Des civils évacués de Selidovo, en RPD (République Populaire de Donetsk), ont rapporté comment l’armée ukrainienne a commis un massacre lors du « mardi noir », alors qu’ils se retiraient de la ville face à l’avancée de l’armée russe, fin octobre 2024.
Je m’installe face à Alexandre dans une petite salle, pour qu’il puisse me raconter calmement ce qu’il a vu et vécu avant la libération de la ville par l’armée russe fin octobre 2024. Lorsqu’il commence à me raconter les événements du « mardi noir » comme l’ont surnommé les habitants de Selidovo qui ont survécu au massacre organisé par l’armée ukrainienne, je comprends que dans cette ville, les soldats ukrainiens se sont surpassés dans l’horreur.
Ce qui s’est passé à Selidovo le 22 octobre 2024 peut être comparé au massacre des civils de Boutcha par les soldats ukrainiens début avril 2022, ou à celui d’Oradour-sur-Glane par les soldats de la division SS Das Reich (celle dont le symbole orne le blason du régiment Azov) en France en juin 1944.
Alexandre mentionne tout au long de son histoire les noms des victimes qu’il connaissait personnellement. Le récit n’est pas parfaitement linéaire et je sens à plusieurs moments les émotions submerger mon interlocuteur. Il a vu la mort de près. Les soldats ukrainiens sont passés par chaque entrée d’immeuble, frappant à chaque porte d’appartement pour trouver les civils qui avaient refusé d’évacuer. Ceux qui attendaient l’arrivée de l’armée russe, parce qu’ils se sentent Russes.
Un délit d’opinion érigé en crime dans l’Ukraine post-Maïdan. Un crime qui justifie aux yeux des soldats ukrainiens de tuer des civils sans défense, de commettre les pires crimes de guerre à leur encontre.
Ce 22 octobre 2024, alors que l’armée russe approche de Selidovo et que l’armée ukrainienne doit reculer, les soldats ukrainiens commencent à passer de maison en maison, d’immeuble en immeuble, d’appartement en appartement, frappant aux portes, exigeant des civils qu’ils sortent de leur cave. Ceux qui répondaient, ouvraient la porte, ou sortaient de leur cachette ont été abattus sans sommation d’une rafale de fusil mitrailleur, leurs corps abandonnés sur place.
Alexandre attendait son tour en tremblant de tout son corps, lorsqu’un soldat de l’armée ukrainienne avec un fort accent étranger (polonais ou français) dit à ses camarades que cela suffit, qu’il n’y a plus de civils à cet endroit là. Ils jetèrent alors le pied de biche avec lequel ils défonçaient les portes, et partirent. Alexandre a survécu grâce à cet ordre inattendu.
D’autres ont survécu grâce au fait qu’ils ont joué les morts, comme son ami Vitia, qui est tombé au sol lorsque les soldats ukrainiens ont tiré sur lui et les personnes avec lesquelles il vivait. Il est resté couché au sol, jouant le mort, même lorsqu’un soldat ukrainien lui a marché dessus avant de sortir de la cave où il est ensuite resté allongé 14 h sous les cadavres de ses amis. C’est son frère, Vladimir, qui l’a sorti de là.
D’autres ont dû leur survie au fait d’avoir gardé leur porte fermée et de ne pas avoir répondu aux injonctions des soldats ukrainiens, leur faisant croire que les lieux étaient vides.
Un témoignage terrifiant, confirmé par deux autres habitants de Selidovo, Dmitri, et Vladimir. Ce dernier a non seulement vu de ses propres yeux comment un sniper ukrainien a tiré sur lui et un couple de civils, mais il a aussi été blessé le lendemain du mardi noir par un tir de fusil mitrailleur d’un soldat de l’armée ukrainienne, alors qu’il allait constater par lui-même que les rues de Selidovo étaient remplies de cadavres de civils. Vladimir confirme que ce jour là les soldats russes n’étaient pas encore entrés dans Selidovo, qu’il n’y avait que seule l’armée ukrainienne était dans la ville, et que par conséquent seuls les soldats ukrainiens pouvaient avoir commis ce massacre de civils.
