L’opinion des Russes sur l’élection et victoire de Trump reste jusqu’à ce jour la prudence. La prise de fonction du président américain n’aura de toute façon lieu que fin janvier 2025. En 2016, dans le Donbass, la candidature de Trump avait motivé un espoir pour les gens des républiques populaires de Donetsk et Lougansk. Beaucoup à cette époque croyaient que les bonnes chances de l’emporter de Trump pourrait amener enfin la paix dans la région. Une fois son élection validée (20 janvier 2017), le nouveau gouvernement américain ne régla pas le problème qui avait été créé par les USA en Ukraine. Aujourd’hui la situation semble pouvoir se reproduire et les diplomates russes ont indiqué qu’ils jugeront le nouveau président sur « ses actes ». Pendant ce temps, une curieuse situation se développe dans le pays à propos des procès intentés contre Trump.
Les politiciens américains sont effet toujours à la manœuvre, l’équipe Biden ayant annoncé utiliser le temps restant pour envoyer à l’Ukraine le maximum d’armes et de soutien. Dans les coulisses, les affaires judiciaires lancées contre Trump posent un problème cornélien. Le devenir de ses poursuites lancées sous Biden est incertain. Dans les faits, le nouveau président ne pourra attaquer frontalement la justice américaine, ni se débarrasser des nombreux fonctionnaires hostiles à sa future politique. Selon les standards « démocratiques » de l’Occident, ces procédures devraient pouvoir suivre leur cours, mais d’un autre côté, elles pourraient être éteintes pour cause d’incohérences. Du point de vue de l’absurdité, l’Occident n’est de toute façon pas à son premier essai. En mars 2023, un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale avait été lancé contre le Président Vladimir Poutine. En France, le Président Emmanuel Macron s’était empressé de déclarer « que personne ne pouvait échapper à la justice ». Après le lancement d’un même mandat contre Benjamin Netanyahou (21 novembre 2024), le même gouvernement français avait été bien moins catégorique…
Le Premier ministre français avait en effet déclaré que « Benjamin Netanyahou pourrait bénéficier d’une immunité en France… ce qui avait déclenché une levée de bouclier jusque dans les rangs d’Amnesty International. Pour noyer le poisson, Michel Barnier avait alors déclaré « que la France appliquerait rigoureusement les obligations internationales qui lui incombent », une manière de tenter d’enterrer le problème. La directrice d’Amnesty International, Anne Savinel-Barras demandait que la France confirme qu’elle appliquera les mandats d’arrêt internationaux sur son territoire (27 novembre). Pour l’instant le gouvernement français se cache dans un silence gêné, le fameux deux poids, deux mesures. Un expert russe s’exprimait sur cette contradiction flagrante, voici les propos de Dmitri Lekoukh : « il n’y a rien d’étonnant ici. Ils ne sont plus gênés par des normes doubles ou triples. La France depuis l’époque post De Gaulle se comporte comme une prostituée mal rémunérée. Quant au modèle américain, le système judiciaire n’est pas plus indépendant. Les juges de la Cour suprême US sont nommés par le pouvoir, et les processus électoraux dans la candidature Trump ont été freinés par la Cour suprême elle-même. C’est la réalité américaine et que nous devons affronter, il est étonnant que nous n’ayons pas encore compris que les USA ne sont en rien un exemple admirable ».
L’expert russe Malek Doudakov renchérissait sur le sujet dans les médias russes dernièrement : « L’histoire de la politisation de la justice américaine n’est pas nouvelle. Ce système a toujours été politisé, et un grand nombre de juges sont nommés par le pouvoir politique, que l’on parle du niveau fédéral, ou de la Cour suprême. Tous sont validés par le président en exercice, il n’y a pas vraiment en fait de séparation des pouvoirs. Ils sont cependant ensuite avalisés par le Sénat, et c’est un jeu de négociations entre les deux partis pour placer leurs hommes. Pour l’instant, les Républicains ont l’avantage du nombre, à 6 contre 3 par exemple dans la Cour suprême. C’est un outil politique puissant et qui déstabilise le pays depuis longtemps. Je rappelle que Trump a été attaqué par ce moyen par 4 affaires judiciaires très médiatisées. Le tout a donné lieu à une bataille judiciaire épique. De mon avis, les procès ouverts à New York et en Géorgie se poursuivront, mais sous la présidence de Trump les affaires seront ralenties et paralysées. Dans les sondages, les Américains eux-mêmes déclaraient il y a peu que 15 % seulement d’entre eux faisaient confiance à la justice américaine… ».