système de comptage beaucoup plus sévère que la méthode allemande. D’autres noms ont encore une résonance, Georges Guynemer, tué à 22 ans (53 victoires), Charles Nungesser (43 victoires), Roland Garros (4 victoires), l’inventeur de l’avion de chasse monoplace, et détenteur de la première victoire de ce genre sur un tel avion. Du point de vue de l’histoire militaire, la France termina ce conflit avec 175 as, pour un total général de 2 817 avions ennemis détruits. En 1918, les avions des alliés balayèrent le ciel de l’aviation allemande, et la France possédait l’un des plus puissantes aviation, et surtout la première industrie aéronautique au monde. Elle se payait même le luxe de vendre des avions aux Américains, pour équiper leurs propres forces. Fait incroyable, elle était aussi en possession de la première force blindée au monde… Mais après le conflit, les politiques décidèrent de liquider l’une et l’autre, la France ne sut pas poursuivre son effort. Cela devait lui coûter très cher.
De l’aéropostale à la Seconde Guerre mondiale. L’aventure de l’aviation française se poursuivit cependant avec les héros de l’aéropostale, dont le plus célèbre est sans doute Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944). L’après-guerre fut également ponctuée par de populaires meetings aériens, et des événements dans le monde, notamment de tentatives de battre des records. Les essais de traversées de l’Atlantique passionnèrent les foules, jusqu’à l’atterrissage au Bourget de Charles Lindbergh (1927). A la fin des années 30, devant la menace de guerre, la France tenta de rattraper son retard, et passa d’importantes commandes à son industrie aéronautique. Elle possédait en 1938, un peu moins de 500 chasseurs, et 1 000 autres avions. Mais elle avait enregistrée un retard technologique, et ne fut pas en mesure de produire suffisamment de matériels et d’avions. Elle disposait toutefois au printemps 1940, de plus de 3 000 avions, mais ne fut pas en mesure de faire le poids dans la campagne éclair de France. Plus de la moitié des appareils furent détruits, dont une bonne partie au sol. La France ne sut pas non plus prendre le virage des nouvelles doctrines de combat. Malgré l’excellent Dewoitine 520, dont seulement 351 furent livrés à l’Armée de l’Air, les Français furent écrasés. Ce chasseur enregistra toutefois 147 victoires, contre 54 avions perdus, mais la chasse française ne détruisit qu’un peu plus de 500 avions allemands (et quelques italiens), enregistrant au final trois fois plus de pertes. La messe était dite, même si des pilotes français sauvèrent l’honneur, dont ceux de la France Libre (Pierre Clostermann, l’as des as des FFL, 38 victoires, 1921-2006), ou encore les pilotes de Normandie Niémen (273 victoires, plus 37 probables, pour 38 pertes).
De la Guerre Froide à nos jours. Après la guerre, la France fut confrontée aux guerres coloniales, mais l’aviation bien qu’elle y joua un rôle, n’eut pas à combattre un ennemi disposant d’une aviation militaire. La grande affaire fut la reconstruction du potentiel aéronautique français, ce qui fut pour une bonne part l’œuvre de Dassault (société créée en 1929). Pour la petite histoire c’est le dernier grand groupe aéronautique encore détenu par la famille de son fondateur et portant son nom. Dassault fut le premier à produire un avion à réaction français, le MD-450 Ouragan, suivi de beaucoup d’autres qui ont fait la réputation des avions français, les Mystère, le Super-Etendard (mise en service en 1978), la série des avions Mirage qui se déclina en de nombreux modèles (dont le Mirage 2000, entré en service en 1978), et enfin l’avion qui est la fierté de l’aviation française, le Rafale (entré en service en 2001). Après la fin de la Guerre Froide, l’armée française fut en partie démantelée, et avec la fin de la menace d’un grand conflit avec l’URSS, les forces aériennes furent aussi réduites considérablement. La France n’a plus été engagée que dans des conflits générés par l’OTAN, participant à diverses opérations contre la Serbie, l’Afghanistan, la Libye ou des opérations militaires de protection des intérêts de la Francafrique. Les projets militaires se sont également pour l’essentiel réduits à leur plus simple expression. A l’heure où j’écris ces lignes, l’Armée de l’Air est équipée majoritairement d’avions de la génération des années 80.
