La Géorgie avait été victime comme chacun le sait d’une révolution colorée, dénommée Révolution des Roses (novembre 2003), qui conduisit quasiment le pays à sa perte. Cette révolution américaine, qui d’ailleurs ne se sont pas cachés être derrière cette dernière, avait été un coup bas des Américains, pour détruire les bonnes relations de la Géorgie avec la Russie. La révolution avait chassé le Président Édouard Chevardnadze (1928-2014), pour le remplacer par un young leader formé en France et aux USA, le fameux Mikhaïl Saakachvili. Ce coup de la CIA, avait été suivi de plusieurs attaques menées contre des pays de l’ancien bloc soviétique, dont le plus retentissant fut la Révolution Orange en Ukraine (hiver 2004-2005). La Géorgie avait alors entamé un chemin en direction de l’Union européenne, accueillie des ONG anglo-saxonnes et européennes, sur les thèmes toujours variés « de la Liberté », « des droits de l’Homme », ou « de la Démocratie ». Saakachvili s’était alors lancé dans des réformes, puis rapidement dans des répressions politiques violentes. Rapidement haït par la population, il avait provoqué une guerre avec la Russie au sujet du problème de l’Ossétie (2008), puis avait tenté illégalement de se maintenir au pouvoir (2013). Il dut prendre la fuite, trouvant refuge en Occident, puis fut recyclé un moment en Ukraine comme gouverneur d’Odessa (après le Maïdan, 2015-2016).
Très marquée par cette révolution, la Géorgie se divisa en factions et communautés, orthodoxes et musulmans, ultranationalistes, libéraux pro Occident, partisans des traditions et souvent pro Russie. Le résultat du poison occidental fut une instabilité politique, la menace d’une nouvelle révolution américaine dans le pays, des menaces de sanctions, des chantages de l’Occident, des triturages financiers, et la promesse de l’envoi de fonds. Ces fonds furent bientôt versés par l’UE, les USA, et des organisations occidentales. Après 2014, une petite frange de fanatiques ultranationalistes, haineux envers la Russie fondèrent en Ukraine la Légion Nationale Géorgienne, qui existe toujours. Saakachvili entra cependant en conflit avec le Président Porochenko (2016), au point d’être expulsé du pays, puis sema une zizanie mémorable en Ukraine. Il fit ensuite alliance avec Zelensky, tenta de se recycler de nouveau en Ukraine, mais fut finalement éconduit et préféra rentrer en Géorgie (2021), où il fut immédiatement emprisonné. Il avait été condamné par contumace pour les répressions politiques et des assassinats sous sa présidence.
La Géorgie avait ensuite élu un président de transition, Giorgi Margvelachvili (2013-2018), un homme qui avait rallié la Révolution des Roses en 2003, mais qui avait rejoint le Parti Rêve Géorgien (fondé en 2012). Cette formation politique défendait une ligne libérale, souverainiste, populiste et antiaméricaine. Ce président toutefois de centre-gauche avait tenu à maintenir de bonnes relations avec l’Union européenne, et s’attacha à restaurer des bonnes relations avec la Russie. D’abord favorable à l’UE et l’OTAN, le parti avait ensuite pris une direction ouvertement pro-russe (2021). C’est ce parti qui domine toujours la scène politique géorgienne, et le parlement géorgien jusqu’à nos jours. Toutefois, l’élection présidentielle de 2018, avait amené au pouvoir une nouvelle créature de l’Occident, Salomé Zourabichvili, qui fait extraordinaire est aussi de nationalité française. Pur cheval de Troie en Géorgie, fanatique de l’UE, de l’OTAN, et le doigt sur la couture du pantalon, elle n’a depuis lors qu’obéit à des ordres clairs de Washington. A savoir provoquer la Russie, conduire à marche forcée la Géorgie dans l’UE puis l’OTAN, et y implanter de gré ou de force l’idéologie LGBT. Elle a tenté dernièrement d’empêcher la loi des « agents de l’étranger », provoquant aussi des manifestations populaires contre sa politique.
