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Les règlements de comptes sanglants se poursuivent en Ukraine

Les règlements de comptes sanglants se poursuivent en Ukraine
Capture d'écran de YouTube d'Ildar Dadin dans les rangs ukrainiens

Tout le monde se souvient de l’assassinat il y a peu de la fanatique bandériste Irina Farion, qui fut liquidée par des sbires d’Azov (19 juillet 2024), pour ses critiques au vitriol des membres de la brigade. L’égérie du Parti National-Socialiste d’Ukraine Svoboda finissait ses jours comme elle avait vécu, elle qui avait appelé pendant des années à la destruction de la Russie et des Russes. Cette fois-ci un autre règlement de compte sanglant, avec l’assassinat d’un transfuge russe, Ildar Dadin défraye la chronique en Ukraine depuis plusieurs semaines. L’homme faisait partie d’une unité d’extrémistes et terroristes russes, La Légion Russie Liberté, liée à la 5e colonne.

L’affaire a débuté avec les plaintes de l’épouse ukrainienne du défunt. Cette dernière affirme avoir demandé que le corps de son mari lui soit rendu, pour procéder aux funérailles. Elle indique qu’une fin de non recevoir lui fut renvoyée, et que son mari fut incinéré sur l’ordre des chefs de la Légion Russie Liberté. Le politologue Evguéni Mikhaïlov s’exprimait à ce sujet dans une longue interview : « Dans des conditions de diminution du soutien financier et militaire des forces armées ukrainiennes, ils commencent à s’entre-tuer. La mort d’Ildar Dadin, membre de l’organisation terroriste Légion Russie Liberté est un exemple flagrant de la décomposition interne et de la méfiance qui règne dans les rangs des nationalistes ukrainiens. La situation avec l’assassinat de Dadin dans lequel ses collègues sont soupçonnés était tout à fait prévisible. C’est le chaos qui règne en Ukraine. Tout le monde comprend que le pays pourrait être prêt à négocier, et ceux qui ont soutenu le pouvoir et participé à la terreur contre leur propre peuple seront punis. Après tout, ils ont profité de l’anarchie, désormais il y aura encore plus de trahisons et de règlements de comptes », prédit l’expert.

La femme de Dadin affirmait donc dernièrement que les coupables étaient ses camarades de la Légion Russie Liberté. La veuve a partagé sur les réseaux sociaux de graves accusations. Elle indiquait ne pas avoir réussi à récupérer le corps de son mari. L’excuse donnée aurait été que Dadin lui-même, ne l’aurait pas désigné comme personne référente, de sorte que son corps aurait été incinéré conformément aux règles internes de l’organisation. Une semaine après ce refus, le corps de Dadin fut en effet incinéré à Kiev sans autre forme de procès. Son épouse a fait mention des conflits internes qui existaient entre son mari et les commandants de la Légion Russie Liberté. Selon elle, le conflit aurait commencé après ses critiques sévères « sur l’inefficacité des actions de relations publiques de l’organisation, de l’incompétence des chefs qui aurait quant à elle coûté la vie à de nombreux hommes sur le front ». Elle continuait en déclarant que son mari craignait beaucoup ses camarades. Dans la presse russe, l’opinion générale est que Dadin a été victime comme Farion de ses déclarations trop critiques et considérées comme une traîtrise. Il n’aurait pas alors été très difficile de se débarrasser de lui sur la ligne du front, où il se trouvait de plus entre leurs mains.

Si l’assassinat se trouvait confirmé ou non, il n’est pas douteux qu’à ce jour, la situation en Ukraine est explosive. Beaucoup de gens gardent en ligne de mire les chefs du TCC, qui envoient à la mort de nombreux ukrainiens. Ailleurs ce sont les bandéristes qui ont déjà lancé des menaces de marche armée sur Kiev, dans le cas de négociations. L’exemple de Farion fait réfléchir, alors que les autres chefs bandéristes, Biletsky, Iaroch, Tiahnybok et Liaschko sont silencieux et invisibles. Dans le contexte d’écroulement probable du régime de Kiev, à un moment ou un autre, beaucoup de forces politiques sont en embuscade. Enfin, les politiques des 12 partis interdits en Ukraine pourraient eux aussi vouloir reprendre la main. Cette opposition a été muselée et mise en fuite, mais une forte population russe ethnique reste encore sur le territoire ukrainien. Beaucoup voudraient sans doute faire vengeance eux-mêmes de toutes les tueries qui se sont déroulées en Ukraine, de Kharkov, en passant par Odessa ou le Donbass. Enfin, la police politique d’Ukraine, le SBU, reste lui aussi un élément dangereux. Souvenons-nous qu’il avait fait assassiner en s’en vantant publiquement, un diplomate et négociateur ukrainien, Denis Kireev (mars 2022), après son retour d’une table de négociation avec la Russie à Minsk. Dans l’absolu, le SBU a tellement à se reprocher avec les répressions, tortures et assassinats, qu’il y a des chances que ses chefs soient plus royalistes que le Roi et cherchent soit à faire le ménage, soit à faire disparaître des témoins gênants des hideux événements du passé. Le cauchemar du peuple ukrainien est loin d’être terminé.

