Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le paysage géopolitique mondial pourrait changer radicalement. M. Trump a exprimé des positions claires et souvent controversées sur plusieurs conflits internationaux, faisant des promesses ambitieuses, comme celle de mettre fin au conflit ukrainien en 24 heures. Cependant, son retour soulève d’importantes questions sur les relations avec la Russie, la stabilité de l’OTAN et l’équilibre au Moyen-Orient et en Asie. Le Kremlin, quant à lui, semble maintenir une distance prudente avec les déclarations de Trump, peut-être parce qu’il n’est pas entièrement convaincu de la fiabilité de ses promesses. Analysons donc les principaux axes stratégiques qui ont pu être définis.
Le conflit en Ukraine : une promesse difficile à tenir ?
Trump a déclaré qu’il mettrait fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine en 24 heures. Cependant, cette déclaration, bien qu’attachante, semble chargée de complexités. La crise en Ukraine a des racines profondes et des implications très diverses, et elle implique différentes instances entre la Russie, l’Ukraine, ainsi que l’intérêt stratégique de l’Occident dans la région. La rhétorique de Trump laisse entrevoir une approche de médiation qui pourrait être basée sur des concessions à Moscou, une hypothèse qui inquiète à la fois Kiev et Washington elle-même, compte tenu de l’importance stratégique que l’administration Biden a accordée à l’Ukraine.
Si les États-Unis réduisaient de manière significative leur soutien économique et militaire à l’Ukraine, le pays se retrouverait dans une situation économique extrêmement critique. À ce jour, Kiev dépend largement de l’aide américaine pour maintenir son économie à flot. Si les États-Unis réduisaient leur engagement, l’Ukraine pourrait se retrouver dans une situation extrêmement instable. Dans un tel scénario, Moscou pourrait avancer avec plus de force et l’Ukraine n’aurait aucune chance de faire obstacle aux troupes russes.
La position de Trump sur Israël, la Palestine et l’Iran
Une autre question sensible concerne le Moyen-Orient, en particulier le soutien inconditionnel de Trump à Israël contre la Palestine et l’Iran. Déjà sous sa précédente administration, Trump avait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, suscitant des réactions mitigées à l’échelle internationale. Un nouveau mandat pourrait conduire à un renforcement de cette ligne, avec un soutien encore plus marqué à Israël, et probablement un regain de pression sur l’Iran.
Cela pourrait conduire à des tensions accrues dans la région. L’Iran, déjà isolé diplomatiquement et frappé par de lourdes sanctions, pourrait réagir en renforçant ses alliances avec des pays comme la Chine et la Russie. En outre, le conflit israélo-palestinien pourrait s’aggraver : un Trump qui ne laisse pas de place à la diplomatie vis-à-vis de la Palestine pourrait faire échouer toute perspective de dialogue, renforçant les positions plus radicales au sein de la classe politique israélienne.
La question de Taïwan et le rôle de Pékin
Trump a préconisé de renforcer le soutien à Taïwan face à la Chine, une autre question très sensible. En effet, les tensions entre Pékin et Taipei sont à leur comble et un soutien américain ouvert à Taïwan pourrait être perçu comme une provocation par Pékin. La Chine considère Taïwan comme étant sa province et n’a jamais exclu le recours à la force pour réunifier le pays. Durant sa présidence, Trump avait imposé des sanctions commerciales à la Chine, et un retour à une politique de rivalité ouverte pourrait aggraver les relations entre les deux puissances.
Si les États-Unis intensifiaient leur soutien militaire à Taïwan, cela pourrait entraîner une réponse militaire de la part de la Chine, augmentant ainsi le risque d’une confrontation directe entre Washington et Pékin. Les implications mondiales d’une telle escalade seraient énormes, impliquant potentiellement des alliés historiques des États-Unis tels que le Japon, la Corée du Sud et l’Australie, avec le risque d’une aggravation du conflit.