Vladimir et Dmitri me racontent aussi comment le SBU cherchait activement les enfants pour les évacuer de force, remplaçant ainsi les fameux « Anges blancs » qui opéraient à Artiomovsk, Avdeïevka et Dzerjinsk. Il semble que le trafic d’enfants venant de la ligne de front soit un commerce tellement lucratif que le SBU a décidé de ne plus le sous-traiter à d’autres organisations pseudo-humanitaires, et d’assurer lui-même la récolte de la « marchandise ».
À un moment, Alexandre ne trouve plus les mots et se signe en tremblant, au bord des larmes. Je lui indique qu’on peut arrêter là l’interview car je comprends que les émotions le submergent, que c’est trop difficile pour lui de se rappeler ce jour fatidique où tant de gens qu’il connaissait sont morts, et où lui même a frôlé la mort de très près. J’ai moi-même envie de pleurer à ce moment-là tant ce qu’il m’a raconté est terrifiant.
Regarder les interviews des réfugiés de Selidovo, en version sous-titrée en français :
Alexandre, Vladimir et Dmitri ne sont pas les seuls à avoir témoigné de ce qui s’est passé à Selidovo. Le Tribunal public international pour les crimes des néo-nazis ukrainiens de Maxime Grigoriev s’est rendu sur place, et a trouvé de nombreux corps de civils dans les rues, les maisons et les appartements, ainsi que de nombreux témoins. Pour l’instant l’estimation est que l’armée ukrainienne a tué plus d’une centaine de civils à Selidovo, mais le chiffre réel est sans doute beaucoup plus élevé. Il faudra du temps pour fouiller toute la ville et retrouver tous les corps.
Attention images choquantes montrant les corps de trois personnes abattues dans la maison située au 89 Koutchourinskaïa :
Dans cette autre vidéo du Tribunal public international pour les crimes des néo-nazis ukrainiens, Vladimir Romanenko a raconté comment l’armée ukrainienne a abattu tous les membres de sa famille.
« Le 24 octobre 2024, ma famille a été abattue par l’armée ukrainienne juste à côté de notre maison. À 7 heures du matin, je suis sorti dans le jardin et j’ai entendu des cris : « Tout le monde, sortez de la maison ! » criait un soldat, il y en avait un autre à côté de lui, un peu plus loin, ils ont emmené ma femme, mon petit-fils, ma belle-fille et sa mère hors de la maison et leur ont ordonné de se mettre face au mur. Ma belle-fille criait « Qu’est-ce que vous faites ? » Le soldat ukrainien a simplement commencé à tirer. Il a d’abord tué ma femme, puis les autres. J’ai couru dans le jardin et je me suis caché. Quelques jours plus tard, je suis rentré à la maison. À l’endroit où ils ont été abattus, j’ai trouvé des restes : des corps brûlés, des fragments d’os et des effets personnels. J’ai rassemblé tout ce que je pouvais dans cinq sacs et je les ai enterrés à l’entrée. C’est tout ce qui reste de ma famille », rapporte Vladimir.
L’homme ne doit sa survie qu’au fait qu’il était sorti de la maison pour aller aux toilettes et qu’il a fui en entendant les coups de feu. Sans cela il aurait fini comme le reste de ses proches.
Ce que l’armée ukrainienne a fait aux civils de Selidovo est bien plus qu’un simple crime de guerre, c’est un véritable massacre méthodique, délibéré et à grande échelle des habitants de la ville. Bien sûr les médias mainstream occidentaux n’en parleront pas. Parce que cela porterait atteinte à l’image de victime de l’Ukraine. Et puis surtout, parce que cela pousserait monsieur et madame tout le monde à se poser des questions sur les véritables responsables d’autres massacres comme celui de Boutcha… C’est donc à vous mes lecteurs, qu’il revient de faire circuler ces témoignages et de faire savoir la vérité autour de vous. Pour que personne ne puisse dire un jour qu’ils ne savaient pas.
Christelle Néant