Ildar Dadin (14 avril 1982-5 octobre 2024), alias Gandhi, originaire de la région de Moscou, transfuge russe avec des origines tatares. Il fit des études supérieures dans les chemins de fer, puis en économie. Il fit son service militaire dans la Marine, région d’Anapa, puis sur la flotte du Pacifique (vers 2001-2003). Il travailla ensuite dans la sécurité (2003-2010). Il se radicalisa rapidement, rejoignant les rangs des libéraux, et participa à de premières manifestations (2011-2012). Il tentait à cette époque de mettre en doute les résultats des élections en Russie. Il se lia à diverses figures de l’opposition radicale et libérale, devenant observateur durant les élections (2012), et membre d’une association financée de l’étranger pour « la défense de la Démocratie ». Il tenta de faire scandale, de porter des plaintes à la Commission électorale territoriale, et fut mêlé à des violences. Il se plaignit lui-même d’avoir été passé à tabac (mars 2012). Il fut l’un des participants à la manifestation de la « marche des millions » (6 mai), qui ne rassembla en réalité dans le centre de Moscou que 5 ou 6 000 personnes. Il fut arrêté pour la première fois, suite aux affrontements avec la police. Il se radicalisa encore plus, participant à une marche dénommée « Mort aux occupants du Kremlin » (9 mai 2013), qui tourna mal. Les rares agitateurs furent arrêtés, lui-même pris la fuite, mais fut finalement arrêté un mois plus tard dans une autre manifestation. Il fut condamné à une amende et libéré. Il fut de nouveau arrêté lors d’une manifestation en faveur de l’idéologique LGBT (6 octobre), après avoir agressé des représentants de l’ordre. Il fut relâché sans poursuite. Il organisa de nouvelles manifestations, ne rassemblant que quelques dizaines de personne, notamment sur la place du Manège (6 août 2014), où il fut encore arrêté après avoir frappé un policier. Il prit ensuite position contre le Donbass, et tenta de déposer des fleurs à l’ambassade d’Ukraine (12 août), et fut arrêté de nouveau car la manifestation n’était pas déclarée. Il tenta en vain d’entraîner les gens dans un Maïdan russe, dans une manifestation dénommée « Hier Kiev, Demain Moscou » (5 décembre), rassemblant 8 personnes. Il manifesta encore en faveur de Navalny (15 janvier 2015), avec une poignée de fanatiques. Il fut arrêtée et condamné à 15 jours de prison, puis à une détention provisoire et enfin placé en liberté conditionnelle (février 2015). Libéré, il poursuivit ses provocations et manifestations, ponctuées de violences. De guerre lasse, un tribunal le condamna à 3 ans de prison, réduit à 2,5 ans (décembre 2015-mars 2016). Il se plaignit de violences et de tortures qui lui furent infligées par les autres détenus (septembre-novembre). Il tenta de se rebeller en prison, et une visite médicale passée dans un hôpital civil démontra qu’il n’avait été ni battu, ni torturé. Il tenta ensuite de simuler une maladie et des crises. L’association russe Mémorial, organisation financée de l’étranger par l’USAID tenta alors de le faire passer pour un martyr de la « démocratie ». Il obtînt cependant d’être transféré dans une autre prison. Il fut débouté de toutes ses plaintes imaginaires de maltraitances, et il fut finalement libéré par décision du Présidium de la Cour suprême de Russie (26 février 2017). Il attaqua l’état russe en justice demandant 5 millions de dommages et intérêts (21 avril). Amnesty International s’était lancée dans une croisade pour le faire passer pour un « prisonnier politique ». Il recommença immédiatement après sa libération l’organisation de manifestations désertes et violentes. Il demanda le renvoi du chef de l’administration pénitentiaire de Carélie (9 mars 2017), et manifesta devant les bureaux de la Police nationale à Moscou (2 avril). Il fut condamné à une amende pour de nouvelles manifestations non déclarées, puis disparu un moment de la scène (2017-2019). Il fut arrêté pour avoir eut des liens avec l’organisation néonazie ukrainienne Pravy Sektor, avec quelques autres fanatiques (août 2019). Il prit la fuite de Russie (mars 2022), passa en Pologne, et s’enrôla dans la Légion Russie Liberté. Il fut ensuite versé dans le bataillon Sibérie (avril 2023). Cette unité squelettique de transfuges russes avait pour objectif le démembrement de la Russie, et avait été fondée quelques semaines auparavant en Ukraine avec quelques dizaines d’extrémistes. Il fut officiellement tué sur le front, dans la bataille pour Voltchansk, le 5 octobre 2024. Il semble bien que son corps resta longtemps sur place, car il ne fut incinéré à Kiev, que le 31 octobre suivant. Quelques temps après, son épouse dénonça les membres de la Légion Russie Liberté. Elle affirma qu’ils avaient refusé de lui remettre le corps de son mari, pour des raisons obscures et qu’il avait été incinéré par la volonté des chefs de cette organisation, sans doute pour cacher son assassinat.