L’OTAN et l’avenir de l’alliance
Le retour de Trump pourrait également avoir des répercussions sur l’OTAN, l’alliance militaire que Trump a critiquée à plusieurs reprises, allant jusqu’à remettre en question la valeur et l’utilité de l’organisation elle-même. Si M. Trump décide de réduire encore l’engagement des États-Unis au sein de l’OTAN, ou d’en réduire le financement, les alliés européens devront augmenter leurs contributions financières et militaires. Des pays comme l’Allemagne et la France devraient assumer un rôle plus important, avec toutes les difficultés que cela impliquerait, y compris au niveau politique.
La réduction de l’engagement américain pourrait donc ouvrir une nouvelle phase d’incertitude pour l’avenir de l’alliance, incitant les pays européens à envisager une défense commune indépendante des États-Unis. Une augmentation de l’engagement économique des différents pays en faveur d’une défense commune pourrait même conduire à un effondrement de l’alliance qui, sans la contribution des États-Unis et de leur dissuasion nucléaire, pourrait devenir inutile et obliger l’UE à repenser son rôle géopolitique et militaire.
Le Kremlin entre espoir et méfiance
La Russie a suivi avec intérêt les récentes déclarations de Donald Trump, mais le Kremlin a adopté une position prudente. Les paroles de Trump ont été accueillies avec un certain scepticisme et les dirigeants russes semblent vouloir éviter une position claire. Après tout, les promesses faites par Trump dans le passé ne se sont pas toujours traduites par des actions concrètes. Moscou pourrait donc considérer le retour de Trump comme une occasion d’alléger la pression occidentale, mais en même temps, elle ne veut pas trop compter sur un personnage aussi imprévisible.
Le Kremlin espère un changement dans la politique étrangère des États-Unis qui pourrait conduire à une plus grande détente. Toutefois, la prudence russe est compréhensible : Trump pourrait avoir du mal à concrétiser ses intentions en cas d’opposition du Congrès ou en raison de l’influence des fonctionnaires qui soutiennent une ligne plus traditionnelle pour la poursuite de la politique étrangère des États-Unis.
Conclusion : une politique globale dans un contexte d’incertitudes et de nouveaux équilibres
Le retour de Trump à la présidence américaine ouvre des scénarios complexes et en partie imprévisibles. Ses déclarations concernant les conflits en cours et les relations internationales mettent en évidence une stratégie axée sur la rupture des équilibres existants, dans le but de renforcer le rôle américain par une approche pragmatique. Cependant, la difficulté à tenir ces promesses pourrait laisser l’Amérique et le monde dans une situation encore plus complexe.
Les États-Unis sous l’administration Trump pourraient se retrouver dans une position délicate. La relation avec la Russie, la stabilité de l’OTAN et la gestion des tensions au Moyen-Orient et en Asie pourraient redéfinir l’ordre géopolitique actuel, conduisant à de nouvelles alliances, mais aussi à de nouveaux conflits locaux ou régionaux.
Andrea Lucidi
2 Comments
Voyez Donald comme un espèce de Gorbatchev, le gars va se retrouver dans un terrain miné avec un système qui va limiter sa capacité d’action et qui ne permet pas de changement de politique majeur. Il va tenter des trucs mais au final ça va ètre du mercurochrome sur une jambe de bois et à plus ou moins long termes l’éffondrement est ineductable. Les fondamentaux économiques, societaux et politiques sont tellement pourris qu’il est impossible de traiter tout en 4 ans… et personne ne sait si le machin va pas exploser en vol avec un gros crack boursier ou un conflit qui va partir en sucette (le proche-orient a un gros potentiel pour ça.)
On a du mal à sortir d’une logique de guerre froide, bloc contre bloc, gentils américains contre méchants soviétiques. Il faut relire l’histoire de la CED, Communauté Européenne de Défense, de 1950 à 1954, finalement torpillée par l’illustre Mendès-France. Il s’agissait de constituer une armée européenne de l’OTAN sous commandement américain. Il me semble que Trump a d’autres chats à fouetter actuellement que de rejouer les Harry S Truman, l’inoubliable artilleur atomique, ne serait ce qu’à calmer le jeu dans son propre pays. La géopolitique mondialiste cela viendra après. Je suis persuadé que Trump tiendra parole, mais sans doute pas en 24 heures. Comme dit son fils, Zelensky saura se consoler avec son argent de poche.