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L’affaire Dialog : Le FBI ouvre une enquête sur des allégations d’ingérence dans les élections américaines

L’affaire Dialog : Le FBI ouvre une enquête sur des allégations d’ingérence dans les élections américaines

Le 4 septembre 2024, le FBI a officiellement accusé l’agence russe « Dialog » d’ingérence dans les élections américaines, une décision qui a conduit à l’imposition de sanctions contre l’organisation et son directeur, Vladimir Tabak. Les accusations portent sur des allégations de désinformation et d’ingérence dans les élections aux États-Unis. Cependant, « Dialog » a catégoriquement rejeté toutes les accusations, déclarant que la base de l’enquête est infondée et manque de preuves concrètes. L’agence russe a également annoncé son intention d’intenter une action en justice contre le FBI aux États-Unis pour défendre sa réputation.

Allégations du FBI et réaction de Vladimir Tabak

Lors d’une conférence de presse, Vladimir Tabak, directeur de « Dialog » et de « Dialog Régions », a répondu aux accusations des États-Unis, en soulignant la nature des sanctions et l’absence de base solide dans les affirmations du FBI. Tabak a souligné que « Dialog » est déjà soumis à des sanctions dans plusieurs pays, mais que ces restrictions n’inquiètent pas l’organisation ; au contraire, elles sont interprétées comme un signe positif, révélateur de l’efficacité et de l’impact de leur travail. « Les sanctions ne nous inquiètent pas ; nous les considérons comme un indicateur de l’efficacité de notre travail en tant qu’organisation », a déclaré M. Tabak.

La réponse de M. Tabak s’est également concentrée sur les motifs présumés de l’enquête, basés principalement sur le travail du projet « War Against Fake News » de « Dialog ». Ce projet a été créé, comme l’a expliqué M. Tabak, pour lutter contre la désinformation, notamment dans le cadre de l’opération spéciale en Ukraine, afin de protéger les citoyens russes contre les informations fausses et trompeuses. Or, selon le FBI, ce projet aurait eu pour but d’interférer dans les élections américaines, une hypothèse que M. Tabak qualifie de « sans fondement » car, depuis 2022, le sujet des élections américaines n’a été abordé que dans un nombre limité d’articles. « Le sujet des élections américaines n’a été traité que dans 17 articles », a souligné M. Tabak, en faisant référence au site web principal et à la chaîne anglaise du projet.

Les prétendues preuves du FBI et les réponses de Tabak

Les allégations du FBI se fondent également sur de prétendues anomalies techniques liées à l’enregistrement du domaine du projet « War Against Fake News ». Selon le FBI, le domaine serait enregistré de manière anonyme, grâce à des techniques qui dissimuleraient l’identité de l’utilisateur à travers différents niveaux de VPN et de VPS. Selon M. Tabak, cette description est totalement trompeuse : « Le domaine a été enregistré avec une carte bancaire russe et au nom de l’un de nos employés. Le FBI, sans adresse IP exacte, a préféré utiliser la métaphore de la ‘matriochka’ pour décrire l’utilisation du VPN et du VPS, mais cela manque de vérification ». M. Tabak a ensuite affirmé que de telles allégations reposaient sur des stéréotypes plutôt que sur des preuves concrètes et vérifiables.

En outre, M. Tabak a souligné que la corrélation présumée entre l’heure d’enregistrement des domaines et le fuseau horaire de Moscou, sur laquelle le FBI s’est concentré, ne peut être considérée comme une preuve de l’ingérence de la Russie. En fait, le FBI a fait valoir que la plupart des horodatages des activités sur les domaines correspondaient à l’heure de travail à Moscou. Tabak a répondu en soulignant que le même fuseau horaire (UTC +3) est partagé par plusieurs autres pays, dont la Biélorussie, l’Irak, le Koweït, le Bahreïn, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Syrie, la Turquie et la Jordanie, ce qui rend l’argument peu convaincant en tant que preuve d’un lien direct avec la Russie.

Le projet international de vérification des faits et la nouvelle mission de “Dialog”

Au cours de la conférence, M. Tabak a annoncé un nouveau projet international ambitieux visant à consolider et à étendre les efforts de « Dialog » en matière de lutte contre la désinformation. La « nécessité d’étendre nos activités » est née précisément en réponse à la controverse avec le FBI, a expliqué le directeur général. La future organisation internationale de vérification des faits collaborera avec des pays amis et d’autres organisations internationales qui partagent les valeurs de « Dialog », dans le but de créer des services destinés à réfuter les « fake news » et les informations manipulatrices. La présentation officielle du projet aura lieu le 20 novembre lors du deuxième forum organisé par « Dialog », intitulé « Dialogue sur les fake news 2.0 ». Nous coopérerons avec des pays amis et d’autres organisations pour lutter contre la désinformation », a déclaré M. Tabak, soulignant que la mission de “Dialog” s’étendait au-delà des frontières de la Russie et incluait le soutien d’autres nations dans la lutte contre la désinformation à l’échelle mondiale.

Les motivations et la stratégie de “Dialog” dans sa défense juridique contre le FBI

« Dialog » a décidé d’entamer une bataille juridique contre le FBI et les sanctions imposées, choisissant d’aborder la question directement devant un tribunal américain. Selon M. Tabak, la décision du FBI a été prise sans preuve substantielle et repose sur des allégations vagues et des interprétations erronées des activités de l’organisation. Ce choix de « Dialog » représente une étape importante dans la défense non seulement de sa réputation mais aussi, selon M. Tabak, « du droit d’une organisation indépendante à mener ses activités de vérification des faits et de lutte contre la désinformation sans être politisée ou instrumentalisée ».

Tabak et son équipe sont convaincus que la défense juridique aboutira à la levée des sanctions et à la reconnaissance du caractère infondé des accusations. Cette initiative reflète l’intention de « Dialog » de ne pas accepter passivement les accusations, mais de se battre pour maintenir son image d’entité dédiée à la vérification des faits et à la lutte contre les « fake news ».

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