Depuis le début de la SVO en Ukraine, le Président Zelensky a fait de nombreuses déclarations sur la situation du front. Il a aussi fait à plusieurs reprises des changements dans les États-majors et depuis quelques temps s’improvise même comme un expert. L’affaire est tout à fait cocasse car le Président n’a jamais fait son service militaire… Officiellement, comme le serait un certain Emmanuel Macron en France, il est le chef des armées ukrainiennes. Qui lui non plus n’a pas la moindre expérience militaire, et qui de plus est très mal entouré au niveau des conseillers militaires. Pour Zelensky, même mal, mêmes conséquences désastreuses, le politique l’emportant pour l’instant sur le militaire au sujet des questions du front.
Adolf Zelensky, l’homme en kaki. C’est une constante dans les médias depuis 2022, le Président Zelensky se baladant systématiquement dans des atours « militaires », t-shirts kaki, et parfois portant le Trizoub ultranationaliste des bandéristes. Il ne se prive plus par ailleurs, de manière assez comique au vu de ses origines (russe et juive), de lancer le cri bandériste dans ces interventions télévisées. Depuis ses prises de fonctions, le Président ne s’est pas fait rare sur le front du Donbass. En 2019, après son élection, il se rendit sur le territoire occupé du Donbass, à la rencontre des soldats. Ces derniers furent soigneusement triés sur le volet, et leurs armes confisquées, car une hostilité sourde pointait dans l’armée ukrainienne. En effet, avant son élection, Zelensky avait fait campagne en militant pour le règlement de la question du Donbass, à savoir des négociations réelles, qui auraient conduites à la reconnaissance de la défaite. Les insurgés républicains n’avaient pas été vaincus et tenaient toujours fermement les villes de Lougansk et Donetsk, anciennes capitales d’oblasts. Pourvu d’un gilet pare-balle, il avait rencontré des soldats dans une opération de séduction des militaires. Il ne convainquit qu’à moitié, mais une fois les promesses électorales faites, elles ne furent pas tenues. Le dossier Donbass fut glissé sous le tapis.
Tout le monde n’est pas Georges Clemenceau. Le célèbre dirigeant français, très populaire dans la troupe et chez les poilus n’avait pas hésité pendant la Première Guerre mondiale à se rendre dans les tranchées de première ligne. Le Tigre était adulé par les soldats et respecté pour sa pugnacité et ténacité. Pour faire croire à son courage et le mettre en scène comme « un président soldat », la presse ukrainienne et surtout occidentale n’a pas cessé depuis de présenter Zelensky « en visite sur le front ». Une avalanche d’articles pullulent sur Internet, Ouest-France (18 novembre 2024), 20 Minutes et L’Opinion (29 juillet 2024), France 24 (26 juin 2024), Euronews, L’Indépendant (19 avril 2024), L’Essentiel (30 janvier 2024), Le Figaro (1er décembre 2023), La Dépêche ou l’Express (3 octobre 2023), TF1 (16 août 2023), Paris Match (23 mai 2023), TF1 (19 avril 2023), Euronews (27 mars 2023), L’Express et Libération (22 mars 2023), etc. La liste est sans fin, dans une propagande le mettant en scène comme « le président de la guerre ». Si Georges Clemenceau déclarait à son époque que « La guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires », il est certain que Zelensky est loin du portrait militaire que l’Occident veut absolument imposer (sans parler du politique).
La ronde des Gamelin. Dans le même temps, la valse des chefs militaires n’a jamais cessé avec le remplacement des généraux ou des ministres de la Défense. C’est ainsi que Valery Zaloujny (1973-) fut éconduit « pour l’absence de plans réalistes pour l’année 2024, et l’échec de la contre-offensive » (8 février 2024). Il était remplacé par Alexander Syrsky (1965-), qui avait été en son temps l’un criminels de guerre et chef d’État-major de l’opération anti-terroriste de l’ATO (2014-2019). Bien que ce dernier avait été l’un des principaux responsables de la défaite de Debaltsevo (hiver 2014-2015), son choix avait été dicté début 2024, par le fait qu’il était de longue date un homme de l’OTAN. C’est lui qui avait été l’interlocuteur de l’alliance pour passer l’armée ukrainienne (déjà !), aux normes de l’OTAN (novembre 2013). Son remplacement avait été suivi par celui du commandant des forces terrestres avec la nomination d’Alexander Pavliouk (1970-) (11 février 2024). Ce dernier fut à son tour limogé il y a peu, pour l’échec de l’opération de Koursk et la série de défaites dans le Donbass (29 novembre 2024). Son remplaçant est Mikhaïl Drapaty (1982-), un militaire à la carrière foudroyante, brigadier (2022), et divisionnaire (2024). Ce général était au commandement des forces ukrainiennes dans la région de Kherson, mais le territoire gagné le fut par le retrait russe et non par les manœuvres savantes des Ukrainiens… Du côté du Ministère de la Défense, la ronde musicale avait suivi à peu près le même rythme, avec l’éviction d’Alexeï Reznikov (1966-) (5 septembre 2023), lui aussi considéré comme l’un des responsables de la contre-offensive ratée de 2023, et remplacé par Roustem Oumierov (1982-) (6 septembre 2023). L’homme est par ailleurs toujours en fonction malgré les défaites de 2024, mais il fut mis lui aussi en scène « comme le plus jeune Ministre de la Défense de toute l’histoire de l’Ukraine ». Mais là encore, nous sommes très loin des talents du Grand Carnot L’Organisateur de la Victoire.
En attendant, Le Président Zelensky amuse la galerie avec le fameux « plan de la victoire », mais il y a peu de chances qu’un jour, au contraire de Georges Clemenceau, qu’il bénéficie d’une grande popularité dans la troupe ukrainienne et encore moins qu’il puisse recevoir le surnom « de Père la Victoire ».
1 Comment
Bonjour Laurent
Oui , tout à fait d’ accord , merci à vous .