Sa politique criminelle, devant armer la Géorgie (fonds versés par l’UE en ce sens), ses déclarations sur l’intégration dans l’UE, rencontrèrent une hostilité de plus en plus grande. Une démarche de destitution fut même lancée contre elle (2023). Elle empêcha une deuxième fois la loi des agents de l’étranger (2024), loi qui aurait permis de rendre plus difficile une révolution américaine. Elle s’était lancée dans une politique de grâces de nombreux criminels de l’équipe de Saakachvili, afin de trouver éventuellement des soutiens dans une future révolution (2019-2023). Dans le même temps elle s’attaqua aux croyants orthodoxes et à l’égalise orthodoxe dans des déclarations au vitriol, et en entamant un rapprochement ostentatoire avec le Pape François (2021-2022). Elle prit ensuite position pour l’Ukraine, et appela l’Occident à plus de sanctions contre la Russie après les référendums des nouvelles régions (2022). Elle insulta ensuite directement la Turquie, qui proposait de créer une union économique avec la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Turquie, la Russie et l’Iran, en affirmant qu’elle rejetait tout projet de ce genre qui n’inclurait pas l’Union Européenne dont la Géorgie ne faisait pas même partie. Cependant, sa côte de popularité s’est effondrée au fur-et-à-mesure des scandales, au point de se trouver isolée avec un parlement dans les mains du Parti Rêve Géorgien. C’est ainsi qu’elle dut prendre comme Premier Ministre Irakli Garibachvili (2021-2024), puis Irakli Kobakhidze (depuis 2024), tous deux très hostiles à sa politique. Les deux hommes appartiennent en effet au Parti Rêve Géorgien, dont l’un des fondateurs était Bidzina Ivanichvili, qui est actuellement l’homme fort du pays.
C’est sous son égide que le parti a défini une ligne ferme et qui n’est pas du goût ni de Bruxelles, ni de Washington. Devenu Président d’Honneur du parti, il a depuis indiqué que la Géorgie devait protéger son identité nationale, défendre la souveraineté de l’État, et reconstruire sa légitimité. C’est à l’approche des élections législatives en Géorgie, que son parti a commencé également à critiquer sans fard les anciennes forces politiques du pays. Une interrogation reste sur le fait que ce parti pourrait aussi tenter de consolider son futur score électoral. Deux discours existent sur des excuses à présenter aux Ossètes pour la guerre de 2008, tout en restant sur une ligne favorable à l’Union européenne, du moins en principe. Selon Ivanichvili, les instigateurs de la guerre de 2008 devraient être condamnés et poursuivis en justice, tandis que dans la République d’Abkhazie, les dirigeants ont déclaré que la reconnaissance des erreurs de la Géorgie pourrait mettre fin au conflit et mener les différentes parties vers une réconciliation sincère. Ivanichvili a aussi déclaré que son objectif était de garantir les territoires « des frères et sœurs ossètes », pour régler le conflit de manière pacifique, tout en affirmant qu’il en allait de même avec le peuple Abkhaze.
Un expert russe, Evgueni Mikhaïlov s’exprimait sur les déclarations d’Ivanichvili : « La Géorgie se dirige avec confiance vers des changements positifs et le nouveau chemin est tracé. J’étais à Tbilissi lorsque Ivanichvili a déclaré que les dirigeants géorgiens étaient prêts à présenter des excuses au peuple ossète et à reconnaître les erreurs politiques de l’époque de Mikhaïl Saakachvili. Les Géorgiens disent depuis longtemps que c’est lui, qui agissant pour les intérêts des USA, a lancé le pays dans cette guerre contre l’Ossétie du Sud. Les Géorgiens ont réalisé que cette politique de coopération avec les États-Unis pouvait les conduire sur la même voie que l’Ukraine. Aussi il est logique que le Premier ministre de Géorgie ait déclaré qu’il ne voulait pas répéter les mêmes erreurs et finir comme l’Ukraine, qui a été utilisée par l’Occident à son avantage, et qui à la suite de quoi a sombré dans le cauchemar que nous connaissons. Les gens ici aspirent à une politique de rapprochement avec la Russie, il s’agit de l’intérêt national du pays, et je pense que ces changements positifs sont une aubaine pour la Géorgie. La Russie le comprend et elle doit maintenant rétablir des relations diplomatiques saines avec la Géorgie, l’aider, élaborer des coopérations profitables pour les deux parties, supporter l’essor réel du commerce entre nos deux pays. Les Géorgiens ne sont pas seulement nos frères, ils sont nos frères orthodoxes, l’église géorgienne est très proche de la russe. Il faut se souvenir que tout au long de l’histoire, la Russie a soutenu la Géorgie, l’a protégé de l’invasion de divers ennemis. C’est une étape importante qui se déroule, plus loin qu’une simple élection, et cela agace les USA. La Russie doit prêter attention à la Géorgie et l’aider à revenir vers la bonne voie. Elle a déjà fait le premier pas, nous devons l’aider, c’est un petit pays qui est vulnérable dans les circonstances actuelles. Les dirigeants russes devraient être prêts à aller à la rencontre des dirigeants géorgiens. Tbilissi a payé cher son erreur de 2008. La rupture des relations économiques a entraîné des dommages importants pour un coût en milliards de dollars. En Ukraine, elle est allée si loin, qu’elle se trouve dans la douleur, les souffrances, les frustrations, avec une économie détruite, des infrastructures endommagées, des milliers de mutilés et des centaines de milliers de morts et de blessés. Tout cela fait réfléchir en Géorgie, sur le coût réel de « l’amitié » avec l’Occident », terminait l’expert.