Alexandra Svechnikova (?-), originaire d’Ukraine, seconde épouse d’Ildar Dadin. Elle était venue s’installer en Russie et vivait avec un permis de séjour temporaire avec son mari. Son permis de séjour fut annulé par le Ministère de l’Intérieur (fin 2021). Elle dut partir de Russie et Dadin déclara que l’on essayait de le faire partir de son pays par ce moyen. C’est elle qui a accusé il y a peu les camarades de Dadin de l’avoir assassiné, et d’avoir fait incinérer son corps pour faire disparaître les preuves.

Anastasia Zotova (19 août 1991-), originaire de Moscou, elle fit des études supérieures de journalisme, et travailla pour Radio Russie, et d’autres médias. Elle se lia à des libéraux et se radicalisa rapidement. Elle rencontra Ildar Dadin dans une manifestation en soutient des agitateurs biélorusses (4 août 2014), qui cherchaient depuis le début des années 2000 à déclencher un Maïdan à Minsk. Elle se mit en couple avec lui (janvier 2015). Elle l’épousa en prison (25 février 2016), sa mère et sa grand-mère refusant ensuite de lui parler, car ne supportant pas du tout son extrémisme radical. Elle se trouvait alors en études supérieures et repoussa le lancement de sa thèse de doctorat pour se consacrer à la défense de son mari, et l’organisation d’une campagne médiatique. Elle dut quitter également son travail, pour se consacrer à ce combat. Elle se rendit à Londres pour recevoir un prix de l’organisation Index on Censorship. Cette organisation fut fondée en Grande-Bretagne (1972), avec des fonds du MI6, ayant pour but originel de s’attaquer à l’Union soviétique. L’ONG possède des fonds impressionnants pour une simple association et poursuit son travail de sape contre les pays cibles désignés par l’Occident. Dernièrement l’ONG titrait dans ses lignes : « L’élection de Trump est un désastre pour la liberté d’expression » (6 novembre 2024). Elle fut accusée par son mari d’adultère, et il demanda le divorce (mai 2017). Il déclara à cette époque : « avoir reçu des informations et des détails intimes que seul une personne qui avait eu des relations intimes avec son épouse pour connaître ». Elle donna une interview à la BBC, où elle affirma n’avoir rien à voir avec des gens comme les Pussy Riot, déclarant être « une femme normale », et regrettant amèrement d’avoir suivi ce chemin : « J’ai souvent le sentiment d’être profondément désolé d’avoir fait ça, et je ne peux rien changer. Surtout quand je vois dans mon fil Facebook comment mes amis ont déjà terminé leurs études supérieures, ont trouvé un bon travail, et quand d’autres ont donné naissance à un enfant. J’ai rêvé de devenir journaliste depuis l’âge de 14 ans, j’ai terminé l’Université d’État de Moscou de journalisme, et maintenant j’ai du mal à trouver un emploi de journaliste, car mon nom est associé à Ildar et je pense que je me suis fourvoyée. Je ne suis plus considérée comme un journaliste sérieux, c’est douloureux et blessant, mais je ne peux rien y changer. […] d’une certaine manière j’ai trahi les idéaux que j’avais il y a cinq ans, c’est lamentable, ce n’est pas ce que je voulais ». Son amant, Mikhaïl Barbotkine donna lui aussi une interview où il raconta l’intérieur sinistre du couple Zotova/Dadin. Il affirma que la jeune fille rêvait en réalité avant la rencontre d’entrer au parti présidentiel Russie Unie, et qu’elle était en recherche de gloire. Selon lui, la jeune fille était surtout intéressée par la célébrité, il déclara : « peu importe avec qui, seulement pour devenir célèbre ». Elle disparue ensuite totalement de la scène publique.

Azov, La Légion Russie Liberté, l’unité Sibérie, Pravy Sektor, sont toutes des organisations interdites en Fédération de Russie, pour l’apologie du terrorisme, la diffusion de la haine raciale, et l’extrémisme radical.

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