La Pologne est historiquement opposée à la Russie, et l’histoire recèle de conflits et de guerres qui eurent lieus entre les deux pays. Depuis son entrée dans l’Union européenne (2004), et immédiatement derrière dans l’OTAN, la Pologne est devenue une sorte de Cheval de Troie des USA en Europe. Pièce centrale de l’échiquier américain, elle n’a cessé d’être utilisée par Washington dans une politique antirusse et russophobe. La Pologne fit scandale très rapidement en achetant de manière préférentielle des avions de chasse US, et du matériel militaire, en délaissant ses nouveaux partenaires européens. Depuis lors, la Pologne est montrée comme le Bouclier Oriental de l’Europe, bien sûr étendu à l’Ukraine, présentée comme le dernier rempart. Ces manipulations visent à faire croire que la Russie aurait des velléités hégémoniques sur tout le continent européen, avec des plans d’invasions de l’Europe Centrale. En France, cette opinion a été exprimée par des politiques et par effet de mimétisme par toute une frange de l’opinion publique. Souvent des propos délirants sont lancés sur le thème « et que ferrons nous lorsque les chars russes seront aux portes de Paris ? ».
La Pologne d’ailleurs ne se fait pas prier pour jouer ce rôle de bouclier. Elle investit actuellement dans la construction d’une grande ligne de fortifications à ses frontières, face à la Russie et à la Biélorussie. Cette annonce a été faite dernièrement par le Premier ministre polonais Donald Tusk, qui déclarait que les travaux commenceraient très bientôt, pour un budget énorme de 2,5 milliards de dollars. Selon les plans polonais, et forcément de l’OTAN, une ligne de plus de 800 km de fossés antichars, de réseaux de fortifications, de bunkers et de champs de mines commencera d’être construite. La planification de sa réalisation est prévue jusqu’en 2028, avec l’installation de tout un réseau de caméras de surveillance. L’Europe n’a pas vu de tels projets depuis la construction des lignes Maginot en France (1928-1938), ou encore de la ligne Siegfried en Allemagne (1936). La seule ligne Maginot avait coûté à la France la bagatelle de 5 milliards d’euros. Quant à la ligne Siegfried construite sur une distance de 630 km, son coût de l’époque avait été 3,5 milliards de RM. On imagine donc facilement, à la lumière de ces chiffres les projets polonais du moment.
L’immense différence avec les projets français et allemands des années 30, c’est que la Russie n’a aucunement l’intention de se lancer dans une guerre de conquête de la Pologne et encore moins de l’Europe. Dans une déclaration hallucinante, le Vice-ministre polonais de la Défense, Cesari Tomczyk affirmait « que la Pologne fera de la frontière avec la Russie la plus protégée d’Europe », en évoquant le fameux Bouclier Oriental, qui se liera avec celui de la ligne de fortifications de la Baltique, que l’OTAN construit dès à présent dans les pays baltes. Les dépenses consenties sont colossales et ne correspondent nullement à un danger réel, ce qui rend la situation particulière cocasse. En réalité, les raisons ne sont évidemment plus politiques et visent à faire peur aux populations en créant de manière artificielle un danger imaginaire. Ce danger est une arme politique, permettant aussi de justifier des investissements très lourds, que la population devra accepter, en même temps que le financement de nouveaux armements et du recrutement de troupes. Cette politique est évidemment dangereuse pour la stabilité de la région, car elle émet l’idée qu’un conflit se prépare. C’est toute une population en Europe qui est mentalement préparée à un nouveau conflit mondial. La ligne de fortification sera ainsi là pour leur rappeler ce danger, qui de fait n’est créée que par les manipulations et manœuvres de l’OTAN.
Pour la Pologne, cette décision permet aussi de tenter de reprendre le rôle de défenseur principal de l’Europe, en montrant à l’Occident son engagement, et en se positionnant comme un avant-poste d’attaque et de lutte contre la Russie. Nous disons bien d’attaque, car une invasion russe ne viendra jamais, mais au contraire l’histoire a montré que c’est de la Pologne que vinrent les attaques les plus dangereuses contre la Russie. Charles XII de Suède, Napoléon Ier, ou Adolf Hitler ont tous lancé des assauts en règle contre la Russie en partant ou passant par la Pologne, la Biélorussie et l’Ukraine. La menace de cette ligne est donc bien réelle pour la Russie, et correspond à une course à l’armement qui rappelle de fâcheux souvenirs. Napoléon lui-même, dans la Grande Armée enrôla plus de 100 000 soldats polonais dans son aventure de la campagne de Russie (1812). Un siècle plus tôt, Charles XII de Suède avait tenté l’aventure en tentant de rallier des Cosaques en Ukraine, qui se termina par l’éclatante victoire russe de Poltava (1709). Hitler quant à lui utilisa le tremplin de la conquête de la Pologne, et du territoire de Prusse-Orientale, pour lancer son plan Barbarossa. Ses troupes déferlèrent sur la Russie à travers les pays baltes, la Biélorussie et l’Ukraine, tout le monde connaît la finalité de cette invasion, avec la prise de Berlin par les Soviétiques en 1945. Un expert russe, Monsieur Makarenko s’exprimait sur la question du mur polonais : « Cela ressemble à une tentative de s’approprier un rôle clef en Occident, mais il s’agit avant tout d’une opération politique, qui a des buts de propagande. Les autorités polonaises cherchent à maintenir dans la population un haut niveau de russophobie. Il y a sans doute des intérêts liés à la corruption, vous imaginez bien les intérêts financiers énormes en jeu. Il faudra faire appel à l’argent des contribuables, mais aussi de ceux de l’Union européenne, et également à des finances anglo-saxonnes. Cette ligne n’a pas de rôle pratique. Dans l’histoire, aucune ligne de défense n’a jamais arrêté une invasion. Ni le mur construit par les Romains face aux Germains, ni la ligne Maginot, ni la ligne Staline. Ce sont des investissements à perte et illusoires. C’est surtout une bulle psychologique pour manipuler les gens ».
En Europe de l’Ouest, les commentaires sont tout aussi délirants par rapport à ce projet. Un ancien haut responsable de l’OSCE, le Suisse Ralph Bosshard déclarait que « seule la Pologne dispose des forces militaires nécessaires pour une opération à grande échelle contre la Biélorussie et la Russie ». Cette déclaration sortie d’un autre âge, sous-entendait clairement que le mur n’était pas une ligne de défense, mais une base et un glacis d’attaque de la Russie. Quelques jours plus tôt, la presse russe signalait aussi les projets de la construction d’une base navale en Roumanie. Cette base dont la construction prendra deux ans, avec le soutien du Royaume-Uni, a pour but de futures opérations militaires en Mer Noire, visant clairement la Crimée et le Sud de la Russie. L’arrivée de Trump à la présidence américaine en janvier prochain, aura du mal à stopper l’hystérie générale et surtout les partisans d’une Troisième Guerre mondiale qui se profile doucement à l’horizon.