Combien d’avions la France possède-t-elle ? Au début de 2024, la France possédait 98 avions Rafale B et C, 60 Mirage 2000 D (avion mis en service en 1993), 27 Mirage 2000-5F (entré en service en 1998), 7 Mirage 2000 B. C’est là toute la chasse française, mais il semble bien qu’une partie de ce matériel ne soit pas opérationnel pour différentes raisons. La France possède aussi un certain nombre d’avions de ligne pour le transport et le ravitaillement dont 12 Airbus A330 MRTT Phénix, 3 Airbus A330-200, 24 Airbus A400M Atlas, 24 avions Super Hercules ou Hercules (d’origines US), et 27 avions de transport tactique CASA CN-235 (d’origines indeno-espagnoles). Elle possède encore 7 avions de surveillance et de reconnaissance (d’origines US), un certain nombre d’avions d’entraînement et école sans armement, de quelques avions de présentation ou de voltige (comme ceux de la Patrouille de France, fondée en 1953), de 76 hélicoptères de transport (plus les hélicoptères de combat de l’Armée de Terre), d’une douzaine de drones de reconnaissance (d’origines US). Cette énumération montre bien dans un premier temps, que la France est désormais incapable de produire l’ensemble des matériels dont elle a besoin. Enfin que les effectifs sont très modestes. La France s’est aussi liée les mains dans des projets européens. C’est le cas bien sûr d’Airbus depuis longtemps (France, Allemagne, Grande-Bretagne), mais aussi avec des projets comme le SCAF (système de combat aérien du futur). Un projet avorté avait été lancé entre la France et la Grande-Bretagne (2012-2018), mais s’est effondré pour des raisons politiques. Il a été remplacé par un projet comprenant l’Allemagne, l’Espagne et la France (2017), puis avec la Belgique en observateur (2023). Le nouvel avion de chasse de 6e génération qui devrait être produit par ce projet est annoncé pour les années… 2040, au mieux !
Combien d’avions la France pourrait-elle envoyer à l’Ukraine ? Dans les faits, on le voit, très peu. La France a annoncé dans un premier temps donner 6 de ses 27 Mirage 2000-5F. Il paraît exclu que la France puisse donner des Rafales, au vu de leur nombre déjà restreint et du fait qu’il en va justement de la protection des intérêts français. Ces avions sont d’ailleurs de 5e génération, et aucune puissance occidentale, même et surtout les Américains n’est prête à donner de tels avions. La France pourrait éventuellement donner quelques Mirage 2000D, mais ces avions sont en cours de modernisation, le premier avion de ce type a été versé au Centre d’expertise aérienne militaire seulement en 2021. Les premiers exemplaires modernisés auraient été versés à leur unité semble-t-il en 2022 (55 prévus pour cette modernisation jusqu’en 2024). Ces avions sont considérés comme dépassés, mais grâce à cette modernisation, ils sont prévus pour rester en service au moins jusque dans les années 2030. Officiellement la France avait environ 130 avions de la série des Mirage 2000 encore en ligne il y a 8 ans. Reste ensuite la possibilité pour la France de racheter des avions à d’anciens clients. Il a été annoncé que la France a pris des contacts avec la Grèce, le Qatar et les Émirats Arabes Unis. Pour ces derniers la France leur a vendu 62 Mirage 2000, de diverses versions. Pour la Grèce c’est 55 exemplaires vendus à ce pays, et pour le Qatar seulement 12 Mirage 2000-5. Ces avions auraient du être vendus à l’Indonésie, mais le contrat a été annulé justement en février 2024. Parmi les autres pays acheteurs, se trouvaient le Brésil (12 avions, l’Égypte, 20 avions), l’Inde (59 avions), le Pérou (12 avions), et Taïwan (60 avions). Les Émirats Arabes Unis ont demandé à rejoindre les BRICS il y a peu, et il se pourrait bien que les approches françaises pour racheter leurs 12 avions puissent finir sur une fin de non recevoir. Dans de telles conditions, il semble raisonnable de dire que la France serait en peine d’envoyer plus de 15 ou 20 avions. Enfin n’oublions pas que même dans le rachat de matériels à certains pays, cela ne pourra se faire qu’avec l’argent des contribuables français… et avec une dette publique de la France qui a atteint les 3 500 milliards d’euros. La vente qui était prévue aux Indonésiens pour les 12 appareils du Qatar était estimée à la somme de 680 millions d’euros…
1 Comment
Recement les Serbes auraient passé une commande pour du Rafale. Entre 8 et 12 j’ai plus le nombre exacte et je sais pas si la commande est ferme.
Sinon je vois pas l’interêt d’envoyer des avions au Banderistan… si c’est pour qu’ils se prennent un crotale lors d’un blue on blue. Tactiquement c’est mieux pour eux : ça leur fera des trucs en moins à gérer.
Tiens sinon Hellensky voyage en C17, c’est donc officiellement du fret. “Un petit paquet” … vous croyez qu’ils y ont collé une étiquette UPS ?